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30 novembre 2024
Femmes
MACRON OBSÉDÉ PAR LES FEMMES ?
“Montrez-moi une femme qui a décidé, en étant parfaitement éduquée, d'avoir 7, 8 ou 9 enfants ” - Ces propos du président français sur les femmes africaines ont choqué et ce n'est pas la première fois...
Chercheuse sur les droits de l'enfant, Elin Martínez? a procédé, ce jeudi, à la publication du rapport de Human rights watch dénommé "'Ce n'est pas normal' : Exploitation sexuelle, harcèlement et abus dans des écoles secondaires au Sénégal". Une enquête contestée par le ministre de l'Éducation nationale, Serigne Mbaye Thiam. Dans cet entretien, elle apporte des éclaircissements sur les résultats du rapport avant de renseigner sur les trois recommandations clés faites au gouvernement sénégalais. Selon Elin Martínez, le ministre sait très bien que l'éducation à la sexualité à l'école est une demande qui n'est pas nouveau. Laquelle, dit-elle, figure dans la fiche technique internationale.
Le ministre de l'Éducation nationale, Serigne Mbaye Thiam a contesté, dans un communiqué, les conclusions du rapport de Human rights watch dénommé "'Ce n'est pas normal' : Exploitation sexuelle, harcèlement et abus dans des écoles secondaires au Sénégal'". Que répondez-vous ?
Oui, nous avons lu la réponse du ministre de l'Éducation nationale, Serigne Mbaye Thiam. Cependant, nous n'avons pas reçu directement le communiqué. En fait, au mois de décembre 2017, nous lui avons envoyé une lettre avec nos conclusions et nos recommandations. Mais jusqu'à présent, pas sa réponse. Donc, c'est intéressant d'avoir la réaction de Serigne Mbaye Thiam et comme toujours nous l'invitions à une réponse officielle surtout sur ce que le gouvernement va faire pour protéger les enfants à l'école. Notre rapport a montré qu'il y a des filles qui souffrent à l'école, qui sont exploitées et harcelées.
Donc, il faut réagir même s'il y a des structures de l'Etat qui sont en place. Nous nous sommes concentrés sur ça. Nous avons fait des enquêtes et nous l'avons félicité pour avoir un cadre de coordination des stratégies mises en place. Mais quand même, on s'inquiète parce que parfois ils n'ont pas tellement appliqué les mesures. Donc, même si le gouvernement dit qu'il a ses structures en place, des agents qui sont chargés des inspections médicales, il doit voir ce qui se passe dans les écoles.
?"On exhorte aussi Serigne Mbaye Thiam à consulter la fiche technique internationale qui existe déjà partout par rapport au fait d'apprendre la sexualité dans les écoles."
Pourtant, il y a des inspecteurs de l'éducation…
Comme notre rapport le souligne parfois, ça ne marche pas. Il y a des inspecteurs qui savent qu'il y a des cas d'harcèlements et d'exploitations sexuels qui ne portent pas plainte. Il y a des directeurs d'écoles aussi. C'est au ministère d'aller à la base, dans toutes les écoles, avoir des discussions avec ces agents et avec d'autres ministères pour vraiment savoir qu'est-ce qu'ils doivent faire pour protéger les enfants. Nous les encourageons à aller plus loin. Mais comme, on l'a dit, nous avons rencontré les représentants officiels du ministère de l'Éducation nationale cette semaine, on les a encouragés à répondre officiellement à notre lettre et à bien discuter de ce problème parce que pour nous, la meilleure recommandation, c'est de s'assurer que le ministère de l'Éducation nationale va protéger les filles et les garçons à l'école.
Également, la tutelle dit que votre rapport a pour but d'amener le Sénégal à introduire l'éducation à la sexualité dans ses curricula. Ces soupçons sont-ils fondés ?
C'est intéressant que le ministre ait souligné cela parce qu'il sait très bien que cela fait partie des discussions en l'Afrique et à l'international. Il y a beaucoup d'efforts qui sont faits à ce niveau par des agents des Nations-unis, les cadres des Ong, des gouvernements qui sont déjà allés plus loin pour s'assurer que les enfants ont l'accès à l'éducation de qualité sur la sexualité et à la santé de la reproduction. C'est n'est pas quelque chose de nouveau. C'est juste un rappel pour le gouvernement du Sénégal afin qu'il fasse des efforts dans ce sens.
