En 50 ans d’existence du Fespaco, aucune femme n’a remporté l’étalon d’or. Une situation que déplorent les réalisatrices qui, à l’occasion de la 26e édition du Fespaco, ont organisé l’Assemblée des Yennenga. Initiée par la cinéaste sénégalaise, Fatou Kandé Senghor, et soutenue par l’Unesco, cette rencontre a réuni plusieurs réalisatrices, actrices et productrices et même la Première dame du Burkina.
Elle a permis à ces dernières de faire le point et de s’interroger sur la véritable place de la femme dans le Fespaco et dans le cinéma de manière générale. Selon Mme Senghor, il y a des efforts à faire, aussi bien au niveau des professionnels du secteur cinéma que chez les décideurs, à savoir l’Etat, pour aider les femmes dans le cinéma à aller de l’avant.
Absence de films, manque d’outils et de moyens suffisants pour faire des films, les facteurs qui empêchent les femmes d’être pleinement actives dans le cinéma et de récolter les plus prestigieux prix comme le Yennenga sont nombreux. A en croire la cinéaste Fatou Kandé Senghor, «le cinéma souffre partout dans le monde de carence de films faits par des femmes.
A Los Angeles comme à Cannes, les problèmes sont les mêmes. Il y a une femme tous les 400 ans qui prétend à un grand prix… .
Aussi, était-il opportun pour elles comme pour les autres réalisatrices, productrices et femmes réunies à l’Assemblée des Yennenga, initiée au Fespaco, de réfléchir et faire le point, d’identifier les facteurs bloquants et de faire des recommandations allant dans le sens d’améliorer la situation de ces femmes dans le cinéma et de les aider à progresser, voire décrocher le Yennenga. Ce n’est pas normal qu’en 50 ans aucune femme n’ait remporté le Fespaco.
C’est comme si nous avons intégré le bâton qui nous a tapées pendant toute notre existence», s’est offusquée la réalisatrice du film Giving Birth (Donner naissance) au terme de l’Assemblée de Yennenga qui s’est tenue en présence de la Première dame du Burkina Faso.
Et face à ceux qui trouvent que cette absence des femmes dans la sphère du cinéma se justifie par le déficit de qualité dans leurs productions, les réalisatrices ont rappelé que leur absence n’est pas toujours synonyme de manque de qualité. «On ne peut pas dire que les femmes ne produisent pas des films de qualité.
Elles sont trop peu nombreuses à avoir accès à l’outil», ont-elles fait savoir. Et la pression subie par certaines d’entre elles, «étouffées» par la production, fait que souvent ces femmes ont du mal à émerger du lot…
«Si on est réalisatrice sur une production où tout le monde est un homme avec un regard, une mentalité, une manière de poser un regard sur votre travail, on est intimidée», a souligné Mme Senghor qui, par ailleurs, a déploré l’absence des femmes aux postes-clés de la chaîne du cinéma.
«Si elles ne sont pas présentes aux endroits où on décide de sélectionner, aux endroits où on peut porter un jugement particulier sur leur travail et les faire gagner en ce moment-là, qu’elles aient produit ou non ; on se retrouvera toujours à la base zéro», fait savoir la cinéaste.
Plus d’appui pour le cinéma au féminin Que faut-il alors faire face à cette situation ? A cette question les femmes répondent par l’encadrement et invitent les décideurs à s’engager, à appuyer davantage le cinéma au féminin. «Il faut que cela soit encadré parce que c’est un Etat qui décide, encadre, aide son cinéma et met de l’argent.
Il faut que la structure d’écoute et d’encadrement se mette en place. Comme cette année ici (au Burkina), ils ont eu envie de deux films très solides et sorti un budget divisé sur un homme et une femme», a plaidé celle qui est à l’initiative de cette assemblée. Poursuivant sa rengaine, elle observe que «c’est l’Etat.
C’est une affaire d’Etat, quoi qu’on en dise. Pour nos doléances, il faut du répondant pour qu’on puisse les transmettre à un gender… Si dans tous ces bureaux, il n’y a que des hommes, on va parler avec qui ? On est déjà dans une structure de complaisance. On fait des rondes jambes pour rien. On a besoin dans les structures où on parle avec des gens qu’il y ait des femmes et où on doit sélectionner des projets, on doit produire qu’il y ait des femmes et on doit récompenser qu’il y ait des femmes».
