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26 novembre 2024
Femmes
ANTA BABACAR NGOM, LA SURPRISE DU CHEF
PDG d'un important groupe privé, elle a réussi, grâce à sa ténacité sur le terrain, là où d'autres ont échoué : l'obtention des parrainages nécessaires. Portrait d'une femme qui force le destin
Personne ne l’a vue venir. Tel un ovni (objet volant non identifié), Anta Babacar Ngor, 36 ans, est apparue dans le champ politique quand personne ou presque ne l’attendait.
Peu d’observateurs auraient d’ailleurs parié, ne serait-ce qu’un kopek, sur cette ‘’fille de’’, bombardée PDG de Sedima, une entreprise familiale prospère évoluant dans l’aviculture, la production d’aliment de volaille, etc.
Des signes avant-coureurs devaient pourtant les alerter. Car, Anta Babacar Ngom a franchi avec brio l’immense obstacle de l’obtention de parrains. Un exploit, au moment où des cadors de la vie politique sénégalaise ont été, soit tout bonnement recalés, soit appelés à compléter leur liste trop courte de parrains.
Et comme le dit l’adage, qui veut aller loin ménage sa monture. La présidente du mouvement Alternative pour une relève citoyenne (ARC) l’a visiblement bien assimilé en investissant, dès les premières heures, le terrain, à la quête de parrains à sa candidature. A la surprise générale, elle réussit à les obtenir du premier coup.
Au vu des péripéties qui ont jalonné cette étape, rien que la validation par le Conseil constitutionnel de sa liste de parrains constitue une prouesse. Mais que ce fut dur ! Il a fallu pour Anta Babacar Ngom respirer l’odeur des grenades lacrymogènes tout le long de ses tournées dans des localités du pays.
Cet apprentissage de la politique à la sénégalaise aux allures de bizutage montre que, pour elle, le jeu en vaut la chandelle. Et il semble qu’elle n’a encore rien vu. C’était juste le teaser, pourrait-on dire pour emprunter un jargon cinématographique.
Connaissant le paysage politique sénégalais et la période électorale, très souvent émaillés de tensions, le film proprement dit, la campagne électorale, se caractérise par son agitation.
Provocations tous azimuts, attaques de convois, bagarres généralisées, tout ce qui caractérise la violence politique y passe, mais, pour Anta Babacar Ngom, l’engagement en politique obéit à des principes.
‘’Mon engagement portera sur l’éducation et la formation professionnelle pour relever une nouvelle génération de leaders qui sera apte à relever les défis futurs’’, disait-elle, en août dernier, lors du lancement de son mouvement.
Elle avait ajouté vouloir ‘’faire renaître l’espoir chez les jeunes et les populations sénégalaises en général’’.
Après avoir franchi l’obstacle des parrainages, une première pour une femme dans l’histoire politique du Sénégal, voici donc Anta Babacar Ngom, définitivement qualifiée pour la présidentielle du 24 mars. Sans parti politique, sans carrière dans l’administration, elle devra lutter pied à pied pour se faire une place dans un univers dominé par les hommes. Dans un pays où, de surcroît, les relents patriarcaux ont la peau dure.
Femme leader
Cela ne semble pas ébranler outre mesure cette femme leader, PDG du holding familial, Sedima, employant près de 800 salariés et riche d’un chiffre d’affaires de 42 milliards de francs CFA.
Son père Babacar, lui a mis le pied à l’étrier en 2016, alors qu’elle n’avait que 30 ans, à son retour du Canada et de la France, où elle a été formée.
Créée en 1976, l’entreprise Sedima est active dans l’aviculture, l’aliment de volaille, mais également dans l’immobilier et la boulangerie.
Présent au Mali et au Congo-Brazzaville, le groupe gère depuis 2018 la franchise KFC au Sénégal.
Si cette expérience managériale dans le privé ne suffit pas, Anta Babacar Ngom, qui a fait partie de l’équipe de campagne de Macky Sall en 2012, pourra miser sur le jeunisme et la photogénie. Des atouts certes pas décisifs, mais non-négligeables à l’ère des élections 2.0. Feu Djibo Ka, Abdoulaye Bathily ont, en leur temps, joué sur l’un, l’autre ou les deux registres.
Le premier était d’ailleurs appelé par le doux sobriquet de ‘’Peul bu rafèt’’ (Le Peul élégant, en wolof). Quant au second, les militants de son parti, la LD/MPT, n’hésitaient pas à chauffer ses meetings, chantant en chœur : ‘’Il est beau, il est jeune’’.
Aujourd’hui, avec l’apport des médias sociaux, Anta Babacar Ngom peut rajouter à ces atouts, sa présence remarquée sur les réseaux sociaux.
D’ailleurs, sur une de ses vidéos publiées sur TikTok, on la voit vêtue d’un jeans et d’un polo, marchant, puis pressant, cheveux au vent, avant de sauter dans sa rutilante voiture, le tout en images au ralenti. Une communication à l’ère du numérique qui renvoie à la campagne à l’américaine.
A ceux qui lui collent l’étiquette du ‘’Macky-compatible’’, elle dit : ‘’C’est en unissant nos forces que nous pourrons défendre efficacement les principes de notre démocratie et garantir le respect des règles électorales’’.
De chef d’entreprise à président de la République, la marche est on ne peu plus haute.
Certains en Afrique et ailleurs, Marc Ravalomanana à Madagascar, Patrice Talon au Bénin, feu Silvio Berlusconi en Italie, ont réussi à la franchir. Pourquoi pas Anta Babacar Ngom, au Sénégal ?
MAME PENDA DIOUF, LA GARDIENNE DES PLANTES
On la prendrait pour une réincarnation de Wangari Maathai. Le militantisme politique en moins, Mama Africa (ou Mère de l’Afrique), Mame Penda Diouf à l’état-civil, a tout de la défunte écologiste et biologiste kényane, surnommée la ”femme des plantes”...
