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2 avril 2025
Femmes
LA FAMILLE INFLUE SUR LE MARIAGE
Selon le sociologue, docteur Pascal Oudiane, enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger de Saint Louis, dans les traditions, le mariage est consacré et dans le cadre des mariages précoces, le phénomène est suscité par des intérêts de famille
Selon le sociologue, docteur Pascal Oudiane, enseignant-chercheur à l’université Gaston Berger de Saint Louis, dans les traditions, le mariage est consacré et dans le cadre des mariages précoces, le phénomène est suscité par des intérêts de famille car c’est elle qui donne en mariage. Il a aussi estimé que l’immaturité physique et cognitive doit exclure toute tentative de mariage avant l’âge légal pour éviter la déperdition scolaire des jeunes filles en mariage précoce. Entretien……
Quelle est l’explication donnée au phénomène grandissante des mariages précoce ?
L'explication passe d'abord par l'appréciation de la coercition du mariage qui est une institution socio-culturelle qui fonde les familles et crée par extension la parenté. Il est utilitariste à partir de la circulation des femmes qu'on donne en mariage entre les familles. Autrement dit, le mariage est suscité par des intérêts de familles. C’est la cellule familiale qui donne en mariage. L’individu seul ne se donne pas en mariage. Au pire en l’absence des membres de la famille, le candidat au mariage devra s’appuyer sur un témoin choisi de préférence parmi les proches amis ou connaissances qui par son aval permettra le mariage.
Donc la parenté influe gravement sur la précocité des mariages ?
Le mariage est créateur de lien notamment de parenté et celui-ci est créateur de lien notamment de société. Cependant pour le dernier lien cité, il n’est pas forcément mécanique car pouvant évoluer selon le niveau de modernisation industrielle de la société porté par l’individualisme et l’utilitarisme.
Aujourd’hui sur le fait observé, s’il y a une fréquence élevée de mariages précoces de jeunes filles âgées de moins de 18 ans, l’institution familiale est la première responsable. Encore une fois c’est la famille qui donne en mariage. Nul n’est sans savoir que les jeunes filles africaines et sénégalaises sont des filles 2.0 pour ne pas dire hautement connectées. Le rapport statistique « soutien-gorge » et smartphone est plus important que le rapport cigarette- smartphone. La technologie qu’elle soit mobile ou non n’est pas seulement un ticket d’entrée à la modernité, c’est un outil qui se conjugue aussi au féminin. Cette ouverture aux médias modernes donne accès à nos jeunes aux informations capables de modeler leur personnalité. Ceci explique que les changements de comportements choquent les milieux traditionnels et conservateurs.
Dans les traditions, le mariage est consacré ?
L’âge mature pour accéder à la vie conjugale n’est pas la même avec l’âge légal selon le droit moderne. Selon les usages coutumiers c’est le corps de la jeune fille qui pourra témoigner de sa maturité sexuelle. L’âge légalement autorisé peut ne pas être celui de la maturité physique. Il peut y avoir une précocité comme il est aussi possible qu’il y ait du retard dans le rapport maturité physique et âge.
Dans les deux traditions notamment moderne et coutumière, ce sont les adultes qui se marient et font des enfants. L’adulte n’est pas exclusivement un produit de l’âge mais c’est une personnalité, un rôle. C’est aussi une maturité physique.
De ce point de vue, la jeune fille peut se sentir adulte par son rôle en société, par sa personnalité, par sa maturité physique et par ses connaissances du monde grâce à la technologie. Ainsi inéluctablement, elle se sent individuellement prête pour le mariage sans devoir attendre la plénitude de l’âge légal. Désormais, ce qui va rester pour elle, c’est de chercher la caution familiale puisque c’est le lien légitime qui permet un mariage. Toute union qui ne reçoit pas l’onction familiale ou de la communauté de proches parents et amis n’est pas socialement légitime.
Ainsi peu importe le capital cognitif des jeunes filles qui est construit à partir de l’instruction scolaire ou de la technologie et des réseaux sociaux ou des coutumes et des traditions, la responsabilité des mariages dits précoces selon les perceptions de la société moderne, incombe à la famille qui est la source de leur légitimation sociale.
Pourquoi la famille cautionne le mariage précoce ?
Le rapport « famille et mariage » se lit à travers le prisme des intérêts. C’est parce qu’il y des intérêts que les familles offrent leur fille en mariage ou en reçoivent une en leur sein. Au-delà des ressources monétaires, il y a le capital symbolique à chercher ou à préserver. Toutes les familles cherchent la bonne famille à laquelle on peut offrir en mariage sa fille. C’est une question de fierté et d’honneur. En revanche, il faut rappeler qu’il faut réunir toutes les conditions précitées et qui ne relève pas de l’âge pour recevoir l’onction familiale du mariage. En revanche, en l’absence de la maturité physique, un mariage devient impossible au risque de compromettre l’état de santé et la vie de la jeune fille. Il faut donc n’ont pas sanctionner la jeune fille mais combattre les familles qui soutiennent de telles unions pour accéder ou entretenir un capital symbolique (fierté familiale). En effet, l’âge est moins important que le capital cognitif et la maturité physique de la jeune fille. L’âge légal ne doit pas être un baromètre pour lutter contre les mariages précoces et ses conséquences mais il faut s’intéresser au corps en question et au cognitif des jeunes filles ciblées. L’intérêt pour le corps permettra d’apprécier médicalement la maturité physique apte à la sexualité. L’intérêt pour le cognitif permettra de mesurer la capacité de responsabilisation de la jeune fille à la vie du ménage.
L’âge est-il pertinent dans son rapport avec la déperdition scolaire des jeunes filles en mariage précoce ?
Dans le système scolaire actuel, les âges sont encadrés selon le nombre d’années requis pour valider les différents cycles de scolarité. De ce point de vue, les jeunes filles en mariage précoces sont désavantagées en perdant une partie importante de leur cycle d’instruction. En revanche, les progrès liés à la critique du modèle d’école à la jules ferry et l’avènement de l’enseignement à distance et de l’IA ( intelligence artificielle) vont à l’avenir probablement contribuer à raccourir le temps de scolarité afin d’imprimer beaucoup plus de pragmatisme au cursus scolaire des élèves. Les outils technologiques sont efficaces pour combler l’absence d’instruction des jeunes filles précoces en mariage. L’immaturité physique et cognitive doit exclure toute tentative de mariage avant l’âge légal
LE PLAN DE SAUVETAGE DE PRES D’UN MILLION D’ADOLESCENTES A RISQUE
Au Sénégal, 988.163 adolescentes courent le risque d’être données en mariage avant l’âge adulte, c’est-à-dire moins de 18 ans, avec une forte probabilité de contracter des grossesses précoces.
Au Sénégal, 988.163 adolescentes courent le risque d’être données en mariage avant l’âge adulte, c’est-à-dire moins de 18 ans, avec une forte probabilité de contracter des grossesses précoces. Dans ces cas-là, certaines ne vont pas au-delà du cycle de primaire de l’Education nationale et d’autres n’achèvent pas celui du moyen-secondaire, selon l’étude Camber. Elles sont reparties entre onze (11) régions du pays que sont Sédhiou, Kolda, Matam, Kédougou, Kaolack, Tambacounda, Kaffrine, Diourbel, Thiès, Saint-Louis et Dakar. L’acuité de ces risques identifiés est plus accentuée dans ces zones et plus encore dans les régions du centre et de l’ouest.