Et concernant le cas du Sénégal et du Fopica de manière particulière, elle exhorte l’Etat à pratiquer une discrimination positive en faveur des femmes. «Nous avons le Fopica et Angèle (Diabang) avait demandé qu’on bloque un pourcentage pour les femmes. Pourquoi on bloquerait un fonds pour les femmes alors qu’elles sont dans une course générale ? Mais elles sont obligées, elles mettent au monde... C’est important que les fonds attendent, c’est très légitime qu’on cale ce fond sur notre rythme», note la réalisatrice.
Cependant cela devrait être précédé, selon Fatou Kandé, d’une réflexion sur le Fopica même et une meilleure structuration des femmes ; ce qui permettrait d’obtenir plus vite des résultats. «Il faut beaucoup réfléchir sur le Fopica (...) Ça ne sert à rien de donner de l’argent ni d’avoir des revendications de groupe si c’est obstrué. Il faut des revendications intelligentes et constructives. Si on veut un pourcentage des femmes, il faut qu’on régularise les choses d’abord et mette sur pied un système plus adéquat. Ça marche comme ça.»
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IL FAUT DES ENFANTS BIEN FORMÉS POUR DOTER PIKINE DE CADRES
EXCLUSIF SENEPLUS - 1500 bourses entières octroyées – 90 milles ouvrages disponibles en attendant l’ouverture de la bibliothèque – Abdoulaye Timbo revient sur les priorités de sa ville
Alioune G Sall et Fanseyni Djitté |
Publication 26/02/2019
Casquette aux couleurs du drapeau national vissée sur la tête, Abdoulaye Timbo affiche ses ambitions pour le Sénégal. Le jour du scrutin, nous l’avons trouvé à l’école Ibrahima Ndao. C’est dans l’un des bureaux de cet établissement où il a appris à lire et à écrire que le maire de Pikine a accomplit son devoir citoyen. Mais avant de se mettre dans les rangs comme ses concitoyens, le premier magistrat de la localité a fait face à la caméra de www.seneplus.com pour évoquer ses réalisations de même que les enjeux majeurs de sa ville.
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LA PLATEFORME DE VEILLE DES FEMMES APPELLE A LA SERENITE
La plateforme de veille des femmes «Etu Jamm» demande à la presse de faire une «communication seine concernant la diffusion des résultats de la présidentielle»
Suite à la conférence de presse de Demba Kandji, président de la Commission nationale de recensement des votes (Cnrv) des interdisant à toute structure n’étant pas habilitée à le faire de se parler des résultats de l’élection présidentielle, en dehors de la Cnrv, la plateforme de veille des femmes «Etu Jamm», a reporté à samedi son face à face avec la presse, prévu hier lundi dans l’après.
Cette rencontre qui devait mettre fin à trois jours de travail des femmes de Etu Jamm, qui ont mis en place un dispositif d’Observation du scrutin qui a commencé par la formation d’observateurs et de journalistes moniteurs déployés sur le terrain et d’opérateurs à la salle de veille. Toutefois, en attendant sa conférence de presse qui se tiendra finalement au lendemain de la proclamation des résultats provisoires par l’instance officielle (Cnrv), «Etu Jamm lance un appel à la sérénité», a dit Penda Seck Diouf, la présidente de cette Plateforme de veille des femmes pour la paix et la sécurité.
Mieux, elle demande aux candidats de continuer la sensibilisation pour un climat apaisé. Poursuivant son propos, la présidente de Etu Jamm demande à la presse de faire une «communication seine concernant la diffusion des résultats de la présidentielle».
En outre, Mme Diouf, au nom de Etu Jamm, souligne que «c’est une période très sensible qu’il faut surveiller sereinement. Et conformément à sa vision et à sa stratégie de mobilisation et de monitoring, mais surtout de médiation Etu Jamm «appelle au dialogue et à la concertation». Elle ajoute que la Plateforme de veille des femmes s’engage, comme elle l’a toujours fait, à contribuer à tout ce qui peut relever de manière substantielle la paix et la sérénité.
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QUAND EL HADJI DIOUF CONCURRENCE MACKY
EXCLUSIF SENEPLUS - Si c’était un concours de danse entre le président sortant et l’avocat du peuple, il y aurait eu sans aucune doute un deuxième tour pour les départager
Youssouf Ba et Omar Niane |
Publication 25/02/2019
Si c’était un concours de danse entre le président sortant Macky Sall et l’avocat du peuple, il y aurait eu sans aucune doute un deuxième tour pour les départager. Tant Me El Hadji Diouf a fait chaviré les centaines de militants de Benno Bokk Yaakaar venus féter la victoire de leur coalition à la présidentielle dès le premier tour. Diouf haut perché sur sa voiture, a gratifié le public de pas de danse digne de Macky.
