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30 novembre 2024
Femmes
KAYAM, AU ROYAUME DES DAMES QUI SOUFFRENT
Le Centre d’accueil pour les femmes victimes de violences en tout genre, Kayam a ouvert ses portes il y a deux ans et a pris en charge déjà 70 femmes avec leurs enfants. Hier, le centre a organisé une cérémonie de clôture de la 3e phase de la formation
Le Centre d’accueil pour les femmes victimes de violences en tout genre, Kayam a ouvert ses portes il y a deux ans et a pris en charge déjà 70 femmes avec leurs enfants. Hier, le centre a organisé une cérémonie de clôture de la 3e phase de la formation.
Les violences faites aux femmes sont multiples. Il y a la violence physique, la violence morale et la violence financière. C’est pour lutter contre ce phénomène que le centre d’accueil Kayam a été ouvert dans la banlieue dakaroise pour assister les femmes victimes de violences. Ces dernières font face aux préjugés et à la stigmatisation qui freinent leur épanouissement. «Au Sénégal, on parle souvent de l’éducation des jeunes. Or on ne peut pas avoir une jeunesse bien éduquée sans qu'il y ait la main de la femme. D'où l'importance d'ouvrir ce centre d'accueil pour héberger et soutenir et faire un suivi juridique, psychologique et psychothérapeutique des victimes, pour leur bien-être. Nous allons nous étendre sur l'ensemble du territoire et nous allons commencer d'abord par Kaolack, le mois prochain, et Ziguinchor», soutient la Directrice du centre Kayam, Béatrice Badiane. Le centre compte toucher un peu les villages les plus reculés où les femmes sont stigmatisées et laissées à elles-mêmes. «On parle des droits des femmes, mais est-ce que ces droits sont appliqués ou respectés ?
En tant que femmes, nous avons notre droit de regard sur la société. Nous voyons que dans les grandes instances de prises de décisions, nous avons une faible représentativité. Même dans l'actuel gouvernement, nous avons une faible représentativité des femmes. C'est le moment pour les femmes de s'imposer et de se valoriser davantage», lance Mme Badiane avant de révéler que le centre reçoit beaucoup de femmes qui viennent de Kaolack et de Ziguinchor. «Nous recevons aussi des femmes qui ont été stigmatisées ; des femmes qui ont vécu ou qui vivent avec le Vih et qui ont été dénoncées. Elles ont été sujettes de stigmatisation au sein de la société. Nous avons d'autres femmes aussi qui viennent avec leurs enfants. Ce sont des gens qui étaient là et beaucoup nous viennent des régions et surtout de Kaolack et de Ziguinchor. Mais malheureusement, elles ont été tellement stigmatisées qu'elles ne trouvent refuge qu'ici auprès du centre», rapporte la Directrice du centre Kayam.
Pour sa part, la présidente du centre, Yacine Diouf, souligne que leur mission est de créer des centres d'accueil pour les femmes victimes de violences intrafamiliales. Il s'agit de violence entre couple, de mariage forcé et d'excision. «Ce sont des violences qu'on n'arrive pas à arrêter et dont les femmes ont honte de parler. Ce centre leur permet d'avoir un endroit où aller, un endroit où on s'occupe d'elles. Nous les hébergeons, les nourrissons et on fait le suivi psychologique et médical.
A la fin de toutes ces assistances, nous passons aux formations car nous voulons qu'elles deviennent indépendantes financièrement pour se gérer face à la société», précise Yacine Diouf.
LES SEINS SANS L’OMBRE DU CANCER
Pour Bes bi, c’est l’occasion de mettre la lumière sur cet organe pair dont l’importance va au-delà de la biologie. Les seins de la femme sont au cœur de l’enracinement culturel, de l’amour filial, de la religion et de la sexualité.
Bés Bi le Jour |
Marly DIALLO |
Publication 21/10/2023
Le cancer du sein ne fait pas que ronger le sein, il lui vole aussi la vedette en cette période d’Octobre Rose. Impossible de faire des recherches sur le sein sans tomber sur le mot cancer. Pour Bes bi, c’est l’occasion de mettre la lumière sur cet organe pair dont l’importance va au-delà de la biologie. Les seins de la femme sont au cœur de l’enracinement culturel, de l’amour filial, de la religion et de la sexualité.
Culture : Un abreuvoir de valeurs et d’amour filial
«Nourrices-mercenaires». Cette expression ne vous est peut-être pas familière. C’est normal parce que l’Afrique est le continent où cette pratique a le moins prospéré. Pendant longtemps en Europe, les enfants nés dans l’aristocratie étaient confiés à des femmes de conditions sociales inférieures. Celles-ci allaitaient et s’occupaient de l’enfant jusqu’au sevrage. Les femmes aristocrates pouvaient ainsi préserver leur corps et leur autonomie. Aussi, en Arabie pré-islamique, les enfants nés à la Mecque étaient confiés à des bédouines du désert. Cela permettait aux enfants de s’adapter à des conditions vie austère, de respirer l’air pur du désert et de parler un arabe authentique non dilué par le caractère cosmopolite de la Mecque. En Afrique, cette pratique était peu répandue. Et pour cause, donner le sein à son enfant est une tradition profondément ancrée. A travers ce geste, la mère ne fait pas que nourrir son enfant. Elle l’abreuve aussi de valeurs. La chercheuse Oumou Ly Kane l’explique ainsi : «Le nourrisson qui tète le sein de sa mère ne boit pas seulement du lait ; il absorbe aussi tout un système parental et social, une appartenance et un ensemble de valeurs, d’obligations et d’interdits». Aussi, ils prolongent et renforcent l’amour filial. Dans l’utérus, la mère nourrit son enfant au moyen du cordon ombilical. Une fois celui-ci sectionné, il y a la peur que le monde extérieur bien moins bienveillant éloigne l’enfant de sa mère. A ce moment-là, les seins prennent le relais et procurent nourriture, amour et réconfort à l’enfant. Donner le sein à un enfant va donc bien au-delà du fait de le sustenter. Ce geste influe sur son enracinement et sa psychologie. C’est l’une des raisons pour lesquelles en Afrique, l’allaitement est rarement délégué à une personne étrangère. Quand la mère tombe malade ou meurt, c’est à l’entourage proche que sera confié l’enfant. La nourrice choisie peut être assistée mais pas rémunérée.
