Goumbayel (Goudiry), 11 nov (APS) - Quelque 162 villages des départements de Tambacounda et Goudiry (est) ont déclaré dimanche avoir renoncé à la pratique de l’excision et des mariages précoces.
La déclaration d’abandon a été faite lors d’une cérémonie à Goumbayel, un village situé dans le département de Goudiry, au terme de la mise en œuvre du Programme de renforcement des capacités communautaires, exécuté par l’ONG Tostan pour mettre fin à la pratique de l’excision.
Ce programme a été mis en œuvre au profit de ‘’42 communautés’’ vivant dans les deux départements.
Selon l’ONG Tostan, ‘’24 des 42 communautés’’ bénéficiaires du programme ont pris part à la cérémonie marquant la déclaration d’abandon de l’excision et des mariages précoces.
Seize autres communautés, parmi les 42, ont déjà fait leur déclaration d’abandon, et deux autres restent ‘’sceptiques’’ à l’idée d’abandonner l’excision, selon un document de Tostan.
Le village de Goumbayel, situé à environ 80 kilomètres de la ville de Tambacounda, avec une population de quelque 2.500 habitants, a été ‘’un participant actif’’ du Programme de renforcement des capacités communautaires.
Ce village abrite, depuis 2011, un centre dédié à la sensibilisation des populations, pour les emmener à renoncer à l’excision et aux mariages précoces.
‘’Ses populations ont pris des engagements qu’elles vont respecter", a assuré la coordinatrice nationale de Tostan Sénégal, Rose Diop, lors de la cérémonie de déclaration d’abadon.
De 1997 à maintenant, 6.749 villages sénégalais ont définitivement renoncé à la pratique de l’excision et des mariages forcés ou précoces, selon Mme Diop.
Un ‘’mécanisme’’ sera mis en place pour assurer le suivi des déclarations d’abandon, a-t-elle annoncé, ajoutant que cette initiative sera dirigée par le ministère de la Femme.
Le Syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleurs (Sit) et le comité national des femmes de l’union démocratique des travailleurs du Sénégal (cnf/uDtS) ont produit un rapport d’enquête sur les violences faites aux femmes dans cinq régions du Sénégal : Dakar, Kédougou, Kolda, Matam et Thiès. il ressort de ce rapport que le département de Matam, avec un taux de 91,58%, arrive en tête des zones où les femmes sont le plus victimes de violences. Matam est aussi en tête concernant les violences physiques, tandis que le département de Saraya occupe la première place en termes de violences sexuelles.
Un atelier de partage du rapport d’enquête sur les violences faites aux femmes a été organisé par le Comité national des femmes de l’Union démocratique des travailleurs du Sénégal (CNF-UDTS), en partenariat avec le syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs (SIT) de Genève. Cette rencontre fait suite à une enquête menée sur le terrain sur quatre formes de violences (physiques, psychologiques, sexuelles et verbales) faites aux femmes dans cinq départements du Sénégal. Il s’agit de Pikine (Dakar), Mbour (Thiès), Matam (Matam), Médina Yoro Foulah (Kolda) et Saraya (Kédougou). Ainsi, sur un échantillon de 597 personnes qui s’activent dans l’administration publique, dans le secteur informel et des apprenants (élèves et étudiants) âgés d’au moins 18 ans, 330 femmes rencontrées sont victimes de violences, soit une prévalence de 55,27% de cas de violence. Le département de Matam arrive en tête avec un taux de 91,58% de cas de violence, soit 87 cas sur 95 personnes enquêtées, loin devant le département de Médina Yoro Foulah (MIF) avec 64,28%, soit 63 cas sur 98 personnes interrogées. Le département de Mbour enregistre 58,70% de cas de violence, soit 81 cas sur 138 personnes contre un taux de prévalence de 39,13% à Saraya soit 36 cas sur 92 personnes et 36,20% à Pikine, soit 63 cas sur 174 personnes. Cependant, de manière spécifique, les violences verbales sont beaucoup plus répandues avec un taux de 73,03%. En effet, sur les 330 femmes victimes de violences, les 241 subissent des violences verbales. Celles-ci se manifestent par des insultes, des menaces verbales, des propos blessants entre autres. Les violences physiques (coups et blessures) arrivent en seconde position et affectent 39,03% des femmes, soit 129 cas sur 330 victimes. La violence psychologique, pour sa part, constitue la troisième forme de violence la plus fréquemment vécue par les femmes. Elle affecte une proportion de 35,15%, soit 85 cas sur 330 victimes, et se traduit par l’intimidation, le mépris, le rejet, le chantage, la stigmatisation entre autres. Les violences sexuelles, même si elles enregistrent les proportions les moins importantes, restent néanmoins inquiétantes, car elles affectent plus d’un quart des victimes de violences, 85 cas sur les 330 victimes, soit un taux de 25,27%.
LES ELEVES ET ETUDIANTES PLUS EXPOSEES
En tête du classement en termes de violences faites aux femmes, le département de Matam occupe également la première place concernant les violences physiques avec un taux de 59,77%, suivi du département de Médina Yoro Foula avec un taux 39,68%, alors que le département de Saraya, moins touché par ce phénomène, enregistre un taux de prévalence de 27,77% de taux de violences physiques. En ce qui concerne par contre les violences sexuelles, le département de Saraya occupe la tête du classement avec 33,33%, suivi de près par MYF avec un taux de 30,15% et du département de Matam avec 29,88%. Le département de Mbour est le moins touché avec 16,04 % et vient derrière Pikine 23,80%. Quant aux violences verbales, c’est le département de Mbour qui enregistre plus de cas avec un pourcentage de 90,12%, devant les départements de Pikine et de Saraya qui enregistrent respectivement 88,88% et 77,77%. Le département de Pikine est en tête, en ce qui concerne les violences psychologiques, avec 60,13% devant MYF 52,38%. Le département de Saraya est le moins touché avec 11,11%. L’enquête révèle également que les élèves et les étudiantes sont la catégorie sociale la plus exposée à ces formes de violences. Cette catégorie constitue 38,78% des cas, soit 128 cas sur 330 victimes recensées dans les divers espaces de vie. En plus de cette catégorie de victimes, les travailleuses de l’économie informelle et celles de l’administration publique sont confrontées à la recrudescence des violences. Le taux d’exposition à la violence s’élève respectivement à 29,09%, soit 96 cas sur 330 et 21,12% soit 67 cas sur 330. L’enquête révèle également que les femmes mariées sont plus exposées que les célibataires aux violences faites aux femmes avec un pourcentage de 44,84% des victimes, soit 148 cas sur 330. Ce taux dépasse de peu le taux de prévalence noté chez les célibataires dont le degré d’exposition à la violence s’élève à 41,81%, soit 138 cas sur 330. 2,12% de femmes victimes de violences sont des veuves et 1,81% d’entre elles sont en instance ce divorce.
