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2 décembre 2024
Femmes
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SERIGNE SALIOU GUÈYE
LE SOMBRE DESSEIN DE HRW
EXCLUSIF SENEPLUS - Les promoteurs principaux de toute éducation sexuelle doivent être les populations ainsi que l’Etat sénégalais mais pas une ONG dont le but est de favoriser l'entrée dans notre pays de l'idéologie LGBT
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 26/10/2018
L’école constitue un des creusets de la société où l’on note fréquemment des cas de coercition, d’exactions et de harcèlement sexuels exercés sur de jeunes filles avec souvent aucun moyen de défense physique ou psychologique. Au Canada, une étude a montré que « 23 % des filles sont victimes de harcèlement sexuel à l’école ». Dans un rapport d’Africa Rights paru en juillet 1994 et mis à jour, il est fait mention « des cas d’enseignants qui sollicitent des actes sexuels contre de bonnes notes ou le passage en classe supérieure, en République démocratique du Congo, au Ghana, au Nigéria, en Somalie, en Afrique du Sud, au Soudan ». C’est dans le même sillage que l’ONG Human Rights Watch a produit un rapport de 98 pages Human Rights Watch, intitulé « Ce n’est pas normal : Exploitation, harcèlement et abus dans les écoles secondaires au Sénégal ».
Seulement les objectifs visés par les différents rapports ne sont pas les mêmes. Si les premiers documents dénoncent des pratiques dégradantes et inhibantes aux fins de stopper un fléau qui affecte une couche très vulnérable de la société, celui d’Elin Martinez semble avoir une motivation clandestinement différente. Ainsi ce rapport de HRW aux allures d’un réquisitoire continue de susciter des vagues d’indignations et un concert d’approbations selon l’appréhension objective ou subjective que l’on fait du travail de recherche effectué par Martinez. Si cette dernière se livre à une catharsis sur tous les tréteaux médiatiques pour préciser qu’elle n’a pas stigmatisé les enseignants, l’effet subséquent a été catastrophique, humiliante pour l’image du corps enseignant profondément atteint par les tirs groupés de francs-tireurs qui les accusent d’être des prédateurs sexuels. Martinez a beau nier avoir jeté en pâture les enseignants, le mal est déjà fait. Certains sans avoir même lu le rapport ont pointé un doigt accusateur sur tous les enseignants. Certains pseudo-pontifes moralisateurs aux mœurs dissolues, prompts à faire vindicativement la fête au ministre de l’Education nationale dont le seul tort est d’avoir tué leur poule aux œufs d’or, ont sauté sur l’occasion pour clouer au pilori les enseignants considérés comme de sempiternels revendicateurs de passe-droits pécuniaires et grands consommateurs de chairs fraiches sans frais.
Ce serait une périssologie de dire que le rapport de Martinez est très désinvolte car se fondant sur un nombre lilliputien de filles pour aboutir à des conclusions globalisantes. Il faut éviter de donner un aspect de sacralité extrahumaine à l’école qu’elle n’a pas. Les élèves sont un pan de la société avec leurs tares et leurs défauts que l’enseignant éducateur (au sens latin du terme) et non instructeur doit s’efforcer de corriger. Mais la jeune fille scolarisée harcelée par des enseignants vicieux et la petite vendeuse d’eau agressée sexuellement par des « acheteurs » pervers jouissent du même droit à conserver leur intégrité corporelle. Pourtant une étude qui soulève les abus sexuels en milieu scolaire n’est pas une nouveauté dans ce pays. Combien de fois, il est fait état par cette même presse des exactions sexuelles dans le milieu scolaire ? Combien de fois des enseignants sont trainés au tribunal pour cause de viol ou d’abus sur mineures ? Combien de fois des grossesses précoces en milieu scolaire sont dénoncées par des experts de l’éducation et de la santé reproductive ?
