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22 novembre 2024
Femmes
L'ADHA EXIGE DES MESURES JUDICIAIRE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
Malgré les preuves et les plaintes, la justice reste aigre aux appels des victimes. L'ONG lève le voile sur ce scandale qui touche près d'une Sénégalaise sur trois. Cette alerte intervient alors que de nouvelles images de femme battue choquent l'opinion
(SenePlus) - L'Action pour les Droits Humains et l'Amitié (ADHA) lance un cri d'alarme face à la recrudescence des violences faites aux femmes au Sénégal. Dans un communiqué publié le 22 octobre 2024, l'organisation exprime sa « profonde indignation » suite à la diffusion récente d'images qualifiées d'« insoutenables » montrant une femme présumée victime de violences conjugales.
"Malgré le dépôt d'une plainte appuyée par un certificat médical, aucune suite judiciaire n'a été donnée à ce jour", déplore l'organisation, qui pointe du doigt l'inertie des autorités judiciaires. Plus préoccupant encore, selon l'ADHA, "certaines femmes victimes de violences se retrouvent emprisonnées pour d'autres motifs", créant ainsi une situation de "double injustice".
L'ampleur du phénomène, documentée par des statistiques alarmantes, renforce l'urgence de la situation. L'Organisation Mondiale de la Santé révèle que 27% des Sénégalaises âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques depuis l'âge de 15 ans. Dans plus de la moitié des cas (55%), l'auteur des violences est le mari ou le partenaire. Ces chiffres concernent une population féminine représentant 49,4% de la population totale, soit 8.900.614 personnes.
"L'intégrité physique et morale est un pilier fondamental des droits humains", rappelle l'ADHA, soulignant que "la violence, en particulier celle dirigée contre les femmes, constitue une violation grave de ces droits". L'organisation met en lumière une réalité particulièrement sombre : certaines femmes sont victimes de meurtres sous les coups de leurs conjoints, ex-conjoints ou proches.
À l'approche du 25 novembre, journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, l'ADHA réaffirme "l'urgence de combattre cette violence". L'organisation rappelle les engagements du Sénégal, signataire du Protocole de Maputo, qui l'oblige à « garantir le droit à la dignité, à la vie, à l'intégrité et à la sécurité des femmes ».
L'ADHA "exhorte les autorités judiciaires à se saisir de cette affaire et à prendre des mesures concrètes pour rendre justice aux victimes".
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FATOU DIOME, UNE VOIX POUR LA FRATERNITÉ UNIVERSELLE
Face au discours de l'extrême droite en France, l'écrivaine reste inflexible. "Les vrais Français, c'est nous", affirme-t-elle, rappelant que la citoyenneté ne se mesure pas à l'origine mais à l'adhésion aux valeurs républicaines
Dans un à TV5Monde, Fatou Diome, écrivaine franco-sénégalaise, partage sa vision d'un monde où la fraternité transcende les frontières et les origines. Récemment accueillie à l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, Diome a retracé son parcours depuis les rives du Sénégal jusqu'aux salons littéraires européens.
"Je suis une intersection", déclare-t-elle, soulignant l'importance du trait d'union dans son identité franco-sénégalaise. Elle puise sa force dans ses racines, évoquant avec émotion ses grands-parents qui l'ont élevé.
S'adressant à la jeunesse africaine, Diome lance un appel vibrant : "Instruisez-vous et donnez-vous le droit à vos rêves." Elle insiste sur l'importance de l'éducation comme outil d'émancipation et de progrès.
Face au discours de l'extrême droite en France, Diôme reste inflexible. "Les vrais Français, c'est nous", affirme-t-elle, rappelant que la citoyenneté ne se mesure pas à l'origine mais à l'adhésion aux valeurs républicaines.
"Nous allons nous aimer tous malgré eux et contre eux", déclare Diome, opposant à la rhétorique de la division un message d'unité et d'amour. Elle invite chacun à contribuer à une histoire commune, riche de diversité.
