Khoudia Diop avait peur de quitter sa maison et d'aller à l'école à cause de la couleur de sa peau.
Jusqu'à 14 ans, la jeune Sénégalaise se sentait obligée de se cacher ou d'essayer de s'éclaircir la peau, sans succès.
A 17 ans, elle devient "Melaniin goddess" (compte Instagram) et fait la une des magazines de mode.
Trois ans plus tard, avec plus de 500.000 abonnés sur Instagram, elle devient l'un des visages de la marque de maquillage de la star de la musique, Rihanna.
Une interview de Ata Ahli Ahebla pour l'émission économique Question d'Argent.
PAR Damien Glez
CACHEZ CES PANTALONS MOULANTS QUE JE NE SAURAI VOIR
Les employées du ministère guinéen de la Justice ne sont plus autorisées à porter certains types de pantalons. Il s'agirait, selon l'explication officielle, de « protéger les femmes face à tous types de risques »...
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 01/07/2019
Les « pantalons de type collant », les mini-jupes et plus largement « les habits indécents » sont désormais proscrits pour les collaboratrices du garde des Sceaux guinéen. C’est ce qui ressort d’une « consigne administrative » datée du 26 juin dernier et diffusée par le frais émoulu Mohamed Lamine Fofana, titulaire de ce portefeuille ministériel depuis mai dernier.
Comme il fallait s’y attendre, la note a débordé des couloirs du ministère de la Justice pour susciter non seulement des récriminations d’associations luttant pour le droit des femmes, mais aussi un buzz fait de railleries virales et d’indignation numérique.
Respect des « bonnes mœurs »
Quelle mouche estivale a donc piqué le nouveau garde des Sceaux ? C’est officiellement pour le respect des « bonnes mœurs » que ses collaboratrices doivent proscrire les pantalons « qui mettent trop en évidence les rondeurs et les formes de la femme » et déconcentrent ainsi les mâles fonctionnaires soudainement soumis à une libido titillée.
Face au tollé féministe suscité par la consigne, le conseiller à la communication du ministère, Sékou Keïta, n’a pas tardé à monter au créneau. Évoquant le respect de « certaines traditions » guinéennes, il rétorque à la polémique qu’il s’agit moins d’une mesure de nature à stigmatiser les dames qu’une consigne « tendant à protéger les femmes face à tous types de risques ». À chacun d’imaginer ces risques non précisés.
''JE SUIS LITTÉRALEMENT SORTIE EN TITUBANT''
Fatou Jallow avait 18 ans. Et venait que gagner le concours de Miss Gambie Jammeh la convoque. Elle avoue avoir été brutalement violée
Elle avait 18 ans. Et venait que gagner le concours de Miss Gambie. Yaya Jammeh, à l’époque président de la République avait reçu les participantes au concours et leur avait octroyé des bourses. Plus tard, raconte Fatou Jallow dans The Nytimes, Jammeh la convoque au palais. Finalement, il lui demande de l’épouser. « Je pensais que c’était une blague », dit-elle. « J’étais très naïve. Je ne savais pas à quel point il était brutal », souffle-t-elle. Jammeh la convoque à nouveau. Elle avoue avoir été brutalement violée.
« J’ai été rattrapée par la réalité. Je ne m’imaginais pas être cette fille que le Président appelle, ramasse et viole. Tout ce que j’ai voulu être, toutes les raisons pour lesquelles je voulais participer à ce concours, ont été jeté à la poubelle », raconte la jeune femme, âgée de 23 ans, aujourd’hui.
Plus connue sous le nom de Toufah, elle est la première femme gambienne a accusé publiquement l’ancien président d’agression sexuelle.
Nytimes a essayé de joindre Jammeh par l’intermédiaire de représentants du gouvernement en Guinée Equatoriale ? L’un d’eux a refusé de poser la question à l’ex président. « C’est la pire forme de manque de respect que de poser une telle question à une personnalité comme lui », aurait-il répondu.
Fatou Jallow, a obtenu asile au Canada, en 2015. Et doit témoigner devant la commission « Vérité et réconciliation » au cours de cette année. « Une partie de ce qu’il a fait a été de me briser et de me faire taire », a-t-elle dit. Et d’ajouter : « Je veux qu’il m’entende clairement. Il ne peut pas m’enterrer. »
« LE JOUR OÙ J’AI DIT NON AU POUVOIR »
Quand la première femme sénégalaise procureure de la République, Dior Fall Sow, revisite sa carrière, l’affaire qu’elle retient est relative à un meurtre commis à Guet Ndar, à Saint-Louis, qu’elle a eue à instruire
e-media |
DIÉ BA & ABDOULAYE SYLLA |
Publication 23/06/2019
Quand la première femme sénégalaise procureure de la République, Dior Fall Sow, revisite sa carrière, l’affaire qu’elle retient c’est celle relative à un meurtre commis à Guet Ndar, à Saint-Louis, qu’elle a eue à instruire. « Cela fait des années, narre-t-elle, on avait tué une personne à Guet Ndar et c’était quelqu’un du parti au pouvoir (régime socialiste) qui l’avait assassiné. A l’époque, j’étais procureure, c’est moi-même qui avais fait l’enquête, avec la police. On est allé dans les maisons. Et, à Guet Ndar, les deux (2) maisons étaient côte-à-côte. Et la famille de la victime avait dit que ’’la première personne qui sortait, elle allait la tuer’’. Je suis allée sur les lieux quand je faisais l’enquête et je leur ai dit ’’ne faites pas ça parce que si vous faîtes ça, vous allez commettre un meurtre et je vous arrête’’. Ils ont dit ’’non, non, parce qu’on ne croit pas en la justice. Il n’y aura pas de suite parce que c’est une personne qui est membre du parti au pouvoir’’. Je leur ai dit ’’de toute façon, je représente la justice, et l’affaire ira jusqu’au bout. C’est un engagement personnel que moi je prends en tant que magistrat’’. Et je suis allée jusqu’au bout. C’est la seule fois que j’ai reçu deux (2) appels du ministère de la Justice pour essayer de faire pression sur moi et j’ai refusé. »
Ce, pour l’invitée du Jury du dimanche (JDD) de Mamoudou Ibra Kane, ce 23 juin, de dire que « l’indépendance de la justice, c’est d’abord une question de personnalité » du magistrat. Par conséquent, « il appartient donc aux Cours et Tribunaux d’assurer cette indépendance. »
Dior Fall Sow de poursuivre : « C’est l’article 7 du statut qui dit que les magistrats du Parquet sont sous la direction et le contrôle de leur supérieur hiérarchique et sous l’autorité du ministère de la Justice. Personnellement, j’ai gardé le premier tronçon dans toute ma carrière à savoir que j’étais sous la direction de mon supérieur hiérarchique à savoir le Procureur général, et que peut-être lui était sous l’autorité du ministère de la Justice. C’est la raison pour laquelle justement dans cette affaire de Guet Ndar, j’ai été interpelée deux (2) fois par le ministère de la Justice. On m’a demandé, c’était à l’information que j’avais ouvert pour meurtre, de disqualifier en coups mortels. J’aurai pu ne pas répondre mais j’ai fait exprès de répondre que si l’information était bien faite j’allais requalifier en assassinat, ce qui est plus grave. »
Gênée que le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) soit présidé par le chef de l’Etat, Dior Fall Sow est d’avis « qu’on doit couper ce cordon ombilical ».