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NOUS RESPECTONS LA DÉCISION DE WADE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les sénégalais qui ont voté dans le fief de l'ancien président étaient avares de commentaires ce dimanche, concernant son mot d'ordre de boycott du scrutin
Alioune G Sall et Moussa Diabaté |
Publication 24/02/2019
Les sénégalais qui ont voté à l’école Franco Arabe de point E où le président Abdoulaye Wade a ses quartiers nse sont très peu épanchés sur la décision de l'ancien président de boycotter le scrutin.
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LE PEUPLE CHOISIRA SON PRÉSIDENT SANS HEURTS
EXCLUSIF SENEPLUS - Des citoyens satisfaits du déroulement du vote ce dimanche, saluent l'esprit des populations à préserver la stabilité du pays quelque soit leur coloration politique
Omar Niane et Rokhaya Bassène |
Publication 24/02/2019
À Rufisque, les populations sont sorties massivement pour accomplir leur devoir citoyen dans la paix. Satisfaits du déroulement du scrutin, ils ont tous salué l’esprit des sénégalais à préserver la stabilité du pays quelque soit leur coloration politique.
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PAR HAMIDOU ANNE
POURQUOI NOUS BATTONS-NOUS ?
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Le jour où notre pays renoncera à son exigence de lutte contre toutes les passions tristes qu’incarnent ceux qui préfèrent ériger des barrières au lieu de construire des ponts, il récoltera défaite et déshonneur
#Enjeux2019 – Nous exprimerons demain nos suffrages comme nous l'avons toujours fait en pareilles circonstances. Malgré nos adhésions différentes, voire divergentes, nous demeurons le 25 février une nation. Demain se manifestera à nouveau la démocratie à travers la compétition de cinq de nos concitoyens, en vue d’accéder à la station suprême : le service au peuple sénégalais.
Mais ce jour est juste une étape dans la construction de notre pays. Le Sénégal du lendemain du scrutin mérite toute notre attention, afin de clore le cycle de la démocratie procédurale pour enfin inaugurer l’ère de la démocratie substantielle, socle d’égalité, de justice et de prospérité.
- Relever les défis de l’heure -
Le débat public n’a pas été à la hauteur des enjeux de notre pays et des bouleversements d’un monde en proie au terrorisme, aux drames de la migration et au replis identitaires qui posent un défi de civilisation. Le Sénégal est un grand pays et mérite à ce titre une classe politique digne de son poids et de sa stature en Afrique. Des questions aussi cruciales que l’éducation, la culture, l’écologie, la justice, la laïcité, n’ont pas été abordées avec la rigueur que leur importance requiert.
Dès lors, des chantiers s’imposent à la nouvelle génération de penseurs, militants, cadres, travailleurs, étudiants, sans emplois. Ce Sénégal de la majorité silencieuse, qui n’est représenté par aucun courant politique doit construire un peuple, afin de féconder des idées que le corps politique traditionnel ne parvient pas à appréhender dans leur complexité et leur urgence.
Les Sénégalais vivent dans des souffrances profondes qui méritent une attention particulière. Mais nos concitoyens ont toujours gardé dignité et honneur, foi et espoir. Notre pays n’a jamais cédé à la tentation de la haine et de la xénophobie, de la peur de l’autre ou du repli sur lui-même. En ces temps incertains, où il est facile d’indexer l’autre comme objet de notre malheur, notre pays ne doit jamais renier nos valeurs de Teranga, de paix, de solidarité, de concorde religieuse pour rester un et indivisible.
Le Sénégal doit demeurer un havre de paix, une terre d’accueil et de réconfort pour toutes celles et ceux opprimés ailleurs. Toute personne qui subit ostracisme et rejet ailleurs doit trouver en notre pays chaleur et hospitalité. Le jour où notre pays renoncera à son exigence de lutte contre toutes les passions tristes qu’incarnent ceux qui préfèrent ériger des barrières au lieu de construire des ponts, il récoltera défaite et déshonneur. Et nous aurons trahi le legs de nos ancêtres, de ce qui a fait du Sénégal une terre de Teranga. Nous devons demeurer la terre des Sénégalais de naissance comme ceux d’adoption qui ont été intégrés pleinement dans notre récit national. Nous sommes le pays de Samir Abourisk, de Jean Collin, de Théodore Monod, de Jacqueline et Lucien Lemoine.
