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22 novembre 2024
Femmes
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DAK’ART, LA BARBADE SE RECONNECTE À L’AFRIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Chaque Biennale permet aux fils et filles d’Afrique dispersés dans les Amériques de revenir sur la terre-mère. Les Barbadiens ont fait le pas grâce à «Transatlantique 1».Nyzinga Onifa, la coordonnatrice du projet explique l’intérêt
Tous les deux ans depuis 1990, la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar permet aux fils et aux filles d’Afrique dispersés à travers le globe, notamment dans les Amériques, du fait de la tragédie de l’esclave, de se retrouver sur leur terre d’origine. Qu’ils soient d’Amérique du Nord, d’Amérique Latine ou des Caraïbes, ils reviennent partager et se reconnecter à la terre mère d’Afrique. À cette 15e édition, une dizaine d'artistes barbadiens sont à Dakar grâce a ECEA*, une organisation qui a elaboré le projet d'exposition intitulée « Transatlantique 1 ». Nzinga Onifa, coordonnatrice du projet, nous explique dans cet entretien avec AfricaGlobe Tv.
Au Dak’art 2022, nous découvrions Yrneh Gabon, ce Jamaïcain dont les tests ADN ont prouvé qu’il est balante donc potentiellement originaire de la Casamance, la Gambie ou la Guinée Bissau, aire géographique où l’on trouve ce peuple ouest-africain. Pour cette 15e édition du Dak’art, une bonne délégation barbadienne, composée d’une dizaine « de talentueux artistes » est y est représentée avec l’exposition dénommé « Transatlantique One ». Un projet pensé et conçu trente ans plus tôt des après la deuxième édition du Dak’art et qui a connu des péripéties sans que l’initiatrice, la Barbadienne Nzinga Onifa, ne renonce.
Le désir de reconnexion de la Barbade à l’Afrique n’est pas récent. L’histoire remonte à 1993 lorsque Nzinga Onifa, la coordinatrice du projet « Economic and cultural exchange with Africa (ECEA) , y a séjourné une dizaine d’années à Dakar pour le compte des Nations Unies. Un séjour au cours duquel elle dit s’être rendu compte de ce qu’il y a trop peu d’information sur la Barbade. Mais aussi choquée de ce que manifestement des Africains ne posent pas de question sur ce que sont devenu ceux qui ont été déportés du continent quelques siècles auparavant.
En revanche, bien souvent, on lui demandait d’où vient-elle et où se trouve la Barbade qui pourtant n’est qu’ à environ à 5 heures de vol de Dakar bien avec une ligne directe. Même si l’on est dans les Caraïbes. Sur la persistance de ces questions, Nzinga Onifa, en quittant Dakar, s’est résolue à travailler pour créer un rapprochement entre l’Afrique et la Barbade à travers la culture. Elle à cet effet fait part aux différentes autorités sénégalaises et barbadiennes depuis ces années et donc forcément tous les régimes qui se sont succédé aussi bien à la tête du Sénégal que de la Barbade. Il a donc fallu un très long chemin et l’initiatrice n’a pas abandonné. Finalement, l’aboutissement a été cette année 2024.
Elle a réussi a emmené une dizaine d'artistes qui exposent au village des arts a Yoff. Seulement, il s’est passé un fait très regrettable au grand dam des artistes barbadiens. En effet, pour des raisons logistiques et administratives, leurs œuvres n’ont pas pu atterrir à Dakar pour démarrer la Biennale en bonne et due forme alors que ce 8 novembre, elles devraient être vues.
Dans la foulée, les autorités du village des arts ont essayé de trouver une solution qui ne satisfait personne. En effet, le village des arts a fait installer des écrans qui présentent les œuvres des artistes. Une situation absolument regrettable pour les artistes qui à l’unisson disent que ce dispositif technologique de rechange déforme et dévalorisent leur travail à tout point de vue parce qu’elle ne rend nullement compte de la réalité de leur art.
Tout de même, ils reconnaissent au village des arts d’avoir essayé d’apporter cette solution, ils n’en veulent ni n’accusent leurs interlocuteurs du Sénégal qui n’en sont pour rien dans ce couac d’ordre administratif. Mais ils sont émus d’être revenus à la Maison, grâce à la Biennale. La délégation souhaite que Transatlantique 1 ne soit qu’un point de départ et que l’on verra Transatlantique 2, 3, 4 et jusqu’ à l’infini. Nzinga Onifa qui est maître d’ouvrage du projet dans cette entrevue espère que les œuvre atterriront à Dakar avant la fin de la biennale.
La coordinatrice de Transatlantique Nzinga Onifa estime qu’il y a tellement de choses que les fils et filles d'Afrique dispersés de par le monde peuvent partager avec l'Afrique en termes de business, de culture, d'éducation de science et de technologie. Son souhait est que cette reconnexion avec l'Afrique puisse s’approfondir et qu’il y ait beaucoup d’échanges culturels notamment entre étudiants sénégalais et barbadiens : que les jeunes barbadiens viennent au Sénégal étudier l’art et que les étudiants sénégalais puissent, de leur côté, se rendre à la Barbade pour se nourrir de la richesse culturelle de cette île caribéenne. « Nous avons à apprendre les uns des autres entre frères et sœurs d’Afrique », estime Nzinga Onifa.
Pour sûr, la volonté de reconnexion est réelle. D’ailleurs, Nzinga Onifa qui est aussi artiste designer, n’a pas toujours porté son présent nom qui est typiquement africain. Elle portait à la naissance un nom de colon dont elle a décidé de se débarrasser pour porter un nom authentiquement africain. Cette volonté de reconnexion parfois est freine par l’image qu’est vendu de l’Afrique par les médias du Nord.