En juin 2015, un rapport intitulé « SENEGAL : ÉTUDE SUR LES GROSSESSES PRÉCOCES EN MILIEU SCOLAIRE » produit par Mamadou Khouma, Inspecteur de l’enseignement moyen secondaire, Abdoulaye Ka, travailleur social spécialisé au ministère de la Santé et de l’Action sociale, Professeur Babacar Fall, Maître de conférences à la Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation (FASTEF) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et Coordonnateur du GEEP, Khadidiatou Tall Thiam, experte nationale du Projet d’appui à l’éducation des filles (PAEF), du ministère de l’Education nationale et Administratrice du GEEP, dénonce que « 60,75% de grossesses concernent filles-célibataires dans des établissements situés dans les régions de Ziguinchor, Sédhiou, Tambacounda ». Un tel rapport qui devait soulever un grand tollé est pourtant passé inaperçu.
L’étude montre que « 49% des cas de grossesses sont l’œuvre des élèves. Les étudiants arrivent en seconde position parmi les auteurs de grossesses avec un pourcentage de 11,12%. Les jeunes des villages sont également cités parmi les principaux auteurs de grossesses d’élèves avec 8,60%. Ainsi, les élèves, les étudiants et les jeunes du village constituent 70,95% des auteurs de grossesses. Dans beaucoup de localités, les conducteurs de moto Jakarta, les chauffeurs de taxi sont cités parmi les auteurs de grossesses. Les enseignants, représentent 2,02% des auteurs présumés de grossesse ». Une telle étude ne circonscrit pas la responsabilité des abus sexuels chez les enseignants parce que l’objectif visé est de trouver les voies et moyens de protéger cette couche vulnérable de toute personne malintentionnée qui, pour satisfaire ses pulsions sexuelles, risque de compromettre la carrière scolaire de jeunes filles désarmées.
Contrairement au rapport de 2015 des experts sénégalais qui a une vision plus holistique, celui de Martinez n’a pas un souci de protéger les élèves-filles des abus et harcèlements sexuels mais d’introduire dans notre système éducatif un programme d’éducation sexuelle produit par l’Unesco depuis mai 2010. D’ailleurs dans le site de HRW, il y est dit expressément : « Human Rights Watch a constaté que les établissements scolaires ne sensibilisent pas suffisamment les mineurs à la sexualité, à la santé reproductive et à leurs droits sexuels et reproductifs. Le gouvernement devrait enfin adopter un programme complet d’éducation sexuelle conforme aux normes internationales en vigueur, et garantir l’accès des jeunes à des services de santé répondant à leurs besoins ». Et ces normes internationales renvoient au document intitulé « Principes directeurs internationaux sur l’éducation sexuelle » produit par l’Unesco en mai 2010.
Si le rapport de l’Inspecteur Mamadou Khouma et associés préconise des solutions globales de protection en faveur de cette couche d’élèves exposée aux exactions et violations sexuelles de prédateurs de tous bords, celui de Martinez, restrictif et discriminant, réduit unilatéralement son champ d’action aux seuls enseignants. Par conséquent, pour l’agent local de Georges Soros (bailleur de HRW), il faut sanctionner les enseignants fautifs et introduire en guise de panacée le programme d’éducation sexuelle de l’Unesco. Et l’Unesco dit dans ce document que « les ministères de l’Education jouent un rôle essentiel en s’efforçant de réunir un consensus autour de la nécessité d’une éducation sexuelle en organisant des consultations et des actions de plaidoyer auprès des principales parties prenantes, c’est-à-dire notamment : les jeunes dans leur diversité et les organisations qui travaillent avec eux, les parents et les associations parents enseignants, les décideurs et les responsables… les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transsexuels (LGBT)».
Ainsi ceux qui subodorent que Martinez a un programme caché ne se sont pas mépris car derrière tout ce réquisitoire de feu aux allures d’un plaidoyer attendrissant, il faut que les LBGT traqués par notre code pénal et nos croyances religieuses puissent passer subrepticement par notre système éducatif pour instiller à doses homéopathiques leurs messages pervers à nos enfants avant de parader librement au Sénégal comme ils le font dans plusieurs pays de l’UE, aux Etats-Unis et même dans certains pays africains. Et le meilleur moyen pour gagner ce combat « des droits pour tous » si cher aux LGBT, c’est d’imposer ce programme d’éducation sexuelle de l’Unesco que plusieurs pays ont rejeté.