Fatou Diome conclut en réaffirmant son engagement : "Je suis encore dans un esprit d'étudiant. Le savoir n'est jamais acquis, il faut toujours continuer à le compléter."
UNE ÉLÈVE EXCLUE POUR PORT DU VOILE
Malgré les mises en garde du gouvernement, une élève aurait été empêchée hier de suivre les cours à l’école privée catholique Sainte Bernadette de Dakar pour raison de port du voile
Malgré les mises en garde du Gouvernement, une élève aurait été empêchée hier de suivre les cours à l’école privée catholique Sainte Bernadette de Dakar pour raison de port du voile. Sa maman dénonce alors que l’administration soutient que l’élève savait bel et bien que le voile est interdit dans l’établissement. Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy, s’est auto saisi du dossier.
Le Premier ministre et le ministre de l’Education nationale ont été clairs quant au «séparatisme» dans nos établissements scolaires. M. Ousmane Sonko avait clairement indiqué devant les meilleurs élèves du Sénégal, lors de la cérémonie de remise des prix du Concours général, que l’Etat n’allait plus tolérer certaines restrictions dans ces dits établissements privés catholiques. Malgré cette mise en garde du chef du gouvernement, certaines écoles persistent à interdire le port du voile en leur sein. En atteste cet incident survenu hier aux cours privés Sainte Bernadette de Dakar où une élève en classe de 4ème secondaire a été sommée de quitter lesl ieux parce qu’ «elle portait un voile sur la tête», selon sa maman. D’après cette dernière, sa fille aurait été empêchée de suivre les cours de la journée d’hier, mardi 8 octobre, à cause de son voile. Pire encore, c’est le chauffeur du bus de l’école qui lui aurait informée de cette décision déplorable. «Je viens d’être appelée par la convoyeuse du bus de l’école de ma fille en classe de 4e à l’école Sainte Bernadette pour m’informer qu’on lui a demandé de sortir de sa classe parce qu’elle a un voile sur la tête», s’est-elle confié à Papa Abdoulaye Seck du Pastef qui a publié l’intégralité du message que la maman de la jeune fille lui a envoyé sur whatsapp. Elle a précisé dans son message que sa fille a commencé à mettre le voile pendant les vacances scolaires. Poursuivant, la maman indique n’avoir pas jugé nécessaire de discuter du sujet avec l’administration de Sainte Bernadette sous prétexte que «le Premier ministre avait dit qu’il n’accepterait plus qu’une élève soit renvoyée au motif d’un port de voile». Même le jour où elle est venue s’acquitter des droits d’inscription, le sujet n’a pas été abordé. D’où l’incident d’hier constitué par le renvoi de la collégienne par une «surveillante» dudit établissement scolaire. Lequel tient donc à respecter son règlement intérieur de l’école malgré la mise en garde du Premier ministre Ousmane Sonko. En tout cas, «Sainte Bernadette» est restée ferme dans sa décision de n’accepter aucune élève portant le voile. Le préfet ou proviseur de l’école, qui s’est entretenu avec la maman de l’élève «exclue», lui aurait expliqué que si l’école était au courant que la fille était voilée, au moment de l’inscription, elle n’aurait pas été acceptée parce que «l’élève savait» que le voile y était interdit. En tout cas, aussi bien la maman que l’élève, aucune des deux n’a signalé à l’administration de l’école ce fait. A savoir que l’adolescente porte le voile. Est-ce de la provocation de la part de ces accusatrices ? La maman «triste et écoeurée» affirme qu’ «il n’est nulle part écrit dans le règlement intérieur de l’établissement que le port du voile est interdit».
Le ministre de l’Education, dès qu’il a eu vent de l’incident, a vite pris l’affaire en main. Moustapha Guirassy a appelé la maman de l’élève renvoyée pour régler la situation avec l’administration dudit établissement scolaire privé catholique. «Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements aux autorités pour leur réactivité face à la situation en raison du port du voile. Félicitations au ministre Moustapha Guirassy qui s’est auto saisi de ce dossier», a écrit un responsable de Pastef sur sa page Facebook.
