La mise impeccable, la casquette bien vissée, le regard droit et le léger sourire qu’elle arbore traduisent une posture assez noble. Mame Rokhaya Lô, capitaine à la gendarmerie nationale, est la première femme pilote dans l’histoire des Armées sénégalaises. Après des études à la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où elle a obtenu un master 2 en commerce et management, en 2011, elle s’est présentée au concours d’entrée à la gendarmerie, en 2012.
Admise sur titre, c’est-à-dire en tant que spécialiste en gestion, elle effectue deux années de formation. Affectée à sa sortie à la compagnie de Rufisque comme adjointe au commandant, capitaine Lô, ambitieuse, se présente à un concours ouvert pour former des pilotes dans la gendarmerie. A l’issue de cette « compétition », elle a été reçue pour entrer dans la troisième dimension : « acquérir des compétences pour piloter des avions ultra légers ». A partir des airs, la mission de la section aérienne de la gendarmerie consiste à participer à la surveillance du territoire national en aidant les unités au sol dans le renseignement par la vidéo, la photographie pendant de grands évènements comme la dernière élection présidentielle du 24 février 2019.
Persévérante, Mame Rokhaya Lô a été très tôt fascinée par la présence des forces de la gendarmerie durant la période du Grand Magal de Touba dans la sécurisation des personnes et des biens. Lorsque le désir de servir sous le drapeau est devenu plus ardent, grâce à des informations fournies par des camarades étudiants, le choix a été vite fait. Cela après avoir pourtant constitué un dossier pour le concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (Ena). Ce pur produit de l’école publique sénégalaise a grandi et forgé son caractère de battante dans la banlieue de Dakar, précisément à Pikine.
C’est au lycée Limamoulaye qu’elle a décroché son baccalauréat série S2, en 2004. « Etre pilote, ce n’est pas évident. Comme nous le disons dans notre jargon, intégrer la « troisième dimension » n’est pas une sinécure, car il faut avoir de solides connaissances scientifiques et techniques, mais surtout travailler avec abnégation, avoir confiance en soi, être méthodique et persévérant dans le travail bien fait. Le pilotage est un travail où le respect des normes sécuritaires en suivant le canevas, la culture de la concentration sur son élément, sont des qualités essentielles pour devenir un bon pilote », indique-t-elle, sereine.
A l’endroit des filles qui aspirent à ce métier, elle conseille : « Elles doivent se dire qu’il n’y a pas de limites à se donner dans l’engagement, le culte du travail, parce que les filles et les femmes excellent dans des domaines où les hommes sont moins performants et vice-versa. Il suffit juste de ne pas avoir peur, de cultiver l’assurance en soi comme les femmes savent le faire au foyer, au sein du cocon familial. Le travail physique dans la formation ne doit pas rebuter les filles, car au Sénégal, comme partout ailleurs dans le monde, il y a des barèmes. Les femmes font le même parcours d’obstacles que les hommes et sont formées dans le même moule que leurs frères d’armes ». Malgré ses charges, en tant que femme capitaine, pilote, elle dit faire de son mieux pour concilier la vie professionnelle et la vie familiale. Il suffit juste, à ses yeux, de faire la part des choses et de bénéficier de la compréhension des parents et de la belle-famille qui prennent le relais dans l’environnement familial chaque fois que le devoir l’appelle.
Y-A-T-IL UN TABOU AUTOUR DU HARCELEMENT SEXUEL EN AFRIQUE ?
La sociologue et professeure au FMI, Hermine Zossoungbo, lève les contours du phénomène de harcèlement sexuel sur le continent, dans un contexte de liberation progressive de la parole des victimes
A l’occasion du récent Fespaco à Ouagadougou, deux actrices ont révélé avoir été la cible de harcèlement et d'agressions sexuels. Elles ont lancé le mouvement Mêmepaspeur, un Metoo africain tardif mais salutaire. Comment libérer la parole des femmes sur cette question ? Du monde de l’enseignement, à l’entreprise ou même l’Église, quelles solutions pour lutter contre ce fléau ? Hermine Zossoungbo donne quelques éléments de réponse sur le plateau de VOA Afrique.
PAR NDEYE FATIMA NDIAYE
LE PRINCE ET LA SERVANTE
Il reste encore du chemin à faire pour atteindre le plein épanouissement des femmes dans la société sénégalaise - Pourquoi devrions-nous être inférieures au jugement de l’homme ?
Le 8 mars est une journée importante célébrée partout à travers le monde. C’est l’occasion pour toutes les sociétés de mesurer les progrès faits et ceux à entreprendre pour améliorer le sort de la gente féminine. Mais où en est le Sénégal quant aux droits de la moitié de sa population ?
Certes nous avons aujourd'hui de plus en plus de femmes instruites et professionnellement bien établies. Néanmoins, il reste encore du chemin à faire pour atteindre le plein épanouissement des femmes dans la société sénégalaise. Au sein même du noyau familial, des pratiques sociétales ancrées dans notre culture relèguent toujours la femme au second plan ou jettent les bases d'un confinement de la femme à un rôle secondaire. En effet, très tôt dans l’éducation des enfants sénégalais, on note déjà une disparité flagrante entre les petites filles et leurs frères. Les garçons peuvent aller jouer au ballon pendant que les filles doivent rester pour faire la vaisselle et autres travaux ménagers. La sœur doit faire le linge de son frère. Les garçons ont le droit d’aller dehors tard le soir. La fille se doit de rester au côté de sa mère pour apprendre à être une femme, une bonne épouse plus tard. Ne dit-on pas d’ailleurs que taarou jigguen mooy seuy ? (La beauté d’une femme réside dans le mariage). À quelle époque de l'évolution sociale la femme a-t-elle cessé d'être un être à honorer pour ne devenir que la servante du prince sénégalais ?
