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26 novembre 2024
Femmes
LE MARIAGE EST UN PROJET DE VIE QUI DONNE DES VIES
Dr Massamba Guèye chercheur, écrivain, conteur, traditionnaliste, manager et fondateur de Kër Leyti, la Maison de l’oralité et du patrimoine décortique le slogan «Goor dou projet» et redoute une «catastrophe sociale».
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 13/07/2024
Dr Massamba Guèye est chercheur, écrivain, conteur, poète, critique littéraire et traditionnaliste. Dans cet entretien, le manager et fondateur de Kër Leyti, la Maison de l’oralité et du patrimoine décortique le slogan «Goor dou projet» et redoute une «catastrophe sociale».
Que comprendre de cette expression ‘’Goor dou projet’’, qui fait fureur, comme ‘’Took muy dox’’ d’ailleurs ?
Dans le cadre de la communication politique globale, il y a des expressions outrageantes à travers desquelles on voit une connotation opportuniste, «took muy dox», qui signifie ne rien fournir comme effort, faire marcher les choses sans rien faire. Ce qui veut dire que nous sommes dans une position d’exploitation des autres. Donc, quand on le met dans le contexte d’un rapport entre l’homme et la femme, cela veut dire que l’homme considère la femme comme une identité à séduire. Et dans ce cadre, la femme considère que l’homme n’est rien d’autre qu’une usine de production de biens. Donc, en chercher un pour lui soutirer tout ce qu’on peut. On voit donc le danger qu’il y à instaurer des slogans politiques parce qu’ils rentrent dans les mœurs, dans les familles et peuvent avoir des conséquences.
On a l’habitude d’entendre un projet de mariage... Il se réalise parfois, échoue aussi. Peut-on limiter la vie de couple à un projet ?
La vie de couple n’est pas un projet. C’est un élément d’un projet de vie. Chaque être humain a un projet de vie. Et dans le projet de vie global, il y a des étapes. Car, au début, on a des projets scolaires, puis des projets universitaires ou encore des projets professionnels. A un moment, arrive le besoin d’insertion sociale dans notre communauté, et le mariage est un acte de socialisation qui consacre un certain niveau de responsabilité. Le mariage n’est pas un projet économique, ce n’est pas un projet qu’on élabore. Mais, c’est un projet de vie extraordinaire parce que, c’est un projet de vie qui donne des vies.
Mais où va-t-on lorsque des femmes qui disent que dans leur vie l’homme n’est pas un projet sous prétexte qu’elles sont veuves, qu’elles ont souffert dans leurs foyer, etc. ?
Mais, on va vers la catastrophe sociale. Parce que quand une communauté tue le mariage, il y a trois possibilités : La première, c’est le développement de l’adultère et la grande consécration de la prostitution, parce que les gens ont des besoins biologiques. Et pour satisfaire ses besoins biologiques en dehors du cadre du mariage, il n’y a que cela, l’adultère ou la prostitution. La deuxième conséquence, c’est qu’à un certain âge, quand on n’a pas quelqu’un avec qui partager certaines détresses, à qui se confier, on peut être dans une psychose. Ce qu’on appelle une destruction d’une mentalité sociale. Et la troisième conséquence, c’est que, vraiment, on est dans la représentation et les emprunts culturels. Dire que dans une société comme la nôtre que le mariage n’est rien d’autre qu’un poids et prôner la vie matérielle, individuelle, c’est une société d’emprunt. On est en train de vivre sous le cliché de la société occidentale.
Alors, un projet doit aussi être financé non ? N'est-ce pas l’aveu d'un matérialisme ?
Quand on considère que le mariage est un projet ou il faut être financé, c’est qu’on rame à contre-courant des valeurs traditionnelles et de l’islam et des valeurs chrétiennes. C’està-dire, on cherche des gens d’une certaine qualité humaine, d’une certaine qualité au niveau des valeurs éthiques pour pouvoir construire un idéal de vie avec eux. Et ces gens sont forcément des travailleurs qui se suffisent de ce qu’ils ont. Ils peuvent être extrêmement riches, moyennement riches, ils peuvent de temps en temps aussi avoir des hauts et des bas. Parce que considérer que c’est un projet économique, cela veut dire que le jour où vous épousez quelqu’un de riche, quand il perd son argent, vous lui tourner le dos. Donc, elle est où la sincérité humaine ? Elle est où la relation ? Comme on le dit en wolof, le cœur n’est pas une pierre.
Est-ce à dire que nos jeunes d’aujourd’hui sont en train de fouler au pied nos traditions? Et où se situe la responsabilité… ?
La responsabilité c’est d'abord les parents. Parce que, quand vous avez un jeune qui n’a aucune connaissance de son environnement culturel, de ses valeurs religieuses et éthiques, il est normal qu’il soit un enfant du plaisir. Et vous savez, quand vous avez des enfants du plaisir qui naissent dans le plaisir dont les anniversaires sont fêtés dans le plaisir, dont les vacances sont fêtées dans le plaisir, ils n’ont pas de rapport construit avec l'inconstance de la vie. Et comme, ils n’ont pas de rapport construit avec cette inconstance de la vie, philosopher sur la vie, penser la vie, réfléchir sur l’humain n’est pas leur prérogative. Tout ce qui les intéresse, c’est quel est mon bonheur ? On rentre dans un égoïsme installé et c’est un grand danger. C’est la résultante de tout cela.
Donc, est-ce qu’il n’est pas nécessaire de faire un «ndeup» ?
Je pense que le projet de réorganisation du système scolaire doit obéir à ces trois principes. Il y a un principe d’ancrage culture, un principe d’éducation culturelle et un principe d’ouverture linguistique. On parle de «ndeup» national, mais évidemment on est dans le «ndeup» national depuis 2021. Et ce «ndeup» national-là, je pense qu’il faut que les gens en sortent plus sereins mais pas plus fous.
Est-ce que c'est dû à la modernité avec l’avènement des réseaux sociaux qui entraineraient tous ces écarts ?
Mais on a récupéré des éléments que nous ne maitrisons pas. Les éléments de réseaux sociaux qui étaient des éléments de construction de relations sont devenus des éléments de destruction des relations. Nous avons beaucoup de gens qui n’ont pas un niveau scolaire en arabe ou en français ou en anglais consistant. Et généralement, ces gens peuvent être manipulés par ces réseaux-là. Le dernier élément, c’est la responsabilité de nos familles. Dans nos familles, quand quelqu’un n’a rien, il n’est rien. Les médias aussi sont responsables de la vulgarisation des obscénités. Quand je regarde les débats politiques sur les plateaux, je me demande d’où viennent ces gens-là. On est juste dans du crêpage de chignons, dans l’insulte, l’invective, le parjure, etc. Et ces jeunes n’ont que ces références-là. Tant que dans nos médias on n’aura aucune tranche pour les jeunes, pour les enfants, on continuera à subir le contenu des autres.
Le mari ou l’homme est-il réduit à un «bailleur», alors que les femmes aussi travaillent ?
Mais, si le mari est réduit à un bailleur, il devient un frappeur. Dans nos sociétés, la femme a toujours travaillé
Qu'est-ce que cette société en déliquescence prépare l'individu ?
On le prépare à l’acquisition de l’argent, au succès, les belles voitures, la nomination, l’accès au pouvoir. Mais on ne le prépare pas à la sérénité des consciences.
