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26 novembre 2024
Femmes
22,13% DES CAUSES D’EMPRISONNEMENT SONT DUES A L’INFANTICIDE
Femmes en conflit avec la loi - L’infanticide figure parmi les cinq (5) motifs d’incarcération des femmes au Sénégal, soit 22, 13% des causes d’emprisonnement
L’infanticide figure parmi les cinq (5) motifs d’incarcération des femmes au Sénégal, soit 22,13% des causes d’emprisonnement. La vulnérabilité économique, l’exclusion sociale et la peur de la récrimination sont autant de facteurs qui expliquent la commission d’un infanticide. The African Population and Health Research Center (APHRC) a publié une étude sur la question.
The African Population and Health Research Center (APHRC) a mené une étude sur l’infanticide au Sénégal, dénommée «Ethnographie de l'infanticide au Sénégal : expériences et mécanismes de pénalisation». Les enquêtes ont été faites dans la région de Dakar notamment dans les maisons d’arrêt pour femmes de Libertés 6 et Rufisque, dans les Tribunaux et en banlieue. Il ressort de cette étude, réalisée entre mai 2021 et janvier 2022, que l’infanticide figure parmi les cinq (5) motifs d’incarcération des femmes au Sénégal, soit 22,13% des causes d’emprisonnement. 19 femmes ont été enquêtées, pour une moyenne d’âge comprise entre 25 et 30 ans.
Les conclusions de l’étude sont aussi que les femmes qui tombent enceintes et qui finissent par commettre l’infanticide sont en majorité non instruites ou ont un cycle limité aux études primaires. Leur travail est très souvent informel. Elles sont vendeuses ambulantes, élèves ou étudiantes qui dépendent de leurs familles ou simplement des sans-emplois. Selon l’étude, à cause de leur précarité économique, les femmes mènent des transactions qui découlent assez souvent sur une grossesse.
L’enquête montre, par ailleurs, qu’il y a un silence autour des cas de viols qui aboutissent à des grossesses non désirées. Les filles sont accusées, parfois, d’avoir provoqué leur grossesse. L’intimidation au sein de la famille, pour garder le silence, et les doutes sur les propos avancés par les victimes, sont autant de facteurs qui expliquent les infanticides.
Ce qui pousse les filles à commettre l’infanticide ce sont également les grossesses non planifiées, la crainte de l’humiliation, le rejet de la grossesse par le partenaire et la violence sexuelle. L’isolement et les privations associées aux grossesses pré ou extra maritales, sont autant de facteurs qui expliquent le recours à l’infanticide.
Les causes de l’infanticide sont en outre liées à une fragilité des liens sociaux et familiaux, avec des filles issues de familles polygames où régnaient une grande rivalité et des conflits récurrents. Elles sont élevées dans des familles monoparentales, du fait de divorces ou de décès de l’un des parents.
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SI LA PREMIÈRE PROCUREURE VOUS ÉTAIT CONTÉE
Plus radioscopique qu'autobiographique, selon Aminata Fall Niang, l’ouvrage «Mon livre blanc : en mon âme et conscience » de Dior Fall, a fait, à nouveau, l’objet d’une cérémonie de dédicace organisée par l’Association des juristes sénégalaises (AJS).
Plus radioscopique qu’autobiographique, selon Aminata Fall Niang, l’ouvrage «Mon livre blanc : en mon âme et conscience » de Dior Fall, a fait à nouveau l’objet d’une cérémonie de dédicace organisée par l’association des juristes sénégalaises.
Une cérémonie de dédicace avait été organisée en janvier dernier. Mais plusieurs mois après, comme si cela ne suffisait pas, c’est l’AJS dont elle est membre qui a jugé utile d’organiser une nouvelle cérémonie spéciale dédicace du livre de Dior Fall et par la même occasion, pour rendre hommages à l’infatigable militante pour ses combats justes et sa carrière exemplaire.
La cérémonie s’est déroulée en ce mois de novembre en présence du gotha de l’intelligentsia féminine du Sénégal de diverses professions et fonctions, mais principalement des juristes et des magistrates.
