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26 novembre 2024
Femmes
LE MINISTRE DE L’INTERIEUR SOMME LES AUTORITES ADMINISTRATIVES…
Non-respect de la parité dans les bureaux municipaux et départementaux, La loi de 2010 exige la parité absolue dans toutes les fonctions électives avec des listes de candidats alternant hommes et femmes.
Depuis les élections municipales et départementales de janvier 2022, des ministres et directeurs généraux d’agences et de sociétés nationales élus refusent d’exécuter les décisions de justice en procédant au respect de la parité. Le ministre de l’Intérieur a décidé d’utiliser la méthode forte en enjoignant les autorités administratives de faire appliquer la loi.
La loi de 2010 exige la parité absolue dans toutes les fonctions électives avec des listes de candidats alternant hommes et femmes. A l’issue des élections municipales et départementales de janvier 2022, plusieurs maires et présidents de conseil départemental ont refusé d’appliquer la loi. Ce qui avait donné naissance à beaucoup de contentieux qui ont été portés au niveau des juridictions. Malgré des décisions de justice ordonnant la réélection des bureaux, 70 chefs d’exécutifs territoriaux ont refusé de se conformer à la loi. Ce qui n’est pas du goût de la présidente de l’Observatoire national de la parité qui a saisi le ministre de l’Intérieur d’une correspondance pour que les décisions de justice soient respectées.
A son tour, Sidiki Kaba a saisi les autorités administratives en ces termes : «Exécutions des arrêts rendus dans le cadre du contentieux relatif à la parité dans le bureau des conseils territoriaux issus des élections de 2022. En effet, soixante onze bureaux départementaux et municipaux auraient été annulés par les tribunaux pour non-respect de la parité. Toutefois, il paraît que certaines collectivités territoriales n’auraient pas encore procédé à la réélection de leurs bureaux». Le ministre demande aussi «de vérifier l’état de mise en œuvre de ces décisions de justice et de faire procéder, le cas échéant, à la réélection des bureaux des collectivités territoriales concernées».
Parmi les plus en vue, des ministres de la République comme le maire de Dakar-Plateau Alioune Ndoye, le ministre de l’éducation nationale, Cheikh Oumar Anne, le ministre des Forces armées, Oumar Youm, le ministre d’Etat Augustin Tine, le député maire de Tivaouane Demba Diop, le maire de Mérina Dakhar, Aymérou Gningue…
Dans la région de Dakar, sont concernés, outre Alioune Ndoye, le maire de Diamniadio Mouhamadou Moulaye Gueye.
Dans la région de Kolda, ils sont six maires dont deux dans le département de Kolda. Il s’agit des communes de Médina El hadji et de Bonconto. Et quatre dans le département de Vélingara, ce sont les communes de Sinthiou Koundara, de Linkéring, de Kandia et d’Ouassadou.
Dans la région de Louga, sept communes sont concernées : Loro de Dahra dirigée par le ministre Samba Ndiobène Ka, de Mbeuleukhé dirigée par le haut conseiller Aliou Dia, de Tessékéré, de Ouarkhokh, de Mbédiéne et de Nguidilé.
Pour la région de Matam, sont concernées les communes de Orkadiéré et de Dabia dirigées respectivement par le ministre Daouda Dia et le directeur général de l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’État (Agpbe).
En ce qui concerne la région de Saint-Louis, il s’agit pour le département de Dagana, des communes de Ronkh, de Ndombo Sandjiry et de Gandon. S’agissant du département de Podor, sont concernées les communes de Méri, Ndioum et de Mboumba.
Au niveau de la région de Thiès, la parité n’est pas respectée dans les bureaux municipaux de Nguéniène, Thiadiaye, Fandène, Diender Guedj, Ndiéyene Sirakh, Tassette, ThièsOuest, Thiès-Est, Darou khoudoss, Méouane, Ngandiouf, thilmakha, Niakhène, Chérif Lo…
Pour la région de Ziguinchor, le ministre somme les autorités administratives de faire respecter par les maires la loi instituant la parité en procédant à la réélection des bureaux municipaux de Coubalan et de Boutoupa Camaracounda
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L'IMPOSSIBLE ASCENSION VERS LE SOMMET
L'accès des femmes sénégalaises aux responsabilités politiques reste limité, malgré leurs aspirations. Dans la seconde partie de cet entretien, la Professeure Penda Mbow identifie quelques facteurs explicatifs de cette situation
La présidentielle de février est une occasion de questionner la présence des femmes en politique au Sénégal, en Afrique et dans le monde. Au Sénégal, malgré les figures historiques féminines fortes qui ont marqué de fort belle manière l'histoire du pays comme les linguères, les femmes, aujourd'hui, ont du mal à se hisser à niveau très haut dans la gestion de la cité en dépit de quelques figures d’envergure connues.
Dans la deuxième partie de notre entretien avec la Professeure Penda Mbow, elle nous livre sa lecture sur la problématique des femmes en politique et regrette l’immobilisme du Sénégal et de l’Afrique sur le sujet.
Pour l’historienne, la difficulté pour les Sénégalaises d’accéder à un niveau très élevé en politique résulte sans doute d'un double fond d'acculturation qui a percuté la société sénégalaise et a progressivement érodé le pouvoir des femmes en faveur des hommes.
De l’avis de l’invitée d’AfricaGlobe Tv, les religions monothéistes et le contact de l’Afrique avec la civilisation-indo-européenne sont en grande partie responsables de cette situation qui limite l’ascension des femmes en politique.
Les hommes ne sont pas disposes à perdre le pouvoir ou a en céder une parcelle sous aucun prétexte. D’ailleurs, ils ont une telle emprise sur la chose politique que cela laisserait croire que les sociétés africaines ont toujours été patriarcales. Ce qui n’est pas le cas.
À l’échelle du continent, depuis quelques années, les femmes peuvent accéder aux positions de Premières ministres, vice-présidentes, présidentes de grande institutions comme la Cour constitutionnelle, présidente du Conseil économique et social présidentes du parlement nationale. Certaines ont pu assurer des transitions à la tête de leurs pays par le truchement de ces positions en tant que deuxième personnalité de l’État (Malawi, Tanzanie, Gabon). Mais quant a se faire élire au suffrage universel, cela reste encore presque inatteignable.
À l’exception notable de la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf, la Mauricienne Ameena Gurib Fakim, aucune femme n’a encore réussi cet grand exploit. Quand bien même en Éthiopie, en ce moment, Mme Sahle-Work Zewde assure la charge de présidente, le système politique du pays fait que ce n’est pas elle qui dirige véritablement. Son poste est à la fois juste symbolique et honorifique.
