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26 novembre 2024
Femmes
MÉLENCHON DÉFEND À DAKAR LE BRASSAGE FÉCOND DES CULTURES
Pour le leader de la France Insoumise, ignorer le lien culturel entre l'Afrique et sa diaspora, c'est se priver de comprendre l'histoire. Les échanges entre les peuples ont permis l'enrichissement mutuel des cultures selon lui
À conférence publique à l'Ucad avec Ousmane Sonko, Jean-Luc Mélenchon est intervenu pour défendre le lien profond qui unit chaque être humain à l'Afrique. Selon lui, l'histoire ne peut être comprise si on rompt ce "cordon ombilical". Il a rappelé que les premières mondialisations sont dues aux migrations humaines, qui ont permis aux sociétés d'accueil "d'apprendre" et à l'humanité de s'enrichir de nouvelles expériences.
Pour Mélenchon, le processus qui a uni les grands royaumes de l'Antiquité doit être compris dans sa "réalité concrète" à travers les échanges entre les hommes qui se "créolisent", mélangent leurs cultures. Face aux courants "racistes et ethnicistes" qui méprisent ces mélanges, il défend la "fécondation de l'humanité par sa migration et sa créolisation".
Un cordon ombilical unit chaque être humain à l’Afrique. Quiconque cherche à le rompre s’interdit de comprendre l’Histoire.
L’Histoire a commencé, s’est déroulée et rebondit aujourd’hui en Afrique par votre révolution citoyenne. pic.twitter.com/QEG17yB3iI
La toponomie, qui reflète une reconnaissance symbolique, immortalise les hommes et enterre les femmes. Masculine et coloniale, elle les efface de notre mémoire collective. Ainsi a été conçu et perpétué un imaginaire difficile à déconstruire
La logique quantitative de la sous-représentation des femmes dans les instances décisionnelles domine le débat au Sénégal : 4 femmes ministres sur 30 membres du nouveau gouvernement, soit 13% pour 49,6% de la population. La même tendance s’observe avec les nominations hebdomadaires du Conseil des ministres pour les principaux postes décisionnels. En somme, un sevrage brutal, suivi d’un régime draconien, digne d’un « programme d’ajustement structurel » au féminin. Au-delà de l’indignation collective, cette minorisation des femmes interpelle et fait réfléchir sur ses origines, la construction idéologique qui la sous-tend et ses structures de légitimation.
Bâtie sur des fondements patriarcaux, notre société perpétue le processus d’ostracisation des femmes non seulement depuis la « déterritorialisation » occasionnée par l’arrivée des religions du Livre et la colonisation, mais aussi la poursuite de cette exclusion par les autorités sénégalaises à partir de 1960. On comprend mieux pourquoi des interprétations conservatrices des préceptes religieux sont encore mises en avant pour essayer de justifier la relégation des femmes dans la catégorie des « cadets sociaux ».
Dans les sociétés négro-africaines adossées aux logiques du matriarcat telles que définies par Cheikh Anta Diop dans L'Unité culturelle de l'Afrique noire (1959), les femmes participaient à toutes les instances de pouvoir politique, social et même religieux au sein de la famille et de la communauté. La division sexuelle du travail ne reposait ni sur une hiérarchie, ni sur une oppression d’un sexe par l’autre. Il existait « un dualisme harmonieux, une association acceptée par les hommes et les femmes où chacun s’épanouit pleinement en se livrant à l’activité qui est la plus conforme à sa nature physiologique » (p. 114).
Le système colonial a déstructuré cette organisation sociale et politique en arrimant la place des femmes à une logique patriarcale. Les colonisateurs portaient un regard spéculaire sur les Africaines à l’image des femmes de leur pays qui avaient un statut de mineure et étaient sous la dépendance des hommes (père, frère, mari et fils). En imposant l’hégémonie masculine, l’État colonial a dépossédé les femmes. C’est ainsi que la loi foncière de 1904, qui attribue toute propriété au chef de famille, c’est-à-dire le mari, seul propriétaire des biens, a réduit leurs conditions d’accès à la terre. Dans le domaine de l’éducation, l’École normale de filles n’a été mise en place qu’en 1939, vingt ans après celle des garçons, pour les initier à des métiers subalternes. Pour mieux écarter les femmes de la vie politique décisionnelle, l’administration coloniale a ostensiblement ignoré leur pouvoir traditionnel, leurs chefferies et leurs prêtrises. L’idéologie patriarcale a servi de pivot à la politique coloniale et à ses relations avec les différentes aristocraties locales, puis avec les milieux maraboutiques.
À l’Indépendance, en 1960, les nouvelles autorités héritent des valeurs infériorisant les femmes, les perpétuent à travers les institutions et prolongent le « contrat social sénégalais » - expression que nous empruntons à Donal Cruise O’Brien - avec les chefs confrériques. Engagées en première ligne dans la lutte pour la décolonisation et l’émancipation du pays, les Sénégalaises n’ont pas vu leur situation changer. Au contraire, elles étaient encore confinées et orientées par le pouvoir des hommes (politique, syndical, législatif) dans des espaces discursifs réduits (mouvements de femmes, associations féminines).
Taillé sur mesure par et pour les hommes, le Code de la famille (1972) ne fait que cristalliser l’assujettissement des femmes. L’essentiel de ses dispositions leur sont défavorables. Par exemple dans le cadre du mariage, le mari est reconnu comme le seul chef de famille (art. 152, CF), l’autorité, celui qui choisit exclusivement la résidence conjugale (Art. 153, CF) et exerce la puissance paternelle (art. 277, CF). En cas de divorce, les femmes peuvent même être condamnées à payer une pension alimentaire pour leurs enfants quand la garde est attribuée au père. La mère, même si elle participe à l’entretien du ménage et à l’éducation des enfants communs, ne peut pas bénéficier des suppléments pour charge de famille. « Ces charges pèsent à titre principal sur le mari » (art. 375, CF).
La socialisation différenciée par une stratification liée au sexe fabrique des attentes différentes. Les filles sont éduquées à rendre service aux autres et à conjuguer au quotidien les verbes « Plaire, Avoir et Satisfaire », des P.A.S à assimiler systématiquement pour entrer dans le schéma social et œuvrer pour leur réussite conjugale. Elles doivent se prévaloir d’une « langue courte » renvoyant à un silence construit et validé par la société, avoir des « pas courts » pour ne pas franchir l’espace assigné qu’avec une autorisation masculine et un « regard court » qui ne questionne pas les fondements de leur subordination. Étroitement surveillées, elles subissent, à chaque étape de leur vie, les contrôles d’une société panoptique, au sens foucaldien. Une surveillance qui contraste avec celle des garçons encouragés à monopoliser l’espace, à le conquérir, à y bâtir et conserver leur réussite professionnelle.
L’école, une passerelle qu’empruntent plusieurs générations, exclut les femmes des pages de l’histoire. De fines traces apparaissent dans les manuels scolaires pour mieux les occulter, voire les oublier. L’oralité, « moyen d’expression féminine par excellence », est négligée.
La toponomie, qui reflète une reconnaissance symbolique, immortalise les hommes et enterre les femmes. Masculine et coloniale, elle les efface de notre mémoire collective.
Les représentations véhiculées par les médias accordent plus de visibilité et de poids aux hommes. Ce miroir déformé, qui n’est qu’une réplique réflexive de la configuration sociale, renforce l’invisibilité et l’inaudibilité des femmes dans les sphères décisionnelles. Ainsi a été conçu et perpétué un imaginaire difficile à déconstruire.