Sexualité : Une érotisation lucrative
Au Cameroun, il existe une tradition appelée «le repassage des seins». Des objets chauffés sont utilisés pour masser la poitrine et empêcher son développement. Cette mutilation moins connue que l’excision vise aussi à entraver la sexualité des femmes. Cette pratique dangereuse reconnait et rejette le caractère sexuel des seins. Bien que largement répandue dans le monde, la sexualisation des seins restait, jusqu’à un passé récent, une réalité taboue confinée à la sphère privée. L’émergence des médias et du divertissement (magazines, films, publicités, pornographie) va s’accompagner d’un recours au corps de la femme comme argument marketing à partir des années 1960. Tout d’un coup, les seins de la femme ont commencé à se retrouver dans l’espace public et dans les foyers par la magie des affiches et de la télévision. Les seins sont affichés de façon suggestive dans des décolletés de plus en plus plongeants. A partir de là, la fonction nourricière du sein est ouvertement concurrencée par sa fonction sexuelle.
Place à la chirurgie d’augmentation mammaire
L’industrie de la lingerie fine en profite pour créer des produits qui embellissent et érotisent la poitrine et réalisent au passage des chiffres d’affaires aussi vertigineux que leurs décolletés. Rien qu’aux États-Unis, le marché des sous-vêtements a rapporté près de 18 milliards de dollars en 2022, rapporte Statista, un organisme spécialisé dans la compilation de données. Peu de données sont disponibles concernant l’Afrique mais on sait que la sexualisation mammaire est aussi répandue sur le continent. De même, la chirurgie d’augmentation mammaire devient de plus en plus populaire. Elle est aujourd’hui la chirurgie esthétique la plus répandue au monde devant la liposuccion, la rhinoplastie, le lifting et l’augmentation du fessier. Toutefois, il persiste en Afrique des peuples pour qui les seins ne sont pas un organe sexuel. Au sein de ces peuples, il n’est pas inhabituel que la poitrine de la femme ne soit pas voilée. C’est le cas chez les Bushmen et les Zoulous en Afrique australe et chez les Massai au Kenya.
Politique : Protester par la nudité
Le 15 février 1961, une femme a commencé à apparaitre torse-nu dans les rues de Léopoldville (Kinshasa). Son nom : Pauline Lumumba. Elle est la veuve de Patrice Lumumba assassiné un mois plus tôt. Elle espère, à travers ce geste, obtenir le droit d’enterrer le corps de son époux. Elle n’obtiendra jamais gain de cause car le corps en question a été délibérément dissout dans de l’acide pour mieux tuer le mythe Lumumba. Cette manifestation est un exemple du recours aux seins de la femme comme moyen de protestation. Cette stratégie mise sur la provocation pour attirer l’attention des médias et du public sur un sujet particulier. Ce phénomène est à la fois rare et redouté en Afrique à cause des croyances à la malédiction de la nudité des femmes. Dans certaines cultures, on pense que voir la nudité d’une femme, surtout si elle est âgée, est source de malédictions. Ainsi, en 2002 au Nigeria, des femmes Igbo ont menacé de se dénuder pour protester contre la pollution pétrolière. Cela a suffi à paralyser le secteur car les travailleurs locaux redoutaient de tomber sur des femmes dénudées. Enfin, deux femmes Prix Nobel de la paix ont eu recours à cette forme de protestation : La Kenyane Wangari Maathai pour s’insurger contre la brutalité policière et la Libérienne Leymah Gbowee pour lutter contre la guerre civile qui déchirait son pays.
Religion : Un trésor à dissimuler
«Est-il acceptable de peindre la Vierge Marie donnant le sein à Jésus ?» Cette question est au centre d’un clash entre la religion et l’art. La première invoque la pudeur tandis que le second prône la liberté d’expression. Le temps semble pencher pour la religion. Alors que la représentation en peinture de la Vierge Allaitant était très populaire au Moyen-âge et au début de la Renaissance, elle est aujourd’hui assez rare. Tout en célébrant les seins des femmes, les religions monothéistes appellent à les couvrir comme on dissimule un trésor. Pour ces religions la fonction nourricière des seins l’emporte sur les autres (sexuelle, politique, sensuelle, etc.). L’Islam comme le Christianisme considèrent l’allaitement comme une obligation morale aux bénéfices innombrables aussi bien pour l’enfant que pour la mère. La Science a donné raison à ces recommandations formulées des siècles plus tôt. L’Oms reconnait que le lait maternel participe à la nutrition, à l’immunité et au bien-être psychologique de l’enfant. Chez la femme, l’allaitement peut protéger contre les cancers du sein et de l’ovaire, le diabète, etc. Au-delà de son rôle nourricier, les seins peuvent aussi créer une relation de fraternité là où il n’existe aucun lien de parenté. C’est ce qu’on appelle la filiation par l’allaitement. En islam, téter d’un même sein suffit à faire de deux enfants étrangers des frères ou sœurs. De même, par l’allaitement, une femme peut devenir mère d’un enfant qu’elle n’a pas mis au monde.
