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2 décembre 2024
Femmes
LES FEMMES CATHOLIQUES DU MONDE EN RÉUNION À DAKAR
Des femmes membres de l’Union mondiale des organisations féminines catholiques (UMOFC), venues de 35 pays des 5 continents, se réunissent dans la capitale sénégalaise du 15 au 22 octobre
La Croix Afrique |
Charles Senghor |
Publication 16/10/2018
Dakar sera la capitale des femmes catholiques du monde du 15 au 22 octobre.
A ces dates, se tiendra l’Assemblée générale de l’Union mondiale des organisations féminines catholiques (UMOFC).
Des femmes membres de l’Union mondiale des organisations féminines catholiques ( UMOFC), venues de 35 pays des 5 continents, se réunissent à Dakar du 15 au 22 octobre.
Elles réfléchiront sur le thème : «Femmes de l’UMOFC porteuses d’eau vive au monde assoiffé de paix».
«C’est une opportunité que les femmes catholiques vont saisir pour partager les soucis qu’elles vivent, notamment par rapport aux problèmes d’eau, facteur de développement et par rapport à la paix parce que quand il y a la guerre, les conflits, ce sont les femmes et les enfants qui en sont les principales victimes», estime Anne-Marie Mansaly, vice-présidente chargée des relations extérieures de la Coordination des unions diocésaines des associations féminines catholiques du Sénégal (CUDAFCS).
L’ouverture de cette rencontre sera présidée par Macky Sall, président de la République du Sénégal aux côtés de l’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, mardi 16 octobre.
Entraide et solidarité
Cette assemblée générale sera une occasion, pour les organisations féminines catholiques, de trouver des voies et moyens d’entraide et de solidarité en s’inspirant de la Samaritaine qui s’est fait aider par une autre femme en allant au puits chercher de l’eau. «Nous voulons, autour de cette entraide symbolisée par l’eau, créer des chaines de solidarité, explique Anne-Marie Mansaly. Que les femmes qui sont dans les villes et qui sont mieux nanties puissent aider celles qui sont dans les campagnes ; que les femmes européennes qui sont plus nanties puissent soutenir certaines femmes du continent africain ».
Ces femmes catholiques veulent aussi publier des résolutions sur la paix, notamment en Afrique où beaucoup de pays sont minés par des guerres. Pendant ces conflits, les femmes sont les principales victimes, elles sont violées dans des camps de refuge ou prises en otage, comme au Nigeria.
L’UMOFC va, par ailleurs, interpeller les gouvernants sur la nécessité de mettre l’accent sur la lutte contre la pauvreté pour «endiguer» le terrorisme.
Des musulmanes de la partie
La rencontre verra la participation des femmes musulmanes du Sénégal, un pays composé de plus de 90% de musulmans. «Nos sœurs musulmanes seront invitées, c’est aussi le cas dans nos différentes activités dans les diocèses. Elles ont déjà confirmé leur participation», a renseigné Anne-Marie Mansaly. A ses yeux, cet aspect du dialogue islamo-chrétien et de la cohabitation pacifique a été «un facteur fondamental» dans le choix du Sénégal pour abriter la rencontre de l’UMOFC, fondée en 1910 et représentant cent organisations catholiques de femmes dans le monde, réparties dans 66 pays, sur tous les continents et certains États insulaires.
Les conclusions de cette rencontre mondiale des femmes catholiques seront envoyées au Vatican.
SALIOU BOYE ARRÊTÉ
La gendarmerie coince le deuxième suspect du meurtre de Mariama Sagna
C'est le quotidien Libération qui donne l'information. La gendarmerie a mis la main sur le deuxième suspect de l’affaire de Mariama Sagna. La militante de Pastef a été violée puis tuée dans sa chambre à Keur Massar. Saliou Boye, a été arrêté hier, lundi 15 octobre, vers 17 heures au quartier Plateau de Tambacounda.
Le journal indique qu’au moment de son interpellation il détenait le téléphone de la victime.