Demain nous irons à nouveau manifester notre adhésion à la démocratie ouverte. Malgré la tenue de scrutins libres et transparents, qui ont déjà charrié deux alternances, notre pays tarde à passer du statut d’Etat légal à un Etat de droit. Notre démocratie doit subir des innovations tendant à la moderniser pour enfin arrimer des politiques économiques, sociales, culturelles et écologiques qui constituent des réponses aux véritables attentes de nos concitoyens. Des questions aussi essentielles que la décolonisation totale, le culte de l’égalité, le féminisme, le progrès social et sociétal, le retour de la démocratie dans son lieu originel, c’est à dire le cœur de la cité, la souveraineté, la défense, l‘école républicaine, le patriotisme économique, la sécurité, le réarmement de la puissance publique, la santé, la lutte contre l'exploitation des enfants talibés, la paix en Casamance doivent être au cœur des débats publics et de l’action publique.
Notre démocratie, pour être majeure, doit donner au pouvoir les leviers pour agir et libérer la veuve et l’orphelin. Nous devons lutter pour un Etat fort et stratège, décentralisé et social, afin d’être au quotidien, aux cotés des plus faibles, de ce peuple sur qui le pouvoir s’exerce.
Une démocratie majeure doit exiger de ceux qui gouvernent, l’impossibilité de changer en cours de mandat les règles de la compétition électorale par le passage en force, l’instrumentalisation de la justice, l’achat de conscience et le culte de la transhumance. Dans un pays qui dispose d’une dizaine de langues nationales codifiées, et où une large frange de la population n’est pas alphabétisée en français, réserver le débat démocratique à une élite francophone est un mode d’exclusion du plus grand nombre. Le pays de Cheikh Anta Diop doit accorder une plus grande importance aux langues nationales.
Le Sénégal est un pays jeune gouverné par des personnes âgées. L’Assemblée nationale légifère et exerce ainsi un pouvoir sur une majorité de la population qu’elle ne représente pas. La jeunesse est absente des instances des partis politiques, des assemblées électives et des cercles de décision, cantonnée au rôle peu valorisant de force musculaire voire de supplétif d’une armée de vieux. Or, ce sont les jeunes sénégalais qui meurent en période de campagne électorale, ce sont eux qui souffrent du chômage, d’une école qui n’éduque plus et d’une société en proie à toutes les violences symboliques.
Moderniser notre démocratie, c’est, par l’interdiction du cumul des mandats, le renouvellement de la classe politique, l’exercice des alternances dans les partis et la prise en charge des talents partout sur le territoire et au sein de la diaspora. Il nous faut donner un espoir de réparation et d’émancipation à la jeunesse au lieu des illusions actuelles, car elle constitue le cœur du corps social de notre pays.
Elle mérite une prise en charge des préoccupations liées à son devenir au lieu d’être reléguée au rôle de témoin des arrangements politiciens entre les membres de la caste.
- La quête des victoires morales -
Le Sénégal est un grand pays. Il nous faut constamment rappeler la grandeur de notre pays, son génie et sa place dans le monde. Nous ne devons pas avoir peur de l’idée de nation. Nous devons même, de cette belle idée, extraire la sève nourricière de notre ambition pour le progrès, la justice et l’égalité. Nos hommes et femmes politiques doivent enfin dépasser les mots et les déclarations d’intention pour agir et rompre avec le cycle d’abaissement national dans lequel notre pays est plongé.
L’action publique implique d’aller à la quête des victoires morales qui sont le lot des grands hommes. Cela passe par provoquer un souffle nouveau à un pays dont les acteurs publics ne doivent oublier qu’ils sont les légataires d’une longue tradition historique et démocratique, de Léopold Sédar Senghor à Mamadou Dia, de Cheikh Anta Diop à Mahmouth Diop.
Demain, nous aurons le choix parmi cinq hommes. Mais notre combat doit dépasser le cadre personnel pour mettre en miroir un combat générationnel qui va au delà d’un candidat, d’un parti, d’une échéance électorale.
Pour donner à notre pays une dynamique nouvelle, notre génération doit opter pour le progressisme comme boussole, la vertu comme levier phare, l’égalité comme horizon indépassable.