On la prendrait pour une réincarnation de Wangari Maathai. Le militantisme politique en moins, Mama Africa (ou Mère de l’Afrique), Mame Penda Diouf à l’état-civil, a tout de la défunte écologiste et biologiste kényane, surnommée la ”femme des plantes”, prix Nobel de la paix pour sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix.
Mame Penda Diouf partage avec Wangari Maathai le dynamisme, l’amour immodéré pour l’agriculture et du micro-jardinage bio, bref le militantisme écologique.
Comme Obélix, tombé dans la marmite de potion magique lorsqu’il était petit, Mame Penda Diouf déclare être née dans l’agriculture.
“Vous savez, chez nous les Sérères, on commence à aller aux champs enfant, porté sur le dos par nos mamans”, se remémore-t-elle.
Bien qu’elle ait chopé la passion pour l’agriculture dès sa plus jeune enfance, elle ne s’est intéressée au micro-jardinage que quand sa route a croisé celle de Ngouda Bâ. Ce dernier passe pour être le père de cette pratique agricole, qu’il a introduite au Sénégal à la fin des années 1990, à son retour d’Haïti.
“J’ai commencé cette activité en 1999 au côté de feu Ngouda Bâ, ancien directeur de l’horticulture, qui m’a formée”, confie-t-elle, reconnaissante. Depuis, elle n’a plus jamais quitté cet univers. Le pourrait-elle ? Il est permis d’en douter.
Comme un poisson dans les deux petits espaces de pisciculture qu’elle a aménagés sur son site de micro-jardinage, sis au rond-point Liberté VI, elle ne vit que de cette activité. Elle est même devenue une formatrice attitrée et reconnue à travers le monde.
“De 1999 à nos jours, j’ai formé plus de 1 000 bénéficiaires, la plupart membres de groupements de femmes, mais également des jeunes. J’ai également fait bénéficier de mon savoir-faire à des femmes en Côte d’Ivoire, au Mali, en Ouganda, etc.”
Forte de cette expérience, elle a été invitée, en 2008, en Italie, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, célébrée le 16 octobre de chaque année, sous l’égide de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Auparavant, en 2006, son projet de micro-jardinage urbain a bénéficié d’un appui, dans le cadre d’un jumelage entre la ville italienne de Milan, et la capitale sénégalaise, Dakar. Dans le cadre de cette association interurbaine, dix-neuf communes de la région de Dakar développeront plus tard des activités de maraîchage urbain sur dix sites d’expérimentation.
Fascination du directeur de la FAO
Deux ans plus tard, “entre 2008 et 2009”, elle reçoit sur son site la visite de Jacques Diouf, son compatriote qui a dirigé la FAO de 1994 à 2011. “Il était émerveillé par mon travail”, se rappelle Mame Penda Diouf, non sans fierté. Elle ajoute : “Il a demandé à Khalifa Sall, à l’époque maire de Dakar, de nous aménager cet espace au niveau du rond-point Liberté VI, qui deviendra la première vitrine nationale de micro-jardinage en milieu urbain.”
L’espace était un dépotoir d’ordures qu’elle a complètement transformé. “J’en ai fait aujourd’hui un centre de formation, de démonstration et de reproduction de graines”, dit la formatrice en micro-jardinage, qui a fait bénéficier de son expertise à des groupements de femmes, “à l’image de celles installées en face de l’hôpital Nabil Choucair”, au quartier Patte d’oie de Dakar.
Avec les travaux de voirie sur le tracé du BRT – Bus Rapid Transit -, les lieux ont quelque peu perdu de leur superbe. Faute de clôture, les feuilles des plantes ont épousé la couleur de la poussière. Pis, des tenanciers d’étals de marchands jouxtant les lieux et des passants en ont fait leur pissoir de fortune.
Mais c’était sans compter avec l’intransigeance de la maîtresse des lieux. Par deux fois, en cette journée ensoleillée, elle en a surpris certains qui sans doute ne s’y prendraient plus. Car, lasse de les empêcher verbalement de souiller le jardin, Mame Penda Diouf, coiffée de son chapeau de paille, n’hésite pas à utiliser la manière forte. Elle avance par surprise, une demi-bouteille d’eau puisée dans le bassin servant à l’élevage d’alevins, à la main, et leur verse le contenu.
“Mame Penda Diouf n’est pas du genre à se laisser faire”, témoigne Emilie Barboza, son bras droit avec qui elle travaille depuis le début. “Elle est comme une grande sœur, une maman même, pour moi. Nous nous entendons très bien, malgré nos tempéraments différents”, dit cette septuagénaire flegmatique.
“La folle amoureuse des plantes”
En fait, Mame Penda Diouf est une amoureuse éperdue des plantes. “On m’appelait la folle des plantes”, sourit-elle. Un surnom que lui ont collé des partenaires italiens après qu’elle a réussi à faire pousser pour la première fois des pommiers au Sénégal.
A l’époque, le président Abdoulaye Wade n’en revenait pas, quand il a vu les pommes exposées lors d’une foire à Dakar.
L’ancien chef de l’Etat avait donné des instructions fermes pour qu’elle soit accompagnée. Mais, “je n’ai rien vu”, se lamente-t-elle. Elle rappelle qu’il y a quelques années, l’actuel président de la République, Macky Sall, qui était son parrain lors d’un concours portant sur le micro-jardinage qu’elle avait gagné, n’a toujours pas fait un geste pour elle.
Pas prophétesse chez elle, Mame Fatou Diouf n’en est pas moins reconnue par des associations étrangères, notamment chinoise, française, italienne. Sur un portfolio aux pages défraichies, elle montre fièrement les photos des prix qu’elles lui ont attribué.