LE SEIN DANS TOUTES SES REPRESENTATIONS
Organe important mais exposé, La journée mondiale contre le cancer du sein a été célébré ce mercredi 20 octobre 2023, en plein Octobre rose.
Bes Bi le Jour |
Marly DIALLO |
Publication 21/10/2023
La journée mondiale contre le cancer du sein a été célébré ce mercredi 20 octobre 2023, en plein Octobre rose. Cette maladie est durement ressentie par les femmes, beaucoup en perdent un ou les deux seins. Bés bi tente de voir cet organe dans toutes ses représentations. La douleur de le perdre, le bonheur de l’avoir, de le préserver. Le sein dans la sexualité, dans la famille, l’éducation, la santé de la mère et de l’enfant, la féminité, la société… Comment discuter des seins avec de parfaites inconnues ? C’est à cet exercice délicat que Bés bi s’est livré avec des étudiantes de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar (Esp). Ces jeunes scientifiques dont certaines sont voilées se livrent sur leurs relations avec cet organe essentiel. Que représente-t-il pour elles ? Prennent-elles des précautions pour le protéger ? Comment les inciter à pratiquer l’autopalpation ?
Octobre rime habituellement avec l’effervescence de l’ouverture des classes à l’Ecole supérieure polytechnique (Esp). Cependant, en cette matinée d’automne, les lieux sont plongés dans le silence et la torpeur d’une journée de canicule. Dans la cour de l’école spacieuse et propre, une végétation généreuse offre de l’ombre aux quelques rares personnes assises sur les bancs. Kadiata Diallo, Assiata Ba et Bineta Ba sont inscrites à un master de Mathématiques. Elles se sont rencontrées dans cet établissement quelques années plus tôt et ont fini par devenir comme des sœurs. Étant toutes les trois voilées, il n’est pas évident d’aborder le sujet qui nous intéresse : les seins. Les premières réactions sont réservées. Puis la dynamique de groupe aidant, la discussion devient plus animée. «Pour moi, les seins sont un magnifique don de Dieu qui va un jour me lier aux enfants que j’aurai InchAllah», déclare Kadiata. «Les seins nous identifient en tant que femmes et participent à notre féminité, qu’on l’affiche ou qu’on la dissimule», renchérit Bineta. Pour Assiata, c’est aussi un organe qui vaut aux femmes des remarques misogynes. «Quand tu as de gros seins, les gens parlent, de même que quand tu as de petits seins. Je trouve cela déplacé d’évoquer les seins des femmes et d’en faire un motif de complexes pour elles», s’indigne-t-elle. L’importance de cet organe étant établi, il est temps de s’enquérir des soins qu’on lui accorde.
L’oubli et la pudeur mis en cause
Toutes les trois se rejoignent sur un point : Elles pratiquent rarement l’autopalpation conseillée pour détecter toute anomalie. La principale explication est l’oubli. «Je n’y pense pas souvent, sauf en ce mois d’octobre avec les constants rappels, je me dis que je vais le faire», reconnait Assiata. «Comme on a des seins toute l’année et pas seulement en octobre, il serait bien de maintenir la sensibilisation pour que ça serve de rappel», intervient Kadiata avec un trait d’humour qui provoque des rires. En attendant, elles promettent de se rappeler entre elles de se livrer régulièrement à cet exercice simple mais crucial. Car, comme elles le reconnaissent à l’unisson, «notre santé et celle de nos proches doivent toujours être une priorité». Un avis que partage Awa Willane.
Une application et des tutoriels sur la pratique de l’autopalpation
Avec une voix bienveillante et une gestuelle posée, la jeune étudiante en Biologie accepte de se joindre à la discussion malgré son apparent empressement à retourner à ses travaux. Pour elle, les seins sont une part importante de la féminité : «Les femmes qui subissent une ablation mammaire sont quelque peu privées d’une partie de leur identité. Ça doit être une grande épreuve». Par mesure de prévention, elle pratique l’autopalpation plus souvent mais pas autant qu’elle le devrait. Elle préconise la poursuite de la sensibilisation tout en soulignant un point important : la pudeur. «Peut-être que la pudeur héritée de notre éducation est la raison pour laquelle on peine à adopter l’habitude de se toucher les seins», suggèret-elle. Sur un ton plus sérieux, Bineta propose l’idée d’une application qui va alerter les femmes à la fin de leurs règles pour leur rappeler de pratiquer l’autopalpation. Une suggestion qui fait consensus à en juger par les réactions d’acquiescement. Aussi, Bineta souligne l’importance d’inclure dans les campagnes de sensibilisation des tutoriels pour savoir exactement comment pratiquer cet exercice pour ne pas passer à côté d’un signe qui aurait dû alerter.
