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17 février 2025
Economie
TRANSPORT DE GAZ NATUREL, UN PROJET ESTIMÉ À 650 MILLIARDS FCFA
Un protocole d’accord entre APIX et le Réseau gazier du Sénégal a été signé pour faciliter les travaux, avec une première phase budgétée à 200 milliards de FCFA.
Le coût global du projet sénégalais de transport de gaz naturel par canalisation est estimé à environ 650 milliards de francs CFA, a-t-on appris du directeur général du Réseau gazier du Sénégal, Pape Momar Lô.
« L’estimation globale du coût du projet du réseau sur les 400 km et environs est de six cents cinquante milliards de FCFA », soit environ un milliard d’euros, a-t-il déclaré au cours d’un point de presse.
Cette rencontre avec les journalistes fait suite à la signature d’un protocole d’accord entre APIX SA (agence chargée des investissements et des grands travaux) et le Réseau gazier du Sénégal (RGS), portant sur le projet de transport de gaz naturel par canalisation au Sénégal.
« Le premier segment en cours de passation de marché concerne environ deux cents milliards de FCFA, et d’autres segments démarreront leur mise en œuvre au courant de l’année 2025 », a-t-il indiqué.
Le protocole d’accord liant l’APIX SA et le Réseau gazier du Sénégal vise « à faciliter la libération des emprises nécessaires à la construction de segments de gazoduc », a fait savoir Bakary Séga Bathily, directeur général de l’agence chargée de la promotion des investissements et des grands travaux.
« Il s’agit d’un partenariat stratégique visant à sécuriser les terrains concernés, assurant ainsi une exécution fluide des projets d’infrastructures gazières », a précisé M. Bathily.
Selon lui, « cet accord reflète l’importance de la collaboration entre les deux entités pour relever les défis liés à l’expropriation et à la gestion foncière ».
« En collaboration avec l’APIX, nous nous engageons à dialoguer avec les communautés impactées et à limiter les perturbations environnementales », a-t-il assuré.
Il note que ce réseau devrait permettre d’améliorer « l’accès des populations à une énergie fiable, tout en renforçant la souveraineté énergétique du pays ».
»En substituant le fuel et le charbon par du gaz naturel dans les centrales électriques, cette initiative permettra de réduire significativement les coûts énergétiques et les émissions de CO₂ avec une diminution prévue de 30 millions de tonnes d’ici 2050 », a-t-il souligné.
D’après Pape Momar Lô, ce protocole d’accord « symbolise un engagement collectif à construire un avenir meilleur pour nos concitoyens et à positionner le Sénégal parmi les nations innovantes et audacieuses ».
Le préfet de Saint-Louis, Abou Sow, a invité l’APIX au respect des standards de l’organisation des familles au Sénégal.
« Pour la réinstallation des familles, nous prenons souvent des standards qui ne respectent pas l’organisation de nos familles », a-t-il dit.
« Quand vous prenez une concession d’une famille qui a construit sa maison depuis 1970 pour 6 à 7 frères et sœurs, si vous voulez les déplacer en construisant une seule maison avec 7 pièces et un salon, il y aura des problèmes », a-t-il ajouté.
Il dit compter, à ce sujet, sur l’expertise et l’expérience de l’APIX, exhortant les populations à « s’approprier nos projets nationaux ».
« Les parts sont bien faites mais à l’application, souvent les problèmes peuvent se poser », a-t-il fait savoir.
LES TECHNIQUES HOLLANDAISES POUR BOOSTER LA PRODUCTION D'OIGNONS
Il y a un an, les acteurs de la filière oignon dans la zone de Cayar tiraient la sonnette d’alarme, devant la baisse drastique des rendements qui étaient passés de 40 tonnes à entre 5 et 10 tonnes à l’hectare
Il y a un an, les acteurs de la filière oignon dans la zone de Cayar tiraient la sonnette d’alarme, devant la baisse drastique des rendements qui étaient passés de 40 tonnes à entre 5 et 10 tonnes à l’hectare. C’est ainsi que, dans le cadre de la coopération bilatérale entre le Sénégal et les Pays Bas, 300 producteurs sont soumis aux techniques néerlandaises pour booster la production, à travers le projet Impact Cluster Oignon (ICO). Après un an de formation, les formateurs viennent de procéder à une séance de démonstration dans les 3 champs écoles.
Il y a un an, la consommation totale annuelle d’oignons au Sénégal était estimée à 400 000 tonnes. Mais le pays est obligé chaque année de recourir à l’importation pour satisfaire totalement cette demande. Et selon les acteurs de cette filière, seule la production à Cayar pourrait prendre en charge cette demande pendant au moins 3 ou 4 mois. Mais malheureusement, la filière était confrontée à une baisse drastique des rendements, qui sont passés de 40 tonnes à 5 à 10 tonnes à l’hectare. Les causes sont à chercher dans la salinité des sols et les conséquences du changement climatique. D’ailleurs, une telle situation avait poussé beaucoup de producteurs à changer de filière pour verser dans la production de pommes de terre. C’est ainsi que des mesures ont été prises, pour restaurer et même améliorer les rendements, à travers le projet «Impact Cluster Oignon (ICO), dans les terres de Cayar», initié dans le cadre de la coopération bilatérale entre le Sénégal et les Pays Bas, et qui prend en charge le processus de levée de toutes ces contraintes. L’objectif est de restaurer tous les avantages de la production d’oignons et d’en faire ainsi une culture durable, pour une chaîne des valeurs résiliente et qui fortifie les exploitations familiales.
D’une durée de 3 ans, le projet est à sa deuxième année de mise en œuvre et le déroulé est porté par l'Association des Producteurs Maraîchers de Cayar (APMK). Et 300 de ses membres sont soumis, dans le cadre de la formation, aux techniques néerlandaises nécessitant un changement de comportements culturaux, pour booster la production, d’autant plus que la Hollande est connue pour ses performances dans l’approvisionnement en oignons du marché mondial. Après la formation théorique à l’EcoleNationale Supérieure d’Agriculture (ENSA) de Thiès sous l’égide de techniciens hollandais, les 10 formateurs viennent de procéder à une séance de démonstration dans les 3 champs dédiés à cet effet à Cayar et qui constitue la vitrine du projet.