Grâce à son savoir-faire – elle est également préparatrice en pharmacie -, elle a créé des sirops médicinaux à base de laurier, d’Aloe Vera, de curcuma, de mélisse ou citronnelle, de doliprane (l’arbre servant à fabriquer la molécule de paracétamol), etc. Des plantes qu’elle fait pousser sur son site.
“Nous cultivons ici plusieurs variétés de légumes et de fruits censés ne pas pousser dans des pays sahéliens”, explique-t-elle, montrant du doigt un pommier et un poirier.
Aujourd’hui, depuis toujours plutôt, le rêve que nourrit Mame Fatou Diouf est d’inciter les gens à produire ce qu’ils consomment ; s’il en reste, le mettre sur le marché. Elle a même façonné en ce sens un slogan qu’elle aime fièrement partager avec ses visiteurs : “Un toit – un micro-jardin. La faim vaincue, la pauvreté éradiquée”.
En d’autres termes, elle encourage tout le monde à s’adonner à l’activité de maraîchage domestique. Une excellente solution, sa solution, à la lutte contre la faim et la pauvreté. De là à changer son surnom de Mama Africa en Mère des plantes, il y a un pas qu’on est vite tenté de franchir.
LE PROCASEF ENVISAGE DE LEUR ATTRIBUER 30% DE TITRES D’AFFECTATION DE TERRES DANS LES 138 COMMUNES CIBLES
Le taux d’accès aux titres d’affectation de ces dernières n’est que de 4% sur un objectif de 30% équivalant à 158 000 titres d’affectations sur les 530 000 que le PROCASEF s’est fixé d’atteindre dans 138 communes.
Les responsables du Projet Cadastre et Sécurisation Foncière (PROCASEF) étaient à Saint-Louis où ils ont partagé avec les élus locaux et autorités administratives sur les stratégies d’accès des femmes à un foncier sécurisé. Le taux d’accès aux titres d’affectation de ces dernières n’est que de 4% sur un objectif de 30% équivalant à 158 000 titres d’affectations sur les 530 000 que le PROCASEF s’est fixé d’atteindre dans 138 communes.
Le Centre du Riz pour l’Afrique (AfricaRice) a abrité le weekend dernier un atelier de deux jours initié par le Projet Cadastre et Sécurisation Foncière (PROCASEF). Ses responsables veulent affecter 30% de l’objectif de 530 mille titres d’affectation des terres agricoles aux femmes. Malheureusement, ces dernières ne bénéficient actuellement que de 4% de ces titres. Annonce faite par Mme Fatoumata Doumbouya Daffé, responsable sauvegarde sociale et genre du PROCASEF. « L’objectif du PROCASEF est d’arriver à atteindre 530 000 titres d’affectation de terres au niveau national. 30% de cet objectif doivent revenir aux femmes, soit environ 150 000 titres d’affectation », a-t-elle indiqué.
La rencontre qui les a réunis portait sur le thème : « Stratégie d’accès des femmes productrices à un foncier sécurisé ». Sur les 138 communes ciblées par le PROCASEF, 37 se trouvent dans la zone de la Vallée du Fleuve Sénégal (SaintLouis, Louga et Matam). Ce faible taux s’expliquerait par l’ignorance des femmes. D’où la volonté du PROCASEF de sensibiliser les femmes afin qu’elles puissent disposer d’un titre d’affectation sur les terres agricoles. Elle a également annoncé qu’un nouveau décret facilitera l’identification des parcelles des femmes avec l’enregistrement systématique des titres. Toutefois, Mme Fatoumata Doubouya Daffé a tenu à rappeler la vulnérabilité des femmes qui n’ont pas souvent les moyens de faire face aux coûts nécessaires pour accéder aux titres d’affectation de terres.
Pour sa part, le maire de la commune de Bandégne située dans la région de Louga, Assane Seck, qui a porté la parole de l’Union des Maires des 138 communes cibles du projet, a signalé que « beaucoup d’études ont été menées pour faciliter l’accès des femmes à un foncier sécurisé ». Il a soutenu que le PROCASEF est arrivé à point nommé et sera une solution aux problèmes auxquels les communes cibles sont depuis longtemps confrontées.
VIDEO
PENDA MBOW, L'ÉRUDITE SÉNÉGALAISE QUI BOUSCULE LES STÉRÉOTYPES
Universitaire brillante, l'ancienne ministre de la Culture a bâti sa réputation en explorant des territoires longtemps délaissés : le Moyen-Âge musulman et la condition féminine dans l'islam médiéval. Ses travaux rigoureux font autorité
Son parcours défie les conventions. Penda Mbow, professeure d'histoire émérite, n'a eu de cesse de bousculer les idées reçues sur la place des femmes et la culture africaine. Spécialiste du Moyen Âge musulman et occidental, cette pionnière sénégalaise a consacré sa vie à réhabiliter l'héritage riche et trop souvent minimisé de l'Afrique.
Dès son plus jeune âge, Penda Mbow s'est révoltée contre le prisme déformant de l'histoire enseignée, essentiellement occidentalo-centrée. Étudiante studieuse, elle décroche très vite des responsabilités au sein du ministère de la Culture. Loin de se cantonner à la théorie, elle s'engage dans la société civile via le Mouvement citoyen pour porter la voix des sans-voix.
Ses travaux de recherche, d'une rigueur académique applaudie, remettent en cause les stéréotypes tenaces sur la prétendue infériorité de la civilisation africaine. Sa thèse pionnière sur la condition féminine dans l'islam médiéval, d'abord polémique, finit par convaincre de son bien-fondé.