"L'AFFAIRE SONGUÉ DIOUF A ÉTÉ NOTRE RÉVEIL METOO"
Alors que le hashtag #balancetonsaïsaï avait été lancé dans l’indifférence générale, les propos sexistes d’un professeur de philosophie à la télé ont provoqué de vives réactions et libéré la parole des femmes au Sénégal
Le Monde Afrique |
Matteo Maillard |
Publication 15/10/2018
Cela se voulait une plaisanterie. Le bon mot d’un chroniqueur de télévision. « Vous faites tout pour que nous vous violions et quand nous vous violons, nous allons en prison et vous continuez à être libre. […] Cette violence qu’elle [la femme] exerce est aussi grave que la violence que le violeur pourra exercer. Le pauvre qui est tombé dans le panneau prendra dix ans et celle qui a violé toutes les normes morales, sociales, religieuses, continuera à errer. » Ces phrases qui à une autre époque seraient sans doute passées inaperçues ont déclenché un tollé comme le Sénégal en a rarement connu.
Fatma, qui souhaite rester anonyme, se souvient bien de ce lendemain du 8 mars 2018, Journée internationale des droits des femmes. « La phrase a fait rire les invités sur le plateau. Moi je suis restée sidérée devant ma télévision », raconte cette psychologue qui fut elle-même victime d’agression sexuelle. Sur les réseaux sociaux encore silencieux, elle est la première à partager l’extrait vidéo de cette émission diffusée sur la très populaire chaîne TFM à une heure de grande écoute.
Sous son post, les commentaires s’allongent rapidement. D’abord timide, la colère s’amplifie. Un comité se forme. Un communiqué est diffusé via les médias et sur le web pour condamner cette apologie du viol. « Ensuite, les réseaux se sont embrasés, laissant place aux débats sur les droits des femmes puis aux témoignages de harcèlement ou d’agression. C’est quelque chose d’assez rare dans notre société plutôt pudique. Ç’a été notre réveil #Metoo », résume Fatma.
Des dizaines de témoignages
Ce « réveil » sénégalais a été baptisé « l’affaire Songué », du nom du professeur de philosophie El Hadji Songué Diouf, le chroniqueur en question dans l’émission à forte audience « Jakaarlo Bi ». Le comité a décidé de déposer plainte pour apologie du viol et diffamation : 180 personnes se sont portées partie civile et de nombreuses personnalités de premier plan, comme la sociologue Fatou Sow ou la militante politique Marie-Angélique Savané, ont manifesté leur indignation, de même que l’Association des juristes sénégalaises.
« En quelques jours, nous avons reçu des dizaines de témoignages de femmes victimes de sévices sexuels, dont certains remontaient à plus de trente ans », raconte Oumy Ndour, journaliste et modératrice de la page Facebook Ladies Club, un lieu d’échange réservé aux femmes. « Célèbres ou anonymes, elles provenaient de toutes les catégories sociales. Par ses mots, Songué a fait ressurgir quelque chose de bien enfoui. Et le flot ne s’est pas tari puisqu’à ce jour, je reçois encore des témoignages. »
Saisi, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a condamné la chaîne – propriété du célèbre chanteur Youssou N’Dour – pour « manquements graves », reprochant au chroniqueur autant qu’au présentateur, Khalifa Diakhaté, de « faire d’un sujet aussi grave un objet de dérision en affirmant, pour justifier les cas de viol dont sont victimes les femmes, que ces dernières sont les responsables de leurs propres viols ». TFM a demandé des excuses à M. Songué Diouf et M. Diakhaté a remis sa démission.
« Sutura », la loi du silence
Les initiatrices du mouvement ont été les premières surprises par l’ampleur des réactions. « Au Sénégal, on applique le sutura, la retenue traditionnelle, une loi du silence sur les violences sexuelles », explique Ndèye Fatou Kane, écrivaine et féministe :
« On connaît toutes une amie, une voisine agressée, voire violée, mais pour que la cellule familiale n’explose pas, on se tait. Beaucoup disent qu’on n’est pas prêtes pour ce débat, mais à ce rythme on ne le sera toujours pas dans cinquante ans. Je pense qu’il était nécessaire que la parole se libère et Songué a été un prétexte. »
Quelques semaines avant l’émission, dans le sillage de l’affaire Weinstein à l’origine du mouvement #metoo aux Etats-Unis puis dans le monde entier, elle avait lancé son propre hashtag sur le modèle de #balancetonporc, sa déclinaison française. Mais #balancetonsaïsaï (« balance ton pervers ») n’a pas connu un grand succès, pas plus que #nopiwouma (« je ne me tais pas », en wolof), une autre tentative. « Ici, on préfère compatir aux violences subies par les Américaines ou les Européennes de #metoo que s’exprimer sur celles qu’on subit. Par crainte des pressions familiales et sociales », poursuit Ndèye Fatou Kane.