Notre génération, en luttant contre tous les conservatismes, se doit d’être le fer de lance de la construction d’un peuple contre la caste qui s’arroge argent et privilèges, afin de permettre l’éclosion d’une politique de rupture, de transformation et de production d’espoir d’une vie meilleure.
Ni de gauche, ni de droite, ni dans les schémas catégoriels actuels inopérants de pouvoir ou d’opposition, notre génération doit être porteuse d’une grande ambition démocratique enveloppée dans une exigence progressiste, républicaine et panafricaine.
C’est pour cette haute idée de notre pays que nous nous battons !
Hamidou Anne est né à en 1983 à Dakar. Ancien élève de l’ENA, il est essayiste et doctorant en Science politique. Co-auteur de l’ouvrage collectif "politisez-vous" (United Press, 2017), il a publié "Panser l’Afrique qui vient" (Présence Africaine, 2019).
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MAMI NYANGA, LA MILLIARDAIRE CAMEROUNAISE QUI NE CACHE PAS SES MILLIARDS
La richesse de cette battante n'est pas née ex-nihilo. Elle est partie de quelque part. Vendeuse de beignets de haricot, infirmière, puis revendeuse de pagne entre le Benin, le Nigeria et le Cameroun, elle a pu à se bâtir sa fortune à force de travail
Françoise Puene, cette camerounaise quinquagenaire communément appellée Mami Nyanga est une femme d'affaires propsère qui opère dans plusieurs domaines, notamment dans l'hotellerie. Propriétaire de plusieusr grand immeuble à Yaoundé, elle est une milliardaire décomplexée qui ne cache pas ses millirads parce qu'elle les justifie très facilement, dit-elle.
Femme androgyne, elle a un look très particulier, - veste cravate, haut talon, tête complètement rasée (boule à zéro)- et veut se faire respecter dans un environnement machiste. Mami Nyanga explique que c'est sa manière à elle de faire face à son milieu où les hommes ont tendance à vouloir l'écraser parce que femme.
La richesse de cette battante n'est pas née ex-nihilo. Elle est partie de quelque part. Vendeuse de beignets de haricot, infirmière, puis revendeuse de pagne entre le Benin, le Nigeria et le Cameroun, elle a réussi à se batir sa fortune en partant de rien. C'est à juste raison que Mami Nyanga est parfois très stupéfaite de voir personnes devenir brusquement riches sans aucun parcours alors qu' elle reste persudée qu'une fortune ne se constrtuit qu'avec le temps.
Généreuse, elle s'investit dans le sociale et se bat pour que les femmes et les jeunes suivent son exemple et prennent leur destin en main. Elle s'active aussi dans le renforcement des capacité de ses soeurs en termes de gestion de leur commerce ou petites entreprises.
Découvrez cette femme milliradaire au parcours atyptique.
PAR LAUREN SEIBERT
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FAIRE DU SORT DES TALIBÉS, UNE PRIORITÉ
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Il est crucial que le projet de loi sur le statut des daaras soit adopté, et que les candidats élaborent des propositions claires sur la manière dont ils comptent instaurer de vrais changements pour les Talibés
#Enjeux2019 - L’enfant était étendu dans la rue. Il sanglotait en se tenant la jambe, qui semblait fracturée. Il venait d’être percuté par une moto. C’était le 13 janvier dernier, à Louga, au Sénégal. Mais il ne s'agissait pas d'un simple accident. Cet enfant était l'un des plus de 100 000 talibés du Sénégal, qui sont obligés par leurs maîtres coraniques à sortir mendier chaque matin dans la rue.
Après que ce talibé eut été emmené à l'hôpital, je me suis lancée à la recherche de son maître coranique, avec mon partenaire de recherche de la Plateforme pour la Promotion et la Protection des Droits Humains (PPDH), une coalition sénégalaise de défense des droits humains. Pendant que ses vingt talibés mendiaient dans les rues, le maître faisait la sieste. Un autre talibé de la même école coranique (daara), où les enfants sont confiés en pension, nous a dit que les garçons avaient pour obligation de rapporter 250 francs CFA chaque jour. Ce n'est pas une éducation, c’est de l'exploitation, assortie de maltraitance – l'enfant qui nous a menés au daara avait une blessure infectée, non traitée, à une main.
