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2 avril 2025
Femmes
NON À L' EXCISION
Le Collectif des femmes africaines contre l’excision et les violence liées aux traditions a organisé, jeudi, à Dakar, un rassemblement pour dire non à un projet de texte qui pourrait à nouveau légaliser l’excision, en Gambie
Le Collectif des femmes africaines contre l’excision et les violence liées aux traditions a organisé, jeudi, à Dakar, un rassemblement pour dire non à un projet de texte qui pourrait à nouveau légaliser l’excision, en Gambie, où cette pratique est interdite depuis 2015.
Cette proposition a officiellement été déposée le 4 mars dernier par le parlementaire gambien Almameh Gibba.
”Alors que les femmes du monde entier se mobilisent pour dire non à la médicalisation de l’excision, alors que le 6 février, nous célébrions la journée mondiale de lutte contre l’excision, (…) nous apprenons avec stupéfaction que le parlement Gambien examine un texte légalisant à nouveau l’excision. Nous invitons toutes les femmes du monde à nous rejoindre pour lutter contre l’abrogation de cette loi”, a déclaré Naky Sy Savané, présidente du Collectif.
”Nous refusons catégoriquement toute tentative visant à légaliser cette pratique inhumaine partout dans le monde. Au nom de quoi martyrise-t-on le corps des femmes ? Au nom de quelle religion ? De quel impératif sanitaire ? Mutile-t-on les femmes parce qu’on a peur d’elles, de leur sexualité et pour servir l’ego des hommes ? Les corps des femmes ne doivent plus être utilisés pour les soumettre”, a ajouté Madame Savané.
Le collectif à l’origine de ce rassemblement est composé de l’Union des femmes du monde/GAMS Sud, de la plateforme mondiale des femmes entreprenantes du Sénégal, de l’Association des comédiennes africaines de l’image, de l’Association du festival internationale de film de femmes de Bamako, de l’Association des femmes de l’image du Mali, de l’Association forces pour l’autonomisation des femmes africaines et de la Marche mondiale des femmes.
L’objectif du collectif est d’être en ”première ligne” dans la lutte contre l’excision et toutes les formes de violences liées aux traditions ainsi que la lutte contre les ”conséquences dévastatrices” de cette pratique sur les femmes et les filles, a souligné sa présidente.
Naky Sy Savané a demandé aux gouvernements d’intensifier leurs efforts pour éradiquer définitivement cette ”forme extrême de violence sexiste”.
” Tabourets à la main, assiégeons l’Assemblée gambienne et toutes les instances politiques du monde entier contre les décisions criminelles à l’encontre de nos filles”, a t-elle lancé.
DES PLUMES AFRICAINES ENGAGÉES
De Ngozie Adichie à Mbougar Sarr, la littérature africaine fait bouger les lignes sur la scène intellectuelle mondiale. Ces auteurs engagés, de plus en plus couronnés, portent haut les débats de société sur des thèmes universels
(SenePlus) - De plus en plus d'auteurs africains se distinguent par leurs engagements sociétaux et leur rayonnement international, bousculant les idées reçues selon un article de Jeune Afrique.
Parmi eux, Chimamanda Ngozie Adichie fait figure de pionnière. Élue à l'Académie américaine des arts et des sciences, cette Nigériane de 45 ans use de sa plume pour défendre les femmes et dénoncer le racisme.
Le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du Goncourt 2021 à seulement 31 ans, explore dans ses romans des questions universelles comme le jihadisme ou la colonisation, tout en replaçant l'Afrique au cœur du débat mondial.
Autre voix majeure, la Camerounaise Djaïli Amadou Amal, récompensée par le Goncourt des lycéens en 2020, porte haut les revendications féminines africaines face aux traditions patriarcales.
Du côté du Maghreb, Leïla Slimani et Yamen Manaï témoignent aussi d'une littérature désormais au service des idées progressistes. L'Algérienne Sarah Rivens, avec ses 350 000 lecteurs, prouve par ailleurs que la romance peut aussi véhiculer des thématiques sociétales fortes.