Étant entendu que c’est le Premier ministre Aby Ahmed qui dirige le pays comme ses prédécesseurs Meles Zenawi ou Haile Mariam Dessalegn entre autres.
En comparaison avec d’autres régions du monde comme l’Asie et ou l’Amérique Latine si l'on ne considère que le Sud Global, le continent est loin.
En effet, en Asie et en Amérique Latine des exemples de femmes présidentes élues au suffrage universel foisonnent y compris dans des contrées ou le conservatisme et la religion ont la tête dure comme au Pakistan par exemple.
L’an dernier, elle étaient deux femmes arrivées en tête du premier tour du scrutin au Mexique.
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MULTIPLE PHOTOS
DE QUOI VOTRE AUDACE EST-ELLE LE NOM ?
"Où sont les grands leaders ? Où est la vision politique ?", s'interroge Penda Mbow. Pour cette figure intellectuelle, la multiplication des candidatures à la présidentielle révèle une crise du leadership politique que le parrainage n'a pas su résoudre
La présidentielle de 25 février ne rassure pas grand nombre d’observateurs de la vie politique pour des raisons bien évidentes. Dans cette entrevue exclusive, Penda Mbow, observatrice avertie de la vie politique sénégalaise et grande figure de la société civile livre sa fine analyse sur le processus électoral et expose ses craintes, ses doutes et son incompréhension sur cette floraison de candidature et le processus de validation qui pose question.
En effet, l’ouverture de dépôt de parrainage révèle une kyrielle de candidatures qui défie le bon sens. Le parrainage a quelque chose de mystérieux. En effet des acteurs et actrices avec une expérience politique réelle, des appareils politique échouent à faire valider leur parrainage tandis que des novices sans expérience ni envergure, passent sans encombre le filtre.
Des partis politiques insignifiants, irrespectueux de la loi et qui auraient dû être dissouts purement et simplement continuent de souffler le chaud et le froid dans l’arène de politique. Ils sont autorisés à présenter leurs candidats alors qu’on s’est permis de dissoudre un vrai parti politique influent qui a un vrai poids politique. Pour Penda Mbow, beaucoup de zone d’ombre méritent un éclairage, ne serait-ce qu’a posteriori et pour la postérité. Cela est d’autant plus urgent que presque personne ne comprend comment ça marche concrètement
Cette ’universitaire prolifique et figure de proue de la société civile sénégalaise se désole d'une expérience démocratique qui semble en panne, une démocratie qui prend des allures d’une ploutocratie (système politique tenu par le pouvoir de l’argent et des riches) et qui mérite que l’on marque une pause pour se réorganiser avant de repartir de plus belle sur de nouvelles bases. C’est peut-être le moment plus que jamais d’appliquer le résultats des Assises nationales et le recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI).
CES OBSTACLES A SURMONTER
Des groupes de discussions, regroupant différentes catégories de participantes, a permis d’étudier les impacts de la gestion au quotidien des foyers sur le travail de femmes
«S’attaquer aux obstacles contextuels à la participation des femmes au marché du travail au Sénégal» tel est le titre du résultat de recherches menées par un groupe de chercheurs, pour une appréciation efficace de l’accès des femmes à un travail décent. L’étude a mis en lumière les contraintes qui pèsent sur les femmes sur le marché du travail.
Des groupes de discussions, regroupant différentes catégories de participantes, a permis d’étudier les impacts de la gestion au quotidien des foyers sur le travail de femmes. Les critères d’appréciation d’un travail décent du point de vue des participantes, les impacts du travail de soins domestiques non rémunérés (garde des enfants surtout) sur l’emploi rémunéré des femmes ont également été pris en compte dans cette étude menée par un groupe de chercheurs sénégalais et organisée dans les régions de Dakar, Thiès et Saint-Louis.
Dans le rapport de synthèse des groupes de discussions, les chercheurs ont conclu que l’accès des femmes à un travail décent apparaît ainsi, comme un objectif que les politiques publiques devraient rendre prioritaire, au vu de l’importance du travail des femmes dans le contexte actuel. En effet, cette importance pour les femmes d’accéder à un emploi rémunérateur est un premier enseignement ressorti des groupes de discussions.
Toutefois, les participantes ne semblent pas donner au qualificatif « décent » toutes ses composantes. Les travailleuses du secteur formel, celles dans l’informel et celles évoluant dans le commerce électronique ne semblent pas être très exigeantes, du point de vue de toutes les composantes qui pourraient permettre de considérer leur travail comme décent.
Dans la discussion, il est apparu que s’il n’y a pas de normes sociales interdisant le travail des femmes, il existe encore plusieurs contraintes au travail des femmes, dont celles relatives au travail de soins domestiques non rémunérés, spécialement les tâches ménagères et la garde des enfants en bas âge. L’insécurité, les violences et les harcèlements sur le chemin du travail, mais aussi au travail sont également des contraintes sérieusement relevées dans les groupes de discussions. D’autres contraintes au travail des femmes sont relatives aux difficultés d’accès à l’électricité, à la cherté des factures d’électricité, à la cherté du coût d’accès à internet et de matériels informatiques (ordinateur, téléphone…).
La levée de ces contraintes pourrait favoriser un meilleur environnement pour le travail des femmes. Enfin, il est apparu que la pandémie du coronavirus a généralement eu des impacts négatifs sur le travail des femmes
LES FEMMES DU COFDEF PRONENT DES ELECTIONS APAISEES
A moins de deux mois de la Présidentielle de février 2024, le Collectif des femmes pour la défense de la famille (Cofdef) fait des démarches pour des élections apaisées.
A moins de deux mois de la Présidentielle de février 2024, le Collectif des femmes pour la défense de la famille (Cofdef) fait des démarches pour des élections apaisées.
En perspective de l’élection présidentielle 2024, le Collectif des femmes pour la défense de la famille (Cofdef) en synergie avec ses partenaires a organisé un forum pour inciter à la prise de mesures adéquates afin de garantir des élections, calmes, transparentes et crédibles. Cette rencontre tenue au Conseil départemental de Thiès a réuni les autorités administratives et locales, des jeunes, la société civile, les Ong, les leaders religieux des 3 départements de la région. L’objectif est d’amener tous les acteurs à comprendre le risque encouru et de prendre des décisions qui concourent à prévenir les violences électorales.
