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26 novembre 2024
Economie
CES CONTRAINTES QUI PLOMBENT LA FILIÈRE ARACHIDIÈRE
À Ziguinchor, l'usine historique n'a collecté que 3500 tonnes de graines lors de sa dernière campagne, un chiffre dérisoire face à une production régionale abondante. La concurrence étrangère, principalement chinoise, asphyxie l'industrie locale
Le volume de collecte des graines d’arachide par l’usine Sonacos de Ziguinchor ne cesse de chuter d’année en année. La faute à une concurrence des exportateurs étrangers qui ont une véritable main mise sur le marché de la commercialisation. Aujourd’hui la filière arachide est dans une situation plus qu’alarmante dans la partie sud du pays. La Sonacos, seule industrie qui peut absorber la production, peine à atteindre ses objectifs de collecte.
Les huiliers de Ziguinchor ont vécu il y a deux ans l’une des pires campagnes de commercialisation arachidière. L’usine n’avait collecté que 3500 tonnes de graines d’arachide ajoutées aux 5500 tonnes recueillies à Kolda, la région sud avait elle seule engrangé la moitié du volume de collecte nationale. « Très insuffisant » avaient déploré les huiliers. Pourtant, avec la bonne production arachidière fruit d’un bon hivernage dans la région, les producteurs continuent à vivre des difficultés. Les écueils sont nombreux.
La concurrence des exportateurs étrangers suscite souvent l’ire des travailleurs de la Sonacos qui craignent pour leurs emplois. La matière première exportée, l’usine peine à atteindre son volume de collecte normal, ce qui contraint les travailleurs de l’usine à n’être actifs que quelques mois seulement. Récemment en tournée à Ziguinchor le Directeur Général de la Sonacos Abdou Ndane Diagne a souligné avoir identifié les problèmes majeurs de la campagne en rencontrant les différents acteurs. « La présence des Chinois, nous l’avons constatée. Nous n’avons pas peur de la concurrence et nous sommes capables d’aller au-delà de ce que nos concurrents sont capables de faire » a-t–il déclaré avant de juger inadmissible et inacceptable que la production se retrouve exportée sans valeur ajoutée.
« Il est inadmissible qu’un pays finance et subventionne une production et que cette production se retrouve exportée sans valeur ajoutée ni création d’emplois. Ces étrangers ne créent aucun emploi dans ce pays, ils n’ajoutent aucune valeur sinon ils transfèrent les subventions de l’Etat que nous avons déjà mises dans ce secteur. Aujourd’hui, l’Etat du Sénégal a relevé le niveau de subvention de cent à cent vingt milliards de francs CFA. » a-t–il laissé entendre, non sans souligner les tâtonnements et autres flottements des précédentes campagnes. Si les Opérateurs Privés stockeurs agitent souvent la lancinante question du financement et de la dette (celle-ci a été ailleurs largement épongée par les nouvelles autorités qui ont réglé une grande partie de la dette, les producteurs eux, ne sont pas souvent emballés par le prix du kilogramme fixé par les autorités. A Ziguinchor, la bonne production arachidière contraste souvent avec le grand nombre de difficultés qui affectent la filière qui reste tout de même très demandée.
LA SONACOS, UNE SOCIÉTÉ MYTHIQUE À L'AGONIE
Cette usine qui fournissait jadis la meilleure huile d'arachide au monde a vu son histoire basculer avec la privatisation de 2000. Réduite aujourd'hui à 50 employés contre 2800 à son apogée, elle tente une renaissance
Née dans les années 1935/37 à la veille de la Seconde guerre mondiale, l'usine de réception de Lyndiane alors appelée Société de décorticage (Sodec) était sous la gérance française. A cette époque, elle avait non seulement la vocation d'acheter l'arachide en coque aux nombreux producteurs sénégalais, de la transformer sommairement, mais aussi et surtout, elle l’exportait en France. Puis, la direction (française) de la Sodec a alors décidé de relancer le système de transformation des graines en huile. Elle importa les machines et la technologie nécessaires à cette option à caractère industriel. La qualité de l’huile produite qui en avait fait un produit d’exportation prisé comme son label de meilleure huile traitée dans le monde et sa valeur ajoutée parce que classée parmi les produits exportés, ont fait les beaux jours de l’entreprise. Produite et identifiée au Sénégal, il n’en demeure pas moins que sa vente dans notre pays était difficile, vu sa cherté et la faiblesse du pouvoir d'achat, l'approvisionnement du marché local était difficile. Pour y remédier, l'entreprise importait d'autres qualités d'huile, dont l’huile de soja, pour permettre aux consommateurs sénégalais, d'être ravitaillés selon leurs bourses et leur pouvoir d'achat.