«GOOR DOU PROJET», LE NOUVEAU SLOGAN DES FEMMES
Si le projet Pastef incarné par le Président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko est de résoudre les difficultés du Sénégal, le projet de certaines jeunes filles, femmes divorcées ou veuves est de dégager les hommes de leur vie
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 13/07/2024
Un projet peut en cacher un autre. Si le projet Pastef incarné par le Président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko est de résoudre les difficultés du Sénégal, le projet de certaines jeunes filles, femmes divorcées ou veuves est de dégager les hommes de leur vie. Cette boutade fait fureur actuellement sur les réseaux sociaux, notamment Tik-Tok. Chacune d’elles tente de donner des explications. Bés bi qui a voulu tâter le pool des Sénégalais par rapport à ce sujet, pose le débat. Et bon nombre de nos concitoyens estiment que ce sont des réflexions «bidons». D’autres, plus catégoriques, parlent de manque de repères de la jeunesse, qui pense que tout ce qui brille est de l’or. Reportage
Dakar et sa banlieue suffoquent à cause de la chaleur. Un ciel un peu nuageux et une météo qui prédit une pluie dans les prochaines 24 heures donnent l'espoir d'un temps plus clément. Il est 11 heures 35 minutes sur cet arrêt du bus de la ligne 62 qui quitte Grand-Mbao pour rallier Dakar. Vendeurs de poissons, de légumes, de friperie, etc., cohabitent avec les grands magasins et boutiques d’alimentation générale. Après un quart d’heure d’attente, le bus tata, plein comme un œuf, se pointe. C’est la bousculade. Même les passagers arrivés à destination peinent à descendre. «Mais laissez-nous au moins descendre d’abord», peste un vieux, dégoulinant de sueur, le bonnet et le chapelet entre les mains. «Père descend rek, nous allons au travail. Cela fait plus de 45 minutes que nous attendons le 62», rétorque un jeune homme en jean noir déchiré assorti d’un teeshirt jaune, des lunettes de soleil mal ajustées. «En tout cas, les membres du nouveau gouvernement doivent penser à reprendre le transport urbain, nous qui habitons dans la banlieue, nous souffrons», proposent un groupe de jeunes.
«Si vos parents avaient dit ça, vous ne seriez pas de ce monde»
Après quelques minutes de brouhaha et de bousculades, le bus roule tout lentement en direction du centre-ville. Et les affinités se dessinent entre les passagers, les hommes confortablement assis sur les sièges taquinent les filles qui ont les mains suspendues sur la barre. «Vous avez dit parité, donc il faut assumer le fait d’être debout pour le trajet», lancent-ils. «Ça c’est de la facilité. Je comprends pourquoi certaines femmes disent que ‘’Goor dou projet’’. Aucune galanterie», réplique la jeune receveuse. Et commence un rire contagieux dans le bus. Et c’est parti pour un débat contradictoire. Une dame de teint clair, tout de blanc vêtue, les yeux rivés sur son téléphone portable, met son grain de sel. «Ah, ma fille, je ne suis pas d’accord. Arrêtez, c’est des bêtises de penser ainsi. Si vos parents avaient dit ça, passez-moi l’expression, est-ce que vous serez de ce monde ? Il ne faut pas copier certaines pratiques occidentales qui ne sont pas les nôtres», tance-telle, avant de remettre ses écouteurs noirs.
Hommes et femmes s’accusent de lesbiennes et d'homos
La réplique n’a pas tardé. «Les hommes d’aujourd’hui aiment la facilité. Ils ne font aucun effort, alors que les femmes sont braves et dégourdies. Regardez les maisons, ce sont les femmes qui s’occupent presque de tout, sous prétexte que c’est nous qui avons accepté la parité. Donc, un homme qui ne peut rien faire pour toi, qui ne peut même pas vous satisfaire au lit, c’est un problème. Personnellement, je suis d’accord que ‘’Goor dou projet’’. On fait focus sur nous», renchérit une jeune fille de teint clair, taille moyenne, habillée en taille basse. Une déclaration qui a aussitôt provoqué l’ire d’un groupe de jeunes hommes. «Arrêtez de vouloir stigmatiser tout le temps les hommes pour meubler vos tares. Vous aimez le libertinage, car beaucoup d’entre vous sont des lesbiennes. Vous êtes des complexées, vous copiez mal. Vous pensez que tout ce qu’on montre à la télé, sur les séries et les films, c’est du réel. C’est du toc. Vous devez vous ressaisir», lance l’un d’entre eux. D’une petite voix, au fond du bus, une jeune femme embraie : «C’est le contraire. Car, à cause de l’argent, beaucoup hommes sont devenus des homosexuels. C’est la raison pour laquelle nous disons que ‘‘Goor dou projet’’». La discussion était tellement intense que l’on n’a pas senti la longueur du trajet.
«Je ne veux pas mourir si jeune à cause des hommes»
Au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop, le thème «Goor dou projet» est lancé à des étudiants. Ce slogan qui fait grand bruit sur les réseaux sociaux depuis un certain temps passionne. «Franchement, dans mes projets, l’homme n’en fait plus partie. Et je pèse bien mes mots en le disant. Parce que j’ai été trahi 3 fois dans ma vie. Le plus récent, c’était même avec une proposition de mariage. A ma grande surprise, même pas un mois, on m’a fait savoir que le monsieur s’est marié avec sa cousine, alors que je lui ai tout donné, j’avais confiance en lui. J’ai failli passer de vie à au trépas à cause de cette énième trahison. Ça suffit maintenant, je me concentre sur mes études. A l’avenir, je compte adopter deux enfants : une fille et un garçon», a dit cette étudiante en master 2 en chimie, les yeux larmoyants. «Moi, je ne veux pas mourir si jeune ou avoir une maladie rare à cause des hommes. L’homme n’est pas un projet pour moi, avec les mariages compliqués auxquels on assiste, c’est bon», renchérit sa camarade.
CAS PAR CAS…
Awa Barry, animatrice : «Je suis divorcée, mon ex-mari m’a laissé seule avec les enfants»
«Si on en vient à dire que ‘’Goor dou projet’, c’est que les femmes sont fatiguées et se sont révoltées. Tout le monde sait que la beauté de la femme, c’est d’avoir un mari. Mais beaucoup vivent des violences physiques, morales ou phycologiques dans leurs ménages. On ne va plus souffrir jusqu’à avoir la maladie du goitre. Nous préférons faire focus sur nous, car nous sommes au 21e siècle. C’est la raison pour laquelle on dit que ‘’Goor dou projet’’. Moi, je suis une femme divorcée, mais mon ex-mari m’a laissée seule avec les enfants. Toute la charge repose sur mes frêles épaules. Avec tous ces facteurs que nous vivons, je préfère me concentrer sur moi-même et mes enfants. Par contre, je ne vais pas jusqu’à dire à 100% que ‘’Goor dou projet’’. Je fais du 50/50 parce je veux être une femme indépendante, surtout financièrement. Même si j’ai un mari un jour, je saurai à quoi m’en tenir. C’est pourquoi je comprends quand des femmes disent que ‘’Goor dou projet’’. Parce que beaucoup d’hommes ne savent pas entretenir une femme. Mais toutes les femmes souhaitent avoir un mari. On n’a pas le choix, nous sommes fatiguées dans les foyers».