L'AFRIQUE DU SUD VENT DEBOUT CONTRE KOFFI OLOMIDÉ
Les deux établissements censés accueillir les prochaines performances de l'artiste sur place, ont fait marche arrière, après qu'un collectif de lutte contre les violences faites aux femmes a lancé une pétition en ligne et saisi le gouvernement
Jeune Afrique |
Katia Dansoko Touré |
Publication 19/06/2019
« N’accueillez pas Koffi Olomidé. Aidez-nous à endiguer les violences faites aux femmes. » C’est avec ce message que les instigateurs de la pétition, mise en ligne le lundi 17 juin, et intitulée « Empêchez l’agresseur reconnu coupable Koffi Olomidé de se produire en Afrique du Sud » ont convaincu deux établissements sud-africains d’annuler les concerts de la star du ndombolo Koffi Olomidé.
Ce dernier devait se produire le 28 juin à Johannesburg, au Gallagher Convention Centre, mais aussi au Cap, le 29 juin, au Shimmy Beach Club, dont la direction a assuré avoir décidé d’annuler le concert la semaine dernière.
La pétition s’adressait non seulement aux propriétaires des deux endroits mais encore au ministère sud-africain des Affaires intérieures. « Nous, les signataires, demandons au ministère d’empêcher Koffi Olomidé d’entrer sur le territoire sud-africain », peut-on notamment lire parmi les doléances du collectif Stop Koffi Olomidé composé de 39 organisations féministes et associations de la société civile sud-africaine dédiées à la lutte contre les violences faites aux femmes et les violences liées au genre.
« Nous avons, par ailleurs, adressé une lettre à la présidence, aux ministères des Affaires intérieures, de la Police, de la Justice mais aussi des Arts et de la culture », indique Bunie Matlanyane Sexwale, porte-parole du collectif à l’origine de la pétition et membre fondatrice de l’organisation Lesaka La Basadi (« Cercle de solidarité pour les femmes », en sotho).
« Nous avons très rapidement obtenu une réponse de la présidence qui nous a indiqué prendre l’affaire très au sérieux et nous a assuré que des mesures seront prises afin que le ministère des Affaires intérieures empêche l’arrivée de Koffi Olomidé sur le territoire sud-africain. »
Condamné en France, expulsé du Kenya
La pétition ne manque pas de rappeler le lourd passif de l’étoile de la rumba. En février 2012 – année où il avait été jugé coupable d’agression sur son producteur en RDC -, il avait été mis en examen en France pour viols aggravés après les accusations de quatre de ses danseuses portant sur des faits commis en région parisienne entre 2002 et 2006.
Lors du procès, le ministère public avait requis sept ans de prison à l’encontre de la star pour « atteintes sexuelles avec violence, contrainte, menace ou surprise par personne ayant autorité » et pour « séquestrations » sur les quatre victimes.
En mars 2019, il a finalement été condamné par la justice française, à deux ans de prisons avec sursis pour « atteintes sexuelles sur mineure » de moins de 15 ans – en l’occurrence une des quatre plaignantes. Il a également été contraint de verser 5 000 euros à cette dernière au titre de préjudice moral. Pour les trois autres parties civiles qui l’accusaient de viol, le chanteur a obtenu la relaxe.
Le collectif Stop Koffi Olomidé demande également aux autorités sud-africaines d’expulser le chanteur congolais de 62 ans vers la Zambie, dans le cas où il serait arrêté sur le sol sud-africain. « En 2012, il a agressé une photojournaliste en Zambie alors qu’il était en pleine tournée », rappelle Bunie Matlanyane Sexwale.
En juillet 2018, alors qu’Antoine Christophe Agbepa Mumba, de son vrai nom, devait retourner en Zambie pour deux concerts, les autorités zambiennes ont indiqué qu’il serait arrêté à la minute où il poserait le pied dans le pays. L’ambassade de France en Zambie avait également appelé à son arrestation.
Deux mois plus tard, la Zambie émettait un mandat d’arrêt contre l’artiste. « Combien de temps Koffi Olomidé va-t-il continuer à sillonner le monde sans être inquiété par ses agissements ? », s’interroge Bunie Matlanyane Sexwale.