En attendant le droit de réponse de la partie accusée, c’est-à-dire des Cours «Sainte Bernadette» de Dakar, il faut dire que l’incident a fait ressurgir la polémique sur le port du voile dans les écoles privées catholiques de notre pays. Des Sénégalais soutiennent que le gouvernement ne doit pas fléchir devant cet « affront » qui ressemble, selon eux, à une défiance de l’autorité gouvernementale. Ils pensent que l’Etat doit rapidement sortir un arrêté ministériel pour freiner cette « rébellion » de certaines écoles confessionnelles. En effet, ils demandent de mettre de l’ordre dans ces écoles, avec éventuellement des sanctions pour les récalcitrants. Car, dans le cas contraire, ces établissements vont faire prévaloir leur règlement intérieur sur l’arrêté du ministre de l’Education nationale, soutiennent-ils.
CELEBRER LES DROITS DES FEMMES ET LES LUTTES FEMINISTES
La deuxième édition du festival féministe «Jotaay ji» s’est déroulée du 27 au 29 septembre 2024 à la Place du Souvenir africain.
La deuxième édition du festival féministe «Jotaay ji» s’est déroulée du 27 au 29 septembre 2024 à la Place du Souvenir africain. Organisé par le Réseau des féministes du Sénégal, cet événement de 3 jours a permis de mettre en lumière les luttes féministes et les droits des femmes, en tenant compte de l’intersectionnalité des oppressions.
«L’amour comme acte politique et outil de résistance», tel est le thème de la 2e édition du festival féministe Jotaay ji qui s’est déroulée du 27 au 29 septembre 2024 à la Place du Souvenir africain de Dakar. Organisé par le Réseau des féministes du Sénégal, le festival, selon les organisateurs, se donne pour mission de démocratiser les discussions sur les droits des femmes et de normaliser les prises de position publiques sur les féminismes, en tenant compte de l’intersectionnalité des oppressions. Ateliers créatifs, projections de films, panels et discussions ont rythmé ces journées consacrées à la santé mentale, la sexualité et la sororité, avec pour ambition de créer un espace inclusif et sécurisé pour toutes les militantes et participantes. «Ce festival permet de recentrer les discussions sur les droits des femmes, mais surtout de créer un espace de soins», a déclaré Laïty Fary Ndiaye, membre du collectif Jama. Pour elle, l’édition 2024 met l’accent sur l’amour, non pas seulement comme sentiment personnel, mais comme un acte politique. «On veut parler de l’amour entre nous, se faire du bien, prendre soin de nous, les unes et les autres, mais aussi prendre soin de nos camarades dans la société», dit-elle. Elle poursuit en expliquant que l’amour est ici utilisé comme une arme contre les oppressions, un moyen de se soutenir mutuellement dans une société patriarcale. «Aimer comme acte politique. C’est dire : nous choisissons de nous aimer les unes et les autres, mais aussi de prendre soin de nos camarades dans la société», a-t-elle expliqué. Laïty Fary Ndiaye insiste sur le fait que la prolifération des mouvements féministes n’est pas seulement un signe de contestation, mais aussi une réponse aux oppressions persistantes. Selon elle, «il n’y a pas de hiérarchie à faire entre les combats», qu’ils soient liés aux violences faites aux femmes ou à leur sous-représentation en politique. Le but reste le même : militer ensemble pour une société plus juste, en appelant les hommes à «renoncer à leurs privilèges et à lutter à nos côtés pour une société plus juste». A travers le festival, les organisatrices souhaitent ainsi encourager les échanges sur les défis auxquels les femmes sont confrontées au Sénégal.