Pour sa part, le Collectif des femmes pour la défense de la famille, s’engage à s’impliquer dans tout le processus aussi bien au niveau des opérations qu'au niveau institutionnel. Abordant la question de l'instabilité dans certains pays voisins, la présidente du Collectif a rappelé que le Sénégal est une nation en construction avec des institutions crédibles. «Nous vivons dans une situation de crise où beaucoup de pays sont touchés. Il ne reste que quelques-uns dont le Sénégal qui tiennent. Au-delà des élections, quel que soit celui qui est élu, c'est un Sénégalais. Les hommes passent, les institutions restent et le Sénégal demeure», a déclaré Nafissatou Diop, avant d’inviter les femmes à jouer un rôle crucial dans ce processus.
INSTALLATIONS DES USINES DE FARINE DE POISSON, LES FEMMES TRANSFORMATRICES DANS UN OCÉAN D’INQUIÉTUDES
À Cayar, les femmes transformatrices subissaient les effets de la raréfaction des ressources halieutiques depuis des années. Mais leur activité est de plus en plus menacée par l’installation de l’usine de farine de poisson « Touba protéine marine ».
À Cayar, les femmes transformatrices subissaient les effets de la raréfaction des ressources halieutiques depuis des années. Mais leur activité est de plus en plus menacée par l’installation de l’usine de farine de poisson « Touba protéine marine ». Elles ruent dans les brancards.
Des tables dont les morceaux de bois sont troués cherchent occupants. Un espace vide, désert qui croule sous les assauts des rayons solaires…À Cayar, c’est la peur et l’angoisse chez les femmes transformatrices. Maty Ndao a connu le bonheur de la commercialisation des produits transformés. Nostalgique de sa vie d’avant, la présidente du site de transformation de Cayar, assise à côté de deux camarades sous une natte, trois bassines vides sous les yeux, vit confinée dans ses souvenirs heureux et fixe l’horizon en racontant ces jours révolus. Oui, il y a la raréfaction du poisson mais il y a bien sûr la concurrence des usines de farine de poisson. « Depuis l’installation de l’usine Barna (devenue Touba Protéine marine en 2018), on ne parvient plus à avoir du poisson. Même pour les déchets qu’on achetait dans les usines, nous subissons désormais la concurrence de ‘Barna’ qui a plus de moyens que nous. Cela se fait avec la complicité de certains pêcheurs qui vont en mer uniquement pour le compte de Barna qui paie le double du prix normal », pleurniche Mme Ndao, visage gravé de rides.
La commune de Cayar, situé dans le département de Thiès, se trouve sur la partie sud de la grande côte sénégalaise, à 58 km au nord-est de Dakar. Sur leur site où l’embrun marin et le parfum des poissons pourris rendent délicate la respiration, l’activité des transformatrices tourne au ralenti. Sauf pour Ndèye Diène qui met au supplice des dizaines d’espèces juvéniles – qui luttent pour ne pas mourir dans un panier – afin de faire du ‘keccax’ (poisson fumé). Sa frêle figure dépigmentée accuse les contrecoups du contact avec le sel iodé.
Assise sous une tente artisanale percée par les rayons du soleil, la quinqua se justifie : « Je n’ai que de petites espèces comme je ne vois plus la sardinelle (yaboy) et les déchets qui sont directement achetés par l’usine de farine de poisson. Aujourd’hui, ce travail me permettra de gagner 1000 à 2000 FCfa. Mais, je peux rester des jours sans activité ».
L’activité de plus de 300 femmes menacée
La désolation est presque tatouée sur les visages dans cet espace de regroupement de femmes qui jouxte la mer. Les toiles et les filets couvrant les dizaines d’étals affichent une propreté qui illustre une réalité : les temps sont durs. « Nous sommes 325 femmes transformatrices à travailler ici mais on ne voit plus de poisson à transformer. 80% d’entre nous sont au chômage », alerte Maty Ndao qui dit avoir des commandes de la sous-région surtout au Burkina Faso. Mais elle est aujourd’hui condamnée à contempler la mer et ses mouvements, à la recherche d’une pirogue volant à son secours.
Dans cette commune, les femmes transformatrices se prennent la tête à deux mains. « Les usines nous tuent à petit feu. Leur concurrence est rude, intenable. Je ne peux pas acheter une caisse de sardinelle à 40 000 FCfa », explique Ndèye Fatou Ndiaye, la mort dans l’âme. Désormais, c’est la vie au jour le jour pour ces dames. Un quotidien qui est chahuté par leurs anciens vendeurs qui ne se cachent plus pour marchander directement avec les gérants des usines de farine de poissons. « Moi, je ne vais en mer que pour les usines de farine de poisson parce que je peux leur vendre une caisse de sardinelle à 42 000 FCfa », se réjouit Mame Mor Tine, pêcheur originaire de Joal et en campagne à Cayar. En écho, le mareyeur Badou Seck renchérit : « Les usines paient bien. Les femmes transformatrices sont dans le marchandage, les usines sortent de l’argent. Avant, je vendais mes poissons aux usines qui font du frais et les déchets étaient jetés. Désormais, je vends les déchets aux usines de farine. Donc, je gagne doublement », dit-il. Au grand dam des femmes transformatrices.
RISQUE DE CONFLITS
Ça sent la poudre
Marches, sit-in, plaintes… le Collectif Taxawu Cayar est déterminé à obtenir la fermeture de l’usine Barna.
À peine le véhicule de transport en commun a dépassé Bayakh pour Cayar que l’on est étourdi par une odeur nauséabonde de déchets de poisson. Le premier réflexe est de se boucher le nez pour les visiteurs. Les autochtones, eux, inhalent cette pollution de l’air depuis des années, sans broncher.
À Cayar, le temps frais pointe le bout du nez en cette fin du mois de novembre 2023 et les villageois sont réduits à supporter les effluves enivrants qui s’échappent de l’usine de farine de poisson « Touba protéine marine », ex-Barna. En effet, Mbawane, Keur Abdou Ndoye et Ndiokhob Guedj, trois villages de la commune, ont les atours d’un chaos social.