Restaurer la féminité spoliée des survivantes
Quelques instants plus tard, c’est d’un pas résolu que Woré Cissé se dirige vers la sortie. Elle était venue à l’Esp pour se renseigner sur le concours de Génie électrique auquel elle souhaite participer. A tout juste 18 ans, elle affiche une assurance qui lui fait tout de suite adhérer à l’idée de parler des seins. «Par le lait maternel qu’ils procurent, les seins sont d’une importance capitale pour la survie des bébés. Donc, les seins des femmes sont importants pour toute la société», déclare-t-elle. Est-elle une assidue de l’autopalpation ? «Non», répond-elle avec honnêteté. Elle s’empresse de proposer une solution : «Il y a beaucoup trop de contenus inutiles sur les réseaux sociaux. On devrait mettre en avant des informations et rappels plus profitables à la santé et au bien-être.» Si le cancer est détecté suffisamment tôt, il est possible de le guérir sans ablation mammaire. Malheureusement, alors que le cancer du sein est plus rare en Afrique qu’en Europe ou en Amérique, il y est aussi plus dommageable et plus mortel à cause d’un diagnostic plus tardif. L’ablation d’un ou des deux seins devient nécessaire lorsque la tumeur atteint un stade avancé. «Une mastectomie est vécue comme une atteinte à la féminité et à l’estime personnelle des femmes», explique Mme Diarra Guèye Kébé, survivante du cancer et présidente de l’Association Cancer du sein Sénégal. En plus d’être active dans la sensibilisation, cet organisme lève des fonds destinés à l’achat de prothèses mammaires pour des femmes ayant subi une ablation. Pour cette année, l’objectif est fixé à au moins 500 prothèses. Cela ne suffira peut-être pas pour effacer les ravages du cancer sur le corps et l’esprit des survivantes. Cela peut cependant les aider à recouvrer une partie de leur féminité spoliée et de reprendre goût à la vie.
DAKAR SOUS L'EMPRISE DES VOLS DE PERRUQUES
Les perruques en cheveux naturels, dont le coût est considérable, sont particulièrement visées. Les voleurs ne se limitent pas aux particuliers, mais ciblent également les salons de perruque
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 20/10/2023
Selon un article publié sur le site de RFI ce vendredi 20 octobre 2023, les vols de perruques sont de plus en plus fréquents à Dakar. Les voleurs, qui ont récemment été appréhendés dans un salon de coiffure, ont été trouvés en possession de 91 perruques de seconde main. Ces actes criminels ont conduit à des condamnations fin septembre, où les coupables ont écopé de deux ans de prison, dont trois mois fermes. Les perruques en cheveux naturels, dont le coût est considérable, sont particulièrement visées par ces vols.
L'article rapporte le témoignage de Nogaye Sidy Fall, une mère de famille âgée de 42 ans, qui a été victime d'un vol de perruque en plein marché populaire de Colobane, juste avant la rentrée scolaire de 2022. Elle raconte comment sa perruque en cheveux naturels lui a été arrachée en quelques secondes, représentant une valeur d'environ 300 000 francs CFA, soit près de 450 euros. Incapable de se permettre une autre perruque de ce prix, elle se résigne désormais à porter des perruques synthétiques ou demi-naturelles. Elle admet ne pas avoir déclaré le vol à la police, pensant que cela ne valait pas la peine étant donné qu'elle avait initialement déclaré la perruque comme étant semi-naturelle.
Bien que Nogaye Sidy Fall ait entendu parler de vols de perruques auparavant, elle ne s'attendait pas à être victime de tels actes, surtout en plein jour. Elle souligne que la crainte de ce genre d'incidents est généralement associée aux sorties nocturnes entre femmes, mais qu'en présence d'hommes, les précautions sont souvent négligées.
Les voleurs ne se limitent pas aux particuliers, mais ciblent également les salons de perruque. Plusieurs d'entre eux ont été cambriolés ces dernières années dans la capitale sénégalaise. Arène Khouma, propriétaire du salon de coiffure Enera Beauty à Dakar, spécialisé dans les perruques en cheveux naturels depuis 2017, compare la vente de ces articles à la gestion d'une bijouterie. Les cheveux naturels, importés du Vietnam, représentent un investissement considérable, avec des prix pouvant atteindre jusqu'à 400 000 francs CFA, soit environ 600 euros, pour une perruque. Les cheveux sont minutieusement travaillés et personnalisés en fonction des besoins de chaque cliente, justifiant ainsi les tarifs élevés. Certains clients ont conservé leurs perruques depuis 2016 ou 2017, ce qui démontre leur durabilité.
Les vols de perruques en cheveux naturels sont devenus un problème récurrent à Dakar, mettant en évidence la vulnérabilité des personnes portant ces accessoires de valeur. Les victimes sont souvent prises par surprise, et les incidents peuvent se produire à tout moment de la journée. Les propriétaires de salons de perruque sont confrontés à des défis supplémentaires, avec des cambriolages fréquents qui les obligent à renforcer les mesures de sécurité.
«NOUS FERMONS LES YEUX SUR LES BOURREAUX, LES CRIMINELS QUI VIOLENT LES FEMMES…»
Bigue BA Mbodji, présidente de l’association nationale des sages-femmes se prononce sur l’avortement clandestin
La recrudescence des grossesses précoces chez les jeunes est un des facteurs d’avortements clandestins qui sont de plus en plus fréquents. Lors du 2e forum sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes, la présidente de l’association des sages-femmes d’Etat du Sénégal a fait un plaidoyer fort pour la prise en charge des victimes de viol suivi de grossesse qui, selon elle, aboutit à un avortement clandestin.