En effet, la propagande des médias occidentaux qui semble entretenir un désir compulsif de montrer des images négatives sur l’Afrique, a réussi à inoculer une certaine réticence et une méfiance des Africains de la diaspora vis-à-vis de l’Afrique. Les Barbadiens y ont aussi été victimes de cela. Ainsi, longtemps, certains voient l’Afrique à travers les guerres, les maladies, les cataclysmes, etc. qui leur sont présentés par les télévisions du Nord.
La coordinatrice du projet, Nzinga Onifa se réjouit qu’aujourd’hui avec l’avènement d’Internet, de plus en plus d’Afro-descendants, commencent à découvrir véritablement l’Afrique et de fait, ces stéréotypes sur le continent, commencent à tomber. Par conséquent, ils se montrent de plus en plus enthousiastes à se reconnecter à leur terre d’origine. Ce qui ouvre davantage des perspectives de reconnexion. Mais une question que s’est très souvent posée Nzinga c’est pourquoi les Africains ne posent pas de questions sur ce que sont devenus les Africains déportés dans les Amériques ? C’est peut-être le moment que tous se la posent.
* ECECA est une organisation florissante qui se consacre à la défense et à la promotion de la culture, de l'éducation, des affaires, de la santé et du bien-être en tant que rouages essentiels du développement sociétal et de la camaraderie internationale entre l'Afrique, la Barbade et le reste des Caraïbes.
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DABA, L'ANGE DU CHAOS
Gacha élève Daba. La plasticienne camerounaise rend un hommage mérité à la musicienne sénégalaise, l’une des rares femmes à moto, à Dakar, en toute sérénité, avec une « liberté sans concession » et un caractère qui émerveillent les petites filles.
Deux ans après sa participation dans l’exposition internationale, l’artiste franco-camerounaise Beya Gille Gacha est de retour cette année à la 15è édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, Dak’Art 2024. Toujours avec la même finesse dans ses créations, Beya Gille Gacha a cette année proposé deux installations parmi lesquelles celle intitulée L’Amazone. Œuvre à travers laquelle elle rend un bel hommage à une autre artiste, la musicienne sénégalaise Daba Makhouredia, une des rares femmes motorisées à Dakar et dont la Camerounaise est prise d’admiration.
Ainsi, Gacha, la Camerounaise, a décidé de rendre plutôt un « femmeage » à Daba la Sénégalaise parce qu’inspirante, impressionnante. Pour Gacha, Daba s’affirme à travers sa personnalité, son caractère, « sa liberté sans concession » en se mettant souvent à moto sans se préoccuper du qu’en dira-t-on. Tant que sa manière d’être parle aux petites filles, et même aux petits garçons, ce n’est que du bien.
Pour Beya, Daba fait partie de ces personnes qui changent le monde en y apportant du « chaos » dans un sens mélioratif du terme. Elle parle de « l’ange du chaos ». A travers sa « liberté sans concession » Daba donne au monde une certaine « grandeur, de l’avis de la plasticienne.
Dans sa deuxième installation, l’artiste franco-camerounaise a proposé d’une création particulière, un objet en rapport avec la Seconde Guerre mondiale qui nous plonge dans la problématique de la préservation de l’environnement, du rapport de l’humain à la nature. Pour Beya Gille Gacha que l’Homme se résolve à protéger la nature ou pas, cela ne semble pas très grave parce que la nature « finira toujours par prendre ses droits. »
DABA, L’ANGE DU CHAOS
par Dié Maty Fall
ÊTRE DEPUTÉ POUR MOI
Après 37 ans dévoués aux belles pages de la presse de noblesse, je souhaiterais à présent ouvrir le prochain chapitre de mon parcours en me faisant la voix consciencieuse et véridique des préoccupations des Sénégalais et Sénégalaises au sein du parlement
En tant que citoyenne majeure et indépendante, chef de famille monoparentale, j’emploie des jeunes filles et femmes comme aides pour le ménage uniquement. Tout n’est pas toujours rose dans ce partenariat de travail, mais j’essaie cependant de me placer comme aînée, sœur, tante ou mère d’adoption pour mes employées de maison. À ce titre, j’ai, en fonction des cas, payé la poursuite d’études, ou participé à la création de micro-entreprises ou été médiatrice pour un appui plus conséquent. Être journaliste, intellectuelle ou avoir des fonctions de responsabilité ne vous épargne pas d’avoir à gérer les vicissitudes du ménage. Combien de fois ai-je dû me résoudre à arriver en retard ou à reporter un rendez-vous parce que les tâches ménagères se sont imposées à moi. Beaucoup de Sénégalaises, de mères, d’épouses, de sœurs, de femmes, de filles me comprendront.
