La femme sénégalaise a toujours été présente dans la politique. Tantôt comme instrument, tantôt actrice, tantôt les deux à la fois. L’instrumentalisation politique de la femme ne date pas d’aujourd’hui. Son engagement non plus. Même si son rôle a été souvent discret par rapport à celui de l’homme, elle a toujours été présente et pourtant elle a toujours été reléguée au second plan.
Dans la réforme prévue de la constitution un quota de 45 % doit être réservé aux femmes dans les instances de prises de décision de l’Etat. Elles sont aussi gradées que les hommes et c’est très rare vraiment très rare de les entendre dans ces histoires de corruption ou de détournement de deniers publiques. Elles sont dotées d’une grande force donc elles doivent être soutenues et non combattues. L’un des événements les plus fascinants de l’histoire africaine a été la plus forte présence des femmes sur la scène politique depuis les années 1990. Les femmes devraient avoir la même chance d’être nommée ou élues à des fonctions politiques que les hommes mais malheureusement cette question sur l’égalité des sexes n’est pas partagée dans certains pays comme le nôtre. Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles la participation des femmes à la vie politique est au cœur d’une bonne gouvernance. Il faut juste constater que les trois dirigeantes africaines sont entrées en fonction en période de crise ou de transition. Souvent par manque d’expérience les femmes survivent difficilement en politique car cela nécessite beaucoup d’investissements dont peu d’entre elles en disposent.
Souvent la violence dans la politique africaine fait qu’elles ne veulent pas faire de la politique. Généralement elles ont un sentiment de vulnérabilité face à l’intimidation politique et à la violence. Son excellence Monsieur le président de la république Monsieur Macky Sall a bien compris celle-ci et a décidé de concentrer des efforts visant à renforcer leur participation à la vie politique.
SÉNÉGAL-MAROC, UN AMOUR DE JEUNESSE
Nombreux sont les jeunes Sénégalais du Maroc qui ne veulent plus souffrir de la réputation d’éternels étrangers dans un pays qui n’est pas le leur - En épousant des Marocains, nos compatriotes ont fait du royaume une terre de rêve
Nombreux sont les jeunes Sénégalais du Maroc qui ne veulent plus souffrir de la réputation d’éternels étrangers dans un pays qui n’est pas le leur. En épousant des Marocains, nos compatriotes ont fait du royaume une terre de rêve. Mais, vous le verrez dans ce reportage, lorsqu’on épouse une femme, on épouse aussi sa culture, son pays et tout ce qui tourne autour d’elle.
Noire d’ébène, Sofia, un nom d’emprunt, est reconnaissable de loin à son teint foncé ; une complexion qui en dit long d’ailleurs sur ses origines sénégalaises. Hé ho ! J’avance cela par pure provocation-tous les Sénégalais ne sont pas des « mambas noirs », de peau. Installée au Maroc depuis 26 ans, la Sénégalaise qui était venue faire des études supérieures dans le royaume, aux débuts des années 1990, est aujourd’hui une immigrée bien intégrée. Mère de trois filles, l’aînée est âgée d’environ 20 ans, la cadette 16 ans, et la benjamine 9 ans, la consultante de profession garde dans le pétillement de son regard une joie de se sentir vivre. Son mari, un bel homme d’affaires marocain, est le patron d’une entreprise en bonne santé dans le secteur de la chimie. Pour Sofia qui réaffirme aujourd’hui, après plusieurs années de mariage, avoir fait le bon choix en amour si c’était à refaire, elle « n’hésiterait pas une seule seconde à s’engager à nouveau » avec le même homme. Mais il faut le dire, si ce couple en noir et blanc, lequel s’est construit sans coup férir, se reconnaît dans l’amour, défie encore le temps, c’est parce que « c’était plus facile avant ». Avant, les Sénégalais du Maroc avaient de la cote dans le royaume, dira Sofia. Elle ajoute, « avant la naissance du racisme anti-noir qu’on connaît aujourd’hui au Maroc, mon mariage était déjà solide ». En quelque sorte je suis sauvée, mais, prévient-elle, nos compatriotes, notamment les jeunes, qui se marieront avec des Marocains n’auront pas la même chance que nous avons eue pour réussir leur ménage. Et si Sofia avait vu juste ?
Deux cultures différentes….