Ministre de la Culture en 2001, Penda Mbow ne ménage pas ses efforts pour revaloriser le rôle des femmes et la culture africaine, à contre-courant des discours dominants. Ses nombreuses distinctions internationales, dont le Prix Jean-Paul II pour la Paix, couronnent ses réalisations.
LES «JIGUENN PASTEF» ONT RENDU HOMMAGE A LEURS SŒURS DETENUES ET VIOLENTEES
Les femmes du mouvement «Jiguenn Pastef», qui organisaient hier une cérémonie «Sargal les détenus politiques», ont fait focus sur leurs objectifs. La crise politique actuelle semble leur montrer la voie.
Les femmes du mouvement «Jiguenn Pastef», qui organisaient hier une cérémonie «Sargal les détenus politiques», ont fait focus sur leurs objectifs. La crise politique actuelle semble leur montrer la voie. Elles parlent de leviers sur lesquels s’appuyer en tant que femmes pour rebondir.
Un évènement exceptionnel découlant d’une situation de crise inattendue a réuni, hier, les femmes du mouvement «Jiguèn Pastef». Ces braves dames, plus que jamais debout sur leurs... talons, ont parlé et fait vibrer les cœurs. Comme dans le roman «Le rouge et le Noir» de Stendhal! Les mots qu’elles ont choisis étaient lourds de sens, leurs discours forts captivants et émouvants. Toutes vêtues de blanc avec des foulards ou écharpes rouges, elles sont venues en masse à cette cérémonie. Un habillement aux couleurs «rouge et blanc» qui symbolise à la fois, selon elles, la pureté de leur âme et le sang versé au cours des manifestations politiques. Elles ont essayé de faire sortir la douleur de leurs cœurs, refusant d’oublier l’atrocité avec la loi d’amnistie votée mercredi dernier à l’Assemblée nationale. La plupart de ces femmes ont été emprisonnées, violentées ou brutalisées. C’est le cas de la journaliste Thioro Makhou Mandela. Alors qu’elle portait une grossesse de sept mois, elle s’est retrouvée en prison. Face à ses sœurs, elle est revenue sur les conditions presque inhumaines de sa détention. Un séjour qui a été un obstacle à sa vie de femme de média. Cependant malgré sa peine et les rigueurs de la prison, elle a su tout surmonter pour rester debout avec des convictions chevillées au corps. Elle et toutes les autres femmes dudit mouvement pleurent surtout la disparition de leurs camarades. Il s’agit de Mariama Sagna, partie dans des conditions tragiques, la linguère Marième Mbaye, Mme Cissokho de Guédiawaye, Mounass bou Sonko parmi tant d’autres... Cette année, pour les braves amazones du parti Pastef, point de folklore. En lieu et place de la chanson son «Jiguenne gnééko yor» de l’artiste Fatou Guéwél Diouf, qui ouvrait chaque année la cérémonie, une minute de silence a été observée en hommage à leurs sœurs de parti disparues. Une innovation dictée par la situation actuelle du pays. L’ambiance était triste malgré la présence massive de femmes à la rencontre. Elles ont tenu des discours responsables, mâtures et radicaux. Les « Jigeenu Pastef » ont voulu, à travers cet évènement, commémorer «Talatay Nder». Nder, un village de Linguères de la riche province du Walo où les femmes, pour échapper aux envahisseurs maures qui les auraient réduites en esclaves, avaient préféré s’immoler par le feu, affirmant ainsi leur liberté et dignité. « Le symbole est ainsi tout trouvé», selon la présidente du mouvement «Jiguèn Pastef», la mairesse de la Patte d’Oie, Maïmouna Dièye. Elle aussi a failli perdre une jambe durant cette page sombre de notre histoire que constituent les événements de mars 2021 et juin 2023. Comme bon nombre de militants du parti de l’opposant Ousmane Sonko, cette élue aussi a fait la prison avec d’autres femmes d’une bravoure inégalée à l’image de l’environnementaliste Yacine Diagne qui raconte avoir piqué 15 crises d’asthme en deux semaines pendant son séjour en prison.
Ces «jiguènn Pastef» ont choisi de se faire entendre, la veille de la journée du 8 mars, en organisant une journée «Sargal les détenues politiques». «Le 08 mars, marquant la célébration au plan international des droits des femmes, est une date de référence pour promouvoir nos droits. Nous avons choisi cette date doublement symbolique pour mener une série d’activités découlant d’une grande stratégie de mobilisation des femmes du Sénégal de tous bords dans ce contexte que nous connaissons. Au nom du mouvement Jiguénn Pastef, les femmes de la coalition Diomaye président, nous avons voulu magnifier l’élan de dépassement et de solidarité qui nous a animées en tant que femmes malgré la diversité de nos appartenances politiques», a déclaré leur présidente Mme Maïmouna Dièye selon qui ces femmes savent se retrouver autour de l’essentiel. Elle a surtout rendu un hommage appuyé et très ému à l’ensemble des femmes de leur mouvement. De braves femmes qui ont toujours exigé la libération des détenus politiques à l’image de Mère Amy Dia qui a enfin été libérée et se trouve désormais sous contrôle judiciaire. Elle a aussi tenu à féliciter tous les Sénégalais ainsi que le Conseil Constitutionnel, ce dernier pour «sa posture historique de défense de la Constitution et des valeurs démocratiques». La mairesse de la Patte d’Oie, Maïmouna Dièye, a vanté les mérites de Mbène Faye, vice-coordonnatrice de «Jiguèenn Pastef», Mmes Fatou Blondin Diop et Aïda Mbodj, des députées Daba Wadiane et Marième Soda Ndiaye, Yolande Camara, Fatima Mbengue, Mme Aminata Touré dite Mimi, Mme le maire de Golf Sud Khadija Mahécor Diouf, entres autres «jiguèn Jambaar»...