A part certains cas de mères de famille matures qui subviennent volontairement aux besoins de leur foyer (mari absent, chômeur ou en incapacité) par l’emploi salarié de ménagère, la majorité des employées de maison sont des jeunes filles ou femmes sans formation et sans qualification. La plupart viennent du prolétariat rural et urbain, vivier de main-d’œuvre pour les classes moyennes et supérieures de notre société. En dehors de se caser avec un époux ou d’un miracle, il n’existe, à court ou moyen terme, aucune sorte de revalorisation professionnelle ni d’amélioration de leur condition humaine et socio-économique. Se marier et avoir des enfants est souhaitable et bénéfique pour notre société, mais cela n’assure pas toujours un épanouissement entier à la femme ni ne garantit son autonomie financière. Une épouse et mère autonome assure au foyer et à la progéniture un accès à la nourriture, aux soins et à l’école. Une mère respire par ses enfants, il n’y a pas de bonheur pour son instinct maternel en dehors de la protection de ses enfants. Sauf dans les cas pathologiques de femmes handicapées de l’instinct maternel…
Ce qui est le plus révoltant dans ce prolétariat féminin dans les villes est que la plupart de ces jeunes filles ont abandonné leur scolarité, même en cours d’année, à la demande de leur famille. Pour l’une, la mort de la mère l’a obligée à arrêter de fréquenter son collège de Mbafaye (Sine) parce que quelqu’un devait subvenir aux besoins de ses petites sœurs de jeune âge, laissées à la tutelle de la grand-mère maternelle.
Pour l’autre, c’est tout bonnement l’absence du frère pourvoyeur de bien-être et momentanément indisponible…Alors sa mère a décidé que la petite sœur devait quitter sa classe de Terminale au lycée de Niakhar (Sine) pour travailler et combler l’absence de revenus. Dans le Baol aussi, les jeunes filles sont données en petites employées à des patronnes, tellement jeunes qu’elles ne sont presque jamais allées à l’école. Ainsi, alors que nos filles, nos sœurs, nos mères, constituent la condition d’un développement national durable, leur épanouissement et leur citoyenneté se heurtent aux structures économiques, politiques, culturelles et religieuses.
La domination des croyances sexistes et patriarcales, la violence et la misogynie font que beaucoup de nos filles et nos sœurs ont intériorisé ces tares, succombent aux critères infériorisants (t’es qu’une femme !) ou valorisants (sois belle et claire-xessal) et s’opposent même à l’amélioration de leur condition. Jusques et y compris dans les associations féminines, supposées soutenir résolument les victimes de toute forme de discrimination et de violence fondée sur le genre. Hélas, trois fois hélas, dans mon cas personnel, j’ai plutôt bénéficié de la pleine et entière solidarité et du soutien constant et habituel du défenseur des droits de l’homme Alioune Tine de Afrikajom Center, de ses successeurs à la RADDHO Sadikh Niasse et Alassane Seck, du fondateur d’Africtivistes Cheikh Fall, et de tout ce que le Sénégal compte de défenseurs masculins des droits humains. Mais d’associations féminines, pourtant bien sollicitées et informées, nenni, point de soutien ni de solidarité. Peut-être une timidité due à l’intériorisation des critères de dévalorisation ou au syndrome de Stockholm. Une dirigeante féminine d’association de presse, supposée protéger la démocratie, les droits humains et les journalistes, m’a même conseillé « d’arrêter de faire du bruit car cela me dévaloriserait ». Quel sort imaginer pour les autres victimes féminines de menaces psychologiques et physiques, et qui n’ont pas la même chance que moi de pouvoir se défendre toute seule ? Le changement drastique ne doit pas seulement s’effectuer dans les mentalités masculines, mais aussi surtout féminines. Si les associations féminines disposaient du droit de se porter partie civile dans tout cas de discrimination, elles seraient sans doute plus efficaces et moins timorées.
Je crois, avec la plateforme SEEN-ÉGALITÉ du professeur Aziz Salmone Fall, que les hommes et les femmes sont certes différents, mais égaux en droits et devoirs. Je crois, avec la plateforme SEEN-ÉGALITÉ, que l'éducation et la mise en place d'institutions donnant un égal accès démocratique aux savoirs, savoir-faire, savoir-être, savoir critique et au travail, permettra d’atteindre et de garantir l’égalité des droits et devoirs des hommes et des femmes. Au demeurant, des savoirs et savoir-être endogènes peuvent être historiquement convoqués pour légitimer cette égalité des droits et devoirs. Je crois, avec la plateforme SEEN-ÉGALITÉ, qu’il n’y aura pas de changement structurel dans le développement du Sénégal ni celui de l’Afrique sans le changement positif de la condition féminine, car la dimension féministe est transversale. Waaw Goor, waaw Kumba, disaient nos parents.
Je suis, avec la plateforme SEEN-ÉGALITÉ, clairement pour l’égalité des droits, des opportunités et des chances pour nos filles, nos sœurs et nos mères. Le progrès et la justice sociale dépendent de leur épanouissement et leur capacité de sortir de leur sujétion, et de participer pleinement aux décisions et à la direction du pays. Un changement du modèle démocratique et des mentalités permettra aux femmes de participer pleinement aux mécanismes de décision et d'exécution, et surtout d’obtenir la même place que les hommes dans les instances de décision, de délibération et d’exécution des politiques. En cas de violence basée sur le genre, la sanction prévue par la loi doit être exemplaire et dissuasive. Aucune impunité contre les violations des droits de nos filles, sœurs, et mères n’est acceptable. Cela commence par combattre le vocabulaire et les comportements sexistes dans la sphère domestique, à l’école et au travail, comme dans tout le reste de la société. L’image de la femme dans les médias et les ouvrages scolaires doit être digne et à la hauteur des changements préconisés.