Le ministre sait très bien que ce n'est pas seulement nous qui voulons ce programme. Car, les agents de l'Onu, de l'Uncesco, du Fonds de la population des Nations-unies ont tellement encouragé l'État sénégalais à faire cela. Je veux aussi souligner qu'au Sénégal, le ministère de la Santé fait beaucoup d'efforts pour garantir que les enfants sont protégés du Vih, des maladies sexuellement transmissibles à travers l'information. Donc, si ce département est en train d'agir de la sorte, le ministère de l'Éducation nationale doit s'assurer que ces élèves ont vraiment l'accès à l'information de qualité par rapport à la sexualité mais aussi à la santé de la reproduction. On exhorte aussi Serigne Mbaye Thiam à consulter la fiche technique internationale qui existe déjà partout par rapport au fait d'apprendre la sexualité dans les écoles.
"Il y a des enseignants qui harcèlent, qui exploitent et qui abusent ces élèves. Donc, ce n'est pas seulement pour le ministère de l'Éducation. Les syndicats d'enseignants aussi doivent réagir."
Pourtant Serigne Mbaye Thiam a soutenu que la lutte contre les violences faites aux filles fait partie de l'une des priorités du gouvernement…
Nous avons souligné dans le rapport est que le gouvernement a fait deux choses. La première chose est qu'il a mis en place une stratégie pour améliorer l'éducation pour les enfants au niveau secondaire et assurer qu'il ait plus de filles à l'école. La deuxième chose est que le gouvernement est en train d'adopter certaines stratégies politiques. Mais, ce que nous avons relevé dans les recommandations, ce sont des faiblesses le système.
Nous avons remarqué que le gouvernement n'a pas une politique nationale pour prévenir l'exploitation sexuelle et le harcèlement sexuel à l'école. Cela n'existe pas même si dans les stratégies du gouvernement, ils ont déjà inclus des sujets par rapport à la violence basée sur le genre. Nous avons aussi souligné qu'il n'y a pas un code de conduite si bien que les enseignants ne sont pas guidés par un code de déontologie et d'éthique. Ceci n'est pas une obligation légale mais c'est une obligation déontologique. C'est quelque chose qu'eux-mêmes doivent respecter.
Cependant, comme on peut le voir, il y a des enseignants qui ne respectent pas cela, qui harcèlent, qui exploitent et qui abusent ces élèves. Donc, ce n'est pas seulement pour le ministère de l'Éducation. Les syndicats d'enseignants aussi doivent réagir pour adopter un code de conduite pour tout le personnel éducatif. Notre 3e recommandation clé est de donner une formation de qualité sur la protection de l'enfant et les droits de l'enfant. Ce sont les enseignants eux-mêmes et les syndicats qui nous l'ont vivement recommandée
Une étude de Human Rights Watch révèle de graves abus d’enseignants qui exigent de leurs élèves des faveurs contre de l’argent ou des bonnes notes.
Cela a commencé par des regards insistants, des sourires, puis des mots susurrés à l’oreille. Marie (le prénom a été changé) s’est laissée faire, innocemment. « J’étais jeune, 17 ans, et puis… c’était mon professeur,glisse-t-elle. J’avais envie d’apprendre et l’histoire-géo me passionnait. » Un jour, il lui a proposé de la raccompagner chez elle après les cours, dans le quartier de Pikine, en banlieue de Dakar. Dans la voiture, il essaie de la toucher, de l’embrasser. « J’avais peur. Il était costaud et le soir tombait. Si j’avais crié, personne ne m’aurait entendue. » Elle parvient à le repousser, à sortir du véhicule. Puis ce fut l’enfer.