La femme sénégalaise se doit d'être parfaite : belle, raffinée et toujours aux aguets pour satisfaire les moindres caprices culinaires où encore charnelles de papa chéri. Il suffit d'aller aux marchés Sandaga ou HLM pour constater tout l'arsenal de séduction existant de la femme pour satisfaire son homme. Que fait l'homme pour séduire la femme sénégalaise ? Nada. Car la jonguéité est affaire de femme, tout comme l'exemplarité et le dévouement au foyer. Dans le monde occidental, la femme se bat pour acquérir l'égalité avec l'homme dans les salaires, les responsabilités... Il y a encore beaucoup de choses à améliorer cependant. Mais dans nos pays, notamment au Sénégal, la femme se bat pour être considérée comme un être à part entière et cesser d'être l'enfant de son père ou la femme de son mari. Il suffit de parcourir les téléfilms sur le web pour en faire le malheureux constat.
Une nouvelle télésérie Maîtresse d’un homme marié a fait son apparition après Pod et Marichou ou encore Mbetel de Rouba Seye... Des femmes exemplaires de par leur docilité et soumission à leurs chers maris... Dans l’épisode 11 de la semaine passée, on y voit Birame, jeune homme sans ambition, qui sort tous les soirs se soûler, y battre violemment sa femme, Djalika, jeune belle femme, brillante au travail, qui prend en charge toutes les dépenses du foyer. Sa belle-mère, complice, dormant dans la chambre d’à côté, n’a même pas daigné intervenir et arrêter son fils qu’il adore par-dessus tout le monde. Ceci est devenu habituel au petit écran sénégalais. Comme dans les téléfilms que j’ai cités plus haut. Normal, me diriez-vous. Ce sont des hommes qui écrivent les scénarios. Ils ne font que relater leur fantasme du monde idéal patriarcal. Et dire que la société sénégalaise a déjà été en majorité matrilinéaire ! Et dans le monde du vedettariat, il n’est pas rare d’entendre qu’untel a battu sa femme. N’a-t-on pas entendu un célèbre lutteur excuser son forfait au fait qu’en battant sa femme, il a enfoncé son bras dans le mur ? Et un autre rockeur-mbalax-man défoncer le visage de sa femme célèbre mannequin… Et le tout sans qu’ils ne soient traduits en justice pour voie de faits. Alors, on ne peut qu’imaginer le désarroi des femmes anonymes qui vivent cette violence physique et psychologique en silence. Car jigguen dafay mougn (la patience dans l’épreuve est une qualité chez une femme).
Devant tant de misogynie, oui, c’est bien de mépris qu’il s’agit – de discrimination des genres et de maltraitance - la femme que je suis ne peut que s’indigner et sensibiliser mes jeunes sœurs, nièces et filles que non, nous ne méritons pas un tel traitement.
Nous sommes toutes et tous nés d’hommes et de femmes et sommes égales et égaux devant le jugement divin. Pourquoi devrions-nous être inférieures au jugement de l’homme ? Nos grand-mères ont été des Reines et des Princesses. Si vous en doutez, allez lire l’histoire d’Aline Sitoé, Yacine Boubou et ses consœurs. Ces femmes de Ndër qui, un mardi du mois de novembre 1819, se sacrifièrent collectivement pour ne pas tomber entre les mains d’esclavagistes maures. Des femmes dignes dont je salue le courage pour avoir choisi la mort plutôt que de perdre la dignité. Car la dignité est humaine et dans ce cas-ci bien féminine.
Femmes Sénégalaises, ne sommes-nous pas dignes filles de ces reines héroïques ?
CES PAYS AFRICAINS QUI DONNENT L'EXEMPLE DE LA PARITÉ AU PARLEMENT
Le Sénégal se classe 10e avec environ 42 % de femmes à l'Assemblée nationale - Ces progrès n’ont pas été sans volonté politique forte, pour battre en brèche un patriarcat encore vivace
Six Etats africains figurent parmi les 20 du monde ayant le plus de femmes au Parlement. Le Rwanda arrive en première position, avec 61 % de femmes députées contre une moyenne mondiale de 24 %. Avec la Namibie, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Mozambique et l’Ethiopie, ce pays marque une longueur d’avance africaine en matière de parité.
Les pays scandinaves et latino-américains ne sont plus les seuls à pouvoir se targuer d’avoir fait le plus d’avancées en termes de parité hommes-femmes dans la représentation politique. Premier de la classe depuis plusieurs années, le Rwanda devance en effet dans cet ordre Cuba, la Bolivie, le Mexique et la Suède, selon les chiffres 2019 de l’Union interparlementaire, un organisme suisse qui fait référence, en collectant les données à travers le monde.
Avec 46,2 % de femmes au Parlement, la Namibie se classe 7e, entre Grenade et le Costa Rica. Viennent ensuite l’Afrique du Sud et le Sénégal, 10e et 11e avant la Finlande, avec environ 42 % de femmes au Parlement respectivement. Quant au Mozambique (39,4 %), il se classe 17e après la France, et l’Ethiopie (38,8 %) 19e après l’Argentine. Se distinguent également la Tanzanie, le Burundi, l’Ouganda, le Zimbabwe, le Cameroun et l’Angola, avec plus de 30 % de femmes parlementaires.