À l'approche de l'élection présidentielle au Sénégal, les candidats devraient garder à l'esprit le fait que les enfants talibés souffrent et meurent – que ce soit dans les rues ou dans leurs daaras, qui ne sont toujours pas règlementés, et où beaucoup d'entre eux sont forcés de mendier et subissent des sévices. Les candidats et leurs partis politiques devraient indiquer clairement leur position sur cette question.
- Situation alarmante –
Non seulement des dizaines de milliers de talibés au Sénégal sont forcés à mendier quotidiennement de la nourriture ou de l'argent, ce qui les expose aux dangers de la rue, mais ils subissent en outre des sévices physiques. Dans un rapport qui sera publié prochainement, la PPDH et Human Rights Watch exposeront en détail de nombreux cas dans lesquels des talibés ont été battus, enchaînés ou victimes d'abus sexuels dans des daaras, ainsi que des décès de plusieurs talibés causés par les sévices ou la maltraitance en 2018.
Le lendemain de l'accident de Louga, nous avons rencontré à Saint-Louis un homme qui avait été témoin de la mort d'un talibé en décembre. « Une voiture lui a roulé dessus », a-t-il dit. « Pendant trois jours après avoir assisté à cela, je n'ai pas pu dormir. » Quand il a retrouvé le daara de la victime, le frère de cet enfant – lui-même talibé – lui a dit que le maître coranique exigeait que les enfants lui rapportent 250 francs CFA chaque jour.
Au cours des dernières années, j'ai visité de nombreux daaras où les enfants vivent dans des conditions épouvantables, j'ai eu des entretiens avec des dizaines de victimes de sévices et j'ai vu des centaines de talibés – pieds nus, sales, mal nourris ou malades – mendier dans plusieurs régions du Sénégal. J'ai rencontré de nombreux talibés avec des cicatrices ou des blessures sanguinolentes, qui affirmaient avoir été battus pour n'avoir pas rapporté assez d'argent à leur maître.
Les activistes sénégalais dénoncent de plus en plus ces abus, mais le sort des talibés demeure dans l’angle mort du gouvernement, dont les actions pour remédier à cette situation sont restées limitées. L'Assemblée nationale n'a toujours pas adopté le projet de loi portant statut des daaras. Les autorités agissent rarement pour fermer les daaras qui ne sont pas aux normes en matière de santé et de sécurité. Le programme du gouvernement visant à « retirer les enfants de la rue » a eu un impact minime : environ 300 enfants ont été retirés des rues de Dakar en 2018, mais cette mesure n'a été accompagnée d'aucune enquête ou poursuite en justice.
Les arrestations et les poursuites à l'encontre de maîtres coraniques pour abus ou exploitation d'enfants ont augmenté à l'échelle nationale, mais certains magistrats continuent soit d'abandonner les poursuites, soit de minimiser les chefs d'accusation, et souvent la police s'abstient d'enquêter. Lorsque j'ai évoqué l'incident de Louga avec la police locale et demandé si une enquête avait été ouverte, l'agent de police s'est montré irrité. « Si la victime ne saisit pas la police, ce n'est pas de notre responsabilité », a-t-il dit.
Une large part des tâches du gouvernement en matière de protection des enfants en situation d’urgence est laissée aux services de l’Action éducative et de la protection sociale en milieu ouvert (AEMO), qui sont rattachés au ministère de la Justice, et qui manquent de ressources et de personnel pour s'acquitter de leur mandat. La plupart de leurs bureaux ne comptent que trois ou quatre personnes et certains n'ont pas de véhicule. Certaines régions – comme celles de Diourbel et Louga – ne disposent pas de centres d’accueil gérés par le gouvernement pour héberger les enfants fugueurs ou les victimes d'abus.
- Prendre des mesures urgentes -
Compte tenu de l’ampleur du problème, il est crucial que l'Assemblée nationale adopte le projet de loi sur le statut des daaras, et que les candidats à l'élection présidentielle élaborent des propositions claires concernant la manière dont ils comptent instaurer de vrais changements pour les talibés. Comme Mamadou Wane, président de la PPDH, l'a récemment écrit, « la grande absente dans l’agenda de ces prétendants à la charge suprême de gouvernance de notre pays (...) est la question de la mendicité et la maltraitance des enfants. » Les citoyens sénégalais devraient insister pour leur faire prendre des engagements spécifiques.
Une fois élu, le nouveau gouvernement devrait agir pour accroître les ressources et le personnel affectés aux services de protection de l'enfance, fermer les daaras où la santé et la sécurité des enfants sont en danger, et faire rendre des comptes à tous les maîtres coraniques ou parents qui exposent des talibés à des dangers ou à des risques d'abus ou d'exploitation.