« Il me harcelait quotidiennement, me disant qu’il m’aimait, me retenant après les classes », confie-t-elle, la tête droite mais les yeux rivés dans les bosquets. Malgré son travail et ses bons résultats au premier trimestre, il lui donne des notes de plus en plus mauvaises, « par vengeance », admettra-t-il plus tard. « Même le principal m’a interpellée, intrigué par la chute de ma moyenne. Mais je n’ai rien dit. » A ses parents non plus elle ne fournit pas de raison. Six mois durant, elle craint d’aller à l’école, frôle le décrochage scolaire. « Même le week-end, quand je prenais des cours de renforcement dans d’autres matières, je le trouvais au lycée. Cela me déstabilisait profondément. »
Une situation intenable à laquelle viennent s’ajouter les avances d’un second professeur, celui de physique-chimie. Un homme marié qui lui assène son amour dès qu’elle passe devant la salle des profs. « Je n’en pouvais plus. J’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de les confronter, menaçant de révéler leur comportement au principal, un homme intègre », raconte-t-elle. Ils ont pris peur, ont cessé de l’importuner quelque temps, avant de reprendre l’année suivante. Elle finit par tout révéler à ses parents et décide de changer de lycée. « J’ai perdu mes camarades mais j’ai préservé ma scolarité. »
Grossesses précoces
Toutes les jeunes Sénégalaises ne peuvent pas en dire autant. Selon une vaste étude publiée par Human Rights Watch jeudi 18 octobre, Marie est loin d’être un cas isolé. Les actes de harcèlement et d’abus sexuels seraient même récurrents dans les écoles du pays, menant à de nombreuses déscolarisations et grossesses précoces. Le rapport de 98 pages, intitulé « Ce n’est pas normal : exploitation, harcèlement et abus dans des écoles secondaires au Sénégal », évoque de graves abus d’autorité de la part d’enseignants qui exigeraient des faveurs sentimentales ou sexuelles contre de l’argent, des bonnes notes, des téléphones portables, des vêtements neufs ou le règlement des frais de scolarité.
« Le Sénégal manque de mécanismes de protection contre ce type de comportements en milieu scolaire », explique Elin Martinez, chercheuse de la division « droits des enfants » à Human Rights Watch et auteure de l’étude : « Si le pays a de manière louable reconnu que la violence sexuelle est un problème sérieux dans ses écoles, l’arsenal juridique est encore trop faible. » Le Code pénal sénégalais n’inclut pas d’infraction pénale spécifique pour quiconque a des relations sexuelles avec des mineurs. La législation ne stipule pas non plus d’âge minimum pour le consentement sexuel. Seuls les actes de violence sexuelle commis sur des enfants de moins de 16 ans sont considérés comme des infractions passibles de cinq à dix ans d’emprisonnement.
« Or le consentement du mineur pose problème », avance Nafissatou Seck, membre de l’Association des juristes sénégalaises, qui fait de l’accompagnement juridique et judiciaire aux victimes de violence sexuelles :
« Un enfant a de nombreuses raisons de se taire. Surtout qu’au Sénégal, nous avons des coutumes qui maintiennent dans les familles la loi du silence. Il y a bien souvent une stigmatisation de la victime et de ses proches. Les questions de sexualité sont encore très taboues et il n’est pas évident de dénoncer publiquement ce qu’on a subi. »
Bien que se raréfiant, les mariages précoces sont encore courants dans le pays. Ce n’est pas la seule menace qui pèse sur les enfants. A Saly ou Cap Skirring, deux stations balnéaires de la côte, le tourisme sexuel, même avec des mineurs, est un phénomène visible. Bien souvent, la honte ou l’argent force les familles à se taire. « Les parents déclenchent les procédures puis se rétractent, par peur ou par manque d’argent », soutient Nafissatou Seck.
Engrenage infernal
L’étude de Human Rights Watch, qui a permis de révéler des dizaines de cas de harcèlements et de viols à travers 160 entretiens de jeunes filles, n’a encore levé qu’un coin du voile. « Vu le nombre de cas que nous avons rencontrés rien que dans les écoles visitées à Dakar et en Casamance, on peut supposer que la situation est grave dans toutes les régions », note Elin Martinez.
Supposition confirmée par Ndeye Fatou Faye, psychologue du Centre de guidance infantile et familiale de Dakar (Cegid), qui prend en charge les victimes de violences : « J’ai parcouru pendant deux ans et demi le Sénégal en accompagnant psychologiquement 300 enfants victimes d’abus sexuels. Je peux vous assurer que le phénomène est national. » Le ministère de la santé, qui avait publié en 2016 le chiffre officiel de 3 200 cas de viols déclarés, tous âges confondus, est donc encore loin du compte.