Toutes ces femmes présentes a la cérémonie ont littéralement plébiscité : Mon livre blanc : en mon âme et conscience de Dior Fall Sow et lui ont témoigné toute leur gratitude pour ce qu’elle fit, ce qu’elle fait toujours et même pour ce qu’elle fera encore pour la justice et l’égalité des droits au Sénégal.
Dior Fall a reçu pour l’occasion un cadeau qui n’était que le tableau de sa propre personne. Les témoignages émouvant se sont succédé a l'endroit de la première procureure de la République du Sénégal.
Un hommage ô combien mérite a une infatigable militante des causes non seulement de la femme, mais globalement de l’humain. Car Dior Fall Sow n’a pas fait que lutter pour les droits catégoriels comme ceux des femmes ou des enfants.
LE RECIT DE QUATRE FEMMES PARTAGE SANS TABOU
L’écrivaine et scénariste Amina Seck, Kalista Sy productrice scénariste, Nathalie Vairac, comédienne, directrice artistique et la productrice turque, Zeynep Özbatur Atakan, animaient une table ronde intitulée «Créer au féminin au cinéma»
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 17/11/2023
Dans le cadre de la célébration du centenaire de la République de Turquie, le Centre culturel turc Yunus Emre de Dakar a organisé une table ronde intitulée «Créer au féminin au cinéma». Elle a été animée par quatre femmes qui ont mis le curseur sur les opportunités offertes dans l’industrie cinématographique.
Elles sont quatre femmes aux profils différents certes, mais elles ont la même passion, l’amour du métier, dans leurs domaines respectifs. Il s’agit de l’écrivaine et scénariste Amina Seck, Kalista Sy productrice scénariste, Nathalie Vairac, comédienne, directrice artistique et la productrice turque, Zeynep Özbatur Atakan. Elles animaient une table ronde à l’espace culturel turc Yunus Emre, dans le cadre des activités du centenaire de la République Turquie. La rencontre, modérée par la journaliste Oumy Ndour, a duré plus d’une heure. Ces dames se sont relayées au pupitre pour animer le thème «Créer au féminin au cinéma». Et sans gants, ni tabou, elles ont partagé des expériences, des témoignages, les uns plus émouvants que les autres, des récits de vie et leur vision sur la problématique par rapport au travail des femmes, surtout dans le cinéma. Elles ont fustigé la discrimination, l’injustice, les pesanteurs sociales, mais ont mis également en lumière les opportunités qui leur sont offertes dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle.
Nathalie Vairac : «Il n’y a rien qui puisse m’arrêter»
Avec une voix douce, empreinte d’émotion, la comédienne Nathalie Vairac constate que le cinéma est un moyen de résistance et d’émancipation, et les femmes s’y font de plus en plus de place. «Ce n’est pas un chemin facile parce que, dans mon cas, il s’agit d’être femme et d’être une femme noire. Ce besoin-là était tellement plus fort que tout dans ma vie», a-t-elle souligné. Elle qui vient d’obtenir son premier rôle grâce la réalisatrice burkinabè, Apolline Traoré, pour son long métrage «Sira» dont l’avant-première a été projeté à Dakar et relate la résilience et la résistance de la femme. «Il n’y a rien qui puisse m’arrêter. Il n’y a personne sur cette terre qui vit déjà et qui a un pouvoir de me donner l’autorisation d’exister ou pas. Donc, aujourd’hui, en tant que comédienne, je considère que c’est un acte politique d’exister, c’est un acte de soulèvement, avoir la chance de dire des mots», peste cette métisse de père guadeloupéen et de mère indienne, qui adore le Sénégal où elle «s’épanouie» depuis une décennie. Cependant, Nathalie estime que la faible présence des femmes s’explique aussi par le manque de formation de celles-ci aux métiers du cinéma. «Le cinéma pour moi est un métier que l’on apprend. Et le métier d’acteur, c’est un travail», insiste l’artiste qui a bouclé plus 30 ans de carrière dans le théâtre.