Des gouvernements paritaires en termes de genre dirigent par ailleurs le Rwanda, les Seychelles et l’Ethiopie où une femme est présidente depuis octobre 2018. La diplomate Sahle-Work Zewde a ainsi quitté le système des Nations unies pour rejoindre une liste d’une dizaine de femmes ayant été chefs d’Etat en Afrique.
Des quotas dans les Constitutions
Ces progrès n’ont pas été sans volonté politique forte, pour battre en brèche un patriarcat encore vivace. Plusieurs pays affichent aussi en Afrique parmi les plus faibles niveaux de femmes députées au monde. Le Nigeria se classe dernier (5,6 %), après le Bénin, la Centrafrique, le Mali et le Botswana (entre 7 % et 9,5 %).
Dans certains pays en situation post-crise ou post-conflit, des mesures fortes ont été adoptées en faveur de quotas. La Constitution de 2003, au Rwanda, a notamment établi « l’attribution d’au moins 30 % des postes aux femmes dans les instances de prise de décision de l’Etat ». Un quota préconisé en 1995 par la Déclaration de Beijing lors de la conférence mondiale sur les femmes, et largement dépassé depuis au Parlement rwandais. Cette volonté politique « correspondait à la réalité du Rwanda après le génocide, les femmes représentant 70 % de la population », explique Tito Rutaremara, qui a participé à la rédaction de la Constitution. Elle s’aligne aussi sur une politique de promotion des femmes menée par le Front patriotique rwandais (FPR) à tous les niveaux.
Parmi les pays d’Afrique ayant inscrit un quota de 30 % de femmes au Parlement dans leur Constitution figurent l’Ouganda (34,9 % de femmes députées), le Burundi (36,4%), la Tanzanie (37,2 %) et le Soudan du Sud (28,5 %). Au Kenya, un projet de loi est en cours de discussion, pour faire passer les femmes au Parlement de 22 % actuellement au tiers des sièges, comme le prévoit la Constitution de 2010, qui tarde à être appliquée.
Lois électorales et quotas dans les partis
Au Sénégal, c’est une loi électorale sur la parité « absolue » qui a tout changé en 2010. Adopté sous la pression d’une coalition de femmes de tous les partis, le texte stipule que 50 % de femmes doivent figurer sur les listes de tous les scrutins, avec un système précis alternant hommes et femmes pour éviter que ne soient inscrits 10 hommes en premier, et les femmes ensuite. Résultat : lors des législatives de 2012, la part des femmes au Parlement a bondi de 22 % à 42 %. La Côte d’Ivoire a emboîté le pas le 7 mars 2019, en adoptant une loi établissant un quota de 30 % de femmes sur les listes de candidats aux législatives, sénatoriales et les élections locales.
D’autres pays voient les partis politiques remplir des quotas, parfois de façon spontanée, sans contrainte légale. L’engagement historique des femmes dans la lutte contre l’apartheid et la puissance de la Ligue des femmes du Congrès national africain (ANC) expliquent ainsi leur essor en politique en Afrique du Sud. L’ANC a adopté de son propre chef un quota du tiers des candidates sur ses listes dès 1994. Les femmes ne sont pas seulement présentes au Parlement, où elles n’étaient que 2,7 % avant 1994. Elles sont aussi passées de 33 % à 41 % des membres du gouvernement entre 2004 et 2016.
Des avancées purement cosmétiques ?
Certaines n’en contestent pas moins ces avancées comme peu représentatives de l’état des sociétés concernées. Au Sénégal, la loi sur la parité n’a rien changé à des inégalités de genre enracinées, selon la sociologue et féministe Fatou Sow. « Il n’y a pas d’égalité dans une société patriarcale, estime-t-elle. Les hommes dominent, même dans les organisations sociales matrilinéaires où les oncles maternels et les frères occupent une place centrale. Les hommes affirment par ailleurs que le discours sur l’égalité est "occidental". Ils estiment que la culture "porte le respect des mères", etc. L’opinion publique - quelquefois féminine hélas - en est généralement bien d’accord. »
En Afrique du Sud, l’essor des femmes en politique concerne aussi le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), qui compte parmi les plus jeunes femmes noires députées avec Hlomela Bucwa, 25 ans, et Gwen Ngweya, 28 ans. Au Rwanda, l’avancée des femmes en politique est encadrée par l’hégémonie du Front patriotique rwandais (FPR), au pouvoir. Deux opposantes qui voulaient se porter candidates à la présidentielle, Victoire Ingabire et Diane Rwigara, ont ainsi été emprisonnées avant d’être libérées, en septembre et octobre dernier, peu avant que l’une des femmes les plus puissantes du Rwanda, Louise Mushikawabo, ancienne ministre des Affaires étrangères, n’accède au poste de secrétaire générale de la Francophonie.
PAR JEAN PIERRE CORRÉA
ROSE ANGELE FAYE, FEMME D’ACTIONS ET DE GRÂCES
Le Sénégal et l’Afrique tiennent en Rose-Angèle Faye, une dame qui c’est sûr, veut concrétiser ses rêves pour ceux qu’elle aime, et auxquels elle dit tous les jours que l’on « peut viser la lune et atteindre les étoiles »
Cette « Journée des Droits de la Femme » célébré ce 8 mai interroge tous les sénégalais sur la place qu’ils donnent aux femmes de ce pays, qu’elles soient leurs épouses, leurs mères, sœurs ou collègues dans la vie de notre pays. Cependant, certaines d’entre elles portent le flambeau de cette cause partout où elles agissent, et travaillent à cette émergence de notre Sénégal tant appelée des vœux de nos dirigeants, et travaillent à aider leurs concitoyens avec discrétion mais efficacité, notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation. C’est le cas de Madame Rose-Angèle Faye, dont nous dressons ici le portrait.