Des messages lui intimant de se taire, des commentaires menaçant de fouiller son passé et de révéler son intimité au public, Fatma en a reçu. « Je ne dormais plus la nuit. Je croyais être épiée, je craignais qu’on pirate mes mails. Une des filles du groupe sortait même avec un Taser[pistolet à impulsion électrique]. » Finalement, elle a craqué et s’est retirée de la plainte contre M. Songué Diouf au bout d’un mois. Elle n’est pas la seule : même le premier avocat chargé de la procédure a jeté l’éponge.
Requalifier le viol en crime
Aujourd’hui, cette plainte est au point mort. « Nous avons engagé un deuxième avocat, mais le manque de moyens nous empêche d’accélérer, explique Ndèye Khaira Thiam, psychologue et membre du comité. Une ONG souhaite reprendre la plainte à son compte. » Mais à quoi bon, se demandent certaines, puisque la peine maximale qu’encourt le chroniqueur pour apologie d’un délit se limite à 200 000 francs CFA (305 euros) ? « Notre combat est aussi de faire requalifier le viol en crime dans le Code pénal, soutient-elle. Et la peine maximale de dix ans d’emprisonnement n’est que rarement prononcée. »
Pour elle comme pour les autres membres du groupe, il va falloir une profonde transformation de la société. « La situation des femmes est désastreuse : 3 200 cas de viol ont été déclarés en 2016, mais c’est peut-être 1 % des cas réels », déplore Serigne Mor Mbaye, président du Centre de guidance infantile et familiale de Dakar (Cegid), qui prend en charge les victimes de violences:
« Il n’y a jamais eu depuis l’indépendance un projet de société qui intègre les femmes en s’appuyant sur leur créativité et leur résilience pour construire l’avenir. Si c’était le cas, il y aurait moins de mariages précoces, moins d’excisions. Le taux de scolarisation des filles est une calamité pour un pays qui aspire à l’émergence. Nous sommes dans une société gérontocratique où la religion envahit l’imaginaire des gens sans pour autant apporter de solutions. On ne peut confiner nos femmes et nos filles dans la violence et espéreraller de l’avant. »
Les combats sont nombreux
Nombreux sont les Sénégalais qui accusent ce mouvement émancipateur d’être un avatar de l’Occident visant à « profaner une culture, disloquer des familles et bouleverser des ménages », comme le soutient un cadre de TFM souhaitant garder l’anonymat. « On a tendance à croire qu’il n’y a qu’une culture sénégalaise : celle du corps qu’il faut cacher », explique Ndèye Khaira Thiam :
« Mais cette pudeur est arrivée avec les religions monothéistes. Avant, nous avions dans notre histoire de nombreuses femmes aux commandes. Il y a le matriarcat chez les Sérères. Chez les Tiédo, les femmes nues assumaient leur corps. Dans d’autres tribus, elles avaient des enfants hors mariage. La femme reléguée au foyer est venue par la colonisation islamo-berbère puis européenne. Mais la femme sénégalaise n’est historiquement pas soumise. »
A ceux qui remettent en question l’universalisme du message #metoo, la réponse de Fatma est cinglante : « J’ai été victime d’agression sexuelle à Madrid et à Dakar. Les seules constantes, c’est que je suis une femme et ceux qui m’ont fait ça sont des hommes. » Si ce début de mouvement a permis de « renverser le sens de la culpabilité et de lever un peu le poids de la honte », affirme Ndèye Khaira Thiam, la marge de progression est encore grande et les combats sont nombreux : de la création d’un numéro vert et de foyers pour les femmes victimes de violences à la légalisation de l’avortement, interdit même en cas de viol, en passant par la lutte contre l’excision et les mariages précoces.
L’affaire Songué, si elle n’a pas encore sapé les fondements d’un patriarcat culturel et religieux que plusieurs générations de féministes sénégalaises ont déjà tenté de faire vaciller, a en tout cas permis à de nombreuses femmes de parler pour elles-mêmes, par elles-mêmes. De devenir« une menace pour cet ordre inégalitaire », ajoute Fatma. Un nouveau tremblement de terre.