Aussi, cette somme de facteurs, entre autres, entrave-t-elle les fragiles avancées des droits acquis par les femmes. Et, sans un changement d’imaginaire social, nommer des femmes à des postes de « visibilité » ne permet pas de briser les stéréotypes solidement ancrés dans les mentalités. La loi sur la parité ne bouleverse pas le système d’inégalité dénoncé et ne change pas, non plus, la réalité sociologique. Il ne suffit pas de changer la culture politique, mais les soubassements de pratiques culturelles qui les marginalisent. Il urge, donc, de s’attaquer aux fondements des structures sociales basées sur des privilèges et des curricula masculins.
La rupture prônée par le gouvernement, qui met l’accent sur le bien-être social de tous les Sénégalais, commence par la famille et dans la famille. Les femmes en constituent le socle, le « poteau mitan ». Pour atteindre ce bien-être, elles doivent être au cœur du « Projet ». Leur mise à l’écart est une reconnaissance a minima de leur central rôle communautaire.
Le débat sémantique sur l’appellation du ministère de la Famille à la place du ministère de la Femme ne doit pas s’embourber dans des raccourcis de pensée. Il doit aller au-delà de ce clivage pour apporter des réponses diversifiées et conjuguées aux préoccupations quotidiennes de toutes les femmes comme la sécurité, l’adaptabilité des services publics et du transport en commun, l’accès au foncier et aux crédits, l’encadrement du travail des employées domestiques, la prise en charge par l’État des traitements de fertilité pour les couples en difficulté de procréation, les congés de maternité pour toutes, etc.
La redéfinition des luttes à partir d’un schéma endogène est une priorité pour éviter le piège d’un féminisme médiatique communiquant à tout va, un féminisme sans boussole, ni colonne vertébrale qui emprisonne les femmes.
Le rapport au pouvoir des femmes ne doit pas se résumer en une énumération quantitative de leur présence dans les instances décisionnelles ou se limiter à la parité en termes de représentativité politique. Ces tendances conjoncturelles ont aussi montré leurs limites.
La sous-représentation des femmes, qui régit tous les compartiments de la vie sociale, au-delà d’un sémantisme construit, n’est qu’un continuum. Elle est politique et l’engagement politique en est l’antidote. C’est dans l’arène politique, lieu d’exercice du pouvoir, que les femmes doivent mener le combat pour faire bouger les lignes, s’en approprier comme un lieu de libération malgré le coût social élevé du billet d’entrée, refuser de servir « d’escaliers » aux hommes et assumer leur leadership au lieu d’attendre des substituts de reconnaissance pour se débarrasser de leur « mussoor de verre ».
Fatoumata Bernadette Sonko est Enseignante-chercheure, CESTI-UCAD.
par marame gueye
LES FEMMES DANS LA NATION SÉNÉGALAISE
La décolonialité genrée est habillée de vêtements coloniaux et accessoirisée d'un islam patriarcal, tout en revendiquant une africanité qui n'existe que dans l'imaginaire des hommes désireux de la mettre en œuvre
Le gouvernement du plus jeune président de l'histoire du Sénégal semble déjà incarner une vision rétrograde des femmes.
L'élection de Bassirou Diomaye Diakhar Faye en tant que cinquième président du Sénégal semble avoir rétabli le statut du pays en tant que phare de la démocratie dans la région de l'Afrique de l'Ouest en proie aux coups d'État. Les Sénégalais espèrent que ce nouveau vent de changement apportera un changement de paradigme dans la gouvernance. Toutefois, le faible nombre de femmes au sein du nouveau gouvernement en amène plus d'un à se poser des questions : De quelle démocratie s'agit-il d'ailleurs ?
Le 24 mars, Faye a remporté le premier tour avec 54,28 % des voix. Il est resté en prison jusqu'à dix jours avant les élections, lorsque lui et Ousmane Sonko, le leader populiste de son parti, le PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), ont bénéficié d'une loi d'amnistie de dernière minute de la part du président de l'époque, Macky Sall, qui a tenté de repousser les élections indéfiniment. Le 2 avril, M. Faye a prêté serment lors d'une élégante cérémonie à laquelle ont assisté de nombreux chefs d'État d'Afrique de l'Ouest. À 44 ans, M. Faye est le plus jeune président de l'histoire du Sénégal et, en tant que mandataire d'Ousmane Sonko, qui n'avait pas le droit de se présenter, il n'apporte aucune expérience de la fonction publique à la présidence.
Faye choisit Ousmane Sonko comme Premier ministre, qui, après des jours de suspense, dévoile le premier gouvernement comprenant 30 postes de secrétaires, dont seulement quatre femmes. Le ministère de la femme est supprimé et absorbé dans le nouveau ministère de la famille et des solidarités. De nombreuses personnes, en particulier les défenseurs des droits de la femme, se demandent si la « rupture » ou le changement radical promis par le parti du président Faye pendant la campagne ne signifie pas un mouvement rétrograde qui exclut les femmes des postes de responsabilité et les confine au foyer et à la famille. La sous-représentation des femmes est flagrante dans la première photo de groupe officielle du gouvernement, qui comprenait le président et le Premier ministre. Comme pour souligner leur présence, les femmes portant des vêtements traditionnels aux couleurs claires sont saupoudrées, comme de la poussière de lutin, sur la masse d'hommes vêtus de costumes européens noirs et bleu foncé.
Les féministes et les organisations de la société civile ont publié des déclarations dénonçant le faible nombre de femmes dans le gouvernement nouvellement formé et la suppression du ministère de la Femme. Elles se heurtent néanmoins à la réaction des fidèles du Pastef, qui affirment que les notions de parité et d'équité sont importées et que le choix des membres du gouvernement est fondé sur la compétence, et non sur le sexe. Les Sénégalais attendaient de voir si le président corrigerait ce premier coup porté aux femmes en nommant davantage de femmes à d'autres postes de direction importants dans les semaines à venir. Or, le 24 avril, les nominations de 17 directeurs d'agences nationales ne comprenaient que deux femmes. Jusqu'à présent, plus de 50 nominations ont été faites et seulement huit d'entre elles sont des femmes.
Pour les femmes, qui représentent 49,4 % de la population sénégalaise, ce changement est un retour en arrière, qui bafoue leurs droits acquis au cours d'années de lutte pour l'égalité dans ce pays hétéro-patriarcal à majorité musulmane. Les femmes sénégalaises se sont battues aux côtés des hommes pour maintenir la tradition démocratique du pays. Au cours des deux dernières années du régime de Macky Sall, de nombreuses femmes, en particulier des partisanes du PASTEF, ont été emprisonnées. Pourtant, lors de l'attribution des postes de direction au sein du gouvernement, elles sont négligées sous prétexte que la compétence l'emporte sur le sexe. Comme d'habitude, la compétence n'est invoquée que lorsqu'il s'agit de femmes. Le Sénégal et sa diaspora comptent de nombreuses femmes compétentes, y compris au sein du Pastef, qui auraient pu être mises à contribution pour une meilleure représentation et une plus grande équité. Le gouvernement de Macky Sall comptait huit femmes secrétaires.
Dans ses discours, le président Faye n'a mentionné les femmes qu'une seule fois, lorsqu'il a souligné l'urgence de « l'emploi pour les jeunes et les femmes », deux entités souvent mises dans le même sac, les femmes arrivant toujours en dernier. Le ministère de la femme était l'entité faîtière qui faisait comprendre aux femmes que leurs droits étaient importants et que l'État était déterminé à réduire les inégalités criantes entre les hommes et les femmes au sein de la société sénégalaise. Par l'intermédiaire du ministère de la Femme et de l'enfant, le Sénégal était un acteur de premier plan dans les efforts mondiaux en faveur de l'équité entre les sexes. La suppression de ce ministère ne fera qu'aggraver la situation déjà précaire des femmes au Sénégal. Le ministère du Développement Communautaire, de la Solidarité Nationale et de l'Équité est un autre ministère qui a été supprimé. La suppression du ministère de la Femme et la suppression des mots « femme » et « équité » dans le nouveau ministère de la Famille et de la Solidarité traduit une volonté délibérée de minorer l'importance des droits de la femme et de ne considérer son rôle qu'au sein de la famille. Dans le décret stipulant les dénominations du nouveau ministère de la Famille et de la Solidarité, la définition de la famille semble se réduire aux femmes et aux enfants.