Pour mettre hors de danger ces filles et dégager pour elles les voies de la d’un épanouissement, des actions fortes sont entreprises par le Sénégal. Le pays a, en effet, intégré en 2023 la dynamique du Projet d'Autonomisation des Femmes et du Dividende Démographique en Afrique Subsaharienne Plus (SWEDD+, en anglais) couvrant la période 2024-2028. L’ambition du Gouvernement, par une approche multisectorielle, est de renforcer le capital humain qui consiste à améliorer les apprentissages et la productivité et accélérer la transition démographique en s’appuyant sur le développement de la jeunesse, y compris parmi les segments les plus vulnérables de la population.
Le projet SWEDD + Sénégal sera ainsi mis en œuvre dans les 11 régions citées plus haut. La population directement visée est celle des adolescentes âgées de 10 à 19 ans avec une possibilité d’élargissement jusqu’à 24 ans pour les activités d’autonomisation économique des femmes. Et pour s’assurer d’une bonne couverture de la cible, les régions frontalières avec la Mauritanie, le Mali, la Guinée et la Gambie sont sélectionnées pour assurer le continuum de l’intervention avec les projets SWEDD desdits pays. Déjà, le projet couvre dans ses phases 1 (2015-2019) et 2 (2020- 2024) neuf (09) pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre à savoir le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
UN MONTANT DE 100 MILLIONS DE DOLLARS ENGAGÉ
Le Sénégal a bénéficié d’un financement de 100 millions de dollars américains (plus 62 milliards FCFA) du groupe de la Banque Mondiale. Un budget qui servira à poursuivre les objectifs des cinq sous-projets générés lors d’un atelier tenu à Saly, du 25 au 29 novembre dernier, en présence de plusieurs ministères sectoriels. Lesquels sont placés sous le lead du ministère de la Famille et des Solidarités. C’était en marge des 16 jours d’activisme pour la promotion et le respect des droits des filles et des femmes dans le monde.
Des informations obtenues de l’Unité de gestion du projet (UGP) SWEDD+ Sénégal coordonnée par Birahim Sidibé, on peut retenir, entre autres enjeux paris que ledit projet se fixe : l’amélioration des taux de réussite et d’achèvement de 100 mille filles dans l’enseignement élémentaire, moyen et l’enseignement secondaire général et technique au niveau 250 établissements. Il est aussi question de mettre en place un dispositif fonctionnel de gestion des violences faites aux filles en milieu scolaire par à travers le renforcement des observatoires de la vulnérabilité et des décrochages scolaires (OVDS) dans 190 établissements ; de soutenir les associations de mères d’élèves engagées dans la réalisation des services pour la prise en charge des filles dans les écoles choisies (renforcement des comités de gestion des écoles, accompagnement des cellules Genre) pour un environnement favorable à « l’autonomisation des filles dans les lycées et collèges du Sénégal».
A cela s’ajoutent l’élargissement des opportunités économiques de 13500 adolescentes et jeunes filles âgées de 15 à 24 ans vulnérables ou survivantes de violence basée sur le genre (VBG) ; l’accompagnement à la création de 1350 unités économiques polarisant 13500 filles primo-entrepreneures et à l’élaboration de business plans ; l’appui à la formalisation de 390 unités économiques ; la mise en place de 2250 espaces sûrs/clubs des jeunes filles dans les communautés et le renforcement des capacités de 337 500 adolescentes et jeunes filles scolarisées, déscolarisées et/ou non scolarisées, en leadership, en compétences de vie, en santé de la reproduction et en alphabétisation fonctionnelle. Ce, en faisant le lien avec les espaces sûrs ; impliquer les hommes /adolescents pour une masculinité positive à travers 1350 Écoles des Maris (EDM) et des futurs maris en vue de l'égalité des sexes et de l’autonomisation des filles et des femmes et la mise en place d’Activités génératrices de revenus (AGR).
Il est prévu de renforcer les capacités de 2480 acteurs de prise en charge (agents de santé, acteurs de la chaîne judiciaire, travailleurs sociaux, etc.) ; d’équiper les onze (11) centres d’accueil et d’hébergement pour la prise en charge holistique de 18 000 filles et femmes survivantes de violences et le déploiement de personnel compétent ; de réinsérer socio-économiquement 6 665 survivantes de VBG ; de mettre à disposition des kits de prise en charge de 10 000 Pep-kit et un accompagnement juridique.
LE REMAPSEN POSE LE DÉBAT SUR LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
L'élimination des violences faites aux femmes et aux filles, en mettant au cœur le respect des droits humains et l'autonomisation des femmes, demeure une préoccupation africaine
L'élimination des violences faites aux femmes et aux filles, en mettant au cœur le respect des droits humains et l'autonomisation des femmes, demeure une préoccupation africaine. Selon l’ONU-femme, «aucun pays n'est épargné et aucun n'a réussi à éliminer le fléau de la violence contre les femmes et les filles». Pour apporter leur contribution à cette lutte, les professionnels des médias de l’Afrique tiennent un forum, depuis hier, mercredi 4 décembre, sur la question à Dakar afin de booster les initiatives allant dans le sens de réduire le gap. Organisé sur initiative du REMAPSEN, avec l’appui de ONU-Femme, le forum prendra fin le 06 décembre prochain.
Les médias de l'Afrique de l'Ouest, du Centre et du Madagascar se sont donné rendez-vous à Dakar, sur initiative du Réseau des médias africain pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN), pour échanger sur l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles, en mettant en avant le respect des droits humains et l'autonomisation des femmes. Selon le président du REMAPSEN, Bamba Youssouf, les médias peuvent éduquer, sensibiliser, influer sur le comportement et mobiliser l'opinion et les décideurs, orienter les débats politiques et inciter à des actions concrètes en faveur de la femme. «Ce forum constitue pour nous le point de départ d'un engagement collectif des médias en Afrique, avec un plan de fonds et un renforcement des productions médiatiques de sensibilisation et de plaidoyer en vue de toucher toutes les cibles, notamment les plus reculées, pour un monde sans violence envers les femmes», a-t-il fait savoir. Et d’ajouter : «c'est aussi l'occasion pour nous de rappeler que ce forum des médias fait suite à ce que nous avons organisé en 2022, ici même à Dakar, sur l'impact de la Covid19 sur les programmes de prévention et de prise en charge du VIH en Afrique de l'Ouest et du Centre et celui organisé en 2023 sur la santé infantile, la vaccination et la nutrition à Lomé».
Ce forum Médias qui prend fin le 06 décembre prochain, s'inscrit en droite ligne de l'initiative «Tous Unis d'ici 2030 pour mettre fin à la violence à l'égard des droits des femmes, les jeunes». Une campagne annuelle internationale, qui démarre le 25 novembre de chaque année, date qui coïncide avec la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, et qui se termine le 10 décembre, qui marque la Journée des droits humains.
ONU-FEMME PEINT UN TABLEAU ALARMANT
30 années après la déclaration de Beijing, «Tous Unis pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes et des filles», les premiers rapports du processus de Beijing 2030, renseignent, selon l’Onu-Femme, qu'au cours des 5 dernières années, dans la région africaine, 79% des États membres ont présenté des rapports qui ont permis de mettre en place des plans d'action nationaux pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles. 90% ont introduit ou renforcé la législation en matière de lutte contre les violences à l'égard des femmes et des filles. 88% de nos États ont introduit ou renforcé des services pour prendre en charge les victimes de violences.
Des avancés saluées par Arlette Mvondo, Représentante résidente de ONU-Femmes du Bureau Sénégal. «Nous saluons ces progrès remarquables qui font une différence et qui montrent que la violence contre les femmes et les filles est évitable. Pourtant la réalité que nous vivons est autre, et montre que la violence reste omniprésente et dévastatrice» a-t-elle avancé. Et d’ajouter : «nous sommes réunis dans un contexte où les faits relatant les violences faites aux femmes et aux filles restent alarmants».