Raconter l’histoire de cette femme singulière et attachante, est un pur bonheur, agrémenté du sentiment ludique de jouer comme à « saute-moutons » en voulant évoquer un parcours jalonné de curiosités revendiquées, de culot assumé, de volonté assurée, et d’un réjouissant savoir-faire. Rose-Angèle Faye, c’est avant tout une histoire de racines et d’ailes qui l’ont portée vers des ailleurs fécondants.
Son port d’ancrage est choisi et ce sera Yenguélé, village niché au cœur du Sine. Les parents, dont le papa enseigne alors, sont appelés à traverser le Sénégal du Sud au Nord où la jeune Rose exhibe ses pétales au Poulhar et à d’autres langues des terroirs habités. Alors, elle va dérouler le cursus d’une belle élève, dont le curriculum serait une litanie d’excellence, et qu’il est plus juste de voir comme la sculpture de l’écrin qui va abriter ses rêves. Du Lycée d’Excellence Mariama Bâ à Gorée jusqu’à l’école de Commerce de Nancy, elle sait que pour « faire », il lui faudra « pouvoir », et s’arme, en polyglotte, du russe et de l’anglais. Les yeux ronds ouverts sur le Monde, elle s’abreuve d’universalité, forge les outils qui vont dessiner son parcours, et capitalise ses émerveillements. Elle sait aussi que quand le Monde est méchant et qu’on veut le changer, il convient d’en faire une affaire personnelle. Elle s’en donne alors les moyens et vouera son énergie créatrice à endurcir sa colonne vertébrale et à respecter son serment au bénéfice de Yenguélé, aux confins de Fatick, havre de paix pour 1 300 habitants. « Le port de mes éternels retours », dit-elle, conciliant sans soucis les deux parties de sa vie, arguant que « l’avenue Montaigne où elle a ses bureaux est pareille que Yenguélé ». Sur son seul nom, et sur la confiance qu’elle suscite, elle aimante les actes de générosité et fédère l’engagement de ses amis et de ses réseaux, pour équiper des structures sanitaires en matériels médicaux, dans de nombreuses contrées du Sénégal. « C’est mon devoir de remboursement », souligne, sereine, celle qui est partie faire ses études supérieures avec une bourse de 297 euros.
Encouragée dans ses actions humanitaires par l’organisation non gouvernementale française «Hôpital assistance international», elle obtient pour l’Hôpital Militaire de Ouakam à Dakar pour un milliard de matériel médical et paramédical. Rose-Angèle Faye travaille aussi avec l’Hôpital Principal de Dakar, administré avec sérieux, compétences et détermination par les Forces Armées du Sénégal. A travers ces expériences humanitaires bien menées, elle a tissé un lien très fort avec les militaires sénégalais, dont elle ne cesse de dire l’importance dans la cohésion de notre nation. La ville Sainte de Tivavouane reçoit de Rose-Angèle Faye un important lot de matériel médical. Son activité humanitaire rencontre l’œcuménique. Serigne Habib Sy Mansour, porte-parole de la Tidjanya, a ainsi souligné que «ce geste très noble provient d’une fille de l’église à l’endroit des musulmans», avant d’affirmer que «cela symbolise la belle entente qui lie chrétiens et musulmans au Sunugaal et qui facilite le dialogue inter-religieux.
Bien évidemment, les plus hautes autorités du Sénégal adhèrent aux actions humanitaires de Rose-Angèle et la soutiennent dans toutes ses initiatives, surtout lorsque celles-ci honorent le Sénégal et son histoire. Cette dame ne faisant rien de banal, a encore innové en faisant à son papa Joe Latyr Faye, le sublime cadeau de lancer au mois de janvier dernier, son livre sur « L’Histoire du Sine d’Hier », dans une communauté rurale, au cœur du Royaume Sérère, en présence, excusez du peu, du chef de l’état sénégalais, le Président Macky Sall, il est vrai natif de la région. Cela démontre juste que c’est parce qu’elle sait donner, qu’elle reçoit aussi tant de grâces.
Le Sénégal et l’Afrique tiennent en Rose-Angèle Faye, une dame qui c’est sûr, veut concrétiser ses rêves pour ceux qu’elle aime, et auxquels elle dit tous les jours que l’on « peut viser la lune et atteindre les étoiles ». Une véritable « Dame de Faire ». Puisqu’on vous le dit…
CŒUR VAILLANT !
Gérante de l’établissement Siggil Jiguène implanté au cœur du populeux quartier de Cité Lamy, à Thiès, Awa Thiandoum, la cinquantaine, est perçue dans le Diobass comme une vaillante femme de développement, s’active dans l’agro-alimentaire.
Entre¬pre¬nante jusqu’au bout des ongles, elle découvre à travers ses activités, une révolution silencieuse, autrement dit, l’émergence de l’agriculture biologique.