En Afrique, l'État-nation est un modèle colonial dont les avantages ne sont accessibles qu'à quelques-uns et ne donnent pas à la majorité les moyens de se réaliser. Au Sénégal, les femmes sont en dehors de cette communauté imaginée. Elles sont « l'autre » dans le « nous », généralement considéré comme masculin. Les femmes ont des droits constitutionnels, mais elles ne sont pas traitées sur un pied d'égalité. Le féminicide, la violence sexuelle, le mariage des enfants et d'autres discriminations fondées sur le sexe sont monnaie courante dans le pays. Par exemple, le viol était un simple délit jusqu'en 2020, et même après qu'il soit devenu un crime punissable d'un minimum de 10 ans, les juges, qui sont en majorité des hommes, n'appliquent pas la loi dans son intégralité. Le Code de la famille, archaïque et sexiste, hérité de l'administration coloniale française, n'a pas été révisé pour refléter les progrès et les promesses de l'égalité des sexes. Les femmes n'ont toujours pas les pleins droits parentaux sur leurs enfants et ne peuvent voyager avec eux sans l'autorisation du père. La recherche de paternité n'est pas autorisée et les femmes doivent assumer la responsabilité de leurs enfants nés hors mariage si le père refuse de reconnaître la paternité. L'âge du mariage est de 16 ans pour les filles et de 18 ans pour les garçons.
Le Sénégal n'a toujours pas appliqué les conventions internationales relatives à l'égalité des sexes qu'il a signées, comme le protocole de Maputo, qui accorde aux femmes le droit à l'avortement. L'avortement est illégal au Sénégal, même en cas de viol ou d'inceste. Les femmes affichent des taux d'analphabétisme plus élevés en raison des facteurs cités plus haut qui les empêchent d'aller à l'école. Bien que sous Abdoulaye Wade, les femmes aient obtenu une loi sur la parité à l'Assemblée nationale, elles représentent toujours moins de 45 % de cette entité. Cette misogynie de l'État considère les femmes en dehors de l'entreprise démocratique et est au cœur de la subordination croissante des femmes au Sénégal.
Le Pastef a vendu au peuple sénégalais un programme de décolonisation des relations avec l'Occident, en particulier avec la France. Cependant, cette décolonialité est enveloppée de colonialité. La composition du nouveau gouvernement et la dissolution du ministère de la Femme augurent d'une régression des droits des femmes qui semble être une tendance dans la région. C'est le cas en Gambie, où l'islam et la culture sont instrumentalisés pour faire pression en faveur de l'abrogation d'une loi interdisant les mutilations génitales féminines. Au nom de la culture et de la religion, les droits des femmes sont de plus en plus érodés. Cette décolonialité genrée est habillée de vêtements coloniaux et accessoirisée d'un islam patriarcal, tout en revendiquant une africanité qui n'existe que dans l'imaginaire des hommes qui veulent la mettre en œuvre. Les accusations selon lesquelles les notions de parité et d'égalité des sexes sont des importations occidentales ignorent le rôle que les femmes sénégalaises ont joué dans les luttes anticoloniales et la manière dont les femmes africaines ont contribué à la décolonisation des connaissances.
La sous-représentation des femmes au sein du gouvernement et la suppression du ministère de la Femme ne rassurent pas ceux qui craignent que le mandat du président Faye soit un mandat salafiste avec des idées fondamentalistes sur le rôle et la place des femmes, alors que le Sénégal a une constitution laïque et que la cohabitation pacifique entre les musulmans et les chrétiens (principalement les catholiques) fait partie des fondements de sa solide démocratie. M. Faye a rendu visite aux chefs religieux des deux confessions. Il a également annoncé lors du Conseil des ministres du 17 avril qu'il avait créé un bureau des Affaires religieuses au sein de la présidence et qu'il donnerait la priorité à l'emploi de professeurs d'arabe. On ne sait pas si ce bureau des affaires religieuses s'adressera à toutes les religions ; toutefois, le fait de donner la priorité à l'arabe n'est pas un gage d'équité pour toutes les religions et minimise l'importance des langues locales. En outre, la création d'un bureau des affaires religieuses et la suppression du ministère de la Femme donnent le ton de cette présidence et indiquent où se situe la priorité. On peut se demander si les femmes sénégalaises devront bientôt adopter la burqa comme tenue vestimentaire imposée par l'État.
Fii, fàtte xaju fi (il est impossible d’oublier), le Premier ministre Ousmane Sonko a une relation problématique avec les femmes, et son accession au deuxième poste le plus élevé du gouvernement est un coup violent porté aux victimes d'agressions sexuelles. En 2021, il a été accusé de viol par Adji Raby Sarr, une jeune masseuse, allégations qu'il a démenties en accusant le régime de Macky Sall de comploter pour le disqualifier pour les élections de 2024. Cette affaire a plongé le Sénégal dans deux années de crise violente au cours desquelles au moins deux douzaines de personnes ont perdu la vie. Monsieur Sonko a refusé de se soumettre à un test ADN et n'a pas assisté au procès. Son chef d'accusation a finalement été réduit à la corruption de la jeunesse et il a été condamné à deux ans de prison, qu'il n'a jamais purgés. L’on ne peut pas oublier les propos misogynes et aberrants qu’il avait eu à l'égard de son accusatrice, en déclarant : « Si je devais violer, je ne violerais pas quelqu'un qui ressemble à une guenon affligée d'un AVC ».
Après l'élection de Faye, l'accusatrice de Sonko s'est réfugiée en Suisse. Dans une vidéo virale, on voit des loyalistes du Pastef dans le hall d'un hôtel genevois où Sarr aurait séjourné, interrogeant le personnel sur elle. On entend l'un d'eux dire au personnel de l'hôtel que Sarr est responsable de la mort de nombreuses personnes au Sénégal. Sonko, alors député, n'a jamais nié avoir violé un couvre-feu imposé par le Covid pour se rendre dans le salon de massage louche où travaillait Sarr et dont il était un client régulier. Il n'a jamais non plus porté plainte pour diffamation contre Adji Sarr.
Le manque de femmes au sein du gouvernement contraste avec les nombreuses femmes présentes dans la vie privée du président et du Premier ministre. Faye est le premier président de l'histoire du Sénégal à être polygame (il a deux femmes) ; selon la rumeur, le Premier ministre Ousmane Sonko en aurait trois. L'élection de M. Faye place la polygamie au premier plan des débats nationaux et internationaux. Les journaux nationaux et internationaux publient des photos de lui flanqué de ses deux épouses comme la nouvelle image d'un Sénégal en quête d'une africanité imaginée. Le lendemain de l'élection, un journaliste français a contacté la sociologue et féministe sénégalaise Fatou Sow Sarr sur X pour une interview sur la polygamie. La professeure a répondu : « La polygamie, la monogamie et la polyandrie sont des modèles matrimoniaux déterminés par l'histoire et la culture de chaque peuple. Aujourd'hui, ces modèles sont concurrencés par les mariages homosexuels ». Pressé par les critiques, Sow Sarr a ajouté : « Ma pensée profonde est que l'Occident n'a pas le droit légitime de juger nos cultures (africaines)». Sow Sarr a évité de s'engager de manière critique sur la polygamie en se détournant vers ce que Sokhna Sidibe et Amina Grace ont appelé la « panique sexuelle », l'homophobie étant endémique au Sénégal. Les déclarations de Sow Sarr passent sous silence les aspects abusifs de la polygamie et utilisent les cartes de la « culture » et de la « décolonisation » pour justifier la polygamie du président.