En Afrique de l'Ouest et du Centre, l’ONU-Femme a aussi souligné qu’une femme sur trois (1/3) subit des violences basées sur le genre. Les mutilations génitales féminines (MGF), les mariages précoces, les violences sexuelles et domestiques continuent de priver des millions de femmes et des filles de leurs droits fondamentaux, tout en limitant leur potentiel individuel et leur contribution collective à notre société. «Aucun pays n'est épargné et aucun n'a réussi à éliminer ce fléau de la violence contre les femmes et les filles», a renseigné Mme Mvondo.
Pour y mettre fin, ONU-Femme a déclaré qu’il faut une action audacieuse, transformatrice. «Malgré les efforts des gouvernements, des partenaires, des organisations de la société civile, nous sommes loin des objectifs fixés à Beijing, de ceux du développement durable, mais aussi des normes et des droits de l'homme qui devraient garantir la protection et la sécurité de chaque femme et de chaque fille.»
ENGAGEMENT DU MINISTERE SENEGALAIS DE LA FAMILLE ET DES SOLIDARITES
Les violences basées sur le genre, qu'elles soient physiques, psychologiques ou économiques, représentent une violation grave des droits humains. Pour le conseiller technique N°1 du ministère de la Famille et des Solidarités, Oumar Samb, elles affectent la dignité, la santé et le bien-être des femmes et des filles. «Bien qu'il existe des politiques et des programmes visant à renforcer les cadres législatifs, à soutenir les victimes et à promouvoir des environnements sûrs pour toutes et tous, il est tout aussi important de combattre les stéréotypes sexistes qui limitent les aspirations des filles et des femmes», a-t-il avancé.
Au regard des défis, M. Samb a estimé : «la promotion de l'autonomisation financière des femmes, pour ainsi dire l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, les filles et les garçons, ne constitue pas seulement une question de justice sociale, mais aussi un levier essentiel pour l'Afrique pour participer à la marche mondiale vers l'atteinte des Objectifs de développement durable (ODD)». Et d’engager les professionnels des médias : «je vous invite donc à devenir des alliés actifs de ce combat, car l'accès à l'éducation, à un emploi décent, à la santé, à la justice, au financement, entre autres, demeurent des droits universels pour tout être humain».
«CI LA ÑU BOKK» INTERPELLE LE GOUVERNEMENT POUR REPARATION
La faible représentation des femmes au sein des instances de décision préoccupe le Cadre de concertation pour le respect et la préservation des droits des femmes, connu sous le nom de «Ci la ñu bokk»
La faible représentation des femmes dans les instances de décision est ce que ne veut plus voir prospérer le Cadre de concertation pour le respect et la préservation des droits des femmes, connu sous le nom de «Ci la ñu bokk». C’est ainsi que le cadre interpelle le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour rectifier ce déséquilibre.
La faible représentation des femmes au sein des instances de décision préoccupe le Cadre de concertation pour le respect et la préservation des droits des femmes, connu sous le nom de «Ci la ñu bokk». C’est ainsi qu’un appel est lancé dans ce sens aux autorités sénégalaises par cette structure. Et c’est pour intercéder en faveur de la gent féminine pour une meilleure prise en compte de ses besoins dans les politiques publiques, ainsi qu’un renforcement de leur participation dans les instances de gouvernance.
Félicitant le gouvernement sénégalais pour la réussite des récentes élections législatives et l’engagement envers la consolidation démocratique, cette structure a ensuite salué la présence des femmes au sein de l’Assemblée nationale.
Non sans exprimer son inquiétude face à la sous-représentation des femmes dans les hautes sphères de l’Etat. «Nous déplorons la persistance d’une sous-représentation des femmes au sein des hautes instances de l’Etat sénégalais. Malgré un appel précédent adressé à Son Excellence Monsieur le président de la République, au lendemain de la formation du premier gouvernement, celui-ci ne compte que quatre ministres femmes. Les femmes, qui représentent plus de 49, 4% de la population sénégalaise (source : Ansd, 2023), continuent d’être marginalisées dans les sphères décisionnelles. Ces inégalités constituent une entrave majeure à une gouvernance inclusive et équitable», a fait savoir le collectif.
Déplorant également le «manque de mesures concrètes dans la lutte contre les violences faites aux femmes, malgré les discours officiels».
En guise de rappel, dans un manifeste en mars 2024, des recommandations claires avaient été émises par le cadre, à savoir «intégrer les besoins spécifiques des femmes et des filles dans les politiques publiques», «renforcer leur représentation dans les instances de décision», «allouer des budgets spécifiques à l’éducation, la santé, la formation et accéder aux ressources comme la terre et les financements», «promouvoir l’équité territoriale pour garantir une égalité d’accès aux ressources dans toutes les régions», entre autres.
Exhortant, par la même occasion, le président de la République, le gouvernement et les partenaires à agir rapidement pour instaurer une véritable parité, le cadre souligne que l’inclusion des femmes «est cruciale pour bâtir un Sénégal équitable et prospère, où chaque citoyen, homme ou femme, peut pleinement contribuer au développement du pays».
MERES CELIBATAIRES : UNE DOUBLE CHARGE AU QUOTIDIEN
« Il faut tout un village pour élever un enfant », dit-on. Mais les vicissitudes de la vie peuvent conduire une maman à élever son enfant seule, jouant ainsi le rôle de mère et de père.
« Il faut tout un village pour élever un enfant », dit-on. Mais les vicissitudes de la vie peuvent conduire une maman à élever son enfant seule, jouant ainsi le rôle de mère et de père. Entre charge mentale, manque de soutien et difficulté à refaire sa vie, chaque jour est un défi pour celles qui endossent cette double casquette.
La couleur vaut le détour. D’un rose éclatant et lumineux, cette maison située à Medina Gounass, rappelant les bâtisses de l’époque coloniale, attire tous les regards. Une architecture qu’elle doit à son passé récent, car elle abritait les locaux de l’ancien tribunal de la ville de Guédiawaye. Aujourd’hui, la Maison Rose, ou « Dar as Salam » (maison de la paix), est devenue un refuge pour les mères seules, les aidant à se reconstruire et à bâtir un nouvel avenir.
Dans la Maison Rose, la présence de cette couleur riche en symboles se perçoit dans chaque coin et recoin. Du rez-de-chaussée au plafond, cette teinte, symbole d’affection et de douceur, marque son empreinte comme pour rappeler aux pensionnaires qu’elles n’y trouveront que des ondes positives. Une positivité perceptible à des kilomètres à la ronde. En effet, en foulant le sol de ce cocon protecteur en ce début d’après-midi, les rires d’enfants titillent la curiosité. Une curiosité qui donne envie de percer le mystère caché derrière ces murs. Cette atmosphère enjouée contraste avec le vécu des pensionnaires. Ouverte depuis 2008, la Maison Rose accueille des femmes victimes de violences, de viols, d’incestes ou encore de grossesses précoces. « Le but est de les aider à faire face à leurs histoires et à leur permettre une renaissance », explique Mona Chasserio, fondatrice de la Maison Rose.
Chaque porte de la Maison Rose ouvre sur des histoires de mères célibataires. Mais l’histoire de Codou Diop et celle de Khoudia Mbaye (noms d’emprunt) méritent une attention particulière avant de continuer l’exploration de ce cocon protecteur. Au premier étage de cette bâtisse, ces jeunes filles vivent avec leurs enfants respectifs. Assises sur leur lit, un peu hésitantes, elles jouent nerveusement avec leurs doigts, le regard fuyant. Codou Diop est la première à partager son jardin secret. La jeune fille de 23 ans a vu, à travers ce récit, la clé pour faire la paix avec son passé. C’est justement ce qu’apprend la Maison Rose à ses résidentes : « laisser son sac de problèmes derrière soi et avancer sereinement ».