« Le jour où nous avons posté les photos de notre mariage sur les réseaux sociaux, des insultes ont fusé de partout (…). Nous avons entendu les insanités les plus ignobles », raconte un jeune immigré sénégalais sous couvert de l’anonymat. Cet informaticien âgé d’environ 30 ans, marié à une Rbatie depuis plus d’un an, se dit aujourd’hui outré de voir se faire insulter sur les réseaux sociaux. « J’avoue que je ne m’attendais pas à autant de violence, de méchanceté et d’intolérance. Nous n’avons rien fait de mal et c’est ma femme qui a été la plus affectée ».« Encouragé » par des amis déjà mariés à des Marocaines, Idrissa Mboup, lui, a une autre perception du mariage mixte au Maroc. « Les mentalités ont évolué et les Marocains commencent à accepter les mariages mixtes », dira cet informaticien de 32 ans marié en 2016. Très amoureux de sa femme marocaine, Manal Srhiri, 24 ans, conseillère technique multimédia, tout béat, Idrissa nage dans le bonheur, semble-il. Il célèbre depuis trois ans la victoire du goût de l’aventure sur l’amour du confort du pays natal, avec son épouse, et avec qui il envisage de s’installer au Sénégal un jour.
Assise sur le même nuage de bonheur, Manal Srhiri, qui ne fréquente, en dehors du travail, que des « Sénégalaises », raconte, volontiers, la même romance ou presque. « Nos familles et amis nous ont épaulés. Ils étaient contents à l’annonce de notre mariage. Aujourd’hui, nous menons une vie de couple normal comme tout le monde ». Mais le poids du regard de la société marocaine pèse encore sur les épaules du couple, lequel n’a pas encore d’enfant.
« Love is all »
Dans la rue comme sur les réseaux, les gens se comportent, généralement, pas mal, sans compter les plaisanteries grotesques des « sans éducation » pour qui, un homme noir est un guignol vivant. « Engagés pour la vie et sans aucun regret »,c’est un titre qui irait bien au roman de la vie du couple Serigne Moussa Sarr, 29 ans, responsable commercial, et Fifi Abdellaoui.
« J’étais en mission à Paris et elle faisait partie des partenaires d’affaires que je devais rencontrer », se souvient encore Monsieur Sarr comme si c’était encore hier. Si les tourtereaux ont très vite sympathisé au moment du repas d’affaires, il aura fallu à Sarr plusieurs rendez-vous, sur une durée de cinq mois au total, pour s’offrir le cœur de Fifi, et convaincre les parents de celle-ci, notamment les tantes dont la plupart n’ont jamais adressé la parole à un « black ». Par contre, le jour de leur mariage « c’était merveilleux ». Mbalakh et chaâbi servis à volonté, le jeune couple cimenté par le lien indélébile de l’amour, leurs invités, tout le monde a dansé au point d’avoir le vertige ce jour là. L’heure est toujours à la fête chez Moussa ainsi que chez tous ses frères qui ont offert leur cœur à des Marocaines, en lieu et place des Sénégalaises. Mais ils doivent toujours garder à l’esprit que l’intolérance est un iceberg de pierres dont on ne voit que la partie exhumée.
Si les couples que nous avons interviewés dans ce reportage n’ont pas souhaité communiquer de manière détaillée sur les budgets des cérémonies de leurs mariages, au Maroc, pour célébrer une union il faut débourser entre 9 millions et 60 millions de FCFA. Le coût variant selon la région, la période de l’année du mariage et la qualité des prestations. Il faut également souligner qu’il existe peu de chiffres sur les couples mixtes entre les Marocains et les Subsahariens au Maroc. Ils ont été estimés en 2017 à 701 soit 13,19% des couples mixtes contre 648 en 2016.
LA PIONNIÈRE
Haut commis de l’administration publique sénégalaise, Mme Zeynab Mbengue est la première femme membre de la Cour des comptes. Elle a réussi à un concours très sélectif où les hommes dictent leur loi.
Pour la première fois de son histoire, la Cour des comptes du Sénégal va enregistrer en son sein une femme. Elle se nomme Zeynab Mbengue, elle est la seule femme dans la liste des sept nouveaux membres ayant intégré, depuis hier, suite à leur prestation de serment, le rang des magistrats de la Cour des comptes et par là l’institution. Le premier président de la Cour, Mamadou Faye, dans son discours, a relevé cette particularité de la dernière promotion. Zeynab Mbengue, s’est réjoui M. Faye, «met un terme à notre malaise pour une longue absence de diversité de genre en notre sein». Cette dame n’a pas été choisie pour représenter la gente féminine au sein de la Cour des comptes. Elle a réussi avec brio à un concours sélectif.