Bien entendu, nous ne voudrions pas que l'Occident fasse de la polygamie l'aspect unique de l'élection de Faye. Cependant, il ne s'agit pas de jouer à « vous faites pire que nous, et donc, nous sommes justifiés dans nos pratiques ». Les Africains doivent s'engager les uns avec les autres et ne pas faire de l'Occident leur interlocuteur. Au Sénégal, la polygamie a été corrompue et transformée en une pratique de collecte de femmes. Ce qui est pratiqué au Sénégal est la polygynie parce que les femmes n'ont pas le droit d'avoir plusieurs maris.
En Afrique comme dans l'Islam, la polygamie n'était pas destinée à l'épanouissement sexuel de l'homme. Historiquement, en Afrique, elle permettait aux familles aisées d'avoir plus d'enfants pour disposer de la main-d'œuvre nécessaire à l'agriculture et à d'autres activités. Dans l'islam, la polygamie vise à protéger les veuves et les orphelins démunis. Le prophète Mohamed était monogame jusqu'à la mort de sa première épouse, Khadija. À l'exception d'Ayisha, toutes ses autres épouses étaient des veuves ou des divorcées. En outre, dans l'islam, le verset qui autorise la polygamie avertit que si un homme ne peut pas aimer et traiter ses femmes de manière égale à tous les niveaux, la monogamie est la meilleure solution.
Aujourd'hui, la polygamie est à la mode au Sénégal et représente 35% des mariages contre 17% dans les années 1970. C'est un marqueur de la masculinité patriarcale où les hommes qui ont plus d'une femme sont perçus comme courageux et appelés góor dëgg (de vrais hommes). Guy Marius Sagna, membre de la coalition de Sonko et Faye, qui était jusqu'à récemment chrétien, s'est converti à l'islam et a épousé une deuxième femme, imposant ainsi la polygamie à sa première femme. Il a été félicité pour sa force de caractère. Les hommes épousent des femmes plus jeunes en tant que deuxième, troisième ou quatrième épouse, rassemblant ainsi plusieurs archétypes de femmes. Par exemple, la première épouse du président Faye porte le hijab, a la peau plus foncée et est considérée comme pieuse et humble. En revanche, la seconde épouse porte une perruque, a la peau plus claire et est représentée comme une femme joviale, très présente sur les réseaux sociaux.
La polygamie est répandue dans les zones urbaines où les femmes éduquées préfèrent un mariage polygame parce qu'il leur offre plus de temps et de flexibilité. Elles préfèrent partager leur mari avec d'autres femmes parce qu'elles n'ont pas à s'occuper exclusivement de lui. On peut se demander s'il s'agit là d'un choix naturel, étant donné qu'au Sénégal, le mariage est encore considéré comme l'accomplissement ultime pour une femme et un symbole de respectabilité sociale. Les hommes épousent souvent des femmes plus jeunes, ce qui laisse aux femmes de leur groupe d'âge moins de choix quant à la personne à épouser. En raison des taux de chômage élevés, de nombreux hommes en âge de se marier n'ont pas les moyens d'assumer les responsabilités financières d'un mariage. Les femmes qui sont socialement pressées de se marier se tournent vers des hommes déjà mariés. En outre, en raison du regard de la société et de sa réprobation de l'activité sexuelle féminine en dehors du mariage, de nombreuses femmes contractent des mariages polygames pour valider leur vie sexuelle.
Telle qu'elle est pratiquée au Sénégal, la polygamie est imposée aux femmes à qui l'on fait croire qu'il y a plus de femmes que d'hommes, alors que le récent recensement montre le contraire. On leur dit aussi qu'un homme bon doit être partagé. Les hommes utilisent la polygamie comme une arme pour imposer leur volonté à leurs femmes, menaçant d'en épouser une autre si celle-ci ne répond pas à leurs exigences patriarcales. Bien que les couples puissent choisir entre la monogamie et la polygamie, cette dernière est la solution par défaut s'ils ne parviennent pas à se mettre d'accord. Les hommes utilisent l'excuse qu'ils sont autorisés à épouser plus d'une femme pour justifier leur infidélité, et les femmes sont résignées à l'idée qu'elles finiront par partager leur mari et donc à accepte leur infidélité. Il existe également la pratique du takku suuf (mariage clandestin), dans laquelle les hommes se marient sans publicité ni reconnaissance officielle.
La polygamie est abusive pour les premières épouses, qui sont souvent forcées de prendre une retraite romantique et parfois sexuelle pendant que le mari entame une romance avec la nouvelle épouse. Dans l'une des photos de campagne, la première femme du futur président est montrée en train de le voir n'avoir d'yeux que pour la seconde femme, son ancienne étudiante qu'il a épousée un mois avant d'aller en prison. En cas de conflit dans le mariage, la plupart des hommes choisissent la polygamie plutôt que le divorce, abandonnant émotionnellement et parfois financièrement leur première femme. Pour les manipuler afin qu'elles se résignent à leur abandon émotionnel et romantique, les premières épouses reçoivent le titre d'aawo-yaay (première femme-mère), les reléguant au rôle d'égalisatrice, celle qui doit materner tout le monde, y compris le mari et son nouveau trophée. Sur les photos de l'intronisation, le président et la seconde épouse portent des vêtements européens aux couleurs coordonnées. En revanche, habillée en vêtements traditionnels, la première épouse apparaît comme la figure féminine parentale.
La polygamie monte les femmes les unes contre les autres. Par le biais du concept de defante (compétition), leur travail physique, émotionnel, économique, sexuel et reproductif est exploité dans un jeu hypocrite d'attrape-nigauds qui ne profite qu'au mari et à sa famille. Les coépouses utilisent la notion de jonge pour se surpasser les unes les autres afin de satisfaire le mari et de contraindre sa famille à avoir ce dernier de leur côté. L'opinion populaire du pays reproche à la seconde épouse de Faye d'être présente sur les médias sociaux et d'en faire trop lorsqu'elle a plié le genou, signe de respect et de dévotion, pour féliciter le président nouvellement élu. La première épouse est dépeinte comme ayant de la classe et transmet un sentiment d'ancrage et de sérénité.
Selon le récent rapport de l'Agence nationale des statistiques et de la démographie, la polygamie appauvrit les familles. Il indique que 46,49 % des familles polygames vivent dans la pauvreté, contre 36,3 % des familles monogames. En outre, les femmes dépensent beaucoup d'argent et de temps dans des guerres surnaturelles avec l'aide de charlatans. Elles se font du mal physiquement et émotionnellement, et leurs enfants sont également victimes de ces conflits. Il est intéressant de noter qu'au moment où la polygamie de Faye faisait l'objet d'une couverture médiatique, l'histoire tragique d'un éleveur de 25 ans qui avait tué sa deuxième femme, âgée de 16 ans, et brûlé son corps, faisait également la une des journaux. Même ceux qui n'en ont pas les moyens pratiquent désormais la polygamie. Le fait d'avoir un polygame à la tête de l'État institutionnalisera cette pratique.
Marame Gueye est féministe, Professeure titulaire en littérature africaine et sa diaspora à East Carolina Université.
PAR LAYSSA MBAYE
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S’ASSUMER AU LIEU DE SE RECRÉER
La tendance actuelle voudrait qu’on parle un peu de ces hommes qui poussent les femmes à douter d’elles mêmes à recourir à la chirurgie ou à la depigmentation histoire de se refaire une image à vous plaire et s’autodetruire
La beauté est une notion relative et complexe. Relative parce qu’elle dépend des yeux qui la contemplent, complexe parce qu’elle n’est pas que physique au delà de tout standard.
S’il y a une vérité incontestable et incontestée, c’est que le naturel reste la marque de l’authenticité et la beauté commencerait par s’assumer naturellement et s’assumer c’est autant se valoriser.