Marie, aujourd’hui 25 ans, s’épanouit dans ses études de bureautique grâce au courage qui lui a permis de briser la loi du silence et à sa famille, qui a su bien réagir. Mais elle est consciente qu’elle a échappé de peu à un engrenage infernal. « Je connais une fille en Casamance, d’où je viens, qui a été mise enceinte par son professeur. Il a refusé de reconnaître l’enfant. Elle a dû quitter l’école à 15 ans pour travailler et survivre. » L’enseignant, lui, est toujours en poste.
AÏCHATOU AGNE POUYE INTÈGRE LE CA D'ECOBANK
L’ancienne ministre des PME et du Commerce sénégalaise, est coptée dans le conseil d’administration d’Ecobank, a annoncé vendredi Ecobank Transnational Incorporated (ETI), maison mère du groupe Ecobank
« Mme Aïchatou Agne Pouye est une professionnelle sénégalaise dotée de plus de 30 ans d'expérience dans le secteur privé, l'administration publique et les organisations internationales », informe Ecobank dans un communiqué dont APA a obtenu copie.
Aïchatou Agne Pouye est titulaire d’un diplôme de troisième cycle spécialisé en gestion et administration des affaires de l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Caen, en France, d’un BSC et d’un MSC en sciences économiques de l’Université de Paris 9 Dauphine (France).
Elle a occupé des postes de direction dans de nombreuses organisations aussi bien au sein du secteur privé que du secteur public, où elle a démontré de solides compétences dans des domaines tels que la gestion des personnes, l'audit et la gestion d'entreprise, la commercialisation des services bancaires, l'accès au financement pour les PME, les négociations commerciales internationales et la TRTA (assistance technique liée au commerce).
En 1984, elle débute sa carrière chez Ernst and Young International, à Dakar, au Sénégal, où elle a travaillé en tant qu'auditeur externe. En octobre 1990, elle a rejoint Citibank où elle a passé 10 ans en tant que vice-présidente résidente, vice-présidente de groupe et membre du comité de direction de la banque.
En juillet 2000, Mme Pouye a rejoint le secteur public en tant qu'administratrice générale du Fonds de promotion économique (FPE), un fonds de refinancement créé par la Banque africaine de développement et le gouvernement sénégalais pour financer des PME et des microprojets.
De mai 2001 à avril 2004, elle a rejoint le gouvernement du Sénégal en tant que ministre des PME et du Commerce, puis ministre du Commerce, pour un mandat cumulé de cinq ans.
En août 2006, elle donne une orientation internationale à sa carrière en occupant le poste de Directrice de la Division des affaires et du soutien international et de la Division du marketing du Centre du commerce international (ITC), une agence des Nations Unies et de l'OMC où elle a travaillé jusqu'en décembre 2017.
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#MEETOO, QUEL IMPACT EN AFRIQUE ?
Dans la foulée de l'affaire Weinstein qui a ébranlé tout Hollywood, les femmes ont dénoncé le harcèlement et les agressions sexuelles, mais qu'en est-il sur le continent africain ?
#MeeToo, dans quelle mesure le mouvement a-t-il pris en Afrique ? Dans la foulée de l'affaire Weinstein qui a ébranlé tout Hollywood, les femmes ont dénoncé le harcèlement et les agressions sexuelles, mais qu'en est-il en Afrique ?
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RENCONTRE AMINATA AIDARA
La journaliste italo-sénégalaise signe son premier roman "Je suis quelqu'un" : l'histoire d'un secret qui hante les membres d'une famille éclatée entre le Sénégal et la France
Aminata Aidara est journaliste. Ses personnages l'ont longtemps hantée. Avec eux, l'écrivaine italo-sénégalaise se pose des questions sur les origines de chacun et sur la façon de se définir, en tant qu'immigré en France comme Penda, afrodescendants comme Estelle, fils de harkis comme Eric, afro-américaine comme Cindy, enfant métis qui se découvre "africain" pour Mansour... Une quête qui se cristallise autour d'un secret : l’existence et la mort du bébé que Penda a eu avec son amant inconstant, Eric, du temps où tous vivaient à Dakar. "Je suis quelqu'un" est le premier roman de Aminata Aidara.