Ces auteurs, de plus en plus reconnus mondialement, montrent comment le "soft power" culturel africain peut être porteur de valeurs universelles et participer aux débats de société, en Afrique comme ailleurs. Une littérature engagée qui confère à l'Afrique une influence sur la scène intellectuelle internationale.
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SELLY BA DÉCRYPTE LES ENJEUX DU GENRE
La sociologue dresse un constat sans concession sur la place des femmes au Sénégal. Entre sous-représentation, nécessité de réformes et insécurité des acquis, son éclairage replonge le débat au cœur de l'actualité
La sociologue Selly Ba, spécialiste des questions de genre, était l'invitée phare de l'émission dominicale "Objection" sur les ondes de Sud FM ce 28 avril 2024. Pédagogue, elle a livré une analyse éclairante sur le féminisme, le concept de genre, leur importance dans l'élaboration des politiques publiques et les défis à relever.
Dans un Sénégal en pleine mutation, l'experte a insisté sur la nécessité d'intégrer l'approche genre pour capter les besoins spécifiques des différents groupes. Un impératif aujourd'hui exigé par les bailleurs pour des politiques inclusives et efficaces.
Décodant les données de l'OFNAC 2022 qui révèlent un faible taux de plaintes féminines, Mme Ba pointe un frein socio-culturel à l'accès des femmes à la justice, malgré les avancées institutionnelles.
La sous-représentation féminine dans les sphères décisionnelles et forces de sécurité a également été pointée du doigt. Un défi de taille pour un pays qui peine encore à valoriser le leadership des femmes dans l'espace public.
Au-delà des acquis, la spécialiste alerte sur les régressions possibles et prône des réformes juridiques pour sécuriser les droits durablement acquis. La territorialisation des politiques publiques en tenant compte du genre est également un chantier crucial.
Enfin, Selly Ba appelle à une clarification du rôle de la nouvelle structure des Affaires religieuses pour mieux organiser ce secteur et relever les défis liés à l'encadrement des cérémonies et lieux de culte.
VIOLENCES SEXUELLES OU LIÉES AU GENRE DANS LES CONTEXTES DE CONFLIT
Amnesty international montre que cette année encore, des violences sexuelles et des violences fondées sur le genre ont été perpétrées dans des contextes de conflit, notamment des viols, des viols en réunion, des enlèvements et de l’esclavage sexuel.
Dans rapports annuelle 2024, Amnesty international montre que cette année encore, des violences sexuelles et des violences fondées sur le genre ont été perpétrées dans des contextes de conflit, notamment des viols, des viols en réunion, des enlèvements et de l’esclavage sexuel. De nombreuses victimes n’ont pas eu accès à l’aide médicale et psychosociale dont elles avaient besoin.
RÉPRESSION DE LA DISSIDENCE, LIBERTÉ DE RÉUNION PACIFIQUE
Dans toute la région, des manifestant·e·s sont descendus dans la rue pour faire entendre leurs préoccupations sur une multitude de sujets, dont le coût élevé de la vie, la mauvaise gouvernance et les violations des droits humains. Dans de nombreux cas, les forces de sécurité ont dispersé ces rassemblements au moyen d’une force excessive : des dizaines de manifestant·e·s et de passant·e·s ont été tués ou blessés, notamment en Angola, en Éthiopie, au Kenya, au Mali, au Mozambique, au Sénégal et en Somalie.
LIBERTÉ D’EXPRESSION
Cette année encore, le droit à la liberté d’expression a été menacé. S’opposer ouvertement aux politiques, aux mesures ou à l’inaction des pouvoirs publics ou diffuser publiquement des informations jugées préjudiciables aux autorités pouvait entraîner une arrestation, une détention arbitraire, voire la mort. En Eswatini, le défenseur des droits humains Thulani Maseko a été assassiné à son domicile. Au Cameroun, le journaliste Martinez Zogo a été enlevé dans la banlieue de Yaoundé et son corps mutilé a été retrouvé cinq jours plus tard. Il travaillait sur la corruption présumée de personnes proches du gouvernement. John Williams Ntwali, un journaliste d’investigation qui travaillait sur des questions en rapport avec les droits humains, est mort dans des circonstances suspectes au Rwanda. La veille, il avait confié à un confrère qu’il craignait pour sa sécurité.
