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29 novembre 2024
Femmes
PAR BOUBACAR BADJI
POURQUOI PAS MARIÈME ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Macky Sall a déjà choisit son successeur - L’implication de Marième Faye Sall dans la marche de l’Etat n’est plus à démontrer - Il faut reconnaître qu’en plus d’avoir du talent, elle maitrise l'art politique
Boubacar Badji de SenePlus |
Publication 02/06/2019
Après la réélection du président Macky Sall dès le premier tour du scrutin du 24 février, j’attendais impatiemment l’arrivée de mars. Ah ! Que dis-je, mars ! Non. Je prêtais déjà mes oreilles aux échos du 8 mars. La journée mondiale des droits de la femme. Je pensais que pour une fois dans le discours de ces dames symboles d’une lutte noble, usée par la résistance impitoyable face à un égoïsme masculin enrobé d’un chauvinisme culturel, j’entendrais quelque chose de nouveau. Une aspiration féminine plus élevée. Une projection pour prendre possession des instances qu’elles dénigrent chaque année à la même date. Malheureusement pour moi, les discours n’ont pas changé. Seules les formulations des thèmes ont pris un coup de maquillage, selon les goûts et la puissance séductrice de celles qui les ont prononcé. La cible n’a pas changée non plus.
Assis sur mon tabouret, le doigt sur l’écran de mon téléphone portable, je défilais de la page www.com à www.sn en cliquant au passage sur www.net. Rien n’a changé ? Oh que si ! Les tissus de cette année ont éré plus classes, plus brillants et plus chers que ceux de l’année dernière. Celles qui les ont porté ont augmenté en corpulence. Toujours le même plaidoyer sur les droits de la femme en pointant du doigt un Homme qui manque toujours à l’appel. A la télé, c’était aussi le même défilé. De belles driankés plus préoccupées par leurs apparences. Le contenu du message ne les intéresse pas trop. À force d’écouter le même refrain, on finit par chanter en chœur avec l’artiste même si on ne parle pas sa langue. Je continuais mon zapping télé. Sorti du cercle des privés, je tombe publiquement sur le président de la République Macky Sall, entouré d’une centaine de femmes sur la RTS1. Le président réélu peut bien se permettre de fêter la Femme. Et là, je me pose cette question : si c’était une femme à la place de Macky, ce serait qui ? Je préfère économiser mon encre en omettant l’écrasante majorité de l’électorat féminin du fichier électoral. Cependant, je ne peux occulter le fait qu’aucune femme n’était candidate à la présidentielle du 24 février parce que les sénégalais ne le voulaient pas. Ou devrais-je dire, la Femme sénégalaise ne le voulait pas. Pourtant, il y avait cinq candidates à ce scrutin, toutes recalées.
La réélection de Macky est accompagnée d’un nouveau fait. En effet, pour la première de l’histoire politique nationale, le président de la République ne participera pas à la prochaine présidentielle. Une situation inédite qui fait qu’au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar, les partis alliés attendent une redistribution des cartes tout en affichant ouvertement leurs ambitions. L’appel de Tanor entre dans ce cadre. Mais la vérité est que tous ces partis gagneraient à s’encrer d’avantage dans cette coalition pour deux raisons. La première est liée au fait que les leaders de ces partis n’ont pas une culture de renouvellement au sein de leurs instances. Par conséquent, pour eux, il est plus judicieux de rester dans Benno et continuer à bénéficier des avantages qu’offre la coalition au pouvoir. La deuxième raison concerne la fracture à l’intérieur des partis comme le PS, l’AFP, La LD, est tellement profonde que leurs bases réelles n’accepteront pas de continuer à être dirigées par des transhumants drapés dans des costumes d’alliés de classe VIP et couverts de privilèges dans le vol business politique de Benno. Même avec l’aspiration d’atterrir ensemble en 2035. Ah j’ai failli oublié les autres passagers de ce vol. Souleymane Ndéné Ndiaye, Abdoulaye Baldé, Aissata Tall Sall, Mamadou Diagne Fada et autres n’oseraient plus centraliser un rêve de conquête du pouvoir dans leurs têtes de transhumants.
Par contre, au sein de l’Alliance pour la République, les lieutenants de Macky fourbissent bien leurs mines en attendant le bon moment pour les faire sauter. Ces cadres de l’Apr ont bien raison de taire leurs ambitions. Parce qu’en face il y a un ingénieur en politique ‘’Es yakk carrière’’. Sur sa liste noire, sont inscrits en gros caractères des noms comme : Idrissa Seck, Karim Wade, Khalifa Sall, Abdoul Mbaye, Alioune Badara Cissé, Aminata Touré, entre autres. Aussi, la mise en place du nouveau gouvernement marqué par le processus d’étouffement des ambitions de l’ancien ministre des finances Amadou Ba devenu ministre des affaires étrangères, ne peut être considéré comme un dossier à classer dans les tiroirs du Fast-track. Comme Aminata, Amadou risque de devenir un étranger de la scène politique aux yeux du citoyen sénégalais. Et on le sait tous, le sénégalais ne votent pas pour un ‘’étranger’’. La suppression du poste de premier ministre vient conforter l’idée pour Macky de ne pas être confronté à la même situation que son prédécesseur.