LES FEMMES RURALES INDEXENT L’AGRICULTURE CONVENTIONNELLE
Propagation du cancer, du diabète et des maladies dites nouvelles
«La faim zéro d’ici 2030». C’est est le thème de l’édition 2018 de la célébration de la journée mondiale de l’alimentation. Et c’est la commune de Darou Khoudoss qui a abrité la cérémonie organisée par le mouvement paysan dénommé «Nous sommes la solution». A cette occasion, les femmes rurales ont fait un plaidoyer pour l’agriculture écologique et indexé l’agriculture conventionnelle dans la propagation du cancer, du diabète et d’autres maladies dites nouvelles.
A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de l’alimentation initiée par le mouvement paysans «Nous sommes la solution» sur le thème «La faim zéro d’ici 2030», les femmes rurales ont confiné l’agriculture conventionnelle au banc des accusés. Selon Mariama Sonko Coordonnatrice de l’organisation panafricaine «Nous sommes la solution», par ailleurs membre de l’organisation paysanne dénommée Association des Jeunes Agriculteurs de la Casamance (AJAC), l’agriculture conventionnelle est responsable de l’apparition de plusieurs maladies dites nouvelles. «Avant, on entendait très rarement parler de tumeur, de cancer, de diabète, etc. Mais aujourd’hui ces maladies font l’actualité tous les jours, et une telle situation est tout simplement liée à notre alimentation», tel est l’avis de Mariama Sonko.
Selon elle, à l’âge de 50 ans l’africain commence à vieillir et à contracter des maladies, et cela est la conséquence de la consommation de produits venant de l’agriculture conventionnelle. Pour elle, c’est incompréhensible que, devant une telle situation, les pouvoirs publics soient toujours prompts à soutenir ce type d’agriculture. De l’avis de Mariama Sonko, cette tendance peut bel et bien être inversée et la faim définitivement éradiquée d’ici 2030 si l’Etat appuie les femmes et les producteurs agro écologiques, en les dotant de matériels adéquats. A l’en croire, le matériel agricole et les bonnes terres ne sont pas toujours accessibles aux femmes.
Pourtant, dit elle, les hommes ne pratiquent que des cultures de rente, qui leur permettent d’avoir de l’argent alors que les femmes se donnent à fond aux cultures vivrières pour nourrir la famille. A l’en croire encore, il est établi que la faim reculerait si les femmes accédaient à un certain pouvoir de décision. Elle ajoute : «les inégalités de genre, très présentes en Afrique, cantonnent les femmes dans des tâches réputées subalternes, qu’elles exécutent avec des moyens sommaires, sans grand pouvoir de décision. Les engrais, les meilleures terres, le matériel, l’eau sont captés par les hommes qui mobilisent plus ces ressources dans des cultures de rente. Les femmes se contentent de ce qui reste, les terres moins bonnes, des outils rudimentaires pour entretenir leur potager, leurs casiers rizicoles, leurs bétails, etc.» Ainsi, note Mariama Sonko, leur marge de manœuvre est plus que faible et pourtant, elles doivent également s’occuper de la famille, chercher l’eau et le bois, cuisiner, entretenir la maison, laver le linge, veiller sur l’éducation des enfants.
Ainsi, dit-elle, le temps consacré aux potagers et aux autres activités est souvent limité. Elle affirme que si les femmes avaient la possibilité de partager librement leur temps entre travaux agricole et domestique, d’accéder aux équipements agricoles adéquats à l’agro écologie et à l’eau, elles allaient non seulement produire assez d’aliment pour la famille mais aussi développer le pays avec une bonne assurance. Elle ajoute : «les inégalités de genre se traduisent bien souvent par des disettes. La FAO, l’organisation mondiale pour l’alimentation, estime que si les femmes accédaient aux mêmes ressources que les hommes, elles augmenteraient de 20 à 30% leur production et feraient reculer de 12 à 17% le nombre de personnes atteintes par la famine ».