«Nous fermons les yeux sur les bourreaux, les criminels qui violent les femmes et généralement, ils ont une ascendance sur les victimes. Ils sont très proches d’elles et nous, en tant qu’agents de santé, nous les recevons dans un état vraiment lamentable». C’est le cri du cœur de Bigué Bâ Mbodji présidente de l’association nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal, lors du forum sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (Sraj) sur le thème ‘’l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste’’. Cependant, elle est revenue sur les principales complications de l’avortement. «Ce que nous recevons dans nos structures, c’est d’abord l’infection qui peut se compliquer à une infection généralisée. Il y a aussi l’hémorragie qui constitue la 1ère cause de décès maternels mais aussi les nombreux cas de tentatives de suicide, des cas d’amputation de la jambe», révèle-t-elle. En outre, elle est revenue sur une problématique qui pousse les femmes à pratiquer l’avortement clandestin. «Dans les réseaux sociaux, régulièrement on m’envoie des vidéos où on dit : on fait des offres de service ; au vu et au su de tout le monde, avec des adresses et des numéros de téléphone. Ils offrent des services d’avortement et ils citent les médicaments qui le font», indique-t-elle. Elle ajoute que rien n’est fait ; et une fois qu’une personne l’utilise, on va dire que cette personne sera sanctionnée parce qu’elle ne devait pas utiliser. «Mais est-ce que le travail ne devait pas être fait en amont contre ces personnes-là qui leur donnent ces services et qui n’ont ni compétence, ni légalité encore moins la légitimité de pouvoir leur offrir ces services ?»
«QUAND IL Y A VIOL, LE PREMIER RECOURS, CE N’EST PAS LA STRUCTURE SANITAIRE SI VOUS VOULEZ QUE JUSTICE SOIT FAITE»
L’avortement clandestin est devenu, selon Bigué Ba Mbodji, un problème de santé publique. «Il ne faut pas que l’on se voile la face en jouant à la politique de l’autruche. L’avortement clandestin est un problème de santé publique. C’est une situation qui se vit dans la chair de la personne», dit-elle. Selon elle, on doit se référer à la définition de la santé de la reproduction qui est un état de bien-être physique, moral, mental et social. «Si on se réfère à cette définition de la santé de la reproduction, on pourra savoir que nous devons parler de manière courageuse et efficiente de cette problématique de l’avortement parce que c’est un problème qui est là et qui demande solution ; parce que si l’on ne fait rien, nos filles vont mourir», affirme-telle. Mme Bâ déplore que la femme qui est violée soit toute seule à subir toutes les conséquences. «La femme est violée seule, elle porte la grossesse seule, elle meurt de cette grossesse en cas d’avortement clandestin seule, elle fait face à la justice toute seule. Quelqu’un qui est accusé de viol, s’il n’a pas les moyens, on lui donne un avocat d’office mais la victime est seule», se désole-t-elle. A cet effet, elle souligne qu’elles sont les agents de première ligne que les femmes consultent en cas de viol. «Quand il y a viol, le premier recours, ce n’est pas la structure sanitaire si vous voulez que justice soit faite. Le premier recours est d’aller à la gendarmerie ou à la police, avoir la réquisition et maintenant, les résultats des examens qui seront faits au niveau de la structure de santé pourront être utilisés en cas de procès. Quand on est violée, on se sent sale, souillée, et le premier réflexe est de se laver, se débarrasser de ses habits qui constituent une preuve du viol.»
CES GOULOTS A L’EPANOUISSEMENT DES ADOLESCENTS ET DES JEUNES
Infections sexuellement transmissibles, grossesses et mariages précoces, violences domestiques, Les adolescents et les jeunes font face à d’énormes problèmes de santé.
Le 2e forum international sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (Sraj) a commencé depuis hier. Initiatrice de la rencontre, l’Ong Acdev espère qu’elle va contribuer à l’amélioration de l’accès des adolescents à des services complets de santé de la reproduction et adaptés à leurs besoins et préoccupations
Les adolescents et les jeunes font face à d’énormes problèmes de santé. Beaucoup d’entre eux ne sont pas conscients des maladies et infections qui les guettent. D’où le forum international qui leur est dédié pour parler des infections sexuellement transmissibles (Ist), les grossesses précoces et les violences domestiques. Au Sénégal, les résultats des dernières enquêtes démographiques et de santé (2017 et 2019) révèlent le taux encore élevé de mariages d’enfants et d’adolescents qui est à 30.5 ; le taux de grossesses précoces est estimé à 13,8%, la prévalence des infections sexuellement transmissibles est à 16,5% chez les adolescents âgés entre 15-19 ans et 29,3% chez les jeunes de 20-24 ans ; la prévalence des violences domestiques ou sexuelles chez les filles de 15-24 ans est de 28%.
LES JEUNES PRONENT UNE EDUCATION COMPLETE A LA SEXUALITE
Au Sénégal, la faiblesse courante des niveaux d'instruction, la vulnérabilité économique, les pesanteurs socioculturelles et certaines lois et politiques nationales entravent une bonne promotion de la Santé de la reproduction des adolescents et des jeunes, l'utilisation et la prestation de services de SRAJ. A cela s’ajoute le faible niveau de connaissances des adolescents sur les droits en santé sexuels et reproductifs (DSSR). L'accès et les taux limités d'utilisation de services de santé de reproduction et des méthodes contraceptives rendent donc nécessaire l'établissement d'une éducation complète à la sexualité (ECS) ainsi qu'un accès à des services de SRAJ de qualité. Directeur de la santé mère-enfant, Dr Amadou Doucouré affirme que la santé de l’adolescent constitue un enjeu stratégique pour l’atteinte des objectifs de développement durable. «La santé durant l’adolescence a un impact à toutes les étapes de la vie.
Ainsi, l’Etat a fait de la santé de l’adolescent une priorité de premier ordre, matérialisée à travers la promotion du capital humain de qualité, un des piliers fondamentaux du PSE», indique-t-il. Malgré les avancées notées dans la prise en charge des adolescents, il reste beaucoup de défis. Il s’agit de «la recherche-action, le financement, la coordination et les synergies entre les différents secteurs, l’amélioration de l’accès à l’information appropriée et aux soins adaptés aux besoins des adolescents et à une information de qualité à travers une communication intégrée. S’y ajoute l’amélioration de l’environnement social, législatif et réglementaire sur les sujets concernant les adolescents et la prise en charge holistique prenant en compte dans sa globalité les problèmes inter reliés de santé de la reproduction, de violences basées sur le genre, de santé mentale, avec un accent mis sur la prévention».