Les duels entre Wade le père et son fils adoptif Idrissa Seck et l’autre entre Wade le maitre et son élève Macky, restent toujours frais dans nos mémoires. Macky a tiré les enseignements de ces deux cas précédents sur la question de sa succession. Wade après avoir liquidé Idy avait nommé Macky. Avec ce dernier, il s’était encore confronté à la montée en puissance d’un Premier ministre considéré par le ‘’peuple’’ comme son potentiel successeur. Comme le président Wade, Macky Sall a déjà choisit son successeur. La suppression du poste de premier ministre et l’enclenchement de la machine d’étouffement des ambitions de son ancien ministre de l’économie et des finances, en témoignent. Macky a un autre élu différent de Mahammad Boun Abdallah Dionne et Amadou Ba pour le succéder. Les propos de son frère cadet Alioune Sall au Grand Jury de la RFM rapportés par Dakaractu, sont sans appel. Je le cite : ‘’ Il ne faut pas perdre son temps. Les gens sont libres d'avoir des ambitions. Ils vont les assumer. Moi, si j'avais des ambitions présidentielles, je n'accepterai pas d'être dans le gouvernement. Je prendrais toutes les initiatives pour faire en sorte que le jour où le parti choisira un candidat qu'il soit moi. Mon message est destiné à tous ceux qui, légitimement, peuvent avoir des ambitions...'' Il poursuit : ''L'Apr, par contre, est un parti qui doit perdurer, qui doit jouer un rôle éminent et qui doit rester au pouvoir le plus longtemps possible. Je n'ai mené de discussion autour de la succession du président avec personne. Je crois que les gens qui ont des ambitions doivent les assumer en n'impactant pas sur l'efficacité du gouvernement". Pour moi, il est clair que ceux qui sont dans ce gouvernement sont éliminés d’office par le grand-frère, et le petit-frère le sait.
Sinon pourquoi affaiblir des personnes loyales qui ont fini de faire leurs preuves si l’on sait que Macky ne sera pas candidat en 2024 ? La réponse se cache dans le parcours politique du président. Il a toujours deux coups d’avance sur ses adversaires et la majorité des analystes politiques. L’instauration d’un régime présidentiel ne se justifie pas par son envie de devenir un chef d’Etat omnipotent mais plutôt par le besoin qu’il a de continuer à détenir les clés du jeu politique pour permettre à l’Apr de gouverner jusqu’en 2035. Et pour y arriver, il veut lui-même baliser la voie pour son successeur déjà désigné. A la différence de Wade qui s’était confronté à un problème de timing, Macky a cinq ans pour « tripatouiller » la constitution, analyser la réaction des sénégalais tout en les préparant à accepter, mais surtout à voter pour son candidat. Rassurez-vous, il fera tout ‘’légalement’’. Pas de dévolution monarchique, ni une passation à la ‘’Senghoriènne’’.
Dans son discours de prestation de serment, le président réélu avait commencé par la formule ‘’sénégalaises, sénégalais…’’, avant de promettre une place de choix à la femme pour ce quinquennat. Par ailleurs, dans ses dernières sorties, le président fait tout pour mettre en avant la gent féminine. Macky est–il en train de préparer l’opinion à l’idée de voir une femme à la tête de la magistrature suprême au Sénégal ?
En effet, pour la première fois au Sénégal, nous avons une première dame de père et de mère sénégalais. Pour la première fois au Sénégal, nous avons une première dame ancrée dans notre culture et qui l’exporte fièrement à chacune de ses sorties. Pour la première fois au Sénégal, une première dame a le pouvoir de (faire) nommer ou de (faire) démettre un ministre sans bruit. Pour la première fois au Sénégal, une première dame prend l’initiative de faire des visites inopinées chez des citoyens avec son lot de terranga. Pour la première fois au Sénégal, une première dame décide de battre campagne toute seule pour faire réélire le président. Enfin, pour la première fois au Sénégal, une première dame est publiquement félicitée par le Conseil constitutionnel. D’ailleurs, le président de cette institution a reçu une volée de bois vert après cette sortie. L’implication de Marième Faye Sall dans la marche de l’Etat n’est plus à démontrer. Des ministres l’ont déjà certifié.
Mais, quelques soient les avis sur sa personne et sur notre soi-disant culture politique, il faut reconnaître qu’en plus d’avoir du talent en politique, elle maitrise cet art. La preuve, elle a réussi à rassembler autour d’elle toutes les députées juste après l’homologation de la loi supprimant le poste de Premier ministre. Et si dans la tête du président Sall, tout se jouait pour qu’une première fois dans l’histoire politique nationale, une femme succède à son mari par la voie des urnes ? Oui, pourquoi pas Marième ?
SALIMATA GUEYE, CHAMPIONNE D'AFRIQUE DU TRIATHLON
La pensionnaire de l'Union Sportive de Ouakam est devenue la première médaillée d'or dans la catégorie jeunes aux championnats d'Afrique de la discipline ce samedi en île Maurice
La jeune triathlète sénégalaise, Salimata Guèye est entré dans l'histoire du triathlon africain en décrochant la médaille d'Or aux Championnats d'Afrique de Triathlon catégorie Jeunes ce samedi en Île Maurice.
La pensionnaire de l'Union Sportive de Ouakam est devenue la première médaillée d'or dans la catégorie Jeunes aux Championnats d'Afrique de Triathlon, car étant introduite pour la première fois cette année. Elle concerne les jeunes athlètes Africains (Filles et Garçons) nés en 2005 et 2006 et qui sont susceptibles de s'aligner lors des JOJ Dakar 2022.
Ce dimanche 02 juin, Anta Ndiaye et Mamadou Diop défendront leurs titres de champion d'Afrique de Triathlon catégorie Groupe d'âge.
UNE MARGARET THATCHER SÉNÉGALAISE
Celle qu’ une partie de la presse a affabulée du surnom de «dame de fer » retrouve le chemin du pouvoir, après une traversée du désert depuis 2014 - Mais qui est cette «Mimi » ? Retour sur l’incroyable parcours de la nouvelle présidente du CESE
Le 14 mai 2019, le président de la république Macky Sall nommait Aminata touré dite Mimi présidente du Conseil économique social et environnement (CESE), en remplacement de Aminata Tall. Ainsi, l’ancien Premier ministre a inscrit une nouvelle page dans le roman de sa vie en devenant la quatrième personnalité de la république. Celle qu’ une partie de la presse a affabulée du surnom de «Dame de fer » en référence à l’ancienne chef du gouvernement britannique disparue retrouve le chemin du pouvoir, après une traversée du désert depuis 2014. Mais qui est cette «Mimi »? retour sur l’incroyable parcours de la présidente du Conseil économique social et environnemental (CESE).