La célébration de la journée mondiale de l’alimentation à Darou Khoudoss est une initiative du mouvement «Nous sommes la solution», qui s’étale sur 7 pays de l’Afrique de l’Ouest, en l’occurrence le Burkina Faso, la Gambie, le Ghana, la Guinée Bissau, le Mali et le Sénégal. Plus de 8000 associations ont adhéré au mouvement, soit plus de 17.500 membres. Il vise à promouvoir les bonnes pratiques et savoirs agricoles connus et transmis pendant des générations en Afrique et qui ont longtemps préservé la souveraineté alimentaire sur le continent, mais aussi à influencer les décideurs à promouvoir une meilleure gouvernance agricole et la production de l’agriculture familiale. Dans le cadre de cette journée, les femmes sont venues de la Gambie, de Ndondole, Mékhé, Fissel, Diogo Fasse Boye, de la zone des Niayes, du littoral, etc.
LE DÉPISTAGE RESTE LA SOLUTION AU CANCER DU SEIN
Les femmes sont-elles suffisamment informées de l’impact d’un dépistage précoce sur les chances de guérison ? Rencontre avec certaines d’entre elles à Dakar
La disparition du conjoint est une situation douloureusement vécue par toute femme quel que soit son mental. En plus d’être éprouvées par la perte d’un être cher, les veuves sont obligées, au Sénégal, de subir certaines réalités sociologiques.
«Se marier pour le meilleur et le pire, et jusqu’à ce que la mort nous sépare». Cette expression est prononcée durant la célébration des mariages. Au Sénégal, lorsque le mari décède le premier, la femme est obligée de porter le veuvage. C’est une période longue, triste et douloureuse. Dans l’Islam, le veuvage est simple, il faut se voiler, prier pour le disparu. La période de veuvage chez les musulmans dure 4 mois et 10 jours. Mais pour la tradition, la situation devient plus compliquée dans la mesure où les veuves sont marginalisées. Elles ne doivent faire le linge que deux fois par semaine : les lundis et les vendredis. Et pour cela, elles disposent d’une bassine qui leur est exclusivement réservée. Elles ne doivent se faire tresser que par leur propre sœur. Complètement isolées, elles ne sont pas autorisées à travailler non plus. Rencontrées, des femmes qui ont perdu leurs époux ont fait des récits poignants par rapport au supplice qu’elles ont vécu durant la période de veuvage. La quarantaine, et employée dans une grande entreprise de la place, A.D a perdu son mari il y a 3 mois.
A.D : «A L’ANNONCE DU DECES DE MON MARI, J’AI ETE MISE A L’ECART»
Haute comme trois pommes, visage triste et sans maquillage, A.D raconte : «A l’annonce du décès de mon mari, je suis allée chez ma belle-famille. A mon arrivée, on m’a enlevé les tresses. Ma belle-sœur est allée au marché, a acheté une bassine, et un boubou que je devais porter. Après l’enterrement de mon mari, elles ont mis un pagne sur ma tête et trois femmes se sont mises debout pour chanter mes louanges et magnifier mes actes dans la maison. Chaque jour après la prière du crépuscule, je change les habits que je portais dans la journée pour éviter que mon mari soit dans l’obscurité. C’est du moins ce que m’a dit ma belle-famille. On m’a carrément mise à l’écart. Des gens qui étaient venus présenter leurs condoléances ont dit que je ne dois pas manger dans le même bol que les autres membres de la famille», dit-elle.
D.ND : «LE JOUR DES FUNERAILLES, MA BELLE-FAMILLE ME LANÇAIT DES PIQUES DEVANT MA FAMILLE»
A trente ans, D.Nd, qui venait de fêter ses sept mois de mariage, a perdu son mari. «Mon mari a piqué une crise cardiaque dans son bureau et a rendu l’âme sur le champ. J’étais au boulot, lorsqu’on m’a appelée pour m’informer de la mauvaise nouvelle. J’ai refusé d’y croire jusqu’à ce que je voie le corps. Ce fut le début de ma souffrance. Ma belle-famille disait que j’avais la poisse. Le jour des funérailles, elle m’a lancé des piques devant ma propre famille. Je portais le deuil alors que j’étais enceinte sans le savoir. C’était des moments très douloureux pour moi», se souvient-elle.