Havre de paix pour mères célibataires
Le 25 janvier 2024. Codou Diop n’est pas prête à oublier cette date. C’est ce jour-là que la jeune femme de 23 ans a foulé le sol de la Maison Rose avec une grossesse de sept mois. Et depuis ce jour, Dar es Salam est devenue son « havre de paix ». Violée par son père, la jeune femme au teint clair et au corps svelte voit sa vie chamboulée à tout jamais. Face à ce « déshonneur », elle tente de se débarrasser de cette grossesse. « Je voulais coûte que coûte en finir avec cette grossesse. Je me suis retrouvée à l’hôpital. Le médecin m’a mise en rapport avec une « bajenu goox », raconte-t-elle, le regard hagard. Elle finit par atterrir à la Maison Rose à sept mois de grossesse. « Je suis restée trois jours à pleurer. Mais avec les activités de création et d’éveil, j’ai pu accepter ma situation de mère célibataire et cet enfant », confie-t-elle, la maman d’une petite fille.
Khoudia Mbaye a longtemps bourlingué avant d’arriver à la Maison Rose. La jeune femme de 20 ans a connu une vague de mésaventures dans sa vie. Dar es Salam est sa planche de salut, sa bouée. Issue d’une famille où les parents ont divorcé, Khoudia choisit de vivre chez son père. Ce dernier se marie, et elle doit supporter « les humeurs de sa belle-mère ». Celle-ci va convaincre son père de l’envoyer chez ses grands-parents, puis chez sa tante paternelle. C’est là qu’elle rencontre un jeune homme. Ce dernier lui fait miroiter un amour éternel, qu’elle n’a plus connu depuis la séparation de ses parents. À 16 ans, Khoudia se retrouve enceinte.
« Mon père m’a laissée à mon sort à cause de cette erreur de jeunesse. Il m’a clairement fait savoir qu’il était déçu et qu’il aurait préféré que je sois avec ma mère », avoue-t-elle, les yeux larmoyants. Cette réaction, selon le sociologue Souleymane Lo, est due à la perception de la société sénégalaise des mères célibataires, souvent marquées par des jugements sévères et des stigmatisations. « Elles sont souvent perçues comme ayant transgressé les normes sociales et religieuses. Sous cet angle, elles font l’objet de rejet par leur famille et la communauté, ce qui les conduit parfois à l’isolement », a expliqué le sociologue.
Khoudia Mbaye coupe les ponts avec sa famille et décide de se trouver un logement pour elle et son fils. Abandonnée par sa famille et le père de son enfant, elle doit se débrouiller seule pour subvenir à ses besoins. Quelques mois plus tard, elle renoue le contact avec le père de son fils, et une nouvelle grossesse survient. « Il m’avait promis monts et merveilles. Mais il m’a de nouveau abandonnée juste après l’annonce de ma grossesse », dit-elle, d’un air dépité. Elle se retrouve avec deux bébés sur les bras. « C’était très difficile psychologiquement. J’en suis même venue à abandonner mon nouveau-né devant une maison, faute de pouvoir le prendre en charge », révèle-t-elle. Avec l’aide d’une bonne samaritaine, elle récupère son fils. « Cette personne m’a ensuite conduite à la Maison Rose. J’y vis depuis deux mois avec mes deux fils en toute sérénité », confie-t-elle. Après sa longue traversée du désert, Dar es Salam est devenue son oasis où Khoudia voit « une nouvelle porte » s’ouvrir pour elle et ses enfants.
Le père, l’absent le plus présent
« On ne prend pas rendez-vous avec le destin. Le destin empoigne qui il veut, quand il veut », écrivait Mariama Ba. Ces quelques mots suffisent à décrire la vie d’Asta Mbow. Contrairement à Codou et Khoudia, qui ont pu compter sur le soutien de la Maison Rose, Asta a dû faire face à son destin. « Mon mari est mort l’année dernière des suites d’une maladie. Mais j’ai toujours du mal à l’accepter, surtout avec les enfants », lâche-t-elle, visiblement émue. Mariée depuis un an, elle se retrouve veuve avec deux enfants à charge. « J’essaie de tout faire pour qu’ils ne manquent de rien », avoue la commerçante. Mais il y a un manque qu’elle ne peut combler : l’absence de son mari. « Elle se fait énormément ressentir dans l’éducation des enfants. Il leur manque cette présence paternelle que je ne peux combler », lâche-t-elle, plongée dans ses souvenirs, seules choses qui lui restent de son doux et tendre mari.
Les souvenirs, eux, restent tatoués dans la tête de Khady Barry (nom d’emprunt). Elle se souvient encore des difficultés à subvenir aux besoins de sa fille huit ans plus tôt. « C’est un lointain souvenir, dont la douleur et les séquelles restent toujours présentes », confie la trentenaire. En effet, les difficultés liées à l’éducation d’un enfant ne s’oublient pas facilement, surtout sans le père. « Ce dernier n’était pas prêt à prendre en charge un enfant. Il disait avoir des études à finir et une carrière à bâtir. Un enfant serait un frein pour nous deux », se rappelle amèrement celle qui est tombée enceinte à 22 ans, juste après sa licence. Cela n’entache en rien sa volonté de réussir ses études. Mais c’est sans compter sur la réalité d’une maman solo. « Cette période a été très compliquée sur tous les aspects. Je peinais à subvenir aux besoins de ma fille », confie-t-elle.
Mais pour Khady Barry, le plus dur a été d’expliquer à son enfant pourquoi elle ne pouvait grandir avec un père et une mère sous le même toit. « Je devais jouer le rôle du gendarme pour la recadrer, ou celui de la maman pour la rassurer et combler le vide laissé par le père », se souvient la trentenaire. Ce manque de présence masculine, poursuit-elle, a eu des conséquences sur l’éducation de sa fille, qui voit en tout homme une figure paternelle. « J’ai dû également la priver de beaucoup de choses. Je ne pouvais lui offrir que le strict minimum, sans travail ni soutien du père. Ma fille a un énorme problème avec l’autorité. Que ce soit à l’école ou à la maison, elle a du mal à être disciplinée ou à suivre les ordres », reconnait-elle. Endosser cette double casquette n’a pas été de tout repos d’après la conseillère clientèle dans une société française de télécommunications.
Poids des charges
Les mères célibataires au Sénégal font face à plusieurs défis spécifiques liés à la charge de l’enfant, selon le sociologue Souleymane Lo. « Elles sont contraintes de jongler entre le travail et les responsabilités parentales, ce qui peut être épuisant », explique-t-il.
Khady Barry a, quant à elle, jonglé entre ses études et l’éducation de sa fille. « J’ai dû abandonner mes études en master 2 et le stage qu’un de mes formateurs m’avait trouvé. Financièrement, je ne m’en sortais plus. Je n’avais plus les moyens de payer la garderie ni d’acheter le minimum nécessaire pour la survie de mon bébé », révèle-t-elle. La mère célibataire avoue avoir du mal à faire face aux charges. À un certain moment, confie-t-elle, les couches, les vêtements et les trois repas quotidiens étaient difficiles à gérer. « Nous pouvions rester des jours sans manger. Nous n’avions aucune aide financière, aucun soutien moral, ni autre forme d’assistance. Nous étions seules, et cela pendant plusieurs années », raconte-t-elle, soulignant que même les hôpitaux et les ordonnances étaient un luxe.