Ndèye Fatou Baldé, coiffeuse : «Le mariage n’est pas une fin en soi…»
«Moi, je clame haut et fort, sans gants, je ne veux plus d’homme dans ma vie, je suis dégoûtée. J’ai été une brillante élève, mes parents m’ont mise dans un mariage forcé avec un vieux qui pouvait être mon grand-père. Parce que, c’était un richissime homme d’affaires, alors que je n’avais pas une seule once d’amour pour lui. Je ne voulais pas consommer mon mariage pendant un mois et demi après la célébration du mariage. Il a fallu la complicité des parents qui m’ont droguée pour que ça arrive. Je peux donc dire qu’il m’a violée et a volé ma virginité. Au bout de 3 ans de mariage, j’ai fait deux fausses couches. Il me battait, me violentait, me violait chaque nuit et je n’osais pas en parler à la famille par peur de représailles. Mais au bout de 5 ans, mes deux parents sont décédés et j’ai tout fait pour divorcer. Je suis venue à Dakar chez une cousine, j’ai connu des hauts et des bas. Et Dieu merci, aujourd’hui, je gère mon propre salon de coiffure. J’ai 33 ans et ma priorité, ce n’est ni un homme, encore moins un enfant. Si j’ai envie de satisfaire ma libido, il y a d’autres méthodes, mais pas un homme. Je suis dégoûtée par eux. Je vois sur les réseaux, on nous traite de tous les noms d’oiseaux sans même essayer de comprendre pourquoi on dit ‘’Goor dou projet’’. Et je vous le jure : ‘’Goor dou projet’’ pour moi. Nous sommes fatiguées, le mariage n’est pas une fin en soi, l’homme n’est pas le centre de la vie de la femme».
Salla Marième Soda Mboup, veuve : «Ces hommes n’ont d’yeux que pour les divorcées et les veuves qui ont une certaine aisance financière»
«Je suis veuve. J’ai perdu mon mari il y a 10 ans, alors que nous avions fait 25 ans de mariage dans le bonheur et la paix. Je n’ai connu que cet homme. Nous avons 4 enfants : 3 filles et 1 garçon. Aujourd’hui, mon projet, ce sont mes enfants, mais pas un homme. Car ces hommes d’aujourd’hui n’ont d’yeux que pour les femmes divorcées et les veuves qui ont une certaine aisance financière pour les entretenir. Mais ce n’est pas de l’amour. D’ailleurs, mon cœur ne peut plus aimer un autre homme. Je n’ai pas de temps pour un homme, vouloir gérer ses caprices, être au petit soin, c’est fini ça. Je fais focus sur ma progéniture et sur ma personne. Bien avant que ce phénomène ne soit viral sur les réseaux sociaux, je le disais tout le temps à mes amies qui venaient de se plaindre souvent des coups bas de leur conjoint ou de leur amant. Je leur disais toujours que mon projet de vie, les hommes n’en font plus partie. Ce n’est parce que je veux être libre, mais ce que je vois maintenant faire les hommes n’est pas du tout rassurant. Ils ne savent plus entretenir une femme, la chérir. ‘’Goor-yii danio beugg lou yombou’’ (Les hommes aiment la facilité). Je le répète, mon projet c’est mes enfants»
Karine Ndiaye, jeune agent marketing : «Si c’est pour avoir du plaisir, il y’a d’autres méthodes»
«A quoi cela sert d’avoir un homme dans sa vie si ce n’est que vous créer des problèmes, d’augmenter le stress jusqu’à ce que vous poussiez des cheveux blancs. Si c’est pour avoir du plaisir, il y a d’autres méthodes. D’ailleurs, beaucoup d’hommes ne savent plus faire l’amour. En passant, si c’est pour avoir des enfants, il y a des crèches et des pouponnières. Et mieux, si avoir des enfants c’est pour qu’ils vivent dans la galère, ce n’est pas la peine. Moi, j’ai connu beaucoup d’hommes, mais c’est des trompeurs, des mythomanes, des trafiquants de personnalité. Grâce à mon travail, j’en n’ai vu de toutes les couleurs. C’est pourquoi j’ai décidé de ne plus vivre un chagrin d’amour, de souffrir pour quelqu’un qui ne souffre pas pour moi. Tout ce qui l’intéresse, c’est son argent et sa situation sociale, c’est fini ça ! J’ai gommé les hommes dans ma vie, ils ne sont plus ma préoccupation. Je suis une misandre comme me le rappelle toujours ma seule et unique amie. Je fais focus à 100% sur mon travail qui me donne du plaisir et beaucoup de satisfaction. Avec mon travail, je ne sens pas l’absence ou le manque d’homme à mes côtés. Je vis bien, je n’ai de compte à rendre à personne, si ce n’est à moi-même et parfois à ma mère, la seule qui me comprend d’ailleurs. Avec ces nombreux cas de divorce dont la plus part sont dus à des mariages célébrés en grande pompe qui font long feu, on doit surtout se consacrer à soimême. Maintenant, des femmes indépendantes choisissent de ne pas faire d’un homme le centre du monde, une priorité».
LE PASNEG FORME LES OFFICIERS DE POLICE JUDICIAIRE ET INSTALLE SON BUREAU
Le Projet d’appui à la stratégie nationale de pour l’équité et l’égalité de genre a initié des sessions de formation des officiers de police judiciaire pour une prise en charge adéquate
Partant du constat que beaucoup de femmes et d’enfants victimes de violence basée sur le genre se confient plus aux dames qu’aux hommes, le Projet d’appui à la stratégie nationale de pour l’équité et l’égalité de genre (PASNEG) a initié des sessions de formation des officiers de police judiciaire pour une prise en charge adéquate. Outre ces aptitudes attendues, un bureau sera ouvert à la Police centrale de Sédhiou, chargé d’accueillir les victimes aux fins d’une bonne orientation.
Cette session de formation se propose de renforcer les capacités des officiers de police judiciaire sur les aptitudes qui favorisent la prévention des violences basées sur le genre et la prise en charge adéquate des victimes de toutes formes de violences basées sur le genre aussi bien en période de paix que dans les situations de conflit. C’est une initiative du PASNEG, le Projet d’appui à la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre, financé par le gouvernement italien, en ancrage au ministère de la Famille et de la Solidarité nationale. «La Police et la Gendarmerie constituent, en général, la première porte d’entrée pour les femmes et les filles victimes de violences basées sur le genre. Et ce premier accueil est important, surtout pour la prise en charge de la victime. Bien souvent, quand la prise en charge est défaillante, la victime peut même abandonner la procédure de poursuite. Cette formation leur facilitera les conditions d’accueil et même de dénonciation», déclare Mme Awa Nguer Fall, la Coordinatrice nationale du PASNEG.
Mme Bintou Guissé, Commissaire de la Police de Zac Mbao (Dakar) et point focal genre de la Police nationale, explique la pertinence d’une telle option. «C’est de faire en sorte que les conditions d’accueil soient optimales avec les Forces de défense et de sécurité, pour mettre les victimes en confiance, pour mieux les écouter et les prendre en charge. Nous envisageons mettre un bureau genre à la Police de Sédhiou car une victime de violence à plus tendance à se confier à une dame qu’à un homme», indique-t-elle.
Si l’on en croit Mme Fall Awa Nguer, la Coordinatrice du PASNEG, un suivi de la mise en œuvre est déjà acté. «Nous avons déjà obtenu l’autorisation de la mise en place d’un bureau dédié exclusivement aux victimes de violence au bureau de la Police de Sédhiou. Nous avons également évoqué, en vue d’un bon suivi de la situation des femmes et des enfants en milieu carcéral. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons jugé utile d’associer à cette formation les acteurs de la Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Sédhiou». A l’arrivée, il est attendu de ces officiers de police judiciaire une maîtrise du cadre juridique national et supranational ainsi que les mécanismes de prévention des violences basées sur le genre.