Son parcours dans l’administration sénégalaise montre à suffisance que le nouveau membre de la Cour des comptes a toutes les aptitudes pour assurer pleinement sa fonction de juge financier. Mme Zeynab Mbengue est un haut commis de l’Etat avec une expérience de plus de 15 ans au sein de l’administration publique sénégalaise. Elle a occupé, tour à tour, le poste de conseiller technique du ministre l’Economie, des Finances et du Plan, celui de directeur de la coopération et du développement à l’Ecole nationale d’administration (Ena). Elle a quitté tout dernièrement sa fonction de secrétaire générale du ministère du Tourisme et des Transports aériens pour porter sa toge de magistrate de la Cour des comptes. La nouvelle magistrate se dit «très honorée et fière d’intégrer cette haute institution». «C’est un grand honneur de pouvoir faire partie de la Cour des comptes qui est une institution majeure au Sénégal, en Afrique et dans le monde. Nous avons déjà fait une prestation de serment et nous avons juré de servir l’Etat et uniquement l’Etat, et nous allons nous y conformer et faire de notre mieux pour respecter ce serment», a déclaré Mme Zeynab Mbengue. La réussite de cette femme au très sélectif concours d’entrée à la Cour des comptes montre, d’après le premier président Mamadou Faye, «qu’il est bien possible de concilier merveilleusement vie professionnelle et vie familiale»
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LA FEMME QUI BOUSCULE TRUMP
Elle a 29 ans et bouscule sacrément la vie politique américaine - Égérie des anti-Trump, Alexandria Ocasio-Cortez représente l'espoir d'un parti démocrate assommé par la défaite d'Hillary Clinton
Elle a 29 ans et bouscule sacrément la vie politique américaine. Égérie des anti-Trump, Alexandria Ocasio-Cortez représente l'espoir d'un parti démocrate assommé par la défaite d'Hillary Clinton.
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LA CONNAISSANCE, UNE ARME POUR LA JEUNESSE
Ndioro Ndiaye a pofité de la cérémonie de clôture de la campagne "0ne Billion Rising" pour sensibiliser filles et garçons sur la nécessité de savoir et l'espoir qu'ils représentent pour le Sénégal de demain
C’est aux cotés des enfants que l’ambassadeur Ndioro Ndiaye a clôturé la campagne ‘’One Billion Rising’’. ‘’Je porte un message d’espoir pour ces enfants et en même temps, j’essaye de leur faire comprendre que les filles comme les garçons, ont le droit d’aller à l’école", a-t-elle déclaré. Selon Ndioro Ndiaye, l’éducation reste la seule alternative contre les violences faites aux femmes. ‘’Pour lutter contre les violences faites aux femmes, il faut s’armer de connaissances. Notre arme c’est la connaissance, parce que si vous ignorer vos droits vous ne pouvez pas les défendre’’, a-t-elle soutenu.
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SPORT, LES FEMMES NE LÂCHENT PAS L'AFFAIRE
Au dernier Marathon de Dakar, à la mi-avril, seuls 15,6 % des participants étaient des femmes, un chiffre révélateur d'un tabou culturel et social fort - Illustration
Le Point Afrique |
Jane Roussel |
Publication 22/04/2019
« Une femme qui fait du sport ? C'est bizarre », s'exclame Mamadou Saïdi, avec un air à mi-chemin entre dégoût et plaisanterie. Il est technicien dans un laboratoire pharmaceutique de Dakar, il est venu participer au marathon de Dakar avec plusieurs collègues, des femmes. Sur la course, divisée en trois formats : 10 km, semi-marathon et marathon, il n'y a pas beaucoup de Sénégalaises inscrites, seulement 15,6 % (sur un total de 19 % toutes nationalités confondues). En comparaison, les femmes représentaient 24,5 % des inscrits du dernier marathon de Paris le même week-end, et 40 % sur le 10km de Paris. Est-ce à dire que le sport est la chasse gardée des hommes ?
Un frein culturel et social ?
Nous voici donc en plein cœur du marathon de Dakar : échauffement général à quelques mètres de la ligne de départ en ce matin du dimanche 14 Avril. Entre les 11 000 coureurs, les femmes sont difficiles à croiser, et pour cause elles ne sont que 2 000. Pourtant, Mamadou Saïdi est entouré de deux collègues, Fily Farmata et Fatoumata Kamara qui protestent en coeur : « Comment ça c'est bizarre une femme qui fait du sport ? Tu es misogyne ! ». Elles le font taire d'un geste de la main et rient. Avant de poursuivre sur leurs habitudes sportives.