Elle a le même caractère trempé et le même tempérament bagarreur que Margaret Thatcher, Premier ministre britannique (1979-1990). Elles ont aussi comme dénominateur commun d’être nées au mois d’octobre : le 12 octobre 1925 pour Mme Thatcher et le 13 octobre 1962 pour Mme Touré. Entre les deux, 37 ans d’âge de différence. Elles ont eu à occuper les mêmes fonctions de Premier ministre. Là s’arrête la comparaison ? Non. Elles ont le même charisme. Tout le monde reconnaît qu’elles sont : intelligentes, déterminées, ambitieuses. Ce qui les rap- proche davantage, c’est qu’elles sont surtout des femmes à poigne à qui on a donné le sobriquet de «Dame de fer ». L’appellation dérange, on ne sait pourquoi, certains proches de la nouvelle présidente du CESE. Mais, on a du mal à croire que derrière cette grande dame, teint noir, lèvres rougies, petits yeux rieurs, sourire avenant, se cache une «Dame de fer». «C’est injuste de vouloir en faire une dame de fer. Elle incarne la fermeté dans un gant de velours », rétorque un de ses proches. A Dakar, tout comme à Kaolack, elle a laissé l’image d’un garçon manqué toujours en jean, t-shirt et sa coiffe d’Angéla Davis. Mimi est fidèle en amitié. Elle a horreur de la trahison. C’est aussi une femme généreuse, mais elle ne gaspille pas son argent. «Ce n’est pas la Sénégalaise qui va déverser des billets d’argent sur les têtes des griottes », dit-on.
Chantre de la traque des biens mal acquis
Méticuleuse et ordonnée par contre, elle a géré avec courage les dossiers judiciaires explosifs à la Chancellerie, l’un des ministères les plus exposés du début du règne de Macky Sall : Affaire de la traque des biens mal acquis pour laquelle Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade et d’autres grands dignitaires libéraux ont connu les affres de la prison ; affaire Cheikh Béthio Thioune, poursuivi pour le double meurtre de Médinatou Salam. Ensuite, il y a eu les dossiers des journalistes : Cheikh Yérim Seck et Tamsir Jupiter Ndiaye poursuivis respectivement pour viol et actes contre nature (homosexualité), sans conter l’épineux dossier Hussein Habré réfugié au Sénégal, depuis 1990 et poursuivi pour crimes contre l’humanité. Ces dossiers ont fini par la révéler au grand public. Avec le sentiment qu’elle menait, le combat de sa vie, Mimi Touré est montée plusieurs fois au créneau pour croiser le fer contre les libéraux qui n’ont pas ménagé leurs attaques contre elle. Ce n’est pas pour rien qu’elle a été le ministre le plus médiatisé du gouvernement Abdoul Mbaye. Sans en être le porte-parole, elle a souvent agi comme tel contre vents et marées. « Fondamentalement, elle croit à la communication. Durant tout son parcours professionnel, c’est quelqu’un qui a toujours parlé aux populations. Elle pense que toute entreprise qui n’est pas comprise par les gens qu’elle sert est vouée à l’échec », témoigne, un militant de l’Alliance pour la République qui la fréquente depuis plus de trente ans.
Militant précoce
Elle a été la deuxième femme chef du gouvernement dans l’histoire politique du Sénégal, après Mame Madior Boye (2001- 2002). Cette fille de médecin décédé, il y a quelques années et d’une mère sage-femme qui est encore en vie, a vécu une enfance heureuse. Mais, souvent mouvementée, du fait des multiples déplacements de son père. C’est ainsi qu’elle a débuté sa scolarité, à Tambacounda, avant de venir faire la 6 eme au lycée Gaston Berger de Kaolack. Dans la capitale du Saloum, contrairement aux filles de son âge qui sont plus préoccupées à jouer au Roméo et Juliette, l’adolescente de 14 ans découvre les idées de gauche et la politique. «J’ai débuté mes activités politiques à l’âge de 14 ans à Kaolack, où, je fus beaucoup influencée par mon professeur d’histoire et de géographie, Ismaéla Diagne », confiait-elle à des journalistes. Elle a d’abord milité au Mouve- ment pour le socialisme (MSU) de feu Mamadou Dia, ancien président du Conseil (Premier ministre).
Ce militantisme précoce à gauche a développé chez elle son sens du leadership. Pour autant, cela ne l’a pas empêchée d’être brillante à l’école où elle truste les premières places. De retour à Dakar, où elle est née, ses parents l’inscrivent au lycée Van Vollen-hoven , devenu lycée Lamine Guèye de Dakar où est scolarisé les enfants de l’élite de l’époque. En 1981, elle est lauréate du prestigieux Concours général et décroche, la même année son baccalauréat. Elle s’envole, alors pour Grenoble en France pour des études en management d’entreprise, de droit et d’économie. Parallèlement à ces études, elle milite dans les mouvements de gauche, notamment à la Ligue communiste des travailleurs (LCT). En France, toujours, elle fera sa rencontre de son premier mari, Oumar Sarr, coordonnateur du Parti démocratique sénégalais, (PDS) avec qui , elle a une fille, Dior, diplômée en santé de l’université Yale. De retour au Sénégal, elle débute sa carrière comme chargée de marketing et de la communication à la Société des transports du Cap vert (disparue). Parallèlement, elle continue son militantisme à gauche. Elle se rapproche de Landing Savané dont, elle deviendra, la directrice de campagne à la présidentielle de 1993. Puis, elle est recrutée à l’Association sénégalaise pour le bien être familiale (ASBEF) comme chargée de pro- grammes, en matière de santé de la reproduction.
Carrière onusienne
En 1995, elle débute une carrière dans le système des Nations unies qui la conduira dans de nombreux africains comme le Burkina et la Côte d’Ivoire. Le couronnement de cette brillante carrière de fonctionnaire internationale sera un poste de directrice des droits humains au siège du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), à New York. « Après 2003, je me suis concentré sur ma carrière onusienne à New York », soutenait- elle dans les médias. Une carrière à laquelle, elle mettra volontairement un terme en 2010 pour soutenir le projet politique de Macky Sall. Entre les deux, le courant est vite passé. D’ailleurs, le candidat de la coalition Macky 2012 fera d’elle sa cheftaine de cabinet, pendant cette période de braise. Là, elle a montré toute l’étendue de son talent de chef d’orchestre. Car, la suite, on la connaît.