Selon Djibril Diallo, Chef du centre d'application des techniques agricoles de l'ENSA, adjoint au coordonnateur du projet ICO à Cayar, le projet est en partenariat avec un consortium, qui regroupe trois partenaires, en l'occurrence l'Association des Producteurs Maraîchers de Kayar (APMK), l'Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR) et l'École Nationale Supérieure d'Agriculture (ENSA). Il insiste beaucoup sur la formation des 10 formateurs par les techniciens néerlandais. Les thématiques de formation déployées et portant sur les stratégies de levée des contraintes qui sont à la base de la baisse des rendements font l'objet d'une démultiplication au niveau des producteurs, à travers ces champs de démonstration, qui jouent le rôle de champs écoles, de scènes de mise en application des notions théoriques apprises lors des séances de formation, pour les 300 producteurs bénéficiaires. Ils viennent donc prendre des références et de bons repères sur ces champs de démonstration, pour ensuite démultiplier les techniques au niveau de leurs champs respectifs. Les différents acteurs sont d’avis que «ce projet porteur d’espoir», s’inspire de l’exemple de la Hollande qui est un petit pays sur le plan géographique, mais qui est parvenu à atteindre l’autosuffisance en oignon, allant également jusqu’à inonder le marché international.
LE SATNAV S’INQUIETE DES RETARDS DES CHANTIERS NAVALS
Le syndicat autonome des travailleurs des chantiers navals du Sénégal (SATNAV), affilié à l’Unsas, exprime ses préoccupations sur la situation actuelle des chantiers navals de Dakarnave.
Le syndicat autonome des travailleurs des chantiers navals du Sénégal (SATNAV), affilié à l’Unsas, exprime ses préoccupations sur la situation actuelle des chantiers navals de Dakarnave. Dans une déclaration devant la presse, les responsables syndicaux ont dénoncé les retards dans l'élaboration du cahier de charges pour la concession des chantiers, prévue pour être finalisée avant juin 2024.
Malgré les avancées notées, le syndicat autonome des travailleurs des chantiers navals du Sénégal (SATNAV) regrette qu’après huit mois depuis l'annonce des premières mesures du nouveau gouvernement, que les travailleurs ne soient pas consultés sur l'élaboration du cahier des charges. Le syndicat déplore cette situation, affirmant que l'absence de dialogue et de participation des ouvriers compromet les chances d’un résultat satisfaisant et équitable. À cet effet, Abass Fall, secrétaire général du SATNAV, a appelé à une clarification des modalités de la cogestion dans le cadre de la nouvelle concession. «Nous alertons le Chef de l’État, Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, sur l'urgence de la situation. Les retards dans l’élaboration du cahier de charges risquent de saper le fonctionnement de nos chantiers et nous avons besoin d'être entendus», a-t-il déclaré.
Le représentant de l’Unsas, Pape Birama Diallo, a également exprimé son inquiétude quant à l'absence de progrès significatifs depuis la signature des contrats précédents. «Nous en sommes encore au point de départ. Cela veut dire que, lorsqu'ils ont signé ce contrat scandaleux, il n’y avait pas de cahier de charges. La cogestion, qui est un principe de la participation des salariés dans la gestion d'une entreprise, est un argument logique des travailleurs. Il faut qu'un protocole soit établi, de commun accord avec toutes les parties prenantes. Le président de la République a pris un décret pour mettre fin aux fonctions du directeur général sortant. C’est au nouveau Directeur de parler aux travailleurs en présence du ministre de tutelle et du Premier ministre», a-t-il insisté.
À ce stade, le Satnav exhorte les nouvelles autorités, notamment le nouveau directeur général, à engager un dialogue constructif avec les travailleurs afin de dépasser les ambiguïtés qui entourent la gestion des chantiers navals. Le syndicat a réaffirmé sa volonté de participer activement à l’élaboration de solutions durables pour les chantiers navals de Dakarnave, tout en appelant à une collaboration étroite entre l’État, les travailleurs et toutes les parties prenantes.
Pour rappel, le chef de l’Etat avait annoncé l’évaluation de la situation des chantiers navals.
KABIROU MBODJE WARI SES DOSSIERS
Il est impossible pour une entreprise de survivre quand elle est combattue par l’Administration. Concernant Tigo, c’est au sommet de l’Etat que cela s’est joué contre nous. Si nous avons le soutien des autorités, nous relancerons les choses - ENTRETIEN
Propos recueillis par M. GUEYE |
Publication 27/01/2025
Il a imprimé dans l’imaginaire de millions de Sénégalais, l’image d’un «golden boy» plein d’idées et d’initiatives, qui mettait en lumière la réalité de la possibilité de travailler et réussir au pays. Avant l’éclosion des applications électroniques de transfert d’argent, il a lancé «Wari», une «licorne» dont la réussite a été fulgurante, et qui a bouleversé les méthodes de transfert d’argent. Il a montré qu’il était possible pour des Sénégalais de posséder une compagnie de téléphonie au sein de leur pays. Et c’est, semble-t-il, à ce moment que ses ennuis ont commencé. Non seulement sa volonté de rachat de «Tigo» a fait long feu, mais sa compagnie phare a périclité. Lui-même a entamé sa descente aux enfers, attrait en Justice pour de sordides histoires de mœurs qui risquent de le poursuivre pour longtemps. Et pour ne rien arranger, ses anciens «partenaires» au sein de Wari ne semblent pas vouloir se suffire d’une décision de Justice qui les avait déboutés de leurs prétentions, et voudraient relancer la machine judiciaire. Tout cela ne freine pas les ambitions de l’homme d’affaires qui souhaite de l’Etat un encadrement qui lui permettrait, ainsi qu’à d’autres Sénégalais, de bénéficier d’une bon cadre pour investir au pays.