La justice, l’autre affaire
La prise en charge des besoins des enfants de mères célibataires dépend des cas, selon Malick Ndour, greffier. « Les mères célibataires qui ont obtenu la garde de leurs enfants à l’issue d’un divorce peuvent également rencontrer des difficultés pour recouvrer la pension alimentaire due par leurs ex-époux, surtout si ces derniers n’ont pas d’activité rémunérée par une administration publique ou privée », explique-t-il. Malick Ndour relève aussi le fait qu’elles sont souvent laissées à elles-mêmes, sans assistance ni pension alimentaire de la part de leurs ex-époux. « Elles ne peuvent même pas se prévaloir de la garde de fait et sont obligées de quémander une autorisation parentale pour voyager avec leurs enfants », souligne-t-il. Selon le juriste, la prise en charge des frais médicaux et pharmaceutiques des enfants s’inscrit dans cette dynamique.
Dans le cas des mères célibataires issues d’une relation naturelle, le juriste explique que le premier défi réside dans la reconnaissance de leurs enfants. « La plupart des enfants issus d’une relation naturelle se heurtent à un refus de paternité. Les pères refusent de s’assumer et, par ricochet, se gardent de les reconnaître. Il se pose également le problème de leur déclaration. Ils sont souvent mal déclarés, non déclarés ou inscrits au nom exclusif de la mère, avec la mention Pnd (Père non dénommé), ce qui peut avoir des conséquences psychologiques et sociales graves. Cela porte aussi préjudice à la jouissance de certains de leurs droits, comme le droit à une identité et à l’éducation », énumère-t-il. Me Ndour évoque également comme autre difficulté la prise en compte de ces enfants dans l’héritage en cas de décès du père. « Même si ces derniers les reconnaissent, ils sont parfois victimes de clichés religieux qui tentent de les exclure de l’héritage, bien que le Code de la famille soit clair sur la dévolution successorale selon le droit musulman (article 571 et suivants du Code de la Famille) », renseigne-t-il.
En revanche, poursuit-il, si ces enfants ne sont pas reconnus, ils n’ont même pas droit à être considérés comme héritiers d’un père biologique absent. Pire encore, en vertu de l’article 196 du Code de la famille, il leur est interdit de rechercher leur paternité, sauf dans les cas prévus à l’article 211 dudit code.
Difficile recommencement
La première relation avec le père de leur enfant peut laisser un goût amer aux mères célibataires. Certaines en viennent même à perdre l’envie de revivre une histoire d’amour. C’est le cas de Khoudia Mbaye. Après sa relation avec le père de ses deux fils, la femme de 20 ans dit être devenue « méfiante » vis-à-vis des hommes. « J’ai récemment rencontré quelqu’un qui m’a dit vouloir faire de moi sa femme. Mais je ne peux m’empêcher de penser à la façon dont cela serait perçu par sa famille et à son futur rapport avec mes enfants. C’est pourquoi je reste sur mes gardes », dit-elle d’un brin mélancolique.
Mariama Badiane s’est tout simplement résignée à finir sa vie seule. Mère de trois enfants, la femme de 56 ans ne se consacre aujourd’hui qu’à ses fils. « Je suis venue rejoindre mon mari en France en 1993. Mais c’est en 2016 que nous avons pris des chemins différents. Depuis, je m’occupe des enfants. Cela me suffit, et refaire ma vie n’est pas un besoin pour moi », avoue la consultante en droit familial. Une flamme difficile à raviver !
« Je suis restée célibataire presque 6 ans, seule avec mon enfant. Introduire à nouveau un homme dans ma vie me terrifiait », confie Khady Barry sans détour. La femme de 30 ans s’est posée beaucoup de questions avant de présenter son futur époux à sa fille. « Comment ma fille allait-elle vivre cela ? Cet homme accepterait-il mon enfant ? Comment sa famille réagirait-elle ? S’il y a un souci après le mariage, allais-je me retrouver enceinte et de nouveau mère célibataire ? Allait-il m’abandonner à son retour ? Serais-je encore obligée de mettre ma vie en suspens pour élever un autre enfant ? », se remémore-t-elle. En dépit de ces appréhensions, elle finit par faire confiance à l’avenir et sauter le pas. Les premiers mois de mariage ont été difficiles pour celle qui a dû laisser son enfant au Sénégal afin de rejoindre son époux dans un autre pays. « Elle s’est sentie abandonnée, déjà qu’elle n’avait qu’un seul parent, une mère qui faisait office de père aussi. Nous avons vécu séparées quelques années, le temps pour moi de bâtir un foyer stable et la faire venir auprès de nous », explique-t-elle. Avec le temps, Khady Barry a appris à refaire confiance et a accepté une figure d’autorité en son mari, qui joue actuellement le rôle de père, un rôle que sa fille n’a jamais eu avec son père biologique. « Vivre dans une famille recomposée n’est jamais facile, mais c’est mieux que d’être seule. On a quelqu’un sur qui s’appuyer et à qui déléguer certains devoirs », reconnaît-elle.
Le sociologue Souleymane Lo explique qu’il est difficile pour les mamans solos de trouver un partenaire de vie. Cependant, il tient à relativiser en affirmant que pour surmonter ces obstacles, les mères célibataires doivent davantage travailler sur leur estime de soi, en ayant confiance en elles et en leurs capacités à trouver l’amour. Elles doivent se concentrer sur leurs besoins sans négliger leurs propres désirs. Enfin, elles doivent s’armer de patience. Trouver le bon partenaire prend du temps. « Il est important de ne pas se précipiter et de prendre le temps de faire connaissance », signale-t-il. Après tout, tout vient à point à qui sait attendre !
724 dossiers traités par l’Association des juristes sénégalaises
Les mères célibataires qui font appel à l’Association des juristes sénégalaises (Ajs) sont nombreuses, selon Ndeye Madjiguéne Sarr Bakhoum, coordinatrice de la boutique de droit de Pikine. De janvier 2023 à juin 2024, les neuf boutiques de droit de l’Ajs ont reçu et traité 724 dossiers de mères célibataires, précise Mme Bakhoum. Cette dernière explique qu’elles viennent principalement pour des questions de droit de la famille. Selon la coordinatrice de la boutique de droit de Pikine, 430 dossiers portent sur des cas d’état civil, comme les demandes de procédure de déclaration tardive de naissance, suivis des cas de garde d’enfant avec demande de garde légale et de recherche de paternité pour les enfants issus de grossesses non reconnues. Il y a également des questions liées à la violence, avec 199 dossiers de violence physique (coups et blessures), économique (refus de verser la pension alimentaire), psychologique (menaces, injures, dénigrements), et sexuelle (harcèlement, viol, détournement de mineur…).
« Le refus de paternité est également courant, car les possibilités judiciaires ne sont pas nombreuses pour les mères célibataires, et le Code de la famille de 1972 offre davantage de possibilités aux hommes », ajoute la juriste consultante. À cet égard, elle poursuit, l’interdiction de la recherche de paternité est énoncée dans l’article 196 du Code de la famille, qui précise que la recherche de paternité est interdite. L’établissement de la filiation paternelle est interdit pour tout enfant qui n’est pas présumé issu du mariage de sa mère ou n’a pas été volontairement reconnu par son père. Ndeye Madjiguéne Sarr Bakhoum précise qu’il n’y a aucune possibilité judiciaire si le père décide de ne pas reconnaître son enfant, et aucun rapprochement paternel ne sera effectué. « Il est donc interdit de rechercher judiciairement la paternité naturelle, sauf dans des cas exceptionnels. Mieux, selon l’article 277 du Code de la famille, c’est la notion de puissance paternelle qui est consacrée au lieu d’autorité parentale, ce qui fait que, même divorcées, les femmes rencontrent des difficultés pour prendre certaines décisions pour leurs enfants », renseigne-t-elle.