Du haut de ses 50 ans et de son 1,74m, Awa Thiandoum est une femme qui force l’admiration. «Je m’active dans le développement socio-économique des organisations des Pme et des Pmi, principalement dans le secteur agro-alimentaire.» Partici¬pante en 2008 d’un séminaire sur le thème : «Quelle agriculture pour le Sénégal», le virus de la transformation des produits locaux s’est vite installé en elle, depuis qu’elle a décidé de tourner le dos à ce qui aurait dû être sa profession : «Enseignante (Professeur)» ! «Ça n’a pas marché dans la mesure où je n’ai pas fait le concours. Ensuite, j’étais issue d’un milieu un peu défavorisé parce que j’ai perdu mon père à l’âge de 5 ans. C’est ma mère qui s’est battue pour m’inscrire et me maintenir à l’école.»
La titulaire d’un duel 2 en géographie à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), née à Thiès en 1969, après le bac en poche en 1991, s’est finalement résignée. «Ce n’était pas facile, mais je me suis lancée dans le marché du travail tout en poursuivant ma formation. Et c’est en 2002 que j’ai fait le choix de devenir l’appui technique de mes parents producteurs, avant de me frayer une place dans le monde rural et urbain.» De nature très ambitieuse, Mme Thiandoum se fixe comme objectif de réussir pour survivre, vivre à la sueur de son front. Et la voilà qui suit une formation de capacitation en développement rural et gestion des organisations à la Maison familiale rurale de Notto Diobass, de 2003 à 2006. «J’ai eu mon Cap, ce qui m’a forgée dans le développement. C’est une formation qui m’a permis de faire un stage en 2005, en élevage laitier, en syndicalisme agricole et en aviculture en France.»
Depuis, elle enchaîne les formations. «J’ai fait l’informatique d’abord. Ensuite, quand je me suis intéressée à l’agro-alimentaire, j’ai fait une formation à l’Institut de technologie alimentaire (Ita), en 2009, sur les nouvelles techniques de transformation des céréales, fruits et légumes», souligne-t-elle. Aujourd’hui, elle se trouve à la tête d’une entreprise familiale. «Ma principale préoccupation c’était vraiment de subvenir aux besoins de mes parents. Mais aussi et surtout de contribuer à l’émergence de l’économie locale de mon terroir, mon si cher Diobass natal. C’est pourquoi je me suis intéressée davantage à l’agriculture, mais surtout à créer de la valeur ajoutée sur nos produits agricoles. Il s’agit du mil, du maïs, du niébé et parfois du riz local.»
Mère célibataire ayant sous sa responsabilité trois enfants, Mme Thiandoum dit faire un chiffre d’affaires annuel de 4,5 millions F Cfa. «J’ai créé mon entreprise avec mes propres moyens. J’ai démarré avec 50 mille F Cfa et aujourd’hui j’arrive à me débrouiller avec mes 13 employés (trois permanents et 10 temporaires). Nous produisons à Diobass et nous transformons ici à Thiès. J’ai pu créer ma propre chaîne de valeur», se réjouit la dame au teint noir anobli par un regard ravageur. Elle dit : «Je travaille aussi dans l’économie sociale solidaire parce que l’entreprise, c’est une société familiale qui est gérée par les membres de cette dernière et on se partage les recettes de manière équitable tous les 6 mois. Et aujourd’hui nous rendons grâce à Dieu parce que nous nous en sortons bien.»
Très déterminée et plus que jamais engagée, Mme Awa Thiandoum, aujourd’hui, ambitionne vraiment de titiller le marché international. «Mainte¬nant qu’on nous connaît dans le marché local, nous voulons conquérir le marché international. C’est notre challenge», dit-elle. Déjà, la brave dame a voyagé un partout à travers le monde. «J’ai participé au Salon du goût en 2016, à Torino, où j’ai fait une démonstration culinaire et animé une séance de dégustation sur le ‘’café Touba’’ et le ‘’café Niébé’’. Aussi nous avons participé au Festival alimentaire, en 2015 en France.»
Signalons que l’entrepreneure a même été l’invitée du Plateau de Tv5 en marge de la Cop21 en 2015, pour débattre de l’agriculture naturelle et biologique, et ses enjeux internationaux. La gérante de l’établissement Siggil Jiguène, qui dispose aujourd’hui d’un espace commercial sis au quartier Cité Lamy, à Thiès, en plus d’un autre de production dans le Notto Diobass, rêve de développer considérablement son business.
ETOILE DU NORD !
Korka Diaw, productrice de riz et chef d’entreprise. Elle n’est ni intellectuelle ni politique mais Korka Diaw est certainement aujourd’hui l’une des femmes les plus influentes du Nord et même de notre pays.
Née en octobre 1958 à Richard Toll, Korka, comme on l’appelle, a quitté l’école en classe de Cm2 avant d’être donnée en mariage.
C’est un exemple de persévérance. A l’opposé de ses camarades, elle a vaincu la fatalité qui les condamnait à devenir des ménagères. Korka Diaw est une héroïne à Richard-Toll. Elle a débuté sa riche carrière dans les affaires par un maigre capital : avec 10 mille F Cfa, elle s’engage en 1976 dans la vente de la friperie, puis avec ses économies elle se paie un réfrigérateur et emploie trois personnes pour la vente de crème glacée.