La valeur c’est la confiance en soi, et la base c'est de croire déjà qu’on a quelque chose à faire valoir.
Cette chose, c’est un potentiel que chacun possède.
Souvent ce potentiel, on ne l’ignore pas, on manque d’assurance ou d’audace en plus d'être bloqué par un complexe que la société a inséré dans nos mentalités, le pourquoi on a tendance à croire que pour être beau(belle), il faut se recréer un autre ”SOI”.
”Un SOI ” plus clair, avec de grosses fesses, de gros seins, une belle taille, ’’UN SOI EN MIEUX, UN SOI DE RÊVE’’.
C’est alors que la depigmentation devient un ’’ideal pour se refaire’’, le recours à la chirurgie, aux produits chimiques, disons les trois tendances phares de notre société actuelle, qui blessent et tuent; des victimes qui sont majoritairement des femmes.
Par ailleurs la peur de ce qui fait défaut chez soi, fait tout perdre. Nul n’est parfait et la beauté n’est pas que physique. Il y a de la beauté même dans la laideur. Ce serait de la folie pour certains de l’entendre mais c’est la pure vérité. On peut être laid selon les standards de la beauté physique mais que votre voix, votre gentillesse, votre démarche, votre folie, votre joie de vivre, vos cheveux, votre douceur, votre tolérance, votre intelligence, votre résilience, votre prestance ou votre élégance fassent votre beauté.
Quoi que la beauté n’est pas que physique, à soi de voir ce qui fait son charme, le mettre en avant, le propulser pour ensuite l’imposer à la société, le sommet est touché.
Le plus important aussi c’est la capacité à transformer son défaut en atout majeur puis se montrer fier parce que c’est Dieu qui crée, IL a créé les hommes, les uns différents des autres.Sur ce il n’y a aucun complexe à avoir sur ce qui ne nous revient pas. Il faut s’accepter, s’assumer et c'est une règle générale pour tous, les hommes autant que les femmes.
Cet article vise exclusivement les femmes qui ne s’acceptent pas et trébuchent dans le doute de soi. Mais aussi ces hommes ’’avides de beauté ’’qui réclament toujours plus à pousser à cette orientation.
La tendance actuelle voudrait qu’on parle un peu de ces hommes qui poussent les femmes à douter d’elles mêmes à recourir à la chirurgie ou à la depigmentation histoire de se refaire une image à vous plaire et s’autodetruire. Il y en a de toutes les couleurs, les tailles, les formes. Faites votre choix, c’est votre droit mais ne poussez pas vos femmes, nos femmes à ressembler à ce qu’elles ne sont pas ou à diaboliser ce qu’elles sont déjà.
Les répercussions ont un coût cher et sont fatales.
Par conséquent chacun est libre de faire ce qu’il sent du moment qu’il s’y plait et y est à l’aise. Personne n’a le droit de juger qui que ce soit, chacun possède ses raisons, les unes différentes des autres.
D’aucuns se sentent mieux en se recréant pour leurs propres plaisirs peu importe le risque pourvu que leur corps réponde au souhaitde leur esprit, ils en ont le droit et c’est à leurs risques et périls, c’est leur choix à respecter.
D’autres sont influencés se sentant marginalisés, ceux là sont à sensibiliser, protéger et à aider à reprendre confiance en eux...
Comme personne ne pourrait juger ceux là qui ont recours à une chirurgie esthetique médicale( excès de graisse pouvant affecté sa santé)entre autres pour des questions nécessitant une intervention chirurgicale.
De l’autre côté, derrière ces lignes se tient une femme avec un gros nez épaté purement Africain, taille moyenne, pas de gros seins,une belle forme, narcissique et qui se croit plus belle que toutes autres femmes. Je m’assume!
C’est en ça que je crois. Parce que je crois en moi et vous appelle à en faire autant.
En fin de compte, ce qu’il faut retenir c’est que le naturel se démarque et se remarque toujours du superficiel et que dans toutes choses rester naturel au plus, porte plus de charme.
Qu'une personne doit s’assumer comme elle est, mettre en avant son potentiel, parce que chacun en possède.Mais c'est un travail en soi et dans cette société et son fonctionnement difficile de décomplexer les mentalités. Sauf qu'il faut oser et s’imposer, le résultat sera un succès et une réussite en soi d’avoir oser dire ”j’existe et vous allez m’accepter comme je suis je ne vous demande pas votre avis!”
Vivement un pas vers ce changement.
La polygamie telle que pratiquée au Sénégal est une violence faites aux femmes et aux enfants. Elle déstabilise la famille et baisse leur qualité de vie surtout celle de la première femme, seul l’homme en tire profit. - ENTRETIEN AVEC AWA SECK
Awa Seck se revendique féministe radicale et s'oppose farouchement à la polygamie, une pratique encore répandue au Sénégal. Dans cet entretien avec Seneweb, elle dénonce les dérives de cette tradition et milite pour une réforme du Code de la Famille au nom de l'égalité entre les hommes et les femmes. Ses propos fustigent un système patriarcal injuste et appellent à une prise de conscience collective.
La polygamie, une pratique combattue autrefois par les féministes est en vogue au Sénégal. On voit de plus en plus, la nouvelle génération particulièrement les jeunes femmes instruites accepter les ménages polygames. Quelle lecture avez-vous par rapport à cette situation ?
La polygamie est la possibilité pour un homme, faire le choix, d’épouser plusieurs femmes si les conditions sont réunies, ce qui rare, pour ne pas dire impossible car aucun homme ne peut les remplir. À la base, la polygamie est annoncée seulement dans la sourate 4, An-Nisa au verset 3 qui parle des orphelins.
“ Il vous est permis d'épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de n'être pas justes avec celles-ci, alors une seule... Cela, afin de ne pas faire d'injustice (ou afin de ne pas aggraver votre charge de famille) c’est pour vous le moyen d'être aussi équitables que possible »
En islam, il est donc permis à l’homme d’épouser deux, trois ou quatre sous certaines conditions qu’il est bon de rappeler : concerter sa femme ; des revenus suffisants pour entretenir ses foyers ; les capacités physiques pour satisfaire sexuellement toutes les femmes; la maturité émotionnelle pour assurer l’équilibre des foyers; il n’est pas permis d’habiter avec ses épouses dans une seule maison sauf si elles sont d’accord ; l’équité
Aucun homme sénégalais ne les respecte !
Effectivement quand on parle de féminisme et de polygamie, les féministes ont toujours combattu et dénoncé l’horreur que vivent les femmes dans ces foyers.
On doit citer Mariama Bâ, féministe, qui dénonce l’horrible condition de la femme dans le mariage polygame et la place qui lui est réservée - ou pas - dans notre société.
Dans son célèbre son œuvre « Une si longue lettre » étudiée dans toutes les universités du monde, elle décrit si bien cette pratique contraire aux principes de l’islam : équité – égalité – justice.
Pionnière du féminisme décolonial au Sénégal, la génération des femmes nées dans les années 1920 comme nos mamans et grands-mères Awa Thiam, Caroline Faye, Marie Angélique Savané pour ne pas les citer a farouchement dénoncé et combattu la polygamie au Sénégal qui est une injustice et une violence.
Il est primordial de noter que ce n’était pas seulement les féministes qui s’opposaient à la polygamie telle que vécue par les femmes mais aussi nos aïeules qui l’acceptaient par contrainte (mariage forcé ou arrangé).
La nouvelle génération de femme, elle, choisit ce statut avec une autre forme de contrainte sociale (stigmatisation du célibat).
Malheureusement la polygamie est devenue une mode au Sénégal. En effet dans une société contemporaine où le mariage est vu comme une fin en soi pour les femmes et un choix pour les hommes, la polygamie est une option pour les femmes qui veulent coûte que coûte se marier pour répondre aux attentes de la société qui leur assène « taaru jigeen seuy » (la beauté de la femme réside dans le mariage). Peu importe ce qu’accomplit une femme : elle ne représente rien sans le mariage.