Des milliers de talibés risquent leur vie chaque jour dans les rues et dans des daaras abusifs. Leur situation mérite l'attention tant à l'approche de l'élection présidentielle qu'après. Combien d'enfants doivent mourir ou continuer de souffrir avant que les autorités se décident à agir ?
Lauren Seibert est chercheuse adjointe auprès de la division Afrique de Human Rights Watch (HRW). Depuis 2016, elle a mené des recherches de HRW sur la situation des enfants talibés au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. De 2013 à 2015, elle était une volontaire du Corps de la Paix à Kolda, Sénégal. Une localité où elle a souvent travaillé avec les daaras locaux, en organisant des projets de santé, et avec la communauté, sur des activités de sensibilisation concernant les droits des enfants talibés.
PAR NAFISSA DRAMÉ DIA DIOP
NE PLUS AVOIR À CHOISIR ENTRE LA PRÉSERVATION DE SA SANTÉ FINANCIÈRE ET CELLE DE SON ENFANT
Comble de l’ironie : pendant que dans certains pays les papas se sentent discriminés par les dispositions encadrant le congé maternel, au Sénégal, le congé de maternité est agité comme un épouvantail devant les femmes actives
Novembre 2007, à peine un mois après avoir donné naissance par césarienne à ma deuxième fille, me voilà assise en pleine séance de prise de service au Cabinet du Ministre en charge du Commerce à côté de mes camarades Commissaires aux Enquêtes économiques. À ma question de savoir si je pourrai bénéficier d’un mois supplémentaire au titre des congés de maternité, il me fut répondu, avec le sourire, que ma prise de service étant postérieure à mon accouchement, il n’en était pas question. Et c’est ainsi que j’entrais pour de bon cette fois dans le monde professionnel au Sénégal, sans avoir bien récupéré, laissant avec déchirement derrière moi une princesse d’à peine 4 semaines, 8 heures par jour, pendant lesquelles je m’évertuais à effectuer correctement mon travail.
Il ne s’agit là nullement d’un cas isolé. Dans son livre Le Sénégal au cœur[1], c’est le président Macky Sall lui-même qui raconte :
« Notre premier enfant naquit alors qu’elle était étudiante. Un jour, afin de pouvoir aller en cours, elle avait confié notre fils à l’épouse de notre ami, le regretté Ousmane Masseck Ndiaye. C’est d’ailleurs le nom de cette dame que nous avons donné à notre fille. Installé chez nos amis, notre petit garçon n’arrêtait pas de pleurer. La dame, inquiète, et ne sachant quoi faire, finit par m’appeler. J’étais à mon bureau : elle m’explique qu’il refuse de s’alimenter et de prendre le biberon. Très inquiet, je me rends chez elle. Effectivement, il continuait de pleurer, je l’ai pris avec moi et nous nous sommes rendus à la Fac où étudiait ma femme. Nous avons fait irruption en plein cours. Je lui explique ce qui se passe. Elle a pris le bébé et elle lui a donné le sein : il s’est calmé aussitôt. Je lui ai dit : «On rentre à la maison.» Ce fut son dernier cours : «Maintenant, je vais m’occuper de mon fils», avait-elle dit. Son mérite est d’autant plus grand qu’elle avait choisi de mettre un terme à une formation au bout de laquelle elle serait devenue ingénieure, comme son mari, et aurait exercé un métier dans lequel elle aurait sûrement brillé. »
Les faits parlent d’eux-mêmes. Plusieurs femmes renoncent ainsi pour de bon à une carrière professionnelle, par défaut d’accommodement adéquat à la naissance de leur enfant. Tant de femmes renoncent à leurs activités professionnelles faute de cadre légal leur permettant de rester suffisamment longtemps auprès de leur enfant.
Et l’on voudrait nous faire croire aujourd’hui, que la proposition visionnaire du président Ousmane Sonko dans son programme de politique économique et sociale, Jotna[2], porterait atteinte à l’épanouissement professionnel des femmes !
Bien au contraire, cette proposition est gage d’épanouissement socioprofessionnel, et devrait permettre d’éviter à l’avenir qu’une femme soit déchirée entre la préservation de sa santé financière et celle de son nouveau-né.
Plusieurs raisons militent en faveur de l’introduction d’une telle mesure au Sénégal, bien entendu après concertation avec autant de parties prenantes que nécessaire.