Ce que Martinez ignore, c’est que l’éducation sexuelle au Sénégal non formalisée commence dès l’âge pré-pubertaire de la fille sous toutes ses facettes. Dès cette époque de la vie de la fille, l’éducation sexuelle est assurée de manière implicite par le cercle familial. Et compte tenu d’un système de valeurs pudibondes, la terminologie utilisée par les parents pour inculquer des notions de sexualité est bien choisie. Ainsi, toute réforme ou innovation afférente à l’éducation sexuelle des jeunes filles à l’école est à concevoir dans le continuum d’une éducation familiale bien élaborée. Une éducation dont le contenu et la didactique sont à adapter à nos paradigmes, nos valeurs sociétales et religieuses mais aussi aux besoins de chaque étape du développement psychosexuel de la frange féminine concernée.
Et cet aspect culturel voire cultuel qu’ignore volontairement Martinez risque de dirimer tout projet d’introduction de programme d’éducation sexuelle dont les idées forces sont le substrat de l’idéologie LBGT. Par conséquent, les promoteurs principaux de toute éducation sexuelle doivent être les populations ainsi que l’Etat sénégalais mais pas une ONG dont le seul et sombre dessein est de servir de cheval de Troie à des pervers sexuels dont la pénétration et la liberté de manifestation dans notre pays se sont toujours heurtées à un mur de résistance nationale et étatique.
L’ONG de Martinez devait aussi orienter ses recherches sur les avortements clandestins exécutés dans des cliniques par certains journalistes aidés par de hauts fonctionnaires de l’Etat dans le but d’instaurer une chape de silence sur ces grossesses illégalement interrompues.
Les femmes sont-elles incapables à diriger des ministères de souveraineté ? Cette question mérite d’être posée, étant donné que, depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1960, les femmes n’ont pas été portées à la tête d’un ministère de souveraineté à l’exception de celui de la Justice qui a été confié à deux reprises à deux femmes. Le Quotidien, à travers ce dossier, a tenté d’avoir des éléments de réponse à cette interrogation.
Tous les ministères sont importants, mais la place qu’occupe un ministère de souveraineté est à l’image de son rang dans la nomenclature gouvernementale. Après 60 ans d’indépendance, les femmes, même si elles ont été Premier ministre, même si elles ont eu à diriger des institutions de la République absolument importantes comme le Conseil économique, social et environnementale (Cese), et aujourd’hui la mairie de la Capitale sénégalaise, force est de remarquer que les Sénégalaises n’ont jamais occupé, à quelques rares exceptions près, les ministères de souveraineté.
Cette rareté des femmes au sommet des ministères dits stratégiques est une inégalité qui tire sa source première du modèle de gestion coloniale dont le Sénégal a hérité de sa puissance colonisatrice, en l’occurrence la France alors qu’en Europe, ce pays fait partie des derniers Etats où on remarque un taux de présence féminine assez remarquable au niveau du gouvernement.
Cette absence des femmes au sommet des départements stratégiques du pays est un triste constat, de l’avis de Me Aïssata Tall Sall, avocate, par ailleurs présidente du mouvement politique ‘’Osez l’avenir’’ et candidate à la candidature de la prochaine élection présidentielle 2019. En effet, les gouvernements et les régimes se sont toujours succédé et continuent à se ressembler au Sénégal.
Le pays a eu sa première femme ministre en la personne de Caroline Faye que 18 ans après son indépendance (15 mars 1978), qui dirigea le département de l’Action sociale. Par la suite, de nombreuses autres femmes ont eu aussi accès aux fonctions ministérielles sans pour autant occuper les postes stratégiques sous le règne du Président Abdou Diouf. Il faudra attendre l’avènement de Abdoulaye Wade à la magistrature suprême pour voir la première femme, en la personne de Mame Madior Boye, conduire les affaires aussi stratégiques que le ministère de la Justice avant d’être propulsée à la station primatorale en avril 2001, à la suite de la défenestration de Moustapha Niasse par le Président Wade.
Toujours est-il qu’après plus d’un demi-siècle d’indépendance, les femmes peinent à gagner la confiance des hommes pour diriger certains départements ministériels.