VIOLENCE SUR DES FEMMES EN SITUATION DE VULNERABILITE
L’enquête révèle également que les bourreaux des femmes résident essentiellement dans le cercle familial. Les auteurs de ces violences sur les femmes sont les époux avec un pourcentage de 49,39%, soit 163 cas sur 330, et les parents proches 37,27%, soit 123 cas sur 330. En plus de ces catégories de bourreaux, les supérieurs hiérarchiques, majoritairement des hommes, sont à l’origine de ces violences avec un pourcentage de 26,66% soit 88 cas sur 330. En outre, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, 34% des victimes qui ont subi ces différentes formes de violences, soit 112 cas sur 330, étaient en situation de handicap, soit en état de grossesse ou malades. Ce qui montre, selon le rapport, que ces violences sont exercées sans égard à la situation de vulnérabilité des femmes. Un manque de sensibilité qui se justifie dans certains cas par la «consommation de substances psycho actives» telles que la drogue ou l’alcool. En effet, il ressort de l’enquête que 28,18% des victimes, soit 93 sur 330 victimes, estiment que leurs bourreaux sont des consommateurs réguliers ou occasionnels de produits déstabilisants. Cependant, en dépit de ces violences subies, 146 femmes sur les 330 soit 43,25% restent passives après avoir subi un acte de violence. Néanmoins, les 55,75% soit 184 victimes sur 330 intentent des réactions quelconques. A cet effet, les formes de réactions sont généralement d’informer les parents ou les supérieurs hiérarchiques, 66,30% des cas, seules 10,86% intentent des procédures judiciaires.
DR ISMAILA SENE SOCIOLOGUE : certaines femmes réagissent de façon extrême à la violence
Cet atelier sur les violences faites aux femmes organisé par le projet SIT/CNF-UDTS a servi de tribune aux organisateurs pour réfléchir sur les solutions préconisées face à la situation de vulnérabilité des femmes qui devient de plus en plus alarmante. Selon Ndèye Adja Diakhaté membre du projet, des comités de veille seront mis en place dans les cinq régions concernées par l’enquête. Ce qui permettra, dit-elle, de sensibiliser, d’accompagner et de prendre en charge sur le plan sanitaire et psychologique ces couches vulnérables. Le sociologue Ismaïla Sène, qui a dirigé cette enquête, préconise la même démarche. A l’en croire, il urge de penser à des mécanismes de prise en charge des victimes. Il préconise d’abord de prendre en charge l’hébergement de ces dernières. D’autant que, souligne-t-il, une femme violentée reste exposée à la situation de violence, si elle doit passer la nuit avec son bourreau. Si c’est son parent, elle reste exposée à la violence. «Il faut également mettre en place des stratégies d’écoute pour aider les victimes à se mettre dans une posture de résilience», indique le sociologue. S’agissant cependant du nouveau phénomène qui place la femme comme auteure de violence, le sociologue rappelle que nous sommes dans une société violente. «Certaines femmes vivent parfois des violences qui les poussent à réagir. Malheureusement, quand elles réagissent, elles le font à l’extrême», explique Dr Ismaëla Dieng.
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ILHAN OMAR, NOUVELLE ÉGÉRIE DES ANTI-TRUMP
À 36 ans, cette ancienne réfugiée somalienne nouvellement élue au Congrès, symbolise avec d’autres, le nouveau souffle du parti Démocrate face au président américain
Jeune Afrique |
Fatoumata Diallo |
Publication 09/11/2018
À 36 ans, Ilhan Omar est la première ancienne réfugiée à faire son entrée au Congrès. Cette Américaine d’origine somalienne, musulmane pratiquante, a remporté l’élection du 6 novembre 2018 dans le Minnesota. Elle symbolise avec d’autres le nouveau souffle du parti Démocrate face à Donald Trump.
DRAMES CONJUGAUX ET PERSPECTIVES DE LA PRÉSIDENTIELLE EN EXERGUE
Dakar, 8 nov (APS) - L’annonce de la mort d’un individu immolé par sa femme est l’un des sujets en exergue dans la livraison de jeudi de la presse quotidienne également alimentée par la politique avec la perspective de la prochaine présidentielle de février 2019.
’’Colère et rancœur’’, affiche par exemple Enquête au sujet de la mort de Khadim Ndiaye qui n’a pas survécu à ses blessures après avoir été immolé par son épouse, un drame conjugal qui a ému plus d’un.
Le défunt, ’’inhumé hier à Yoff, laisse derrière lui une famille meurtrie et incrédule qui se pose de nombreuses questions’’, souligne le quotidien Enquête. Il ajoute : ’’Sa femme Aïda Mbacké est la fille de Serigne Babacar Mbacké Moukabaro ; elle a donné naissance à un garçon, mardi’’.
’’L’arrestation de la meurtrière (...) différée suite à con accouchement par césarienne’’, souligne également Vox Populi, selon lequel les gendarmes continuent de faire ’’le pied de grue à la clinique’’ où elle a été internée.
L’enquête ouverte dans cette affaire ’’vise désormais l’assassinat’’, annonce LIbération, L’Observateur rapportant que la mise en cause, décrite comme ’’très affectée’’ par les évènements, bénéficie du soutien d’un psychologue.