Une critique du patriarcat
Fatou Kiné Diouf, co-fondatrice du collectif Jama, aborde une autre dimension du combat féministe, à savoir la déconstruction du système patriarcal. Pour elle, la lutte féministe repose sur la critique d’un système qui cantonne les femmes à des rôles subalternes. «Le système patriarcal n’est pas fait pour nous protéger. Il est là pour faire en sorte qu’on ait une place moins importante que d’autres personnes», déplore Fatou Kiné Diouf. Elle précise toutefois que cette lutte n’est pas dirigée contre les hommes en tant qu’individus. «On parle du système, mais pas des individus. On veut sortir de cette comparaison entre qui souffre le plus, entre l’homme et la femme. On a dit que c’est le système, changeons-le», a-telle fait savoir. Cependant, cette deuxième édition du festival Jotaay ji a également été l’occasion de faire le point sur la place des femmes dans la sphère politique, en vue des prochaines élections législatives. Wasso Tounkara, présidente de l’association Genji, verlan de «Jiguéen», qui signifie «femme» en wolof, a exprimé ses espoirs concernant la représentation féminine dans les prochaines élections. «On espère qu’on aura beaucoup de femmes sur les listes pour les Législatives, et que la parité sera respectée», dit-elle. Pour Wasso Tounkara, il est important que les futures élues s’engagent à défendre les priorités et les urgences liées aux droits des femmes. «On espère également que les femmes qui seront intéressées vont choisir de défendre les préconisations premières et urgentes qui concernent les femmes», a-telle lancé.
CES GOULOTS A L’ACCES A LA PLANIFICATION FAMILIALE EN AFRIQUE
Déplacements forces, pauvreté, crise humanitaire, croyances culturelles et sociales, L’accès à la planification familiale en Afrique est un réel problème
L’accès à la planification familiale en Afrique est un réel problème. Ainsi, en prélude à la journée mondiale de la contraception, le réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen) a organisé un webinaire qui avait pour thème : Un choix pour tout le monde. La liberté de planifier, le pouvoir de choisir».
«Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie, les grossesses doivent être un choix et non un hasard, et qu’il y ait zéro violence faite aux femmes. On ne peut pas le faire sans les médias, sans la communication», a dit d’emblée Dr Sennen Hounton, Directeur du Bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa).
A l’en croire, au cours des dix dernières années, en moyenne, la prévalence contraceptive est passée de 13% en 2015 à 24% en 2024. «Certains pays ont fait des bonds extraordinaires», indique Dr Sennen Hounton. Selon lui, malgré les progrès notés, des défis demeurent surtout dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources et les crises multiformes qui affectent la vie de nombreuses femmes qui n’ont pas la possibilité de planifier la naissance de leurs enfants. «C’est une occasion pour sensibiliser sur l’importance de la planification familiale, l’accès à la contraception dans la réalisation de la santé, des droits sexuels et reproductifs », dit-il avant d’ajouter que cette thématique met en lumière l’importance du droit de chaque individu à une prise de décision éclairée en ce qui concerne sa santé reproductive et son bienêtre.
Le Dr Sennen Hounton a aussi souligné l’urgence de renforcer les efforts pour garantir un accès plus large aux services de santé reproductive et à la contraception. En effet, les statistiques dressent un tableau préoccupant : «le taux de prévalence contraceptive reste bloqué à environ 18%, bien en deçà des objectifs fixés. De nombreux pays de la région peinent à satisfaire la demande croissante de produits contraceptifs, souvent limitée par des ressources budgétaires insuffisantes. Le Burkina Faso, le Niger, le Mali et d’autres nations font face à des défis considérables, aggravés par une pauvreté persistante et des crises humanitaires récurrentes», affirme-t-il. Il faut noter que les projections démographiques, selon lui, sont tout aussi alarmantes. «Si les tendances actuelles se maintiennent, la population de la région pourrait doubler d’ici 2050, exacerbant les besoins en matière de santé et de services sociaux. Les pays de la sous-région doivent donc repenser de toute urgence leurs politiques de planification familiale pour faire face à ces défis et garantir un avenir meilleur à leurs populations», a prévenu le Directeur du Bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa).