«Ne pas surestimer les acquis que nous avons»
Pour sa part, la réalisatrice de la série «Maîtresse d’un homme marié» Kalista Sy souligne qu’au Sénégal, il y a des acquis, même si le chantier reste immense. «Il ne faut pas surestimer les acquis que nous avons. Nous, on n’assume de porter à l’écran des femmes qui ne sont pas forcément dans des stéréotypes. On est vraiment à l’ère où la femme se raconte par rapport à ses problématiques et à la réalité sociale», explique-t-elle avec fierté et aisance. Poursuivant sa communication, l’auteure de «Yaye 3.0» est convaincue que de la douleur naissent les plus belles créations, les différences aussi. «Je pense que ma différence, c’est ce qui m’a construite et a construit ma trajectoire. Je ne suis pas victime, je ne suis pas conventionnelle. Je m’assume et j’assume la personne que je suis», fulmine l’ex journaliste de la 2sTv qui s’est reconvertie en scénariste. Elle précise, cependant, qu’on ne peut pas écrire aujourd’hui le cinéma sans inclure les femmes. Pour elle, il est impératif qu’au aujourd’hui, les hommes et les femmes doivent s’asseoir à la même table. «Le regard masculin sur le corps féminin n’est pas le même que le regard féminin sur le corps masculin ou sur un corps féminin», fait-elle remarquer. Amina Seck, elle, a déclaré : «Plus jamais la dévalorisation des femmes. Pour moi, on ne peut pas se battre dans la vraie vie pour que les femmes puissent retrouver leur dignité et les combattre aussi dans la fiction. On ne se lamente pas pour raconter nos histoires. C’est ce qu’on vit qu’on raconte.» Venue présider la rencontre totalement féminine, l’ambassadrice de la République de Turquie à Dakar, Hatice Nur Sağman, a proposé plusieurs idées concrètes qui pourraient servir de leviers à une meilleure représentation des femmes dans le septième art.
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AU COEUR DE LA CULTURE JOOLA
Depuis des années, à l'occasion de la fête des moissons de l'église du christianisme céleste du Sénégal, les femmes battantes se mobilisent pour apporter leur grain de sel à travers leur champs et danse du terroir.
Composé en majorité des femmes joola, le groupe des femmes battantes s'illustrent par leur musique et leur danse typique de la Casamance (Sud du Sénégal).
Depuis des années, à l'occasion de la fête des moissons de l'église du christianisme céleste du Sénégal, les femmes battantes se mobilisent pour apporter leur grain de sel à travers leur champs et danse du terroir.
Démonstration dans cette vidéo.
CES MAUX QUI FAVORISENT LES VIOLENCES BASEES SUR LE GENRE
D’après les documents, les violences basées sur le genre sont favorisées par le défaut d'information, le faible recours aux centres d'hébergement et la peur de la stigmatisation.
Le laboratoire d’analyse des sociétés et pouvoirs/AfriqueDiaspora (Laspad) a organisé samedi, avec les journalistes spécialisés en santé, un atelier de partage des résultats des différentes recherches sur les violences basées sur le genre (Vbg). Au Sénégal, il n’existe que 28 centres d’hébergement. 75% des centres sont mis en place par des organisations communautaires alors l’État n'en gère que sept au niveau national.
Les violences basées sur le genre, au-delà de leur caractère délictuel ou criminel, ont un impact déterminant sur la dégradation de la santé physique, mentale et sexuelle des adolescentes mais aussi sur la prévalence des maladies sexuellement transmissibles ainsi que la recrudescence des grossesses précoces. Pour avoir une idée nette de la situation, le projet «Heberger, informer, resocialiser et autonomiser» (Hira) a réalisé une cartographie qui a permis d'établir la situation de référence des structures qui accueillent et offrent différents types de services aux filles et femmes victimes de violences basées sur le Genre (VBG) au Sénégal. L'hébergement dans une maison est en effet une des modalités de la prise en charge ; il ne dépend pas toujours d'une décision judiciaire, mais peut être le fait d'une médiation communautaire ou familiale voire d'une décision individuelle chez les adultes. Ainsi, ce placement permet de soustraire la survivante de son/ses bourreaux et de son environnement délétère et de lui assurer protection et divers services. Il permet souvent d'entamer le processus de réparation. Seulement la disponibilité de ces centres pose un réel problème au Sénégal. Selon l’étude, le Sénégal dispose de 28 structures d’hébergement fonctionnelles installées dans 10 régions. Dakar abrite le tiers des centres. Aussi il a été noté une forte concentration des structures d’hébergement dans les capitales régionales et dans les grandes villes. Quatre régions comme Matam, Diourbel, Kaffrine et Sédhiou ne disposent d’aucun centre. Selon toujours l’étude, 75% des centres d’hébergement sont des initiatives communautaires et seuls 25% des centres sont créés et pris en charge par l’Etat.