Ces femmes ne veulent plus entendre parler de « femmes objets». Elles restent focus sur leurs objectifs. «Une fois la crise constatée, nous devons parler des leviers sur lesquels nous appuyer pour rebondir. Au-delà des constations et dénonciations, il y a des étapes essentielles dans le processus de réconciliation. Nous devons donc réfléchir sur les voies et moyens de manière durable pour un développement inclusif», a indiqué la présidente des « Jigeenu Pastef », Mme Maïmouna Dièye, devant les panélistes. Chacune d’entre ces femmes a abordé le sujet en proposant des pistes sur lesquelles elles pourront s’appuyer pour construire la résilience et repositionner la Femme dans notre pays.
LE SECRET D’UNE SOCIETE HEUREUSE RESIDE DANS L’EPANOUISSEMENT DES FEMMES
En ce 8 mars destiné à mettre en avant les femmes de médias, Bés bi donne la parole à Oumy Régina Sambou, journaliste active dans la préservation des droits des femmes
En ce 8 mars destiné à mettre en avant les femmes de médias, Bés bi donne la parole à Oumy Régina Sambou, journaliste active dans la préservation des droits des femmes. Elle revient entre autres sur la récurrence des agressions visant les femmes de médias et la nécessité de sensibiliser les forces de l’ordre et de porter plainte en cas d’abus. Aussi, elle donne des conseils à ses consœurs et raconte une anecdote sur la fois où elle a été accusée et virée d’une salle d’audience pour une histoire de drague qui a mal tourné.
Quelle est votre réaction face à la violence exercée récemment contre des femmes journalistes ?
Une grande déception ! La preuve qu’on est aussi dans une société de plus en plus violente contre tous ses membres. On croyait qu’être une femme met à l’abri de certains abus. Ce n’est absolument pas le cas. Ces dernières années, on a assisté à l’agression de plusieurs femmes de médias qui sont des professionnelles aguerries. Elles ont été formées sur la question de la sécurité des femmes sur le terrain. L’Association des femmes de médias dont je suis la chargée de communication en a fait son cheval de bataille. Nous avons organisé plusieurs sessions sur cette question, nous avons eu aussi des rencontres afin de transmettre certains «Soft skills» aux femmes sur le terrain. Malgré tout cela, nous constatons et déplorons ces attaques récurrentes et nous indexons nos forces de sécurité. Pour nous, autant il est important de former les professionnels de l’information, autant il est important de former les forces de sécurité qui ne doivent pas être dans une logique de défiance vis-à-vis de la presse. La presse n’est là ni pour les forces de sécurité ni pour les manifestants surtout en cas de manifestations non autorisées. C’est son devoir de rendre compte de ce qui se passe sur le terrain. Ces forces de sécurité sont très corrects vis-à-vis des médias occidentaux, elles devraient encore faire preuve de plus de correction avec leurs médias locaux ne serait-ce que par patriotisme.
Au-delà de votre profession de journaliste, vous êtes aussi active dans la défense des femmes. En quoi consiste ce combat ?
Ce combat consiste à faire entendre la voix des femmes, leur point de vue. Faire en sorte que les femmes jouent leur rôle dans le développement de notre société, que les femmes soient considérées à leur juste valeur, qu’elles puissent avoir accès au minimum syndical et assurer leur autonomie pour le bien-être de la famille. Le secret d’une société heureuse réside dans l’épanouissement des femmes.
Qu’est ce qui est à l’origine de cet engagement ?
Défendre les femmes est tout à fait naturel chez moi. J’ai grandi entouré par des femmes qui se soutenaient. Ma mère a toujours bénéficié du soutien de ses sœurs, de sa maman, et quand l’une d’entre elles devait se battre, toutes les autres étaient là. J’ai été entourée de femmes battantes sur tous les plans qui gèrent plusieurs fronts en même temps et en menant leurs combats, elles tendent la main et soutiennent d’autres femmes à travers les Gie, les tontines et autres. En grandissant, on prend conscience de ce microcosme féminin qui nous entoure et une fois sortie de notre bulle, on prend conscience à quel point on est privilégiée. Et personnellement, tout ce à quoi j’ai accès, je veux que ça soit le cas pour toutes les femmes.
Au cours de votre carrière, avez-vous, vous-même, été la cible de violences, menaces ou de l’irrespect ?
Bien sûr. C’est d’une banalité. On s’y habitue finalement. Parfois on pique des colères noires, d’autres fois on respire et on avance parce que l’information n’attend pas. C’est pour une histoire de drague qui a mal tourné qu’on m’a accusée et virée de la salle d’audience numéro 4 lors d’un grand procès. Je ne me suis pas laissée faire. J’ai traité les gendarmes de tous les noms d’oiseaux avant de partir. Les gendarmes m’ont dit : «c’est pas grave, je reviens le lendemain…» C’est ce qui m’a fait arrêter les chroniques judiciaires par mesure de prudence. Très vite, on vous accuse d’outrage alors que c’est eux qui attaquent parce que très souvent, forts de la tenue, ils croient qu’ils peuvent se permettre tous les excès.
Comparé aux premières générations de journalistes, est-ce qu’il y a une avancée ou un recul de la condition des femmes journalistes ?
Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de femmes dans les rédactions. C’est une avancée. La seule que je vois d’ailleurs. Les premières générations de journalistes, quand je les entendais parler, c’étaient des journalistes POINT. Pas de journalistes femmes qu’il faut traiter comme un verre parce que fragile. Elles allaient sur le terrain, se battaient et s’imposaient autant que les hommes. Aujourd’hui, très souvent, les hommes dans les rédactions veulent être dans des postures de «kilifeu (de décision)» et s’imposent aux femmes. Ce qu’aucune femme ne devrait accepter. Pour cela, il faut se départir de son éducation traditionnelle et savoir qu’on est journaliste.