Avec internet, les jeunes sont plus exposés à la pornographie. Il est nécessaire de mieux les éduquer, pour leur permettre d’appréhender positivement la sexualité et de respecter les femmes. Pour cela, un plaidoyer progressiste et un débat social inclusif autour des sujets encore tabous - l’avortement, le mariage forcé, la polygamie, l’excision, l’éducation sexuelle, les critères dégradants de beauté, etc - touchant à la féminité et à leurs droits permettrait d’informer les jeunes filles et garçons, et de les affranchir de l’ignorance. Cela implique de même l’information des femmes les plus vulnérables sur leurs droits et la formation des filles à l’éducation professionnelle et technique. L’information sur le droit de la famille doit être mieux vulgarisée, la loi appliquée strictement et l’accessibilité des femmes aux ressources légales facilitée. C’est le sens de la proposition de loi de Renforcement et de Protection des Droits des Femmes en matière de Code de la Famille et de parité faite par la coalition Jàmm Ak Njariñ. Les femmes divorcées et leurs enfants, ainsi que les mères monoparentales doivent être davantage protégées au niveau du partage du patrimoine. Elles ne doivent pas assumer seules les désavantages économiques de s’occuper d’enfants communs.
Lors de la crise du Covid, l’autonomisation révolutionnaire des femmes leur a permis de dépasser les disparités qui les confinent dans la sphère subalterne.
Le caractère indispensable du travail des femmes nécessite cependant des transformations radicales aux niveaux culturel, économique, démographique, politique et social.
En augmentant les chances économiques des femmes, les travailleuses et travailleurs partageraient les bénéfices de leur travail, à travers des emplois décents qui régénèrent l’environnement naturel au lieu de le dégrader. Dans notre pays, les femmes assurent 80% du travail agricole. L’accent doit être mis sur l’accès à la propriété foncière et au crédit, l’encadrement pour la productivité et contre la pénibilité des tâches, et l’agro-écologie en faveur des femmes. Pour faire accéder les PME féminines aux réseaux, financements et compétences, il faut également ici réduire les obstacles réglementaires et socio-culturels.
À cet effet, Jàmm Ak Njariñ propose la Loi pour l'Accès des Femmes au Foncier Rural, aux Logements Sociaux et pour une Stratégie d'Inclusion Territoriale.
La priorité doit être donnée au relèvement de la condition de la femme rurale et celle des milieux informels précaires. Le salaire moyen de 7000 F CFA dans le secteur informel est intenable, face à une hausse des prix à la consommation de plus 11% et de ceux des denrées de base de l’ordre de 8%. L’enquête de l’ER-Esi (Enquête régionale sur l’emploi et le secteur informel, réalisée par Afristat) estimait en 2017 que le secteur informel non-agricole comptait 1.689.506 chefs de production informelle, employant 809. 606 personnes, soit 2. 499.219 emplois. Plus globalement, c’est plus de 60% de l’emploi au Sénégal qui se situe dans le secteur informel. On voit bien comment l’organisation efficiente de ce secteur, la réduction des pénibilités, la santé et sécurité du travail et l’amélioration des conditions globales permettront d’en maximiser la productivité et aussi la contribution au secteur fiscal.
Au préalable, la protection sociale du secteur informel, sa régularisation, en ciblant les femmes au bas de l’échelle du marché du travail, permettra de relever le niveau de vie.
C’est aussi une proposition de loi pour le statut du travailleur du secteur informel de Jàmm Ak Njariñ. Les conjoint-es des personnes travaillant dans le secteur informel et dans les zones rurales devront être considéré-es comme des travailleurs et travailleuses et non comme sans-profession. L’égalité de rémunération entre hommes et femmes doit être garantie. Le travail domestique doit être reconnu comme un vrai travail et en soulager la pénibilité et le temps gaspillé. Les travailleuses exploitées dans les manufactures et dans la sphère domestique doivent être protégées et la justice sévir sévèrement contre la violation de leurs droits. À cet effet, la syndicalisation des emplois occupés majoritairement par des femmes doit être encouragée.
Je crois, avec la plateforme SEEN-ÉGALITÉ que le protocole de Maputo du 11 juillet 2003, doit être appliqué et qu’il faut même aller au-delà. Ce protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de l’Union africaine est relatif aux droits des femmes en Afrique. Le Sénégal a ratifié, le 27 décembre 2004, ce protocole international. Ce protocole dit que États prennent toutes les mesures appropriées pour « protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l'avortement médicalisé, en cas d'agression sexuelle, de viol, d'inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ». Où sont les mesures appropriées prises par l’Etat du Sénégal lorsque, de façon répétitive, angoissante et lancinante, des jeunes filles sont dans cet état et qu’elles commettent l’irréparable en assassinant leur fœtus ou bébé ?
Rien, sinon l’emprisonnement de la fille enceinte, sa marginalisation de l’école et de la société tandis que le père du fœtus ou bébé suit impunément le cours de sa vie…
Je ne saurais terminer sans lancer un appel à l’unité et à la paix, face aux défis que nous devons relever ensemble, dans notre diversité, pour la croissance et la prospérité de notre Nation.
Je vous appelle à rejoindre notre dynamique de changement pour un Sénégal de paix, géré dans la transparence, la compétence, la démocratie et la bonne gouvernance, au sein d’une Assemblée nationale représentative du meilleur de nous-mêmes.
Après 37 ans dévoués aux belles pages de la presse de noblesse, je souhaiterais à présent ouvrir le prochain chapitre de mon parcours en me faisant la voix consciencieuse et véridique des préoccupations des Sénégalais et Sénégalaises au sein de l’hémicycle.
Je vous invite toutes et tous à voter massivement pour les candidats de la liste départementale de Dakar de notre coalition Jàmm Ak Njariñ, le 17 novembre 2024.
Dié Maty Fall est candidate socialiste, liste départementale de Dakar, Coalition Jàmm Ak Njariñ.