Selon L’Observateur, tout est parti d’une plaisanterie de l’époux qui avait annoncé à sa femme qu’il comptait convoler en secondes noces. Il s’en est suivi de sa part des menaces d’attentat à la vie de son mari.
Une dispute plus tard, elle aspergé la maison d’un liquide inflammable différents endroits de la maison, à l’insu de son époux, resté dans la chambre, avant de mettre le feu à l’appartement, rapporte le même journal.
Un drame qui a amené Sud Quotidien à recourir au sociologue Djiby Diakhaté pour un éclairage sur la recrudescence ’’des violences liées à la polygamie’’. L’avis du spécialiste est que les règles de la polygamie, ’’surtout en milieu urbain’’, ne sont plus respectées par les époux, d’où les rivalités entre femmes d’un même ménage.
Certains quotidiens, reléguant ce sujet au second plan, s’intéressent plutôt à la politique et à la prochaine présidentielle, à l’image de L’As, selon lequel l’ancien président Abdoulaye Wade ’’bénit’’ la candidature de l’architecte Pierre Goudiany Atépa à cette compétition électorale.
’’Si vous êtes élu président, ce sera aussi mon fils qui aura été élu. Je ne peux donc que vous souhaiter succès dans cette bataille’’, lui a-t-il dit dans des déclarations rapportés par le journal à sa Une.
"Wade souhaite bon vent à Atépa’’, signale de son côté Walfquotidien, ajoutant que l’ancien président, ’’dans une réponse très diplomatique’’, fait savoir à Atépa qu’il n’est pas prêt à soutenir sa candidature au détriment de celle de son fils ; Karim Wade.
La question de l’indépendance de la justice occupe d’autres journaux dont Le Témoin quotidien, qui rapporte que l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) ’’exige la réduction des pouvoirs du parquet’’.
’’L’âge de la polémique’’, affiche à propos le journal Le Quotidien. ’’La sempiternelle question de l’indépendance de l’indépendance de la justice était au cœur’’ d’une rencontre de la Ligue sénégalaises des droits de l’homme (LSDH), avance ce quotidien.
’’Société civile, magistrats et avocats, tous à travers leurs organisations, ont exprimé la nécessité d’aller vers des réformes profondes dans ce secteur’’, relève le journal Le Quotidien.
Tribune ouvre sur la question de la dette au Sénégal, en interrogeant l’économiste Thierno Diop, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, qui juge ’’injustifiée’’ l’explosion de la dette du Sénégal.
Le Soleil, comme une réponse, annonce un nouveau compact de 314 milliards du Millénium Challenge Corporation (MCC) pour le Sénégal, une information rendue publique par l’ambassade des Etats-Unis.
Dakar, 7 nov (APS) – Le club scientifique de la Maison d’éducation Mariama Bâ de Gorée compte réaliser plusieurs activités pour inciter les filles à embrasser les disciplines scientifiques dont l’aérnonautique, a indiqué son coordonnateur, Pr N’Fally Diemé.
’’Nous avons créé un club scientifique à Mariama Ba et pour le faire vivre, nous organisons chaque année des activités où nous invitons les autorités et d’autres écoles pour y assister’’, a-t-il dit.
Pr Diemé intervenait, à l’occasion de la 3ème édition des ’’Mercredis de la science’’ axée sur le thème ’’Culture scientifique pour tous et partout’’.
Pour cette année, a-t-il poursuivi, le club a jugé nécessaire de créer plusieurs compartiments dont l’aéronautique, la robotique et le groupe "Jigene ci tech". L’objectif est de susciter l’engouement et pousser les filles à aimer et pratiquer les sciences, a expliqué le professeur Diémé.
S’agissant du groupe aéronautique, il sera question pour les élèves d’expliquer le fonctionnement d’un avion et le métier de l’aéronautique à travers un exposé.
’’Les élèves iront chercher les informations nécessaires pour les partager avec leurs condisciples. Il s’agira au cours de ces activités de créer des avions ou des maquettes d’avions en vue d’expliquer aux gens son fonctionnement’’, a-t-il souligné.
Le groupe de robotique fait énormément de programmation en utilisant certains logiciels notamment celui du ‘’scratch’’ pour l’initiation dans ce domaine, a t-il expliqué.
’’Nous avons compris qu’avec l’avancée de la technologie, on ne devra pas seulement se limiter à lire et à écrire, mais toute élève devra apprendre à coder’’, a-t-il ajouté, notant que le 3ème groupe nommé "Jigene ci tech", utilise des logiciels mathématiques et les algorithmes pour faire des exercices.
’’Ce compartiment a pour mission d’utiliser aussi des réseaux sociaux pour des besoins pédagogiques, afin d’aider des élèves en difficulté’’, a t-il expliqué.
Pr Diemé a laissé entendre que depuis la création du club scientifique au sein de l’école, les filles s’intéressent de plus en plus aux séries scientifques au détriment des séries littéraires.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
VIVIANE, LA MÈRE DÉAMBULANTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec sa voix sublime, son audace, son déhanché, la mise en avant de sa famille, elle s’est hissée à un niveau modeste qui n’en fera jamais une icône impérissable, non plus un décor banal - INVENTAIRE DES IDOLES
Le Liban et la Mauritanie ont donné au Sénégal quelques couleurs, quelques saveurs. Il en est ainsi des brassages, on n’hérite pas toujours de ce que l’on veut dans un métissage : on subit, pour le meilleur et le pire. Le voisin maure a donné, entre autres cadeaux, des influences à la saint-louisienne, dans sa somnolence esthétique, avec son « meulfeu[i]» négligemment rabattu. La présence libanaise, historique et prospère, a créé un îlot à Dakar qui suscite le fantasme avec, parfois, des pointes de jalousie. Avec l’héritage colonial, ils ont continué, sinon à définir, résolument à maintenir les canons de la beauté sénégalaise. La maure et la libanaise, comme la signare et dans une autre mesure la peulhe, continuent de jouir du prestige de couleur, ou pour être plus précis, de clarté. C’est ainsi que la femme en chair, claire de peau, aux grâces corporelles assorties de rondeurs, est devenue l’objet le plus convoité du marché de l’amour. Le vieux polygame en raffole autant que le jeune premier, comme outil de promotion ou prestige social. Et c’est ainsi ou presque, en conséquence, que la femme au bon teint local, « sombre » et « obscure », svelte et grande, affûtée et naturelle, en un mot la sahélienne, a suivi le mouvement du cliché dominant. Produit banal, fondu dans la masse, presque déprécié, et qui semble vouloir rattraper son retard, parfois, par l’artifice de « l’hydroquinone [ii]» et les mirages du maquillage outrancier ; et qui plus tard, avec quelques grossesses, accroche ces rondeurs bénies qui font la bonne femme sénégalaise.