HARO CONTRE L'HÉCATOMBE DES FEMMES À ZIGUINCHOR
Les femmes sont la cible d'une vague de violence sans précédent, avec trois meurtres recensés depuis février. Le dernier en date, celui d'Awa Cissé, une femme enceinte, suscite une vive émotion
C’est l’assassinat de Madame Awa Cissé en état de grossesse retrouvée morte dans sa chambre à Kafountine le 28 juin dernier, qui a surtout exacerbé la colère chez les femmes de la région de Ziguinchor qui ont décidé de monter au créneau. Cette agression mortelle, la treizième depuis février 2024 dans cette localité de Kafountine, a fini de plonger ces femmes dans une psychose totale.
Et dans une déclaration faite hier, dimanche 6 juillet à Ziguinchor, ces femmes regroupées autour de différentes organisation féminines condamnent ce qu’elles qualifient de pure barbarie. « La plate-forme des femmes pour la paix en Casamance et l’ensemble des organisations signataires dénoncent avec la dernière énergie ces atteintes graves à la dignité et la vie humaine des citoyens de ce pays », a déclaré Madame Ndéye Marie Thiam, Coordonnatrice de cette plateforme des femmes. Elle ajoute : « Nous faisons cas de l’urgence sécuritaire pour les femmes et filles de Kafountine mais aussi de toute la région. Nous exigeons que l’Etat du Sénégal, l’administration territoriale et les autorités locales créent les conditions pour que Kafountine et environs soient une zone sûre où les populations jouissent pleinement de leur droit de protection. Nous exprimons notre solidarité et notre empathie à l’endroit des survivantes de cette série de violence contre d’honnêtes citoyens».
Ces femmes qui interpellent avec fermeté le Président de la République du Sénégal Bassirou Diomaye Faye et les autorités judiciaires à la hauteur des menaces de chaque femme, fille vivant dans la région de Ziguinchor.
Depuis le mois de février 2024, douze cas de violences physiques et sexuelles ciblant uniquement des femmes ont été dénombrés dans la seule localité de Kafountine dans le département de Bignona. Les sévices infligées aux survivantes sont d’une telle gravitée qu’elles ont été évacuées à Ziguinchor ou Dakar, constatent ces femmes qui appellent les populations à la vigilance et au civisme pour une protection de tous, peut-on lire dans cette déclaration des organisations féminines de Ziguinchor.
MBACKÉ DONNE LA LEÇON À TOUBA EN SANTÉ MATERNELLE
La ville sainte nécessite de revoir son message de sensibilisation pour promouvoir les dépistages et les méthodes contraceptives adaptées à ses réalités socioreligieuses
Le district sanitaire de Mbacké connait des indicateurs satisfaisants dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, contrairement à Touba qui empile des difficultés pour s’imposer dans la mise en place de stratégies comme pour la planification familiale. Selon les acteurs rencontrés sur place hier, jeudi 4 juillet 2024, dans le cadre d’une caravane presse, plusieurs facteurs entrent en jeux dont l’aspect religieux et coutumier mais aussi le fort taux d’analphabètes dans cette ville Sainte de Touba.
La caravane sur la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant, des adolescents et jeunes (Srmnia), organisée par le Réseau des journalistes en santé, population et développement, en partenariat avec la Direction de la Santé de la mère et de l’enfant (Dsme), était hier, jeudi 4 juillet, dans les localités de Mbacké et Touba. Dans ces deux localités du département de Mbacké, la lutte contre la mortalité maternelle et infantile connait des disparités. Si le district de Mbacké a pu s’imposer dans cette lutte, ce n’est pas facile pour Touba où la plupart de ces indicateurs restent bas.
Dans cette cité religieuse, fief du Mouridisme, Thioro Faye Mbacké, responsable Santé de la reproduction du district sanitaire de Touba, a fait savoir qu’il y a un retard dans les Consultations prénatales (Cpn) qui doivent passer de quatre à huit séances, durant la période de grossesse. «Nous continuons à enregistrer des retards dans la prise en charge des grossesses. Des femmes arrivent dans nos structures tardivement mais la fréquentation dans les structures de santé est rassurante à Touba», a fait savoir Mme Mbacké. Et d’ajouter : «dans le district de Touba, nous avons une bonne couverture sanitaire. Dans chaque quartier où village, il y a une structure de santé. Au total, il y a 42 structures de santé à Touba dont 29 postes de santé, 6 centres de santé et 3 hôpitaux. Mais, vu le poids démographique de Touba, c’est toujours insuffisant».
Si à Touba les acteurs de la santé, accompagnés des relais communautaires, ont pu relever le taux d’audience dans les structures de santé, ils peinent à le faire dans la planification familiale (Pf) où le taux reste très bas. «Nous avions beaucoup de difficultés liées aux problèmes de compréhension, des rumeurs sur l’utilisation des méthodes de planifications familiale. Nous avons pu relever le gap avec les acteurs communautaires, les relais et les Bajenu Gox. Mais, il y a toujours du chemin à faire. Nous sommes dans une cité religieuse, il faut revoir le discours, les termes et essayer de le contextualiser afin d’amener les familles à y adhérer», a-t-elle avancé.
Pour Mme Mbacké, hormis l’aspect religieux, Touba a un taux élevé d’analphabètes. La majorité de la population fréquente l’école coranique. «Les choses commencent à bouger. Les familles scolarisent leurs enfants et des couples jeunes s’intéressent à ces pratiques de la Pf, qui les permettent non seulement d’avoir une bonne santé mais aussi celle de leurs enfants. Aujourd’hui, j’appelle au renforcement de la sensibilisation avec les acteurs communautaires, les journalistes au niveau local pour qu’on puisse bénéficier des supports de Pf adaptés à nos réalités pour réussir cette stratégie».
Au district sanitaire de Mbacké, Awa Ndiaye, sage-femme responsable de la Santé de la reproduction, fait part de plusieurs avancées. Selon elle, le district de Mbacké est champion dans les acquis au niveau régional. Des avancées qui ont été possibles grâce à l’appui de la Dsme et de la formation continue des sages-femmes et les infirmières dans les questions de la Santé de la reproduction.
Parmi les indicateurs, le district sanitaire de Mbacké, par rapport aux nombres de femmes ayant effectué 4 consultations prénatales entre janvier et mars 2024, se positionne à 42%. Pour le nombre de femmes enceintes qui ont reçu leurs trois doses de comprimés pour la lutte contre le paludisme, il est à 49,92%. Pour celles qui dorment sous moustiquaires imprégnées, à 56,2%. Pour les femmes qui ont été dépistées du VIH et de la syphilis, le taux est de 52,06%.
En ce qui concerne les accouchements assistés par un personnel qualifié, Mbacké est actuellement à 46,2%. S’agissant du nombre d’enfants ayant bénéficié d’un paquet de soins à la naissance, le district est à 53,5%. Pour le nombre d’accouchées ayant été effectuées, les 3 consultations post natales, est en ralenti car nous sommes à 15%. Pour la planification familiale nous sommes à 12%. «Nous avons des défis mais nous sommes en train de faire des efforts. Auparavant, il y avait l’inaccessibilité des autorités religieuses, la rupture des médicaments ; mais ce n’est plus le cas», a avancé Awa Ndiaye.