CES OBSTACLES QUI FREINENT L’AUTONOMISATION DES FEMMES DANS LE SECTEUR AGRICOLE
Au Sénégal, les femmes s’activent massivement dans le secteur agricole. Cependant, elles sont confrontées à de multiples obstacles notamment l’accès limité aux ressources bancaires et aux facteurs de productions comme la terre, l’eau et l’énergie
Au Sénégal, les femmes s’activent massivement dans le secteur agricole. Cependant, elles sont confrontées à de multiples obstacles notamment l’accès limité aux ressources bancaires et aux facteurs de productions comme la terre, l’eau et l’énergie. Ce qui constitue un frein majeur à leur autonomisation économique. Pour inverser cette tendance, le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage a lancé un processus d’élaboration du Programme d’autonomisation économique des femmes dans le secteur agricole.
Les femmes jouent un rôle fondamental dans l’agriculture et l’élevage. Elles représentent une part significative de la main d’œuvre agricole de notre pays. Malgré leurs contributions significatives, elles font face à de nombreux obstacles, considérables, comme l’accès limité à la terre, au crédit, à l’eau, aux intrants agricoles, à la formation etc. «Au Sénégal, les femmes sont surtout orientées vers les cultures destinées à l’autoconsommation à savoir le riz pluvial, le bissap, le gombo et le niébé, alors que les hommes occupent davantage les cultures de rente telles que l’arachide et le mil en vue d’améliorer les revenus des ménages. Pour l’accès à la terre, les rapports sont de l’ordre de 1 sur 10 ; ce qui est très faible. En effet 90,79% des parcelles emblavées sont sous la responsabilité des hommes, contre uniquement 9,21% pour les femmes», a indiqué le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, Ousmane Mbaye. Il présidait hier, lundi 4 novembre 2024, la cérémonie d’ouverture de l’atelier de lancement du processus d’élaboration du Programme d’autonomisation économique de la femme dans le secteur agricole.
Ousmane Mbaye a relevé que la superficie moyenne des parcelles emblavées par ménage, selon le sexe, est de 2,6 hectares pour les hommes et de2,04hectares pour les femmes, en2022.Selon lui, les inégalités de genre sont encore plus manifestes dans la répartition du matériel agricole, avec des rapports de l’ordre de 1 à 19 voire 1 à 20. C’est-à-dire sur 20 matériels agricoles disponibles, il y a 1 seul matériel qui est alloué aux femmes. Toutefois, on constate moins de disparités sur l’utilisation des intrants. Car, dit-il, la proportion de parcelles emblavées avec des intrants qualifiés est de 10,77% pour les hommes et de 8,23% pour les femmes.
Par ailleurs, le même constat sur les disparités a été fait dans le secteur de l’élevage. Selon M. Mbaye, les plus grands cheptels appartiennent aux hommes et les femmes sont en général propriétaires seulement de petits ruminants. «L’autonomisation économique des femmes est capitale dans la réalisation des droits des femmes et l’égalité des sexes. Pour cela, il est nécessaire de renforcer leurs capacités d’action et leur participation effective à la prise de décision économique à tous les niveaux», soutient-il.
Astou Diouf Guèye, Directrice de l’Equité et de l’Egalité de genres au ministère de la Famille et de la Solidarité, a fait comprendre qu’autonomiser les femmes dans le secteur agricole, c’est agir pour la réduction de la pauvreté, renforcer la sécurité alimentaire et la résilience des communautés face aux défis économiques actuels.
LE NEW YORK TIMES RÉVEILLE LA MÉMOIRE DE MARIAMA BÂ
Le quotidien new-yorkais fait revivre le destin exceptionnel de cette romancière sénégalaise. De l'École Normale de Rufisque aux plus hautes distinctions littéraires, elle a tracé un chemin d'émancipation pour des générations de femmes
(SenePlus) - Dans un portrait saisissant consacré à Mariama Bâ, le New York Times (NYT) révèle le parcours exceptionnel d'une femme qui a marqué la littérature africaine et le combat pour les droits des femmes au Sénégal post-colonial.
Née le 17 avril 1929 à Dakar, Mariama Bâ grandit dans un contexte où, comme le souligne le NYT, les opportunités pour les filles étaient rares sous le régime colonial français. Élevée par sa grand-mère dans une famille musulmane Lebu après la mort précoce de sa mère, elle bénéficie du soutien crucial de son père, Amadou Bâ, fondateur du Mouvement Autonomiste Africain.
"Vous avez un don", lui dit sa directrice d'école, rapporte le quotidien américain. À 14 ans, ses résultats exceptionnels la distinguent de ses camarades destinées à devenir secrétaires. "Tout le monde sauf vous. Vous êtes intelligente", lui déclare Berthe Maubert, sa directrice, l'orientant vers l'École Normale de Rufisque.
Son premier roman, "Une Si Longue Lettre", publié en 1979, remporte le premier prix Noma pour l'édition en Afrique. Selon le New York Times, ce livre figure parmi les 100 meilleurs ouvrages sur l'Afrique du XXe siècle selon la Columbia University Libraries. "Mon cœur se réjouit chaque fois qu'une femme émerge de l'ombre", écrit-elle dans ce roman devenu un classique.
"Nous devons donner, dans la littérature africaine, aux femmes noires une dimension à la mesure de leur engagement, aux côtés des hommes, dans les batailles pour la libération", déclare-t-elle devant l'Assemblée nationale du Sénégal en 1979, comme le rapporte le Times.
Décédée prématurément d'un cancer du poumon le 17 août 1981 à l'âge de 52 ans, Mariama Bâ laisse un héritage considérable. Le journal américain souligne qu'elle a fondé le Cercle Fémina, une organisation féministe, et qu'une école porte son nom sur l'île de Gorée depuis 1977, un hommage du président Léopold Sédar Senghor.