Quelles mesures doivent être prises dans les rédactions pour aider les femmes journalistes à s’épanouir dans ce métier ?
Je ne pense pas qu’il y ait des mesures à prendre pour aider les femmes journalistes à s’épanouir. Ce serait renforcer les biais sur les contraintes qu’imposent le fait d’être une femme et journaliste. Elles ont droit à des congés de maternité, des heures d’allaitement… Leur statut de femmes ne devrait pas les limiter. Elles doivent elles-mêmes s’imposer, ne rien attendre. Elles peuvent tout prendre, quitte à l’arracher. Elles sont brillantes mais très bien éduquées pour être dans certains types de rivalité sur le plan professionnel. Ce qui est dommage. Chaque femme journaliste doit être ambitieuse, prendre une ancienne journaliste comme repère et se dire : ‘’je vais faire plus et mieux qu’elle’’, et naturellement elles s’imposeront dans les rédactions.
Comment mieux protéger les journalistes sur le terrain ?
Pour mieux protéger les journalistes sur le terrain, il faut mieux sensibiliser les forces de l’ordre, porter plainte aussi en cas de bavures. La corporation doit s’organiser afin de mener ces combats. Certes, il vaut mieux un mauvais arrangement qu’un bon procès mais il faut qu’on apprenne à aller jusqu’au bout afin de nous faire respecter, régler les bavures à l’amiable, que la victime retire sa plainte a montré ses limites. Il faut durcir le ton et passer à la vitesse supérieure.
En quoi l’intuition et la sensibilité féminine sont importantes dans la pratique du journalisme ?
Un bon journaliste doit avoir du flair, une belle plume, une certaine sensibilité… Être une femme nous avantage-t-elle ? Je n’en ai aucune idée. Je ne sais pas si ma sensibilité féminine a un quelconque impact sur ma pratique du journalisme. Je travaille dur pour avancer professionnellement et c’est ce que je conseille à mes consœurs. Travailler plus et surtout être dans une logique de perpétuelles formations, utiliser toutes les sources de savoirs afin de faire un travail de qualité.
L’EFFICACITÉ DANS LA DISCRÉTION ET L’HUMILITÉ
Gynécologue-obstétricienne discrète, Dr Youhanidou Wane Dia est la première femme à avoir mené une opération au front en Casamance. Aujourd'hui, elle conduit l'hôpital militaire de Ouakam vers l'excellence médicale
La grande muette leur ayant ouvert officiellement ses portes, à tous les niveaux, il y a environ deux décennies, des femmes se distinguent de plus en plus dans l’Armée. Dans le domaine de la santé où elles étaient admises bien avant, elles abattent un travail considérable et sont au front dans toutes les spécialisations. En ce 08 mars consacré Journée internationale de la Femme, nos regards se sont tournés vers une femme dont la prouesse est chantée par la population, après la réussite de la première transplantation rénale au Sénégal : le médecin-colonel Dr Youhanidou Wane Dia.
L’hôpital militaire de Ouakam a dirigé de main de maître la première transplantation rénale au Sénégal. Et cela a été possible grâce à la détermination d’une femme directrice d’hôpital qui s’est donné les moyens pour y arriver. Avec l’appui de médecins turcs et une équipe d’experts sénégalais, elle a coordonné les opérations et en est sortie avec tous les honneurs. Et cette prouesse l’a fait découvrir au grand public. Cette dame n’est autre que Dr Youhanidou Wane Dia, un médecin-colonel d’une discrétion inouïe.
Femme militaire, elle est gynécologue-obstétricien de profession. Depuis son arrivée à la tête de cette structure sanitaire militaire de Ouakam (trois ans), elle travaille pour rehausser le niveau d’appréciation. Aujourd’hui, sa structure sanitaire est réputée être l’une des meilleures du pays, avec un plateau technique de pointe. L’hôpital militaire de Ouakam peut se permettre, aujourd’hui, de diriger les plus grandes opérations chirurgicales comme celles qu’il a abrité à savoir la transplantation.
Humble dans sa démarche, sa logique et son esprit, le médecin-colonel, se prononçant après le succès de la première expérience de transplantation rénale au Sénégal, a rendu honneurs à ses pairs. Dr Youhanidou Wane Dia précise d’abord que c’est le fruit d’un travail d’équipe qui a réuni des urologues, des néphrologues, des biologistes, des psychologues. «Je puis vous assurer qu’aujourd’hui le Sénégal peut transplanter tout seul. Cela a nécessité beaucoup d’équipements, avec des tests de compatibilité surtout. Nous pouvons nous vanter d’avoir cette plateforme qui n’existe pas dans la sous-région. Les 2 premiers malades qui ont eu la transplantation sont montés dans leur chambre, 2 sœurs sont en salle de réveil», a dit Dr Youhanidou Wane Dia.
A l’écoute de ses pensionnaires, ce médecin répond toujours à l’appel sur les urgences signalées, pour une meilleure prise en charge des malades. Au sein de sa structure, elle est apprécié tant par son personnel que les patients qui fréquentent ce lieu. «Je l’ai côtoyée pendant des années. Elle ne se fait jamais passer pour la cheffe. Elle est à l’étude des médecins et privilégie toujours le travail d’équipe pendant les interventions d’urgence», a soutenu un de ces collègues dans l’Armée. Et de poursuivre : «elle est une femme très discrète. Quand, il y a des rencontres, elle préfère déléguer des gens pour la représenter»
Femme de défis, elle aime les relever partout. Dans les opérations de l’Armée, elle est allée au front en Casamance. Selon ses pairs, «jeune médecin-militaire, elle est envoyée au front dans la gestion de la rébellion, en 1997, avec les événements meurtriers de Mandina Mancagne, dans le Sud du pays, faisant d’elle l’une des premières femmes militaires à avoir vécu sur le terrain cette tragédie».