Ainsi, pour remédier à cette situation, Dr Hountou est d’avis qu’il est essentiel d’investir dans l’éducation sexuelle et reproductive, de sensibiliser les communautés et de renforcer les systèmes de santé. «La planification familiale ne doit plus être perçue comme un luxe, mais comme une nécessité vitale pour le développement durable de la région. Il est temps d’agir avec détermination pour relever ces défis et construire un avenir plus prospère et équitable pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre», soutient-il. 25% des besoins en financement ne sont pas couverts, précise-t-il, parce que les États font face à des crises humanitaires. «Nous avons, par exemple, près de 36 millions de personnes qui ont besoin d’assistance, de protection à cause des déplacements forcés dans notre sous-région, une pauvreté qui s’est accrue, des pays dont les dettes sont à des points critiques comme au début des années 2000», a-t-il souligné. A cet effet, les besoins non satisfaits en matière de planification familiale (Bns) ont diminué 24 à 17%. «Il y a encore du chemin à faire pour que chaque femme qui en exprime le besoin puisse planifier convenablement ses grossesses. En plus des crises humanitaires et des problèmes de financements, les croyances culturelles et sociales entravent l’accès des femmes à la planification familiale. Il y a des pays où parler de contraception est encore tabou», affirme Dr Hountou. 20 pays sur 23 en Afrique de l’Ouest et du Centre achètent des produits contraceptifs.
Il s’est cependant réjoui du fait que vingt (20) pays sur 23 en Afrique de l’Ouest et du Centre prévoient des lignes budgétaires pour acheter les contraceptifs. «Quelques années auparavant, ce n’était pas le cas dans ces deux zones du continent africain», indique Dr Hountou. A cet effet, il a rappelé qu’actuellement plusieurs pays ont envisagé les mécanismes innovants de promotion des services et de l’accès gratuit aux produits dans le cadre de la planification familiale, notamment au Burkina, au Mali, au Niger, en République centrafricaine.
LE CRI SILENCIEUX DES FEMMES VIOLÉES
Vingt ans après la ratification du protocole de Maputo, l'avortement reste un crime au Sénégal, même en cas de viol. Un rapport de la FIDH révèle l'ampleur du drame, dans un pays où les violences sexuelles sont taboues et non documentées
(SenePlus) - Dans un article poignant publié le 26 septembre, le quotidien L'Humanité met en lumière la situation alarmante des droits des femmes au Sénégal, particulièrement en ce qui concerne l'avortement. Le journal s'appuie sur un récent rapport de la Fédération internationale des droits humains (Fidh) qui dresse un constat accablant de l'inaction des autorités face à cette problématique.
Au cœur de cette enquête, des témoignages glaçants de jeunes filles, certaines à peine adolescentes, victimes de viols et contraintes de mener leur grossesse à terme. Comme le souligne Fatou Sow, sociologue féministe sénégalaise citée dans l'article : "Si on lit la presse sénégalaise, les viols, IVG clandestines ou infanticides, c'est tous les jours…"
Le rapport de la Fidh, réalisé en collaboration avec quatre associations sénégalaises, pointe du doigt le non-respect par le Sénégal du protocole de Maputo, ratifié il y a vingt ans. Alice Bordaçarre, responsable du bureau Droits des femmes et égalité de genre à la Fidh, affirme sans détour : "En dix ans, la situation s'est aggravée".
L'article met en exergue l'absence criante de statistiques officielles sur les violences sexuelles, illustrant le tabou qui entoure ces questions dans la société sénégalaise. Plus alarmant encore, l'avortement reste puni de deux ans de prison, même en cas de viol. "Vingt pour cent des femmes incarcérées au Sénégal le sont pour ce motif", révèle Alice Bordaçarre.
Face à cette situation, les autorités semblent faire la sourde oreille. L'Humanité rapporte les propos du ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants en décembre 2023 : "On ne va pas avancer sur le protocole de Maputo. Ce n'est pas le moment." Une position qui semble s'être durcie depuis l'arrivée du nouveau gouvernement en mars, comme le note Fatou Sow : "Les droits des femmes sont loin d'être sa priorité".