Les Sénégalais retiennent de vous l’image d’un précurseur et d’un novateur. Vous avez créé Wari, et vous avez voulu rendre l’opérateur Tigo aux Sénégalais. Pourquoi ces deux initiatives ont-elles tourné court ?
Wari a effectivement été une entreprise novatrice dans l’offre de services financiers au grand public de par son caractère inclusif pour les banques et autres partenaires financiers de Wari. De même, nous avons permis au Sénégal de créer près de 50 000 emplois directs, ce qui est sans précédent dans ce pays. Mais certaines personnes nichées dans les institutions régulatrices ont usé de leur pouvoir pour saborder l’entreprise, afin de servir des intérêts étrangers. Concernant Tigo, c’est au sommet de l’Etat que cela s’est joué en notre défaveur, là où on devait plutôt s’attendre à un soutien régalien. Il est impossible pour une entreprise de survivre quand elle est combattue par l’Administration.
Pensez-vous, dans ces opérations, n’avoir pas assez bénéficié du soutien des pouvoirs publics, ou bien avez-vous aussi, quelque peu, manqué d’anticipation ?
Nous avons fait les choses de façon régulière et transparente. Nous avons, pour Tigo, soumissionné et gagné régulièrement un appel d’offres. L’Etat, délibérément, n’a pas joué son rôle en ne nous délivrant pas les autorisations de transfert dans les délais requis, ce qui nous a empêchés de clôturer l’achat.
Pour Wari, vous ne pouvez pas anticiper ou vous en sortir quand les régulateurs, en l’occurrence la Banque centrale et le ministère des Finances, ont décidé de vous éliminer. Nous avions pourtant démontré le caractère d’utilité publique de Wari pour les populations et pour l’Etat, en mettant en place un véritable système d’inclusion financière et de formalisation du secteur informel de nos pays. C’est un impératif pour le développement de nos économies.
Il a été dit, à la suite de ces échecs, que vous avez migré certains de vos investissements dans d’autres pays africains. Qu’y a-t-il de vrai dans cela, et éventuellement, de quel secteur s’agit-il ?
Wari était présent dans une trentaine de pays, mais était un système intégré et fonctionnait en vase communicant. Des banques partenaires n’ont pas respecté les règles de compense du système, ce qui l’a mis à l’arrêt dans l’ensemble des pays où le service était offert.
Les banques occidentales se désengagent en Afrique, et aussi au Sénégal. On ne vous entend pas vous positionner pour une quelconque reprise ou participation. Pourquoi cela ?
Nous avions à l’époque une véritable stratégie d’acquisition de banques et d’institutions financières dans la zone Uemoa, puis Cemac et enfin africaine. Mais nous en avons été empêchés. Si aujourd’hui nous avons le soutien des pouvoirs publics, nous relancerons les choses. Les banques et institutions financières de nos pays doivent appartenir au capital national. Il y va de notre souveraineté.
Il se dit que vous avez investi dans une banque dans un pays de l’Afrique de l’Ouest. Est-ce vrai ? Pensez-vous la transférer un jour au Sénégal ?
Nous n’avons aujourd’hui plus de participation dans une banque d’Afrique francophone. Comme je l’ai indiqué plus haut, nous sommes à l’écoute des nouvelles autorités pour apporter notre concours actif au Projet. Nous en avons les capacités, l’expertise et surtout la volonté. Nous avons toujours été des patriotes et toutes nos entreprises et initiatives ont eu pour soubassement l’intérêt national. C’est ensemble que nous pouvons développer nos pays.
Que pensez-vous de l’environnement des affaires au Sénégal. Est-il propice aux investissements ?
De ce que j’entends, un tournant décisif est amorcé avec une volonté ferme des pouvoirs publics de mettre en avant l’intérêt national et les nationaux. Nous observons avec attention ce qui est en train d’être proposé pour voir comment contribuer à l’essor du pays.
En tant que Sénégalais, entrepreneur de renom, qu’est-ce qui pourrait vous motiver à investir ou réinvestir dans le pays, à une époque où le «souverainisme économique» est à la mode ?
Nous sommes toujours motivés dès lors qu’une initiative nationaliste est proposée, car il en va de la survie de nos nations. Aucun pays au monde ne s’est développé de façon exogène et nous ne serons pas une exception. Nous avons toujours milité pour la préférence nationale, qui est une nécessité absolue quand on parle de souveraineté économique. Tous les secteurs stratégiques doivent être entre les mains exclusives des nationaux. Le capital étranger doit intervenir à la marge. Pour notre part, nous nous tenons à la disposition des autorités pour apporter notre contribution afin de faire décoller enfin notre pays. C’est une obligation pour chacun d’entre nous.
Si vous n’êtes pas à la Une des journaux économiques, votre vie s’étale souvent dans les colonnes à scandales de certains journaux. Ce sont vos mœurs qui sont épinglées. Pouvez-vous rassurer vos compatriotes sur ces points ?
Si vous faites allusion aux fausses accusations portées contre moi et qui m’ont valu une arrestation, nous sommes malheureusement dans un nouveau monde d’antagonismes qui va à la dérive, où tout se déconstruit, se radicalise, et où il est désormais possible de détruire la vie de quelqu’un, plus précisément celle d’un homme, sur une simple accusation. Si vous êtes dans une situation sociale élevée ou si vous êtes médiatisé, alors vous êtes la proie de personnes mal intentionnées qui, si elles n’obtiennent pas de vous de l’attention ou des cadeaux, à cause du développement des réseaux sociaux et internet, vont pouvoir impunément vous nuire en portant atteinte à votre réputation et, pour mon cas, à votre liberté.
Je n’ai absolument rien à me reprocher tant au niveau de mes mœurs que de mon respect des autres et de la loi.
Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle pour que la vérité soit faite sur cette affaire et que ma réputation soit rétablie pour mes enfants et mes parents. Concernant la procédure au Sénégal entre moi et d’anciens employés de Wari, reprise et faussement commentée dernièrement par des journaux locaux, c’est une affaire qui avait déjà été jugée en première instance, en appel et pour finir en cassation, et pour laquelle il y a eu trois fois non-lieu en ma faveur.