Fille de Amadou Tidiane Wane, ancien maire de Kanel, elle est aussi une femme modèle dans son foyer et son époux ne tarit pas d’éloges pour elle. «Audelà du fait qu’elle fait preuve d’une conscience professionnelle aveugle, c’est aussi une femme très attachée à la religion. D’ailleurs, chaque jour, c’est de façon implacable qu’elle me réveille à l’aube en m’invitant à m’acquitter de la prière de Fadjr. Et après la séance de prière, pendant que je m’empresse de replonger dans mon sommeil, elle ne se donne pas de temps à perdre. Elle se prépare vite et prend la route de l’hôpital. C’est son boulot qui la préoccupe», témoigne son époux, Elhadj Dia cité par des médias.
DERRIERE LE MIRAGE DE LA PEAU CLAIRE, LES DANGERS CAMOUFLÉS
De l'idéal de beauté à la quête du teint clair, les injections dépigmentantes envahissent les marchés d'Afrique de l'Ouest. Enquête sur un business florissant mais peu réglementé
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 07/03/2024
De nombreuses femmes en Afrique de l'Ouest ont recours à des injections pour éclaircir leur teint de peau, malgré les risques sanitaires importants liés à ces pratiques, selon un reportage de l'Agence France-Presse (AFP).
En Côte d'Ivoire, une femme du nom d'Anita (prénom modifié) s'est faite injecter à trois reprises sur un marché d'Abidjan "sans savoir ce que le liquide contenait", dans l'espoir de voir sa peau devenir plus claire. Elle a dû attendre dix jours sans résultat, se sentant "clairement arnaquée".
Son histoire illustre un phénomène répandu dans la région, sous l'influence d'un idéal de beauté privilégiant les teints clairs. "Un problème de santé publique mondial demandant une attention urgente", selon les termes employés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en novembre dernier.
Si des crèmes dépigmentantes circulent depuis longtemps, de nouveaux produits "injectables" dans les veines se sont répandus ces dernières années sur les étals, notamment auprès des jeunes femmes attirées par leur prétendu effet "plus rapide" et "uniforme", explique Marcellin Doh, président d'un collectif luttant contre la dépigmentation en Côte d'Ivoire.
Or, ces injections présentent des risques sanitaires importants qui n'ont pas été suffisamment documentés jusqu'à présent, alertent quatre dermatologues interrogés par l'AFP en Côte d'Ivoire et au Cameroun. Leurs effets secondaires supposés, comme les corticoïdes qu'ils pourraient contenir, peuvent entraîner diabète, hypertension, et même des troubles rénaux selon Grace Nkoro, dermatologue à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé au Cameroun.
Dans son cabinet, elle a reçu plusieurs patientes ayant développé de tels problèmes après s'être injecté des produits achetés sur internet. Des consultations similaires ont également lieu à Abidjan selon Sarah Kourouma, dermatologue au CHU de Treichville, qui décrit des "femmes jeunes, instruites" présentant aujourd'hui "des pathologies de la peau comme l'acné, des affections laissant des cicatrices".
Au-delà des risques pour la santé, ces produits alimentent souvent des réseaux d'escroquerie. L'AFP a fait analyser en France un échantillon acheté en Côte d'Ivoire, étiqueté "Glutax 7000000 GM" et censé contenir du glutathion. Or le laboratoire parisien n'a détecté aucune trace de cette molécule.
Cet exemple illustre les arnaques répandues autour de ces produits dont la composition reste opaque, vendus à couvert sur les marchés ou sur des sites internet fournissant de fausses adresses en Italie ou aux Philippines. Même dans ce dernier pays, le produit "Glutax" a été épinglé par l'autorité sanitaire locale qui souligne son "danger potentiel".
Malgré les interdictions et les risques avérés, ces injections "blanchissantes" restent très demandées en Afrique comme en Asie du Sud-Est, répondant à des standards esthétiques "hérités de la période coloniale", explique la chercheuse Shingirai Mtero. L'OMS estime que le blanchiment de la peau touche encore jusqu'à trois-quarts de la population nigériane.
NDIORO NDIAYE DÉCRYPTE LA PERSISTANCE DU PATRIARCAT DANS LA SOCIÉTÉ SÉNÉGALAISE
L’ancienne ministre du Développement social estime que la plupart des discriminations à l’égard des femmes, notamment en matière d’accès à la terre et d’autorité parentale résultent de la survivance de la domination masculine ancrée dans les traditions
L’ancienne ministre du Développement social, Pr Ndioro Ndiaye, a estimé, mercredi, que la plupart des discriminations à l’égard des femmes en matière notamment d’accès à la terre et d’autorité parentale résultent de la survivance du patriarcat.
”C’est le patriarcat. C’est notre éducation, notre civilisation et je pense qu’il ne faut pas en avoir honte, il faut l’assumer. C’est le patriarcat qui explique pourquoi les filles sont désavantagées à cause de leur physique (…)”, a indiqué Pr Ndiaye, invitée de la rédaction de l’APS, en prélude de la célébration de la Journée internationale de la femme.
Quoique des femmes aient fait leur preuve au sein des forces de défense et de sécurité, cette situation subsiste, a déploré Pr Ndioro Ndiaye, ancienne cheffe du département d’odontologie et de stomatologie à la faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar
”Lorsqu’on fait l’évaluation des forces armées, il y a des femmes fortes qui sont reconnues comme telles par leurs collègues hommes”, fait-elle observer.
Elle estime que la plupart des discriminations relèvent d’un problème ‘’culturel’’. ‘’Ce sont les résidus du patriarcat’’, a-t-elle soutenu.