À l’entrée de Cayar, près de la station Edk, l’usine de farine de poisson est debout sur une terre à l’image d’un ‘no man’s land’. Les quelques masures qui l’entourent supportent douloureusement cette cohabitation depuis 2018, année d’implantation de cette infrastructure dont l’objectif est de nourrir des espèces d’aquaculture et des animaux. « Nous sommes plus que déterminés à faire partir cette usine qui pollue notre commune et menace l’activité des femmes transformatrices. Quand je suis allé à la mosquée ce matin, j’avais des problèmes de respiration à cause de la mauvaise odeur. À 3 km, je sens l’odeur nauséabonde de l’usine », engage Mor Mbengue, coordonnateur du Collectif Taxawu Cayar. Langoureusement vautré sur le sol en compagnie de ses camarades pêcheurs, aux abords du littoral, M. Mbengue dénonce les senteurs qui se dégagent de l’usine. « On a organisé des marches, des sit-in et on a porté plainte en octobre 2022 contre cette usine. Même si le verdict de la justice lui est favorable, nous allons continuer le combat jusqu’au départ de Barna », dénonce-t-il, voix encline d’amertume. Nous avons joint à plusieurs reprises Babacar Diallo, Directeur général de « Touba protéine marine ». Mais il n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.
THIAROYE-SUR-MER
Plus de 200 femmes en sursis
L’air pur est une illusion malgré la mer, ce grand bleu à perte de vue. À Thiaroye-sur-Mer, le sable est souillé par les plastiques, morceaux de tissus et de bois, tessons de bouteille. Un cocktail de déchets qui a noirci l’eau de mer. L’odeur nauséabonde des résidus de poisson agresse les narines sur le site de transformation « Pencum Sénégal ». Ici, quelques canaris où bouillissent des produits halieutiques laissent échapper des relents repoussants. L’environnement de travail est désordonné, sale, à côté de la rive qui menace d’investir les lieux. Dans cet endroit où le capharnaüm est à son paroxysme, quelque 217 femmes surfent sur une vague d’inquiétudes. À Thiaroye-sur-Mer où on produit aussi du « gejj » (poisson salé puis séché) que l’on met dans les plats salés pour relever le goût, c’est le marasme.
Désormais, elles observent cette masse d’eau qui a nourri des générations avec un sentiment d’amertume. Cet océan qui laisse ses vagues s’écraser sur les rives, est devenu le symbole de leurs désillusions. « Les usines de farine nous font beaucoup de mal. Au Marché central au poisson de Pikine, on ne peut plus avoir de déchets à cause des usines de farine qui pullulent dans le pays. Le métier de femme transformatrice est appelé à disparaitre cette année si la situation perdure. Certes, il y a une crise avec la raréfaction de la ressource, mais les usines de farine sont venues nous porter le coup de grâce », déplore Diaba Diop, présidente du Réseau des femmes de la pêche artisanale (Refepas).
MULTIPLICATION DES USINES
Une menace à la sécurité alimentaire
Dans les années 2020, le Sénégal va connaître un déficit d’environ 150 000 tonnes de poissons par an, selon la Fao. L’organisation estime que la présence des usines de farine pourrait aggraver la situation du pays sur le plan de la sécurité alimentaire.
Si le « ceebu jen » est un patrimoine immatériel mondial de l’Unesco, c’est parce qu’en partie le poisson joue un rôle majeur dans la sécurité alimentaire au Sénégal. En 2018, la Fao a estimé la consommation par habitant entre 25 et 26 kg de poisson alors que la moyenne mondiale était de 20,5 kg la même année. Selon les projections mondiales de l’organisation onusienne, le déficit de la demande à satisfaire au Sénégal au cours des années 2020, est estimé à environ 150 000 tonnes par an. D’après Gaoussou Guèye, président de l’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime (Aprapam), la production mondiale de farine est destinée pour 46% à l’aquaculture, 24% à l’alimentation des porcs, 22% aux ruminants, et le reste aux animaux domestiques et produits pharmaceutiques. « La farine de poisson est utilisée pour l’alimentation des animaux aussi bien terrestres (porcs, poulets…) que marins », a-t-il indiqué. Ainsi, une augmentation de la production de farine et d’huile pourrait probablement aggraver davantage la situation de carence et de coût du poisson, pourtant déjà critique.
En 2016, une étude de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra) intitulée « Farine et huile de poissons, rappel de notions de base et risques au Sénégal », a révélé qu’il faut en moyenne 5 kg de poisson en général pélagique nécessaire pour produire 1 kg de farine de poisson et 20 kg de poisson pour un litre d’huile de poisson. « Au Sénégal, comme dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, le poisson représente plus de 70 % des apports en protéines. Mais la pêche artisanale, pilier de la sécurité alimentaire, fait face à de nombreuses menaces, dont l’installation d’usines de farine et d’huile de poisson », signale Gaoussou Guèye.
DESTINATION DE LA FARINE ET DE L’HUILE DE POISSON
Le marché de l’exportation
La farine de poisson produite au Sénégal est essentiellement destinée à l’exportation. D’après les données du Centre de commerce international, le volume de farine de poisson exporté est passé de 9 906 tonnes en 2012 à un pic de 17 289 tonnes en 2015. Puis, après une baisse importante en 2016, il a récemment fluctué autour de 10 000 tonnes par an. En ce qui concerne les destinations, des changements considérables ont été observés au cours de la dernière décennie. Selon la Fao, au début des années 2010, trois pays africains achetaient la majeure partie de la farine de poisson exportée par le Sénégal : c’est notamment le Cameroun, dont la part de marché a atteint 57% en 2012, ainsi que, dans une moindre mesure, le Togo et le Bénin.
Cependant, alors que les parts de marché de ces trois pays africains diminuaient progressivement, de nouveaux clients apparaissaient et devenaient ces dernières années des destinations majeures, note la Fao. C’est notamment le cas de la Turquie qui détenait 26% des parts de marché en 2018, et du Viet Nam qui est devenu le plus grand importateur avec 36% du total de la farine de poisson exportée par le Sénégal. Outre la farine de poisson, en 2019, le Danemark a importé du Sénégal 528 tonnes, soit 60% du total des exportations d’huile de poisson. Il est suivi par l’Espagne avec 216 tonnes, 25% de l’exportation totale d’huile de poisson.
IMPACTS SOCIOÉCONOMIQUES
Les usines emploient moins
La comparaison est déséquilibrée : 45 000 femmes transformatrices des produits de pêche sont répertoriées par le Réseau des femmes transformatrices de la pêche artisanale alors que les 6 usines au Sénégal emploient moins de 400 personnes. Des chiffres qui sont corroborés par la Fao qui a relevé en 2018 un total de 129 travailleurs permanents et 264 travailleurs temporaires dans les usines de farine et d’huile de poisson.