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LA TYRANNIE DU YEBBI
La contre-dot, supposée témoigner de la reconnaissance d'une mariée à sa belle-famille, vire à la ruine financière pour nombre de femmes. Une coutume dévoyée qui confisque leur liberté au nom des "valeurs culturelles"
Au Sénégal, une tradition ancestrale se mue petit à petit en fardeau économique pour les femmes. Le "yebbi", également appelé contre-dot, est censé symboliser la reconnaissance de la mariée envers sa nouvelle belle-famille par des présents offerts lors des cérémonies nuptiales. Mais cette coutume, autrefois sobre, a pris une tournure démesurée de nos jours.
Dans une course effrénée à l'apparat et au paraître, de nombreuses familles s'endettent lourdement pour offrir des cadeaux toujours plus luxueux et coûteux à la belle-famille : tissus de grand prix, bijoux somptueux, électroménager dernier cri... Les femmes, principales actrices de cette compétition dispendieuse, en sont souvent les premières victimes.
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L'AJS EN CROISADE POUR LES DROITS DES FEMMES
Révision du Code de la famille, amélioration de la protection sociale, accès aux soins... Zeynab Kane, vice-présidente de l'Association des Juristes Sénégalaises, lance un appel persistant pour des réformes ambitieuses en faveur de ses paires
Dans une société sénégalaise en pleine mutation, la voix de Zeynab Kane, enseignante-chercheuse et vice-présidente de l'Association des Juristes Sénégalaises (AJS), s'élève avec force. Invitée lors de l'émission "Objection" sur les ondes de Sud FM, elle a lancé un appel persistant pour des réformes ambitieuses en faveur des droits des femmes.
Sous le nouveau régime, l'AJS attend des actes concrets. Zeynab Kane déplore la faible représentativité féminine au sein du gouvernement, contredisant les engagements constitutionnels et internationaux du Sénégal. "L'argument de l'incompétence des femmes est non fondé. Il existe d'innombrables femmes compétentes dans tous les domaines", martèle-t-elle, balayant d'un revers de main les justifications avancées.
Pour cette farouche militante, une gouvernance véritablement inclusive passe inévitablement par l'intégration des femmes à tous les niveaux décisionnels. "Gouverner sans les femmes relève de l'impossible. Nous exigeons à être parties participent dans l'élaboration des politiques publiques", clame-t-elle avec conviction.
Au cœur des réformes exigées par l'AJS figure la révision en profondeur du Code de la famille, un texte vieillissant encore teinté de dispositions discriminatoires. Zeynab Kane insiste également sur la nécessité d'améliorer la protection sociale, l'accès aux soins et à l'éducation pour les femmes et les jeunes filles.
L'un des autres défis majeurs réside dans l'autonomisation économique des Sénégalaises. Avec un taux de chômage élevé chez les jeunes diplômés, des mesures ciblées doivent favoriser leur employabilité et leur insertion professionnelle.
Pour atteindre ces objectifs, l'AJS prône une approche collaborative, associant étroitement les organisations féminines de la société civile. "Nos associations disposant d'une expertise terrain forgée durant des décennies. Ignorer cet atout serait un non-sens", plaide Zeynab Kane.
Le changement de paradigme tant promis ne pourra advenir sans les femmes, en première ligne pour défendre leurs droits légitimes. A l'heure de la refondation démocratique, l'AJS assiste du gouvernement à un engagement réel en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes.
PAR Bassirou Diomaye Faye
À TOUS LES FONCTIONNAIRES DU SÉNÉGAL
Je tiens à souligner l'importance cruciale de la transparence et de l'intégrité dans nos actions. Je vous invite à incarner pleinement les principes de « Jub, Jubal, Jubanti ». Que la droiture, la probité et l'exemplarité commandent chacun de vos actes
Dans ce message daté du 8 avril 2024 adressé à toutes les femmes et hommes de l'administration sénégalaise, le président Bassirou Diomaye Faye rappelle avec ferveur les valeurs cardinales qui doivent guider leur engagement quotidien au service du pays: intégrité, probité, transparence. Il insiste sur l'importance de placer le bien commun et le développement inclusif de la nation au-dessus de toute autre considération. Le chef de l'Etat exhorte ses collaborateurs à redoubler d'efforts pour concrétiser la vision d'un Sénégal uni et prospère.