Représentant les jeunes, Arona Sow plaide pour une éducation sexuelle complète. Selon lui, pour des millions de jeunes du monde entier, le début de l’adolescence amène non seulement des changements corporels mais aussi de nouvelles formes de vulnérabilité aux violations des droits de la personne dans les domaines de la sexualité, du mariage ou de la grossesse. «Des millions de filles sont forcées à des relations sexuelles non consenties, ce qui les met en danger de grossesse non désirée, d’avortement et d’accouchement à risque ainsi que de contraction d’infections sexuellement transmissibles notamment le VIH», indique-t-il.
A l’en croire, la SRAJ doit être défendue, et cela passe notamment par l’accès à une éducation sexuelle complète. Pour sa part, le Directeur exécutif de l’Ong Acdev, Dr Cheikh Tidiane Athie souligne que pendant 12 années, son organisation permis à plus de 3 500 participants de plus de 21 pays de bénéficier de formations et d’expériences enrichissantes partagées avec plus de 200 chercheurs, professeurs d’université, des professionnels de santé et gestionnaires de programmes et de projets venant de plusieurs pays d’Afrique, d’Europe et du Canada. Selon lui, l’objectif du forum est de faire le lien entre action et recherche et de répondre à des problématiques concrètes en favorisant une réflexion et des échanges autour d’expériences originales.
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FEMME ET POLITIQUE, DES AVANCÉES NOTÉES
Le Sénégal a enregistré des ‘’avancées notoires’’ en matière participation des femmes à la vie politique, a affirmé, lundi, le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop.
Dakar, 16 oct (APS) – Le Sénégal a enregistré des ‘’avancées notoires’’ en matière participation des femmes à la vie politique, a affirmé, lundi, le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop.
‘’Au Sénégal, des avancées réelles ont été faites dans l’implication des femmes dans la gestion des affaires publiques et la prise de décision dans les différentes instances délibérantes’’, a-t-il déclaré.
Il intervenait lors de la cérémonie d’ouverture du séminaire parlementaire organisé par l’Assemblée nationale en partenariat avec le Réseau des femmes parlementaires de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) et l’organisation internationale de la francophonie.
La rencontre de deux jours a pour thème ‘’Le leadership des femmes en politique’’.
M. Diop a souligné que ‘’depuis sa création en 2022, le réseau des femmes parlementaires de l’APF a contribué considérablement à la promotion de la participation des femmes à la vie politique, économique, sociale et culturelle dans nos pays respectifs’’.
Le président de l’Assemblée nationale a rappelé qu’en 2010, le Sénégal a adopté la loi sur la parité, mise en œuvre sous le magistère du président Macky Sall dès les élections législatives de juillet 2012.
Ce dispositif, a-t-il souligné, a permis d’avoir une ‘’représentation significative des femmes dans les fonctions électives, semi électives ainsi que dans les institutions’’.
A l’en croire, la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre 2016-2026 a ‘’conforté l’engagement résolu du Sénégal pour l’éclosion du leadership des femmes et leur autonomisation’’.
Toutefois, il estime qu’il ‘’reste encore du chemin à faire eu égard à nos ambitions et celles de nos populations’’.
La Représentante du réseau des femmes parlementaires de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, Chantal Soucy, a expliqué que les femmes ‘’sont confrontées à deux obstacles sur la voie de la participation à la vie politique’’.
Elle a cité ‘’les entraves structurelles qui réduisent les possibilités pour les femmes de participer activement à la vie politique’’.
A cela s’ajoute le problème de ressources financiers qui empêche aux femmes ‘’d’accéder à certaines fonctions électives’’.
La démarche de l’APF ‘’ a encouragé les échanges d’expérience et à renforcer la solidarité entre les femmes parlementaires dans l’espace de la francophonie’’, a-t-elle expliqué.
Pour sa part, la vice-présidente de l’assemblée nationale du Québec, a estimé qu’il ne suffit pas que les femmes soient présentées aux postes de prise de décision.
Il faudrait aussi qu’on leur donne des portefeuilles importants tels que l’économie, les finances et la Défense, a-t-elle soutenu.
La représentante ONU femmes Sénégal, Fanta Sow a invité les autorités parlementaires à ‘’mettre au sein de l’Assemblée un comité genre’’ et à ‘’organiser des sessions de formation pour renforcer les capacités des femmes’’.
THÉRÈSE FAYE DIOUF RÉCOLTE LES FRUITS D'UN ENGAGEMENT POLITIQUE DE LA PREMIÈRE HEURE
L'ancienne étudiante en sociologie à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar nommée ministre du Développement communautaire, fait partie des membres fondateurs de l’APR et des piliers du Mouvement des élèves et étudiants républicains
La nomination de Thérèse Faye Diouf aux fonctions de ministre du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l’Équité sociale et territoriale couronne l’engagement politique précoce de la maire de Diarrère (centre) aux côtés du président de la République, Macky Sall, et de son parti politique, l’Alliance pour la République (APR).
Étudiante en sociologie à l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar, elle fait partie des membres fondateurs de l’APR et des piliers du Mouvement des élèves et étudiants républicains.