D’après les documents, les violences basées sur le genre sont favorisées par le défaut d'information, le faible recours aux centres d'hébergement et la peur de la stigmatisation.
Selon Laïty Fary Ndiaye, membre de l’équipe de recherches, les violences basées sur le genre affectent toutes les couches sociales et tous les âges. «C'est cela qui est intéressant car elles peuvent affecter tout le monde ; ce qui va différencier, ce sont les réponses familiales. On entend certaines personnes dire, parce qu'elles n'ont pas d'éducation, qu'elles sont violées parce qu'elles n'ont pas été à l'école ; mais ce n'est pas cela. Les violences répondent d'abord à un désir de contrôle et c'est cela qui cause les violences», affirme-t-il. A l’en croire, nous sommes dans une société patriarcal. «Nous avons une analyse à faire et qui se fait sur les rapports sociaux de sexes qui sont inégalitaires ; c'est cela qui est la racine, la base des violences», révèle-t-il.
Pour sa part, le président de l’association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), Alassane Cissé, constate que les journalistes ne parlent pas beaucoup des Vbg. Selon lui, il y a beaucoup d'organismes qui s'activent sur les violences basées sur le genre, qui accompagnent des structures comme Hira sur la gestion des Vbg. «Aujourd'hui nous avons la chance de bénéficier d’une formation avec Laspad à travers le projet Hira des Vbg et en tant que journaliste. C’était un besoin de parler des terminologies qui sont utilisées dans le cadre des Vbg mais également que l'on puisse nous montrer les rapports qui existent sur ces questions-là pour que le journaliste puisse l'exploiter à travers les différentes plateformes», dit-il.
LE PARI DE FATOU LO NIANG
Grâce à sa détermination, cette chercheuse, doctorante en intelligence artificielle (IA) appliquée à la médecine, œuvre à inverser la tendance des maladies du cœur mal soignées dans son pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 11/11/2023
La doctorante Fatou Lo Niang entend développer une application innovante utilisant l'intelligence artificielle pour améliorer la prévention et la prise en charge des maladies cardiovasculaires au Sénégal. C'est ce que rapporte Le Monde dans un article duquel sont tirées ces informations.
D'abord orientée vers l'informatique de manière fortuite après son baccalauréat, cette scientifique de 30 ans originaire de Thiaroye Gare a su s'approprier cette formation pour servir sa véritable passion : la médecine. "J'étais passionnée par les sciences naturelles depuis toute petite", confie-t-elle.
Pour son mémoire de master soutenu en 2021, Fatou Lo Niang applique déjà ces compétences à la cardiologie, en développant une application de gestion des patients dans un hôpital de Saint-Louis. "Les prédictions étaient fiables mais nous n'avons pu déployer la partie IA faute de serveur", précise-t-elle.
Déterminée, elle poursuit actuellement en thèse à l'Université Gaston Berger, en se concentrant sur la prévention des maladies cardiovasculaires. "Elles sont mal prises en charge au Sénégal", déplore-t-elle. Son objectif : "inverser la tendance grâce à l'IA".
Concrètement, la doctorante travaille au déploiement d'"une application dans laquelle les cardiologues vont entrer les données de chaque patient afin de prédire les risques et de les prendre en charge de façon précoce", explique-t-elle à Le Monde.