Par une opération inexpliquée, la même procédure s’est retrouvée enrôlée une nouvelle fois et je me vois condamné en première instance car n’étant pas présent au Sénégal.
J’ai confiance en la Justice de mon pays pour corriger cette étrange situation.
LE CRI D'ALARME DE MOUSSA FAKI
Dans un courrier adressé aux chefs d'État africains, son président dénonce une paralysie généralisée. De la dépendance financière à l'inefficacité du Conseil de paix et de sécurité, il pointe les failles béantes de l'institution
(SenePlus) - Dans un document exclusif obtenu par Jeune Afrique, le président sortant de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, dresse un bilan sans concession de l'organisation panafricaine. Cette missive de trois pages, datée du 30 septembre et intitulée "Questions urgentes à résoudre", met en lumière les défis majeurs auxquels fait face l'institution à l'aube de son vingtième anniversaire.
Le constat est particulièrement sévère concernant le Conseil de paix et de sécurité (CPS), pilier censé garantir la stabilité du continent. Comme le souligne Faki Mahamat dans sa lettre, "le CPS a vu ses décisions et communiqués se succéder sans effets significatifs sur le réel politique et sur le terrain". Plus grave encore, il dénonce ouvertement que "les textes de base de l'Organisation ont été violés", remettant ainsi en question l'efficacité du dispositif actuel face aux changements anticonstitutionnels.
La dépendance financière de l'UA constitue un autre point critique abordé dans ce document. Le président de la Commission qualifie cette situation "d'insoutenable", expliquant qu'elle limite considérablement la marge de manœuvre de l'organisation, "restreignant toute velléité, si peu ambitieuse soit-elle, de la part de l'UA".
La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) n'échappe pas non plus aux critiques. Faki Mahamat s'inquiète particulièrement de "la conception de partenariats stratégiques conduits sans aucun rôle significatif de l'UA, marginalisée devant la bilatéralisation des intérêts en jeu". Il pointe également du doigt "les déficiences patentes des chaînes de solidarité africaines" face aux menaces terroristes et aux catastrophes naturelles.
Selon Jeune Afrique, cette initiative du président sortant n'a pas suscité l'écho espéré au sein de l'institution. Un diplomate en poste à Addis-Abeba, cité par le magazine, va jusqu'à qualifier ce document de "pavé lancé dans la mare des chefs d'État et de gouvernement" et y voit surtout "l'aveu d'impuissance et de faiblesse de sa présidence".
Alors que l'UA vient d'intégrer le G20 en 2024, et que Moussa Faki Mahamat s'apprête à quitter ses fonctions le 15 février prochain, son appel à une "réflexion active" et à l'organisation d'une "retraite spéciale" pour aborder ces questions cruciales reste pour l'instant lettre morte. Les réunions proposées ont été systématiquement repoussées, illustrant paradoxalement l'immobilisme dénoncé dans sa missive.
Dans ce contexte tendu, certains au sein de l'institution semblent pressés de "tourner la page Faki", selon une expression qui circule dans les couloirs de l'UA, rapporte Jeune Afrique. Le président sortant conclut néanmoins sa lettre sur une note diplomatique, remerciant les dirigeants africains pour "leur confiance et leur soutien" et souhaitant "un plein succès" à son successeur.
Par Bachir FOFANA
UN PRESIDENT NE SE LAMENTE PAS, IL AGIT
En avouant son échec et celui de son Premier ministre par ricochet (Diomaye mooy Sonko), le chef de l’Etat semble jeter l’éponge avant même d’avoir entamé le combat. Il s’avoue défaitiste
Commençons par exprimer notre solidarité à Abou Diallo et Oumar Sow, aujourd’hui en prison pour des propos que le procureur de la République qualifie de «déclarations de nature à inciter à la discrimination ethnique». Tout démocrate et amoureux de la liberté devrait leur apporter un soutien. Leur arrestation est la énième manifestation de la dérive autoritaire et partisane dont le régime en place s’est fait l’auteur, en quelques petits mois d’exercice du pouvoir. Bah Diakhaté, Amath Suzanne Kamara, Commissaire Keïta, les directeurs de publication des journaux Le Quotidien et La Tribune, Cheikh Yérim Seck, Bougane Guèye Dany, Kader Dia… sont tous passés entre les mains de ce pouvoir liberticide. Tous les républicains et démocrates de ce pays doivent se mobiliser pour arrêter ces harcèlements à la fois injustes et dangereux pour la paix et la stabilité du Sénégal. Et c’est dans ces moments qu’on se demande où sont les universitaires très prompts à pondre un texte sous le régime de Macky Sall.
Ensuite, souhaitons un bon retour parmi nous à Moustapha Diakhaté, qui hume l’air de la liberté après deux mois à l’ombre pour ses opinions politiques. «Danga alku», une expression que tout le monde utilise tous les jours, a été considérée par le procureur de la République comme une insulte, et cela lui a valu un séjour carcéral. L’homme que je suis allé voir en prison m’avait déjà exprimé sa volonté de revenir en force, et il l’a réitérée dès sa sortie : il n’est pas prêt à déposer les armes. «Je suis sorti en très bonne santé, comme avant mon entrée en prison. Je reste convaincu que le combat pour le respect du pluralisme et de la liberté d’expression est mon credo. (…) Je suis encore plus que jamais déterminé à consacrer ma vie à la défense de la démocratie et des Sénégalais», at-il déclaré sur la Rfm. La prison de Rebeuss, pour Moustapha Diakhaté, est «une vraie université». «Un séjour à Rebeuss, même s’il faut payer pour y aller, il faut le faire. J’ai beaucoup appris là-bas.» Bienvenue Grand.