Sans doute faut-il interroger l’Histoire pour mieux situer cette bascule. A partir de quel moment les standards de la beauté sont-ils devenus tout autres que ce que produit la géographie nationale ? Il y a à chercher dans la royauté et ses hiérarchies peut-être. Il y a sans doute à creuser du côté de la dépossession coloniale et de la mésestime de soi qu’elle engendre. Faut-il aussi voir du côté de l’utopie publicitaire et des images qu’elle véhicule ! Règlera-t-on pour autant la question ? Pas sûr. Comment ce biais persiste-t-il dans un pays profond, où malgré les offensives sur la valorisation de sa couleur de peau, certaines femmes sont toujours tentées de rester dans cette idée…
Dans les années 90, Viviane Chidid, qui n’avait pas encore le Ndour collé au train, était une modeste choriste du Super étoile, le groupe de Youssou Ndour. Remarquable et remarquée, elle avait déjà une aura et un charisme. Une voix et une présence. Une audace et une candide perfidie. Les courbes encore fines promettaient de s’épaissir. La métisse libanaise et mauritanienne, battant pavillon sénégalais, portait déjà en elle les signes de l’ascension d’une ambassadrice et d’un sex-symbol. Alors que la scène musicale couvait ses divas, de Kiné Lam et Fatou Guewel en passant par Maty Thiam Dogo, et bien avant l’arrivée des Titi, Adiouza et compagnie, Viviane pavait un chemin en capitalisant sur cet amour de la cérémonie vestimentaire qui caractérise tant les soirées mondaines sénégalaises. Ce que les autres grosses pointures semblaient vouloir acquérir à grands renforts d’orgies de bijoux, de visages rafistolés par la poudre, de tenues affriolantes ou clinquantes, la jeune Viviane semblait en avoir en réserve et de façon naturelle. Elle n’avait pas besoin de surjouer. Elle gardait son visage, avec l’insolence de la certitude d’une beauté qui ferait chavirer. Alors que les autres gardaient le sacré des grands boubous, elle osa les robes moulantes, les jeans et les fentes accrocheuses. Avec cette ivresse de la jeunesse confiante, comme celle de la dernière épouse au sein du couple polygame du film Bal poussière, qui vient changer les codes en rafraichissant les modalités du jeu conjugal. Avec l’essor des prêtresses du rap américain, que les satellites importaient dans nos salons, les Beyoncé, les Jennifer Lopez, les Ashanti, les Alicia Keys en tant d’autres, Viviane entrait dans les standards de cette beauté-type. A elle les années 2000.
Quelques danses en plus, des tenues suggestives, voire des chansons exaltant le désir viril, suffirent à faire d’elle une idole du moment, potentiellement exportable à l’extérieur. Le super Etoile, les reprises, son mariage avec le frère de Youssou Ndour, féconderont ensuite la graine de star. L’album Sama Nene, berceau d’une œuvre toujours lascive, vantant les atours et les outils d’une bonne épouse, dévouée au bonheur du mâle, firent de Viviane une vedette. La célébration de la femme aimante, et au-delà, cette abondance du thème de l’amour, submergèrent son œuvre. Qui, elle, trouva son public. Centre d’un vieux fantasme de couleur auquel elle donne une jeunesse et de la chair ; respiration des peine-à-jouir nationaux corsetés par la coercition religieuse ; égérie d’un charme sénégalais fait d’apprêts et de protocole de la séduction ; modèle des jeunes filles. Sa prospérité et la puissance son charme, l’établirent en bébé incontournable des années 2000 dont elle continue de grignoter les années. Pour preuve, nombres de tubes incontournables, moteurs des soirées où l’on pouvait se permettre des voyages interdits dans la proximité des corps, résonnent encore.
Petit, j’avais dompté la vigilance des femmes adultes pour m’inviter dans ces réputées assemblées féminines, libres voire libertines, où elles s’échangeaient astuces, « tricks and skills », pour conduire leurs maris au Paradis. J’y avais intercepté pour la première fois, sans être en mesure ni de le décrire, ni de le comprendre, la contrainte du bonheur conjugal et la dévotion féminine, avec la bénédiction voire la prescription de la culture, au bénéfice du mâle ; lui qui pouvait ainsi en seigneur sans devoirs ou presque congédier son épouse ou la menacer avec le chantage de la polygamie. Cette idée du « mari sacré » qui étage la gent féminine en mariées bénies et en célibataires honnies, a créé cette frénésie qui va jusqu’à doper la polygamie, devenue un recours potable voire phénomène vanté comme l’écrit Coumba Kane dans les colonnes du « Monde [iii]». Le conditionnement féminin, dès le jeune âge, la soumission transmise aux petites comme vertu, et qui va jusqu’à la négation de soi, contrairement à une faillite, restent encore un discours élogieux de la femme au foyer. Cette représentation traverse toute l’œuvre de Viviane, gardienne, à ses dépens, et à dessein, de cet ordre.