Grâce aux financements de la Fondation L'Oréal obtenus cette année, Fatou Lo Niang mène désormais des collectes de données sur le terrain, essentielles pour établir des prédictions adaptées à la population sénégalaise. Son mari Ismaila Diouf admire le « parcours de cette femme et scientifique déterminée ».
Avec ce projet novateur, la doctorante entend ainsi « marquer les services de cardiologie sénégalais » et sauvegarder la santé de nombreux patients, grâce au potentiel de l'intelligence artificielle.
UN PLAIDOYER POUR L’APPLICATION DE LA LOI CRIMINALISANT LE VIOL
Les efforts nécessaires doivent être fournis partout au Sénégal pour une application effective de la loi criminalisant le viol et la pédophilie, a soutenu, mercredi, à Saint-Louis (nord), la responsable d’un projet de lutte contre les violences sexuelles
Les efforts nécessaires doivent être fournis partout au Sénégal en vue d’une application effective de la loi criminalisant le viol et la pédophilie, a soutenu, mercredi, à Saint-Louis (nord), la responsable d’un projet de lutte contre les violences sexuelles.
Pour l’éradication de ces violences, des activités de sensibilisation et de vulgarisation de cette loi doivent être menées, a dit Aminata Samb.
‘’Contribuer à l’éradication des violences sexuelles par la sensibilisation, la vulgarisation et l’application effective de la loi criminalisant le viol et la pédophilie en zone urbaine et périurbaine dans les régions de Dakar, Thiès, Kaolack, Diourbel et Saint-Louis’’ est l’objectif du projet qu’elle dirige.
Mme Samb appelle aussi à ‘’mobiliser la communauté, les décideurs et la société civile, pour que chacun, à son niveau, dise ‘non aux violences sexuelles’‘’.
La ville de Saint-Louis a été choisie pour l’organisation de l’atelier en raison des nombreux cas de violence à caractère sexuel recensés dans la région, selon Aminata Samb.
Les responsables du projet veulent venir en aide aux victimes en leur permettant d’accéder aux structures de prévention et de prise en charge des violences sexuelles, a-t-elle dit.
Venu présider la cérémonie d’ouverture de l’atelier, le préfet de Saint-Louis, Modou Ndiaye, a adressé un mot de remerciement aux organisateurs, en l’occurrence l’Action éducative en milieu ouvert et l’Association des juristes sénégalaises.
La ville de Saint-Louis a été choisie pour l’organisation de l’atelier en raison des nombreux cas de violence à caractère sexuel recensés dans la région, selon Aminata Samb.
Les responsables du projet veulent venir en aide aux victimes en leur permettant d’accéder aux structures de prévention et de prise en charge des violences sexuelles, a-t-elle dit.
Venu présider la cérémonie d’ouverture de l’atelier, le préfet de Saint-Louis, Modou Ndiaye, a adressé un mot de remerciement aux organisateurs, en l’occurrence l’Action éducative en milieu ouvert et l’Association des juristes sénégalaises.
Elle s’entretenait avec des journalistes, en marge de l’ouverture officielle d’un atelier de deux jours consacré au renforcement des compétences des acteurs de la prévention des violences à caractère sexuel et de la prise en charge des victimes.
MAYA DIALLO LIBÈRE LA PAROLE DES FEMMES SÉNÉGALAISES SUR LA SEXUALITÉ
Il y a trois ans, cette ancienne étudiante originaire de Louga a ouvert son commerce en ligne spécialisé dans les produits sexuels, tout en donnant librement des conseils sur la sexualité féminine sur les réseaux sociaux et à la télévision
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 01/11/2023
Selon Maya Diallo, influenceuse sénégalaise et gérante d'un sex-shop à Dakar interrogée par Le Monde, "beaucoup de Sénégalaises peinent à accéder au plaisir car elles ne connaissent pas leur corps". Il y a trois ans, cette ancienne étudiante originaire de Louga a ouvert son commerce en ligne spécialisé dans les produits sexuels, tout en donnant librement des conseils sur la sexualité féminine sur les réseaux sociaux et à la télévision.