A cette époque, l'usine réceptionnait 1500 à 1600 t/ jour et en moyenne 250 mille tonnes par an. En termes d'emplois, le personnel comptait en moyenne 1000 travailleurs dont 800 permanents et 2000 saisonniers. Ce taux d’emploi résorbait à peu près 30 % du gap du sous emploi dans le centre du pays.
Chaque année après la récolte, les nombreux ruraux qui migraient en ville à la recherche de travail se tournaient vers la Sodec où ils étaient très souvent employés comme saisonniers durant toute la saison sèche.
En 1977, sous la présidence de L. S. Senghor, l'État décide alors de racheter l'entreprise et d'en faire une société nationale. Cette acquisition offrait non seulement une stabilité sociale et le maintien de son équilibre économique, mais surtout une stratégie pour résoudre ses besoins politiques surtout électoraux dans une entreprise considérée comme la vache laitière de millions d'individus résidant au moins dans les quatre (4)régions implantées dans le centre. L'usine est alors rebaptisée Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal (Sonacos). Elle est confiée à un proche du Premier ministre d’alors, Abdou Diouf, Abdoulaye Diop a été le premier directeur général sénégalais de l'entreprise. Les choses allaient bien pendant de nombreuses années, de la réception des graines, à la transformation. Le niveau d’emplois a connu de grands moments. Seule unité de transformation sur l'étendue du territoire national, sans concurrent direct ou indirect, l'usine transformait, mais achetait aussi une production uniquement réservée à l'exportation et siégeait au Comité national interprofessionnel de l'arachide (Cnia) où elle participait à la fixation des prix destinés aux producteurs. 2000,
Une année où tout chamboule à la Sonacos
Pour la majeure partie des travailleurs de la SONACOS, c'est au cours de la première alternance politique au Sénégal qui a eu lieu en 2000, que les difficultés ont commencé. La décision prise par le président Wade de privatiser la société au profit d’un certain Jabert, a sonné comme une alarme. Cette privatisation de la Sonacos, comme l’avaient prédit une grande partie du personnel de l’usine et des partenaires, a engendré des tensions jamais vécues pendant plus de 40 ans. A la diminution de la capacité de réception s’ajoutent les bons impayés. La production se réduit sensiblement. Certaines machines tombées en panne ne sont pas réparées pour faute de pièces de rechange. Et la société de manière générale tend vers la faillite.
Avec l'arrivée du Président Macky Sall au pouvoir, aucun changement d'envergure n'a été opéré. Face à un marché extérieur imposant qui lui réduit depuis quelques années déjà ses chances en termes de réception, la Sonacos s'enfonce de plus en plus. Aujourd'hui, elle peine à collecter une production de 30 mille tonnes. Et obligée de se départir de ses charges salariales, elle ne se contente que de 50 employés environ.
La Sonacos est-elle sur la voie de renaître de ses cendres ?
Restée ces derniers mois sans activités, compte tenu de l’énorme déficit en matière première auquel il faut ajouter la vétusté de ses machines, la Sonacos réduisait drastiquement ses capacités de production d'huile. Est-elle en mesure aujourd’hui de renaître de ses propres cendres ? C'est en tout cas la question que tous ses travailleurs et partenaires se posent. Avec l'arrivée du Président Bassirou Diomaye Faye au pouvoir et, le nouveau directeur général Ndane Diagne qui assure que le redémarrage opérationnel des unités est imminent, les travailleurs espèrent donc.
Dans l'entreprise industrielle de Dakar (EID) les activités de raffinage ont repris et vont se poursuivre dans les usines de Diourbel, de Louga, et dans celle de Ziguinchor. A Kaolack, cela se fera d'ici mi-novembre. Sur le terrain, les travaux de fin de campagne ont débuté sur tout le territoire national et se poursuivent dans les régions de Kaolack et de Kaffrine. Histoire de rencontrer les producteurs et opérateurs pour permettre à la société d'entrer dans ses prévisions et d’absorber l'intégralité de la production en matière première requise pour mener ses opérations industrielles.