ND. A. GUEYE : «MA BELLE-MERE M’A TRAITEE DE DEUM»
C’est à l’âge de 25 ans que Nd. A. Guèye est devenue veuve. «Mon mari était un émigré et vivait en Italie. Il a fait un accident là-bas et il est décédé. Son décès est survenu quatre mois seulement après notre mariage. Je n’ai même pas consommé mon mariage. Ma belle-mère m’a traitée de deum (anthropophage). Le jour des funérailles, après le retour des hommes du cimetière, ma belle-mère m’a lancé en pleine figure et devant tout le monde que c’est à cause de moi que son fils unique est mort. J’ai tellement souffert de cette situation que j’ai pensé que j’allais en mourir. Cette accusation me poursuit toujours, car cela fait 5 ans que mon mari est décédé et je n’en ai toujours pas d’autre. Les hommes me fuient comme si j’avais la peste», raconte-t-elle en pleurs. Sénégalaise et vivant en France, A.W elle se souvient des misères qu’on lui a fait vivre juste après la disparition de son époux. «Mon mari qui est d’origine française est décédé à la suite d’une longue maladie. Malgré tout, mes voisins m’ont accusée de l’avoir marabouté », dit-elle.
AU CAMEROUN, LA VEUVE EST SOUMISE A DE RUDES EPREUVES
En Afrique et en Inde aussi, les veuves vivent des situations très douloureuses. Au Cameroun, à l’annonce du décès du mari, la femme entre directement dans le veuvage. Elle reste couchée et assise à même le sol. Elle ne porte pas de vêtements. Elle marche la tête baissée et les poings fermés. En signe de deuil, son visage est couvert de cendres ou de kaolin blanc. Elle reste enfermée dans la case du défunt, toute nue, sans nourriture. Elle n’a pas le droit de se laver ni de recevoir des visites. Après l’inhumation, elle est soumise à une autre série d’épreuves. Chaque matin, elle est contrainte, le corps à moitie nu, d’effectuer une course à pied. Et durant la course, elle est à la merci des moustiques, de la première rosée du matin et des herbes épineuses. En Inde, les veuves ne portent pas de bijoux ni ne s’apprêtent. Elles sont tout de blanc vêtues. Ce qui montre qu’elles sont veuves. Elles n’ont pas non plus le droit se remarier. Si cela arrive, elles font face à toutes sortes de brimades. En face d’une veuve, certains éprouvent de la pitié tandis que d’autres la considèrent comme un «porte-malheur». Qu’elle soit jeune ou un peu plus âgée, elle entendra parfois dire qu’elle porte la poisse, et que c’est la raison pour laquelle son époux n’est plus de ce monde. Cela peut devenir beaucoup plus sérieux, lorsqu’elle a perdu successivement des conjoints (deux fois de suite). Dès lors, elle pourrait même être rejetée par des hommes qui la fréquent dès qu’ils apprennent la situation. Au Sénégal, il existe une expression très connue : «Aay Gaaf » qui signifie avoir la poisse. Une manière de culpabiliser quelqu’un d’être à l’origine d’un malheur.
TAIB SOCE, PRECHEUR AU GROUPE FUTURS MEDIAS (GFM) : «Au Sénégal, il y a trop de préjugés sur le veuvage»
Le célèbre prêcheur et islamologue Taib Socé revient sur les recommandations de l’islam lors de la période de veuvage. A l’en croire, il y a trop de préjugés sur le veuvage au Sénégal.
Qu’est- ce que l’Islam dit sur le veuvage ?
Une veuve veut dire une femme qui a perdu son mari. En arabe, on l’appelle communément «Al Karmalatou». Le prophète Mohamed (Psl) a dit que cela doit durer 3 jours. Pour lui, il n’est normal pour aucun individu de faire le deuil de quelqu’un au-delà de 3 jours, sauf la femme qui doit faire le deuil de son mari en 4 mois et 10 jours. Selon le prophète, les femmes dont les époux sont décédés doivent faire le deuil durant 4 mois et 10 jours. Elle doit montrer qu’elle est triste. Elle ne doit pas porter de beaux habits. Elle doit juste porter des habits simples. Cela ne veut pas dire qu’elle doit porter uniquement un habit noir ; la couleur n’a pas d’importance. Elle ne doit pas mettre de bons parfums, ni s’embaumer de thiouraye. Mais elle doit être propre. Elle ne doit pas se maquiller, ni chercher à se rendre belle et attirante. Elle doit aussi rester chez son mari pour observer le veuvage et non aller chez ses parents. Il lui est permis de cuisiner, de sortir faire des courses. Ce qui signifie que ce qui passe au Sénégal est interdit par l’Islam. Dans notre pays, la veuve est considérée comme une prisonnière. Parfois même, on lui interdit de prier à l’heure, ce qui est très grave. Ce sont des coutumes établies par la société.