Malgré ce tableau sombre, l'article souligne la résistance et la détermination des féministes sénégalaises. "De nombreuses associations et des collectifs féministes se sont constitués récemment", affirme Fatou Sow, qui reste optimiste : "J'ai confiance, car les gens poussent et le débat existe, y compris au sein de la communauté musulmane."
L'enquête de L'Humanité met ainsi en lumière un combat crucial pour les droits des femmes au Sénégal, où les militantes font face non seulement à l'inertie de l'État, mais aussi à une offensive réactionnaire mêlant "fondamentalismes, nationalismes et extrême droite", selon les termes du rapport de la Fidh. Un combat difficile mais nécessaire, qui résonne bien au-delà des frontières sénégalaises.
EMMA NYERERE ET SAMIA NKRUMAH RALLUMENT LA FLAMME PANAFRICAINE À ACCRA
Ces héritières de deux géants du panafricanisme, ont marqué de leur empreinte l'ouverture de la deuxième Assemblée des Mouvements Panafricains (AAMA) le 30 août 2024. Leurs discours enflammés ont ravivé le rêve d'une Afrique unie et forte
(SenePlus) - Emma Nyerere et Samia Nkrumah, héritières de deux géants du panafricanisme, ont marqué de leur empreinte l'ouverture de la deuxième Assemblée des Mouvements Panafricains (AAMA) le 30 août 2024 à Accra, au Ghana. Leurs discours passionnés ont ravivé l'esprit d'unité africaine, faisant écho aux visions de leurs illustres pères, Julius Nyerere et Kwame Nkrumah.
Emma Nyerere, fille de l'ancien président tanzanien, a captivé l'auditoire en indiquant : "Aujourd'hui, nous sommes à la croisée des chemins. L'héritage de nos pères exige que nous poursuivions leur vision - celle d'une Afrique unie, libérée des chaînes de la pauvreté, de l'inégalité et du néocolonialisme". Son appel à un front uni face aux défis du continent a résonné profondément parmi les 1500 activistes présents.
Samia Nkrumah, marchant dans les pas de son père, premier président ghanéen, a renforcé ce message d'unité : "Nous devons travailler ensemble pour construire l'Afrique que nous voulons. Notre diversité est notre force, et notre unité est notre pouvoir. " Elle a plaidé pour une intégration politique et économique accrue, soulignant que l'unité est la clé pour réaliser le plein potentiel de l'Afrique.
Les interventions de ces deux figures emblématiques ont donné le ton à l'événement de deux jours, axé sur le thème "Vers une solidarité panafricaine : L'union fait la force, la division nous affaiblit". Leurs messages d'espoir et de détermination ont renforcé les participants, insufflant un nouvel élan au mouvement panafricain.
L'AAMA 2024, qui rassemble des activistes du continent et de la diaspora, aborde des sujets cruciaux tels que la justice climatique, la gouvernance éthique et l'expansion de l'espace civique. Les appels à l'action lancés par Nyerere et Nkrumah sont perçus comme un cri de ralliement pour une nouvelle génération de dirigeants africains.
Dans un contexte de tensions sociales et politiques à travers le continent, la présence et les discours d'Emma Nyerere et Samia Nkrumah ont ravivé l'espoir d'une Afrique unie et prospère, fidèle aux désirs de leurs pères fondateurs.
UN TRAFIC MACABRE DE CLITORIS EXCISÉS SÉVIT EN CÔTE D'IVOIRE
100 000 francs CFA : c'est le prix que peut atteindre un clitoris excisé sur le marché noir en Côte d'Ivoire. Plus qu'un simple organe, il devient un ingrédient prisé pour des "philtres d'amour" et des onguents censés apporter richesse et pouvoir
(SenePlus) - Selon une enquête récente de DW Afrique, un commerce sinistre de clitoris excisés persiste dans certaines régions de Côte d'Ivoire, malgré l'interdiction officielle de l'excision depuis 1998. Ce trafic, alimenté par des croyances occultes, met en lumière les défis persistants dans la lutte contre les mutilations génitales féminines dans le pays.