Un bonheur ne venant jamais seul, Aminata Touré devient Madame Coulibaly. Pour l’heure, celle qui s’apprête à monter au perchoir du CESE tient à l’écart sa famille de la politique. Ses enfants ne font pas la Une des pages people des journaux. Où va-t-elle s’arrêter après le ministère de la Justice, la Primature et aujourd’hui, le CESE ? Ces détracteurs lui prêtent d’autres ambitions. «Ce n’est pas quelqu’un qui cherche, le pouvoir pour le pouvoir. Ce qu’elle veut, c’est de remettre le pays dans le sens du respect des droits humains et réussir sa mission », tempère un de ses amis. Une chose est sûre, à 57 ans aucun homme ou femme politique n’a pris sa retraite. Le roman de Mimi et le pouvoir ne fait que commencer...
IL FAUT REVENIR AUX FONDAMENTAUX…
Et si les professionnels étaient indirectement responsables des dérives notées sur certaines télévisions ? C’est ce que semble dire des professionnels des médias.
Ibrahima BA et Oumar FEDIOR |
Publication 01/06/2019
« Je plaide pour une réappropriation de notre métier. Les professionnels doivent reprendre le métier parce qu’ils l’ont abandonné. Et la nature a horreur du vide. » Mamoudou Ibra Kane, journaliste et directeur général du groupe de presse Emedia invest, répond ainsi à la question de savoir si les professionnels sont indirectement responsables des dérives notées sur certaines télévisions ? De son point de vue, « quand on a une chaîne de télévision, il y a des fondamentaux à respecter ». Poursuivant, il soutient que si un sondage est fait aujourd’hui, « sur le ou la préférée des Sénégalais », on sera surpris des résultats. « C’est normal, il faut évoluer avec le temps. Mais, l’évolution du temps ne doit pas nous faire perdre ce qui constitue notre raison d’être », analyse M. Kane. Selon lui, il faut faire de sorte que celui qui intervient à l’antenne soit soumis à des règles très strictes. « Il ne doit pas parler de sujets qu’il ne maitrise pas. Il ne peut pas ignorer la sensibilité de certains sujets. Il y a une tenue, une retenue, des éléments de langage… », suggèret-il.
Mais, ces règles si elles sont appliquées ne ressemblent-elles pas à de la censure ? Pour notre confrère, le premier censeur pour un professionnel, c’est d’abord lui-même. « Mais, ce n’est pas évident de le faire comprendre à certains qui ont, à la limite, l’excuse de ne pas connaitre. Mais, à qui la faute ? Elle incombe avant tout à nous autres professionnels. Un outil médiatique, ce n’est pas rien. Il faut avoir des ressources humaines de qualité ; ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller dans une école de journalisme, il faut les encadrer rigoureusement, il faut qu’ils se documentent… », préconise-t-il.
Et de souligner : « même la meilleure des improvisations est préparée ; ce sont des efforts à faire ». Si dans le travail journalistique, les règles sont claires, on ne peut en dire autant pour les animateurs. Pour Mamoudou Ibra Kane, il faut de la rigueur. « Si dans une émission de divertissement, vous voulez aborder une question sérieuse, vous la confiez à un animateur qui n’a pas les prérequis, qui n’a pas la formation, vous l’exposez et vous exposez votre chaîne. Il est possible d’être professionnel et célèbre. Il ne faut pas penser qu’il faut faire le buzz pour être célèbre.
LE DIRECT DÉCALÉ ?
La célébrité la plus durable, c’est celle qu’on a eue en état professionnel. Le cas d’Oprah Winfrey, animatrice américaine, en est un exemple patent. Aujourd’hui, c’est l’animatrice préférée des Américains. Elle a reçu Mandela, Michelle Obama comme invités… elle n’est pas dans le buzz pourtant. Elle se contente d’être professionnelle », rappelle-t-il. Aujourd’hui que les chaînes de télévisions pullulent, le patron d’Emedia invest estime qu’il ne faudrait pas abuser de la politique de la demande. A son avis, même si les populations ont des préférences, il faudrait penser à la politique de l’offre en leur proposant des contenus de qualité qui vont leur apporter énormément de choses. « Le folklore fait partie de la vie, mais même dans le divertissement on peut éduquer. On parle alors de divertissement sain. Si on ne le fait pas, on risque d’être largué par la concurrence sous régionale », avertit-il. Le constat avec les dérives, c’est qu’elles se passent en direct. Ce qui a sans doute poussé certains à proposer l’obligation du direct décalé. « C’est une idée très charmante.
Pour certaines productions, il est préférable de les enregistrer, mais pas toutes. Mais, je suis d’accord pour certaines émissions qu’on utilise un système de retardement de quelques minutes. Cela permet d’éviter certains dérapages. Après, on a le recul nécessaire, le temps de nettoyer… parce que dans le feu du direct, on peut dire des choses qu’on ne devrait pas », déclare Mamoudou Ibra Kane. Pour Jean Meïssa Diop, le direct décalé n’est pas une mauvaise idée, dans la mesure où il peut permettre de censurer ce qui doit l’être, mais il peut tuer le charme de la télévision. Pour lui, ce qu’il faut, par contre, c’est plus de sérieux. « Il faut que les gens qui commentent les émissions soient outillés et responsables. N’importe qui ne peut pas interviewer n’importe qui. Tout journaliste qui monte à l’antenne doit être briefé.