Pour l’heure, le budget prévu pour la réhabilitation infrastructurelle et matérielle de la Sonacos est inconnu. La Sonacos se dit prête à se retourner vers ses partenaires financiers afin de disposer du maximum de ressources pour le renouvellement de son parc et l'augmentation de sa capacité de production à tous les niveaux au sein de ses unités. Selon son directeur général, ces opérations sont précédées par le recrutement, l'embauche et la réhabilitation de certains membres du personnel pour avoir les ressources nécessaires de remise en service, surtout pour la relance des activités de l'usine partout au sein de ses annexes disséminées dans différentes régions du territoire national.
UNE FILIÈRE EN QUÊTE D’UN SECOND SOUFFLE
De culture ancestrale à pilier économique, l'arachide traverse aujourd'hui une crise profonde dans son bassin historique. Depuis le désengagement de l'État en 2000 et l'arrivée massive des acheteurs chinois, le secteur s'enfonce dans le chaos
La culture de l’arachide a été et reste encore importante dans le bassin arachidier qui couvre l’ouest et le centre du pays. Dans ces zones, près des trois quarts des exploitations familiales s’adonnent à cette activité agricole et l’arachide est leur principale source de revenus. Elle occupe une place importante dans le régime alimentaire des familles et ses sous-produits (fanes) sont utilisés à nourrir le bétail. Avec le désengagement de l’Etat à partir de 2000, la filière traverse une crise profonde, caractérisée par une anarchie dans la commercialisation des graines. L’ouverture du marché aux exportateurs étrangers notamment les Chinois a contribué à ce désordre. Conséquence : les unités locales de transformation peinent à collecter suffisamment de graines. Ce qui les plonge dans d’énormes difficultés.
La culture de l'arachide est très ancienne au Sénégal. Introduite par les Portugais au 17ème siècle (1659), elle était une « culture de case », c’est-à-dire pour la consommation, sans commercialisation Le choix de la culture de la graine d’arachide au Sénégal parle colonisateur français, au 19ème siècle, tient au fait qu’à partir de 1820, la métropole découvre progressivement l’utilité de l’arachide en tant qu’apéritif, aliment de bétail et source de matière grasse (huiles, savon). L’arachide devient ainsi rapidement une économie de substitution et les colons lui donnèrent le nom d’ « Or du Sénégal »
Sa culture de l’arachide est entièrement pluviale et traditionnelle et demeure importante dans toutes les régions du pays. Mais l’essentiel de la production destinée au marché provient de la partie centrale du pays communément appelée bassin arachidier (régions de Louga, Diourbel, Thiès, Kaolack et Fatick, où elle occupe 45 à 60 % des terres cultivées et une partie de la Casamance.
La filière de l'arachide rencontre d'énormes contraintes freinant sa productivité. Pour rappel, le Sénégal a connu une sécheresse assez marquante en 1970 qui a entrainé une baisse de la productivité. Depuis lors, les pouvoirs publics mettent en place des politiques pour la relance du secteur. La baisse de productivité s'explique par la mise en place de politiques successives « instables » : suppressions de tarifs préférentiels, alignement des prix au producteur sur les cours mondiaux, intervention de l’Etat puis libéralisation de la filière, endettement des producteurs, perturbations climatiques, dégradation des sols et du capital semencier, réduction des surfaces cultivées en arachide, difficulté d’accès aux intrants (semences-engrais produits phytosanitaires), absence de renouvellement et d’entretien du matériel agricole qui est vétuste.
60 à 70% de la production arachidière est vendue par les canaux formels. Les trois grands huiliers industriels sont SUNEOR, NOVASEN, et CAI Touba et sont orientés vers l'exportation.
Les prix aux producteurs sont uniformes sur l'étendue du territoire. Ils sont fixés durant la période de commercialisation (octobre à avril) par le gouvernement et le Comité National Interprofessionnel de l’Arachide (CNIA). Environ 30 à 40 pour cent des arachides produites au Sénégal sont vendues par canaux informels. Dans ce cas précis, les producteurs peuvent vendre les arachides à tout moment de l'année. Ils sont généralement inférieurs au prix du secteur formel.
La transformation artisanale fournit de l’huile et les tourteaux (pour la consommation animale) aux ménages et villes secondaires. L’huile de fabrication artisanale est jugée de qualité inférieure par rapport à l’huile des canaux formels. Depuis 2014, la Chine s’est positionnée comme un grand importateur de graines. Les Chinois proposent d’acheter les graines d’arachide à un prix plus élevé que celui pratiqué sur le marché sénégalais.