Chères collaboratrices, chers collaborateurs,
En cette période charnière de notre histoire, où chaque pas vers l'avenir se dessine sous le signe de la promesse et de l'espoir, il m'est apparu essentiel de m'adresser directement à vous, femmes et hommes dévoués au service de notre nation. Vous constituez sans nul doute la colonne vertébrale de notre administration et le cœur battant de notre pays.
Le Sénégal, notre cher pays, se tient aujourd'hui à l'aube d'une ère nouvelle, porté par la vision d'un avenir dans lequel chaque citoyen, où qu'il se trouve, peut jouir des fruits de notre effort collectif. Un Sénégal réconcilié, transparent et équitable, où le développement durable et inclusif n'est pas un idéal lointain, mais une réalité tangible, à portée de mains.
Si notre pays bénéficie d'une solide réputation de démocratie, de stabilité et de paix, nous le devons en grande partie à votre engagement, votre professionnalisme et votre travail sans relâche. Vous êtes les gardiens de nos valeurs républicaines, les artisans de notre développement et les sentinelles de notre cohésion sociale.
Aujourd'hui, je vous invite, avec toute la considération et le respect que je vous porte, à incarner pleinement les principes de « Jub, Jubal, Jubanti ». Que la droiture, la probité et l'exemplarité commandent chacun de vos actes. Que votre travail quotidien soit imprégné de ce souci permanent du bien commun, ou le service à nos concitoyens et leur bien-être priment sur toute autre considération.
Dans le sillage de notre engagement collectif vers un Sénégal uni et prospère, je tiens à souligner l'importance cruciale de la transparence et de l'intégrité dans nos actions et décisions. Notre administration joue un rôle fondamental dans la concrétisation des aspirations de notre nation, et c'est dans cette optique que je souhaite rappeler les principes directeurs qui doivent guider notre conduite.
La loi 2012 - 22 du 27 décembre 2012, portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques, établit un cadre légal clair pour l'intégrité des acteurs impliqués dans la gestion des affaires publiques. Elle souligne l'exigence d'un comportement éthique et déontologique irréprochable pour tous les agents de l'État, en insistant sur le fait que la transparence n'est pas une option, mais une obligation. Cette loi, en ses points 7.2 et 7.3, rappelle que nous, agents publics, avons le devoir de veiller scrupuleusement à la bonne gestion des ressources qui nous sont confiées et de signaler toute infraction aux règles régissant les finances publiques. Cette démarche n'est pas seulement légale ; elle est morale, réaffirmant notre engagement envers les citoyens que nous servons.
C'est pour cette raison que nous accordons une importance particulière à la protection des lanceurs d'alerte. Il est essentiel que chacun se sente libre et soutenu de partager, en toute sécurité, des informations concernant des irrégularités ou des pratiques contraires à l'éthique et à la loi. Cet engagement reflète notre volonté collective de bâtir un gouvernement vertueux, fondé sur l'éthique de responsabilité et l'obligation de rendre compte.
Je vous exhorte à adopter ces principes dans votre travail quotidien, en vous rappelant que votre contribution est précieuse pour assurer l'intégrité et la transparence de notre gouvernance.
Ensemble, renforçons notre détermination à servir avec honneur et dignité, dans le respect des lois qui nous guident et pour le bien-être de tous les Sénégalais.
Notre mission, collective et individuelle, est d'œuvrer sans cesse à l'amélioration de la qualité de vie de chaque Senégalaise et de chaque Sénégalais. Notre engagement au service du pays transcende les obligations administratives. Il s'incarne dans notre vocation sincère de servir notre Patrie et dans notre foi en ses immenses potentialités.
Je suis conscient des défis qui nous attendent. Le chemin du développement, de la justice et de l'équité est semé d'embüches. Mais je suis également convaincu que notre détermination et notre unité nous permettront de franchir ces obstacles pour la réalisation de notre projet commun.