En Afrique du Sud, 110 viols par jour
À ce jour, la pétition sud-africaine Stop Koffi Olomidé a recueilli plus de 760 signatures. Mais c’est surtout l’étroite collaboration entre ces associations et le gouvernement sud-africain qui ont accéléré les choses. « Depuis l’organisation de la marche contre les violences faites aux femmes qui a eu lieu dans toute l’Afrique du Sud mais aussi au Lesotho, en Namibie et au Swaziland, en août 2018, nous travaillons avec le gouvernement sud-africain sur ces sujets d’importance capitale », explique Bunie Matlanyane Sexwale. « En novembre 2018, Cyril Ramaphosa a permis l’organisation, à Pretoria, d’un sommet national sur les violences sexistes et les féminicides.
Il faut rappeler que, d’après les statistiques dévoilées par le Parlement sud-africain le 11 septembre 2018, près de 3 000 femmes ont été tuées entre avril 2017 et avril 2018 – soit cinq fois plus que la moyenne mondiale. De plus, 40 035 viols ont été rapportés à la police, soit 110 femmes violées par jour. Des chiffres alarmants qui, selon de nombreuses associations, sont encore loin de la réalité…
"LES FEMMES SONT L'AVENIR DU MONDE"
Pour devenir une des personnalités les plus puissantes de l’époque, Christine Lagarde, directrice du FMI a dû renverser préjugés et discriminations. Elle appelle ses contemporaines à se battre
Paris Match |
Marie-Pierre Gröndahl |
Publication 18/06/2019
Paris Match. A chaque étape de votre carrière, vous avez été une pionnière. Première femme présidente du plus grand cabinet d’avocats aux Etats-Unis, première femme ministre des Finances d’un pays du G7, première femme directrice générale du FMI… En tant que défricheuse, quelle est votre vision sur la condition de la femme ?
Christine Lagarde. Ce qui me frappe, c’est d’abord le caractère universel de cette question. Les obstacles, les discriminations, les violences exercées à l’encontre des femmes existent partout. Du nord au sud, des pays émergents à ceux du G7. Leur prévalence est universelle. Lors de chacun de mes voyages effectués pour le Fonds, j’organise des rencontres en tête à tête avec des groupes de femmes. De tous profils, de tous âges, de toutes professions. Des entretiens à huis clos. Elles et moi, sans témoins. A chacune de ces occasions, leurs récits m’impressionnent – entre autres – par leurs similarités, notamment dans les violences qu’elles subissent et qu’elles décrivent.
En comparaison avec l’époque de vos débuts, en 1981, diriez-vous que les femmes accèdent au pouvoir plus aisément ?
Absolument pas ! Les logiques d’exclusion persistent, immuablement. Indépendamment de leurs vertus, de leurs compétences ou de leur résilience, dès qu’elles s’approchent d’un peu trop près des sanctuaires, les obstacles se multiplient. Insuffisance de résultats, biais culturels, historiques, manque de disponibilité supposée… Les motifs pour leur barrer la route n’ont pas évolué depuis des décennies. Au pouvoir, on compte une immense majorité d’hommes. Pour une poignée de femmes. A la timide exception de quelques pays, dont l’Ethiopie, le Rwanda ou le Canada, où des efforts sont faits pour lutter contre ce phénomène.
Et en entreprise ?
Les femmes au sommet y sont également très peu nombreuses. Dans le monde de la “tech”, Sheryl Sandberg, la directrice générale de Facebook, mise à part, les dirigeantes brillent par leur absence. Une rareté hallucinante. Pour celles qui s’accrochent, leurs carrières sont souvent jonchées de drames et de sacrifices. On ne leur pardonne rien, surtout pas ce que l’on pardonnerait à des hommes. Dans une étude récente, des experts du FMI ont analysé la composition des directions de la totalité des banques du monde. Seules 2 % d’entre elles ont une femme à leur tête. C’est scandaleux. Injuste. Et d’autant plus surprenant que, dans bien des endroits de la planète, ce sont paradoxalement les femmes qui tiennent les cordons de la bourse, elles qui favorisent la croissance, grâce à une gestion rigoureuse des finances familiales, fondamentales pour l’éducation des enfants. C’est aux femmes, du Bangladesh au Mexique, que sont versées les différentes aides disponibles, parce que ces dernières seront plus judicieusement investies. Ce sont encore les femmes qui réalisent les meilleures performances grâce aux mécanismes de microcrédit. Toutes catégories et secteurs confondus, plus les femmes sont nombreuses à exercer des responsabilités et moins on constate d’écarts de salaires entre les sexes, plus la croissance économique augmente. Dans les entreprises, quand les conseils d’administration, les comités exécutifs et les directions générales se féminisent, les résultats s’améliorent immédiatement. Dans les banques, on note une corrélation étroite entre présence des femmes dans les instances dirigeantes et diminution des risques financiers.
Avez-vous été victime de discrimination dans votre vie professionnelle ?
Comme beaucoup de femmes, je me suis d’abord sous-estimée pendant mes études, éliminant d’emblée des carrières pour lesquelles il ne me semblait pas que je détenais la légitimité suffisante. J’ai vécu ensuite des situations où être une femme a joué contre moi. Lors de mon premier entretien d’embauche, dans un grand cabinet français de droit des affaires, j’ai demandé s’il y aurait une possibilité de devenir un jour associée. “C’est exclu, me fut-il répondu. Vous êtes une femme. Oubliez.” C’est pour cette raison que j’ai choisi un cabinet américain, Baker & McKenzie. Leur associée-gérante à Paris était alors une femme.
Avez-vous d’autres souvenirs ?
Deux. On m’a écartée d’une affaire dans le domaine de l’énergie, alors que j’avais la compétence juridique et la connaissance du dossier. Je me suis entendu traiter de “péronnelle” par des associés mâles pendant une conférence où je maîtrisais pourtant le sujet sur lequel je m’exprimais : “On n’a pas besoin d’elle pour nous faire la leçon”, a lâché à voix haute l’un d’eux. Rien n’a changé, ou si peu. Le pourcentage d’associées dans les cabinets juridiques demeure infime. Pendant la durée de mon mandat de présidente de Baker & McKenzie, la proportion de femmes au comité exécutif a grimpé de 9 % à 15 %. Mais trop de jeunes femmes talentueuses se “rétrécissent” au travail comme dans leur vie. Elles auraient pu faire tellement mieux si on leur en avait donné les moyens.