Les producteurs leur cèdent volontiers alors leur production au détriment des industriels locaux. Ces derniers ont souvent des difficultés à s’aligner sur ces prix et se retrouvent dans l’incapacité de s’approvisionner en arachide en quantité suffisante.
Sidy Ba, porte-parole du CNCR : «Depuis la libéralisation de la filière, les choses vont de mal en pis»
« Depuis la libéralisation de la filière, les choses vont de mal en pis. On a constaté beaucoup de couacs sur le plan de la production, de la commercialisation et de la transformation de l’arachide ». Ces propos sont de Sidy Ba, porte-parole du Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (Cncr) qui a été joint au téléphone par la rédaction de Sud quotidien. « Pour ce qui est de la production, la mauvaise qualité des semences et la baisse de la fertilité des terres sont à l’origine des mauvais rendements. La reconstitution du capital semencier a été toujours un problème. Il y a le manque de moyen de l’Isra (Institut sénégalais de recherche agricole) qui doit produire des semences de pré base. Le capital semencier de l’arachide est estimé à 150 mille tonnes mais ces 150 mille tonnes ne sont jamais produites », a-t-il relevé. Concernant la commercialisation, il a fait remarquer que depuis l’ouverture du marché aux étrangers, il y a beaucoup d’anarchie. « Le système n’est pas très organisé et la structure qui était censée accompagner l’organisation de la commercialisation à savoir le Comité national interprofessionnel de l’arachide (Cnia) n’est pas tellement à la hauteur. Il n’a pas les moyens. Les huiliers qui sont dans la transformation sont laissés pour compte Les usines qui sont là ne peuvent pas concurrencer les étrangers qui exportent les graines », a-t-il souligné. Selon M. Ba, ces problèmes méritent de grandes réflexions et concertations afin d’apporter des solutions. « Il faut de grandes concertations dans le secteur des semences, de la fertilité des sols, dans le domaine de la transformation de l’arachide. Je pense qu’il faut soutenir les unités de transformation notamment Sonacos. Il faut aussi accompagner les organisations professionnelles agricoles et les inciter à se regrouper en coopérative. Il faut également faire la promotion de l’arachide du Sénégal et ne pas promouvoir les huiles importées », suggère-t-il. De manière globale, il invite l’Etat à organiser les assises sur le secteur agricole afin de redynamiser la filière.
par Madior Ly
JEAN MICHEL SÈNE, PROPOSEZ D’ABORD VOS RÉPONSES À L’ARCOP
La décision de l’Autorité de régulation, qui a suspendu le marché pour violation de la loi, est accessible au public. Il est donc impératif que M. Sène réponde de manière claire et écrite à ces allégations et rende cette réponse publique
Face à l’opacité qui entoure le marché d’électrification rurale, je demande à Jean Michel Sène, Directeur Général de l’Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale (ASER), de fournir les documents réclamés par les autorités compétentes. En effet, l’Autorité de Régulation des Commandes Publiques (ARCOP) a déjà ouvert une enquête sur des irrégularités présumées liées à ce projet de 91,8 milliards de FCFA visant à électrifier 1 700 villages. Cependant, M. Sène n’a pas encore fourni à l’ARCOP les informations nécessaires à la transparence de cette opération.
La décision de l’ARCOP, qui a suspendu le marché pour violation de la loi, est accessible au public. Il est donc impératif que M. Sène réponde de manière claire et écrite à ces allégations et rende cette réponse publique. Le refus persistant de donner des éclaircissements à l’ARCOP, en l’espèce l’autorité compétente, ne fait que renforcer les doutes autour de cette affaire. Ce silence est troublant.
De plus, la banque espagnole Santander a exprimé de vives inquiétudes concernant l’utilisation des fonds alloués à ce projet. Dans sa correspondance adressée aux autorités, la banque fait savoir que AEE Power EPC aurait déjà encaissé une avance de 57 millions d’euros (37 389 549 000 F CFA). La banque indique aussi avoir constaté des mouvements financiers suspects depuis le compte de l’entreprise sans que les travaux ne démarrent. Cette situation exige une explication complète. Où est passée cette manne financière ? Pourquoi ces milliards sont sortis des comptes avant le démarrage des travaux ? Y a-t-il des intermédiaires dans ce marché ? Qui sont-ils ? Nous demandons à l’ARCOP de publier un communiqué officiel pour enjoindre à Jean Michel Sène de fournir les documents demandés.