Je suis conscient des défis qui nous attendent. Le chemin du développement, de la justice et de l'équité est semé d'embûches. Mais je suis également convaincu que notre détermination et notre unité nous permettront de franchir ces obstacles pour la réalisation de notre projet commun.
En ma qualité de président de la République, je m'engage à être à vos côtés, à soutenir vos efforts et à veiller à ce que les conditions de votre engagement soient toujours les meilleures.
Ensemble, dans la solidarité, construisons le Sénégal de demain.
Faisons de notre pays une terre où chaque citoyen peut se réaliser et contribuer au bien-être collectif.
Je vous invite donc, avec ferveur et espérance, à redoubler d'efforts et à vous joindre à moi dans cette grande œuvre nationale.
Soyons les bâtisseurs infatigables d'un Sénégal prospère et rayonnant, à l'image des aspirations profondes de notre peuple.
Avec toute ma confiance et mon admiration pour votre engagement indéfectible au service de la République.
LE «FOUDDEUN», UNE BEAUTE ANCESTRALE RESSUSCITEE
Tendance Ramadan - 'Bés Bi le Jour'a fait une immersion chez Aïssatou Bathily, à Yoff. Cette dernière est une experte en matière de henné naturel. Sa maison ne désemplit pas.
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 11/04/2024
Le henné, «fouddeun» en wolof, a été très prisé pendant le mois de Ramadan. Cette pratique ancienne, jadis utilisée à l’occasion des cérémonies de mariage ou de baptême, est, fait son grand retour chez les grandes dames. Bés Bi a fait une immersion chez Aïssatou Bathily, à Yoff. Cette dernière est une experte en matière de henné naturel. Sa maison ne désemplit pas.
Le soleil est au zénith. Le climat est peu clément. L’équipe du Groupe E-Media fait cap sur Yoff, quartier où habite Aïssatou Bathily, une praticienne du henné. Mais, à cette heure de la journée, rallier la maison de cette dernière devient un véritable calvaire à cause des embouteillages monstres. Automobilistes et conducteurs de motos se disputent la chaussée, foulant au pied les règles élémentaires du Code de la route. Un acte d’incivisme qui met certains hors d’eux-mêmes. Certains, tenaillés par la faim, élèvent la voix. Après une heure de route. Et voilà le domicile de la reine du henné qui rend les mains et les pieds des dames plus gracieuses à ce mois béni de Ramadan. Sa maison est imposante. C’est un bâtiment carrelé en noir et blanc. Aïcha, la taille moyenne, le teint clair, vêtue d’une djellaba de couleur saumon, la tête bien voilée, accueille ses hôtes avec un large sourire. Elle dévoile sa belle denture blanche. L’horloge murale affiche 12h. Après les salamalecs d’usage, elle installe dans son somptueux salon, décoré avec soft et classe. La superbe photo de Serigne Babacar Sy accrochée sur le mur renseigne sur son appartenance confrérique. La dame est très sollicitée. En attestent les nombreuses femmes qui attendent patiemment leur tour pour se mettre au tatouage naturel du henné.
Dans un coin du salon, on aperçoit un seau rempli de la poudre verdâtre du henné dont sa couleur cuivrée peut tirer sur le rouge après usage. Un pot d’eau et un plat en aluminium sont soigneusement posés sur la moquette douce grise. Ce décor est complété par des bandes de col blanc coupées en fines lamelles servant pour le design. «Qui est la dernière sur la liste ?», demande une jeune fille, habillée en robe Wax multicolore. Pendant ce temps, Aïcha est occupée à préparer l’application du henné. Elle récite des versets de coran dans de l’eau simple mélangée avec celle dite bénite du Zam-Zam, qu’elle verse ensuite sur la poudre du henné jusqu’à obtenir une pâte homogène. Après avoir obtenu le résultat escompté, elle commence le travail avec la première cliente inscrite sur la liste, Fama. Cette étape finie, elle fait des designs avec le col finement coupé. Il y a une variété, certaines femmes préfèrent les tatouages fleurons et d’autres optent pour les figures symétriques avant de poser la pâte sur les designs. Au bout de 3 heures, elle enlève le henné et obtient une couleur rouge bordeaux. Elle y enduit de l’huile de beurre de karité pour la rendre scintillante. «Nous sommes au mois de Ramadan, le henné est pratique. On peut faire ses ablutions, prier sans souci. En tant que jeune, nous nous devons de perpétuer cette pratique ancestrale qui est belle à avoir», explique Penda, une cliente venue de Keur Massar. La jeune collégienne Oumou Ndoye abonde dans le même sens.