MATAM DIT NON ET APPORTE SON SOUTIEN A TOUTES LES VICTIMES
Mme Bakhoum Ndèye Madjiguène Sarr, juriste, membre de l'Association des juristes sénégalaises (AJS), relève que face à l’amplitude du fléau, la sensibilisation et l’alerte doivent être tout le temps de mise, pour lutter contre la violence faite aux femmes
Avec comme slogan «Face aux survivantes de violences, notre soutien pas notre jugement», les femmes ont marché à travers les artères de la ville de Matam, la capitale de la région éponyme, pour manifester leur soutien et solidarité aux victimes de violences basées sur le genre. En ligne de mire, ce sont surtout les cas de Dieynaba Sangharé, une femme qui a subi des violences conjugales et Bineta, une jeune handicapée paraplégique victime de viol, qui ont servi de leviers de dénonciations aux femmes.
Mme Bakhoum Ndèye Madjiguène Sarr, juriste, membre de l'Association des juristes sénégalaises (AJS), relève que face à l’amplitude du fléau, la sensibilisation et l’alerte doivent être tout le temps de mise, pour lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles. «Récemment, on a noté et constaté beaucoup de cas de violence, avec le cas de Dieynaba Sangharé Ndiaye, qui a été victime de violence conjugale et aussi le cas de Bineta, une jeune handicapée paraplégique victime de viol, suivi de grossesse, entre autres cas. Car, comme on l'a toujours dit, il y en a des milliers dans nos maisons et dans les communautés», soutient-elle.
Rappelons que dans l’affaire opposant Dieynaba Sangharé à son ex-époux, le médecin-chef du district sanitaire de Matam, ce dernier a écopé de 45 jours de prison ferme. Ses co-inculpés, D. Mbodj, O. Ly Ba, I. Sow et M. Guèye, ont été condamnés, quant à eux, à 2 mois de prison avec sursis.
Dieynaba Ndiaye, qui avait porté plainte contre son conjoint de l’époque, pour coups et blessures volontaires ayant entraîné une incapacité temporaire de travail (ITT) de 10 jours, ainsi que pour menaces, agressions, voies de fait, complicité et mise en danger de la vie d’autrui, séjourne depuis quelques mois au camp pénal de Liberté 6. Elle est accusée de diffusion de données à caractère personnel, à la suite d’une plainte déposée par son ex-époux. Pour ces faits, Dieynaba Ndiaye a été condamnée à 3 mois de prison, ainsi qu’à une amende de 4 millions de FCFA. Une situation qui continue de mobiliser plusieurs associations de lutte contre les violences faites aux femmes.
Sous ce registre, l’histoire de Bineta, continue aussi de défrayer la chronique. En effet, cette jeune handicapée paraplégique, sensorielle (auditive, vocale) et mentale, qui a eu un bébé, suite à un viol au quartier Moderne 3, situé dans la commune de Ourossogui, continue de vivre dans le cauchemar. Sinon dans le drame, compte tenu de son handicap, car, en plus d'être sourde-muette et aussi handicapée immobile, souffrant d’insuffisance mentale, elle ne peut rien faire pour elle-même sans assistance. Dans ce dossier, on attend toujours la suite de l’enquête.
16 JOURS D'ACTIVISME POUR ROMPRE AVEC LE SILENCE
Lundi dernier, à la Place de la Nation (ex-Place de l'Obélisque) à Dakar, la ministre de la Famille et des Solidarités, Mme Maimouna Dièye, a officiellement lancé une campagne nationale pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles.
Lundi dernier, à la Place de la Nation (ex-Place de l'Obélisque) à Dakar, la ministre de la Famille et des Solidarités, Mme Maimouna Dièye, a officiellement lancé une campagne nationale pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles. Cet événement s'inscrit dans le cadre des 16 jours d'activisme contre les violences basées sur le genre, qui se dérouleront jusqu'au 10 décembre, coïncidant avec la Journée internationale des droits de l'Homme. Le thème de cette édition, « Vers les 30 ans de la déclaration et du programme de Pékin : s'unir pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes » appelle à une action collective pour éliminer les violences. Ce message vise à mobiliser les autorités, les organisations internationales et la société civile autour d'un objectif commun : garantir un monde respectueux des droits humains.
Plusieurs organisations, notamment l'ONU Femmes, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l'Association des Femmes Juristes du Sénégal (AJS), ont contribué à cette initiative. Elles ont installé des stands informatifs contenant des supports éducatifs destinés à sensibiliser le public sur l'ampleur et les formes de violences infligées aux femmes et aux filles. Ces efforts soulignent l'urgence de protéger cette population essentielle au développement. Mme Maimouna Dièye, ministre de la Famille et des Solidarités, a dressé un tableau préoccupant de la situation des femmes et des filles au Sénégal. Selon les statistiques, 27 % des femmes âgées de 15 à 45 ans subissent des violences conjugales, incluant coups et blessures, violences sexuelles, exploitation et violations. Les réseaux sociaux amplifient ces problèmes par la diffusion non consentie d'images intimes, portant gravement atteinte à leur dignité.
DES TÉMOIGNAGES ET DES APPELS À L'ACTION
L'ambassadrice de Belgique au Sénégal, Mme Elène Debock, a insisté sur l'importance de combiner sensibilisation, prévention et arsenal juridique pour bâtir une société respectueuse des droits des femmes. De son côté, Mme Aissata Kane, représentante du système des Nations Unies, a réaffirmé l'engagement de la communauté internationale à éradiquer ces pratiques qui dégradent la dignité humaine.
UNE VISION PORTÉE PAR LE MINISTÈRE
Dans son discours, Mme Maimouna Dièye a souligné la nécessité d'une action concertée pour mettre fin aux violences. Elle a rappelé que la protection des droits des femmes et des filles est une condition essentielle au progrès social et au développement durable. Cette campagne, par son ambition et sa portée, s'impose comme une étape cruciale dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Elle incite tous les acteurs à se mobiliser pour un avenir plus égalitaire.
POUR UNE VRAIE PLACE DES FEMMES DANS LA GOUVERNANCE
Le Cadre de Concertation Ci La Ñu Bokk déplore la persistance d’une sous-représentation des femmes au sein des hautes instances de l’État. Il appelle l'État à promouvoir des programmes spécifiques visant à répondre aux besoins des femmes
Le Cadre de Concertation "Ci La Ñu Bokk" interpelle directement le président de la République et son gouvernement sur la sous-représentation des femmes dans les instances de décision. Les associations mettent en avant un catalogue de sept revendications précises.
À Son Excellence, Monsieur le président de la République du Sénégal,
Au Premier ministre du Sénégal,
À l’ensemble des membres du gouvernement du Sénégal,
Appel à une prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques ainsi qu’au renforcement de leur participation dans les instances de gouvernance
Nous, membres du Cadre de Concertation pour le Respect et la Préservation des Droits des Femmes “Ci La Ñu Bokk”, tenons à féliciter les autorités sénégalaises pour la tenue des récentes élections législatives et pour leur engagement à consolider la démocratie sénégalaise.
Nous saluons également l’ensemble des députés élus, particulièrement les femmes, et les encourageons à œuvrer pour une Assemblée de rupture qui met en avant l’intérêt de l’ensemble des Sénégalaises et des Sénégalais. Nous espérons qu’elle favorisera l’adoption et la mise en œuvre de politiques et de lois favorables à la bonne gouvernance, à la transparence et à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Cependant, nous déplorons la persistance d’une sous-représentation des femmes au sein des hautes instances de l’État sénégalais. Malgré un appel précédent adressé à Son Excellence, Monsieur le président de la République, au lendemain de la formation du premier gouvernement, celui-ci ne compte que quatre ministres femmes.