CES DAMES AU «FOUR PROFESSIONNEL» ET AU «MOULIN DOMESTIQUE»
En ce mois de ramadan, les femmes sont tiraillées entre leurs devoirs professionnels et leurs obligations familiales - Une double responsabilité qui réduit leur temps de repos dans des familles où les membres se considèrent le plus souvent comme des convi
Une double responsabilité qui réduit leur temps de sommeil et de repos dans des familles où les membres, - à quelques exceptions près-, se considèrent le plus souvent comme des convives. « Le Témoin » a fait 24 tours d’horloge avec des femmes actives…
L’aiguille du réveil, réglée à 4 heures 30 du matin, vient de sonner. Des yeux toujours fermés, Codou Dieng appuie sur un bouton et arrête l’alarme. Les deux mains collées au-dessus de la tête, elle soupire entre deux « thip ». La fatigue de la journée de la veille ne l’a pas encore quittée. Mais elle doit s’armer encore de courage pour se tirer du lit. Il reste encore une semaine à tenir, et bien tenir, pour « retrouver sa vie normale ». « J’appelle la vie normale, les autres mois de ramadan où je dors plus et me repose normal. Et où je fais 9 heures de sommeil par jour », a-t-elle dit alors qu’elle venait à peine d’ouvrir ses yeux et mettre ses pieds à terre. C’est à cette heure très matinale de la journée que démarrent depuis le début du mois de ramadan les journées de la jeune femme. Des journées longues, dures, pénibles, stressantes, angoissantes et encombrantes chez cette jeune femme active qui est sur tous les fronts. Cadre dans une banque, Mme Tall est toujours tiraillée entre ses devoirs professionnels et ses tâches ménagères. Le temps de jeûne impose à cette dernière une course contre la montre. « Chaque jour, est un jour de combat pour moi. Je suis vraiment épuisée.
En temps normal, c’est déjà difficile d’être performante au travail, de s’occuper des enfants et gérer les tâches ménagères, même si j’ai une domestique qui m’aide dans certains travaux. C’est donc plus difficile durant le ramadan où le temps de repos est presque minime », fait-elle savoir. Cela fait en effet un mois qu’elle se lève tous les jours à 4 heures du matin pour aller au lit vers les coups de minuit. Juste 4 heures de sommeil là où elle devait faire 9 heures comme le recommandent les spécialistes de la santé. Que ce soit sur le plan physique comme moral, le mois de ramadan, de l’avis de cette femme, suscite plus de complications chez elle qu’on ne l’imagine. Car, dit-elle, on va devoir remettre à la fois mille choses en ordre.
De 7 heures le matin à 16 heures dans l’après-midi, -donc après 8 heures passées au bureau-, la femme au teint café au lait se rend aussitôt au marché d’à côté pour faire ses courses avant de prendre la route pour arriver à son domicile un peu plus de 20 minutes, « s’il n’y a pas de trafic sur la route », a-t-elle souligné. « Certes je suis une femme active qui a une domestique, mais en pure sénégalaise, je veille personnellement sur ce que mon mari prend comme alimentation. Déjà, il est diabétique et il a un régime personnel à suivre. C’est pourquoi la cuisine prend fin à quelques minutes de la rupture du jeûne ». Cette dame dont les principales activités du mois béni se résument entre le « four professionnel » et le « moulin ménager », subit une pression supplémentaire en cette période durant laquelle elle investit beaucoup plus de temps et d’efforts que d’habitude.
Pressions supplémentaires
Ces dures journées de Codou, c’est le quotidien de presque toutes les femmes en ce mois de dévotion, de partage, d’abstinence et de solidarité. Mois pendant lequel la femme est toujours la première à se lever pour l’entretien de la maison et de la famille et la dernière à se coucher pour un « petit temps de repos ». De la famille qui constitue pourtant un groupe social avec des membres, seule la femme porte le fardeau. Presque tous les autres membres se considèrent comme des convives au sein de cette même famille. « Je n’ai même pas une minute pour prendre soin de moi. Au Sénégal, quand on est mariée, notre statut est réduit à une simple ménagère même si on est femme active. C’est pourquoi du matin au soir, les tâches ménagères ne finissent jamais. On essaie juste et tant bien que mal de gérer mieux notre temps de travail », a expliqué la dame Anita Mbaye qui dit avoir beaucoup de mal à assumer cette double responsabilité pendant le mois de ramadan.
Pour cette femme au foyer et en même temps active, on ne fait donc que retrousser les manches et s’armer davantage de courage dans des familles où le plus souvent la solidarité fait défaut. Tout de même, elle se sent aujourd’hui « soulagée », quand, ditelle, « je pense que seulement quelques jours, pour ne pas dire une semaine, nous séparent de la fête de la Korité, même si je ne peux pas me réjouir du fait que le mois ramadan tire à sa fin ». Bintou Coulibaly semble avoir plus de chance que la dame Codou Dieng. Elle n’a pas engagé une domestique, mais elle a, à côté, « quelqu’un » qui la soutient dans les travaux. Celui- ci se trouve être son époux. Un homme compréhensible qui trouve même ce plaisir à aider sa femme à la maison pendant le mois de ramadan. « Elle n’est pas une femme au foyer. Elle veut aussi garder son autonomie. Nous nous mettons toujours à travailler à deux.
Rien qu’en pensant à mes dures journées passées au bureau, je me dis que cela ne doit être facile pour elle. Je me dis que c’est inélégant de les laisser aussi toutes seules face aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants », a suggéré Pape Kane qui pense qu’il revient à l’homme d’installer un climat d’épanouissement et de bonheur pour le bien-être de sa famille. Seulement toutes les femmes activent n’ont pas cette chance d’avoir à leur côté un homme aussi compréhensible. Certaines, face aux exigences de l’heure, vont devoir supporter un homme compliqué et très exigeant. Enseignante dans une école privée de la place, Mariama Faty, taille svelte, fait toujours appel à son ingéniosité pour une bonne organisation du « Ndogou ». Sinon, « bonjour les dégâts ». Car « il (son mari) s’emporte vite.
Pour un rien, il lève la voix en te grondant devant les enfants voire des invités », se désole cette mère de quatre enfants, tous des garçons. « Dieu ne m’a pas encore gratifié d’une fille. Et pour certaines tâches ménagères, je ne veux pas les confier à des garçons. Sinon cela peut répercuter sur leur avenir. Je me rappelle encore de la production théâtrale intitulée ‘’Azou le Beau’’. Une scène dans laquelle la femme a complètement anéanti la vie de cet enfant qui, pourtant, est issu d’une famille respectueuse et honorable. Donc je fais de mon mieux pour assurer les tâches dans la maison tout en leur inculquant les bonnes valeurs », a tenté de se justifier Mme Faty qui trouve un ruse pour ne pas s’emporter ou se prendre la tête à cause de ce dur labeur. Elles associent donc le courage et les efforts pour répondre aux exigences de la famille durant un mois béni, mais qui n’est pas de tout repos pour les femmes, notamment, celles qui ont des activités professionnelles et souvent très chargées au sein de leur entreprise.