Pastef n’a pas de stratégie
En son absence, beaucoup de choses se sont passées dont la dernière est la première Conférence des administrateurs et managers publics (Camp) tenue cette semaine. Une seule chose a retenu l’attention : les lamentations du président de la République. Oui, un président de la République qui se lamente est tellement rare que cela mérite d’être souligné. Au terme de neuf mois d’exercice du pouvoir, le président de la République, attendu sur des solutions, s’alarme. «D’abord, un Etat contraint dont les marges de manœuvre budgétaire et financière n’existent quasiment plus, une Administration républicaine, mais manquant de cohérence et figée dans des schémas dépassés, alors même que les réalités socio-économiques évoluent rapidement, marquées notamment par la transformation numérique et l’essor de l’Intelligence artificielle», regrette le chef de l’Etat, qui indique de plus que le secteur parapublic est hypertrophié, faisant souvent doublon à l’administration centrale, budgétivore et dont la contribution aux dividendes de l’Etat reste trop faible. Toujours dans ses propos lors de la Conférence des administrateurs et managers publics, le président de la République entend se départir des services publics complexes et coûteux qui limitent l’efficacité des politiques publiques et ternissent l’image de l’Etat. Dès lors, il est impératif de refonder l’Administration, pour la rendre plus moderne, plus proche des citoyens et plus efficiente dans ses missions. C’est l’objectif même de cette Conférence des administrateurs et managers publics, qui se veut un espace de dialogue, de réflexion et d’orientation stratégique.
«Un Président ne devrait pas dire ça…» est le titre d’un livre des journalistes français d’investigation Gérard Davet et Fabrice Lhomme, publié en 2016 et consacré à cinq années d’entretiens privés des deux hommes avec le président de la République française d’alors, François Hollande. Nous aussi, nous sommes tentés de dire à notre cher président de la République qu’«un président se ne lamente pas», ne pleurniche pas. Qu’il est élu pour solutionner les maux dont il a hérité.
A l’alternance de 2000, Me Abdoulaye Wade, lors de son premier voyage en France, avait dit sur le perron de l’Elysée, être venu «chercher des armes car l’Armée du Sénégal est souséquipée. Les caisses de l’Etat sont remplies d’agent». C’est bien plus tard que les Sénégalais ont su par l’entremise de Idrissa Seck, que la situation héritée des socialistes était bien catastrophique. Il dira que pour ne pas casser l’espoir du Peuple, et surtout continuer de bénéficier de la confiance des partenaires, ils étaient dans l’obligation de ne pas communiquer sur la situation réelle du pays
En 2012, lors de l’élection présidentielle, le même Wade prédisait que si Macky Sall était élu, les fonctionnaires pourraient ne pas percevoir leurs salaires. Ce qui présageait d’une situation complexe du pays. L’on se souvient du premier Conseil des ministres du premier gouvernement de Macky Sall, nouvellement élu. A l’unisson, Abdoulaye Daouda Diallo, ministre du Budget, et certains de ses collègues, avaient annoncé que «les caisses de l’Etat (étaient) vides». Mais il leur a vite signifié qu’il ne s’agissait pas de communiquer sur le phénomène, mais de s’atteler à régler les problèmes pour lesquels ils ont été élus
En avouant son échec et celui de son Premier ministre par ricochet (Diomaye mooy Sonko), le chef de l’Etat semble jeter l’éponge avant même d’avoir entamé le combat. Il s’avoue défaitiste contrairement à leurs annonces d’avant accession au pouvoir, quand ils disaient ne pas croire «à la réalité du pouvoir», ou qu’ils avaient les solutions aux problèmes du pays et qu’il ne leur fallait pas plus de «deux mois» pour voir les effets d’une transformation systémique du pays.
Un président de la République ne doit pas être un spectateur de la situation…
Finalement, le parti Pastef n’a pas de stratégie. Finalement, c’est triste de découvrir que c’était juste un regroupement de beaux parleurs au lieu d’être une force de proposition concrète. Le produit n’a pas répondu aux attentes, et c’est dommage. Car les jeunes et la diaspora croyaient réellement au «Porozet» pour un changement qualitatif de leur vie. Diomaye ne fait pas encore le poids ; et si ça se confirme, ce sera de la faute de Sonko qui l’a proposé au Peuple sénégalais. Au Gabon, le Président putschiste a limité les salaires à 5 millions. Au Mali et au Burkina Faso, il y a des menaces de rembourser l’argent pillé ; c’est comme ça qu’on gère. Mais au Sénégal, on assiste à de l’hésitation, des slogans, à d’interminables voyages coûteux qui n’ont rien rapporté. Un Président ne se lamente pas, il a tous les moyens pour agir et il doit agir. «Un président de la République ne doit pas être un spectateur de la situation, mais un acteur central qui porte des réformes ambitieuses. Le Président doit incarner une vision claire, prendre des responsabilités sur des enjeux fondamentaux et ne pas se dérober face aux difficultés», disait Nicolas Sarkozy, le 14 janvier 2007 à Villepinte.
Le Président Diomaye devrait s’inspirer de Napoléon Bonaparte lors du siège de Toulon en 1793. Jeune Capitaine, voyant que la France était en train de perdre face à la Marine britannique et son artillerie, Napoléon soumet un plan d’attaque au Général Dugommier, qui a pris le commandement du siège. L’application de ce plan permit la reprise de la ville aux troupes royalistes et britanniques le 18 décembre, après la prise du Petit Gibraltar. Il est fait d’office Général de brigade pour cette audace.