Son œuvre, notamment "Une Si Longue Lettre", continue d'être largement étudiée dans les écoles d'Afrique de l'Ouest. Comme le rappelle le New York Times, citant la journaliste Kidi Bebey dans Le Monde en 2021, son roman "questionne la condition féminine : les codes régissant les relations avec les hommes, l'importance des castes et, surtout, la polygamie."
À travers ses écrits et son engagement, Mariama Bâ a incarné la voix d'une génération qui se découvrait dans une nation nouvellement indépendante, laissant une empreinte indélébile dans la lutte pour l'égalité des sexes au Sénégal et au-delà.
LA COLÈRE CLIMATIQUE DES SÉNÉGALAISES
Pendant que les grandes conférences internationales s'enchaînent, l'eau se salinise dans la commune de Soume. À Dakar, les femmes se sont mobilisées pour dire stop à l'immobilisme climatique
(SenePlus) - Au lendemain de la COP biodiversité de Cali et à quelques jours de la COP 29 en Azerbaïdjan, les femmes sénégalaises ont fait entendre leur voix. Comme le rapporte RFI, elles étaient une centaine à défiler hier dans les rues de Dakar pour la quatrième édition de la Marche des femmes pour le climat.
Le reportage de RFI met en lumière la frustration grandissante face à l'inaction climatique. "Il y a des discussions mais rien ne change ! C'est comme quand un avion est prêt à décoller, qui est toujours sur la piste et qui ne décolle jamais !", s'indigne Cheik Nya Faye, une manifestante venue de Mbour, dénonçant les milliards dépensés en discours pendant que les pays impactés continuent de souffrir.
À Soume, à 130 kilomètres de Dakar, la situation est critique. "La commune compte plus de 2 000 habitants. Mais en 2015, on a vu que l'eau a été salinisée. On ne comprend pas ce qui se passe et jusqu'à présent, l'État n'a rien fait, on est abandonnés par les dirigeants !", témoigne Khady Faye, présidente de l'association Femmes développement et protection de l'environnement de Soume.
Les manifestantes, selon RFI, réclament notamment le versement des fonds sur les pertes et préjudices actés lors de la COP 28 l'année dernière. "Nous les femmes, on a plein de projets, mais on n'a pas accès au financement !", dénonce l'une d'elles.
Meyrame Sy, membre de Jeunes volontaires pour l'environnement, insiste sur le rôle crucial des femmes dans la lutte contre le changement climatique. "Elles ont des solutions qui peuvent changer les choses ! Il faut les écouter !", affirme-t-elle dans les propos recueillis par RFI.
Cette mobilisation s'inscrit dans un contexte international tendu, entre l'échec de la COP biodiversité à Cali et l'ouverture prochaine de la COP 29 en Azerbaïdjan le 11 novembre. Face à ces grands rendez-vous internationaux, les femmes sénégalaises promettent de maintenir la pression pour faire entendre leurs voix et leurs solutions.
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RAMA SALLA DIENG, DU SAVOIR À L'ACTION
De l'université d'Édimbourg en Écosse aux champs de Saint-Louis, l'universitaire traque les mécanismes d'exploitation des femmes persistants en Afrique. Son combat prend aujourd'hui une nouvelle dimension avec la création du CinéFemFest
Dans un contexte où l'Afrique repense ses paradigmes de développement, le parcours de Dr Rama Salla incarne une nouvelle voie pour l'engagement intellectuel africain. Ancienne maîtresse de conférences à l'Université d'Édimbourg en études africaines et développement international, cette universitaire sénégalaise a choisi de rompre avec le système académique occidental pour réinventer sa contribution au continent.
Sa recherche centrée sur le foncier et le travail des femmes en Afrique, révèle les mécanismes persistants d'exploitation dans les chaînes de valeur agricole. Ses travaux, publiés notamment dans le prestigieux Journal of Peasant Studies, démontrent comment le travail des femmes reste systématiquement sous-évalué, avec des salaires journaliers inférieurs au prix de vente d'un simple sac de tomates.
Mais c'est par la création du CinéFemFest que Dr Dieng transforme la recherche en action concrète. Ce festival africain du film et de la recherche féministe, dont la deuxième édition se tiendra à Toubab Dialaw, propose une plateforme unique où convergent cinéma, recherche et activisme. L'événement célèbre l'héritage de pionnières comme Safi Faye, première réalisatrice de long-métrage commercial en Afrique, tout en donnant voix aux créatrices contemporaines.
La dimension panafricaine du festival prend une résonance particulière dans le contexte actuel de tensions régionales. Face aux défis de l'intégration ouest-africaine, le festival propose la culture comme vecteur de solidarité transnationale, réunissant cinéastes, chercheuses et activistes de tout le continent.
Cette approche reflète la vision du féminisme portée par Rama Salla Dieng : radicale dans son ambition d'abolir toutes les formes de discrimination, mais pragmatique dans sa mise en œuvre. En quittant la tour d'ivoire universitaire pour créer des espaces de dialogue accessibles, elle démontre qu'une autre forme d'engagement intellectuel est possible, ancrée dans les réalités africaines et orientée vers l'action.