Elle a dirigé cette instance du parti au pouvoir pendant plusieurs années. Membre du directoire politique de l’APR, Mme Diouf, maire de Diarrère depuis 2014, a été récompensée pour son militantisme, dès l’arrivée de Macky Sall au pouvoir en 2012 : elle est nommée directrice générale de l’Agence nationale de la petite enfance et de la case des tout-petits.
Très active dans les associations d’étudiants, Thérèse Faye Diouf s’est fait connaître davantage en mars 2011, lorsqu’elle est accusée en même temps que d’autres étudiants d’une… ‘’tentative de coup d’État’’ par le ministre de l’Intérieur, Cheikh Tidiane Sy.
Le parti au pouvoir, le PDS, faisait payer à son mentor, Macky Sall, son ralliement à l’opposition.
Titulaire d’un master en sciences politiques de l’UCAD, l’ancienne employée de l’Assemblée nationale ne manque jamais l’occasion de se prévaloir d’un engagement politique sans faille.
Après l’agence chargée des cases des tout-petits, Mme Diouf a été nommée administratrice générale du très stratégique Fonds de garantie des investissements prioritaires.
Son entrée au gouvernement peut être considérée comme la récompense de son infatigable engagement aux côtés du président de la République et de son parti politique.
«IL Y A UNE GRANDE PROGRESSION DE LA CONSOMMATION DE LA DROGUE CHEZ LA GENT FEMININE»
Le coordonnateur du centre de sensibilisation et d’information sur les drogues (Csid/Jacques Chirac) Cheikh Diop a indiqué d’emblée que l’addiction est une pathologie, c’est-à-dire la dépendance vis-à-vis d’un produit.
En marge de l’atelier sur la problématique de l’alcool au Sénégal, le coordonnateur du centre de sensibilisation et d’information sur les drogues (Csid/Jacques Chirac) Cheikh Diop a fait une présentation sur les effets et les conséquences de l’usage des substances psychoactives (drogue, alcool et tabac). Cheikh Diop note une augmentation de la consommation de drogue chez la gent féminine.
Le coordonnateur du centre de sensibilisation et d’information sur les drogues (Csid/Jacques Chirac) Cheikh Diop a indiqué d’emblée que l’addiction est une pathologie, c’est-à-dire la dépendance vis-à-vis d’un produit. «Lorsqu’on parle d’addiction vis-à-vis du produit, c’est essentiellement la dépendance par rapport à la drogue et à l’alcool et quelque part au tabac», souligne-t-il. Il ajoute que le phénomène de la drogue se pose partout.
Pour M. Diop, depuis quelques années, ils sont en train d’observer la féminisation de la consommation des drogues. «Il y a une progression de la consommation chez la gent féminine, et avec l’avènement de la chicha, on a constaté une grande avancée. Si vous allez dans les restaurants de luxe, il y a beaucoup de jeunes filles qui consomment la chicha. De même, avec les mouvements observés de certaines femmes d’affaires qui sont entre deux avions, il y a une forte consommation de drogue chez ces femmes, et certaines même sont impliquées dans le trafic», explique-t-il. Il est pour la mise en place d’une stratégie de la réduction de la consommation de drogue. «On ne peut pas éradiquer la consommation de drogue encore moins de l’alcool car il y aura toujours quelqu’un qui en consomme. L’essentiel pour nous est de travailler pour réduire les impacts et conséquences négatives de ces consommations», déclare le coordonnateur du centre de sensibilisation et d’information sur les drogues (Csid/Jacques Chirac). Plusieurs facteurs expliquent la hausse de la consommation de drogue au Sénégal. «Il y a beaucoup de facteurs qui concourent à la consommation des drogues surtout auprès des jeunes. Le premier facteur est la disponibilité du produit parce qu’il y a un accès relativement facile par rapport à certains produits que l’on peut retrouver dans le marché», se désole-t-il.
D’une façon générale, dit-il, l’environnement social, économique et familial qui caractérise notre pays «constitue un facteur qui pousse les jeunes vers la consommation des drogues d’où la nécessité de renforcer les actions de prévention parce que l’enjeu est de faire en sorte que les jeunes ne touchent pas à la drogue, car dès l’instant où on tombe dans la consommation, cela devient beaucoup plus problématique».
Interpellé sur la drogue qui est la plus utilisée au Sénégal, M. Diop estime que le cannabis est la drogue la plus consommée dans le monde à part l’alcool. Les autres drogues viennent après. D’ailleurs, au Sénégal, c’est la drogue la plus utilisée. «Concernant la tranche d’âge, c’est entre 17 et 35 ans que nous recevons le plus au centre ; exceptionnellement, nous avons des gens très âgés qui ont plus de 60 ans, mais la plupart d’entre eux sont confrontés à des problèmes d’alcool», soutient M. Diop.
AU MOINS 10 DROGUES SONT REÇUS CHAQUE SEMAINE AU CENTRE JACQUES CHIRAC
Il renseigne par ailleurs que le centre Jacques Chirac est une structure communautaire qui intervient dans la prévention, la prise en charge psycho-social et dans l’accompagnement des personnes qui consomment des drogues de façon générale. «Il n’y a pas de service médicalisé mais nous offrons un service d’accueil, d’écoute et d’orientation des personnes qui sont en traitement. Chaque semaine au moins, nous recevons 8 à 10 personnes. Dans le mois, c’est plus de 50 personnes que nous recevons».
RECITS DE FEMMES ATTEINTES DE CANCER DU SEIN ET DU COL DE L'UTERUS
Des femmes qui gémissent, qui pleurent et qui crient «Aidez-nous ! Faites quelques choses pour nous». Telle est la réalité quotidienne de ces femmes atteintes de cancer notamment celui du sein ou du col de l’utérus.