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
POUR TOUTES LES BINTA CAMARA, CONTRE LES HYPOCRISIES !
EXCLUSIF SENEPLUS - C’est dans les familles d’abord, les écoles qu’on « dispense » une éducation qui fait du garçon un petit monstre aux comportements « masculins », un violent en puissance vis-à-vis des jeunes filles
Tout à nos fanfaronnades, on se voit plus beaux qu’on est ; plus vertueux alors que nos actes et comportements dessinent le contraire ; on se dit croyant, voire pieux, alors que nous sommes les plus grands pécheurs devant l’Eternel ; on plaide la droiture alors qu’on ment comme des arracheurs de dents et que, souvent, trop souvent, notre rapport au bien publique est d’une légèreté coupable. Bref, nous sommes, nous vivons dans une société d’hypocrisies.
Nos larmes de pleureuses, nos indignations aussi sélectives qu’éphémères, nos hauts-le-coeur face aux crimes des nôtres, nos crimes, définissent une société de ...faussetés, d’hypocrites assumées, de mensonges intégrés comme des vérités. Violences, viols, meurtres, bref toutes ces violences qui relèvent de l’état animal qu’on pense, non, qu’on espère, plus encore, qu’on conjure, tout cela, ces « déviances » là, sont notre humanité.
Quand une société, à force d’altération de son être profond, fondateur, se dissout dans les oukases de prétendues valeurs religieuses, pourquoi elle ne secrèterait pas des gens qui ont grandit dans les mensonges. D’une prétendue supériorité morale et physique ; de celui par qui lequel la femme ira au paradis ou en enfer selon qu’elle aura été l’esclave ou non de son maître de mari. Pourquoi une telle « dé-éducation » ne formaterait-elle pas des esprits pour qui, les violences, les viols, la déshumanisation des femmes, relèveraient de décrets et droits devins ?
C’est dans les familles d’abord, les écoles (toutes les écoles) qu’on « dispense » (que je déteste ce mot !) une éducation qui fait du petit garçon un petit monstre aux comportements « masculins », c’est à dire, violent et violeur en puissance vis-à-vis des jeunes filles qui deviendront les victimes expiatoires de leurs frères à qui on a attribué (octroyé) le permis de brimades, oppression, voire de tuer si on résiste à leurs envies de viols.
La petite fille balaie, fait le ménage et le linge, la popote pour toute la famille (en générale très élargie), celle à qui on ne demandera pas son avis (pourquoi on lui reconnaîtrait cette humanité ?) pour lui imposer des co-épouses auxquelles (jusqu'à quatre) son homme et maître a droit du fait « d’autorisations divines ». Souvent, trop souvent, presque toujours, on oublie la condition : « si tu peux (économiquement), et surtout, si tu peux mettre les quatre sur le même pied d’égalité ! Or, aucun humain ne peut garantir et prétendre à cette « égalité » vis-à-vis de « ses épouses-esclaves ». Même entre ses enfants, il arrive qu’un parent ait plus d’ « amour » que l’autre, que les autres. Nous parlons là de liens de sangs et non de choix, désir-décision de vie commune, d’amour qui n’est pas filiale.
Si tu peux ! Si tu peux subvenir à tous leurs besoins (matériels et sexuels) de la même manière ; si tu peux prendre en charge correctement les produits de tes semences et non les « fabriquer » et puis les confier, les jeter à la rue, ou les mètre en gage (cage) chez l’usurpateur, l’usurier, le marabout, marchand de jeunesses et à l’occasion, violeur et pédophile.
L’hypocrisie de ces « parents » qui, sous prétexte de « nos valeurs », de « nos traditions », d’une « morale » puisée dans des délires religieux, voire dans des interprétations utilitaires pour les hommes, ces parents donc, ruent dans les brancards quand on suggère de considérer leurs enfants comme des êtres humains et qui donc, doivent connaître leur corps, son fonctionnement, ses organes leur usage, leur utilité, mais aussi leur nocivité, donc d’introduire cette éducation là, cette formation là, cette ouverture d’esprit-là.
Il se trouve même des imbéciles drapés dans des réputations surfaites d’intellectuels, ...d’ex révolutionnaires, de toujours (hélas) leaders d’opinions, qui justifient le viol par le chômage ! Sur quelle étude sociologique ou statistique s’appuie-t-il pour assener de telles contre vérités, de telles monstruosités ? Parce que, en dehors de statiques fiables, les comptes rendus de presse et d’audience ne tracent pas de tels profils de violeurs, tortionnaire de femmes.
Ils sont ouvriers, paysans, maçons, pêcheurs, enseignants (instituteurs ou professeurs), cadres, hauts fonctionnaires, ministres, députés et même chefs d’Etat, vrais et faux marabouts, médecins dans le secret de leurs cabinets, mêmes des PCA qui se tapent des bagnoles de 46 millions alors que leur société est incapable de payer les salaires à temps, de s’acquitter des cotisations sociales (Ipm, Ipres), on trouve ces salopards partout dans cette société d’hypocrisies. Oui, on trouve ces prédateurs un peu partout dans les ténèbres et pénombres d’une société qui se croit policée alors qu’elle se comporte comme le dernier des incultes !
Une société où de dangereux obscurantistes, prédateurs, qui se terrent le jour et sortent de son terrier quand un être humain en tue un autre, pour toutes les raisons possibles (détraqués ou saints d’esprits), pour nous chanter le retour de la peine capitale comme antidote aux pulsions de violences, viols, voire de mort. Courageusement, ils invoquent DIEU, pour entuber la populace, enfumer son esprit et justifier en vérité leurs penchants sanguinaires ! Ce sont des rebuts de l’Histoire et falsificateurs des Saintes écritures.