La maternité reste-t-elle un frein à la progression professionnelle ?
Oui. Car, sauf en France, rien n’est organisé pour aider les mères qui travaillent. Les Etats-Unis sont même le seul pays de l’OCDE à ne pas avoir imposé les congés maternité ! Lors de la naissance de mon premier fils, j’ai arrêté de travailler deux jours avant l’accouchement et je continuais de l’allaiter lorsque j’ai repris mon activité. Pour le second, alors que sa naissance était imminente, j’ai dû assister à un conseil d’administration. Une ambulance attendait en bas de l’immeuble, au cas où. C’est une joie immense de sentir la vie à l’intérieur de soi et de la donner. Mais la société n’en tient aucun compte. Les femmes sont héroïques. Hier comme aujourd’hui, elles multiplient les acrobaties pour jongler avec des injonctions contradictoires. Au risque de certains renoncements. J’en connais plusieurs – y compris des amies – dont les carrières ont été très satisfaisantes. Elles ont néanmoins fait l’impasse sur le reste. Pour le regretter aujourd’hui. C’est triste.
Qu’avez-vous pensé du mouvement #MeToo ?
J’ai été heureusement surprise par la rapidité de sa propagation. Lorsque la parole se libère, cela va très vite. Je salue toutes celles qui ont eu le courage de briser l’omerta. Bravo ! Une fois, j’ai été témoin de faits de harcèlement sexuel. Ce qui s’est terminé en appel par une condamnation à payer 7 millions de dollars – une somme qui fait réfléchir. C’était avant d’être élue présidente du cabinet. J’y vois une autre conséquence de l’absence des femmes au sommet. Si elles y étaient plus nombreuses, ces délits diminueraient.
Avez-vous mis en place des programmes spécifiques au sein du FMI pour lutter contre le harcèlement ?
Certains existaient déjà, d’autres ont été créés depuis mon arrivée. Formation, prévention, hotline, signalements, désignation de “référents” qui me rendent compte directement : tout un système est organisé, où l’éthique prime sur les échelons hiérarchiques. Tous les salariés, moi comprise, suivent chaque année des formations dans le domaine de la diversité, du harcèlement sexuel ou moral. Au travail ou ailleurs, nous n’avons plus le droit au silence. Chaque commentaire sexiste doit susciter une riposte.
Que suggérez-vous pour lutter globalement contre les discriminations envers les femmes ?
Il faut élaborer le socle juridique le plus large possible. Selon la Banque mondiale, sur 189 pays étudiés, 150 possèdent encore des systèmes pénalisants qui maltraitent les femmes. Dans le travail, le droit successoral, le financement bancaire… Seuls six d’entre eux, dont la France, respectent une égalité juridique totale entre les sexes, ce qui me rend fière de mon pays. Mais la question à laquelle je suis très attachée, c’est la lutte contre les violences. Un fléau endémique et un impératif moral absolu. Il faut se battre en multipliant les actions au niveau local. Créer des abris. Placer cette question au cœur des systèmes éducatifs. Appliquer des sanctions. Peut-être même définir un casier judiciaire spécifique pour identifier ces violences en tant que telles. L’éducation joue un rôle majeur. A ce sujet, je lance ici un appel : il faut lutter d’urgence contre la sous-représentation internationale des filles au sein des filières scientifiques. Elles y stagnent actuellement à environ 20 % des effectifs. Pour encourager leurs choix dans ce domaine, il n’y a pas d’autre solution que celle d’instaurer des quotas. Et vite. Cela fera hurler, sans nul doute, mais cela m’indiffère. Nous ne parviendrons pas à augmenter cette proportion sans une telle initiative. Au moment où l’intelligence artificielle et les sujets technologiques sont plus que jamais déterminants pour l’avenir de l’humanité, les femmes ne doivent pas, ne doivent plus, être exclues des sciences. Ni même y demeurer dangereusement minoritaires.
Quels quotas prônez-vous ?
De l’ordre de 30 % pour l’ensemble des parcours scientifiques. Au sein des classes préparatoires, des universités, des formations supérieures, des grandes écoles. Une révolution s’ensuivra. Elle sera bénéfique pour nous tous. A commencer par nos enfants et petits-enfants.
MIMI TOURÉ PROPOSE LA MOBILISATION DE TOUTES LES FORCES SOCIALES POUR ERADIQUER LES MUTILATIONS FÉMININES
Selon la présidente du CESE, nous sommes en face de pratiques génératrices de souffrances individuelles, familiales et, « peut-être communautaires, qui impactent inéluctablement sur la qualité de vie et l’expression citoyenne des victimes
Présidant dans la matinée d’hier dimanche 16 juin 2019 le premier sommet africain sur les mutilations féminines et les mariages d’enfants, la présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a haussé le ton. Mme Aminata Touré a, en effet, proposé aux gouvernants africains la construction et la mise en œuvre d’un plan d’action « qui soit, à la fois, volontariste et lucide parce que réaliste et réalisable sur des échéances permettant d’atteindre les déterminants structurels des deux fléaux en vue de les éradiquer ». Le thème de cette année est : « Renforcer le pont entre l’Afrique et le reste du monde pour accélérer la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines et au mariage d’enfants.»