Oui, il faut de l’audace pour faire bouger les choses. Les Sénégalais ont sanctionné le pouvoir sortant, donc élu Diomaye pour qu’il apporte des solutions, non pour simplement identifier les problèmes. De tels comportements ne font pas honneur à notre République qui a toujours été dirigée par de grands leaders incarnant un leadership avéré et respecté. De plus, un Etat doit rassurer. Un Etat doit donner de l’espoir. Un Etat doit être ouvert d’esprit, moins bavard et plus pragmatique. C’est ce qui facilite les investissements venant de l’extérieur et booste le secteur privé national. Or, à part constater des manquements et se lamenter, Pastef n’a aucune vision. Il est impératif d’agir plutôt que de se contenter de constater les dysfonctionnements. Les constats sont connus, les solutions sont souvent évoquées, mais c’est dans l’action concrète et décisive que se trouve la véritable réforme. Etre dans le temps de l’action suppose de savoir où on va. On est dans le pilotage à vue et dans les règlements de comptes via la Justice
L’Administration sénégalaise connaît les mêmes goulots d’étranglement depuis fort longtemps. Sous Abdou Diouf, nous avions un ministère dédié à la Modernisation de l’Etat. Wade a érigé le département de la Compétitivité et de la bonne gouvernance. Macky Sall a eu à confier le ministère de la Fonction publique, de la rationalisation des effectifs et du renouveau du service public à Viviane Bampassy. C’est dire…
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LA FACTURE CACHÉE D'AIR SÉNÉGAL
Les dettes atteindraient 500 milliards de francs CFA, soit cinq fois plus que le montant officiel. Une gouvernance défaillante et des choix stratégiques contestables ont poussé la compagnie nationale dans l'abîme
Invité à l'émission Soir d'Info de la TFM ce jeudi 23 janvier 2025, le Commandant Malick Tall, ancien pilote d'Air Afrique et ex-directeur des opérations d'Air Sénégal International, a dressé un tableau alarmant de la situation financière d'Air Sénégal.
Selon cet expert qui cumule plus de 20.000 heures de vol, la dette réelle de la compagnie nationale avoisinerait les 500 milliards de francs CFA, soit cinq fois plus que les 100 milliards officiellement déclarés. Cette situation critique trouve ses racines dans des décisions stratégiques contestables prises depuis 2018, notamment l'abandon d'un business plan initial qui avait été validé dès par la RAME.
Le Commandant Tall pointe particulièrement du doigt le contrat avec la société américaine Carline, dont les avions âgés de 20 à 25 ans grèvent lourdement le budget de la compagnie en frais de maintenance et de carburant. Il préconise leur retrait immédiat de la flotte.
Malgré ce constat sévère, l'ancien directeur des opérations insiste sur la nécessité de maintenir une compagnie aérienne nationale, élément crucial pour le développement du tourisme et de la logistique au Sénégal. Il propose une série de mesures d'urgence : audit des anciennes directions, établissement de comptes d'exploitation certifiés, et recrutement de professionnels compétents aux postes clés.
Ces révélations interviennent alors que le gouvernement sénégalais a annoncé lors du dernier Conseil des ministres, une restructuration globale de la compagnie, avec deux réunions interministérielles prévues en février.
LES CONCERTATIONS NATIONALES LANCÉES SUR LA RÉFORME DU SERVICE PUBLIC
La volonté de doter l’administration publique sénégalaise de ses lettres de noblesse s’inscrit dans le contexte de l’adoption de l’Agenda national de transformation « Sénégal Vision 2050 »
Le Sénégal s’est résolument engagé sur la voie d’un développement économique durable. Dans ce cadre, des concertations nationales dédiées à la réforme du service public ont été officiellement ouvertes hier, jeudi 23 janvier 2025, par le ministre de la Fonction publique et de la Réforme du Service public. Plusieurs personnalités, notamment d’anciens ministres, de professeurs émérites, d’autorités administratives et de partenaires stratégiques y ont part.
La volonté de doter l’administration publique sénégalaise de ses lettres de noblesse s’inscrit dans le contexte de l’adoption de l’Agenda national de transformation « Sénégal Vision 2050 ». Cet objectif apparaît comme une condition sine qua non pour construire une nation forte, économiquement résiliente et durable.
Ainsi, les concertations nationales lancées à Dakar hier, jeudi 23 janvier 2025 par M. Olivier Boucal, ministre de la Fonction publique et de la Réforme du Service public, marquent une étape cruciale dans ce processus.
La cérémonie a vu la participation de Mme Aminata Touré, ancienne Première ministre et actuelle Envoyée Spéciale du Président de la République, d’anciens ministres de la Fonction publique, de professeurs émérites, ainsi que d’autorités administratives et de partenaires nationaux et internationaux.
Ces concertations ont pour ambition de mener un diagnostic approfondi de l’administration publique sénégalaise et de « repenser les méthodes et modes de gouvernance des affaires publiques, au service de l’usager citoyen », conformément aux directives du Premier ministre, M. Ousmane Sonko. La démarche adoptée repose sur une dynamique participative et inclusive de co-construction.
UN DISPOSITIF INCLUSIF ET INNOVANT
Le processus de réforme s’appuiera sur la mise en place de plusieurs plateformes d’échanges destinées à impliquer les différentes parties prenantes à tous les niveaux : central, régional et international, en particulier auprès de la diaspora sénégalaise. Une plateforme dédiée a d’ailleurs été conçue pour favoriser des concertations directes et ouvertes avec les usagers-citoyens, en vue de recueillir leurs contributions et leurs préoccupations.
DES MAUX IDENTIFIÉS ET UNE RÉFORME URGENTE
Lors de son allocution, M. Olivier Boucal a rappelé que l’administration publique sénégalaise est confrontée à de nombreux dysfonctionnements, largement documentés dans divers rapports et études sur les performances des services publics et la satisfaction des usagers. Il a notamment souligné que les constats établis dans la partie diagnostic du Référentiel Sénégal 2050, et récemment rappelés par le Chef de l’État lors de la Conférence des Administrateurs et Managers publics, mettent en évidence plusieurs problématiques : le chevauchement des missions de certains services ; la lenteur dans l’exécution des procédures ; la qualité insuffisante des prestations offertes aux usagers.
Face à ces défis, le ministre a affirmé qu’ «il est impératif de donner corps aux orientations du Chef de l’État en prenant des dispositions concrètes pour repenser notre gouvernance et re nouveler notre administration ».
UNE RÉFORME INCLUSIVE POUR ÉVITER LA MARGINALISATION
De son côté, Mme Aminata Touré a souligné l’importance de prendre en compte les besoins spécifiques des groupes vulnérables, notamment les personnes vivant avec un handicap. Elle a insisté sur la nécessité d’inclure ces populations dans le cadre des réformes afin d’éviter tout risque de marginalisation dans l’accès aux services publics.