Il est étonnant de voir que cette idée que l’on retrouve dans les téléfilms, dans les prêches, dans les familles, a trouvé en Viviane Ndour et ses chansons une grande caisse de résonnance, une ambassadrice. Elle chantera l’homme, en gardant cette énergie libidinale. Naïvement, sans doute inconsciemment, cette portée, qui se retrouve déjà dans le capital des femmes sénégalaises, sera chez Viviane un des éléments de son aura. Elle incarne cette figure de maman, déambulante, de charmes en soumission, faisant des haltes à la case plaisir. C’est sans doute le chantier immense du féminisme sénégalais, quand il daignera ne pas être à la remorque du féminisme afro-diasporique, de comprendre cette donnée intérieure et complexe. La place assignée à la femme est une place magnifiée par la représentation culturelle et religieuse. Pour mieux les soumettre, on les célèbre, dans la mécanique classique des compliments sans fonds, qui rappellent la promotion des potiches. Comment mener ainsi un combat féministe au Sénégal sans se désaliéner de cette assignation ? Bien des productions féministes, notamment chez Fatou Sow, renseignent sur la complexité de cet embarras, la nécessité de lutter sur deux fronts : la colonisation et l’endogène ; et comment surtout l’urgence des combats, et la peur de se voir qualifier de féministe occidentale, ont pu conduire certaines militantes à fermer les yeux et à se complaire dans un statut quo local. Les nouvelles générations de féministes ne semblent être ni dans l’urgence du combat, ni dans la confrontation avec le dispositif. Nul privilège ne se laisse facilement. Nul acquis non plus. Il s’arrache. Il en résulte une militance cosmétique et presque risible, à l’heure où le regain du fait religieux et les nouveaux accommodements imposent le pire aux femmes.
Faire porter ceci à Viviane Ndour serait bien évidemment d’une injustice sans nom. Elle est loin de ces querelles, et pour cause. Beaucoup de femmes sénégalaises trouvent le féminisme hargneux, importé, masculin, impropre pour elles. La « chosification » bat son plein et toute cette idée d’une féminité décorative puise une lointaine ascendance, qui se nourrit des facilités et des vulgates actuelles. Viviane est une femme de son temps qui chante le bonheur où elle glisse des leçons sociales comme il est de coutume dans la chanson sénégalaise, où le prêche s’invite très souvent. Elle l’a fait avec des charmes, dans un bon timing, de l’inspiration, des sonorités entrainantes. Et bingo. D’ailleurs elle a fait mouche, nombre de ses consœurs de la même génération sont dans le même filon, celui de la femme pulpeuse et chanteuse-star, avec des fortunes diverses. Il faut même mettre à son crédit la bienveillance et la sincérité de ses chansons. Que pouvait-elle ? Elle a été le porte-drapeau d’une idée féminine, sexuelle, maternelle, en parfaite adéquation avec l’ambiance nationale. Et ce jusqu’au au divorce et au remariage comme la parfaite jonction entre l’ancien et le nouveau monde.
C’est très souvent par l’art audio-visuel que sédimentent les clichés dans la société. La musique et le cinéma créent une proximité directe, plus que les livres. Viviane Ndour sera plus connue qu’Awa Thiam, pionnière du combat pour le droit des femmes. Avec sa voix sublime, son audace, son déhanché, la mise en avant de sa famille, elle s’est hissée à un niveau modeste qui n’en fera jamais une icône impérissable, non plus un décor banal. Elle est comme ce battement au tempo nonchalant, cette gloire modeste qui semble tirer vers sa fin. Un train joyeux qui déambule dans les ruelles sociales en suscitant les envies et dont le temps ternira l’éclat. On lui pardonnera les reprises parfois pas très loyales, au nom de moments de danse sur Dekkore et bien d’autres tubes, que les sénégalais moyens ont eu en guise de bonheur gratuit. Comme un symbole du local et du global, c’est une fille libanaise, sénégalaise, mauritanienne, et poil américaine, qui a porté quelques valeurs nationales. On pourrait presque dire, comme Simone de Beauvoir : « on ne naît pas authentique, on le devient… »
[i]Tenue d’origine mauritanienne, tunique rabattue en forme de voile sur le haut du corps.
[ii] Composante majeure des produits de dépigmentation.
La capitale Sénégalaise accueille au Musée de la femme Henriette Bathily une exposition sur le thème "T'étais habillée comment ?" du 18 Octobre au 10 Décembre 2018
BBC Afrique |
Kahofi Jischvi Suy |
Publication 07/11/2018
L'intitulé de cette exposition est souvent la question que l'on pose hélas à des victimes lorsqu'elles se retrouvent dans des postes de police ou de gendarmerie ; un peu comme s'il y avait un lien entre le viol et le style vestimentaire.
L'objectif de cette exposition est de lutter contre l'idée selon laquelle : les femmes se font violer en raison de leur tenue provocante.
Dans la salle du rez-de-chaussée du Musée, des vêtements féminins sont alignés les uns à côté des autres et font automatiquement penser à des femmes d'âge différent.
De la lingerie à la tenue militaire en passant par l'ensemble tailleur, ces vêtements du quotidien racontent pourtant une même réalité celle du viol.
Force est de constater, que les agressions sexuelles prennent différentes formes et sont à l'origine d'un sentiment de rejet personnel chez les victimes.
Viol conjugal, viol en milieu professionnel, viol perpétré par un individu du même sexe, viol sur mineur ou sur une personne plus âgé…sont autant d'agressions subies et qui à y regarder de près n'ont rien à voir avec la tenue.
Sinon comment s'expliquer, qu'une femme en uniforme (militaire) puisse être victime d'un viol de la part de quelqu'un qui est censé respecter l'autorité qu'elle incarne ?
L'habit ne fait donc pas le viol car la femme doit pouvoir disposer de son corps et se sentir à l'aise dans le vêtement qu'elle a envie de mettre.
Voilée, en jean, en pantalon moulant, en mini-jupe, en short ou en débardeur…les femmes ne sont pas à l'abri d'une agression sexuelle d'où l'appel de Fatou Kiné Diouf, la commissaire à questionner autrement la réalité du viol.