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PARITÉ RÉTABLIE AU PARLEMENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour le député Aymirou Gningue, l'élection de Fatma Diop à la vice-présidence de l'Assemblée nationale, n'est que la réparation d'une erreur précédemment commise par le bureau de la 13è législature
Le député du camp majoritaire Aymirou Gningue n’est pas du même avis que ceux du groupe Liberté et démocratie qui croient dur comme fer que l’élection du huitième vice président de l’Assemblée est un coup de force.
Selon Aymirou, les parlementaires corrigent de ce fait, une erreur à travers cette élection, en respectant cette année la loi sur la parité dans la constitution du bureau de l’Assemblée nationale.
Voir la vidéo.
FATMA DIOP REMPLACE PAPE DIOP À LA VICE-PRÉSIDENCE DU PARLEMENT
L'élue du Groupe parlementaire Liberté et Démocratie qui regroupe les députés du Parti démocratique sénégalais (Pds, opposition) et ses alliés a été élue, vendredi après-midi à Dakar, 8ème vice-présidente de l’Assemblée nationale
L’élection a eu lieu à la reprise de la session unique de l'institution parlementaire, après près de deux heures de suspension à cause du non-respect de la parité par le Groupe parlementaire Liberté et Démocratie.
Fatma Diop a adressé au président de l'Assemblée nationale, Moustapha Niasse, une lettre proposant sa candidature au poste de huitième vice-présidente. Une proposition acceptée par M. Niasse.
La demande à été enregistrée et les députés ont procédé au vote pour son élection.
Ouverte vendredi matin, la session ordinaire unique l’Assemblée nationale a pour but de renouveler le bureau dont le mandat est d’un an renouvelable depuis la Loi Sada Ndiaye de 2008.
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PAPE DIOP, VICTIME DE LA PARITÉ?
Les femmes parlementaires veulent l’application de la parité dans le bureau de l’Assemblée nationale
L’autre fait qui risque de cristaliser les débats ce matin à l’hémicycle, c’est bien sûr le poste de 8e vice-président jusque-là, occupé par le leader de Bokk Gis-Gis. Et pour cause?
Les femmes parlementaires veulent l’application de la parité dans le bureau de l’Assemblée nationale. Et si cette disposition de la loi est appliquée, c’est l’ancien maire de Dakar et non moins membre du groupe parlementaire “Liberté et Démocratie” Pape Diop qui va perdre son siège de vice-président.
En effet, si le leader de Bokk Gis-Gis a pu accéder à ce poste, c’est parce que la parité n’avait pas été respectée. Le groupe parlementaire des Libéraux qui devait proposer une femme, après avoir été coincé par la majorité s’était cramponné au déjà fait sur Pape Diop. Au final, c’est une sorte de gentelmen agreement qui a été trouvé par les deux camps au détriment des femmes et en violation de la loi sur la parité.
Seulement, cette fois, la gent féminine de l’Hémicycle ne compte pas se laisser faire. Pour la composition du prochain bureau prévu ce vendredi, les femmes exigent l’application stricte de la parité intégrale homme-femme. Et l’Assemblée, du moins la majorité, est décidée à se plier à la volonté des femmes.
LOUISE MUSHIKIWABO, NOUVELLE PATRONNE DE L'OIF
La ministre rwandaise des Affaires étrangères, a été désignée secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie pour un mandat de quatre ans par les chefs d’État et de gouvernement réunis lors du sommet d’Erevan
Jeune Afrique |
Pierre Boisselet |
Publication 12/10/2018
Au complexe Karen Demirtchian d’Erevan, il n’aura fallu qu’une heure aux chefs d’État et de gouvernement, réunis à huis clos, pour désigner la nouvelle secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophone (OIF). L’élue, comme cela était prévisible, est la ministre rwandaise des Affaires étrangère, Louise Mushikiwabo, notamment soutenue par les États africains et par la France.
Élue pour un mandat de quatre ans, Louise Mushikiwabo devient la quatrième secrétaire générale de l’organisation, après l’Égyptien Boutros Boutros Ghali (1997-2002), le Sénégalais Abdou Diouf (2002-2014) et la Canadienne Michaëlle Jean (2014-2018).