Dans la région de Touba, au nord-ouest de la Côte d'Ivoire, le clitoris excisé est devenu une marchandise prisée pour ses supposées vertus magiques. Labe Gneble, directeur de l'Organisation nationale pour l'enfant, la femme et la famille (Onef), explique : "Après l'ablation, ces organes sont utilisés pour des pratiques fétichistes ou spirituelles ou mystiques. Pour avoir du pouvoir, être fort politiquement, être fort socialement, être fort spirituellement, on les utilisera également pour faire des philtres d'amour."
Le prix d'un clitoris excisé peut atteindre 100 000 francs CFA, dépassant le salaire minimum en Côte d'Ivoire. Cette partie du corps féminin est généralement réduite en poudre et mélangée à des plantes pour créer un objet supposé conférer richesse et pouvoir.
Malgré l'interdiction légale, l'excision reste une pratique courante dans certaines régions du nord et de l'ouest du pays. Labe Gneble révèle des statistiques alarmantes : "Malheureusement, selon les dernières données statistiques en notre possession, qui datent de 2021, il ressort que la prévalence est encore à 36,7 %. On avance, on régresse."
L'excision, généralement pratiquée entre l'enfance et l'adolescence, est encore considérée comme un rite de passage à l'âge adulte dans certaines communautés. Cependant, ses conséquences sanitaires peuvent être mortelles, notamment en raison des conditions d'hygiène souvent précaires lors de l'ablation.
Bien que l'ampleur réelle du trafic de clitoris soit difficile à évaluer, son existence souligne les obstacles persistants à l'éradication de l'excision en Côte d'Ivoire. Une habitante de Katiola, dans le nord du pays, affirme dans les colonnes de DW Afrique que traditionnellement, le clitoris excisé devrait être enterré ou remis aux parents, suggérant que le trafic reste une pratique marginale.
La loi ivoirienne considère ce trafic comme un crime passible de plusieurs années de prison, au même titre que l'excision elle-même. Cependant, l'application de ces lois reste un défi sur l'ensemble du territoire ivoirien.
DE JANVIER À JUIN 2024, 196 CAS DE VIOL
L'Association des juristes sénégalaises (AJS) lève le voile sur l'ampleur réelle des violences sexuelles dans le pays. Face à ce constat alarmant, l'association propose des solutions concrètes pour venir en aide aux victimes
Le taux de prévalence des violences sexuelles au Sénégal, 21, 5%, n’est que l’arbre qui cache une forêt de cas non dénoncés. La Secrétaire exécutive de l’Association des juristes sénégalaises (Ajs) en fait le constat et plaide pour la mise en place d’un fonds d’aide aux victimes de violence et la création de structures dédiées à la prise en charge holistique de ces victimes.
Pour le Sénégal, le projet Kasa chiffre le taux de violences sexuelles à 21, 5%. Qu’est-ce qui se cache derrière ces chiffres ?
Derrière ces chiffres, il se cache qu’il n’y a pas vraiment de dénonciation. Ces chiffres cachent surtout l’ampleur des violences sexuelles dans le pays. Nos boutiques de droit couvrent 7 des 14 régions du pays. Ce qui veut dire que beaucoup de cas ne sont pas dénoncés à la police ou à la gendarmerie. De janvier à juin 2024, sur 2550 personnes reçues pour toutes les catégories de consultations juridiques, nous avons 500 cas de violence et sur ces 500 cas de violence, 196 sont des cas de viol.
Vous estimez qu’il faudrait mettre en place un fonds d’assistance des victimes de violences sexuelles. Pourquoi ce plaidoyer ?