IMPACT SUR LA PÊCHE
Les chercheurs pour une vague de régulation
Au Centre de recherches océanographiques Dakar Thiaroye (Crodt), les chercheurs sont pour une régulation de l’approvisionnement des usines de farine. Pour Dr Fambaye Ngom Sow, les petits pélagiques se présentent comme une composante de taille de la politique du Sénégal pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la faim. « Ce rôle stratégique des petits pélagiques côtiers dans l’alimentation des Sénégalais est menacée par l’orientation d’une partie importante de ces espèces sur le marché africain (exportations) et vers des usages non alimentaires (farine de poisson) face à une population en croissance continue », a-t-elle indiqué.
Dr Sow préconise l’interdiction d’implantation de nouvelles usines de farine de poisson et la valorisation de rebuts de l’industrie halieutique. La chercheure prône la prohibition de l’utilisation des petits pélagiques pour la fabrication de la farine de poisson. Enfin, elle veut une « régulation de l’approvisionnement des usines de farine de poisson en se basant sur le principe de surplus de production après satisfaction de la demande locale et diversification de leurs activités pour les besoins du marché local ».
Il y a près d’une décennie, des scientifiques de l’Institut de recherches pour le développement (Ird) associés à des chercheurs du Crodt ont sonné l’alerte au Sénégal, prédisant les dangers que pourraient engendrer les usines de farine de poisson sur l’équilibre de la pêcherie artisanale au Sénégal. « Une lueur d’espoir émerge avec des initiatives telles que l’utilisation de farine d’insectes en remplacement de la farine de poisson dans l’alimentation de l’aquaculture et de l’aviculture », prédit Patrice Brehmer, chercheur à l’Ird. Néanmoins, nuance-t-il, la solution passera par le suivi et la régulation de l’apprivoisement de ces usines, a une échelle sous-régionale.
EFFETS NÉGATIFS DES USINES
Les chiffres effarants de Greenpeace
Notoirement connue pour son hostilité à la présence des usines de farine de poisson, l’Ong Greenpeace estime que les impacts des usines de farine sont multiples. « En 2020, il y a eu 7 521 tonnes de farine et 2 069 tonnes d’huile de poisson, soit un total de 9 590 tonnes. Si on multiplie ce chiffre par 5, on a exactement la quantité de poissons utilisé soit 47 950 tonnes de poissons transformés en farine ce qui représente 10% du total de poissons débarqués au Sénégal; en 2021 avec la Covid-19, il y a eu une légère baisse des exportations pour la farine avec 5 353 tonnes de farine et 1 266 tonnes d’huile de poisson exportées pour un total de 6 619 tonnes représentant 33 095 tonnes de poissons réduites en farine et en huile de poisson; en 2022, il y a eu 9 968 tonnes de farine et 2 905 tonnes d’huile de poissons soit un total de 12 873 tonnes exportées ce qui représente 64 635 tonnes de poissons transformées en farine et huile de poisson», relève Abdoulaye Ndiaye, chargé de campagne océans à Greenpeace.
D’après lui, si on fait le total de ces 3 années, « le Sénégal a transformé en farine et huile de poisson 145 410 tonnes de son poisson (soit environ 1/3 des débarquements annuels) qui était destiné à l’alimentation de sa population et l’a exporté pour aller nourrir des animaux de compagnies et d’autres poissons à travers le monde ». M. Ndiaye qui part du postulat que « la consommation du Sénégal est d’environ 29 kg de poisson par habitant et par an » souligne que 5 014 100 personnes ont été privées de leur aliment de base qu’est le poisson, ce qui va impacter négativement dans la sécurité alimentaire de millions de Sénégalais ».
ABDOULAYE DIOUF, DIRECTEUR DES INDUSTRIES DE TRANSFORMATION DE LA PÊCHE
« Les usines de farine de poisson constituent un mal nécessaire »
La question de l’implantation des usines de farine de poisson est une « question très sensible », reconnait Abdoulaye Diouf, Directeur des industries de transformation de la pêche au ministère des Pêches et de l’Économie maritime. Concurrence avec les femmes transformatrices, utilité des usines de farine de poisson, impact sur la sécurité alimentaire, M. Diouf plonge et livre ses vérités.
Il y a combien d’usines de farine de poisson au Sénégal ?
Actuellement, nous avons 6 usines de farine de poisson répartis sur l’étendue du territoire sénégalais. Il y en a à Saint-Louis, à Joal, à Cayar, à Dakar… Avec la rareté de la ressource, ces usines fonctionnent au ralenti. À l’origine, ces usines étaient installées pour résorber les déchets qui venaient des industries. On a des usines qui font des filets de poisson, d’autres sont dans la conserve de poisson. Comme ce sont des produits élaborés, il y a forcément des déchets. Il fallait les recycler pour éviter de les jeter dans l’environnement. Je dis souvent que les usines de farine de poisson constituent un mal nécessaire en quelque sorte. Si elles n’étaient pas là, les déchets allaient générer beaucoup de difficultés. Il fut un temps, il y a 2 à 3 ans, ces usines ne fonctionnaient plus et la conserverie avait d’énormes difficultés pour écouler les déchets. Avec la raréfaction de la ressource, les activistes, les Ong et la population commencent à décrier l’existence de ces usines. Pour les Ong, telles que Greenpeace et autres, les usines sont considérées comme des structures qui sont en compétition avec les bonnes dames qui sont dans la transformation.
Justement, il y a 45 000 femmes transformatrices au niveau national qui ne voient plus les déchets. Sont-elles sacrifiées avec l’existence des usines de farine de poisson ?
Je vais vous raconter une anecdote. Un président de quai salue l’existence de ces usines puisqu’il dit qu’en cas d’abondance de poisson, les gens les jetaient à la plage et il était obligé de payer pour non seulement nettoyer la plage mais également pour gérer ces déchets. Avec la présence des usines, il dit que non seulement les produits ne sont plus jetés mais ils génèrent des ressources supplémentaires parce qu’on peut les vendre. La farine de poisson ne peut pas entrer en concurrence avec le marché local. La marge n’est pas aussi élevée que ça.
C’est-à-dire
La marge que ces usines peuvent gagner en transformant la sardinelle, le poisson frais, n’est pas aussi élevée. Donc, si elles tentent de concurrencer le marché local, elles ne vont pas s’en sortir.
Les femmes transformatrices rencontrées prédisent la disparition de leur activité. Êtes-vous dans le déni ?