Cela dit, elles ne font pas souvent du sport, pas par manque d'envie, mais par manque de temps principalement, explique la première. La seconde l'interrompt et rectifie : selon elle, c'est surtout parce que la société en décide autrement. « Le sport ne fait pas partie de notre quotidien. Au Sénégal, on dit que pour les femmes la priorité c'est le mari et les enfants », reprend Fatoumata. Ses journées sont une course contre la montre : à 8h du matin, elle arrive au travail, ne le quitte qu'à 20h, pour aller coucher les enfants et préparer à manger à son mari. “Même si on trouve le temps de faire du sport, c'est difficile d'y aller parce qu'on est épuisée », renchérit-elle.
Quand une championne s'exprime
Même la vice championne du monde d'athlétisme Marie-Josée Ta Lou, d'origine ivoirienne, acquiesce. Elle est sur le village départ du marathon en tant que marraine de l'événement. « En Afrique, nous n'avons pas la pratique du sport parce qu'on se dit que la femme africaine est faite pour rester au foyer », explique-t-elle. Les femmes elles-mêmes font perdurer cette tradition. Et en tant que seule fille d'une fratrie de quatre, elle a fait face à certaines réticences, surtout du côté maternel : « Quand j'ai commencé à faire du sport, ma mère me disait : le sport c'est pas fait pour toi, ton frère en fait déjà. Toi, je veux que tu ailles à l'école et que tu deviennes médecin ou avocate ». Chambouler les traditions n'est pourtant pas si mal vu que par les hommes, selon elle. D'ailleurs, Aïcha Jasmina Fall, qui a fondé une association de sport pour les femmes, raconte que sa mère ne comprend toujours pas : « Mais pourquoi tu vas courir plutôt que rester t'occuper de tes enfants ? », lui demande-t-elle. Ce qui l'a conduite à arrêter d'argumenter tout en continuant la course !
Une question d'esthétique
Le second problème du sport et des femmes au Sénégal réside dans les changements physiques. Une femme qui fait du sport court le risque de ne plus correspondre au standard de la belle femme africaine « avec des rondeurs, des seins et 15 000 kilomètres de fesses ! », plaisante Marie-Josée Ta Lou. Les femmes sont d'ailleurs les premières à reprocher à leurs homologues sportives de ne pas être assez « féminines avec leurs muscles ». Bébélor et Khadi, étudiantes à Dakar, sont sur la ligne de départ, échauffées et bien décidées à atteindre leur objectif. Et de raconter toutes les fois où leurs mères, copines et cousines leur ont dit « tu ressembles à un homme depuis que tu fais du sport ».
Donc un acte militant…
De fait, on ne peut ne pas penser que courir, boxer, jouer au foot soit un acte militant pour les femmes au Sénégal. Et elles sont de plus en plus nombreuses à s'y mettre. Marie-Josée Ta Lou confie que c'est « un grand combat” qu'elle a dû mener, contre l'avis de sa famille : “Je fais du sport et ça ne m'empêche pas de m'occuper du ménage ! », plaisante-t-elle, avant de parler de cette « nouvelle génération de femmes qui montrent qu'on peut être une femme africaine, faire du sport et même d'autres activités en plus ! ». Bébélor et Khadi sont de cette nouvelle génération. Elles ont fait de l'activité physique un acte militant. La première a d'ailleurs choisi un sport de combat, le taekwondo dont elle est ceinture noire. Le soir, alors que la corniche s'emplit de coureurs, Khadi s'y rend aussi. Les femmes ne sont pas nombreuses à fouler l'artère sportive de Dakar. Le résultat ? « Les hommes te voient courir et t'embêtent ». Elle relate les moqueries, et leur « prétention à être ton coach, sous prétexte qu'ils sont des hommes ». Assez remontée, elle insiste : « quand ils me disent ça, je les mets au défi de courir contre moi. Ils ne tiennent jamais le rythme que j'impose et abandonnent à chaque fois. Ça me fait plaisir ! ».
… au quotidien
Ce combat, Aïcha Jasmina Fall le mènent au quotidien grâce à son association « Linguère ». Le terme signifie « femme, reine qui met au monde les héritiers ». Elle l'a montée avec deux amies, toutes mamans. Au départ, elles allaient courir avec un ami pour « jauger l'atmosphère ». Elle se souvient, amusée, des réactions des hommes sur leur chemin : « Mais pourquoi elles courent, qu'est-ce qu'elles ont ? », s'interrogaient-ils. En quelques mots, elle conclut sur ce tabou du sport, qui explique le peu de coureuses sur le marathon : « J'imagine que ça met des barrières ». Des barrières contre lesquelles elle lutte grâce à l'association, devenue une véritable communauté de sportives. Nombreuses sont celles qui ont peur d'être jugées, surtout pour les plus âgées, alors elles louent des locaux semi-fermés pour les mettre en confiance, à l'abri des regards. « Elles viennent en grand boubou, se déshabillent pour faire du sport et remettent leur boubou pour repartir. Ni vu ni connu ! », raconte la jeune femme de 31 ans.