Les victimes de violence ont besoin d’être assistées médicalement, psychologiquement, matériellement et aussi juridiquement. Et dans notre pays, le fonds d’assistance qui est en place au ministère de la Justice ne concerne que les accusés ou les prévenus. Mais une victime de violence sexuelle a besoin d’être prise en charge parce qu’il y a déjà un traumatisme. D’où l’importance de mettre en place ce fonds d’assistance pour que dès qu’il y a un cas de violence, de pédophilie ou de viol, on puisse avoir cette assistance des avocats pour ces victimes.
Et il y a aussi le renforcement des capacités des enquêteurs…
Les enquêteurs, la loi les cantonnent dans un délai de 48 ou 72h. S’ils ont suffisamment de preuves, ils font le défèrement au niveau du procureur. Mais s’ils n’en ont pas, ils sont obligés de relaxer le prévenu. C’est pour dire que les enquêteurs doivent être mieux outillés pour les enquêtes concernant les victimes. Est-ce que nos Officiers de police judiciaire (Opj) sont assez outillés pour mener à bien les interactions avec les victimes ? C’est ce qui nous pousse à demander le renforcement des capacités des personnes qui vont faire les enquêtes avec les victimes de violences sexuelles.
Il y a aussi la lourdeur des procédures que doivent suivre les victimes. Ne pensez-vous pas qu’il faudrait les alléger ?
Je serais mitigée. C’est la nature de l’infraction qui exige ces procédures, mais on peut les alléger sans doute. On pourrait mettre en place des structures où toutes ces prises en charge seront réunies : police, personnel de santé, psychologue, et une maison d’accueil. Pour que quand on a un cas de violence sexuelle, que ces personnes puissent être prises en charge. Par exemple au Mali, il y a les One stop center où on regroupe tous les services de prise en charge des victimes de violences sexuelles, et à mon avis, ce sont des exemples qui ont de bons résultats.
Vous participez à cette rencontre de l’Awdf autour du projet Kasa. Qu’est-ce que ce soutien vous a permis de faire ?
L’Ajs a participé à cette rencontre avec le partenaire Awdf qui est un des partenaires qui nous financent pour la vulgarisation, la sensibilisation et la lutte contre les violences sexuelles. Depuis le début du financement qui en est à sa deuxième phase, nous avons fait beaucoup d’activités communautaires avec les acteurs religieux, les jeunes et autres. Nous avons aussi fait d’autres activités avec les acteurs de la chaîne judiciaire, pour que les populations puissent s’approprier cette loi criminalisant le viol et la pédophilie, mais également pour une application effective de cette loi.
LA PEUR N’EST PAS LIEE AU SEXE
Pour la sociologue Dr Selly Ba, la migration concerne aussi les femmes qui occupent une place de choix dans le phénomène en général et dans l’émigration irrégulière en particulier, en raison des mutations et perceptions sociales
«La migration n’est pas seulement l’affaire des hommes. Elle concerne aussi les femmes qui occupent une place de choix dans le phénomène en général et dans l’émigration irrégulière en particulier, en raison des mutations et perceptions sociales. De plus en plus on assiste à une mobilité féminine autonome, même si elle est l’objet d’une faible légitimité sociale et d’une stigmatisation.
On note qu’il y a une diversité en âge et en situation matrimoniale et le profil est varié. Cette migration des femmes répond à la nécessité de subvenir aux besoins vitaux de la famille. Il y a aussi la recherche d’une autonomie sociale et financière. Ces femmes candidates à l’émigration sont le plus souvent influencées par leurs amies émigrées. La peur n’est pas liée au sexe. Cela n’a rien à voir mais tout dépend de la façon dont la personne est socialisée. C’est vrai que dans nos sociétés les femmes sont stigmatisées.
Mais la socialisation n’est pas statique, elle évolue. Il y a maintenant des politiques qui les rendent beaucoup plus solides, autonomes et indépendantes. Tous ces éléments, sans déstructurer notre société, participent à une société égalitaire».