Venue représenter le président de la république Macky Sall au premier sommet sur les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants, la présidente du conseil économique, social et environnemental à d’emblée exprimé aux différents participants toute la fierté de l’état du Sénégal et de son peuple à accueillir cette rencontre. Celle-ci est une initiative conjointe avec la république de Gambie, en partenariat avec l’organisation non gouvernementale Safe hands for girls. ce premier sommet africain sur les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants s’inscrit, selon Mme Aminata Touré, dans la perspective de l’agenda de développement universel à l’horizon 2030 et de l’agenda afrique 2063. « Il se tient après l’adoption, en 2015, d’une position commune africaine assortie d’une campagne pour mettre fin aux mariages d’enfants et après la décision des chefs d’Etat prise en 2019 de renforcer l’engagement politique pour l’élimination des mutilations génitales féminines en Afrique. Ces importantes résolutions, prises au niveau de l’Union Africaine, ont régulièrement reçu l’appui des Premières Dames du continent, dans le cadre de leur dynamique de soutien aux communautés et aux groupes vulnérables. Il apparaît, dès lors, que la réunion de Dakar adresse deux problématiques au cœur de l’agenda de développement du continent et qui ont, en commun, de constituer des violations de droits consacrés par les différents instruments juridiques, sans compter les douleurs physiques et sociales qu’elles impliquent pour les victimes », a longuement expliqué la présidente du conseil économique social et environnemental.
Selon Mme Aminata Touré, nous sommes en face de pratiques génératrices de souffrances individuelles, familiales et, « peut-être communautaires, qui impactent inéluctablement sur la qualité de vie et l’expression citoyenne des victimes qui se trouvent ainsi, totalement ou partiellement, handicapées dans leur épanouissement individuel et dans leur contribution au développement de leur pays ». a partir du moment où le constat est établi et les résolutions prises, la présidente du cese pense que le challenge réside désormais dans la construction et la mise en œuvre d’un plan d’action qui soit, à la fois, volontariste et lucide « parce que réaliste et réalisable sur des échéances permettant d’atteindre les déterminants structurels des deux fléaux en vue de les éradiquer ».
Interpelant l’assistance composée de militants des causes de la femme et de la lutte contre les violences et mutilations faites à cette couche de la population, Mme Aminata Touré leur a indiqué que « dans cette perspective, vous comprendrez bien que sous le fondement constitutionnel de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’Unité africaine, le Sénégal sera fier d’être le point de départ de la nouvelle grande conquête. De ce point de vue, je rappelle que c’est ici, à Dakar, en 1994, lors de la cinquième Conférence régionale que les femmes africaines avaient adopté une position commune vers la Conférence mondiale des femmes de Beijing de 1995, mère de la plateforme d’actions en 12 domaines prioritaires qui constitue encore le référentiel historique de l’agenda mondial de la femme ». l’autre dimension symbolique qui s’attache à la présente réunion est, selon Mme la présidente du Cese, « calendaire, par la date du 16 juin, consacrée Journée de l’Enfant Africain, en commémoration du massacre des enfants de Soweto, reconnu comme moment fort d’accélération du processus de destruction du système inique de l’apartheid ».
« Parmi les priorités du 2ème Plan d’Actions Prioritaires du Pse couvrant la période 2019-2024, l’amélioration de la condition féminine et la protection des enfants sont des enjeux de premier ordre »
Pour mener à des changements durables et en profondeur, Mme Aminata Touré croit surtout à la force et à la puissance de l’éducation « qui éveille les consciences et élargit le champ des compétences accessibles aux individus et aux communautés ». en parlant d’éducation, la présidente du Cese confie que sa vision transcende bien la scolarisation, « au demeurant incontournable, pour embrasser aussi le rôle dévolu à la famille et aux organisations de femmes en plus d’un accès à la technologie reconnue comme vecteur d’accélération de tous les processus de rattrapage ». « D’ailleurs, c’est pour cette raison que le président de la République Macky Sall estime qu’une tentative d’isolement de la pratique des mutilations génitales féminines et des mariages d’enfants, comme une question à part et sans lien avec les autres préoccupations, peut aussi être vaine et sans lendemain. Nous savons bien, en effet, que les communautés qui les pratiquent ont des motivations profondes et cherchent à donner une solution à un ou des problèmes ; avec hélas de fausses réponses. De ce fait, toutes les approches par l’interdiction ou par la coercition simple conduisent souvent au développement de stratégies de contournement par des voies et procédés qui pourraient être en avance sur les censeurs », explique Mme Touré qui, « sous la très haute autorité de Monsieur le Président de la République ». la présidente du Cese a marqué l’engagement d’avance du Sénégal à s’inscrire dans les perspectives qui seront issues de ces trois journées de travaux qui ont débuté hier. Selon l’ancienne directrice au Fnuap, il est important de noter que, dans la phase 2 du Pse, l’amélioration de la condition féminine et la protection des enfants « sont des enjeux de premier ordre, l’autonomisation de la femme et de la fille, un objectif transversal, tandis que la sensibilité au genre est érigée en critère d’éligibilité des projets et programmes à inscrire parmi les priorités du 2ème Plan d’Actions Prioritaires couvrant la période 2019-2024 qui coïncide aussi avec un mandat du Président Macky Sall dédié à la femme et à la jeune fille ». Après quoi, Mme Touré a déclaré ouvert le 1er sommet africain sur les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants tout en lançant officiellement la 29ème édition de la Journée de l’enfant africain (Jea) et la 31ème édition de la semaine nationale de l’enfance.
"CRIMINALISER LE VIOL, C'EST ALLER AU-DELÀ DES INDIGNATIONS"
La ministre de la Femme, Ndèye Saly Diop Dieng, aborde plusieurs sujets dont la criminalisation du viol et de la pédophilie, le premier Sommet africain sur les mutilations génitales féminines et le mariage d’enfants, leur retrait de la rue…
Les meurtres de Coumba Yade et de Bineta Camara, encore frais dans les esprits, ont provoqué, Mme la ministre, une vive émotion dans l’opinion publique. Qu’est-ce que votre département fait pour lutter contre les récurrentes violences faites aux femmes et aux filles ?