Quelques années après, Korka Diaw décida de s’essayer au tissage et à la vente de tissus. Elle emploie des tisserands venus de la Casamance et du Fouta pour la confection de pagnes Mandjack écoulés à Richard Toll, à Dakar et en Mauritanie. Ses économies devenues plus consistantes, Korka voit ensuite grand. Elle ouvre une boutique pour la vente de divers objets dont des ustensiles de cuisine, des matelas et des tissus. L’appétit venant en mangeant, elle décide de se lancer dans l’agriculture sans même en maîtriser les techniques les plus élémentaires. Elle s’en ouvre à un de ses amis, feu Ndarao Diagne, qui lui prête 1 ha et demi. Une surface qu’elle exploite avec beaucoup de difficultés mais avec de très bons rendements qui ont fait de cette activité une expérience bien concluante. Elle décida alors de ne pas s’arrêter, elle prit l’option de donner à son activité agricole une dimension beaucoup plus grande. Pour relever ce défi, elle sollicite des terres de l’ancienne communauté rurale de Ronkh. Le Pcr de l’époque lui octroie 30 ha qui malheureusement ne lui serviront pas à grand-chose car lui permettant seulement de s’adonner à la culture maraîchère alors que son objectif principal était de produire du riz. Déçue mais loin de lâcher prise, Mme Diaw introduit une nouvelle demande et obtint une nouvelle fois 30 ha mais cette fois-ci pour cultiver du riz. Quelques années après, l’exploitation sera agrandie avec une nouvelle acquisition de 150 ha.
Disposant d’assez de terres pour mener à bien l’activité de ses rêves, elle se heurte cependant aux problèmes de moyens, obligée de faire des kilomètres à pied pour s’occuper de son activité, elle se heurte aussi à l’insuffisance de matériel agricole et à l’accès difficile au financement. Les difficultés s’accumulent d’ailleurs avec les pluies de contre saison de 2000 et 2002 qui frappent le Nord du pays. Comme beaucoup de producteurs, elle subit d’énormes pertes de production. Korka Diaw ne cède pas pour autant au découragement. Son courage et sa ténacité en bandoulière, elle relance ses activités de production et réussit à se faire une place dans le cercle restreint des grands producteurs de la vallée à la faveur des nombreux aménagements faits par le gouvernement, qui a équipé les producteurs.
Aujourd’hui, elle est une sucess story. Elle dispose d’un important parc de matériels agricoles composé entre autres d’une moissonneuse-batteuse d’une valeur de 100 millions F Cfa subventionnée par l’Etat et d’un tracteur dont le prix est estimé à plus de 40 millions. Comme toujours elle décide de s’essayer à autre chose. En effet, à côté de ses activités de production, elle se lance dans la transformation en ouvrant en 2008 une unité de transformation du riz Paddy. Là également les débuts sont difficiles, l’unité de transformation ne disposant pas de trieuse et de nettoyeuse, éléments indispensables, le riz produit est de piètre qualité.
Armée de sa ténacité, elle se dote des moyens d’acquérir une rizerie digne de ce nom d’une valeur de plus de 100 millions de F Cfa, qui lui permet de mettre sur le marché du riz de très bonne qualité. L’unité installée à Richard Toll, pour marquer son attachement à son terroir, produit plusieurs milliers de tonnes de riz blanc par année, écoulé sur le marché national. Toutes ces activités font de Korka Diaw une véritable chef d’entreprise. La production de riz lui permet en effet d’employer 38 personnes en permanence alors que pour la transformation, elle a engagé 28 personnes soit 60 emplois directs en plus des centaines de journaliers qui à chaque fois que le besoin se fait sentir sont engagés pour des tâches ponctuelles.
Tous ces efforts ne sont pas restés vains car Korka Diaw est aujourd’hui devenue l’une des femmes les plus influentes du Nord et dans le milieu de la production et de la transformation du riz qui rythme désormais son quotidien. Cette reconnaissance, elle l’a aussi obtenue aussi auprès des autorités étatiques en gagnant le Grand prix du chef de l’état pour les femmes en 2008, un prix qu’elle avait reçu des mains du Président Abdoulaye Wade et pour avoir été élevée au grade de chevalier de l’Ordre national du mérite par le Président Macky Sall compte non tenu des nombreuses autres distinctions reçues des organisations paysannes nationales et internationales surtout à l’occasion des foires organisées hors du pays et auxquelles elle participe souvent. Cette réussite ne surprend guère car, se rappelle-t-elle, dans son enfance alors qu’elle était sans revenu, elle pêchait déjà de petits poissons dans le fleuve Sénégal pour les frire et les revendre dans la rue devant sa maison familiale. A l’occasion de la célébration de la journée du 8 mars dédiée aux femmes, Korka Diaw, comme elle en a l’habitude, porte le plaidoyer : elle invite le gouvernement à leur faciliter l’accès à des financements à long terme et à travailler pour l’amélioration des aménagements. Il pourrait contri¬buer à améliorer les conditions de vie des femmes paysannes qui ont besoin d’être soutenues.
LES FILLES A L’EPREUVE DES TOILETTES INADEQUATES
Sud Quotidien se propose de revenir sur la scolarisation des filles à l’école au Sénégal, en mettant l’accent sur les obstacles liées à leur maintien et percée dans le domaine de l’éducation
La Journée internationale des femmes, célébrée tous les ans le 8 mars, a pour thème cette année «Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement». Cette thématique propose de réfléchir aux moyens innovants permettant de faire progresser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, notamment dans les domaines suivants: les systèmes de protection sociale, l’accès aux services publics et la construction d’infrastructures durables. Bref, le 8 mars est une journée de manifestations à travers le monde, l’occasion de faire un bilan... pour un sursaut vers l’effectivité de l’équité et l’égalité homme femme. Certes ! Sud Quotidien se propose de revenir sur la scolarisation des filles à l’école au Sénégal, en mettant l’accent sur les obstacles liées à leur maintien et percée dans le domaine de l’éducation. Et, en plus des pesanteurs socioculturelles, l’environnement scolaire, notamment l’inadéquation des toilettes, constitue un des freins à cette réussite. Or, une bonne éduction et formation des filles permettra à la gente féminine d’intégrer toutes les instances de décision et de faire bouger les barrières de l’équité et l’égalité qu’elles ne cessent de revendiquer. Pour le grand bonheur de l’humanité.