Les femmes, qui représentent plus de 49,4 % de la population sénégalaise (Source : ANSD, 2023), continuent d’être marginalisées dans les sphères décisionnelles. Ces inégalités constituent une entrave majeure à une gouvernance inclusive et équitable.
Nous avons également noté, avec une vive inquiétude, la récente déclaration du ministère de la Famille et des Solidarités à l’occasion du prochain lancement des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. Celle-ci reflète un manque manifeste de maîtrise et d’engagement sur ces questions. Nous attendons des actions concrètes, au-delà des discours.
En mars 2024, le Cadre de Concertation “Ci La Ñu Bokk” avait transmis à Son Excellence, Monsieur le président de la République et au ministère de la Famille un manifeste détaillant des recommandations pour :
Prendre en compte les besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques,
Renforcer leur participation dans les instances de gouvernance,
Promouvoir la parité et l’inclusion des femmes.
Nous rappelons ici les principales recommandations de ce manifeste :
Nous appelons :
Son Excellence, Monsieur le président de la République du Sénégal, en collaboration avec le gouvernement et tous les acteurs impliqués (société civile, organisations de femmes, secteur privé, syndicats, institutions financières, partenaires au développement, populations, etc.), à :
Prendre des mesures concrètes pour intégrer les besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques, programmes, plans et stratégies nationales.
Garantir une représentation équitable des femmes et des jeunes leaders dans toutes les instances de gouvernance et de prise de décision.
Mettre en place des programmes et des budgets spécifiques visant à répondre aux besoins des femmes et des filles dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la formation, de l’emploi, de la sécurité, ainsi que l’accès à la terre et aux financements.
Promouvoir activement l’égalité des chances et l’équité territoriale dans l’accès aux ressources pour les femmes et les filles dans toutes les régions du pays.
Renforcer la collaboration et le plaidoyer pour assurer le respect des droits des femmes et des filles, tout en renforçant leur pouvoir économique et social.
Mettre en place un suivi et une évaluation participative et inclusive des engagements pris en faveur des femmes et des filles.
Soutenir les initiatives locales et nationales visant à promouvoir l’égalité des sexes et à éliminer toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes.
Nous croyons fermement que l’inclusion des femmes dans les instances de décision est essentielle pour bâtir un Sénégal plus juste, équitable et prospère. Nous appelons le gouvernement à prendre des mesures concrètes et immédiates pour remédier à cette situation et servir d’exemple en matière de parité et d’égalité des sexes.
Ensemble, nous pouvons faire en sorte que chaque voix soit entendue et que chaque citoyen, homme ou femme, ait la possibilité de contribuer pleinement au développement de notre nation.
Cadre de Concertation pour le Respect et la Préservation des Droits des Femmes “Ci La Ñu Bokk”
Annexe :
Manifeste pour la prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques ainsi que le renforcement de leur participation dans les instances de gouvernance, la parité et l’inclusion des femmes.
Manifeste pour la prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques ainsi que le renforcement de leur participation dans les instances de gouvernance
Note de Synthèse
L’élection du président de la République, son excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye a sonné comme un plébiscite national et son adresse à la Nation du 3 avril dernier a fait renaître espoir et volonté de cohésion nationale notamment quand il dit « je suis déterminé à préserver notre vivre ensemble … » et de renchérir « … j’entends instaurer une gouvernance vertueuse, fondée sur l’éthique de responsabilité et l’obligation de rendre compte ».
Toutefois, l’annonce, le vendredi 5 avril 2024 de la composition du nouveau gouvernement avec un taux de participation des femmes très faible a instauré un sentiment de déception avec seulement quatre femmes dans une équipe de vingt-cinq ministres et cinq secrétaires d’État (soit 13,3 % de femmes). Ce tableau ne reflète guère une rupture en matière de lutte contre les inégalités et l’inclusion de toutes les forces vives de la Nation.
De plus, la suppression du ministère de la Femme sans annonce d'une structure spécifique chargée des politiques de développement social et économique des femmes et des filles soulève beaucoup d’inquiétude, particulièrement auprès des femmes.
En effet, une telle approche ne garantit pas la préservation des acquis déjà consolidés au Sénégal en matière de prise en compte des droits des femmes et leur participation dans les instances décisionnelles.
C’est pour cela, que nous, membres du cadre de concertation pour le respect et la préservation des droits des femmes, invitons le Président de la République du Sénégal à :
Faciliter la création d’une structure de gouvernance destinée spécifiquement aux besoins des femmes et des filles ;
Renforcer la participation effective des femmes dans toutes les instances de décisions, aux niveaux électifs et nominatifs ;
Encourager des politiques et programmes en faveur des femmes et des filles en priorité dans les domaines suivants :
L'éducation et la formation ;
La prévention et la prise en charge des violences faites aux femmes et aux filles ;
L’entrepreneuriat et l’employabilité ;
L’accès à l’investissement et au foncier ;
L’accès aux services de santé de qualité, notamment la santé de la reproduction.
En effet, malgré les avancées notées ces dernières années dans les politiques en faveur des femmes, les défis de l’égalité des droits homme-femme et de l’autonomisation de celles-ci restent entiers dans notre pays.
L’égalité étant un droit humain, celle entre les citoyens, une valeur fondamentale inscrite dans notre Constitution interdisant toute discrimination fondée sur le sexe, sa prise en compte devient une nécessité afin que chaque citoyenne et citoyen soit égal en dignité, en capacité et en droit pour une gouvernance juste et démocratique.
Conscients du poids démographique des femmes sénégalaises qui ont largement démontré leur leadership et leurs contributions dans les sphères politique, sociale, économique et citoyenne,
Conscients de la nécessité pour le Sénégal de respecter ses engagements pris au niveau régional et international à travers les accords, traités et conventions ; notamment :
La Convention contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) ;
L’Agenda Global pour le Développement Durable en 2030 ;
Le Programme d’Action de la Conférence Internationale du Caire sur la Population et le Développement ;
La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ;
Le Protocole de Maputo sur la Promotion et la Protection des Droits des Femmes et des Filles ;
La Déclaration des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine sur l'Égalité de Genre ;
La loi n°2018-22 du 4 juillet 2018 transposant la loi sur la parité dans le Code électoral ;
La loi n°2020-05 du 10 janvier 2020 modifiant la loi n°65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal criminalisant les actes de viol et de pédophilie ;
La loi n°2022-02 complétant certaines dispositions du code du travail et relative à la protection de la femme en état de grossesse ;
Le décret n° 2021-1469 du 3 novembre 2021 relatif au travail des femmes enceintes;
L’arrêté n° 007383 du 27 mars 2023 relatif à la protection des enfants et des jeunes femmes dans les écoles et établissements entre autres.