Si Jean Michel Sène est réellement engagé dans une démarche de reddition des comptes, nous l’invitons aussi à collaborer avec l’Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), afin de faire toute la lumière sur cette affaire.
Nos compatriotes, surtout les populations rurales qui sont les premières concernées par ce projet d’électrification, doivent être informées. Si Jean Michel Sène souhaite débattre des questions essentielles concernant le pays, mes camarades Mounirou Thioune et Pape Adama Diouf ont déjà manifesté leur disponibilité.
Pour conclure, je note que le Premier ministre Ousmane Sonko, qui est aussi la tête de liste de Pastef, continue d’éviter un débat d’idées avec Thierno Alassane Sall. En République, les autorités doivent assumer leurs responsabilités. Il est temps que la politique politicienne et la démagogie soient évincées du Sénégal et que l’opinion publique ait une claire perception des forces en présence. L’Agenda 2050, les programmes et visions des candidats, la situation économique et sociale du pays, mais aussi les nébuleuses qui gangrènent déjà la gestion de l’État, doivent nourrir des échanges afin d’éclairer nos concitoyens.
En tant que membre de la République des Valeurs, je réaffirme l’engagement du parti en faveur d’un débat public et démocratique entre Thierno Alassane Sall et les autres têtes de liste en vue des élections législatives du 17 novembre prochain.
Madior Ly est membre du CECAR.
LA DÉLÉGATION SÉNÉGALAISE RENFORCE SES PARTENARIATS FINANCIERS À WASHINGTON
Conduite par le ministre des Finances et du Budget, M. Cheikh Diba, la délégation prend part aux Assemblées Annuelles du FMI et de la Banque Mondiale. À cette occasion, le Sénégal confirme son engagement pour la transparence financière.
La délégation sénégalaise participe activement aux Assemblées Annuelles du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale, qui se tiennent à Washington du 21 au 26 octobre 2024. Cette mission est dirigée par M. Cheikh Diba, ministre des Finances et du Budget, et comprend également le Dr. Abdourahmane Sarr, ministre de l’Économie et de la Coopération, M. Serigne Gueye Diop, ministre de l’Industrie et du Commerce, ainsi que M. Ahmadou Al Aminou Lo, Secrétaire général du Gouvernement.
Lors de cette première journée, la délégation sénégalaise a effectué une visite stratégique au Trésor américain. Cette rencontre a permis de réaffirmer l’engagement du Sénégal en faveur d’une croissance durable et d’un développement inclusif. Le gouvernement sénégalais, représenté par son équipe ministérielle, a exposé les efforts déployés pour renforcer la transparence dans la gestion des finances publiques et a détaillé les initiatives en cours pour stimuler l’économie nationale.
Le Trésor américain a salué les progrès réalisés par le Sénégal en matière de transparence économique, soulignant la volonté du pays de promouvoir une gestion rigoureuse et responsable de ses ressources. Les représentants américains ont exprimé leur soutien pour accompagner le Sénégal dans la réalisation de ses objectifs de développement. Ils ont réaffirmé leur volonté de renforcer la coopération bilatérale dans les domaines de la finance, de l’économie, et du commerce.
La présence sénégalaise aux Assemblées Annuelles du FMI et de la Banque Mondiale a plusieurs objectifs clés : Renforcer les partenariats financiers, promouvoir la transparence et la bonne gouvernance, accélérer la croissance durable.
Ce déplacement à Washington représente une étape cruciale pour le Sénégal, qui cherche à renforcer son positionnement sur la scène internationale et à attirer des investissements de qualité. Le ministre des Finances et du Budget, M. Cheikh Diba, a souligné l’importance de ces rencontres pour partager la vision du Sénégal sur une croissance inclusive et durable.
UN PATRIMOINE EN PERIL
Alors que le gouvernement prône le retour au trafic ferroviaire, l’image du secteur n’est pas reluisante.