Donc une veuve peut aller travailler ?
Si elle doit travailler, elle peut le faire mais à condition de ne pas mettre de beaux habits et de ne pas faire dans la mondanité. L’Islam n’a pas recommandé à une veuve de s’enfermer ou de s’isoler
Parfois, la veuve est accusée par la belle-famille de porter la poisse et d’être à l’origine de son malheur. Que dit l’islam sur ces accusations ?
Cela veut dire qu’on ne croit pas en Dieu et qu’on n’a pas la foi. Tout le monde va mourir un jour. C’est Dieu qui a décidé qu’une personne va vivre tant d’années, tant de jours ou tant d’heures. La mort est du ressort exclusif de Dieu. Le prophète (Psl) avait donné sa fille Rokhaya en mariage à Ousmane, par la suite elle est morte. Il lui a encore donné en mariage Oumou Kalsoum, elle aussi est décédée. Il lui a dit que si j’avais une 3e fille, je te l’aurais donné en mariage. Tout cela pour montrer que le «Aye gaaf» (porter la poisse) n’existe pas. Quelqu’ un qui croit en Dieu ne doit pas porter de telles accusations sur une personne. Ici au Sénégal, il y a beaucoup de préjugés sur le veuvage. Même les cérémonies de 8ème et de 40ème jour que nous organisons ne sont pas recommandées par l’Islam.
PR DJIBY DIAKHATE, SOCIOLOGUE : «Chez nous, on considère que la femme doit poser des actes qui soient de nature à faire fuir les hommes»
A votre avis, pourquoi les veuves sont parfois marginalisées ?
C’est un certain segment de la société qui marginalise les veuves. En réalité, ce qui se passe, c’est que nous avons deux sentiments qui sont contradictoires. Un premier sentiment de compassion qui consiste à dire que cette personne a perdu un être cher et qu’en conséquence, il faut plutôt avoir de la compassion et de la commisération ; il faut accompagner cette personne pour qu’elle traverse cette période douloureuse. Il y a une autre partie de la population qui considère que la veuve est d’une certaine manière responsable de la mort de son époux. C’est là où on a tendance à considérer que cette personne-là serait habitée par de mauvais esprits et que tout homme qui se hasarde à être avec elle serait en danger, surtout si c’est une femme qui a perdu 2 ou 3 maris. Le plus souvent, cette femme est indexée, marginalisée. Vous avez les deux tableaux qui sont possibles.
Pourquoi tant d’interdits pour les veuves alors que l’Islam dit autre chose ?
On considère que la veuve doit rester des mois sans se remettre avec un autre homme et la meilleure façon de le faire est de la rendre quelque part répulsive. On dit qu’elle ne doit pas prendre souvent le bain. Qu’elle ne doit pas être dans la rue. C’est une façon de la préserver des autres hommes qui pourraient s’intéresser à elle. C’est une sorte de forteresse, un grand mur de sécurité construit tout autour d’elle pour que les hommes sachent raison garder le temps qu’elle termine la période de veuvage. Chez nous, on considère que la femme doit poser des actes qui soient de nature à faire fuir les hommes, alors que le plus important est qu’elle soit interne et non externe.
BOURY MBAYE, LA SEULE TAXI-WOMAN DE DAKAR
En 2004, 22 femmes sénégalaises avaient bénéficié du programme "Taxi-Sisters" - 14 ans plus tard, une seule d'entre elles conduit encore son taxi sur les routes de Dakar - PORTRAIT
BBC Afrique |
Arwa Barkallah |
Publication 16/10/2018
En 2004, 22 femmes sénégalaises avaient bénéficié du programme "Taxi-Sisters". Le président Abdoulaye Wade avait eu l'idée de les autonomiser en leur octroyant des taxis. 14 ans plus tard, une seule d'entre elles conduit encore son taxi sur les routes de Dakar, la capitale du Sénégal.