L’homme sénégalais qui est un éternel attentiste pour qui on doit tout faire devient une charge pour les femmes. Alors certaines choisissent plutôt un mariage polygame que le célibat. Elles partagent la charge que représente le mari. En réalité, les femmes utilisent, pour les plus aisées financièrement, les hommes contrairement à ce qu’ils peuvent penser.
En tant que féministe, est-ce que vous n'avez pas failli dans votre lutte contre la polygamie, si on voit aujourd'hui qu'elle est à la mode?
Pas du tout ! La lutte féministe est la lutte pour l’égalité homme-femme, de permettre à chaque femme d’être instruite pour éviter les mariages forcés, travailler pour s’assurer une liberté financière, choisir dans quel type de ménage vivre. Nous l’avons réussi parce que comme vous dites les femmes la choisissent même si la polygamie en soi est une discrimination envers la femme et ils n’y gagneront jamais.
Les femmes sénégalaises affirment partout qu’elles préfèrent être deuxième ou même troisième que d’être la première. C’est un choix motivé par des raisons bien tristes parce qu’en islam le mariage est le lieu où doivent s’épanouir deux êtres pour construire un bel avenir ensemble, un projet commun.
Vu que beaucoup d’hommes en monogamie sont infidèles, et qu’en polygamie la plupart abandonne la première femme soit totalement, émotionnellement ou sexuellement, les femmes modernes veulent être deuxième ou troisième pour ne pas faire les sacrifices faites par la première épouse.
La première femme bâtit les bases du couple et souvent galère, sacrifie études et carrières pour le mari au début du mariage. Mais dès que ce dernier a une position financière assez stable, il prend une autre femme qui elle, ne connaitra que l’aisance et les paillettes.
En revanche il est dommage de voir toutes ces femmes éduquées qui n’ont pas besoin d’être financièrement entretenues par un mari qui à cause de la pression sociale, choisir la polygamie.
La polygamie telle que pratiquée au Sénégal est une violence faites aux femmes et aux enfants. Elle déstabilise la famille et baisse leur qualité de vie surtout celle de la première femme, seul l’homme en tire profit.
Nous luttons contre les violences faites aux femmes tant que l’homme sénégalais ne respectera pas le seul verset qu’il connaît par cœur tout en ignorant ses devoirs d’époux, de père, les féministes continueront à lutter contre la polygamie.
Personnellement, vous êtes pour ou contre la polygamie ?
Je suis contre la polygamie qui est un choix sous condition et non une obligation. Si en islam l’homme peut épouser jusqu’à quatre femmes, il me donne aussi le droit de refuser la polygamie. L’islam est juste, il a libéré la femme et la vie du Prophète (PSL), seul modèle pour l’homme musulman est un exemple. Je considère qu’aucun homme ne vaut la peine qu’on se batte pour lui et rivaliser entre femmes. Je mérite mieux et plus. Je considère mon mari comme mon égal devant Dieu et en tant que tel j’ai le droit de refuser. Goru jeukeunte laniu wax, je suis jigenu jeukeunte
Au delà je trouve la polygamie malsaine, elle cause l’éclatement de la famille, l’épuisement émotionnel. L’imam Chaf’i et d’autres ont dit que la monogamie est meilleure, car elle est plus proche pour l’homme de l’équité. Être équitable est une chose très difficile pour l’homme et donc prendre plusieurs femmes est une porte dangereuse pour lui et sa famille.
Certains maris finissent par devenir agressifs et violents à l’endroit de certaines épouses et de leurs enfants (souvent la première), la dernière, étant la favorite-chouchoutée (ne dit-on pas niarel xaritu jeukeureum ?).
Tous les enfants issus de ménages polygames ont vu leurs vies déstabilisées, leurs mamans changer et pas en bien, la rivalité s’installer même si on veut nous faire croire le contraire.
Serigne Cheikh Al Makhtoum, mon guide spirituel rappelait lors de sa conférence du Mawlid 2007 que « polygamie ada la du dine. Yallah couple la créer ». Dieu a créé le couple partout dans le Livre Saint quand Il parle de nous Il précise : le couple.
La polygamie est une sunna destinée à créer un cadre pour les orphelins et certaines femmes. Les hommes sénégalais s’abritent derrière des justifications religieuses, en évoquant le seul verset du coran et le seul qu’ils connaissent bien, le seul qu’ils ne respectent pas et s’en réclament pour légitimer la façon dont ils traitent les femmes et les enfants sans en avoir les capacités. C’est une violation flagrante de la loi islamique !
Qu'est ce qui fait selon vous que la nouvelle génération précisément les femmes instruites acceptent de jouer le second rôle dans les foyers?
Le patriarcat a su manipuler la polygamie pour la normaliser. D’abord on nous disait qu’il y avait plus d’hommes que de femmes, alors que le dernier recensement a montré le contraire. Il a su faire porter aux femmes le combat en leur faisant croire que le mariage est nécessaire et que les hommes ne se marient plus à cause de la pénurie de mâles et qu’elles doivent accepter la polygamie. Notons que dans son dernier rapport qui date de 2023, L’ANSD (Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie) précise que 45% des mariages polygames sont plus pauvres que ceux monogames.
En réalité la polygamie empêche les jeunes hommes en âge de se marier d’épouser les femmes de leur génération, ils n’ont pas accès à ces femmes qui cherchent des hommes déjà établis, stables financièrement qui sont souvent plus âgés.
Les femmes en âge de se marier ne sont pas nombreuses, les hommes marient de très jeunes femmes et filles qui doivent encore rester à l’école qui plus tard deviendront une force économique. Malheureusement elles se retrouvent dans un foyer en train de faire la concurrence entre femmes.
Les hommes les manipulent pour tirer le meilleur de chacune.
D’un autre côté la polygamie facilite aux femmes veuves et divorcées de se marier parce qu’au Sénégal un homme divorcé avec des enfants peut épouser une fille jamais mariée mais une femme divorcée avec enfants ne doit pas. Pour ces dernières, c'est le seul moyen de refaire une vie de couple.
Le prophète Mohamed, PSL, est resté monogame pendant 25 ans et tous ses mariages qui ont suivi étaient tactiques, des alliances matrimoniales, raffermir les liens entre communautés rivales, royaumes. Aîsha a été la seule femme jamais mariée d’où la Sunna.
La pression sur les femmes vient de tous bords.
Polygamie avant et aujourd’hui ? Y a-t-il une révolution ou un changement de mentalité selon vous ?
Il n’y a aucune révolution à être dans un mariage polygame, cependant les femmes, en la subissant essaient de la rendre plus supportable grâce à leur indépendance financière. Le mari n’étant là que pour satisfaire leurs besoins sexuels, ce dernier a souvent montré sa préférence pour la nouvelle. D’ailleurs la awo est dite awo yaay. Elle n’est plus vue comme amante, partenaire sexuelle mais une mère pour son mari, et une sœur pour sa coépouse, pratique contraire à l’islam.
Pour un homme qui craint Dieu la pratique de la polygamie va devenir particulièrement difficile de nos jours pour des raisons économiques.
Avant elle était un avantage sociopolitique. Elle représente un apport économique, car la femme, par son travail, contribue à l'entretien du ménage. Dans la plupart des ménages polygames chaque femme prend en charge son foyer.
Une épouse peut parfois individuellement bénéficier, par son travail ou l’aide de sa parenté, de conditions de vie supérieures à celles d’autres noyaux du ménage.
En milieu rural, la première épouse allait jusqu’à proposer une seconde épouse à son mari pour alléger les charges du foyer.
Les femmes s’investissent au quotidien dans les travaux des champs pour subvenir aux charges de leur ménage. Le partage des tâches domestiques entre les coépouses est nécessaire et recherché par les femmes.