LES RÉFORMES MAJEURES DU SERVICE PUBLIC
Depuis son indépendance en 1960, le Sénégal a entrepris plusieurs réformes pour adapter son administration aux défis de chaque époque. Ces réformes se sont articulées autour de grandes périodes : 1960-1980 ; la construction d’un État de droit et élaboration d’un système de planification du développement (1960-1980) 1980-1994 : la mise en œuvre des réformes relatives aux désengagements de l’État et aux programmes d’ajustement structurel (1980-1994); les initiatives visant à améliorer la gouvernance économique et financière, à promouvoir la bonne gouvernance et à améliorer la qualité des services publics (1992) ; et la modernisation de l’administration publique en 2016.
Le lancement des concertations nationales en 2025 marque donc une nouvelle étape dans cet effort continu d’amélioration et de transformation de l’administration sénégalaise.
TABASKI NGOM ENVOYEE EN PRISON, DJIM MOMATH BA VERSE 90 MILLIONS FCFA !
Ça bouge du côté du Pool judiciaire financier, où l’un des juges d’instruction a distribué des fortunes diverses ce jeudi, dans le cadre de l’affaire de détournement présumé d’environ 700 millions de F Cfa, a appris le Soleil digital.
Ça bouge du côté du Pool judiciaire financier, où l’un des juges d’instruction a distribué des fortunes diverses ce jeudi, dans le cadre de l’affaire de détournement présumé d’environ 700 millions de F Cfa, a appris le Soleil digital.
L’inspectrice du Trésor, Tabaski Ngom, passera sa première nuit en prison. Elle a été placée sous mandat de dépôt ce jeudi 23 janvier par le juge d’instruction financier. Mme Ngom fait face à des accusations graves, à savoir : « association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux, détournement de deniers publics, accès frauduleux à un système informatique et entrave au bon fonctionnement de ce système ».
Ces charges s’inscrivent dans le cadre d’une enquête qui met en lumière des pratiques illicites dans la gestion des finances publiques.
Son co-prévenu, Mor Gueye, impliqué dans cette affaire, est également inculpé et placé sous mandat de dépôt pour des faits d’association de malfaiteurs, de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux, entre autres, selon des sources proches du dossier. Mais, il faut le préciser, le patron des entreprises Sen-Setal et Webeom.Sen n’a jamais consigné, selon son avocat Me Faty.
À noter que Djim Momath Ba, ancien directeur général de l’Agence de promotion des sites industriels (Aprosi), également sous enquête, a comparu devant le juge d’instruction ce jeudi.
Cependant, contrairement aux deux premiers, le maire de Nioro a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire, après avoir accepté de consigner une somme de 90 millions de FCfa.
Le parquet financier avait demandé un mandat de dépôt à son encontre.
Cette affaire de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux, portant sur environ 700 millions de FCfa, impliquant l’inspectrice Tabaski Ngom, a pris une nouvelle tournure en début de semaine. Le dossier, transmis aux enquêteurs de la Division des investigations criminelles (DIC), a révélé l’existence d’un circuit complexe de détournement de fonds publics au sein de l’Agence de promotion des sites industriels (Aprosi), où l’intéressée occupait la fonction d’agent comptable particulier avant de rejoindre la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse).
Elle avait, à l’époque, cité l’ancien directeur général de l’Aprosi, Djim Momath Ba. Convoqué et entendu par la Dic, lundi, ce dernier a été placé en garde à vue, tout comme l’homme d’affaires Mor Gueye.
NOTE OUVERTE SUR LES PÊCHES ET LES MIGRATIONS
La mer comme horizon politique du Sénégal : tel est le fil conducteur du nouvel essai d'Abdoul Aziz Diop. S'inspirant de Machiavel, l'auteur livre une analyse novatrice des enjeux de pêche et de migration qui attendent Bassirou Diomaye Faye
Vingt-deux ans après son recueil "Nous avons choisi la République...", Abdoul Aziz Diop revient avec un essai politique ambitieux. Mêlant philosophie machiavélienne et enjeux contemporains, il propose une lecture nouvelle des défis maritimes du Sénégal. Son livre « Migrer comme le poisson… » (L’Harmattan Sénégal, janvier 2025), adressé au président Faye, dessine les contours d'un patriotisme ancré dans la mer. Une réflexion profonde sur l'avenir d'un pays dont le destin est intimement lié à ses espaces maritimes. Ci-après la préface :
Ce livre - au lieu d’une longue lettre ouverte - est une note ouverte bénévole adressée d’abord au président du Sénégal élu le 24 mars 2024 dès le premier tour de scrutin avec 54,28 % des suffrages valablement exprimés. Notre conviction est que le sens de notre démarche sera mieux compris à la suite du rappel de quelques préceptes clés tirés du Le Prince de Nicolas Machiavel (1469-1527). Avec lesdits préceptes doit commencer tout dialogue à distance ou en tête-à-tête avec, en tout temps et en tout lieu, le héros universel du philosophe italien. Bref, les lectrices et les lecteurs comprendront enfin pourquoi conseiller Diomaye sans qu’il l’ait demandé - c’est le cas dans cette note - sur les pêches et les migrations avec lesquelles elles peuvent être positivement corrélées.
Né en 1469 à Florence (Italie), Machiavel rédige, à partir de 1513, Le Prince, qui assure au nom du philosophe sa célébrité universelle. « Le livre, [qui ne fut imprimé qu’en 1532, cinq ans après la mort de Nicolas Machiavel], a été admiré par Napoléon, Lénine, de Gaulle, mais aussi Mussolini. » Le romancier et essayiste Jean Anglade - agrégé d’italien -, soutient que « le scandale a été que ce petit livre ait osé étudier, étaler au grand jour, noir sur blanc, une façon d’être toujours soigneusement enveloppée jusque-là de voiles hypocrites ».