Le sport, une question de santé publique
Aïcha est infirmière, elle a fait un diabète de grossesse alors qu'elle attendait sa première fille. C'est de là qu'est née son association, d'une prise de conscience autour du bien-être et de la santé. « La nutrition et l'éducation à la santé en général est quasi inexistante au Sénégal », explique-t-elle. Et la nourriture particulièrement riche… Cela crée un « véritable problème de santé publique », souligne Soham El Wardini, maire de Dakar. Elle-même joggeuse, témoigne de l'urgence de faire changer les mentalités concernant le sport. « Des maladies comme l'hypertension artérielle et le diabète font des ravages dans notre pays, nous devons dire aux gens de bouger, de brûler des calories ! ». Si les jeunes en prennent conscience progressivement, les plus âgées ont davantage de mal. Cela dit Soham El Wardini remarque de plus en plus de femmes d'un certain âge sur la corniche, en tenue traditionnelle, en train de marcher.
« Les Sénégalaises, plus préoccupées de leur santé que les hommes, écoutent quand on leur dit de faire du sport », souligne Awa, responsable logistique à la direction des sports de la ville de Dakar. Dans les clubs de randonnée pédestre, elles sont plus nombreuses que les hommes. Elle ajoute, triomphante : « Les sportifs du dimanche, ce sont les femmes ! ». Aux yeux de certains, le sport permet de sublimer les courbes : « Dans certaines familles, les hommes incitent leurs épouses à faire du sport, ils ont vu tout l'intérêt esthétique ! », plaisante Awa. De son côté, Aïcha Fall, s'est inscrite à la danse alors que son mari, sénégalais comme elle, l'encourageait à se trouver une activité sportive. Il voyageait beaucoup, la laissant de longs moments seule à la maison. Sur le village départ, deux jeunes adolescentes discutent, la plus âgée fait du basket, la plus jeune s'apprête à faire 10 km en ballerines. Ce matin, elles sont venues courir le marathon en famille, avec leur père, très fier d'être accompagné de ses filles. Le signe que les mentalités bougent.
LA RÉVOLUTION DU RETOUR AU NATUREL
Des ancestrales coiffures africaines à la libération de leur texture naturelle, les cheveux afro, longtemps stigmatisés, sont aujourd’hui l’objet d’une réappropriation aussi créative qu’émancipatrice
Peigne brûlant, cuir chevelu abîmé ou foulard imposé, voici quelques-unes des pratiques employées par l’entreprise coloniale et esclavagiste sur le cheveu afro, comme le note notamment la sociologue Juliette Sméralda dans Peau noire, cheveu crépu – L’histoire d’une aliénation (Editions Jasor). Depuis des siècles, il est discriminé, animalisé, suspecté d’être moins hygiénique et beau que le cheveu lisse – mais est aujourd’hui célébré pour son potentiel esthétique et engagé.
Mouvement “nappy”
Avant Juliette Sméralda ou encore l’experte Aline Tacite, leurs consœurs anglo-saxonnes s’étaient déjà pensé la capillarité des afro-descendants comme outil sociologique et activiste. Portant fièrement son afro, Angela Davis affichait les liens intrinsèques entre estime de soi, intimité et militantisme. En Amérique, Noliwe M. Rooks, auteure, chercheuse et professeure à l’université de Cornell a écrit Hair Raising – Beauty, Culture and African American Womenen 1996, une petite révolution à l’époque.
En France, ce n’est qu’au début des années 2000 que le sujet commence à émerger, d’abord sur des forums comme Beauté d’Afrik, où les groupes de discussion alimentent la conversation sur la manière dont on peut prendre soin de ses cheveux “au naturel”, sans aucune altération chimique. Ce retour au naturel va être le début de ce que la presse appellera le mouvement “nappy”, qui peut avoir plusieurs traductions, mais est souvent présenté comme la contraction de natural et happy, “heureux d’être soi-même”. Ce processus de retour au naturel s’apparente à une révolution, les femmes noires étant auparavant vouées à se défriser dès le plus jeune âge.
"Une idée de beauté basée sur des normes blanches"
“Il y a toute une génération qui a grandi avec une idée de beauté basée sur des normes blanches. Ce sont des agressions et des traumatismes vécus dès l’enfance, dans les remarques comme dans la violence des pratiques, qui mènent à l’alopécie entre autres”, explique Eymeric Macouillard Gillet, activiste et conférencier. On parle de produits cancérigènes, de brûlures à cause de cette crème composée principalement de soude et d’ammoniaque, deux produits dangereux et utilisés par de nombreux coiffeurs afro pour “discipliner” les cheveux.