« Vous me donnez, à nouveau, l’occasion de prier pour le repos de leurs âmes et de présenter encore une fois mes condoléances aux familles éplorées. Ces actes ignobles et inhumains sont à condamner vigoureusement. Il faut que cela cesse. Nous avons élaboré le premier « Plan d’action national 2017-2021 de lutte contre les Violences basées sur le genre (Vbg) et la Promotion des droits humains » en 2017 avec l’appui des partenaires du programme conjoint. Ce document-cadre, dont la mise en œuvre est sous-tendue par une approche multisectorielle et holistique, a été élaboré dans le but d’éradiquer les Vbg, conformément aux engagements internationaux et régionaux auxquels a souscrit notre pays, et à la volonté du chef de l’État d’optimiser le potentiel des femmes et des jeunes filles pour en faire des actrices majeures de l’émergence en 2035 ». La femme et l’enfant sont au cœur des initiatives entreprises dans le but de promouvoir un développement harmonieux.
Pour intensifier les actions gouvernementales en matière de prévention et de prise en charge des Vbg, en particulier des violences faites aux femmes et aux filles, il a été procédé, le 29 mai 2019, à la restructuration du Comité technique national pour la lutte contre les violences basées sur le genre et la promotion des droits humains. Ce mécanisme permet de disposer d’outils de pilotage national pour suivre la réalisation des politiques et programmes de lutte contre ce fléau. En d’autres termes, il se veut un cadre fédérateur des différents acteurs pour garantir une meilleure communication, un renforcement de la coordination des interventions afin de répondre plus efficacement aux alertes et de mieux protéger les communautés, de briser les cycles de violences et donc d’améliorer les conditions de vie des concitoyennes, notamment les plus vulnérables.
Dans la même dynamique de renforcement du dispositif de coordination des interventions, des comités régionaux de lutte contre les Vbg ont été mis en place sous l’autorité des gouverneurs de région. Ils disposent tous de plans d’actions respectifs élaborés sur la base de leurs réalités socioculturelles et des enjeux locaux identifiés. La recrudescence des violences faites aux femmes et aux filles notée ces derniers temps justifie le bien-fondé et le renforcement d’un tel dispositif. En sus, nous avons le soutien du président de la République qui a dédié son mandat 2019-2024 aux femmes et aux jeunes filles. C’est dans cette perspective que s’inscrit sa décision d’instruire le Garde des sceaux, ministre de la Justice, de préparer un projet de loi visant la criminalisation du viol et de la pédophile.
Le chef de l’Etat a également pris la décision de tenir en août 2019 un Conseil présidentiel sur la sécurité des personnes et des biens. C’est pourquoi mon département a initié un processus participatif et inclusif de réflexion et d’actions sur ces questions avec, pour finalité, l’élaboration d’un document de contribution au Conseil présidentiel, sous l’égide du Comité technique national de lutte contre les violences basées sur le genre et la promotion des droits humains.
A cet effet, la première étape de cette initiative est la tenue d’une session extraordinaire dudit comité que je préside ce matin (aujourd’hui, Ndlr) avec comme point d’orgue le début de la synthèse des mémorandums et propositions émanant du mouvement associatif féminin dont il me plaît encore une fois de saluer le dynamisme et l’engagement pour l’amélioration de la condition féminine vers l’autonomisation des femmes et des filles. »
Lors de la cérémonie de la levée des couleurs du 3 juin 2019, le chef de l’Etat a instruit le ministre de la Justice de préparer un projet de loi visant la criminalisation du viol et de la pédophile. Quelle lecture en faites-vous ?
« La déclaration du 3 juin dernier du président de la République est entrée dans l’histoire. Il a réitéré son engagement ferme pour le respect des droits humains de la femme, conformément à l’adhésion résolue de l’Etat aux instruments juridiques internationaux et régionaux protecteurs des droits de l’Homme en général et des droits de la Femme en particulier. Cette initiative salutaire de criminaliser le viol et la pédophilie constitue, en outre, une réponse positive aux nombreuses voix citoyennes qui se sont mobilisées à travers des marches et des campagnes de communication dans les réseaux sociaux pour condamner de tels actes. Au nom des femmes, des filles et des enfants, je voudrais dire merci au président de la République, Macky Sall, pour cette décision de haute portée. Criminaliser le viol et la pédophilie, c’est aller au-delà de l’indignation. »
Comment comptez-vous pallier le manque de données statistiques sur la problématique des violences basées sur le genre et garantir un meilleur suivi des indicateurs ?
« A l’interne, nous sommes en train de mettre en place un dispositif fonctionnel à travers un service des statistiques sociales dont les missions prendront en charge particulièrement ce volet. »
L’autonomisation économique des femmes est une de vos préoccupations majeures. Qu’est-ce qui est entrepris pour y parvenir ?
« Mon département travaille sur la stratégie nationale pour l’autonomisation économique des femmes et des filles dans une perspective de s’aligner sur les grandes orientations du plan d’actions prioritaires de la phase 2 du Plan Sénégal émergent. Une innovation majeure est envisagée avec l’émergence d’un entrepreneuriat féminin structurant avec des unités économiques de taille intermédiaire positionnées sur les chaînes de valeurs agricoles. Il s’agira également de renforcer les centres départementaux d’assistance et de formation pour les femmes avec de nouvelles missions susceptibles d’accompagner leurs initiatives en limitant les contraintes et limites qui freinent généralement le développement d’un entrepreneuriat endogène et pérenne. Au plan social, l’accompagnement des femmes et des filles victimes de violence pour assurer leur réinsertion socio-économique va bénéficier d’un programme de soutien avec la participation de nos partenaires. Enfin, au plan sanitaire, une synergie d’actions entre parties prenantes et un renforcement du dispositif de prise en charge des femmes atteintes de maladies comme le cancer du col de l’utérus, la futile obstétricale, le Sida, et j’en passe, seront parmi les priorités afin de soulager la souffrance des femmes touchées. »
Pouvez-vous nous faire le bilan de l’opération de retrait des enfants de la rue ?