"A la maison, on ne parlait jamais de sexe", confie-t-elle. C'est en se mariant qu'elle s'est passionnée pour le sujet, pour permettre à sa propre relation de s'épanouir. Si en wolof les termes relatifs à la sexualité féminine sonnent tabous, elle s'efforce d'employer un vocabulaire adapté.
Elle assure par ailleurs que "dans l'islam, le plaisir est important" même si le message ne semble pas être parvenu aux Sénégalaises. Certaines femmes mariées témoignent de leur malheur face à la polygamie ou l'absence d'orgasme. Maya Diallo leur conseille de prendre confiance en elles.
Ses produits luxueux importés, comme un miel aphrodisiaque, rencontrent le succès. Mais l'influenceuse veut surtout "guider" les femmes vers la découverte de leur corps. "Comment peux-tu ressentir du plaisir si tu ne te connais pas ?", leur demande-t-elle, contribuant à briser les tabous encore nombreux autour de la sexualité féminine au Sénégal.
KAYAM, AU ROYAUME DES DAMES QUI SOUFFRENT
Le Centre d’accueil pour les femmes victimes de violences en tout genre, Kayam a ouvert ses portes il y a deux ans et a pris en charge déjà 70 femmes avec leurs enfants. Hier, le centre a organisé une cérémonie de clôture de la 3e phase de la formation
Le Centre d’accueil pour les femmes victimes de violences en tout genre, Kayam a ouvert ses portes il y a deux ans et a pris en charge déjà 70 femmes avec leurs enfants. Hier, le centre a organisé une cérémonie de clôture de la 3e phase de la formation.
Les violences faites aux femmes sont multiples. Il y a la violence physique, la violence morale et la violence financière. C’est pour lutter contre ce phénomène que le centre d’accueil Kayam a été ouvert dans la banlieue dakaroise pour assister les femmes victimes de violences. Ces dernières font face aux préjugés et à la stigmatisation qui freinent leur épanouissement. «Au Sénégal, on parle souvent de l’éducation des jeunes. Or on ne peut pas avoir une jeunesse bien éduquée sans qu'il y ait la main de la femme. D'où l'importance d'ouvrir ce centre d'accueil pour héberger et soutenir et faire un suivi juridique, psychologique et psychothérapeutique des victimes, pour leur bien-être. Nous allons nous étendre sur l'ensemble du territoire et nous allons commencer d'abord par Kaolack, le mois prochain, et Ziguinchor», soutient la Directrice du centre Kayam, Béatrice Badiane. Le centre compte toucher un peu les villages les plus reculés où les femmes sont stigmatisées et laissées à elles-mêmes. «On parle des droits des femmes, mais est-ce que ces droits sont appliqués ou respectés ?
En tant que femmes, nous avons notre droit de regard sur la société. Nous voyons que dans les grandes instances de prises de décisions, nous avons une faible représentativité. Même dans l'actuel gouvernement, nous avons une faible représentativité des femmes. C'est le moment pour les femmes de s'imposer et de se valoriser davantage», lance Mme Badiane avant de révéler que le centre reçoit beaucoup de femmes qui viennent de Kaolack et de Ziguinchor. «Nous recevons aussi des femmes qui ont été stigmatisées ; des femmes qui ont vécu ou qui vivent avec le Vih et qui ont été dénoncées. Elles ont été sujettes de stigmatisation au sein de la société. Nous avons d'autres femmes aussi qui viennent avec leurs enfants. Ce sont des gens qui étaient là et beaucoup nous viennent des régions et surtout de Kaolack et de Ziguinchor. Mais malheureusement, elles ont été tellement stigmatisées qu'elles ne trouvent refuge qu'ici auprès du centre», rapporte la Directrice du centre Kayam.
Pour sa part, la présidente du centre, Yacine Diouf, souligne que leur mission est de créer des centres d'accueil pour les femmes victimes de violences intrafamiliales. Il s'agit de violence entre couple, de mariage forcé et d'excision. «Ce sont des violences qu'on n'arrive pas à arrêter et dont les femmes ont honte de parler. Ce centre leur permet d'avoir un endroit où aller, un endroit où on s'occupe d'elles. Nous les hébergeons, les nourrissons et on fait le suivi psychologique et médical.