Alors que le gouvernement prône le retour au trafic ferroviaire, l’image du secteur n’est pas reluisante. Le patrimoine des rails est agressé, annonce un des travailleurs du secteur. « Nous avons besoin de votre assistance. L’ancien bâtiment de la direction des chemins de fer a été vendu. Au même moment, notre direction générale dépense des millions pour la location de ses locaux », déplore Mbéne Sène, la représentante des travailleurs des rails aux états généraux sur les transports publics. Elle souhaite d’ailleurs des mesures conservatoires pour que la direction du réseau ferroviaire puisse récupérer ses locaux. « En perspective des infrastructures ferroviaires à venir, nous avons besoin de ce patrimoine (restitution) », plaide-t-elle.
Mbéne Sène demande aussi « la réouverture de l'usine des "traverses" de Thiès». Qualifiant sa requête comme un besoin de souveraineté, Mbène Sène explique que 398 000 traverses destinées au Train express régional (TER) ont été acheminées au Sénégal à bord de conteneurs alors que l’usine de Thiès pouvait les fabriquer avec l’aide du secteur privé national. « Dans les estimations, on a besoin de 4 millions de traverses pour les projets en cours. D'où l'intérêt et l'urgence de rouvrir cette usine, ne serait-ce que pour les emplois », relève-t-elle. La représentante des travailleurs du rail déplore aussi le non-paiement de la retraite des anciens travailleurs du réseau ferroviaire et le non-versement des cotisations à l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (IPRES) pour ceux qui sont en activité.
En perspective des projets futurs, Mbéne Sène souhaite l’ouverture d’un centre de formation aux métiers ferroviaires. Pour elle, l’Etat doit également corriger les déséquilibres en ce qui concerne le ratio homme-femme dans le secteur.
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PLUS DE 300 SAISONNIERS REPRENNENT SERVICE
A l’arrêt depuis plusieurs mois, les machines reprennent service à l’usine SONACOS de Ziguinchor
A l’arrêt depuis plusieurs mois, les machines reprennent service à l’usine SONACOS de Ziguinchor. Les navettes des travailleurs de l’usine qui s’activent à la tâche en témoignent de visu. Les responsables de la SONACOS avec, à leur tête, le Directeur Général ont visité hier, lundi, les installations de l’unité industrielle de Ziguinchor et ont pu constater le redémarrage de la production industrielle.
Une grande satisfaction pour le Directeur Général Abdou Ndane Diagne qui a officiellement procédé au lancement des opérations de production industrielle. « Notre focus, c’était le redémarrage industriel de la SONACOS. Les usines sont restées pendant deux ans sans activités. Aujourd’hui, nous sommes très fiers d’annoncer que l’usine de Ziguinchor a officiellement repris la production», se réjouit le patron de la SONACOS qui parle déjà des premières retombées de ce redémarrage.
« Aujourd’hui, rien qu’au redémarrage, nous sommes à trois-cent vingt recrutements de nouveaux saisonniers qui viennent d’arriver. Pour nous, c’est une autre façon de redémarrer non seulement l’industrie à Ziguinchor mais aussi de faire revivre l’économie par les recrutements et la production industrielle. Au même moment, nous avons démarré le décorticage au niveau de Diourbel et de Louga. Dès notre arrivée, au mois de Juin, l’usine de Dakar a repris le raffinage après deux ans d’arrêt. Je mets ces petites victoires au crédit des collaborateurs de la SONACOS … », a martelé le Directeur Général qui a pointé un doigt accusateur sur la gestion antérieure de la société.
« Il n’y a pas de nouveau repreneur ni de nouvelles machines, un certain type de gestion nous avait amené à mettre la SONACOS à terre. Quand nous avons pris les rênes de la société, la chanson qu’on entendait le plus, c’est que les machines de la SONACOS ne sont pas bonnes ; personne ne croyait qu’avec ce qui existait, nous allons démarrer les machines et reprendre la production. On a fait seulement avec l’existant et les petites ressources que nous avons. Il n’y a pas eu de nouvelles installations, nous sommes en train de travailler avec nos partenaires pour avoir un financement pour acheter de nouvelles machines, renouveler l’infrastructure de la SONACOS…», déclare-t-il.
A quelques semaines du démarrage de la campagne de commercialisation arachidière, la SONACOS dégage déjà des prévisions d’une production industrielle record. « Pour cette campagne, nous prévoyons de faire un volume que la SONACOS n’a jamais réalisé auparavant. Notre ambition, c’est de faire une production record pour la SONACOS», rassure M. Ndane Diagne qui estime que le capital humain de la société est la chose la plus importante pour la SONACOS. Avec ce redémarrage des opérations industrielles, la SONACOS de Ziguinchor prend-elle un nouvel envol ?