Mame Madior Boye, ministre des Forces armées, pendant… un mois
De 1960 à nos jours, le Sénégal a connu 27 ministres de l’Intérieur, tous des hommes. Le premier d’entre eux est Me Waldiodio Ndiaye et le dernier Aly Ngouille Ndiaye. Le département tout aussi stratégique des Affaires étrangères a vu passer sur cette même période 19 ministres : de Me Doudou Thiam à Me Sidiki Kaba. Là, aucune femme n’a eu non plus à gérer ce portefeuille. Aussi, 19 ministres ont dirigé le département des Forces armées. Me Waldiodio Ndiaye fut le premier à occuper ce poste que gère à ce jour Augustin Tine. Cependant, un cumul de fonctions aura permis ici à une femme de diriger ces fonctions pendant une courte durée. Tout en étant Premier ministre, Mame Madior Boye a managé le ministère des Forces armées du 2 octobre 2002 au 4 novembre de la même année. Mme Boye est la seule Sénégalaise à avoir exercé ces fonctions, soit la règle qui confirme l’exception.
Aussi de 1960 à nos jours, que d’augmentation du nombre de ministres, de députés, de nouvelles institutions, d’agences. Le premier gouvernement du Sénégal formé par Léopold Sédar Senghor comptait 16 ministres, tous des hommes. De 16, le pays est passé aujourd’hui à 39 ministres, y compris les ministres délégués comme c’est le cas dans l’actuel gouvernement dirigé par Mahammed Boun Abdallah Dionne, et qui ne compte seulement que 8 femmes. Le précédent, dirigé par le même homme, comptait autant de membres mais avec six femmes, soit deux femmes de plus que dans l’actuel. Mais aucune d’elles n’occupe un ministère de souveraineté.
Les postes stratégiques comme le ministère des Forces armées, celui des Finances, celui de l’Intérieur ou encore le ministère des Affaires étrangères et d’autres hautes fonctions restent dévolus aux hommes. «C’est leur domaine de compétence au Sénégal», dira l’historienne Penda Mbow. Cependant, la capacité des femmes, leur engagement politique, leur engagement à servir l’Etat ne sont plus à démontrer. Numériquement supérieures aux hommes avec 50,2% de la population sénégalaise, les femmes ont hissé plus d’un homme au pouvoir. Elles sont presque dans tous les corps militaires et paramilitaires, à la Présidence, à la Primature mais le plus souvent à des postes subalternes. Au même moment, elles rayonnent dans les Organisations non gouvernementales, siègent dans de hautes institutions internationales où elles occupent des postes de responsabilité. Ce qui atteste, si besoin en est, que leurs performances intellectuelles, physiques ne souffrent d’aucun handicap. Elles sont souvent les meilleures dans les centres d’examen, remportent des prix dans les concours généraux, des prix de l’excellence, des compétitions au niveau national et international.
Dans une société équitable, pourquoi ne renforce-t-on pas, si besoin en est, leurs capacités afin qu’elles puissent diriger un jour ces ministères stratégiques ?
Mame Madior Boye et Aminata Touré, les exceptions qui confirment la règle
Mame Madior Boye et Aminata Touré constituent, toutes deux, l’exception qui confirme la règle. Elles sont les seules Sénégalaises à avoir été à la tête d’un ministère de souveraineté en l’occurrence celui de la Justice. La première citée a occupé ce poste sous le gouvernement de Moustapha Niasse, alors Premier ministre de l’ancien chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, en 2001. La deuxième à diriger ce même département stratégique dans la deuxième alternance qui a porté Macky Sall à la magistrature suprême avec comme Premier ministre Abdoul Mbaye. Après leur passage au département de la Justice, ces femmes ont été Premier ministre respectivement de Abdoulaye Wade et de Macky Sall.
Si les membres d’un gouvernement sont proposés par le chef du gouvernement, en l’occurrence le Premier ministre qu’elles ont été, pourquoi ces deux femmes n’ont pas présenté des femmes au niveau de ces ministères de souveraineté ? Nos tentatives pour avoir leurs versions ont été vaines. Le contexte politique actuel empêche Aminata Touré d’aborder le sujet. Quant à Mme Mame Madior Boye, hors du pays, aucun contact n’a été possible. Après ses fonctions de ministre et Premier ministre, Mme Boye est aujourd’hui chargée de la protection des civils dans les zones de conflit, un poste qu’elle occupe au sein de l’Union africaine (Ua). L’ancien Premier ministre, Souleymene Ndéné Ndiaye, n’a pas voulu non plus se prononcer là-dessus et Cheikh Hadjibou Soumaré est resté injoignable parmi d’autres anciens Premiers ministres.