Les accouchements à domicile, un phénomène rare
De plus en plus les accouchements à domicile se font rares dans les régions. Dans les districts sanitaires de Mbacké et Touba, il y a peu ou presque pas de cas enregistrés par mois. Selon les acteurs de la santé, les accouchements à domicile sont rares, même avec la rétention des données. Pour Touba, ils représentent 0,5% par rapport à toute la population. «Les accouchements à domicile ne sont pas très importants à Touba. Mais notre souhait, c’est d’avoir 100% d’accouchements dans les hôpitaux. Il y a des structures privées qui parviennent à accueillir des accouchements, mais on ne parvient pas à les recenser. C’est pourquoi, nous faisons de la sensibilisation à ces structures privées qui ne sont pas vraiment dans les normes de se conformer. Pour celles qui sont en normes, elles sont enrôlées au niveau des districts où elles travaillent avec les districts,» a renseigné Mme Mbacké.
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J'AVAIS UNE PROFESSION, MAIS J'AI CHOISI MA PASSION
Analyste programmeuse de formation, après plusieurs années d’exercice, Huguette Diatta a opéré un virage à 180 pour se lancer dans la mode. Après deux ans de formation, elle lance une école qui capte entre autres des professionnels passionnés de mode
Il est des passions dont on ne réussit pas à s’en débarrasser facilement. Même quand elles sont mises en veilleuse ou négligées, ils finissent toujours par reprendre le dessus et s’imposent. C’est selon toute vraisemblance ce qui a dû se produire avec Huguette Coly Diattta, cette styliste-modéliste qui a enfin trouvé son chemin, sa passion dans la mode.
Analyste programmeuse de formation, après plusieurs années d’exercice, elle a opéré un virage à 180 pour se lancer dans la mode où elle se sent plus épanouie.
Son parchemin en poche, elle n’eut même pas besoin d’aller faire un stage de perfectionnement avant de commencer sa carrière. Elle n’eut non plus besoin d’aller se faire employer par un tiers dans le domaine.
Huguette décide de s’établir illico presto à son propre compte.
Mieux, l’idée de lancer une école va vite germer sur la base de la suggestion d’un collaborateur. Elle tente de résister avant de céder, et ce, au plus fort de la pandémie de Covid- 19 où tout le monde était dans la plus grande incertitude.
Tenace, elle finit par réussir son projet d’école avec des matières plus que complètes pour ce secteur. Toute chose qui ouvre de facto beaucoup de perspectives pour ses apprenants.
Aussi curieux que cela paraisse, son école capte aussi des personnes qui comme elle avaient une carrière professionnelle bien remplie, mais qui décident d’investir le secteur de la mode et du stylisme.
C’est le cas de cet expert financier qui a travaillé 20 ans dans la finance et décide de virer vers sa passion de la mode ou encore de cette ingénieure en génie civil ou cette autre diplômée en hôtellerie entre autres profils.
LE NOMBRE DE CANDIDATES MARIÉES EN HAUSSE D’ANNÉE EN ANNÉE
Dans les deux Inspections de l’éducation et de la formation (Ief) du département de Podor, les candidates sont au nombre de 2515, toutes séries confondues (737 candidates pour l’Ief de Pété et 1778 pour celle de Podor) et dans ce lot des candidates mariée
Les épreuves du baccalauréat général démarrent ce mardi. Dans les deux Inspections de l’éducation et de la formation (Ief) du département de Podor, les candidates sont au nombre de 2515, toutes séries confondues (737 candidates pour l’Ief de Pété et 1778 pour celle de Podor). Et dans ce lot de candidates au baccalauréat, il y en a des mariées. Mieux, cette année, leur nombre a accru d’établissement en établissement. Des candidates qui, pour la plupart, déclarent être soutenues par leur mari et leur famille pour poursuivre leurs études et surtout pour aller jusqu’au bout de la classe de Terminale. Une classe dans laquelle les professeurs font cours les matinées et les aprèsmidi, une course contre la montre pour terminer le programme.
Ainsi, le lycée de Galoya a parmi ses candidats, 10 mariées. L’une d’elles, F. M. est à la recherche du bac pour la deuxième fois et enceinte de 5 mois. Elle dit : «Je me suis mariée quand j’étais en 1ère. Mon mari me soutient et les femmes mariées dans la famille m’ont exemptée des travaux domestiques. Ce qui m’a permis de suivre normalement les cours, même si j’avais échoué l’année derrière.» Au centre secondaire de Golléré, sur les 20 candidates en L2, deux sont mariées tandis que ceux de Boké Dialloubé et Madina Ndiathbé comptent respectivement deux et une candidates mariées inscrites dans les séries littéraires. De l’avis de plusieurs chefs d’établissement, le nombre de candidates officielles mariées croît d’année en année mais leur situation matrimoniale n’a jamais impacté leurs études et elles s’en sortent souvent à l’examen du bac. Tout en notant que le seul bémol, c’est quand elles tombent enceintes.
Dans l’Ief de Podor, qui n’a pas souhaité donner le nombre exact de candidates mariées, de nombreux chefs d’établissement signalent qu’ils ont bien des candidates officielles mariées et que cela ne date d’aujourd’hui.
LES ACTEURS POUR L’INSCRIPTION D’UNE LIGNE BUDGETAIRE
Campagne «Agir pour les femmes et les filles» - L ’absence des données sur les violences basées sur le genre (VBG) demeure la grande équation des acteurs qui travaillent sur la question
Après une année de mise en œuvre des stratégies pour la prise en charge des violences basées sur le genre, JGEN Sénégal Women Global Entrepreneurship, les acteurs ont porté le plaidoyer afin d’amener les décideurs, la communauté à «agir pour les femmes et les filles». Hier, vendredi 28 juin, ces associations ont porté le plaidoyer pour l’inscription d’une ligne budgétaire logée au sein d’un ministère.
L ’absence des données sur les violences basées sur le genre (VBG) demeure la grande équation des acteurs qui travaillent sur la question. Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, la communauté peine à sortir de sa muse. Les seules données disponibles sont inscrites dans les registres des Forces de défense et de sécurité ou encore des antennes de prise en charge des victimes de ces violences.
Au niveau du gouvernement du Sénégal, des actes de grandes envergures sont très limités dans cette prise en charge. Un constat qui a amené JGEN Sénégal, Women Global Entrepreneurship a porté le plaidoyer afin d’amener les décideurs, la communauté, à travers la campagne, à «agir pour les femmes et les filles». Une campagne qui a débuté l’année dernière.
Ainsi, pour marquer la fin de ladite campagne, Maïmouna Astou Yade, Directrice exécutive de JGEN Sénégal a soutenu hier, vendredi 28 juin 2024, au cours d’une conférence de presse, que la problématique des données est toujours une réalité.
«Après une année d’activités, nous sommes aux termes de cette aventure pour partager les résultats obtenus. Pour apporter plus de données sur les violences basés sur le genre, nous avons porté le plaidoyer à la gente féminine, mais aussi à l’Etat afin de positionner une ligne budgétaire pour les personnes victimes de ses violences» a-t-elle fait savoir.
Elle a estimé que «les contraintes qui bloquent la prise en charge, à travers divers programmes, sont souvent l’absence de données globales basées sur le genre. Tous les acteurs qui y travaillent, ont ce problème. Et l’Etat sait qu’il faut investir sur la question. Mais, quand on n’a pas de données fiables, il est difficile de s’en sortir. Nous savons qu’il y a des données de références, mais cela ne suffit pas ; il faut aller au-delà de ce problème pour avoir des données globales».