Oscar Morgenstern, cité par Raymond Aron dans une préface au Prince, « déplore que les spécialistes modernes de la science politique n’aient pas soumis les préceptes de Machiavel à une analyse rigoureuse afin de dégager ceux qui, [aujourd’hui encore], gardent (...) une valeur opérationnelle ».
Le trait commun aux princes « machiavéliques » est plutôt le manque de vertu machiavélienne. Celle-ci recouvre « les divers talents physiques et spirituels, que la nature peut donner à un homme ». Elle « correspond alternativement ou tout ensemble à l’intelligence, l’habileté, l’énergie, l’héroïsme ». C’est sans doute cette vertu-là qui détermine, plus que toute autre chose, la manière dont un prince « doit se comporter pour acquérir de l’estime ». Premièrement, un prince vertueux doit « accomplir de grandes entreprises et donner de soi des exemples rares et mémorables ». Deuxièmement, il doit « donner d’insignes exemples de savoir-faire dans les problèmes intérieurs ». Troisièmement, le prince vertueux doit avoir « soin (...) de préserver la majesté de son rang, qui en aucune occasion ne doit être ternie ». Quatrièmement, enfin, il « doit (...) montrer qu’il apprécie les divers talents accordant travail et honneurs à ceux qui s’illustrent le plus en tel ou tel art ».
« (…) On peut juger de la cervelle d’un seigneur rien qu’à voir les gens dont il s’entoure », écrit Nicolas Machiavel. « Quand [les ministres du prince], écrit-il, sont compétents et fidèles, on peut croire à sa sagesse (...) mais s’ils sont le contraire, on peut douter de ce qu’il vaut lui-même (...) » D’aucuns disent qu’un président en exercice est moins fidèle en amitié que l’opposant qu’il fut. C’est que « (...) celui qui cause l’ascension d’un autre se ruine lui-même ; il a pu pour ce faire employer l’habileté ou la force ; mais l’un et l’autre seront ensuite insupportables à celui qui a gagné en puissance ». « Si les hommes qui paraissaient suspects au début du règne d’un prince ont besoin pour se maintenir de l’appui du prince, il pourra très facilement les gagner à sa cause. Ils le serviront alors avec d’autant plus de zèle qu’ils se sentiront plus en devoir d’effacer la mauvaise opinion qu’il avait d’eux en son début. » Ce dernier précepte explique peut-être mieux la façon dont on s’accommode de la transhumance - recrutement d’anciens adversaires -, pour massifier un parti. Mais les transhumants - les nouvelles recrues - se garderaient d’entretenir le président d’autre chose que du pays si ce dernier savait « fuir les flatteurs » qu’ils sont tous devenus. Machiavel exhorte le « prince avisé [à choisir] dans le pays un certain nombre d’hommes sages à qui (...) il permettra de s’exprimer librement, (...) sur les matières de son choix ». « Le prince qui agit autrement est perdu par les flatteurs, on change souvent d’avis, selon le dernier qui a parlé, ce qui ne peut guère lui valoir d’estime. » « Un prince qui manque de sagesse ne sera jamais sagement conseillé », soutient Machiavel. « Les bons conseils, d’où qu’ils viennent, procèdent toujours de la sagesse du prince, et non la sagesse du prince de ces bons conseils », écrit l’auteur de l’« opuscule sur les gouvernements », titre originel du Prince. « Un prince, écrit Machiavel, doit (...) se soucier peu qu’on le traite de ladre, pour n’être point porté à piller ses sujets, pour pouvoir se défendre, pour éviter la pauvreté et le mépris, pour n’être point réduit aux stratagèmes. »
« Une République défendue par ses propres citoyens tombe plus difficilement sous la tyrannie d’un des siens (...) » Pour ne l’avoir pas compris, l’aile radicale du Sopi - changement en ouolof -, déliquescent aurait fait entrer des mercenaires dans le pays sous l’ancien président Abdoulaye Wade. Mais, « les mercenaires, avertit Machiavel, (...) sont inutiles et dangereux, car si [le prince] fonde [son] État sur l’appui de troupes mercenaires, [son] trône restera toujours branlant ». Hier comme aujourd’hui, les mercenaires « acceptent d’appartenir au prince tant que dure la paix, mais sitôt que vient la guerre, ils ne songent qu’à jouer des jambes ».
« Le nombre des "machiavéliques" qui n’ont pas lu un traître mot de Nicolas Machiavel dépasse assurément (...) celui des "marxistes" qui n’ont point lu Karl Marx », commente Jean Anglade. Pour avoir lu Machiavel, l’essayiste camerounais Blaise Alfred Ngando publie l’ouvrage Le Prince Mandela : Essai d’introduction politique à la Renaissance africaine (Maisonneuve & Larose, 2005) « Pour Ngando, le "Prince Mandela" et le "Prince" de Machiavel seraient mus par la même "valeur essentielle" : le patriotisme. » Mais pas n’importe quel patriotisme ! Celui de Ngando ne se résume pas en un « projet » que l’on dit « systémique », « holistique » ou que sais-je encore. Le patriotisme dont il est question ici trouve dans nos 198 000 km² d’espaces maritimes, la continuité territoriale des 196 720 km² sur lesquels sont tracées les voies, encore insuffisantes, voire même insignifiantes, de notre plein épanouissement collectif, le seul susceptible de nous affranchir définitivement de notre déshumanisante dépendance de l’autre à la fois si lointain et si méprisant. Le patriotisme dont il est enfin question ici trouve dans l’incoercible appel de la mer nos raisons objectives de nous accommoder de la belligérance de l’autre dans le débat gagnable du monde avec l’irrépressible opinion - la nôtre -, constitutive de notre double identité sénégalaise et africaine.
Comme le montre son sous-titre, cet opuscule est la note perpétuelle destinée au président en exercice de tous les Sénégalais. Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye est le premier à l’avoir entre les mains pour en tirer le parti que l’auteur bénévole est en droit d’en attendre. Perpétuelle est la note dès lors que la mer s’invitera jusqu’à la fin des temps dans le débat sénégalo-sénégalais, nécessitant du coup les mises à jour irrévocables à chaque alternance démocratique.