LE PERCHOIR TOUJOURS INACCESSIBLE AUX FEMMES
Derrière les chiffres impressionnants de la parité à l'Assemblée nationale sénégalaise se cache une réalité têtue. Si les femmes représentent plus de 40% des députés, aucune n'a encore présidé l'institution
Instituée par la loi n°60-44 du 20 août 1960, l’Assemblée nationale du Sénégal a évolué au fil du temps, tant en nombre de membres qu’en termes de parité. Cependant, jusqu’à ce jour, aucune femme n’a accédé au perchoir, bien qu’Aminata Touré, directrice de campagne de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar, ait manqué de peu, lors de la dernière législature, de devenir la deuxième personnalité de l’État sénégalais.
De 1960 à nos jours, l’effectif de la représentation parlementaire a doublé. En 1960, l’Assemblée comptait 80 députés ; ce nombre est passé à 100 en 1978, puis à 120 en 1983 et à 140 en 1998. En 2001, les députés furent ramenés à 120, avant d’atteindre 150 en 2007, puis 165 depuis 2017. Avec l’arrivée d’Abdoulaye Wade à la présidence, la parité a été adoptée en mai 2010, faisant progresser la proportion des élues à l’Assemblée nationale de 22 % en 2007 à 43,3 % aux législatives de 2012. Cette loi sur la parité impose une « parité absolue hommes-femmes dans toutes les institutions électives » et des « listes de candidatures constituées de façon alternée par des personnes des deux sexes », sous peine d’irrecevabilité. Moustapha Niasse, élu président de l’Assemblée nationale pour la 13e législature, a ainsi présidé un hémicycle composé de 69 députées sur un total de 165 sièges, soit 41,82 % de femmes, ce qui dépasse largement la moyenne mondiale (24,1 %) ainsi que celle de l’Afrique subsaharienne (23,8 %). Cette vitalité démocratique a été confirmée par l’Union interparlementaire (UIP), qui a classé le Sénégal au douzième rang mondial et à la troisième place en Afrique pour la représentativité féminine, derrière l’Afrique du Sud et le Rwanda, leader mondial avec 62 % de femmes à l’hémicycle.
Le perchoir : un bastion encore sous domination masculine
Bien que le Sénégal soit perçu comme un modèle démocratique et républicain en Afrique et dans le monde, force est de constater que le poste de présidente de l’Assemblée nationale demeure inatteignable pourles femmes. Parmi les différentes personnalités qui ont eu à diriger le perchoir au Sénégal, la gente féminine est l’abonnée la plus absente. Lors des élections législatives de 2022, Aminata Touré, ancienne tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar, fut écartée de la présidence de l’Assemblée nationale, à la dernière minute et pour des raisons politiques, par le président de la République Macky Sall, au profit Amadou Mame Diop. Ce choix stratégique du régime sortant a privé le Sénégal d’un progrès considérable dans sa trajectoire politique et démocratique. Avec cette 15ème législature à l’horizon et la configuration des têtes de liste des coalitions et partis politiques, rien ne semble présager l’accession d’une femme à la présidence de l’Assemblée nationale. Dès lors, il est légitime de se demander quand ce verrou cédera-t-il.
La jeune juriste, qui a osé porter plainte contre son mari violent, se retrouve derrière les barreaux pour avoir tenté de le faire chanter. Une victime devenue accusée dans un système judiciaire qui peine encore à protéger les femmes victimes de violences
(SenePlus) - Depuis plusieurs jours, une affaire de violences conjugales secoue le Sénégal, où une jeune juriste de 25 ans se retrouve derrière les barreaux après avoir menacé son mari violent de diffuser des vidéos intimes. Selon les informations recueillies par Jeune Afrique (JA), l'histoire met en lumière les défis persistants dans la lutte contre les violences faites aux femmes dans le pays.
"Où est le ministère de la Femme ? Où est Diomaye ? Nous sommes fatiguées !" Ces cris de colère ont résonné dans le centre de Dakar le 22 octobre, où des manifestantes réclamaient justice pour Dieynaba Sangaré Ndiaye, condamnée à trois mois de prison ferme.
L'histoire de ce couple commence comme un conte de fées. Les photos de leur mariage à Dakar montrent des époux "souriants, heureux et amoureux". Mais le rêve vire rapidement au cauchemar quand la jeune femme rejoint son mari, médecin-chef du district sanitaire de Matam.
Dans sa plainte consultée par JA, Dieynaba décrit des violences brutales : "Interpellé sur son infidélité, il a fait preuve d'une agitation et d'une agressivité surprenantes. Subitement, il s'est levé et s'est mis à me rouer de coups sur le visage, le nez, la tête et la bouche." Un certificat médical atteste d'une interruption temporaire de travail de dix jours.
Malgré l'intervention de ses frères venus de l'étranger, la situation perdure. "Il a reconnu qu'il l'avait battue", témoigne son frère Abedi Ndiaye. Après son divorce religieux, le harcèlement continue : "Il appelait sur le téléphone de ma mère, d'une cousine [...] avec des numéros masqués."
C'est dans ce contexte que Dieynaba menace de diffuser une vidéo intime, ce qui lui vaut aujourd'hui l'incarcération. Une réaction de désespoir qui contraste avec le traitement judiciaire de sa propre plainte pour violences. Ndeye Coumba Kane, son avocate, s'étonne : "Personne ne s'attendait à cette condamnation. On pensait que le cas de violences conjugales entraînerait la clémence des juges."
Les chiffres sont éloquents : selon l'ANSD, 26% des Sénégalaises ont subi des violences physiques, majoritairement de la part de leur partenaire. "Sur cent femmes victimes de violences, moins de cinq portent plainte", révèle Zahra Barry, présidente de l'association Avise.