Cette campagne «agir pour les femmes et les filles» se déroule dans huit (8) pays de la sousrégion. Selon les organisateurs de cette rencontre à Dakar, elle s’inscrit dans le cadre du projet “Foundation”, aussi appelé “Amplifier les voix des Jeunes femmes en Afrique de l'Ouest”. «Equipop s’est engagée à soutenir les capacités d’actions des jeunes féministes d’Afrique de l’Ouest, et notamment de développer leurs capacités à porter au niveau régional la voix des femmes et des filles de leurs pays, en particulier celles en situation de vulnérabilité, dans les instances de décision nationales et régionales», renseigne la note de presse.
Et d’ajouter : «pour cela, Equipop facilite et soutient un processus de plaidoyer régional en faveur des DSSR et contre les VBG, mis en œuvre par les féministes d’Afrique de l’Ouest réunies lors de réunions régionales annuelles».
Rappelons que dans le cadre de cette campagne, dans chaque pays, deux points focaux plaidoyer et communication ont été désignés collégialement pour travailler sur la dynamique. Les points focaux des 8 pays ont écrit une Stratégie régionale de plaidoyer visant à réaliser l’objectif, à savoir Influencer les pouvoirs publics nationaux d'ici décembre 2024, pour l'inscription d'une ligne budgétaire dans les lois de finance des 8 pays que sont Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, dédiée à la mise en place et/ou l’amélioration des systèmes de collecte de données quantitatives et qualitatives relatives aux Violences Sexistes et Sexuelles.
L'ÉDITORIAL DE René Lake
POUR UNE THÉORIE DU CHANGEMENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Engager la Rupture et la mise en œuvre du Projet sans délai pour rompre avec un cycle de gouvernance abusive. Il est urgent d’élaborer une stratégie de transformation systémique fondée sur des actions cohérentes, mesurables
La prise de fonction d'un nouveau président est un moment crucial pour un pays, surtout lorsqu'il s'agit de rompre avec un cycle de gouvernance oppressive et dictée par des intérêts extérieurs. Diomaye Faye, nouvellement élu président, et Ousmane Sonko, leader incontesté du mouvement Pastef, aujourd’hui aux affaires, se trouvent à cette croisée des chemins.
Pour réaliser un changement durable et profond, il est essentiel de mettre en place une théorie du changement et de la transformation systémique dès les premiers moments du mandat. Contrairement à une accumulation de petites réformes sectorielles, une approche systémique vise à restructurer fondamentalement les institutions, les pratiques et les mentalités qui maintiennent le statu quo. Cet article explore pourquoi cette approche est essentielle, en fournissant une analyse des approches et en présentant des exemples de succès et d'échecs mondiaux.
Pourquoi une Théorie du changement immédiate est essentielle
En début de mandat, il apparaît essentiel d’être dans l'éviction des réformes fragmentées. Une éviction des réformes fragmentées qui éloigne et abandonne les réformes qui sont réalisées de manière isolée, désordonnée et déconnectée les unes des autres, sans vision globale ou cohérence systémique. L’exigence serait plutôt de résolument s’engager dans une approche intégrée et holistique des réformes pour garantir une transformation profonde et durable des institutions, des pratiques et des mentalités.
Les réformes sectorielles, comme celles de la justice, bien qu'importantes, risquent de se heurter à des résistances corporatistes et des inerties institutionnelles. Les Assises de la Justice, convoquées par le président Diomaye Faye du 15 au 17 juin 2024, n'ont pas échappé à cette difficulté, pourtant tout à fait prévisible. Les résistances de certains des principaux acteurs du secteur ont empêché la prise de décision et la mise en œuvre effective des réformes les plus structurantes, les plus pertinemment radicales, maintenant ainsi le système existant intact, malgré quelques corrections importantes. On ne change pas un système dans une conversation sectorielle limitée aux principaux acteurs de ce système.
La revendication sociale et l'exigence populaire du moment historique que vit le Sénégal tournent autour de l'indépendance de la Justice afin de tourner les pages noires des années Macky Sall, marquées par une instrumentalisation systématique de la justice. Une théorie du changement systémique, au contraire, propose une vision globale et cohérente du futur, assurant que toutes les réformes s'alignent vers un objectif commun de transformation profonde.
Ce n’est pas pour rien qu’il existe une théorie fort pertinente pour les acteurs sociaux mais aussi les entreprises publiques et privées de l’extériorité pour le changement systémique. Il faut, en quelque sorte, être hors d'un système pour pouvoir le changer. Cela repose sur l'idée que les personnes et les institutions qui font partie d'un système sont souvent trop influencées par ce même système pour pouvoir le mettre en cause radicalement, “penser hors de la boite“ et imaginer des solutions nouvelles.
Les individus et les institutions au sein d'un système sont souvent influencés par les normes, les valeurs et les pratiques établies. Ces influences peuvent limiter leur capacité à voir au-delà du cadre actuel et à envisager des alternatives. Par exemple, dans un système éducatif traditionnel, les enseignants et les administrateurs peuvent avoir du mal à imaginer des méthodes d'enseignement radicalement différentes parce qu'ils ont été formés et travaillent au sein de ce système depuis longtemps.
Les acteurs internes peuvent également montrer une résistance au changement en raison de divers facteurs, notamment les intérêts personnels, les avantages perçus ou réels qu'ils tirent du système actuel, les compétences acquises et la peur de l'inconnu. Cette résistance active ou passive peut se manifester de plusieurs façons, comme l'inertie institutionnelle, les résistances corporatistes, ou le rejet actif des réformes.
Être immergé dans un système peut limiter la perspective des acteurs internes, les empêchant de voir les problèmes de manière holistique. Par exemple, un juge travaillant dans un système judiciaire corrompu peut reconnaître certains problèmes, mais il peut être incapable de concevoir une réforme globale nécessaire pour éradiquer la corruption systémique.
Les acteurs externes, en revanche, ne sont pas soumis aux mêmes contraintes et influences. Ils peuvent avoir une vision plus claire des problèmes systémiques et des solutions potentielles. Les acteurs externes peuvent inclure des experts indépendants, des organisations non gouvernementales, des universitaires et, bien entendu, des citoyens engagés, des citoyens concernés.
La théorie de l’extériorité propose que pour provoquer un changement systémique significatif, il faut souvent une rupture avec le système actuel. Cela signifie que les solutions ne peuvent pas simplement être des ajustements mineurs ou des réformes sectorielles, mais doivent impliquer une transformation radicale qui peut nécessiter des perspectives et des approches totalement nouvelles.
Donner le ton dès le début
Annoncer le cadre systémique des réformes dès le début du mandat envoie un message clair de détermination et de vision à long terme. Il permet de fixer le cap de la transformation et d’orienter la mobilisation de la société et de l’administration pour le changement. Cela mobilise non seulement les partisans du changement, de la Rupture et du Projet Pastef, mais signale aussi aux opposants que des changements significatifs sont inévitables. Cela crée une dynamique de soutien et de légitimité autour des réformes. Une théorie du changement élaborée dans les premiers jours permet ensuite de mettre en place une feuille de route claire et des mécanismes de suivi et d'évaluation rigoureux qui garantissent que les actions entreprises sont coordonnées, mesurables et orientées vers des résultats concrets.