A la fin de toutes ces assistances, nous passons aux formations car nous voulons qu'elles deviennent indépendantes financièrement pour se gérer face à la société», précise Yacine Diouf.
LES SEINS SANS L’OMBRE DU CANCER
Pour Bes bi, c’est l’occasion de mettre la lumière sur cet organe pair dont l’importance va au-delà de la biologie. Les seins de la femme sont au cœur de l’enracinement culturel, de l’amour filial, de la religion et de la sexualité.
Bés Bi le Jour |
Marly DIALLO |
Publication 21/10/2023
Le cancer du sein ne fait pas que ronger le sein, il lui vole aussi la vedette en cette période d’Octobre Rose. Impossible de faire des recherches sur le sein sans tomber sur le mot cancer. Pour Bes bi, c’est l’occasion de mettre la lumière sur cet organe pair dont l’importance va au-delà de la biologie. Les seins de la femme sont au cœur de l’enracinement culturel, de l’amour filial, de la religion et de la sexualité.
Culture : Un abreuvoir de valeurs et d’amour filial
«Nourrices-mercenaires». Cette expression ne vous est peut-être pas familière. C’est normal parce que l’Afrique est le continent où cette pratique a le moins prospéré. Pendant longtemps en Europe, les enfants nés dans l’aristocratie étaient confiés à des femmes de conditions sociales inférieures. Celles-ci allaitaient et s’occupaient de l’enfant jusqu’au sevrage. Les femmes aristocrates pouvaient ainsi préserver leur corps et leur autonomie. Aussi, en Arabie pré-islamique, les enfants nés à la Mecque étaient confiés à des bédouines du désert. Cela permettait aux enfants de s’adapter à des conditions vie austère, de respirer l’air pur du désert et de parler un arabe authentique non dilué par le caractère cosmopolite de la Mecque. En Afrique, cette pratique était peu répandue. Et pour cause, donner le sein à son enfant est une tradition profondément ancrée. A travers ce geste, la mère ne fait pas que nourrir son enfant. Elle l’abreuve aussi de valeurs. La chercheuse Oumou Ly Kane l’explique ainsi : «Le nourrisson qui tète le sein de sa mère ne boit pas seulement du lait ; il absorbe aussi tout un système parental et social, une appartenance et un ensemble de valeurs, d’obligations et d’interdits». Aussi, ils prolongent et renforcent l’amour filial. Dans l’utérus, la mère nourrit son enfant au moyen du cordon ombilical. Une fois celui-ci sectionné, il y a la peur que le monde extérieur bien moins bienveillant éloigne l’enfant de sa mère. A ce moment-là, les seins prennent le relais et procurent nourriture, amour et réconfort à l’enfant. Donner le sein à un enfant va donc bien au-delà du fait de le sustenter. Ce geste influe sur son enracinement et sa psychologie. C’est l’une des raisons pour lesquelles en Afrique, l’allaitement est rarement délégué à une personne étrangère. Quand la mère tombe malade ou meurt, c’est à l’entourage proche que sera confié l’enfant. La nourrice choisie peut être assistée mais pas rémunérée.
Sexualité : Une érotisation lucrative
Au Cameroun, il existe une tradition appelée «le repassage des seins». Des objets chauffés sont utilisés pour masser la poitrine et empêcher son développement. Cette mutilation moins connue que l’excision vise aussi à entraver la sexualité des femmes. Cette pratique dangereuse reconnait et rejette le caractère sexuel des seins. Bien que largement répandue dans le monde, la sexualisation des seins restait, jusqu’à un passé récent, une réalité taboue confinée à la sphère privée. L’émergence des médias et du divertissement (magazines, films, publicités, pornographie) va s’accompagner d’un recours au corps de la femme comme argument marketing à partir des années 1960. Tout d’un coup, les seins de la femme ont commencé à se retrouver dans l’espace public et dans les foyers par la magie des affiches et de la télévision. Les seins sont affichés de façon suggestive dans des décolletés de plus en plus plongeants. A partir de là, la fonction nourricière du sein est ouvertement concurrencée par sa fonction sexuelle.