« La directive du chef de l’Etat du 22 juin 2016 a été suivie d’une campagne de retrait qui a connu deux phases. La première s’est déroulée de juin 2016 à mai 2017 avec, à l’actif, le retrait d’un effectif de 1585 enfants, principalement dans le département de Dakar. La seconde opération, en 2018, a concerné 362 enfants dont 165 ont connu un retour en famille au Sénégal, et les autres dans les pays limitrophes dans le cadre d’une coopération bilatérale.
En termes d’enseignements provisoires tirés des deux opérations précitées, il faut souligner la non-opposition des familles religieuses, l’engagement des guides spirituels qui ont été sensibilisés, l’opinion publique favorable et le soutien des animateurs d’émissions religieuses dans les médias. Nous allons proposer au sein du gouvernement un plan d’actions basé sur l’information et la sensibilisation des familles et des parents sur leur responsabilité et un partenariat solide avec l’ensemble des parties prenantes pour marcher ensemble et aller dans la même direction : le maintien des enfants dans des structures de formation et de socialisation qui leur garantissent un développement harmonieux vers une vie citoyenne, épanouie et responsable. Dans ce même cadre, nous poursuivrons les efforts d’amélioration de l’image de l’enfant dans les médias avec les différentes initiatives déjà lancées en relation avec les acteurs de la communication. »
Quelles sont les réalisations de votre département en matière de prise en charge de la petite enfance ?
Depuis 2004, le gouvernement du Sénégal s’est doté d’une Politique nationale de développement intégré de la petite enfance (Pndipe) pour une meilleure prise en charge de cette couche. Cette politique, mise en œuvre par l’Agence nationale de la petite enfance et de la case des tout-petits (Anpectp), a permis de faire progresser considérablement le taux brut de préscolarisation qui est passé de 2,7 % en 2000 à 17,80 % en 2018.
Ainsi, il s’agira, pour les acteurs de la petite enfance, de poursuivre ces efforts en s’inscrivant dans la perspective indiquée par le président de la République à travers la deuxième directive issue du Conseil présidentiel sur les Assises nationales de l’Education et de la Formation qui recommande de « généraliser la prise en charge de la petite enfance ». A cet effet, 419 animateurs polyvalents ont été formés et recrutés dans la fonction publique.
Pour renforcer et améliorer l’environnement des apprentissages précoces, le gouvernement a construit 51 cases des tout-petits et réhabilité 28 structures Dipe sur toute l’étendue du territoire national durant la période de 2014 à 2018. Il s’y ajoute la mise en œuvre du projet « connecter les tout-petits » avec l’équipement de 200 salles multimédias permettant ainsi de faire bénéficier à 16515 enfants un apprentissage précoce à travers les Tice.
Par ailleurs, nous allons vers le lancement du projet Investir dans les premières années pour le développement humain au Sénégal après la mise en place de l’Unité de gestion du projet en cours. Cet important projet, d’un coût global de 75 millions de dollars, est financé par la Banque mondiale. Il comprend, entre autres composantes, la nutrition et la stimulation précoce de l’enfant au cours des 1 000 premiers jours ; l’apprentissage précoce de qualité et la protection de l’enfance et le renforcement des systèmes. »
La célébration du 30ème anniversaire de la Convention sur le Droit des enfants est un moment fort dans l’agenda de la prise en charge de cette couche. Comment impacte-t-elle véritablement le vécu des enfants ?
« Adopté le 20 novembre 1989, la Convention relative aux droits de l’enfant (Cde) a permis de transformer la vie de millions d’enfants en encourageant les gouvernements à modifier leurs lois et politiques et à réaliser des investissements afin que plus d’enfants puissent bénéficier des soins et de l’alimentation nécessaires à leur survie et à leur développement.
En contribuant à renforcer les dispositifs visant à les protéger de la violence et de l’exploitation, la Cde a également conduit à faire reculer le nombre d’enfants forcés de quitter l’école, d’effectuer des tâches dangereuses ou de se marier. Enfin, elle a permis à un plus grand nombre d’enfants de faire entendre leur voix et de participer à la société.
Mais, en dépit de ces progrès, la Cde n’est pas appliquée partout, ni connue ou comprise de tous. Aujourd’hui encore, un trop grand nombre d’enfants sont victimes de discrimination, d’abus, d’exploitation, de négligence, de conflits, de violences, etc., autant de souffrances qui leur volent leur enfance. Cet anniversaire sera l’occasion de rappeler l’urgence et l’importance de mettre en œuvre la Cde en ce XXIe siècle. »
Qu’en est-il de la 29ème édition de la Journée de l’enfant africain (Jea) ?
« Notre pays commémore, le 16 juin de chaque année, la Jea, en souvenir des enfants massacrés à Soweto, en Afrique du Sud. Cette activité marque le lancement officiel de la Semaine nationale de l’enfant (Sne) instituée en 1988 pour intensifier la réflexion autour des problématiques de protection de l’enfance. Le thème de commémoration de ces évènements est défini par l’organe investi du suivi de la mise en œuvre de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (Cadbe), à savoir le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (Caedbe). Cette année, la 29ème édition de la Jea et la 31ème édition de la Sne auront pour thème : « L’action humanitaire en Afrique : les droits de l’enfant d’abord ». Diverses activités sont prévues durant cette semaine avec l’ensemble des intervenants du secteur. La Sne sera mise à profit pour notamment doter le Centre Guinddi de kits d’identification permettant de retracer et de documenter le passage des enfants grâce au soutien du bureau de Dakar du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme. Ce nouveau dispositif viendra renforcer les acquis à travers le numéro vert 116 qui permet à toute personne (majeure ou mineure) de signaler les actes de maltraitance et toutes les formes d’abus et d’exploitations contre les enfants. Ce sera aussi l’occasion de poursuivre le processus de répertoire des « daara » qui a été déroulé dans la région de Dakar et à Touba. »
Quelles sont les actions entreprises par votre ministère dans la lutte contre le mariage d’enfants ?