Il est cependant illusoire de croire qu’on peut solutionner la question des violences faites aux femmes, et toutes les autres violences du reste, par des gadgets produits des émotions devant la barbarie humaine. Oui, l’humain peut être barbare, sanguinaire, sauvage, tueur ! Il est très rarement ange, et plus souvent le diable.
Non, on ne fera pas l’économie d’une éducation réformée où on n’apprend plus différemment la vie en société aux jeunes filles et aux jeunes garçons ;
On bannira les exégèses à l’emporte pièces des saintes écritures destinées à perpétuer la supposée « mâle supériorité-domination » ; on éduquera filles et garçons dans une fraternelle égalité et mutuel respect. Bref, l’humanité et ses attributs positifs se fabriquent dans la famille, l’école (les écoles), les traditions positifs et non dans la nostalgie des archaïsmes de temps révolus.
L’Etat s’acquittera de son rôle de régulateur et de formateur impartial des citoyens. Il dispensera l’éducation et la formation. Des filles et des garçons de la même façon, sans discrimination ; ses démembrements, forces de sécurité, de répression et de justice montreront le même respect pour les hommes comme pour les femmes. Ils s’abstiendront de traitement selon le sexe, les réflexions sexistes, voire dégradantes dans leurs services.
Bref, une société qui ne ferme pas les yeux sur ses tares, ne promeut pas filouterie, vols, détournements. Une société d’humains, égaux devant elle, sans petits monstres ni fillettes futures esclaves.
Notre société est-elle capable d’une (de) telle(s) révolution(s) ? Peut-elle trouver en elle, dans ce qu’elle a de mieux comme valeurs non corrompues, le courage de faire face à ces tares et dérives pour nettoyer ses déchets ...sociétaux ? Quoi qu’il en soit, il est évident qu’aucun raccourci juridique ou barbarie légale ne résoudront nos problèmes de société.
Pour paraphraser l’autre, l’humanité ne se pose que les questions dont elle a les réponses. J’ajoute que les solutions à nos problèmes de société se trouvent dans cette même société ; dans le génie humain. Utilisons-le à bon escient. Avec bien sûr, une très bonne et grosse dose de courage politique et sociale face à l’obscurantisme des obscurantistes, aux vraies-fausses pesanteurs supposées immuables.
«Dafadoy» («Ça suffit», Wolof). C’est la révolte des femmes pour dénoncer les agressions, viols, violences et meurtres dont elles sont victimes, particulièrement les petites filles.
Elles ont exprimés leur ras-le-bol à travers le sit-in du Collectif contre les violences faites aux femmes et aux enfants organisé un avant-hier, samedi 25 mai, à la Place de la Nation (ex-Obélisque). Ce collectif qui appelle à la «criminalisation» du viol et à la «tolérance zéro» peut compter sur les femmes parlementaires, dans ce combat. En attendant, Ziguinchor et Tambacounda ont aussi dit «halte, ça suffit !» (Voir par ailleurs)
«Nous demandons que le viol soit criminalisé et la tolérance zéro pour protéger les femmes et les enfants d’une destruction physique et mentale qui leur coûte de plus en plus la vie à la fleur de l’âge». C’est le Collectif contre les violences faites aux femmes et aux enfants qui élève ainsi la voix pour dire halte à la série de viols et meurtres dont sont victimes ces couches vulnérables de la population, scandant «dafadoy !» («Ça suffit !», en Wolof). C’est dans un mémorandum lu par Elyas Ndoye, une de ses membres, et signé par une quarantaine d’associations et de plateformes regroupant des organisations et des mouvements de femmes, lors d’un sit-in tenu à la Place de la Nation.
A travers cette manifestation, le collectif dénonce une série de meurtres enregistrés au Sénégal, notamment celui de Bineta Camara à Tambacounda, une affaire qui a particulièrement ému plus d’un à travers le pays et dans la diaspora.
Selon l’Agence de Presse sénégalaise (APS), le collectif a, par la même occasion, appelé «l’Etat à renforcer son arsenal juridique et institutionnel pour protéger les droits des femmes et des enfants». Aussi a-t-il exhorté «la population à briser le tabou pour éviter le +neup neupal+ (étouffer l’affaire) qui ne fait qu’aggraver le problème. La protection des femmes et des enfants est l’affaire de tous et nous disons stop aux violences qui leur sont faits». Les membres du collectif restent convaincus que «la solution est de mettre fin à ce fléau notamment par la mise en place d’une stratégie efficace de la part des pouvoirs publics, de la société civile et impliquant les populations».
CRIMINALISATION DU VIOL : DES FEMMES PARLEMENTAIRES PORTENT LE COMBAT
L’appel des manifestants est entendu par les femmes parlementaires qui s’engagent à porter le combat à l’Assemblée nationale pour que «le viol soit criminalisé». «En tant que parlementaires et en tant que femmes, nous avons bien entendu ce qui est dit dans le mémorandum et nous vous donnons l’assurance qu’à l’Assemblée nationale, nous allons porter le combat pour qu’on aille vers la criminalisation du viol», a déclaré Awa Guèye, la vice-présidente de l’Assemblée nationale, au nom de la délégation de ce parlement.
Et la parlementaire qui a reçu un mémorandum dans lequel ce collectif exige des mesures concrètes et urgentes pour faire face à la recrudescence des violences faites aux femmes et aux enfants de donner des gages. «Chères sœurs, chères filles chères nièces, nous vous disons que nous sommes uniques, nous pleurons la même chose et nous vous donnons notre engagement que ce combat nous allons le mener ensemble. Dès lundi (aujourd’hui, Ndlr), s’il plait au Bon Dieu, vous allez entendre la voix des femmes parlementaires pour que le viol soit criminalisé, une bonne fois pour toute».