Pourtant la République du Sénégal laïque, démocratique et sociale assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de race, d’origine, de sexe ni de religion. Juridiquement, aucune loi n’interdit aux femmes d’occuper les postes de ministre des Forces armées, de l’Intérieur ou des Affaires étrangères, d’après Me Aïssata Tall Sall.
Aussi, la loi sur la parité votée en 2010 sous le règne du Président Abdoulaye Wade devrait faciliter aux femmes l’accès à ces postes. Mais les efforts du Président Wade se sont limités à promouvoir Mame Madior Boye première femme Premier ministre au Sénégal, tout comme son successeur Macky Sall. Les femmes restent confinées à l’occupation de postes politiques sans grande possibilité de prendre des décisions engageant les destinées du pays.
Ce, alors que, selon les observateurs politiques, l’élite masculine n’est pas plus intelligente que l’élite féminine puisqu’elles ont fait les mêmes cursus scolaires, subi les mêmes épreuves et détiennent les mêmes diplômes. D’après Serigne Saliou Guèye, les femmes doivent réclamer plus et montrer aux politiques que tout ce que les hommes peuvent gérer, elles peuvent aussi le faire. «Les ministères régaliens ne doivent pas être la chasse gardée des hommes, dans la mesure où l’élite masculine n’a pas une formation beaucoup plus poussée et n’est pas plus compétente que l’élite féminine», fait remarquer le journaliste responsable du desk politique au quotidien Le Témoin.
Ce point de vue est partagé par Sira Ndiaye, député de Benno bokk yaakar (mouvance présidentielle). «Les femmes ne manquent ni de responsabilités, ni de personnalité encore moins de compétences pour occuper ces fonctions. Cependant, elles doivent être beaucoup plus solidaires entre-elles», préconise la jeune députée. «Je reste persuadée que les femmes occuperont un jour ces postes stratégiques. Le processus est bien en cours», se convainc la jeune responsable de l’Alliance pour la République (Apr) à Mbour, qui exhorte ses pairs de continuer à réclamer plus de responsabilités puisqu’elles ont le profil pour gérer ces portefeuilles.
Sans ambages, son camarade, Mame Bounama Sall, également jeune député socialiste, reconnaît les compétences techniques et morales «irréprochables» des femmes au Sénégal. Toutefois, estime-t-il, la nomination aux postes stratégiques tout comme à ceux simples, relève de la confiance de celui-là qui attribue les charges aux uns et aux autres en fonction des profils dont il dispose. «Il ne s’agit pas d’une question de genre, ni de rigueur mais plutôt de confiance qui relève exclusivement du chef de l’Etat qui nomme les personnes les mieux indiquées pour rendre un service à l’Etat en ces fonctions-là», minimise le président du Mouvement des jeunesses socialistes.
Le constat, cependant, est triste pour la présidente du mouvement «Oser l’avenir». Aïssata Tall Sall se désole que les femmes n’aient jamais occupé, à quelques rares exceptions près, les ministères de souveraineté. La candidate à la candidature pour la Présidentielle 2019 promet de changer la donne, une fois élue à la magistrature suprême. «Vous verrez que certains ministères de souveraineté seront aussi occupés par des femmes, à la condition qu’elles ne les occupent pas pour le plaisir de les occuper, que les femmes ne les occupent pas que pour faire tomber un tabou. Elles doivent les occuper, parce qu’elles auront la compétence, le profil professionnel nécessaire pour être à la place qu’il faut», a plaidé la robe noire. A l’en croire, rien n’empêche les femmes d’occuper ces fonctions. «C’est juste un tabou qui est dans la tête des présidents de la République qui pensent peut-être que l’Armée est une force trop régalienne pour être confiée à des femmes.» Pourtant, dans d’autres pays comme au Chili, Mme Michelle Bachelet a été ministre des Forces armées longtemps avant d’être présidente de la République. La France, une référence pour le Sénégal, a eu une femme ministre des Forces armées en la personne de Florence Parly. Et il y en a eu des dames qui sont devenues des ministres des Forces armées (Michelle Alliot-Marie sous le règne de Chirac), des ministres de l’intérieur. «Il faut que les hommes cassent le tabou et que les femmes aussi démontrent qu’elles peuvent y arriver», appelle Me Tall Sall.