“C’est une affaire de domination : le Blanc se désigne à la fois comme la norme et l’idéal, à commencer par l’esthétique. C’est un exercice de contrôle”, ajoute-t-il. Effectivement, difficile d’oublier qu’en 2016, un lycée sud-africain voulait interdire à des lycéennes de laisser leurs cheveux au naturel – ils étaient considérés comme “peu soignés”. Plus récemment, en Martinique, c’est un petit garçon de 4 ans qui a été pointé du doigt en raison de sa chevelure jugée “négligée”.
La blogueuse Fatou N’Diaye contre l'invisibilisation et la discrimination
Depuis, les cheveux afro, texturés, frisés ou crépus sont entrés dans le paysage médiatique. Une visibilité initiée par les premières blogueuses phare de la sphère afro française : Curlidole, BrownSkin ou BlackBeautyBag pour ne citer qu’elles. Cette dernière, plus connue sous le nom de Fatou N’Diaye est de celles qui ont réussi à s’imposer jusqu’à en faire leur métier. Depuis la création de son blog BlackBeautyBag en 2007, elle est devenue un modèle français pour la représentation des femmes noires dans leur ensemble. Coiffure, mode et beauté incluses.
Aujourd’hui égérie pour L’Oréal, son discours est resté le même et valorise la création afro sous toutes ses formes. Avec ses 130 000 abonnés sur Instagram, autant sur Facebook et plus de 13 000 sur Twitter, son succès n’est plus à démontrer. Douze ans après la création de son blog, elle use de sa visibilité pour faire passer des messages, notamment auprès des marques avec lesquelles elle travaille. “En tant que femme noire française, dans une société soi-disant libre, j’ai grandi en ne voyant personne dans les publicités, à la télévision, qui me ressemblait. Cette invisibilisation et cette discrimination me suggéraient que ma beauté ne méritait pas d’être montrée, célébrée ; le défrisage découle de là, d’une pression autour de l’assimilation depuis l’enfance”, dit-elle.
Dans son travail de consulting auprès de nombreuses grandes marques de cosmétiques, elle conseille de ne pas utiliser des mots comme “cheveux indomptables, sauvages, crinières de lionne, car ça nous ramène à une chosification et une animalisation ancienne”.
Le cheveu afro et ses infinies possibilités
Depuis les années 2010, c’est sur le tapis rouge que le combat se mène, avec des célébrités comme Aïssa Maïga ou Lupita Nyong’o qui arborent des coiffures majestueuses, remettant le cheveu afro et ses infinies possibilités sur le devant de la scène. Des mouvements comme Hrach is beautiful (hrachdésigne les cheveux crépus dans les pays du Maghreb) créé par Samia Saadani et Yassin Alamy apportent une autre dimension au sujet, rappelant que les cheveux texturés et les stéréotypes qui vont avec concernent tous les afro-descendants.
De nombreux livres font la part belle à cette chevelure, que ce soit pour les adultes avec des conseils pratiques comme dans Beauté noire – Cosmétiques faits maison pour peaux noires et cheveux crépus (La Plage, 2018) de Michèle Nicoué-Paschoud ou pour les enfants avec un discours sur l’estime de soi (Comme un million de papillons noirs de Laura Nsafou, Cambourakis, 2018).
C’est même une forme d’art : l’artiste capillaire Nadeen Mateky recrée des coiffures ancestrales à la portée symbolique : une coiffe nommée Wata (en référence à la déesse Mami Wata), imagine une sorte de pirogue qui traverse un fleuve ; elle y ajoute raphia, bambou et fil de fer pour montrer avec quelle richesse et quelle diversité peut composer le cheveu afro. “C’est le seul cheveu qui défie les lois de la gravité, il faut le porter comme une couronne”, s’exclament à l’unisson Fatou N’Diaye et Nadeen Mateky.
AUDIO
QUI SONT LES GRANDES FIGURES FÉMININES DU CONTINENT AFRICAIN ?
Tant de femmes ont fait l'Histoire de l'Afrique, comment expliquer qu'elles soient absentes des enseignements ?