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AMY PRETE POUR REMPLIR SA MISSION
Ambassadrice de bonne volonté pour l’éducation et la citoyenneté,la directrice d’intelligences magazine veut assurer un appui constant pour un avenir radieux des enfants
C’est avec humilité qu’elle a reçu la distinction faisant d’elle une ambassadrice de bonne volonté pour l’éducation et la citoyenneté. En effet, la directrice d’intelligences magazine a profité de l'occasion qui lui est offerte pour exprimer toute sa gratitude et estimer en même temps qu’elle va se donner à fond pour remplir la mission qui lui est assignée.
Cette tâche consiste pour elle à assister les enfants, à les soutenir et à constituer un appui permanent pour leur réussite.
Voir la vidéo.
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FABIENNE DIOUF EN TOUTE COMPLICITÉ
Dans un cadre fun, au détour d’un verre de limonade, la fille de l’ancien président de la République s'est confiée sur ses affaires, son mariage, la retraite de son père, sa foi, la gouvernance de Macky Sall - ENTRETIEN
Fabienne Diouf, de nature taiseuse, s’est confiée en exclusivité à IGFM. Dans un cadre fun, au détour d’un verre de limonade, la fille de l’ancien président de la République, Abdou Diouf, s’est prêtée à nos questions. De ses affaires à son mariage, en passant par la retraite de son père, sa foi, la gouvernance de Macky Sall…, elle parle sans tabou.
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ERRANCE IMMOBILE EN PAYS SONINKÉ
À travers son film, "La Mort du dieu serpent", le réalisateur Damien Froidevaux retrace l’histoire d’une jeune fille expulsée de France
Le Monde Afrique |
Thomas Sotinel |
Publication 10/10/2018
Une jeune fille de 20 ans, qui a grandi à Paris, est mêlée à une bagarre. Elle est arrêtée mais ne comparaît pas devant un tribunal. Koumba Tandjigora est expulsée vers le Sénégal, où elle est née, qu’elle a quitté à l’âge de 2 ans, sans avoir jamais ensuite eu l’envie d’y retourner.
Quand le réalisateur de La Mort du dieu serpent, Damien Froidevaux, a décidé de raconter l’histoire de Koumba Tandjigora, celle-ci vivait depuis deux ans au Sénégal, d’abord à Dakar, puis aux confins du Mali et de la Mauritanie, en pays soninké, dans le village de sa famille, sur les rives du fleuve Sénégal. Le cinéaste le confesse, il pensait filmer un combat, celui de l’exilée pour rentrerchez elle auprès de ses parents, de ses frères et sœurs, en espérant qu’il serait victorieux.
Très vite, le film s’est transformé en un dialogue, qui vire souvent à la dispute, entre le filmeur et la filmée, et la défense d’une noble cause est devenue le portrait d’un êtrecomplexe frappé par un malheur imprévu, doublé de l’histoire de la réalisation de ce portrait.
De toute façon, Koumba fait une piètre victime : colérique, de mauvaise foi, elle soupçonne ouvertement Damien Froidevaux de vouloir s’enrichir à ses dépens. Dans les ruelles du village, elle semble souvent traquée par la caméra, désireuse de dire l’injustice dont elle se sent victime, mais aussi réticente à montrer sa situation. Au fil des séjours du cinéaste au Sénégal, on voit se dessiner une histoire terrible – Koumba perd un enfant, une petite fille dont on ne peut s’empêcher de penser qu’elle aurait été sauvée si elle était née en France – et parfois douce.
Résignation et renonciation
La Mort du dieu serpent est un récit d’apprentissage d’une grande cruauté. Ce qu’apprend Koumba devant l’objectif, c’est la patience. Mais la République française et les aînés du village soninké ont fixé d’autres matières à son programme : la résignation et la renonciation.
Damien Froidevaux filme cette errance immobile (Koumba va et vient entre deux villages, avec une simple incursion dans un chef-lieu) sans chercher à mettre en évidence ce qu’il y a d’exemplaire dans ces situations. Le film attendu – un réquisitoire contre la double peine qui frappe les délinquants qui ne sont pas nés au bon endroit – laisse place au portrait d’une femme qui souffre et se débat. Cette densité fournit plus de matière à réflexion que bien des films-tracts.