Aïssatou et le henné, une histoire d’amour
Âgée juste d’une vingtaine d’années, Aïssatou adore le henné depuis toute petite. Par passion. Et, elle est allée jusqu’au Mali pour l’apprendre. Cela fait 4 ans qu’elle exerce cette profession qui lui apporte beaucoup de gains. «J’ai toujours aimé le henné. C’est lors de ma formation au Mali que j’ai découvert beaucoup de vertus et bienfaits de ce produit naturel. Appliquer le henné sur son corps peut conjurer le mauvais sort, soigner les maladies des pieds, un mal de tête. L’huile de henné est utilisée localement pour les douleurs arthritiques et rhumatismales, le jus de henné et d’huile sur la peau pour réduire les signes du vieillissement et les rides. Le henné participe également à la réduction de certains troubles du sommeil, c’est une herbe pour la bonne santé cardiaque», explique-t-elle. A l’en croire, la liste des bienfaits de ce produit est loin d’être exhaustive. D’après elle, c’est un arbre de paradis. «D’après l’histoire, nos ancêtres ne portaient pas d’habits, ils cherchaient des écorces d’arbre pour se couvrir mais pratiquement tous les arbres ont refusé, seul l’arbre du henné a accepté», ajoute Aïssata avec une gestuelle de ses mains visiblement bien tatouées. Elle tire son épingle du jeu. «Je gagne bien ma vie grâce à ce travail. J’en tire profit», reconnaît-elle. Le henné ou «fouddeun» sur les mains des jeunes femmes, un produit naturel est un véritable allié de beauté. Obtenu sous forme d’extrait de plantes (feuilles, poudre) à partir d’arbrisseaux de la famille des Lythracées. Le henné est un produit naturel auquel on attribue de nombreuses vertus et qui est très apprécié au Sénégal. Une fois cueillies, ses feuilles sont séchées puis moulues finement. Ce qui donne une texture qui permet d’en faire une pâte, une fois que le produit est mélangé avec de l’eau. La pâte ainsi obtenue est utilisée pour réaliser un tatouage éphémère appelé «Fouddeun» en réalisant des dessins sous forme de motifs floraux ou abstraits. Son côté esthétique en fait un atout de séduction féminine, particulièrement pour les jeunes mariées. On le retrouve par ailleurs dans plusieurs cultures (turque, mauritanienne, marocaine, sénégalaise) lors d’occasions spéciales comme les mariages et les baptêmes. Originaire principalement du sous-continent indien et d’Afrique du nord, le henné se décline sous différentes variantes. (…)
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TOUT POUR EUX ET RIEN POUR ELLES EN 80 ANS
Bien qu’une femme eût joué un rôle déterminant dans la mise en place de l'ONU, près de 80 ans après, on note que seuls les hommes l'on dirigée avec des résultats ô combien mitigés. Les femmes réclament maintenant. L’avis de Marie -Angélique SAVANE
L'Organisation des Nations unies peine, non seulement à prévenir les crises et autres conflits qui minent le monde, mais aussi, elle ne réussit pas à les résoudre quand ils éclatent. Dans ces conditions, ne serait-il pas censé d’essayer un autre leadership avec une femme à la tête du Secrétariat général pour une fois ? En-tout-cas, pour la militante féministe Marie-Angélique Savane, les femmes peuvent faire la différence comme elles l'ont démontré avec la gestion de la pandémie de COVID-19. D’ailleurs, elles se mobilisent de par le monde pour une alternance en faveur des femmes et à juste raison.