Elles sont reines, prophétesses, militantes, et ont contribué à l’histoire du continent africain. Si l’on pense volontiers à la reine Nefertiti, d’autres femmes ont marqué le continent africain à l’image d’Anne Zingha d’Angola, qui a permis d’éviter la colonisation du pays au XVIIème siècle, la Nigériane Funmilayo Ransome Kuti qui a livré un combat exemplaire pour l’émancipation et l’autodétermination des femmes sur l’Afrique de 1923 à sa mort en 1977, ou encore Aoua Keïta, sage-femme, militante et femme politique malienne au XXème siècle. Entre sources orales et écrites, comment s’y prendre pour retracer leur histoire ? Comment expliquer que ces femmes soient absentes des enseignements ?
Avoir une peau lisse et sans aspérités nécessite à la fois des produits de qualité, une routine, et une alimentation saine - Chronique beauté sur RFI avec Aminata Thior, fondatrice de Setalmaa
Pour de nombreuses femmes, la beauté passe par la peau. Elles la veulent lisse et sans imperfections. Pour cela, il faut plusieurs choses : des produits de qualité, adaptés au type de peau. Cela nécessite également d’adopter une routine, et d’avoir une alimentation saine. La vie ici, avec Aminata Thior, fondatrice de Setalmaa.
LES MILLE ET UNE VIES DE MAFALL MBOUP
Un policier radié suite aux évènements d’avril 1987 raconte ses nombreuses vies
Dakar, 15 avr (APS) - Mafall Mboup, 66 ans, a vécu plusieurs vies depuis sa radiation de la police nationale il y a 32 ans, suite aux évènements des 13 et 14 avril 1987 qui ont conduit à cette mesure collective consistant à congédier des cadres des personnels de police, un drame dont il parle avec d’autant plus de détachement que le destin lui a depuis donné une seconde chance de reconstruire sa vie.
M. Mboup, en service à la Brigade mobile de sûreté (BMS) de Diourbel de 1984 à 1987, est une des victimes de la mesure de radiation collective prise par le président Abdou Diouf et entérinée par un vote de l’Assemblée nationale, suite à ce qui a été qualifié de "grève des policiers".
Les 13 et 14 avril 1987, des membres des forces de police basés à Dakar avaient occupé la voie publique pour manifester contre une décision de justice condamnant six de leurs collègues à des peines d’emprisonnement fermes.
Cette manifestation inédite, qui enfreignait en plus les règles statutaires régissant les policiers, était en réalité une occasion de protester contre leurs conditions de vie jugées difficiles, selon des observateurs.
A l’initiative du président Abdou Diouf alors au pouvoir, les députés ont procédé au vote de la loi 87-14 portant-radiation des cadres des personnels des forces de police, soit 1245 policiers au total tout grade confondu.
Cette affaire est en lien avec celle du receleur "Baba Ndiaye" qui serait décédé dans les locaux de la Police où il aurait subi un interrogatoire qualifié de musclé, rappelle Mafall Mboup.
L’agent judiciaire de l’Etat avait fait appel de la condamnation des policiers chargés de l’enquête portant sur cette affaire, mais les agents des forces de police, frustrés par cette situation et déjà fort mécontents de leur sort en général, ont tenu à se faire entendre, a-t-il ajouté.
Avec le recul, Mafall Mboup estime que "cette décision de liquidation des policiers n’était pas une décision souveraine de l’Etat du Sénégal". Il évoque plutôt "un problème politique. L’Etat avait besoin de diminuer (le nombre de) fonctionnaires et cela est tombé sur les policiers", a-t-il soutenu.
Les institutions de Breton Woods avaient demandé à l’Etat du Sénégal de dégraisser la fonction publique, affirme l’ancien policier, ajoutant que la douane était le corps visé à l’époque pour mettre en application ces injonctions des institutions financières internationales.
"Cela n’a pas été notifié par écrit. Nous n’avons reçu aucune lettre pour nous dire si on a été radié ou pas. C’est lorsque je me suis rendu au ministère de Finances pour récupérer mon bon de caisse (placement financier) que je n’ai pas trouvé, que j’ai compris que je faisais partie des radiés", explique-t-il.
"C’était un vendredi. Je me suis dit que c’est la volonté divine, en bon talibé mouride. En tant que croyant, je m’en suis remis à Dieu parce que c’est lui qui décide de tout. Je suis quelqu’un qui fait face aux problèmes qui se présentent à moi en les prenant avec philosophie. J’ai pu, avec la foi, surmonter tout ça", ajoute M. Mboup.
Fonctionnaire brigadier à l’époque (première classe-troisième échelon), il percevait à l’époque "près de 200 mille francs CFA", un niveau de salaire assez important dans les années 1980-1990.