Dans le Sénégal d’aujourd’hui, toutes les conditions objectives et subjectives sont réunies pour non seulement s'engager dans une transformation systémique mais également pour la réussir. Le Projet de Pastef lui-même porte une ambition endogène basée sur la pluralité, l'inclusion, la démocratie, la souveraineté et le panafricanisme. Il est donc temps de poser les premiers actes de transformation systémique du Sénégal. Renvoyer cette radicale exigence à plus tard ne serait pas une option pertinente si l’intention de transformation est réelle. Les expériences à travers le monde nous l'enseignent par rapport à celles qui ont réussi et celles qui ont échoué en fonction des objectifs affirmés par leurs initiateurs. Les exemples à l’échelle mondiale sont parlants.
La transformation économique de la Pologne (1989-1990). Au début de son mandat, le gouvernement polonais nouvellement élu a mis en place le Plan Balcerowicz, également appelé la "Thérapie de choc", pour transformer l'économie de planification dite socialiste en une économie de marché. Ce plan comprenait des réformes économiques radicales annoncées dès le début et mises en œuvre rapidement, ce qui a permis de stabiliser l'économie et de poser les bases de la croissance économique à long terme.
La transition démocratique en Afrique du Sud (1994). Lorsque Nelson Mandela est devenu président, il a immédiatement lancé des réformes systémiques pour démanteler l'apartheid et établir une démocratie inclusive. Le gouvernement a instauré la Commission Vérité et Réconciliation, et des réformes économiques et sociales ont été mises en place pour promouvoir l'égalité. Ces actions ont été décisives pour transformer la société sud-africaine ces trente dernières années. Les difficultés actuelles du pays, qui vient d'organiser des élections mettant l'ANC en difficulté, ne doivent pas faire oublier le miracle d'une paix sociale préservée par des réformes systémiques dans un pays où la brutalité et la violence de la gouvernance de l'Apartheid étaient sans comparaison à l'échelle planétaire.
L'Égypte post-révolution (2011). Après la révolution de 2011, le gouvernement égyptien n'a pas réussi à instaurer rapidement une transformation systémique. Les réformes sont restées fragmentées et insuffisantes face aux défis institutionnels et économiques. En conséquence, le pays a sombré dans une instabilité politique et un retour à l'autoritarisme.
Le Venezuela sous Hugo Chávez (1999). Bien que Hugo Chávez ait annoncé des réformes importantes, celles-ci ont été mises en œuvre de manière désordonnée et souvent populiste, selon certains critiques, sans une théorie du changement systémique cohérente. Les réformes économiques et sociales se sont heurtées à de nombreux obstacles, conduisant à une crise économique et politique prolongée malgré les nombreuses réalisations au bénéfice des plus démunis.
Un Chemin vers la transformation systémique
Pour sortir le Sénégal de l'ère néocoloniale et de l'autocratie récente, tout en renforçant les fondements démocratiques de l'État, il est essentiel de suivre une approche systématique et inclusive dès les premiers moments du mandat présidentiel. Une théorie du changement indépendant des jeux partisans politiques, peut offrir une feuille de route pour cette transformation.
La vision d'un Sénégal démocratique, souverain et prospère, où les droits de l'homme sont respectés et où chaque citoyen a accès à des opportunités économiques et sociales équitables, un pays de tous et pour tous où le bien public est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas, doit guider cette démarche. Pour atteindre cet objectif, plusieurs piliers doivent être renforcés : les institutions démocratiques, la souveraineté économique et politique, l'éducation et la sensibilisation citoyenne, ainsi que la justice sociale et l'inclusion.
En effet, il est crucial d'assurer l'indépendance du pouvoir judiciaire, de renforcer les mécanismes de contrôle parlementaire et de promouvoir une administration publique transparente et responsable. Cela garantira que les institutions fonctionnent de manière équitable et efficace, servant les intérêts de tous les citoyens sans favoritisme ni corruption.
La réduction de la dépendance aux financements étrangers et aux multinationales est essentielle pour renforcer la souveraineté économique du Sénégal. Cela peut être réalisé en promouvant la coopération Sud-Sud et l'intégration sous-régionale et panafricaine. Une politique économique nationale basée sur l'autosuffisance alimentaire et énergétique doit être développée pour assurer la résilience économique du pays.
Lancer une vaste campagne nationale d'alphabétisation des jeunes et des adultes, et promouvoir l'éducation dans nos langues nationales sur les droits et devoirs civiques, sont des actions indispensables. De plus, il est nécessaire de promouvoir une culture de paix, de tolérance et de participation active pour renforcer le tissu social et encourager l'engagement citoyen.
Pour réduire les inégalités sociales et économiques, il est impératif d’appliquer avec intelligence certes mais de manière effective les lois déjà existantes d’interdiction de la mendicité en particulier celle infantile, de garantir le respect de l'école obligatoire et de renforcer les infrastructures scolaires, culturelles, sociales, sportives et sanitaires. Assurer une représentation équitable des femmes et des minorités, y compris les personnes handicapées, dans toutes les sphères de la société, est également crucial.
Actions clés pour la transformation systémique
Pour mettre en œuvre ces objectifs, des actions clés doivent être entreprises immédiatement. C’est à l’administration Faye-Sonko de proposer et de mettre en œuvre la formule qui lui paraît la plus pertinente. Une des possibilités pourrait être une Commission indépendante pour les réformes institutionnelles, incluant les réformes constitutionnelles et électorales, qui pourrait être mise en place dans le très court terme. Ne cherchant pas à réinventer la roue, cette Commission devrait s’appuyer sur les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) pour mettre en œuvre le Pacte national de bonne gouvernance démocratique signé par le président Diomaye Faye quelques semaines avant le début de la campagne électorale. Une campagne référendaire pour réviser la constitution ou en adopter une nouvelle, selon les recommandations de la Commission, pourrait être de mise, selon les priorités telles que définies par l’administration Faye-Sonko.
Des politiques de soutien aux PME et aux entreprises locales doivent être développées, et les partenariats public-privé encouragés pour développer les infrastructures nationales. Une réforme monétaire au niveau national ou sous-régional est également nécessaire pour renforcer l'autonomie économique du pays et respecter l’un des engagements clés de Pastef qui répond à une exigence historique des jeunesses d’Afrique dite francophone.
L'éducation civique doit être intégrée dans les programmes scolaires dès le primaire et étendue à des campagnes nationales pour adultes. Des campagnes de sensibilisation via les médias et les réseaux sociaux doivent être lancées pour informer et engager les citoyens.
Mettre en place des programmes sociaux pour les groupes vulnérables, notamment en zone rurale, et assurer l'accès universel à l'éducation et aux soins de santé sont des mesures indispensables pour promouvoir l'inclusion sociale.
Pour mesurer le succès de ces réformes, il est important pour l’administration Faye-Sonko de présenter plusieurs indicateurs clés qui pourraient aller de l’augmentation de la transparence et de la responsabilité des institutions publiques, à la réduction des cas de corruption et d'abus de pouvoir, la diminution de la dépendance aux importations alimentaires et énergétiques, la croissance du secteur privé local, l’augmentation de la participation électorale et de l'engagement communautaire, la réduction des écarts de revenu et d'accès aux services essentiels, l’augmentation de la représentation des femmes et des minorités dans les instances décisionnelles, etc.
Étapes de mise en œuvre
La mise en œuvre de cette théorie du changement doit suivre plusieurs étapes clés. Un diagnostic participatif, impliquant toutes les parties prenantes (gouvernement, société civile, secteur privé, acteurs politiques…), doit, au besoin, actualiser l’analyse des problèmes actuels élaborée par les Assises nationales et la CNRI. Ensuite, un plan d'action à court, moyen et long terme doit être élaboré avec des objectifs clairs et des ressources allouées. La mise en œuvre des réformes et des programmes doit être suivie régulièrement, avec une évaluation continue des impacts. Pour cela, un observatoire des politiques publiques, géré par la société civile, peut être créé. Enfin, les stratégies doivent être adaptées en fonction des résultats et des retours des parties prenantes.