Plus troublant encore, d'anciennes compagnes d'Alioune Badara Mbacké témoignent auprès de Jeune Afrique d'un homme "à deux visages", décrit comme un "manipulateur" usant de son statut de médecin pour séduire avant de devenir violent. "Ce que Dieynaba a vécu, j'ai vécu à peu près la même chose", confie l'une d'elles.
L'affaire met en lumière les pesanteurs socioculturelles persistantes. Comme l'explique Ndeye Magatte Ndiaye de l'Association des femmes juristes : "Les femmes ont tendance, sur l'autel du mugn, du kersa, du sutura, à supporter l'insupportable." Une réalité d'autant plus préoccupante que 46% des Sénégalaises de moins de 50 ans considèrent encore justifiables certaines violences conjugales.
Placé en garde à vue le 23 octobre, Alioune Mbacké attend son procès, tandis que son ex-épouse reste incarcérée à la prison des femmes de Liberté 6, victime devenue accusée dans un système judiciaire qui peine encore à protéger les femmes victimes de violences.
LE CINÉMA FÉMINISTE FAIT SA RÉVOLUTION À TOUBAB DIALAW
Le CINEFEMFEST, qui célèbre sa deuxième édition du 31 octobre au 3 novembre, réunira des figures emblématiques comme Ken Bugul et Kalista Sy pour quatre jours d'échanges et de projections
Le cinéma féministe africain s'apprête à faire vibrer Toubab Dialaw lors de la deuxième édition du CINEFEMFEST. Du 31 octobre au 3 novembre 2024, l'hôtel Iris deviendra l'épicentre d'une réflexion profonde sur la solidarité transnationale et panafricaine dans un contexte de crises multiples. Selon le communiqué des organisateurs ci-après, les plus grandes voix du féminisme africain, de Ken Bugul à Fatou Sow, se réuniront pour quatre jours de projections, d'échanges et de débats.
"2ème édition du CINEFEMFEST : des voix féministes pour construire un avenir basé sur la solidarité et la non-violence
Toubab Dialaw se prépare à accueillir la deuxième édition du Festival Africain du Film et de la Recherche Féministes CINEFEMFEST. Prévu du 31 octobre au 3 novembre 2024 à l’hôtel Iris, le Cinefemfest 2024 a pour thème central « Solidarité transnationale et panafricaine et cultures de non-violence ». Cette année, le festival élargit son horizon pour se concentrer sur la région du Sahel, face aux défis multidimensionnels auxquels les féministes de cette région sont confrontées.
Les crises politiques, environnementales, sécuritaires et économiques actuelles impactent profondément les secteurs de la recherche et de la culture. C’est pourquoi le CINEFEMFESt 2024 aspire à réunir des militantes féministes et des acteurs culturels afin de redynamiser ces secteurs. Le festival se veut un lieu de rencontre et de collaboration pour préparer une réponse féministe aux crises qui affectent le continent.
L’objectif principal du festival est de centrer le thème de la solidarité féministe panafricaine transnationale. CINEFEMFEST qui est une initiative de Njegemaar Associates, vise également à poursuivre l’éducation populaire, en utilisant le cinéma et les arts comme outils de sensibilisation et d’apprentissage. En outre, le CINEFEMFEST se propose de favoriser un sentiment d’appartenance à travers les arts et la culture, en agissant comme une plateforme stratégique pour aborder les dynamiques de pouvoir selon les critères d’ethnicité, de genre, de race, de caste, de génération et de géographie.
L’édition de l'année dernière a été marquée par des moments forts et des échanges enrichissants. Safi Faye et Khady Sylla étaient à l’honneur avec la présence de Mariama Sylla, sœur de la dernière, Fatou Kandé Senghor, Johanna Makabi, Rama Thiaw, Mamyto Nakamura et Khardiata Pouye, entre autres.
Cette année, l’écrivaine Ken Bugul, la documentariste Mame Woury Thioubou, la réalisatrice et scénariste Kalista Sy, la sociologue féministe Professeure Fatou Sow ainsi que la journaliste et chercheuse Codou Bop seront à l’honneur . Seront également montrés des films des sénégalaises Angèle Diabang, Awa Mocta Guèye, Fatou Warkha Samb et Katy Léna Ndiaye, de la cinéaste Laure Malécot, la malienne Rokia Konaté, la gambienne Jama Jack, la burkinabé Leslie Tô, les sud-africaines Lindiqe Dovey et Sandulwla Asanda et les françaises Ramata Toulaye Sy et Pascale Obolo. Les films féministes de Dame Gueye (L’homme Vierge) et de Moussa Sène Absa (Xalé) seront aussi projetés. Durant le festival, des sessions privées auront lieu en journée et les projections publiques le soir.
Le CINEFEMFEST sera suivi d’un atelier d’écriture et de création intitulé « Intersections : Genre(s), Art et Action-Recherche ». Cet atelier d’écriture d’une semaine a pour but de mettre ensemble enseignant.e.s, chercheur.e.s, activistes féministes et artistes pour produire une œuvre collective. Les participants travailleront ensemble pour produire des œuvres artistiques et académiques, basées sur des données empiriques et des créations artistiques. Les thèmes abordés incluront la théorie et la recherche-action en sciences sociales, les féminismes et l’artivisme en Afrique, ainsi que les dynamiques de race, classe et genre au sein du cinéma et de la littérature.
Ken Bugul, le récipiendaire du prix Caine de la littérature africaine 2023 Mame Bougouma Diène, et la chercheuse et enseignante sénégalaise Dr. Rama Salla Dieng et par ailleurs directrice du festival, faciliteront les sessions de l’atelier."