LES TOILETTES DU CEM BLAISE DIAGNE DANS UN ETAT PITEUX : Des filles en appellent à l’aide de l’Etat et l’IA pour la réhabilitation
Les filles du CEM Blaise Diagne éprouvent d’énormes difficultés pour utiliser les toilettes de leur établissement, parce qu’elles sont dans un état de délabrement avancé et d’insalubrité indescriptible. Suffisant pour qu’elles demandent de l’aide à l’Etat et à l’Inspection d’académie de Dakar. Dans le cadre du 8 mars, nous y avons fait un tour.
Au CEM Blaise Diagne, les filles ont des problèmes à accéder aux toilettes de l’établissement à cause de l’état de délabrement avancé et l’insalubrité. Devant ce bloc sanitaire séparé en deux box, l’on peut lire sur le mur les mentions «Toilettes filles», d’un côté, et, de l’autre, à gauche, se trouvent les toilettes des garçons.
Ces toilettes sont impénétrables à cause de la saleté. On ne se croirait pas dans un établissement public de la capitale du Sénégal. A l’entrée, l’eau coulant des robinets qui ne se ferment plus se déverse sur les éviers. Et, à ce niveau, on sent l’odeur des urines qui empeste. Une fois sur le planché, c’est le comble; tout est mouillé. On a même pas où poser les pieds. On voit de l’urine partout, même des selles qui flottent devant les portes de ces toilettes.
Interrogé sur l’accès aux toilettes, MLD élève en classe de 3ème se confit: «je n’utilise pas ces toilettes car depuis que je suis là, il y a de cela quatre ans, ces toilettes sont toujours salles, elles sont bouchés. Si je veux me soulager, je vais chez ma sœur qui habite dans les parages ou je me retiens jusqu’à la maison. Des fois, quant on sort pour aller se soulager, on accuse du retard et d’autres professeurs ne tolèrent pas les retards. Je demande très sincèrement à l’Etat et à l’Inspection académique de Dakar de nous construire des toilettes, nous en avons vraiment besoins. Nous sommes exposées à toutes sortes de maladies».
A.S est venu dans ce CEM cet année, elle confie n’être «jamais rentré dans ces lieux, parce que je n’habite pas loin d’ici. Si je veux me soulager, je vais à la maison». Et AN élève en classe de 3ème, qui étudie dans cet établissement depuis la 6ème d’ajouter: «j’utilisé rarement ces toilettes. Si j’ai un besoin pressant, j’entre dans les toilettes mais sinon je vais chez moi à Niary Tally».
Une élève qui préfère garder l’anonymat embouche la même trompète. «Je n’utilise pas ces toilettes. Lorsque j’éprouve le besoin, je vais derrière le bâtiment. Je préfère que les gens me voix que d’entrer dans ces toilettes». NKN est aussi dans le même cas. «Je n’entre pas dans les toilettes. Si je veux me soulager, je vais chez une amie de classe qui habite de l’autre côté.»
LES AUTORITES SAISIES TARDENT A REAGIR
Le constat est que toutes ces filles sont conscientes du danger qu’elles en courent, mais elles sont impuissantes. Elles disent toutefois n’avoir jamais fait la remarque encore moins informer des responsables de l’établissement.
Interpelé sur le fait, le principal du CEM Blaise Diagne, M. Diallo dit explique. «Je suis là depuis octobre dernier. Mais le constat est que, en dehors des toilettes, il y a les bâtiments de l’école aussi qui ont vieilli. Notre budget ne peut pas prendre en charge la réhabilitation des toilettes. Mon prédécesseur a écrit au préfet de Dakar qui est venu visiter l’école, avec tous sont staff. Mais depuis lors, rien n’est fait», déclare-t-il.
DEFIS ET ENJEUX D’UNE LUTTE QUI EXIGE PATIENCE ET PERSPICACITE !
Les violences contre les filles sont toujours actuelles dans la région de Sédhiou et ce, malgré une synergie des organisations de lutte contre le phénomène.
Les violences contre les filles sont toujours actuelles dans la région de Sédhiou et ce, malgré une synergie des organisations de lutte contre le phénomène. Ces violences morales, physiques et psychiques traumatisent les victimes qui, très souvent abandonnent l’école. Les grossesses et mariages d’enfants en sont les plus récurrents. Le CRESCOFI déplore, l’artiste Coumba Gawlo Seck, dans une tournée de l’UNICEF, invite à la dénonciation des auteurs.
Les pesanteurs sociales et culturelles qui s’opposent à la scolarisation des filles sont diverses et variées dans la région de Sédhiou. La présidente du Comité départemental des enseignantes pour la promotion de la scolarisation des filles (CDEPSCOFI) cumulativement en charge de Comité régional (CREPSCOFI) indique que «les contraintes qui obstruent le chemin de l’école aux jeunes filles sont pour l’essentiel les grossesses et mariages d’enfants, les harcèlements au niveau des écoles par le fait des garçons et des professeurs qui leur proposent souvent des avantages comme de bonnes notes ou même des billets de banque. L’autre phénomène le plus en vue ces temps-ci, ce sont les conducteurs de motos-taxis Jakarta qui, également, leur propose des courses dites gratuites ou des sommes d’argent en contrepartie de leur féminité», a fait observer Mme Khardiata Mbengue.