Elles n’ont presque plus de vie intime, sociale et professionnelle. Fatou, Mary et Ndèye Amy (noms d’emprunt) vivent un drame. Elles souffrent terriblement et leur douleur est innommable. Ce sont des femmes atteintes de cancer du sein et du col de l’utérus. Avec beaucoup de difficultés, elles racontent leurs histoires en ce mois d’octobre consacré justement aux cancers. Hélas, un octobre qui n’est pas du tout rose pour ces pauvres femmes!
Des femmes qui gémissent, qui pleurent et qui crient «Aidez-nous ! Faites quelques choses pour nous». Telle est la réalité quotidienne de ces femmes atteintes de cancer notamment celui du sein ou du col de l’utérus. Le cancer, c’est une maladie chronique qui ne se transmet pas mais qui peut être très sournoise.
Dans la culture sénégalaise, tous les sujets liés au sexe, au système reproducteur féminin sont tabous. Et même si des femmes voient des symptômes anormaux ou bizarres, elles craignent de se rendre à l’hôpital pour se faire consulter et, le cas échéant, être prises en charge rapidement.
Comme beaucoup de femmes, Fatou (nom d’emprunt)n’a rien dit à son entourage quand les médecins lui ont diagnostiqué un cancer du sein. La peur du qu’en-dira-ton. Le fait de ne pas en avoir parlé immédiatement à son entourage lui a fait perdre beaucoup de temps, du temps précieux, avant de commencer le traitement. Aujourd’hui, elle a perdu son sein droit qui a attaqué toute sa main droite enflée. Sa douleur est inqualifiable ! Cette bonne dame souffre beaucoup, trop même. Elle suit son traitement à l’hôpital «Dalal Jamm» de Guédiawaye depuis la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec où elle était soignée auparavant. «Je suis fatiguée. J’ai une plaie béante. C’est dur. Je ne ferme pas l’œil de la nuit. Je pense que je vais mourir» confi-t-elle désespérée. Elle fait partie des malades qui se soignent à Dakar mais qui habitent dans les régions. Plus précisément, Fatou est de Kaolack. Elle a perdu son époux juste quelque temps après avoir été diagnostiquée du cancer. «Mon mari est décédé. Je n’ai plus personne pour me consoler. Le cancer ne peut pas être pris en charge par une seule personne ou un seul groupe. Ça a un coût élevé alors que moi je n’ai rien. C’est trop dur «, gémie-t-elle. Elle n’est pas la seule dans cette situation.
Comme elle, Mary souffre de douleurs lancinantes, horribles. Habitant à Touba, elle est hébergée à Mbao pour se rapprocher de l’hôpital Dalal Jamm où elle est traitée. La maladie l’a complètement défigurée, la rendant presque méconnaissable. Elle a perdu beaucoup de kilos. Tout comme Fatou, elle aussi a perdu son mari il y a quelques mois. «J’ai perdu le sommeil depuis longtemps. Comment pourrais je dormir avec ces douleurs atroces que je ressens en permanence ? Je viens de Touba. Après l’opération, il y a les analyses, les médicaments, les déplacements. Tout cela, ça demande de l’argent. Je me soigne à Dalal Jamm. Les analyses sont trop chères. Avant de faire la chimiothérapie, on débourse parfois 25000 francs malgré la gratuité. Il y aune gratuité de la chimiothérapie, mais on est souvent obligé de payer pour pouvoir bénéficier de certains analyses et médicaments.
Le président Macky Sall a rendu la chimio gratuite, mais ça impacte presque pas dans la prise en charge. Les médicaments sont chers. On rate des séances de chimio parce qu’on n’a pas quoi se payer les médicaments etmême les analyses».
Ndèye Amy est une autre malade du cancer. Elle souffre dans sa chair et jusqu’au tréfonds de son âme. «C’est très dur. Le cancer n’attend pas. J’avais subi une opération et j’étais presque guérie mais la tumeur est revenue. Le ministre de la Santé, Marie Khémess Ngom Ndiaye, m’a beaucoup aidée. Elle y a beaucoup participé aux frais relatifs à mon opération chirurgicale», indique notre interlocutrice tout en soulignant que le cancer demande le soutien de tous. «Car cela nécessite beaucoup de moyens. Pour l’opération, on a payé plus de 700 000 francs», précise Ndèye Amy. Le Gouvernement a consenti beaucoup d’efforts en faveur des malades du cancer mais la prise en charge est longue et coûteuse. Périlleuse aussi. Au Sénégal, comme dans beaucoup de pays d’Afrique, la plupart des cancers sont diagnostiqués à un stade très avancé. Les sources de traitement étant limitées, les familles font de grands sacrifices pour soigner leurs malades. La stigmatisation complique davantage la maladie. Les cas pris en charge dans les hôpitaux ne sont que la face visible de l’iceberg. Beaucoup de femmes meurent sans avoir jamais vu un médecin ou sans jamais avoir su qu’elles étaient atteintes par la maladie. Dans le monde rural, surtout, on pense qu’il y a quelque chose de mystique dans cette redoutable maladie. «Au début, ma famille disait que
j’étais maraboutée», confie Ndèye Amy. Conséquence: elle est arrivée à l’hôpital à un stade où la tumeur était tellement grosse qu’il lui fallait subir une ablation de son sein. Le cancer du sein est redoutable et mortel. Celui de l’utérus l’est plus encore. Qu’on soit en octobre, en novembre, en décembre ou en mars, il n’y a rien de rose dans la vie des femmes et hommes qui sont atteints du cancer