Bien qu’une femme eût joué un rôle déterminant dans la mise en place de l'Organisation des Nations unies (ONU), près de 80 ans après, on note que seuls les hommes l'on dirigée avec des résultats ô combien mitigés. Les femmes réclament maintenant.
De manière tout à fait légitime, la gent féminine réactive son vieux combat pour des reformes à la tête de l’organisation et surtout un changement en faveur des femmes. Cela d’autant plus que s'il ne s’agit que de profil ou de compétence, aujourd'hui les femmes en ont à vendre. Elles sont partout et sont tout aussi surdiplômées que les hommes avec un leadership incontestable.
Fort de ce constat un groupe de femmes principalement d’Amérique Latine commencent à se mobiliser pour qu’ après Antonio Guterres, une femme puisse diriger cette organisation planétaire créée après la deuxième guerre mondiale afin de régler les crises que connaît le monde et surtout les prévenir. Le temps d’un nouveau leadership est venu.
Pour mémoire, lors de la mise en place de cette organisation, l'épouse du président Franklin Delano Roosevelt, Eleanor Roosevelt, a joué un rôle déterminant. Il est donc stupéfiant que depuis lors, tous les secrétaires généraux qui se furent succédé à la tête de l'organisation jusqu’à ce jour ne soient que des hommes.
Face aux impuissances de l’organisation, Marie Angélique Savane pense qu’une femme pourrait répondre valablement aux attentes des États membres et pacifier notre monde en crise.
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MULTIPLE PHOTOS
LES FEMMES, DINDONS DE LA FARCE DES POLITICIENS
La militante et ancienne fonctionnaire internationale, Marie-Angélique Savané, regrette des "femmes mobilisatrices" choisies pour leur "bagou", plutôt que des législatrices compétentes pour défendre un réel programme féministe
À la faveur de la loi sur la parité, leur nombre a considérablement augmenté au sein de l’Assemblée nationale. Mais en termes de contribution de proposition de loi ou de contrôle de l'action gouvernementale les femmes ont-elles été à la hauteur de la mission ? Marie-Angélique Savane n’en est pas convaincue. Mais plus généralement qu’est-ce qui freine l’ascension des femmes en politique au Sénégal ? La militante féministe et ancienne fonctionnaire internationale répond aux questions d’AfricaGlobe Tv, elle qui semble émerveillée par ce que se passe dans les pays d'Afrique anglophones et qui est très au fait surtout de la situation enviable du Rwanda.
La lutte pour la protection des droits des femmes, même si elle a connu des avancées depuis la conférence de Beijing de 1995, beaucoup de défis restent à relever dans bien des domaines et notamment en politique. Le patriarcat a la peau dure. Les partis politiques se servent pratiquement des femmes juste pour la mobilisation surtout en période électorale.
Quant à les pousser à tutoyer les sommets en politique et à être dans des instances de décision, ce n’est pas chose donnée.
Marie Angélique Savane est l’une des féministes les plus connues du continent africain. Une pionnière du militantisme à l’origine de plusieurs associations dont la plus connue est Yewu Yewi grâce a laquelle beaucoup de droits des femmes ont été obtenus.
Depuis des années 70, cette sociologue et ancienne fonctionnaire des Nations Unies, elle a été sur tous les fonts pour défendre avec hargne les droits des femmes africaines et sénégalaises en particulier.
Marie-Angélique Savané a parcouru le monde et surtout l’Afrique, rencontré de grandes personnalités de la planète et surtout des dirigeants africains pour discuter de la situation de la gent féminine écrasée par le machisme et la culture patriarcale.
En plein mois de mars, consacré à la promotion des droits des femmes, nous avions rencontré cette infatigable militante pour discuter de diverses questions relatives aux femmes, notamment les obstacles qui les empêchent d’émerger en politique au Sénégal, des avancées notées, en l'occurrence dans les médias, ainsi que les défis.
Si dans le domaine de l’éducation, des avancées significatives sont enregistrées parce qu’il y a de plus en plus de femmes diplômées et qui occupent des bonnes positions, certaines questions comme l’avortement en cas de viol, ne sont pas encore regelées à cause du poids de la religion, des traditions ou de la culture patriarcale en général.