Des cas de viol sont rarissimes, s’ils ne sont tout simplement pas inhibés du grand public, s’accorde-t-on à dire dans la ville. «Il s’y ajoute des cas de maltraitance par des tuteurs du fait des travaux pénibles soumis à leur effort et qui ne leur permettent pas d’étudier correctement à la maison», relève-telle. La présidente du CRESPCOFI dit aussi avoir constaté dans les rues de Sédhiou de petites filles originaires des villages de Badiary, Bouno et de Malifara qui sont utilisées pour le petit commerce de bananes et autres denrées alimentaires. Cette utilisation abusive et inconsidérée des filles dans le petit commerce s’appuie aussi sur la croyance selon laquelle la place de la fille, c’est au foyer et aux côtés de sa maman.
DES STRATEGIES COMMUNES DE LUTTE CONTRE LE MAL PERSISTANT !
Nombreuses sont à Sédhiou des organisations qui interviennent dans la lutte contre les violences faites aux filles, lesquelles violences les détournent du chemin de l’école. Outre les SCOFI, le comité départemental de la protection de l’enfant (CDPE), l’ONG Enfance et Paix, l’Association de développement le Gabou de concert avec son partenaire OSIWA, il y a le Centre académique d’orientation scolaire et professionnelle (CAOSP), le Centre conseil Ado, les structures de santé publique, la boutique de droit de l’AJS et autres organisations féminines constituées.
COUMBA GAWLO SECK DANS LA MISSION DE UNICEF PRECONISE LA DENONCIATION
En milieu rural, les barrières de la discrimination à l’endroit des jeunes filles tardent toujours à tomber. Lundi dernier 4 mars, l’UNICEF a effectué une mission de coordination et de partage avec les acteurs constitués ainsi que les autorités administratives et locales de Sédhiou. A cette occasion, l’artiste Coumba Gawlo Seck a insisté sur «la dénonciation comme acte dissuasif à l’encontre des auteurs. L’application des sanctions aidera également à combattre le mal», a-t-elle notamment déclaré.
Quant à la petite Joséphine Codou Diatta, la présidente du Conseil consultatif des enfants, elle invite les adultes et les organisations constituées à «créer une synergie autour des urgences qui freinent la promotion de nous enfants et jeunes filles en particulier pour veiller à notre protection». Certes le chemin est long et le combat difficile dans un contexte de pauvreté et de subsistance des pratiques anciennes, mais seul le temps est l’intrant de modification des comportements pour qu’un jour, soit définitivement tournée la page sombre des filles malheureuses.
LA MERE THERESA DES MALADES DU CANCER
J’ai commencé l’action bénévole depuis l’école primaire et je me suis engagée davantage dans ce domaine à l’université durant les années 90 - Dr Fatma Guénoune revient sur son parcours
Chaque année, une manifestation grandiose baptisée “octobre rose” est organisée au Sénégal, avec, au menu, des rencontres et des activités de sensibilisation pour lutter contre le cancer chez les femmes, dans le cadre d’un combat sans répit que mène la Sénégalaise d’origine marocaine, Dr Fatma Guenoune. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du “combat de vie” de Mme Niang Fatma Guenoune qui consentit de grands efforts en faveur des patients cancéreux au Sénégal.
Ce qui lui a permis de décrocher plusieurs prix et récompenses. Fatma est née d’un mariage mixte entre un père marocain originaire de Fès et une mère, elle aussi métisse. Cadette de huit sœurs et un seul frère, elle a dû endurer les souffrances de grandir sans père, décédé dès ses premiers balbutiements. Et c’est de sa mère, qui a été contrainte à cravacher dur pour élever ses enfants, qu’elle apprend les premières leçons de persévérance et d’abnégation.
Ce qui l’a notamment poussé à briller dans ses études. Son parcours estudiantin, elle l’a entamé en 1981, année d’obtention de son baccalauréat, avant de le conclure par un doctorat à la faculté de médecine de Dakar. Titulaire d’un DIU (Diplôme Interuniversitaire) de colposcopie et pathologies cervico-vaginales à Paris VI en mars 2002, elle occupe depuis 1997 le poste de médecin en charge de l’unité de dépistage et traitements des cancers gynécologiques, à l’institut du cancer de l’hôpital Aristide Le DANTEC de Dakar.
Parallèlement à ses occupations professionnelles, Mme Niang Fatma Guenoune est très active dans le domaine associatif et humanitaire. «J’ai commencé l’action bénévole depuis l’école primaire et je me suis engagée davantage dans ce domaine à l’université durant les années 90 du siècle écoulé, quand j’ai cofondé, avec des étudiants, à la faculté de médecine de Dakar, l’Association des Médecins de Brousse, qui allait aux bas-fonds du pays pour prodiguer des consultations médicales au profit de la population locale».
Ce travail bénévole deviendra plus poussé lorsqu’elle se spécialisera dans la cancérologie, ce qui va permettre à Fatma Guenoune, de vivre de près, au quotidien, la souffrance qu’endurent les personnes atteintes de cette maladie, notamment les femmes. Elle va ainsi rejoindre la Ligue sénégalaise contre le cancer, créée en 1985, dont les activités seront relancées en 2009, année où Mme Niang occupera le poste de trésorier de cette instance jusqu’en 2014, quand elle sera promue à la présidence de la Ligue.