Ministre ayant géré beaucoup de portefeuilles du règne de Senghor jusqu’à la fin de celui de Abdou Diouf, Robert Sagna ne voit pas de discrimination dans l’absence des femmes à la tête des ministères stratégiques, même s’il reconnaît que les Sénégalaises sont aussi compétentes comme les Sénégalais. «Cela peut arriver qu’un jour une femme soit ministre des Forces armées, cela n’est pas exclu, comme au niveau de l’Intérieur», se persuade le doyen qui a vécu 22 années de ministère.
"OCTOBRE ROSE’’ A JUSQUE-LÀ PERMIS D’EXAMINER "PLUS DE 3500 FEMMES’
Diass (Mbour), 26 oct (APS) - La ligue sénégalaise contre le cancer (LISCA) annonce que dans le cadre des activités de sensibilisation contre le cancer, appelées ’’Octobre Rose’’, plus de 3500 femmes ont été examinées à travers le Sénégal.
S’exprimant jeudi lors d’une séance de dépistage du cancer à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass, une activité prévue pour se poursuivre jusqu’à vendredi, la présidente de la LISCA, docteur Fatma Guénoune, a annoncé que depuis le lancement de la campagne, le 6 octobre dernier, plus de 3500 femmes avaient été examinées dans plusieurs localités du Sénégal.
A Diourbel, par exemple, 50 femmes ont été examinées, 570 à Khombole et 2000 au stade Léopold Sédar Senghor, à Dakar, où une consultation a été organisée le 20 octobre dernier, selon Mme Guénoune.
S’y ajoute que 500 femmes ont pu bénéficier des services de la LISCA dans le cadre des journées de dépistage et de sensibilisation sur les cancers du sein et du col de l’utérus à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD), a indiqué la présidente de la LISCA.
"Je me réjouis de savoir qu’il y a une implication et une conscientisation du phénomène de la lutte contre le cancer en général", a déclaré docteur Guénoune, selon qui 10% des femmes examinées ont des lésions ne signifiant pas forcément qu’elles sont atteintes de cancer, mais leur situation nécessite un accompagnement pour diagnostic et traitement.
Elle a rappelé que le chef de l’Etat Macky Sall avait dégagé une subvention d’un milliard de francs CFA pour la chimiothérapie, sans compter que le téléthon organisé par la LISCA en mai dernier avait permis de mobiliser "plus d’une centaine de millions de francs CFA".
La présidente de la LISCA a fait état d’un "net recul de la propagation des cancers du col de l’utérus et du sein, puisqu’au début de la lutte, le Sénégal était à 2000 nouveaux cas par an alors que maintenant, on est à 1500 nouveaux cas".
YONOUFÉRÉ CÉLÈBRE LA FEMME RURALE
Célébrée le 15 octobre, l’édition 2018 de la Journée internationale de la femme rurale a été l'occasion de gratifier les habitants de la localité, de plusieurs équipements, en vue de leur autonomisation
Mesurer les progrès réalisés et identifier les contraintes, les défis et les besoins émergents pour y apporter des réponses adaptées, c'est dans ce but que la Journée Internationale de la Femme Rurale a été instaurée.
Dans la perspective de l’Objectif de Développement Durable n°5 de l’Agenda 2030 et des aspirations 5 et 6 de Africa 2063, cette orientation vise à réduire les disparités entre les hommes et les femmes mais aussi renforcer le positionnement de la femme au sein de l’économie rurale.
Célébrée le 15 octobre à Younouféré, l’édition 2018 de la Journée internationale de la femme rurale a porté sur le thème suivant : Infrastructure durable, accès aux services publics et protection sociale au service de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles rurales.
L'importance de la femme rurale n'est plus à démontrer
Au Sénégal, les femmes rurales représentent plus de 60 % de la main d’œuvre agricole et produisent 80 % des denrées alimentaires.