Place à la chirurgie d’augmentation mammaire
L’industrie de la lingerie fine en profite pour créer des produits qui embellissent et érotisent la poitrine et réalisent au passage des chiffres d’affaires aussi vertigineux que leurs décolletés. Rien qu’aux États-Unis, le marché des sous-vêtements a rapporté près de 18 milliards de dollars en 2022, rapporte Statista, un organisme spécialisé dans la compilation de données. Peu de données sont disponibles concernant l’Afrique mais on sait que la sexualisation mammaire est aussi répandue sur le continent. De même, la chirurgie d’augmentation mammaire devient de plus en plus populaire. Elle est aujourd’hui la chirurgie esthétique la plus répandue au monde devant la liposuccion, la rhinoplastie, le lifting et l’augmentation du fessier. Toutefois, il persiste en Afrique des peuples pour qui les seins ne sont pas un organe sexuel. Au sein de ces peuples, il n’est pas inhabituel que la poitrine de la femme ne soit pas voilée. C’est le cas chez les Bushmen et les Zoulous en Afrique australe et chez les Massai au Kenya.
Politique : Protester par la nudité
Le 15 février 1961, une femme a commencé à apparaitre torse-nu dans les rues de Léopoldville (Kinshasa). Son nom : Pauline Lumumba. Elle est la veuve de Patrice Lumumba assassiné un mois plus tôt. Elle espère, à travers ce geste, obtenir le droit d’enterrer le corps de son époux. Elle n’obtiendra jamais gain de cause car le corps en question a été délibérément dissout dans de l’acide pour mieux tuer le mythe Lumumba. Cette manifestation est un exemple du recours aux seins de la femme comme moyen de protestation. Cette stratégie mise sur la provocation pour attirer l’attention des médias et du public sur un sujet particulier. Ce phénomène est à la fois rare et redouté en Afrique à cause des croyances à la malédiction de la nudité des femmes. Dans certaines cultures, on pense que voir la nudité d’une femme, surtout si elle est âgée, est source de malédictions. Ainsi, en 2002 au Nigeria, des femmes Igbo ont menacé de se dénuder pour protester contre la pollution pétrolière. Cela a suffi à paralyser le secteur car les travailleurs locaux redoutaient de tomber sur des femmes dénudées. Enfin, deux femmes Prix Nobel de la paix ont eu recours à cette forme de protestation : La Kenyane Wangari Maathai pour s’insurger contre la brutalité policière et la Libérienne Leymah Gbowee pour lutter contre la guerre civile qui déchirait son pays.
Religion : Un trésor à dissimuler
«Est-il acceptable de peindre la Vierge Marie donnant le sein à Jésus ?» Cette question est au centre d’un clash entre la religion et l’art. La première invoque la pudeur tandis que le second prône la liberté d’expression. Le temps semble pencher pour la religion. Alors que la représentation en peinture de la Vierge Allaitant était très populaire au Moyen-âge et au début de la Renaissance, elle est aujourd’hui assez rare. Tout en célébrant les seins des femmes, les religions monothéistes appellent à les couvrir comme on dissimule un trésor. Pour ces religions la fonction nourricière des seins l’emporte sur les autres (sexuelle, politique, sensuelle, etc.). L’Islam comme le Christianisme considèrent l’allaitement comme une obligation morale aux bénéfices innombrables aussi bien pour l’enfant que pour la mère. La Science a donné raison à ces recommandations formulées des siècles plus tôt. L’Oms reconnait que le lait maternel participe à la nutrition, à l’immunité et au bien-être psychologique de l’enfant. Chez la femme, l’allaitement peut protéger contre les cancers du sein et de l’ovaire, le diabète, etc. Au-delà de son rôle nourricier, les seins peuvent aussi créer une relation de fraternité là où il n’existe aucun lien de parenté. C’est ce qu’on appelle la filiation par l’allaitement. En islam, téter d’un même sein suffit à faire de deux enfants étrangers des frères ou sœurs. De même, par l’allaitement, une femme peut devenir mère d’un enfant qu’elle n’a pas mis au monde.