L'idée ne serait plus de demander pourquoi les femmes se font violer mais pourquoi les hommes commettent le viol sans tenir compte du fait qu'il s'agit d'un acte qui déshumanise la femme.
Au-delà, c'est un acte qui marque la femme toute sa vie lorsqu'il est commis dès le bas âge.
Dans ce débat sur le viol, certains hommes brandissant des valeurs socio-culturelles ou religieuses se sont donné le pouvoir de dicter aux femmes ce que doit être leur tenue vestimentaire.
Le viol devient dans leur entendement un moyen de répression pour toutes celles qui s'écartent de ce dress code.
Mais même en mettant un voile et en étant couverte de la tête aux pieds, rien ne garantit qu'une femme soit à l'abri du viol.
Le viol semble hanter la vie des femmes même dans le lit conjugal !
"Un pyjama, on dormait dans la même chambre. Ça a duré de mes 4 ans à mes 9 ans. J'ai essayé de me suicider à deux fois, mais on dirait qu'on ne veut pas me laisser partir"
"Une robe : je me croyais en sécurité avec une femme mais je me suis réveillée alors qu'elle me violait elle aussi"
"C'était la nuit dans ma chambre…par mon beau-père. Lorsque je l'ai raconté à ma mère, il a essayé de me tuer. J'ai encore des cicatrices au cou et au ventre là où le couteau m'a transpercée"
"Le pagne et le haut avec lequel je travaille. Mon patron a profité de l'absence de sa femme pour me forcer à avoir des rapports avec lui. J'avais 15 ans et je suis tombée enceinte"
L'Université du Kansas aux Etats Unis, Jean Brokman et le Dr Mary Wyandt-Hiebert sont à l'origine de l'exposition "T'étais habillée comment ?" initié pour la première fois en 2013 et inspiré du poème du même nom écrit par le Dr May Simmerling.
Dans sa déclinaison nationale au Sénégal, l'exposition vise à présenter le viol comme un véritable fléau social autour d'un vernissage mais également de panel notamment sur la prise en charge des victimes et le rôle des médias dans la lutte contre le viol.
L'exposition est aussi un moment où des voix s'élèvent pour dire halte au viol et pousser l'opinion à comprendre les dangers de ce crime.
PAR ANAÏS ANGELO
EN POLITIQUE, LES FEMMES AFRICAINES DEMEURENT AUSSI CRIANTES QUE COURTISÉES
La présence de femmes en politique est ancienne, mais a été occultée par un récit national forgé par une élite masculine en quête de légitimité et qui associe la politique à la virilité
Le Monde Afrique |
Anaïs Angelo |
Publication 06/11/2018
La présidence de la République fédérale d’Ethiopie est, pour la première fois, occupée par une femme. Le 25 octobre, Sahle-Work Zewde a été nommée par le Parlement pour occuper cette fonction qui, comme beaucoup le rappellent, est avant tout honorifique puisque les pouvoirs exécutifs sont détenus par le premier ministre. Cette nomination intervient alors que le gouvernement éthiopien amorce de nombreuses réformes, en politique intérieure comme en politique internationale, et semble avoir mis un point d’honneur à la parité des genres. Deux femmes ont été nommées aux postes stratégiques de ministre de la défense et de ministre de la paix (ancien service pour le renseignement).
Au Rwanda, le gouvernement de Paul Kagamé a, lui aussi, placé la parité au cœur de ses réformes politiques et se targue aujourd’hui d’être un des pays avec le plus grand nombre de femmes au Parlement. Mais cette parité reste sujette à controverses. En 2010, le Sénégal a voté une loi sur la parité des genres à l’Assemblée nationale : elle reste toutefois encore largement inappliquée. Au Kenya, en 2017, la Cour suprême avait mandaté le Parlement pour instituer la parité aux deux tiers – comme le prévoyait la nouvelle Constitution votée en 2010 – dans un délai de 60 jours. Le délai passé, le Parlement se refuse toujours à appliquer la loi.
Manque de perspective historique
L’engouement ou la frilosité quant à l’ouverture politique au sexe féminin montre que les femmes, qu’elles soient élues ou électrices, demeurent aussi craintes que courtisées. Cette ambivalence n’est que trop vite oubliée par l’enthousiasme médiatique que la nomination (ou l’élection) d’une femme à un haut poste de pouvoir suscite et qui fait croire qu’il y a là un phénomène nouveau. Or la présence de femmes en politique est ancienne, mais a été occultée par un récit national forgé par une élite masculine en quête de légitimité et qui associe la politique à la virilité. Faut-il donc croire qu’une femme à un haut poste de pouvoir annonce véritablement un nouveau type de politique et de société ?
Un premier constat pointe le manque de perspective historique sur le sujet. Le pouvoir étant traditionnellement associé à des attributs masculins, les recherches sur les femmes africaines au pouvoir font encore cruellement défaut. Si l’influence des femmes en politique n’est pas nouvelle, elle concerne souvent les femmes proches des cercles de pouvoir ou issues de dynasties familiales : certaines auront, par exemple, fait campagne pour leurs maris, galvanisant pour leurs causes un électorat féminin ; d’autres auront hérité du royaume politique de leurs parents. Leurs récits, autant que leur influence, restent encore dans l’ombre.
Une légitimité forgée à l’international
Il faut remarquer à ce titre que les femmes qui ont accédé à la fonction suprême n’appartiennent pas à des dynasties familiales mais ont forgé leur légitimité par l’international. Ce n’est sans doute par une coïncidence si Sahle-Work Zewde comme Ellen Johnson Sirleaf – première femme présidente du Liberia – ont fait leurs armes dans les institutions internationales et/ou la diplomatie. Elles se distinguent des vétérans de la politique locale, qui ont des profils bien plus controversés et ne dépassent souvent pas les postes de ministres – on citera pour exemple la Kenyanne Charity Ngilu, candidate malheureuse à la présidence en 1997.