Les responsables de la société rassurent et parlent de relance d’une usine longtemps plongée dans l’agonie. Ce qui avait fini par installer les travailleurs dans une inquiétude qui allait crescendo d’année en année et qui poussait les « huiliers » à craindre fortement pour leurs emplois.
CES GOULOTS QUI ETRANGLENT LE SECTEUR DE LA PECHE
Surpêche, Pêche Inn, manque de transparence dans l’attribution des licences...Au Sénégal, le secteur de la pêche qui est l’un des moteurs de l’économie est de plus en plus confronté à un effondrement des stocks.
Au Sénégal, le secteur de la pêche qui est l’un des moteurs de l’économie est de plus en plus confronté à un effondrement des stocks. En effet, la majeure partie des stocks de poissons est surexploitée avec notamment la présence des bateaux étrangers en mer et certaines pratiques néfastes dont se livrent certains pêcheurs. Ce qui ne fait qu’aggraver cette situation alarmante que traverse le secteur.
Le secteur de la pêche est d’un grand apport à l’économie nationale, car contribuant à hauteur de 2% au Pib et générant plus de 600 mille emplois. Cependant, depuis quelques années, la pêche est dans des eaux troubles et la ressource halieutique se fait de plus en plus rare au Sénégal. Cette situation est due aux mauvaises pratiques de pêche notamment la surpêche et la pêche non déclarée et non réglementée (Inn) avec la présence massive des bateaux étrangers dans les eaux sénégalaises. Cette mauvaise gouvernance du secteur est toujours dénoncée par les organisations de la société civile et les acteurs surtout ceux s’activant dans la pêche artisanale. Cette pêche non réglementée est caractérisée par de nombreux accords illicites avec des navires étrangers qui s’adonnent à de mauvaises pratiques de pêches.
Ce qui représente une menace pour la sécurité alimentaire des Sénégalais. On note pour autant une rareté de la ressource halieutique au niveau des eaux sénégalaises. Du coup, les acteurs déplorent, tous, la non application des textes réglementaires et des documents stratégiques. Ils attendent ainsi du nouveau régime de faire en sorte que ce pillage des ressources aux larges de nos côtes s’arrête le plus rapidement possible.
Pour une bonne gouvernance des pêcheries au Sénégal, les acteurs avaient demandé à l’Etat de divulguer l’identité des bateaux qui sont autorisés à pêcher au Sénégal avec une licence en bonne et due forme. Une vieille doléance que les nouveaux tenants du pouvoir ont pu concrétiser conformément à leurs engagements lors de la campagne pour la présidentielle du 24 mars dernier.
Ainsi, la liste des navires autorisées à pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise, à la date du 6 mai 2024, a été publiée par la ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, Dr Fatou Diouf. Ce qui semble constituer un grand pas vers la transparence dans la gestion des ressources halieutiques au Sénégal. Deux jours après la publication de la liste des bateaux agréés à pêcher par le ministère sénégalais de la Pêche, le chef de l’État a demandé le 8 mai 2024 en Conseil des ministres, un audit du secteur et une évaluation des accords de pêche avec les pays étrangers, y compris ceux avec l’Union européenne (UE). Une manière pour le nouveau pouvoir de revigorer un secteur de la pêche vital pour l’économie et les moyens de subsistance au Sénégal.
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LE GRAND ORAL D'AMADOU BA
"Nous sommes dirigés par un gouvernement qui n'arrive pas à prendre la mesure des enjeux". Face aux critiques du pouvoir, l'ancien Premier ministre brandit son bilan à la tête du ministère des Finances et défie ses accusateurs de prouver leurs allégations
Dans une conférence de presse très attendue ce lundi 21 octobre 2024 à Dakar, l'ancien Premier ministre Amadou Ba a brisé le silence. Le candidat malheureux à la dernière présidentielle, désormais tête de liste de la coalition "Jamm Ak Njarin" pour les législatives anticipées du 17 novembre, a livré un réquisitoire sévère contre le nouveau pouvoir tout en défendant son bilan.
"J'ai choisi librement de garder le silence, mais un silence qui n'est pas du tout de l'indifférence", a déclaré d'emblée Amadou Ba, ajoutant avoir voulu laisser le temps aux nouvelles autorités de s'installer et de présenter leur vision. "Mais aujourd'hui, il est clair que nous sommes dirigés par un gouvernement qui n'arrive pas à prendre la pleine mesure des enjeux", a-t-il affirmé.