Auparavant, Mme Awa Guèye qui dit «compatir à la douleur de toute femme ou jeune fille qui est victime de violence», a présenté par la même occasion «ses condoléances à toutes les familles éplorées». Non sans insister sur la nécessité de retourner à nos valeurs éthiques et morales et sensibiliser davantage la population sur les valeurs comme la dignité, l’intégrité, le respect de la vie humaine. «Je me demande ce qui est arrivé au Sénégal et à notre population si c’est un ami qui viole et tue ton enfant, si c’est ton chauffeur qui t’égorge et c’est ton voisin qui tue ton enfant», s’interrogée la parlementaire. Allusion aux meurtres de Bineta Camara (tuée par un proche de son propre père) et l’ancienne 5ème vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Fatoumata Matar Ndiaye égorgée par son propre chauffeur, Samba Sow, en fin mai 2017.
TAMBACOUNDA : Des centaines de manifestants disent «Non, ça suffit !»
Des centaines de manifestants ont marché dimanche dans les rues de Tambacounda (Est) pour dénoncer la recrudescence des agressions sexuelles, des viols suivis de meurtre dans le pays. En majorité des femmes, les manifestants ont dit “Non aux agressions et les violences faites aux femmes”. “Ça suffit !”, c’est le slogan de plusieurs manifestants qui ont sillonné depuis 8 heures, des quartiers de la commune avant d’arriver devant la gouvernance, point de chute. “Beaucoup de femmes et de jeunes filles sont victimes de violences physiques ou sexuelles, de crimes ou de mutilations génitales”, a déclaré la porte-parole, Fatoumata AÏdara.
Cette manifestation est organisée suite à la mort d’une jeune fille, Binta Camara, tuée samedi dernier dans son domicile, à Tambacounda. “Nous dénonçons l’assassinat de notre sœur Binta Camara, une fille bien, pieuse et très courtoise. Il est temps que cesse la violence sur les femmes et les jeunes filles”, a indiqué Mme Aïdara. A travers un mémorandum, elle sollicite la mobilisation de tous pour mettre fin aux violences physiques et morales que subissent les femmes depuis quelques moments. “Nous jugeons indispensable de faire progresser les normes sociales liées au genre et promouvoir le respect entre les hommes et les femmes”, a-t-elle fait savoir. Les manifestants réunis autour d’un comité, comptent lancer une campagne dans le département pour alerter sur l’ampleur des nombreuses violences faites aux femmes.
Ibrahima DIALLO
ADJA ASTOU LIBÉRÉE
L'animatrice de 7TV était depuis samedi, en garde à vue dans les locaux de la section recherches de la gendarmerie, à Dakar, pour ses propos sur le viol dans les sociétés peules
Adja Astou Cissé, employée par une télévision privée sénégalaise, a été libérée dimanche par la gendarmerie, a appris BBC Afrique de l'avocat Moussa Sarr, chargé de sa défense.
Interpellée samedi par la section recherches de la gendarmerie, à Dakar, elle a été placée en garde à vue pour ses propos sur le viol dans les sociétés peules.
Tout en condamnant le phénomène, l'animatrice, elle-même membre de l'ethnie peule, a déclaré lors d'une émission de la 7TV, jeudi dernier, que "les viols étaient nombreux dans les anciennes sociétés peules".
Des dizaines de personnes ont tenté de se réunir samedi devant les locaux de la 7TV à Dakar pour manifester leur colère.
Elles n'ont pas pu accéder au siège de la chaîne, car la gendarmerie est intervenue, a expliqué à BBC Afrique un employé de la chaîne.
"Ce sont des propos malheureux que nous condamnons. Nous présentons nos sincères excuses à la communauté peule et aux Sénégalais qui ont été choqués par ces propos", a déclaré samedi soir Maïmouna Ndour Faye, la responsable de 7TV, citée par l'Agence France-Presse.
"Ce qui s'est passé est une erreur. Je présente mes excuses aux Sénégalais et aux Peuls, à mes proches et parents que j'ai offensés. Je suis peule et fière de l'être", a ensuite déclaré Adja Astou Cissé, s'exprimant en wolof, puis en peul.
VIDEO
DAKAR SE MOBILISE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
Trois cas de meurtres et plusieurs tentatives de viol en une semaine - Après l'émotion, la mobilisation. Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées aujourd'hui dans la capitale, avec un mot d'ordre : "Plus jamais ça !"
Trois cas de meurtres et plusieurs tentatives de viol en une semaine. Après l'émotion, la mobilisation. Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées aujourd'hui à Dakar, avec un mot d'ordre : "Plus jamais ça !"
Reportage de Margot Chevance et Sébastien Duhamel de TV5 Monde.
Par Sidy DIOP
IDEOLOGUES DU VIOL
Depuis le meurtre de la jeune Bineta Camara à Tambacounda, le débat sur le viol s’est invité sur les plateaux télés et radios - Et l’on en entend de sidérantes billevesées !
Depuis le meurtre de la jeune Bineta Camara à Tambacounda, le débat sur le viol s’est invité sur les plateaux télés et radios. Et l’on en entend de sidérantes billevesées ! Moustapha Fall, le « Che » tropical de Kaolack est d’avis qu’il faut décriminaliser le viol «pour que les violeurs ne tuent plus leurs victimes». «On a toujours violé au Sénégal, mais on ne tuait pas. C’est la peur de se faire prendre qui pousse les violeurs à tuer», défend-il sur le plateau de la 7Tv.
Et comme la gaucherie n’a pas de limite, l’invité à la rutilante voiture de fonction pense tout haut que les violeurs violent parce que ce n’est pas facile de prendre femme au Sénégal. «Il faut faciliter l’accès aux femmes pour que les cas de viols diminuent». Rien que ça ! Sur le même plateau, une chroniqueuse à la culture générale aussi ténue qu’un fil de soie y va aussi de son péan en poussant plus loin le bouchon de la grossièreté : «Jadis, c’est dans les familles toucouleur-halpulaar que les personnes âgées violaient plus les petites filles».
Et «Che» d’opiner : «Bien sûr». Diantre ! Une légèreté qui fait écho aux propos tenus naguère par Songué Diouf : «Nous vous violons parce que vous violez tous les codes moraux en nous donnant envie de vous violer par votre manière de vous habiller». C’est définitif, le viol tient ses nouveaux idéologues.