« Plusieurs initiatives ont été lancées pour mettre fin à cette pratique parce que cette question se situe au premier rang des préoccupations de notre ministère. C’est pourquoi, nous avons lancé, en juin 2016, la campagne pour mettre fin au mariage des enfants et tenu, en octobre 2017, une rencontre de haut niveau sur la question. L’installation, en juin 2018, du cadre de concertation sur le mariage d’enfants regroupant les structures concernées au sein du gouvernement, des organisations de la société civile, de la coopération bilatérale et des partenaires techniques et financiers, témoigne de la responsabilité avec laquelle le gouvernement traite ce problème.
Dans la continuité des efforts fournis, mon département compte organiser, en partenariat avec le Ministère en charge de la Femme et de l’Enfance de la Gambie, le 1er Sommet africain sur les mutilations génitales féminines et le mariage d’enfants. Cette rencontre marquera également la commémoration de la Jea et le lancement de la Sne. »
Justement, les gouvernements sénégalais et gambien organisent le premier Sommet africain sur les mutilations génitales féminines et le mariage d’enfants à Dakar. Quels enjeux comporte un tel évènement ?
« Ce Sommet représente, pour le Sénégal, la Gambie et toute l’Afrique une occasion de renforcer la dynamique continentale d’actions harmonisées et concrètes pour mettre fin aux mutilations génitales féminines et au mariage d’enfants. Il faut agir ensemble et dans la même direction pour que les actions aient un impact pouvant mettre fin à ces fléaux. Au-delà du plaidoyer, il s’agira de mobiliser toutes les couches concernées pour éradiquer ces pratiques qui freinent le développement du continent. C’est pourquoi les délégations des pays participants au sommet sont formées de personnalités de toutes les couches sociales. L’objectif étant de traduire en actions l’engagement des États, des leaders religieux, des chefs traditionnels, des médias, des organisations de la société civile, y compris des jeunes et des femmes qui s’activent à mettre fin aux mutilations génitales féminines et au mariage d’enfants en Afrique d’ici à 2030. Plus de 17 pays africains ont confirmé leur participation au sommet qui compte réunir plus de 500 personnes. Ce sommet devrait aboutir à un plan d’actions continental pour mettre fin au mariage d’enfants. »
En 2018, vous aviez initié « le week-end social ». Allez-vous poursuivre cette initiative et l’étendre à tout le territoire national ?
« Cette initiative est en cohérence avec la mission que le président de la République nous a assignée. Le succès qu’elle a connu auprès des populations est un motif supplémentaire pour passer à l’étape supérieure. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Cette initiative a été un vœu ardent du chef de l’État qui, en déclarant 2018 année sociale, nous avait instruits d’aller vers les populations et de leur apporter les soutiens dont elles ont besoin et cela sans exclusive.
Dans ce cadre, il y a eu le programme d’animation socio-économique et de dialogue avec les comités consultatifs des femmes déroulés dans 141 communes avec à la clé le financement de 1777 unités économiques au bénéfice de 123000 femmes pour une enveloppe globale de plus de 1,4 milliard de FCfa à travers le Fonds national de crédit femme et le Fonds national de promotion à l’entrepreneuriat féminin en collaboration avec la Der-Fjet les systèmes financiers décentralisés.
Les week-ends sociaux s’inscrivaient dans la même perspective d’autonomisation des femmes et des groupes vulnérables à travers des appuis au plan sanitaire et social avec les consultations médicales, les kits de matériels d’allègement, les financements de projets, etc. Bien entendu, nous comptons suivre cette direction qui m’a été fixée par le chef de l’État avec la prochaine visite que j’effectuerai dans les régions de Sédhiou et de Kolda à la fin de ce mois. »
AUDIO
"ON S'ATTENDAIT AU SUCCÈS"
"Maîtresse d'un homme marié" suscite nombre de débats - Entretien avec l'une des actrices de la série, Halimatou Gadji, qui interprète le rôle de Marème, c'est elle la maîtresse
La série sénégalaise "Maîtresse d'un homme marié" suscite nombre de débats. Entretien avec l'une des actrices de la série, Halimatou Gadji, qui interprète le rôle de Marème, c'est elle la maîtresse. Elle revient sur le succès de la série au micro de Stéphanie Hartmann dans l'émission le journal des auditeurs (émission en intégralité).
L’OPPOSITION EXIGE LA LIBÉRATION DES MANIFESTANTS ARRÊTÉS
La manifestation du mouvement « Aar Li Nu Bokk » à la Place de la Nation, ex Obélisque, a été dispersée par les forces de l’ordre en usant de grenades lacrymogènes. Des membres du Front de résistance nationale qui ont pris part à cette manifestation pour
La manifestation du mouvement « Aar Li Nu Bokk » à la Place de la Nation, ex Obélisque, a été dispersée par les forces de l’ordre en usant de grenades lacrymogènes. Des membres du Front de résistance nationale qui ont pris part à cette manifestation pour dénoncer la nébuleuse dans la gestion du pétrole et du gaz ont été arrêtés.
Il s’agit, selon un communiqué de la FRN, de Maïmouna Bousso et de d’autres responsables membres dudit front. « Le FRN exige la libération immédiate et sans condition de tous ceux qui ont été arrêtés injustement ». Ils se trouvent présentement à la police du 4e arrondissement à Dakar. « Une délégation du FRN s’y est déjà rendue », informe la note.
Dans le même sillage, la FRN condamne avec vigueur l’interdiction répétée et systématique de manifestations depuis des années et l’usage de la force pour empêcher l’exercice d’un droit constitutionnel : le droit de manifester.