L’ancienne ministre considère le féminisme actuel comme étant ou tendant à devenir “moins violent”. ‘”Je le dis encore parce que le féminisme actuel tend ou est moins violent. Et c’est ce qui me plait chez ces jeunes filles : elles ne traitent pas la lutte contre les violences faites aux femmes comme nous on le faisait’’, a-t-elle analysé.
Au début du combat féministe, ”c’était beaucoup plus violent”, a-t-elle relevé. Elle explique que ‘’c’était notre début avec la remise en question de la prééminence de l’homme par rapport à la femme et tout ce que la femme pouvait avoir comme brutalité de la gent masculine’’. Elle estime néanmoins qu’’’il y a des problèmes à poser’’.
Sous ce rapport, Ndioro Ndiaye recommande au ministère de la Femme de mettre en place ”un groupe qui travaille, qui doit inviter tout le monde pour sortir des propositions d’actions” à mettre en œuvre. ”Cela incombe aux hommes et aux femmes en même temps’’, a-t-elle lancé.
JE SOUFFRE, DONC JE DIVORCE !
De nos jours, les cas de divorce sont nombreux dans notre pays. Les principales causes vont de l’infidélité au défaut d’entretien en passant par l’adultère, la stérilité, la violence conjugale. Des femmes divorcées ont poussé leur cri de détresse.
De nos jours, les cas de divorce sont nombreux dans notre pays. Les principales causes vont de l’infidélité au défaut d’entretien en passant par l’adultère, la stérilité, la violence conjugale. Des femmes divorcées ont poussé leur cri de détresse.
Rokhaya : «J’ai divorcé parce que mon mari était violent»
Rokhaya est une jeune femme. Pourtant, elle est à son deuxième divorce. Actuellement elle vit seule avec ses trois petits enfants, abandonnés par leur père, qui ne s’acquitte pas de son devoir de les nourrir. «Je peux dire que je ne suis pas vraiment chanceuse. Mon premier mari est un commerçant. Nous avons divorcé parce qu’il était violent. Il me battait tout le temps. Il m’aimait bien et s’occupait bien de moi, mais son problème est qu’il était impulsif. Et quand il se mettait en colère, il l’exprimait par des actes de violence insupportables», confie la charmante Rokhaya, assez mince. «Maintes fois, il a juré à mes parents qu’il ne lèverait plus la main sur moi. Mais une fois que le problème est réglé, c’est comme s’il n’avait pas appris la leçon. Franchement, c’est seulement la violence conjugale qui posait problème. Et finalement, j’ai dû divorcer», ajoute la jeune dame physiquement éprouvée par le calvaire mais rieuse.
«Mon second mari n’aimait pas mes enfants issus de mon 1er mariage»
Elle pensait avoir fait un beau choix en la personne de son second mari. Il n’en est rien. «C’est le père de ce bébé de huit mois que j’ai sur le dos. Lui, ce qui nous a opposé c’est qu’il n’aime pas du tout les enfants issus de mon premier mariage. Il ne veut pas les voir. Or, il y a un proverbe wolof qui dit : ‘’Quand on aime une poule, on ne doit pas haïr ses poussins.’’», a expliqué Rokhaya. La jeune femme loue une chambre dans un quartier populeux de Mbour. En effet, sa propre maman ne veut pas l’héberger dans la maison familiale. «Mon père est décédé en 2004. Il était très attaché à moi. S’il était encore vivant, je ne vivrais pas un tel calvaire. Il nous a laissé une maison, mais ma mère n’accepte pas que j’y loge. Il n’y a que les frères qui vivent avec elle alors qu’il y a dans la maison des chambres louées», raconte cette jeune fille au bord des larmes. «Bien que ma mère n’ait aucune compassion pour moi, je lui voue un amour filial. Je ne peux pas me passer d’elle, même si je me rends compte qu’elle ne s’occupe que de ses affaires. Chaque semaine, je lui fais le linge, j’y vais avec ses petits-enfants», ajoute Rokhaya d’une voix triste.
Fatoumata : «Je n’en pouvais plus de partager mon mari avec une amie»
Fatoumata est une jeune femme âgée d’une trentaine d’année. «C’est à Saly que j’ai connu celui qui allait être mon mari. Il était très gentil avec moi. Les choses se sont passées très vite. Malheureusement, j’ai découvert son vrai visage d’un véritable coureur de jupons, un homme d’une grande infidélité. Anta, mon amie intime venait me voir. Comme mon mari était d’humeur taquine et compte tenu de la solidité des relations d’amitié qui me liaient à Anta, je ne savais pas ce qui se tramait sous mes yeux», se souvient-t-elle. «J’appris par la suite que mon mari sortait avec elle. Je n’en revenais pas. J’étais tombée des nues. Je ne pouvais pas m’imaginer que Anta allait me faire ce coup, ni que mon mari était capable d’une telle ignominie. Mon ménage était devenu un cauchemar. Mon mari multipliait ses virées nocturnes. Je n’en pouvais plus de partager mon mari avec une amie», se souvient Fatoumata. Actuellement, elle vit dans la maison familiale à Saly et travaille comme domestique chez un Français qui fait la navette entre l’Hexagone et le Sénégal.
Seynabou trouve du travail et abandonne son mari
Si Seynabou a été recrutée comme enseignante, elle le doit à son mari, grâce à ses entregents. Samba, sachant ses revenus de gardien modestes pensait devoir aider sa femme à trouver du travail afin d’avoir plus de revenus et bien s’occuper de leurs enfants. Quoi de plus normal. Mais avec le temps, l’enseignante, de teint clair, la quarantaine, commence à pousser des ailes. Elle fait des pieds et des mains pour se séparer de l’homme à qui elle doit son nouveau statut social. Une attitude qui a des relents de trahison. Et depuis ce divorce, comme si elle subissait une punition divine, elle n’arrive pas à trouver chaussure à ses pieds.