D’un point de vue économique, si dans le court terme une telle mesure contribuerait à prolonger la période qu’une nouvelle mère passe hors du marché du travail, dans le long terme, elle concourt à une participation accrue des femmes à la population active, ce qui, à son tour, augmentera le revenu national.
Il est inutile de revenir sur les bénéfices de l’allaitement exclusif et son effet sur la santé du bébé et la baisse de la mortalité infantile, de sorte que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a fait la Recommandation (no 191) sur la protection de la maternité, 2000[3], laquelle indique que « les membres devraient s'efforcer de porter la durée du congé de maternité visé à l'article 4 de la convention à dix-huit semaines au moins ».
Par ailleurs, Un article de 2014 publié dans le Journal de la santé, de la politique, des politiques et du droit a révélé que plus le congé maternité s’allonge (jusqu’à six mois), moins il y a de risque de souffrir de dépression post-partum[4]. A la reprise, la femme devient également beaucoup plus productive et performante.
Il est très réducteur de penser que l’employeur n’aura que des charges supplémentaires à supporter. En effet, le respect de ce droit au bénéfice de ses employées lui assure un taux d’attraction et de rétention plus élevé de leurs talentueuses employées. Lorsque Google, Accenture et Aetna ont augmenté leurs politiques de congés payés au cours des dernières années, le nombre d’employées qui ont cessé de travailler après avoir eu un enfant a considérablement diminué[5].
Il suffira juste que l’entreprise mette en place une bonne politique de ressources humaines, en mettant par exemple en place des conventions avec certains instituts de formation afin de pouvoir accueillir des stagiaires au besoin pour renforcer ses effectifs durant ces congés de maternité. Cela permet en même temps à plusieurs chercheurs d’emplois d’acquérir la fameuse expérience professionnelle, et à l’employeur d’avoir un bassin de talents pour des recrutements futurs. Les multiples affectations temporaires qui pourront survenir au sein de l’entreprise seront autant d’occasion pour le personnel d’être exposé à des dossiers plus variés et d’acquérir également de l’expérience.
Selon les Résultats de l'Enquête nationale sur l’Emploi au Sénégal Deuxième trimestre 2017, menée par l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), « au deuxième trimestre 2017, 39,7% de la population en emploi avait un emploi salarié, avec 46,6% des hommes ayant un emploi salarié contre 30,5% de femmes »[6]. Malgré l’écart constaté, ces chiffres démontrent à souhait qu’il est impossible pour l’employeur sénégalais de se passer de la main d’œuvre féminine.
La discrimination à l’emploi fondée sur le genre est une réalité qui n’est ni de près ni de loin inhérente à l’existence d’une législation sur un prolongement du congé de maternité.
En effet, à travers le monde et à travers les siècles, plusieurs femmes ont subi et continuent de subir la discrimination du fait de leur simple statut de femmes et en subissent les contrecoups aussi bien durant leur grossesse qu’au retour d’un court congé de maternité.
Dans tous les cas, rien que la peur de prendre ce congé par crainte de discrimination représente une première forme de violence. Le refus de procréer pour les mêmes raisons représente une rupture d’équité de genre. Enfin, le fait de perdre ses conditions antérieures d’emploi au retour d’un congé représente également une discrimination fondée sur le genre.
Par conséquent, le problème semble beaucoup moins superficiel que ce faux débat ne veut bien le faire croire. La discrimination fondée sur le genre existe dès la naissance et est toujours un défi global devant être relevé , indifféremment de l’adoption ou non d’une telle mesure, en ce sens qu’elle entraine dans le milieu de l’emploi une énorme perte de main-d'œuvre.
La mesure proposée par le président Ousmane Sonko ne devra nullement être vue comme un facteur de discrimination supplémentaire, mais au contraire, comme un moyen additionnel de réalisation de l’égalité des sexes en milieu professionnel.
Pour préserver leur droit à un travail équitable, les femmes ne doivent nullement être amenées à renoncer à leur merveilleux droit naturel à la maternité.
Il n’est pas étonnant que pour contourner toute velléité de discrimination des femmes suite à la promulgation d’une telle loi, certains pays offrent une possibilité similaire aux papas, par le système du congé parental, de sorte que recruter un homme ou une femme ne fasse aucune différence en ce qui concerne ce sujet.
[1] Sall Macky, Le Sénégal au cœur, Cherche Midi, 2019, 176 p.