C'est donc sans surprise qu’une place de choix leur est réservée dans la conception et la mise en œuvre des différents programmes d’intensification et de renforcement de la production et de la productivité dans les écosystèmes agricoles.
Le Plan Sénégal Émergent prévoit plusieurs programmes opérationnels visant l'amélioration de vie et de travail des femmes rurales : bourse de sécurité familiale, CMU, bourse pour l’entreprenariat rapide, PUDC, PUMA, PRODAM.
Yonouféré, une zone pilote
Les interventions autour de la communauté de Yonouféré s'inscrivent dans le cadre des travaux préparatoires du processus d’élaboration de la Stratégie nationale pour l’Autonomisation économique de la Femme, notamment celle vivant en milieu rural.
Ces travaux sont menés par le Ministère de la Femme, de la Famille et du Genre, et viennent consolider les acquis de la SNEEG.
Une approche pilote, menée en collaboration avec différents partenaires, qui va servir à documenter les données objectives et subjectives pour accompagner le passage de la résilience à l’autonomisation économique des femmes, en zone rurale.
Les réalisations du Ministère de la femme dans l'agglomération de Yonouféré
Bénéficiant du soutien du PNUD et de la Coopération luxembourgeoise, le Ministère de la Femme, de la Famille et du Genre y a réalisé :
Un collège d’enseignement moyen,
Un poste de santé,
Une case de santé
Un fonds de développement local sous forme de système de crédit revolving d’un montant de 36 millions qui a permis de financer 282 femmes.
En présence de nombreux officiels, le Ministre de la Femme, de la Famille a procédé à la mise à terre de graines symboliques, marquant ainsi le début des activités maraîchères dans le périmètre aménagé à cet effet à Younouféré.
Il a aussi visité le bloc administratif, les deux salles de classe, les latrines et le mur de clôture du collège d’enseignement moyen, réalisés par le PRODES.
Des équipements et semences remis aux femmes de Yonouféré
Madame le Ministre a également lancé un programme de bourse Economique, en faveur des femmes du département. Elle a remis un lot d’équipements et de semences de production et agricole aux femmes :
Trois (03) moulins à mil ;
deux (02) congélateurs ;
trois (03) machines à coudre simple ;
vingt (20) chaises ;
25 brouettes ;
50 arrosoirs ;
30 binettes ;
30 râteaux ;
25 pelles rondes
25 pelles carrées
11 pots d’aubergine ;
11 pots d’oignons ;
12 pots de tomates ;
12 pots de choux ;
6 pots de piment ;
4 pots de poivron ;
Elle a remis à Monsieur Abdou Karim Gueye, Directeur de Heifer Sénégal, un diplôme de reconnaissance destiné à Monsieur Pierre Ferrari Président de l’ONG Heifer pour services rendus à la femme rurale sénégalaise.
PAR CHEIKH AHMED TIDIANE SY
UNE RÉPONSE À L'ATTENTION DE NAFY DIALLO
Comment répondre à la vulgarité lorsque notre éducation ne nous permet pas le moindre écart de langage surtout envers une personne dont le manque d’éducation frise l’aliénation mentale. Faut-il la laisser se faire dévorer par la meute de disciples ...
Mon éducation de fils de daara ne me permet pas de répondre aux femmes pour qui, contrairement aux idées préconçues, occupent une place centrale dans notre éducation spirituelle. Les grands érudits de ce pays le sont devenus par l’abnégation de femmes de valeurs qui ont su donner à leurs enfants, au-delà de l’éducation de base qui a formaté leur esprit de futurs leaders, les arcanes de la vie en société, gage de paix et de stabilité.
Comment répondre à la vulgarité lorsque notre éducation ne nous permet pas le moindre écart de langage surtout envers une personne dont le manque d’éducation frise l’aliénation mentale. Faut-il la laisser se faire dévorer par la meute de disciples qui ne cherche que de la chair abjecte pour se purifier aux yeux de leur guide ?