La menace est générale parce que la ressource se fait de plus en plus rare et la règle du marché est que quand l’offre est supérieure à la demande, il n’y a pas de problème. Mais quand la demande est supérieure à l’offre, il y a forcément une concurrence. Mais je me dis que les prix d’achat qu’appliquent les bonnes dames, si les usines de farine s’y ajustent, je ne pense pas qu’elles vont s’en sortir.
Quel est le temps d’activité de ces usines ?
Actuellement, les usines tournent pendant 3 mois, 4 mois voire 5 . C’est en période de froid avec le phénomène d’upwelling et la remontée d’eau froide, riche en micronutriment qui amène ces espèces à migrer du Nord, la Mauritanie, pour venir au Sénégal et aller vers le Sud. Quand la période de chaleur vient, c’est le mouvement contraire. Donc, les usines tournent entre décembre et avril au maximum. Maintenant, au-delà de cette période, les usines qui ont le privilège d’avoir des contrats avec la conserverie vont continuer à tourner parce qu’elles produisent des déchets destinés aux usines de farine. Mais, je dois reconnaître que les usines de farine n’emploient pas beaucoup de personnes.
Ces usines constituent-elles une menace pour la pêche et la sécurité alimentaire ?
Il y a une part de vérité étant donné que tout le monde a besoin de la ressource. Il y a des soupçons liés à ces usines qui financeraient des pirogues qui vont leur vendre la totalité de leurs productions exclusivement. Si le fonctionnement normal est respecté, elles ne seront pas une menace à la sécurité alimentaire. Maintenant, si elles ont des subterfuges en finançant des pirogues qui vont penser qu’elles leur sont redevables, là, c’est une vraie menace.
Nous l’avons constaté à Cayar…
Je n’ai pas encore vu cela.
Quel est le volume des exportations ?
Sur les 5 dernières années, ces usines exportent environ 6 000 à 6 500 tonnes. Pour la farine, c’est autour de 6 000 et pour l’huile, les choses tournent entre 1 000 et 1 500 tonnes. En termes d’argent, c’est moins de 3% du volume des exportations de poisson. En exportation des produits de poisson, on tourne autour 250 000 à 260 000 tonnes par an. La valeur commerciale, c’est autour de 3 à 4 milliards par an pour la farine et l’huile de poisson.
Les chercheurs à l’Ird et au Crodt demandent une régulation. Êtes-vous d’accord avec eux ?
La régulation existe. Entre 2015 et 2023, on a rejeté 6 demandes d’usine de farine de poisson. La loi portant Code de la pêche en son article 81 dispose que l’autorisation préalable d’installation de toute structure qui voudrait exploiter des ressources halieutiques doit bénéficier de ce document délivré par le Ministre des Pêches. La réglementation n’interdit pas l’installation d’usine de farine mais on joue sur cette autorisation pour interdire. Lors des concertations du 24 octobre 2019, l’une des recommandations était le gel des agréments. Malheureusement, en son temps, les usines agréées récemment étaient déjà en construction. Ainsi, a-t-il été retenu de les régulariser et on arrête. Depuis 2019, il n’y a pas de nouvelles demandes.
Pourquoi l’usine de farine de poisson de Ndam est mise sur pied ?
L’usine de Ndam est dédiée à l’aliment de poisson. D’ailleurs, quand j’ai été installé récemment à la tête de la Ditp, on a eu des malentendus puisque le propriétaire, depuis son installation, n’a pas exporté d’aliment de poisson. J’ai l’impression qu’il veut faire autre chose parce que je lui ai signifié que sa vocation n’est pas de faire de la farine. J’ai donc suspendu son agrément. Par ailleurs, des chercheurs de l’Institut de recherches pour le développement, de l’Université Gaston Berger de Saint Louis, l’Institut universitaire de pêche et d’aquaculture de Dakar sont en train d’étudier les produits de substitution à la farine de poisson. Certains utilisent la farine de sang de bétail, d’autres utilisent la farine d’insecte ou la farine des sous-produits agricoles. Ces chercheurs vont faire les comparaisons du point de vue de la résistance et de la croissance.
Est-ce que vous menez des enquêtes sur l’existence de ce genre de cas ?
Malheureusement, je n’ai pas fait d’enquête mais on peut positionner des étudiants pour mener des enquêtes. Le rôle de la Ditp, ce n’est pas d’aller sur le terrain pour mener des enquêtes socioéconomiques mais les chercheurs peuvent travailler sur ces thématiques. Mais si ces pratiques existent, l’autorité ne va pas hésiter à prendre des sanctions. Pour les mauvaises odeurs, avec la technologie actuelle, si on installe des filtres, on peut les atténuer.
LE PERSONNEL DU BRT SERA COMPOSE D’AU MOINS 35% DE FEMMES
Le personnel du Bus rapid transit (BRT) sera composé, à terme, d’au moins 35% de femmes, dont des conductrices, a annoncé le chef de l’Etat.
Le personnel du Bus rapid transit (BRT) sera composé, à terme, d’au moins 35% de femmes, dont des conductrices, a annoncé le chef de l’Etat.
‘’A terme, le personnel du BRT sera composé d’au moins 35% de femmes, dont des conductrices’’, a déclaré Macky Sall dans son adresse à la Nation à la veille du nouvel an.
Le chef de l’Etat a annoncé que le Bus rapid transit (BRT) dont l’inauguration est prévue le 14 janvier aura une flotte de 121 bus électriques alimentés par voie solaire et climatisés, avec Wifi à bord.
Le Premier ministre Amadou Ba a procédé mercredi dernier au lancement de la phase active de la mise en service du BRT (Bus rapidement transit) une infrastructure qui fait partie, selon lui, »des legs pour le futur ».
Le BRT a pour objectif d’améliorer la mobilité urbaine entre Dakar et Guédiawaye sur un linéaire de 18,3 kilomètres pour une capacité de 300 000 passagers/jour. L’ouvrage comporte 23 stations.
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DANS LES COINS INEXPLORÉS DE LEURS VIES
Kalista Sy, Marie-Madeleine Diallo, Ndeye Marie Fall, Zahra Diop, Penda Mbow, Coumba Toure, Marie-Angelique Savane, Marema Toure Thiam... elles font partie des dizaines de femmes à qui Zoubida Fall a fait dire beaucoup
Zoubida Fall vous transporte dans les coins inexplorés de la vie d'un certain nombre de femmes dans des conversations de fond d'une heure. Son podcast connait un succès éclatant sur les réseaux sociaux.
Après ce succès de ce podcast sur les plateformes digitales, la productrice a décidé d’amplifier les voix de ces femmes avec la collaboration de la jeune maison d’édition Saaraba a décidé d’éditer ces conversations dans un livre.