L’enthousiasme pour les femmes africaines en politique se comprend mieux à l’heure où les questions d’égalité et de respect entre les genres dominent l’actualité mondiale. Certains y voient la création de modèles pour la jeunesse, d’autres le premier coup porté à la domination « patriarcale ». La prudence est sans doute de mise. Rien ne dit, pour l’instant, que les femmes en politique sont aussi visibles qu’écoutées. Rien ne dit non plus que la cooptation politique n’épargne pas les femmes ou qu’elle ne saurait êtrel’œuvre de femmes, comme le laissait entendre Emmanuel Dongola dans son roman Photo de groupe au bord du fleuve (éd. Actes Sud, 2010) :« Tout d’un coup te remonte à la mémoire la proposition que la ministre de la femme et des handicapés t’afaite, celle d’être sa conseillère. (…) Que feras-tu alors ? Ne serait-ce pas drôle de passer du jour au lendemain du statut de casseuse de pierres à celui de membre d’un cabinet ministériel ? »…
Anaïs Angelo est historienne, chercheuse postdoctorale au département d’études africaines de l’Université de Vienne (Autriche)
TEXTE COLLECTIF
NON À L'ÉDUCATION SEXUELLE
Dans nos curricula, existent des cours sur l’anatomie, la santé reproductive, dispensés au secondaire - Le besoin de financement ne doit pas nous faire accepter tout et n’importe quoi et piétiner les valeurs qui ont fondé notre société !
L’aveu est la reine des preuves. En disant à la face des sénégalais, dans une interview sur les ondes d’une radio sénégalaise, que sa volonté est de faire introduire l’éducation sexuelle dans nos écoles, Human Rights Watch (HRW) conforte tous ceux qui doutaient de la pertinence et de l’opportunité de son récent rapport intitulé : « Ce n’est pas normal, Exploitation sexuelle, harcèlement et abus dans les écoles secondaires au Sénégal », publié le 18 octobre 2018. Les autorités du Ministère de l’Education Nationale qui avaient tôt fait d’alerter l’opinion publique nationale sur les véritables motivations des activistes de HRW, n’en seront que remerciées.
En effet, le contenu de ce rapport qui a fini de soulever la polémique, nous amène à nous poser des questions sur les réelles motivations de ses auteurs, au-delà de ce qu’ils veulent nous dire à travers les résultats obtenus. Sans nous attarder sur le titre assez alarmiste, le constat est que, dès le départ, le rapport tranche. Il parle d’une « exploitation sexuelle généralisée dans les écoles » et jette le discrédit, d’une part, sur le corps enseignant et, d’autre part, sur le gouvernement et son incapacité à apporter une réponse efficace à la question : « Le gouvernement s’est avéré inutilement lent à adopter un programme national exhaustif de santé sexuelle et reproductive. Au moment de la rédaction de ce rapport, il était réticent à inclure des contenus sur la sexualité dans les programmes d’enseignement en raison des préoccupations selon lesquelles l’enseignement de la sexualité contredirait les valeurs culturelles et morales du Sénégal, ainsi que du fait des pressions exercées par les groupes religieux. » (p.5) Ce qui renseigne clairement sur la volonté d’introduire l’éducation sexuelle dans nos écoles.
La démarche heuristique de ce rapport est basée sur des recherches menées en juillet, août, octobre, novembre 2017 et juillet 2018 dans 4 régions sur les 14 que compte le Sénégal (Dakar, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor). Il s’agit essentiellement de 42 entretiens individuels auprès de 27 filles et 15 jeunes femmes, dans 22 établissements dont 14 collèges et 8 lycées, de discussions de groupe avec 122 élèves du secondaire qui sont réparties dans 4 écoles publiques, de 11 entretiens avec des enseignants et des activistes, et avec 4 membres de familles ou tuteurs légaux de victimes. Dès lors, nous pouvons valablement nous interroger sur la rigueur scientifique de cette recherche et, par ricochet, sur la fiabilité des résultats. Ces chiffres nous permettent de noter la faiblesse de l’échantillon qui pose problème. Hormis le caractère intentionnel du choix, la faible représentativité ne permet pas de procéder à une généralisation empirique à l’échelle du pays.
Concernant les critères de choix des localités ciblées (Dakar, Bignona, Ziguinchor, Mpack, Sédhiou, Ndorna, Medina Yoro Foulah, Vélingara), selon HRW ces zones ont été choisies « parce qu’elles présentent les taux de grossesse chez les adolescentes les plus élevés du pays, ainsi que des taux élevés de mariage d’enfant et un faible taux de maintien dans l’enseignement secondaire ». Il justifie le faible taux de maintien des filles à l’école dans ces localités par « la crainte que les filles soient exposées au harcèlement sexuel et à la violence sexiste à l’école ». (p.28) Or, en l’absence d’une analyse causale adéquate sur les grossesses et les mariages précoces chez les jeunes filles et sur leur maintien à l’école, il n’est pas possible d’aboutir à de telles conclusions univoques. Ces zones ciblées ont leurs spécificités sociologiques et culturelles. Dès lors, une meilleure compréhension des cultures et des réalités locales s’avère nécessaire pour l’appréhension des phénomènes précités.
Globalement, les conclusions du rapport semblent prédéterminées et dictées plus par un but idéologique que par les faits. La situation décrite n’est pas représentative de la réalité globale des collèges et du comportement des enseignants en général. Aussi, la coïncidence est trop troublante entre la publication de ce rapport qui accable les enseignants comme étant des « prédateurs sexuels » et le débat sur l'introduction de l’éducation sexuelle dans les programmes des écoles primaires devenu récurrent dans plusieurs pays d’Afrique et du Monde.
De ce rapport, on ne peut qu’avoir mal pour ces vaillants enseignants, soldats du savoir, qui nous ont enseigné à tous et qui continuent de le faire avec nos enfants du primaire à l’université. Ils méritent autre chose de la Nation qu’un ramassis de témoignages présentés comme une étude scientifique pour les taxer de harceleurs, violeurs et « engrosseurs » de filles dans une campagne orchestrée sur les réseaux sociaux pour choquer l’opinion publique nationale et internationale. La méthode est connue de certaines organisations. Quand bien même, elle s’avère une démarche portant atteinte à l’honorabilité des éducateurs que sont nos enseignants dans leur écrasante majorité.