La polygamie permet à l’homme de faire proliférer sa descendance pour avoir une main-d’œuvre plus importante et d’espérer une prise en charge par ses enfants durant la vieillesse. Cela n’est plus possible aujourd’hui.
L’homme entretenu par ses femmes à la vieillesse prenait une jeune épouse qui a souvent l’âge de ses enfants pour s’occuper de lui. On les appelle les gardes malades car souvent elle se retrouvait jeune veuve. La jalousie y est très violente, les femmes exerçant des violences jusqu'au crimes sur les coépouses ou leurs enfants. Tous les jours ce genre de faits divers sont exposés. Cela fait légion dans ma région plus particulièrement à Touba. La redistribution inégale des ressources en est la cause, la femme qui a la chance d’avoir un travail ou l’aide de sa famille a de meilleures conditions de vie, les enfants de la coépouse sont témoins de tout cela.
La polygamie se maintient, la faiblesse des ressources financières ne constitue pas en soi un handicap pour les hommes à devenir polygame jusqu’à dire « duma tak cas social ». Les hommes sont plus matérialistes que les femmes. Ils cherchent une femme pour les entretenir parce qu’il est impossible d’avoir un travail, payer l’éducation des enfants qui est privée et subvenir aux besoins matériels de toutes les femmes.
Chez nous, la norme islamique est souvent bafouée par les hommes et avec légèreté.
Les hommes polygames peinent à satisfaire les besoins affectifs, matériels de leurs épousent et de leurs enfants ce qui va les affecter. D’ailleurs la polygamie est interdite à un homme qui n’a pas les moyens. Quel homme sénégalais le respecte ?
Votre position par rapport à la commission onusienne qui recommande l'interdiction de la polygamie parce qu'elle considère que cette pratique est une discrimination vis à vis des femmes ?
Je suis tout à fait d’accord, ce n’est pas contre l’islam qui n’a pas inventé la polygamie. Tout ce qu’il a fait, c’est d’y mettre des restrictions. La commission fait des recommandations en matière de droits de l’homme comme pour d’autres faits sociaux qui menacent l’équilibre familial, social et les droits des femmes libre aux États soucieux du bien-être de ses citoyen.nes de les mettre en place.
L’islam a posé des conditions pour la pratique de la polygamie qui est un choix si ces conditions ne sont pas respectées, il est interdit à l’homme de la pratiquer. Chaque pays peut la restreindre ou faire plus c’est à dire interdire carrément la polygamie.
C’est le cas de La Tunisie, pays musulman, son code des statuts personnels de 1957 interdit strictement la polygamie.
Il est interdit de contracter un second mariage avant la dissolution du premier. La majorité légale est à 20 ans, au Sénégal les filles sont discriminées 16 ans et 18 ans pour les garçons. A cet âge leur seule préoccupation devrait être les études et briser le cycle de la pauvreté.
Nous attendons vivement la réforme du code de la famille promise par le nouveau gouvernement sur l’âge légal du mariage et les droits des femmes.
La polygamie est considérée comme une discrimination par l’ONU, la commission des droits humains ainsi que par le comite pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. Les Etats font bien des efforts sur la gouvernance, la démocratie pour recevoir des financements, ils peuvent le faire pour les droits des femmes, alors pour la polygamie, c’est possible et nécessaire.
Nous pouvons faire comme le Maroc qui ne l’a pas interdit mais le législateur marocain a instauré un système de contraintes pour contrôler la polygamie, limiter ses effets néfastes sur la société. Une enquête est menée. Son Code de la famille soumet la polygamie à l’obtention d’une autorisation. Il interdit la polygamie si l’injustice entre les deux épouses est à craindre ou si la première épouse a exprimé son refus dans l’acte de mariage.
Il dépend également des ressources financières du mari, de sa capacité à subvenir aux besoins de deux familles et de fournir un logement équitable aux deux épouses.
La capacité financière du mari à gérer un second foyer. La femme peut exiger la clause polygamique.
Il y a quatre écoles en islam hanafite, malékite, shafi’’ite et hanbalite et chacune d’elle a une position différente et valable. Dans le code sénégalais de la famille la femme peut par une clause de monogamie, exiger que son mari n’épouse pas d’autres femmes. Chez les malékites la clause monogamique ce n’est pas obligatoire mais recommandée.
La polygamie est un choix reconnu à l’homme qui a aujourd’hui des effets négatifs sur la société. Le pouvoir économique de l’homme pose d’épineux problèmes socio-économiques.
Les effets pervers de cette pratique sur la structure familiale amène l’ONU à dire que c’est une discrimination comme la Tunisie et le Maroc, le Sénégal devra le restreindre. Ce sera difficile vu que le nouveau gouvernement est un gouvernement de polygames.
Afin de poser les jalons un Conseil national pour la réforme du Code de la famille doit être mis en place pour discuter de toutes les discriminations légales et légalisées que subissent les femmes, les filles et les enfants sénégalais.
Awa Thiam a été la première à parler de la polygamie comme oppression. Dans son œuvre " La parole aux negresses publiée en 1972 elle dit " la polygamie est un fléau difficile à combattre...son maintien ou son abolition sera le fait des femmes. La foi en ces dernières à la possibilité de son enrayement, doublée d'un combat acharné et continu contre cette pratique oppressive pour elles, les amèneraient à une victoire."
Vous savez maintenant pourquoi les hommes sénégalais craignent d'avoir des femmes leaders !
LES FEMMES DEMANDENT LA RATIFICATION DE LA CONVENTION 590
Les femmes syndicalistes réunies à Saly dans le cadre d’un séminaire sur le renforcement de capacités sur le dialogue social dans les entreprises, ont exigé du gouvernement la ratification de la convention 590 sur le harcèlement au travail.
Les femmes syndicalistes réunies à Saly dans le cadre d’un séminaire sur le renforcement de capacités sur le dialogue social dans les entreprises, ont exigé du gouvernement la ratification de la convention 590 sur le harcèlement au travail.
Le ministre du Travail a ouvert, à Saly, le lundi 6 mai, un séminaire destiné aux femmes responsables de syndicats de travail autour du programme de renforcement du dialogue social. Une occasion pour elles de rappeler la nécessité de ratifier la Convention sur le harcèlement au travail. «En tant que femmes, nous avons nos revendications qui nous sont spécifiques et que personne d’autre ne peut porter. Certes la 590 qui porte sur la violence et le harcèlement au travail concerne les hommes tout comme les femmes. Mais nous les femmes sommes les plus victimes. C’est pourquoi nous demandons sa ratification», a dit Mme Boye Yayou Khady Dia Samba, secrétaire général du Comité national des femmes. «Le Sénégal qui se distingue de par le respect des normes a adopté la Convention mais ne l’a pas encore ratifiée. Sa ratification permettra de réajuster notre arsenal juridique et d’amoindrir le harcèlement dont nous souffrons tous les jours», ajoute Mme Boye.
«Cet atelier de renforcement de capacités sur les méthodes et techniques en dialogue social et négociation collective pour les femmes des centrales de travail est une opportunité pour partager les outils nécessaires à la pratique du dialogue social», a déclaré le ministre du Travail, de l’emploi et des relations avec les institutions, Yankhoba Diémé. A l’en croire, «le dialogue social est devenu incontournable pour la gestion de l’entreprise et l’anticipation des conflits». Le ministre a loué «le rôle des femmes dans la quête quotidienne de la stabilité dans le monde du travail». Il a également rappelé «les orientations de l’Organisation internationale du travail dont l’un des objectifs est le renforcement des piliers pour un travail décent, cadrant avec les priorités de notre pays engagé pour la refondation du dialogue social, l’instauration d’un climat social apaisé favorisant la productivité de l’entreprise».