Pour transformer le Sénégal en une nation démocratique et souveraine, il est crucial d'élaborer et de mettre en œuvre dès les premiers moments du mandat présidentiel une théorie du changement systémique. Cela permettra de surmonter les résistances institutionnelles, de mobiliser un large soutien et de mettre en place les bases d'un développement durable et inclusif. Un tel projet mobilisateur et populaire sera également un rempart important face à toutes les tentatives intérieures mais surtout extérieures de déstabilisation du pays. Les exemples mondiaux montrent que le succès de telles entreprises dépend de la rapidité et de la cohérence des actions entreprises dès le début. En suivant cette approche, le Sénégal peut espérer un avenir prospère et équitable pour tous ses citoyens.
L'Administration Faye-Sonko, les Assises nationales et l’hyperprésidentialisme
L'administration Faye-Sonko a un avantage certain dans le contexte historique du moment. En effet, elle bénéficie des conclusions consensuelles des Assises nationales et des recommandations de la CNRI, qui fournissent un cadre général pour la transformation systémique du Sénégal. Le travail de concertation, de collecte et d’élaboration d’un cadre général de transformation systémique est disponible, et les principaux acteurs semblent aujourd'hui pour l'essentiel, disponibles, actifs et disposés à participer à la mise en œuvre de ce chantier tout à fait inédit en Afrique, tant par sa méthodologie que par ses conditions d'implémentation.
Il est important que la mobilisation autour des urgences n’empêche pas la transformation systémique. Il y a un équilibre à trouver pour rassurer les Sénégalaises et les Sénégalais que leurs voix ont été entendues le 24 mars 2024.
Les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la CNRI et leurs porteurs sont les amis des oppositions. C’est le camp de tous ceux qui constatent horrifiés les dégâts majeurs de l’hyperprésidentialisme pour le vivre-ensemble sénégalais. Il affecte les fondements de l’État démocratique parce qu’il crée des conditions favorables à l’installation de réflexes autocratiques. Par contre, une fois au pouvoir, redistribuer et rééquilibrer les pouvoirs exorbitants et irraisonnables de l’Exécutif ne devient plus une priorité. Au contraire, il s’agit d’agir pour les protéger voire les sécuriser encore plus. L’administration Faye-Sonko aura cette tentation qui apparaît comme naturelle mais à laquelle il est impératif de résister.
De la même manière qu’Ousmane Sonko dans un acte historique a résisté à la tentation d’être la seule option à la candidature pour le mouvement Pastef, lui et Diomaye Faye doivent aider le Sénégal à rompre avec ce cycle infernal de l’hyperprésidentialisme auquel on ne s’oppose qu’à partir de l’opposition mais que l’on adoube une fois aux affaires. Ils ont là un acte politique de portée historique à poser dans ce temps de gouvernance que vit le Sénégal sous leur administration. Retarder l’expression véhémente de cette intention n’est pas une option viable parce que les tentacules du système vont se refermer sur eux.
Le Rôle des citoyens et de la société civile
Le traumatisme collectif des années Macky Sall, en particulier les trois dernières années, semble avoir épuisé les Sénégalaises et les Sénégalais à un point tel que le souhait exprimé ou non est celui de refuge dans le déni citoyen sous prétexte qu’il faut laisser aux nouvelles autorités le temps d’atterrir. Le déni citoyen est une forme de capitulation de son droit mais surtout de son devoir d’alerte, d’interpellation mais aussi de propositions. Ils ont été élus, laissez-les gouverner, entend-on. Non justement, l’une des grandes leçons des alternances passées est bien celle de ne pas laisser de procuration à une administration quelle qu’elle soit.
Le droit et le devoir de dire les choses, d’alerter, de critiquer, d’informer, d’éduquer et de proposer est un impératif citoyen à tous moments. Mieux, le changement véritable attendu est que les autorités politiques ne décident plus de la vie des citoyens de façon discrétionnaire et comme elles le veulent sans l’avis de ceux-ci. Ce qui exige un nouveau mode de gouvernance qui ouvre des espaces de participation citoyen dans l’élaboration des politiques et dans les processus de prise de décision afin que les choix et options répondent pertinemment aux besoins et aspirations les plus larges.
En revanche, en début de mandat, il y a lieu de ne pas stigmatiser ou chercher à catégoriser sur la base d’un échantillon de faits réduits et qui par ailleurs cristallisent les contradictions et de ce fait deviennent contre-productifs. Tout cela donne un goût particulier à l’air ambiant. On détecte la saveur acide et toxique de la pensée unique. Tous les acteurs sociaux et politiques ont le droit et surtout le devoir de ne pas laisser s’installer un tel climat dans le Sénégal d’aujourd’hui qui a engagé sa révolution souverainiste, a gagné une nouvelle bataille le 24 mars, mais qui ne pourra aller à la victoire que s’il s’insère dans une dynamique ouverte, constructive d’une révolution citoyenne où des règles consensuelles régissent notre vie commune dans les domaines essentiels partagés tout en laissant à chacun la liberté de ses appartenances idéologiques et de son identité politique.
Pour que la transformation systémique du Sénégal soit un succès, il est impératif que l'administration Faye-Sonko résiste à la tentation de protéger les pouvoirs exorbitants de l'Exécutif et engage immédiatement les réformes nécessaires. La mobilisation citoyenne doit rester vigilante et active, assurant que la voix du peuple continue d'être entendue et respectée. En suivant une théorie du changement bien structurée et en s'appuyant sur les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la CNRI, le Sénégal peut espérer un avenir où démocratie, souveraineté et prospérité sont les piliers d'une société équitable et inclusive.
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JACQUELINE FATIMA BOCOUM, LA VOIX DU SURSAUT
Trente après sa naissance, Sud FM accueille sur son antenne la grande prêtresse des médias sénégalais. Celle-ci livre une analyse percutante de la société sénégalaise, pointant du doigt les maux à combattre collectivement
Dans une interview sur Sud FM ce dimanche, Jacqueline Fatima Bocoum, figure du journalisme sénégalais, a lancé un appel vibrant à la transformation sociale du pays. Trente ans après la naissance de cette radio pionnière, Bocoum dessine les contours d'un Sénégal en pleine mutation.
"Notre société est malade, mais le remède est en nous", déclare-t-elle, pointant du doigt le fossé générationnel et les tabous persistants. Armée de ses 230 000 abonnés Twitter, elle utilise les réseaux sociaux comme un scalpel pour disséquer les maux sociétaux.
Bocoum met en lumière la montée discrète mais puissante des femmes dans les sphères décisionnelles, tout en exhortant la nouvelle génération à s'affirmer davantage. "Le slogan 'Goor de projet' (Homme de projet) doit céder la place à 'Jigeen de projet' (Femme de projet)", insiste-t-elle.
Face aux défis économiques et à la tentation de l'exil, elle appelle à une fonte de l'éducation et à une mobilisation collective. "Chacun doit jouer sa partition pour reconstruire le pays", affirme-t-elle.
Dans un monde en ébullition, de la France aux pays voisins, Bocoum prône la prudence diplomatique tout en affirmant la souveraineté sénégalaise. Son message est clair : le Sénégal doit forger son propre destin, fort de sa diversité et de sa démocratie.