Ce faisant, Zoubida Fall prolonge l'impact de ces precieuses conversations.Kalista Sy, Marema Toure Thiam Penda Mbow, Madeleine Deves, Dior Fall Sow ou encore Marie Angélique Savane... ce sont les portraits de 18 femmes sur des dizaines qu'elle a fait parler à cœur ouvert qui figurent dans cette première édition du livre "Conversations féminines".
De nouveaux tomes du même ouvrage conversations feminines, pourront suivre ulterieurement et dans lesquels figurereont d'autres femmes y compris celle de la diaspora une de femmes africaines pas forcément sénégalaise.
La cérémonie de dédicace du livre a lieu il y a quelques semaines au musée Henriette Bathily de Dakar. C'est en marge de cette rencontre que nous avons interviewé la productrice.
Suivez son entretien.
QUAND LES FEMMES INQUIETENT !
Huit ans après le démarrage de ses activités, le Centre de prise en charge des addictions de Fann (Cpiad) reste toujours méconnu des Sénégalais malgré l’évolution du taux d’audience.
Huit ans après le démarrage de ses activités, le Centre de prise en charge des addictions de Fann (Cepiad) reste toujours méconnu des Sénégalais malgré l’évolution du taux d’audience. Pour pallier cette situation, les acteurs ont tenu durant trois jours des portes ouvertes qui ont pris fin hier, jeudi 28 décembre, dans ledit centre. Une manière de s’ouvrir au public qui pense toujours que la prise en charge n’est que pour les victimes de drogue. Toutefois, il faut souligner selon le directeur du Cpiad que les femmes demeurent une préoccupation pour cette maladie car constituant 10% de la population
L ’addiction qui est une dépendance à une substance ou à une activité, est une maladie multifactorielle qui associe troubles biologiques et psychiques entrainant des problèmes sociaux. Ses conséquences sont néfastes sur la santé de la personne affectée. Au Sénégal, un centre a été mis en place pour prendre en charge les cas d’addiction. Seulement, il faut noter que la grande majorité des personnes qui s’y rendent, sont des victimes de drogue. Pour corriger cette situation, des portes ouvertes se tiennent presque chaque année pour faire connaitre la mission du centre. Pour le Professeur Idrissa Ba, coordonnateur du Centre de prise en charge intégré des additions de Dakar (Cepiad), la stigmatisation et la discrimination liées aux représentations que cela soit à la loi ou de nos valeurs culturelles, traditionnelles constituent un des obstacles auxquels ils sont confrontés. « Le Cepiad au-delà de ses activités de prise en charge, fait beaucoup de plaidoyer. Cela d’abord pour faire connaitre que l’addition est une maladie qui a été prouvée scientifiquement. Et les concepts ont leur poids, leur impact dans la prise en charge », a fait savoir le professeur Ba.
Pour le dit centre, le taux de fréquentation reste faible par rapport au nombre de personnes qui souffrent d’addiction de tout genre dans le pays. Pour ces journées portes ouvertes, les acteurs pensent pouvoir améliorer l’audience. A en croire le Pr Idrissa Ba : « nous avons vu que le taux de fréquentation peut être amélioré, si nous communiquons avec les populations, si nous sortons de nos cours, si nous faisons le plaidoyer auprès des autorités pour un renforcement des moyens mis à sa disposition, ces efforts pourront contribuer à lever ces obstacles ». Et de poursuivre : « ces journées nous offrent l’opportunité de communiquer en prenant comme support la presse. L’objectif est de contribuer à mieux faire connaitre le travail que fait le Cepiad aux populations mais également aux services que le centre peut offrir par rapport aux additions ».
Si avant, on parlait de drogues injectables à l’ouverture du Cepiad, maintenant de nouvelles formes de drogues existent avec des tendances émergentes. Une remarque qui a fait réagir le Pr Ba : «il y a des drogues qui font de plus en plus leur apparition et qui posent beaucoup de problèmes. C’est l’exemple du volet, des ballons. Il y a d’autres formes d’addiction qui sont sans substance dont les jeux d’argent, l’addiction sexuelle, l’addition aux smartphones parmi tant d’autres qui nous paraissent important d’aborder et d’engager ». Revenant sur les statistiques du centre depuis le démarrage de ses activités en 2015, le Pr Ba a renseigné : « le centre reçoit annuellement 500 nouvelles demandes. Actuellement, nous avons une file active de près de 4000 patients qui sont suivis par le Cepiad. Et au niveau de cette prise en charge, nous avons un programme important et c’est par rapport aux drogues injectables, les OPIAC, l’héroïne. On a également le programme méthadone qui constitue à inclure dans ce programme les gens dépendant des OPIAC notamment l’héroïne. Et dans ce programme, nous avons enregistré 300 personnes qui ont été incluses ». Et d’attester : « ce programme est confronté à beaucoup de difficultés liées à cette stigmatisation et cette discrimination qui font que les gens ont beaucoup de problèmes à y avoir accès mais surtout à y rester »
UNE PRISE EN CHARGE DECENTRALISEE
Pour le professeur Ba, ils sont engagés dans un processus de décentralisation. A cet effet, il a renseigné qu’il n’y a pas que le Cepiad au Sénégal, quatre autres structures existent aussi et prennent en charge les consommateurs de drogue. « Il y en a une unité d’addictologie à Thiaroye, une autre à l’hôpital de Mbour, une à l’hôpital de Kaolack et enfin au centre de Mbacké. Il faut que l’Etat et les autorités s’impliquent davantage pour que nous puissions faire face à cette demande de plus en plus croissante ».a-t-il estimé. Et de faire comprendre : « qu’en matière d’addition, il n’y a pas de sexe ou d’âge. Mais les femmes constituent l’une de nos préoccupations. A peu près, c’est 10% de nos populations. Nous savons qu’il y en a plus, il faut que nous soyons beaucoup plus focus sur ces dernières. C’est pourquoi les activités de ces journées ont beaucoup ciblé les femmes. Il s’agit d’activités génératrices de revenus parce que dans l’addiction aussi, il y a un problème économique et social, ce sont des femmes avec qui il faut faire des activités d’estime de soi comme la coiffure, la teinture entre autres ».