"De retour à la maison, j’ai informé mes épouses de la situation" nouvelle, qui allait avoir des conséquences dramatiques dans la vie de cet agent de police, puisqu’en "(…) en moins d’un an, elles ont commencé à changer d’attitude à mon égard", fait-il savoir, la voix étreinte par l’émotion.
"Elles ont commencé à répéter sans cesse qu’elles vont partir. Finalement je m’en suis remis à Dieu et je les ai libérées et elles sont parties avec mes enfants qui étaient des mineurs parce que le plus âgé avait cinq ans", a ajouté ce père de trois bouts de bois de Dieu à cette période.
La radiation actée pour lui et ses compagnons d’infortune, Mafall Mboup a décidé de changer radicalement de vie pour se consacrer pleinement à d’autres activités pendant 7 ans, avant de voir le bout du tunnel.
Un changement radical pour ce natif de Sigui Diagne, un village de la commune de Ndindy (Diourbel), qui avait intégré la police le 1 er octobre 1975, avant d’être affecté à Kédougou, où il a passé six années, de 1978 à 1984.
"A l’époque, lorsque les choses se sont confirmées, raconte-t-il au sujet de sa radiation, j’ai décidé d’acheter une charrette à eau parce que je ne pouvais pas tendre la main".
"Les gens disaient que j’étais fou", mais puisque "je n’avais personne pour m’aider, j’ai décidé de faire ce travail en disant qu’il n’y a pas de sot métier et il me fallait prendre en charge mes parents dont je suis le fils ainé", indique le policier retraité, passé par l’armée (Génie militaire) dont il avait rejoint les rangs en octobre 1972, avant d’être libéré du service militaire.
Un passé qui le prédestinait à la débrouille. Et de fait, sa nouvelle activité lui permettait de joindre les deux bouts avec un gain quotidien de 3000 francs CFA. Mais du jour au lendemain, le père de famille a perdu l’estime de ses proches, principalement de ses femmes qui ne pouvaient accepter son choix de se reconvertir dans la vente d’eau.
"Elles me disaient d’arrêter la vente d’eau par charrette par pur complexe. Pour elles, c’était dévalorisant de passer de policier à vendeur d’eau en charrette. Pour démarrer cette activité, je n’avais que 100 mille francs CFA, d’ailleurs je n’ai exercé ce travail que pendant 7 mois seulement. Je me suis dit que c’est un métier noble", indique l’ancien policier.
Mafall a touché à presque tous les métiers pour subvenir aux besoins de ses parents qui étaient sous sa responsabilité au sein de sa petite maisonnette en construction à cette époque.
"Heureusement pour moi, je n’étais pas en location, j’avais ma propre maison, même si elle n’était pas assez bien construite. J’ai également fait des activités dans les colonies de vacances, j’ai été journalier à l’usine de la Sonacos entre autres. J’ai touché à tout parce que je ne voulais pas tendre la main. J’ai vécu ce calvaire jusqu’en 1993 lorsqu’on a créé le corps de la police municipale", a-t-il renseigné.
Après cette traversée du désert, le destin est venu lui offrir une occasion de se relancer, avec la création de la police municipale par Abdou Diouf.
"Avec cette nouvelle création, on avait besoin de faire un mois de recyclage après 7 ans d’absence. C’était pour voir notre mental et notre état d’esprit puisque qu’on était resté longtemps sans exercer le métier", note-t-il.
Mafall Mboup a exercé dans ce nouveau corps durant cinq, avant d’être reversé dans "la police d’Etat" en 1998 et de faire valoir ses droits à la retraite. Il demeure toutefois actif, malgré sa retraite et son âge avancé.
"Actuellement, je préfinance les éleveurs qui sont dans le commerce de bétail au niveau des marchés hebdomadaires. Une fois qu’ils ont atteint une assise financière, on se partage les bénéfices, et s’ils ne sont pas en mesure de bien dérouler l’activité, ils me remboursent la somme que je leur avais remis pour le démarrage. Dans un premier temps, je ne finance que deux personnes", précise-t-il.
S’y ajoute qu’après avoir été abandonné par ses deux femmes parties avec ses trois enfants suite à sa radiation, Mafall Mboup a refait sa vie avec une autre femme qu’il juge plus compréhensive.
"C’est en fin 1993 que je me suis remarié et on a eu un garçon et deux filles. Et coup du sort, celles qui m’avaient abandonné ont voulu revenir, ce que je n’ai pas accepté parce que pour moi un couple c’est pour le meilleur et pour le pire. De plus, je ne pouvais plus vivre avec elles parce que j’aurais toujours le souvenir qu’elles m’avaient trahi. Donc ce n’était plus possible", assène-t-il.