Conscients des avancées dans les droits pour la promotion des femmes et des filles obtenues de haute lutte et sous plusieurs magistères et soucieux du respect de ces droits : droit à la santé (aucune femme ne doit perdre la vie en donnant la vie), droit à l’éducation et à la formation, droit au travail et à une vie décente;
Constatant la maturité démocratique de notre pays qui s’est encore une fois matérialisée par cette transition démocratique historique malgré les tensions vécues ces dernières années et du rôle crucial des femmes dans la préservation de la cohésion sociale ;
Constatant avec regret le nombre limité de femmes nommées aux postes ministériels de votre premier gouvernement et la suppression du Ministère de la Femme pour ne retenir que la Famille et les Solidarités ;
Rappelant les engagements pris par les nouvelles autorités en faveur de la préservation des droits et de la promotion des femmes et des filles à travers le projet/programme ;
Nous, membres du cadre de concertation pour le respect et la préservation des droits et des acquis des femmes et des filles ;
Exprimons notre vive préoccupation devant ce qui peut être compris comme un recul dans les acquis en faveur des droits des femmes au Sénégal;
Lançons un appel vibrant pour soutenir et promouvoir l'inclusion des femmes et des filles leaders pour une meilleure prise en compte de leurs besoins spécifiques dans les politiques publiques et les processus de gouvernance au Sénégal. Nous croyons fermement que l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes sont essentielles pour bâtir une société juste, équitable et prospère ;
Aujourd'hui, nous nous engageons à agir ensemble pour réaliser ces objectifs ambitieux. Et, Nous appelons :
Son Excellence, Monsieur le président de la République du Sénégal en relation avec son gouvernement et tous les acteurs impliqués (la société civile, les organisations de femmes, le secteur privé, les syndicats, les institutions financières, les partenaires au développement, les populations, etc.)
À prendre des mesures concrètes pour renforcer la prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques, programmes, plans et stratégies nationales.
À garantir la représentation équitable des femmes et des jeunes leaders dans toutes les instances de gouvernance et de prise de décision.
À mettre en place des programmes et des budgets spécifiques visant à répondre aux besoins des femmes et des filles en matière d'éducation, de santé, de formation, d'emploi, de sécurité, d’accès à la terre et aux financements.
À promouvoir activement l'égalité des chances et l'équité territoriale dans l’accès aux ressources pour les femmes et les filles dans toutes les régions du pays.
À renforcer la collaboration et le plaidoyer pour faire avancer les droits et l'autonomisation des femmes et des filles.
À assurer un suivi et une évaluation participative et inclusive de la mise en œuvre des engagements pris en faveur des femmes et des filles.
À soutenir les initiatives locales et nationales visant à promouvoir l'égalité des sexes et à éliminer toutes les formes de discriminations.
MUṬIKKAPPAṬĀTA : QUAND L'ART EXPLORE LES HÉRITAGES MULTIPLES
Entre Bordeaux, l'Inde et la Guadeloupe, Nathalie Vairac tisse une toile mémorielle fascinante à travers son exposition. Cette artiste plurielle dévoile à RAW Material Company les fragments intimes d'une histoire familiale transcontinentale
(SenePlus) - RAW Material Company présente, depuis le 10 novembre 2024 jusqu'au 13 janvier 2025, l'exposition MUṬIKKAPPAṬĀTA de Nathalie Vairac, une plongée au cœur des mémoires familiales et de la transmission culturelle.
L'exposition, qui s'inscrit dans le cadre de la 13e édition de #Partcours et du OFF de la 15ème Dak'Art Biennale, propose une exploration sensible des héritages multiples à travers le regard d'une artiste aux racines indo-guadeloupéennes. Née à Bordeaux et installée à Dakar, Nathalie Vairac interroge dans ce projet la manière dont les mémoires visibles et invisibles traversent le temps et les océans.
Comédienne et directrice artistique reconnue, Nathalie Vairac a collaboré pendant 20 ans avec des figures majeures du théâtre comme Philippe Adrien et Sotigui Kouyaté. Son parcours d'interprète, jalonné de succès, l'a menée de la tragédie grecque aux œuvres contemporaines, lui valant notamment le Saana Award de la meilleure actrice au Kenya en 2014. Plus récemment, elle s'est illustrée dans le film "Sira" d'Apolline Traoré, distingué à la Berlinale et au Fespaco 2023.
RAW Material Company enrichit l'exposition d'une série de programmes publics en trois temps : une lecture-performance sur l'ancrage le 29 novembre, une conversation féminine autour de la transmission épigénétique le 30 novembre, et une réflexion méditative sur les façons d'être au monde le 10 janvier 2025.
Cette exposition s'inscrit dans la mission de RAW Material Company, centre dakarois dédié à l'art, au savoir et à la société. L'institution, fondée et dirigée par Koyo Kouoh, œuvre à la promotion de la créativité artistique et intellectuelle en Afrique à travers une approche transdisciplinaire.
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LA CHAMBRE-MÉMOIRE DE GERMAINE
Marraine du Dak’art 2024, Germaine Anta Gaye reconstitue l’art de vivre à la saint-louisienne à travers un univers familial qui ne laisse personne indifférent. Dans cette entrevue, celle qui est théoricienne et praticienne de l'art, explique son art
Un certain art de vivre peut-être attribué à Saint-Louis, première capitale du Sénégal, ville des Signares, ville du savoir et ville de culture. Germaine Anta Gaye, native de la ville se fait la porte-mémoire de cet art de vivre qu’elle a traduit dans cette exposition dans le cadre de la 15è édition de la Biennale de l’art africain contemporains de Dakar. Des installations en forme de rétrospective des différentes œuvres créées par cette artiste qui a rencontré pratiquement tous les présidents de la République du Sénégal pour son travail. Son installation à l’ancien palais de justice de Dakar ne laisse personne indifférent. Elle évoque dans cette entrevue son parcours, ses débuts et surtout son installation.
C’est un vrai cadre familial avec son salon bien orné - d’une myriade d’objets, ses chambres, ses couloirs et son jardin que Germaine Anta Gaye offre au visiteur à travers son installation, à l’ancien palais de justice de Dakar. La principale à attraction de cet univers familial reconstitué dans l’enceinte du palais de justice rappelle à bien des égards une certaine élégance des femmes saint-louisienne. À l’intérieur du salon, on trouve par exemple une machine à coudre à pédale ou encore à un casque colonial sur un porte-manteau… Ce magnifique salon qui ne laisse personne indifférent
Marraine de la 15e édition du Dak’art, Germaine Anta Gaye explore dans son installation une diversité de technique de peinture sous-verre ainsi que de cadrages (verre et bois). Artiste libre, détaché des techniques académique, elle est devenue une grande artiste alors qu’en vérité, était plutôt préparée à transmettre qu’à pratiquer l’art.
Formée pour être éducatrice en arts, Germaine Anta Gaye, l’air de dire que l’art est trop sérieux pour être laissé aux seules mains des artistes, a très vite fait de mettre la main à la pâte, pour ne pas dire mettre la main dans le pot de peinture.
Passion en bandoulière, elle s’est emparée elle-même du pinceau et a commencé la peinture depuis de longues années. Elle avait raison parce qu’elle a eu toute sa place dans le secteur artistique sénégalais et africain. La Saint-Louisienne a connu une carrière fulgurante et inspirante en tant qu’artiste cumulativement à sa vocation d’enseignante. Celle qui est attachée à sa ville natale de Saint-Louis et voyage partout dans le monde avec l’âme de Saint-Louis dans ses valises, s’est illustrée de fort belle manière dans la peinture sous-verre même si elle est dans une certaine mesure éclectique en tant que peintre. La 15è édition de l’art africain contemporain de Dakar fait bien d’honorer de son vivant.
Enseignante en arts de formation, elle est ainsi devenue aussi artiste confirmée par passion. Ce qui fait d’elle a la fois une praticienne qu’une théoricienne de l’art. Comme enseignante, Germaine Anta Gaye a contribué à la formation de centaines d’artistes dont elle est fière de ce qu’ils sont aujourd’hui devenus. Elle a su à travers son installation capte l’attention de tout visiteur à l’ancien à palais de justice. Qui que vous soyez, d’où que vous venez et quelle que soit votre foi, Germaine a un message pour vous. Elle vous parle quels que soient votre âge et votre sexe. Sa création transcende toutes les differences possibles et imaginables.