PAR Khandiou
POUPONNIÈRE DE L'HORREUR : DÉFAILLANCE DE L'ÉTAT, REGARD MALVAILLANT DE LA SOCIÉTÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - L'initiative de Ndela devait être encadrée par les autorités qui s’intéressent plus à la prochaine élection qu'à la prochaine génération. Le poids de la société est très lourd à porter au Sénégal et les femmes en sont les victimes
La désormais ex-nounou de la tristement célèbre pouponnière Keur Yeurmande a fait ce que nous appelons dans notre jargon le journalisme citoyen, un nouveau concept apparu avec le développement des réseaux sociaux et qui bouscule les médias traditionnels, souvent limités aux comptes rendus. Ce concept range aux calandres grecs les genre nobles du journalisme, comme la grande enquête, sur des faits de société.
Les réseaux sociaux, plus personne ne peut les occulter. Ils font beaucoup de mal, s’incrustent dans la vie privée des gens, desinforment, mais aussi alertent sur des situations qui pourraient être fâcheuses.
Personne, y compris les médias, n'avait ignoré les agissements de Dr Ndela (cinquième année de médecine confirmé par ses anciens camarades de promotion). En début d'année, elle exhibait fièrement les premiers pensionnaires de sa pouponnière de Sacré Cœur, innocents, fragiles, qui n'ont pas demandé à naître. Elles les baptisait sous le nom de personnes célèbres. Personnellement, j'avais trouvé l’idée géniale.
Combien de femmes a-t-elle épargné des critiques acerbes et méchantes, des sarcasmes d'une société qui passe son temps à juger les autres, parceque ces femmes ont commis le mignon péché, le sacrilège d’avoir enfreint les codes établis, normés et imposés par notre société.
Elle voit toujours d’un mauvais oeil une célibataire ou une femme dont le mari est absent du territoire depuis plusieurs années, porter une grossesse. La grossesse de la honte aux yeux des membres de la cellule familiale, celle de la communauté et de la société.
Combien de jeunes filles et femmes croupissent actuellement dans les maisons d’arrêts et de correction du pays, condamnées pour infanticide, commise certainement la mort dans l’âme, pour préserver l’honneur de la famille, pour ne pas être couvertes par la honte, parce que selon les normes, une grossesse hors des liens du mariage reviendrait à jeter l’opprobre sur toute la famille, sur la famille de la fille.
La grossesse se fait à deux
Combien de lycéennes, collégiennes, certaines promises à un bel avenir, ont dû écourter leur parcours académique à cause d’une grossesse ou simplement renvoyées de l' école, du lycée, du collège ou de la maison familiale. L'auteur de la grossesse n'est presque jamais inquiété sauf s'il s'agit d'un cas impliquant une mineure ou un viol.
De ce point de vue, la législation répressive devrait mettre l’homme et la femme sur un même pied. Il y a lieu aussi de s’interroger sur des pratiques et consciences encore très ancrées dans notre société qui sur certains aspects ne sont pas progressistes alors que le monde évolue rapidement.
Pourquoi diantre des célibataires, majeurs et vaccinés ne pourraient pas se permettre d’avoir un enfant, en dehors des liens du mariage, sans être jugés, sans être obligés de supporter le lourd fardeau du regard réprobateur de l'entourage, des quolibets. Sans exposer l’enfant à naître, toute sa vie, au sobriquet de « zdoom jou amoul baay". C'est simplement abominable et abject. Une attitude pro active des pouvoirs publics pourrait éviter certains drames.
Disons-le franchement, comme dans d'autres parties du monde, la sexualité de plus en plus libérée, est une réalité au Sénégal. Il faut rendre accessibles les moyens contraceptifs pour protéger contre une grossesse non désirée et certaines maladies sexuellement transmissibles. L'Association sénégalaise pour le bien-être ffamiliale (Asbef) avait un programme dans ce sens, mis en œuvre dans des lycées et collèges pilotes. Une initiative à mon avis salutaire mais qui n'a malheureusement pas prospéré.
En cause, une levée de boucliers d’organisations qui sous le manteau de la religion, se sont autoproclamées gardiens de nos mœurs, valeurs et traditions. L'éducation, les valeurs, la vertue sont d’abord forgées dans la cellule familiale qui est elle même en crise.
L'initiative de Ndela à mon humble avis, devait être encadrée par les pouvoirs publics qui s’intéressent malheureusement plus à la prochaine élection qu'à la prochaine génération. Ndela a été laissée à elle-même. De huit nourrissons au départ, elle se retrouve selon la presse, avec une quarantaine à prendre à charge. Une illustration du désespoir profond des femmes célibataires qui attendent un enfant.
Je pense sincèrement que l’idée, au départ, n'était pas mauvaise. Soutenir des parturientes désespérées. Combien de femmes dépensent énormément d'argent dans des traitements médicaux ou se tournent vers la médecine traditionnelle dans l'espoir de porter un jour leur propre bébé ? Combien de mariages détruits parceque le bout de chou tant attendu tarde à pointer le nez apres plusieurs années de mariage ? Combien de femmes dépressives subissant le mépris du conjoint qui s’empressera de convoler en seconde noce avec une nouvelle épouse pour espérer avoir un enfant ? Comme si le fait d'avoir un enfant était une clause dans un contrat de mariage ? Tout comme l’épanouissement de la femme était consubstantiel au mariage et à une grossesse aboutie. Que fais-t-on du destin ? Ou du choix de la femme de rester célibataire ou de ne pas vouloir d’un enfant ? Le poids de la société est très lourd à porter au Sénégal et les femmes en sont les principales victimes.
On pourrait reprocher à Ndela, jusqu'à ce que les résultats d’une enquête minutieuse des services concernés établissent le contraire, une certaine cupidité si l’on s'en tient aux révélations de la presse. Elle a flairé un bon créneau pour se faire du pognon. Elle n'a pas hésité à l'exploiter.
Me concernant, je préfère de loin la tragédie de Keur Yeurmande à celles consistant à étrangler son nouveau-né, à le jeter dans les cuvettes d’un WC, à le mettre dans un sachet à ordures, à l'abandonner dans un coin de rue à la merci des chiens errants. Les pouponnières des soeurs catholiques sans subvention de l'État, en tout cas à ma connaissance, voilà à mon avis, le modèle que Ndela souhaitait reproduire dans un pays à plus de 95% de musulmans.
PS. Contrôlons de façon plus stricte et rigoureuse ce qui se passe dans les daaras. Pas un mois ne passe sans qu’un scandale de viol sur mineur(e) ou de pédophilie ne soit révélé dans les journaux. Que le chef de l'État les institutionnalise de fait en participant personnellement à une journée des daaras, est une grosse erreur. C'est mon point de vue.