Face aux accusations de malversations financières, l'ancien ministre des Finances a contre-attaqué avec fermeté : "Je n'ai jamais falsifié les statistiques budgétaires. Il m'a été reproché des faits prétendument couverts par un rapport d'audit sur la période 2019-2023. Je tiens à rappeler une évidence : de 2019 à 2023, je n'étais plus ministre de l'Économie. Mon passage au ministère des Finances s'est terminé le 6 avril 2019.
Chiffres à l'appui, Amadou Ba a défendu son bilan : "Le produit intérieur brut du Sénégal a enregistré une hausse moyenne de 6% sur la période 2014-2019, contrastant avec la période 1980-2013 où la croissance moyenne était de 3% ". Il a notamment souligné avoir laissé "en trésorerie auprès de la banque centrale près de 270 milliards de francs CFA" lors de sa passation de service.
L'ancien Premier ministre a également réfuté les accusations d'enrichissement personnel : "Je ne possède pas la fortune qu'on me prête. Mon parcours, mon travail acharné et ma compétence m'ont permis de bien gagner ma vie. Cela aurait été le cas pour tout serviteur de l'État qui aurait eu la même trajectoire que moi."
Concernant la Vision 2050 présentée par le nouveau gouvernement, Amadou Ba y voit une continuité du Plan Sénégal Émergent qu'il a contribué à mettre en place : "Je tiens à féliciter le gouvernement sur cette vision 2050 qui n'est rien d'autre que la poursuite du Plan Sénégal Émergent. C'est ça l'État, la continuité de l'État.
En vue des législatives du 17 novembre, l'ancien Premier ministre a appelé à "une majorité à l'Assemblée nationale", estimant qu'"il est essentiel de ne pas permettre au pouvoir actuel de monopoliser tous les leviers de décision."
"Notre véritable bataille aujourd'hui", a-t-il conclu, "c'est celle contre la pauvreté, contre les inondations qui frappent nos villes et villages, contre les accidents de la route, contre l'immigration irrégulière, contre la vie chère, contre le chômage et contre les pertes d'emploi qui appartiennent à notre jeunesse."
Dans un appel à l'unité, Amadou Ba a souligné que "ce n'est pas dans les conflits ni les divisions que notre nation trouvera son salut", invitant le gouvernement à "faire preuve d'humilité" et à "assumer ses responsabilités". ".
APRES MOODY'S, STANDARD AND POOR'S AUSSI DEGRADE LA NOTE DU SENEGAL
La note souveraine du Sénégal a encore été abaissée. Cette fois, par Standard and Poor's (S&p). Une dégradation qui fait suite à la publication, le 26 septembre dernier, des résultats de l’audit des finances publiques.
iGFM - (Dakar) La note souveraine du Sénégal a encore été abaissée. Cette fois, par Standard and Poor's (S&p). Une dégradation qui fait suite à la publication, le 26 septembre dernier, des résultats de l’audit des finances publiques.
Après Moody’s, c'est au tour de Standard and Poor's de dégrader la note du Sénégal. En effet, cette autre agence de notation a placé le Sénégal sous perspective "négative", a annoncé Sikafinance. La note sur les emprunts à long et court terme du pays a, cependant, été conservée à "B+/B".
Une dégradation qui fait suite à la publication, le 26 septembre dernier, des résultats de l’audit des finances publiques. En effet, ce jour-là, le premier ministre Ousmane Sonko avait annoncé que le régime de Macky Sall avait falsifié des données économiques et budgétaires.
Le déficit budgétaire serait, en réalité, à 10,4 % du Pib au lieu des 5,5% et la dette publique aurait atteint plus de 83 % du Pib en 2023. Une annonce qui avait été suivie par la dégradation de la note du Sénégal par Moody’s.
S&p estime que cette «incertitude importante sur les données budgétaires réelles» ainsi que le «manque de clarté sur le profil d'endettement, d'amortissement et les besoins de financement», menacent la solvabilité du pays.
Mais l’agence de notation déclare qu’elle pourrait «relever la note du Sénégal ou réviser les perspectives à "stable" si les indicateurs budgétaires et extérieurs s'améliorent plus rapidement que prévu grâce à la mise en œuvre de mesures correctives énergiques