Stigmatiser les enseignants, alors que nous savons tous que des brebis galeuses existent dans tous les corps de métiers et dans toutes les couches sociales, n’est pas digne d’une organisation sérieuse voulant alerter sur un problème sociétal jusque-là pris en charge et traité par la Justice et les différentes institutions. Avec de tels manquements notés dans le rapport, on ne saurait jeter l’opprobre sur le corps enseignant et indexer tout le système scolaire du pays, avec le dessein inavoué d’introduire ses orientations dans les programmes scolaires. Quand on se fixe comme objectif d’analyser un fait en vue de produire des recommandations qui vont servir de base à des actions de plaidoyer visant à influencer la politique d’un pays dans un domaine ou un autre, la moindre des choses est de respecter l’exigence de rigueur scientifique. Vue son importance, cette question ne saurait faire l’objet d’une telle légèreté dans son appréhension.
Il est vrai que l'Etat doit renforcer les moyens de répression contre tous ceux qui s’adonnent à ces pratiques criminelles partout et dans toutes les sphères privées et publiques avec tout l’arsenal juridique, les mesures administratives et l’information qu’il faut mais il lui incombe également de protéger l’innocence de l’enfance. Une innocence incompatible avec des cours d’éducation sexuelle dès l’école primaire. Dans nos curricula, existent des cours sur l’anatomie, la santé reproductive et autres, dispensés au secondaire et, de fort belle manière, par les enseignants d’économie familiale. On s’entend bien là-dessus qu’ils n’ont jamais été contestés et recueillent l’assentiment des parents. Dans nos normes et valeurs, nos coutumes et croyances, encore ancrées en la plupart d’entre nous, l’éducation initiale est du ressort de personnes bien connues dans nos sphères privées et familiales. Nos sociétés n’ont pas attendues HRW ou l’école pour éduquer nos enfants sur certaines questions comme la sexualité.
Nous vivons dans un monde globalisé. Notre planète est devenue un « village global » où le destin de l’humanité semble être, de plus en plus, régi par le principe de la globalisation. Dans ce contexte, nous assistons à une accélération des mutations sociales exacerbées par le choc des cultures et des civilisations. L’Afrique n’échappe pas à cette dynamique. Notre continent, entré de plein pied dans cette mouvance, fait face à de nouveaux défis qui questionnent notre capacité à nous adapter aux changements qu’entraine, dans son sillage, la globalisation et à apporter des réponses efficaces face aux enjeux de ce monde en perpétuel mutation.
Dans ce monde en rapide évolution, que deviendront ceux qui ne feront pas preuve d’une grande réactivité face à ces profondes mutations ? Quand nous laissons certaines questions importantes entre les mains d’autres jusqu’au point où nous ne disposons plus de liberté pour infléchir les choses, nous devrons tôt ou tard prendre des décisions sous contrainte car nous n’aurons plus le choix. Le seul moyen d’échapper à une telle situation est de réfléchir sur le type de société que nous voulons construire et de prendre conscience des mutations afin d’anticiper sur les réponses à y apporter avant que celles-ci ne s’imposent à nous de manière contraignante. A nous de décider si nous devons subir le changement, l’attendre pour réagir ou nous y préparer en anticipant ou en le provoquant. Aujourd’hui, il revient à l’Etat du Sénégal de mener une étude sérieuse sur cette question à travers la mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues, sociologues, pédopsychiatre, juristes etc. Le besoin de financement ne doit pas nous faire accepter tout et n’importe quoi et piétiner au sol les valeurs qui ont fondé notre société !
Viviane Solange Mbengue, sociologue et Moussa Diaw, gestionnaire d’entreprise
ELLE ACCOUCHE DE SON PREMIER BÉBÉ À...62 ANS
Une femme sexagénaire a donné la vie par césarienne le 31 octobre 2018 d'une fille de 2,7 kg au CHRACERH Paul et Chantal Biya de Yaoundé - Un cas inédit dans le pays
le360afrique |
Tricia Bell |
Publication 02/11/2018
La petite Marie est née d'une mère sexagénaire dans la matinée du mercredi 31 octobre 2018 au Centre hospitalier de recherche et d'application en chirurgie endoscopique et reproduction humaine Paul et Chantal Biya (CHRACERH) de Yaoundé, la capitale.
Âgée de très précisément 62 ans, cette "jeune" maman dit avoir tout essayé pour donner la vie, entre médecine traditionnelle et moderne. Avant de se tourner en dernier lieu vers le CHRACERH, où elle a subi une fécondation in vitro. Une grande première dans le pays, voire sur le continent africain et un exploit réalisé en somme par cette formation hospitalière spécialisée, compte tenu de l'âge de la mère et des problèmes de fécondité des femmes après 45 ans.
«Compte tenu de l'histoire de la dame que nous avons reçue, je ne pouvais pas refuser de prendre le risque médical de la mettre enceinte à cet âge. J'étais positif, en particulier avec le fait que j'étais sûr de l'expertise médicale et de l'équipement que nous avons à l'hôpital. Avec la technologie et les possibilités médicales du CHRACERH, de plus en plus de femmes deviennent enceintes», précise à la presse le Pr Jean Marie Kasia, administrateur directeur général de cette structure.
Mis en service en 2015 puis inauguré en 2016 par la première dame, Chantal Biya, le CHRACERH a été créé par décret présidentiel en 2011. C'est un établissement public administratif doté de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Il est placé sous la tutelle technique du ministère de la Santé publique.
L’établissement est, entre autres, spécialisé en matière de procréation médicalement assistée et en chirurgie endoscopique. Dans le monde, les primipares les plus âgées recensées à ce jour viennent d'Inde. Daljinder Kaur et Rajo Devi, toutes les deux âgées de 70 ans, ont donné naissance à leur premier enfant respectivement en 2016 et 2008.