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NAFI GUEYE, LA REINE-MÈRE DE DES APATRIDES
Tout être humain devrait être inscrit à l’état civil et obtenir toute les pièces administratives qui actent son existence. Mais force est de constater qu’au Sénégal des millions de personnes n’ont pas cette existences légale.
Coach en entrepreneuriat et consultante indépendante, Nafi Gueye est la fondatrice de l’Association J’Existe. Une jeune association qui se dédie à la régularisation des personnes non déclarées à la naissance pour diverses raisons et qui n’ont pas, de ce fait, d’actes d’État civil.
Avec son équipe, Nafi travaille à identifier ces personnes et surtout les enfants concernés. J’Existe enclenche le processus pour que ces documents précieux leur soient établis par l’Administration.
Interrogée à Abidjan en mars dernier, en marge d’un atelier de formation sur la mobilisation des ressources et la durabilité organisationnelle offert par Open Society Africa, la jeune entrepreneure explique face à la camera d’AfricaGlobe Tv en quoi consiste le travail de son association et pourquoi il est pertinent que chaque tout être humain soit muni de tous ses actes d’État civil.
Suivez son entretien sur AfricaGlobe Tv.
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APPEL AU GRAND SURSAUT
Penda Mbow aspire à une renaissance du Sénégal sur tous les plans. De la jeunesse en quête de sens à la place des femmes trop reléguées, rien n'échappe à son analyse visant à libérer tous les potentiels du pays
Dans une intervention incisive lors de l'émission "Grand Oral" sur Rewmi TV samedi 4 mai 2024, l'intellectuelle et activiste de renom Penda Mbow a lancé un vibrant appel au changement.
Avec sa verve habituelle, Mbow a dénoncé la sclérose du mouvement syndical, exhortant à un profond renouvellement des têtes et une refondation des structures. "Il faut reconstruire ce mouvement", a-t-elle martelé, déplorant le manque d'alternance réelle au sommet depuis des décennies. Dans la même veine, l'intellectuelle a appelé à la renaissance d'un leadership politique et intellectuel fort.
Penda Mbow a également insisté sur l'impératif de repenser le rôle de l'État et de redistribuer les pouvoirs trop concentrés. Selon elle, la "forte concentration entre les mains d'un seul individu" a trop duré, appelant à des réformes institutionnelles d'envergure. La justice, qu'elle juge « à terre », doit aussi être revigorée en toute urgence.
Femme de conviction, Mbow a réitéré son plaidoyer pour une réelle émancipation féminine, dénonçant les pesanteurs socioculturelles qui maintiennent les Sénégalaises à l'écart des sphères décisionnelles. "On écarte toujours les femmes quand elles ont une autonomie de pensée", a-t-elle regretté, exhortant le nouveau pouvoir à placer l'égalité des sexes au cœur de son agenda.
L'ancienne ministre n'a pas plus manqué de souligner le potentiel gigantesque de la diaspora sénégalaise, trop longtemps négligée selon elle. "Le moment est venu pour la diaspora d'être une force de mobilisation, de transferts de technologies et de ressources financières", a plaidé Mbow, citant l'exemple inspirant de l'Inde.
Enfin, s'appuyant sur l'héritage démocratique, intellectuel et diplomatique du Sénégal, Penda Mbow a exhorté le pays à assumer un leadership affirmé en Afrique et sur la scène internationale. "Nous devons tirer le meilleur de cette alternance et prendre le leadership pour l'Afrique et le reste du monde", a-t-elle lancé avec une conviction inébranlable.
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LES FEMMES RÉCLAMENT LEUR PLACE
Un nouveau collectif de femmes s'est formé pour réclamer davantage de place dans la prise de décision politique. Réunies à Dakar, elles ont lancé leur manifeste dénonçant leur sous-représentation au sein du gouvernement
(SenePlus) - Un collectif de femmes s'est réuni samedi 4 mai 2024 à Dakar pour lancer officiellement le "Cadre de concertation citoyen pour le respect et la préservation des droits des femmes et des filles", un nouveau mouvement féministe qui demande une meilleure prise en compte des femmes dans la gouvernance au Sénégal, selon un reportage de la radio RFI.
Réunies dans l'auditorium de la place du Souvenir africain, plusieurs dizaines de femmes vêtues d'orange et de blanc ont écouté avec attention la lecture du manifeste du mouvement par Arame Gueye. Dans ce manifeste, le collectif déplore notamment la faible représentation des femmes dans le nouveau gouvernement annoncé le 5 mars dernier, qui ne compte que 4 ministres sur 30.
"Cette sous-représentation est inquiétante et ne garantit pas la préservation des acquis en matière de droits des femmes", a affirmé Arame Gueye, pointant du doigt la suppression récente du ministère chargé de la condition féminine. Le mouvement demande au président Bassirou Diomaye Faye de garantir une "représentation équitable des femmes dans toutes les instances de gouvernance et de prise de décision".
Parmi les militantes présentes, Aminata Diallo, adjointe au maire d'une commune de Dakar et présidente du Réseau des femmes élues locales, s'est dit "déçue" de constater que seules deux femmes figurent parmi les 10 dernières nominations à la tête d'agences et sociétés publiques. "Nous avons les mêmes diplômes que les hommes, pourquoi cette discrimination ?", s'est-elle insurgée.
Les militantes espèrent pouvoir rencontrer prochainement le Premier ministre Ousmane Sonko ou le Diomaye Faye pour leur présenter leurs revendications de représentation égale.
50% DES FEMMES VICTIMES DE VBG EN MILIEU PROFESSIONNEL
Le rapport met en évidence que, dans le milieu professionnel, les femmes sont confrontées à diverses formes de violence, notamment psychologique (35,5%), économique (27,5%), physique (9,7%), et sexuelle (6,5%).
Cinquante pour cent (50%) des femmes travailleuses sont victimes de violences basées sur le genre (VBG) dans le milieu professionnel, au Sénégal, a révélé, samedi, la coordonnatrice du Projet d’appui à la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (PASNEEG 2), Awa Nguer Fall.
‘’Selon une étude, 50% des femmes sont victimes de violences basées sur le genre dans leur milieu professionnel et 80% des auteurs sont des hommes’’ a-t-elle souligné.
Mme Fall s’exprimait au cours d’un panel organisé, à Dakar, en partenariat avec les femmes du Mouvement national des femmes de la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal (CSA).
Selon la coordonnatrice du PASNEEG 2, le partenariat avec les femmes de la CSA vise à conscientiser les femmes travailleuses afin qu’elles connaissent davantage leurs droits dans leur lieu de travail.
‘’Cette rencontre a pour objectif de sensibiliser les femmes pour qu’elles deviennent des piliers de la lutte contre les violences basées sur le genre en milieu professionnel’’, a-t-elle dit.
S’appuyant sur une étude du Groupe d’études et de recherches genre et sociétés (GESTES) de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, elle a indiqué que ces violences que subissent les femmes sont d’ordre psychologique, économique, physique et sexuel.
Le rapport souligne qu’‘’en milieu professionnel, les formes de violences subies [par les femmes] sont d’ordre psychologique (35,5%), économique (27,5%), physique (9,7%) et sexuel (6,5%)’’.
Venue participer au panel, la directrice de la Famille et de la protection des couches vulnérables, Rokhaya Diakhaté, rappelé les dispositifs mis en place par l’État du Sénégal pour lutter contre les VBG.
‘’En plus des projets et programmes de lutte contre les violences basées sur le genre, notamment le Plan d’action national de lutte contre les violences basées sur le genre, la Stratégie nationale pour l’abandon des mutilations génitales féminines, entre autres, le ministère de la Famille et des Solidarités a lancé un la plateforme ‘’Wallu Allo 116, qui vise à offrir des services d’écoute et d’orientation aux femmes et jeunes victimes de violences basées sur le genre’’, a-t-elle fait savoir.