Répondre à l’insulte par l’insulte ne fera que disséminer la mauvaise parole que je suis censé combattre dans une société où la médiocrité et l’insolence ont trouvé en la politique la pire forme de vecteur et moyen d’ascension sociale aux yeux d’une société où vices et vertus se confondent dans un capharnaüm indescriptible.
Vouloir répondre à l’impertinence me poussera forcément à tordre la main à un des principes fondamentaux de la stabilité de notre société, la soumission à la gérontocratie. Nous vouons un respect profond à la sagesse qui fait sienne ce conseil du grand poète arabe de l’époque préislamique Zoheir Ibn Abi Salma que Serigne Cheikh Tidiane SY Al Maktoum citait dans une de ses conférences, en louant la sagesse de Senghor : « Kou Ame diourom niatti fouki att, nangou niou lay bollé thi binké nienké dound, bilay khamoulo sa bop ». Se laisser emporter dans les tourbillons de la vie à 80 ans est gage d’inconscience.
Dieu ne nous dit-il pas dans le Coran S36, V68 : »A qui nous accordons une longue vie, nous faisons baisser sa forme. Ne comprendront-ils donc pas ? » Il ne s’agit nullement de se mêler de la vie d’autrui mais plutôt de sauver une âme en perdition. Seuls les sages pourront comprendre les conseils d’un sage à un autre, car Allah parle à ceux qui sont dotés de raison.
Pousser l’inculture ou vouloir justifier l’injustifiable jusqu’à considérer les propos tenus devant une caméra comme une médisance au sens islamique du terme, est une tendance au Faasiq. Oui, Allah nous dit : (S48,V12). »O vous qui avez cru, éviter de trop conjecturer car une partie des conjectures est péché….et ne médisez pas les uns les autres. L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? ». Il n’en est point de médisance mais d’un conseil de sagesse.
Se consacrer à Dieu n’a pas d’âge. C’est juste faire le bien, le penser le semer à tout vent tout autour de soi afin que notre environnement baigne dans le bien et inspirer les déviants. Faire le bien, c’est conjurer le mal et ramener les déviants sur le droit chemin. Mais, qui sème le mal récolte l’ivraie. Et là encore il n’y a pas d’âge. Oui! pour faire du mal aussi, il n’y a pas d’âge.
Pousser le mal c’est vouloir ramener le discours d’autrui à des clivages confrériques dont l’usage par les politiques devient de plus en plus dangereux.
Mais heureusement !
Nous avons des Califes imbus des valeurs islamiques et soufies de paix et de sérénité. Nos guides Mourides, tidianes, layènes et Qadr ont réussi à instaurer le modèle sénégalais du vivre ensemble tant vanté au-delà de nos frontières.
Puisse Dieu nous préserver du mal et des sources du mal pour un Sénégal de paix et de concorde des cœurs.
Cheikh Ahmed Tidiane Sy
Ingenieur - Administrateur de Société
VIDEO
DJIBY DIAKHATE EN PHASE AVEC SERIGNE MBAYE THIAM
EXCLUSIF SENEPLUS - Le sociologue approuve le travail de Human Rights Watch sur les abus sexuels à l'école, tout en y relevant un échantillon d'étude assez peu représentatif
Les élèves adolescentes sont effectivement exposées à un certains nombre de tentations. Pour le sociologue Djiby Diakhaté, il y a une part de vérité dans le rapport publié par Human rights watch. Toutefois, il y relève une exagération fondée sur un échantillon scientifique dérisoire. Le sociologue est en phase avec le ministre Serigne Mbaye Thiam qui selon lui, a pris la défene de ses enseignants.
Voir la vidéo.
RÉPONSE À NAFY DIALLO : "KOU YILIF SA JUNNIY MOROM DU SA MOROM"
Chère Nafissa qui offense tout en invitant sur le terrain du religieux, votre inculture religieuse ne vous a peut-être pas permis d’apprendre que « Addînu Nacîha », «Prodiguer le bon conseil est l’essence même de la religion ».
Suite à la déclaration du Khalife Général des Tidianes, Serigne Mbaye Sy Mansour, recevant Me Madické Niang, comme il le fait pour tous les hommes politiques sollicitant ses prières et ses conseils, une nommée Nafy Diallo a voulu en profiter pour s’attaquer à cette éminente personnalité représentant toute une communauté.
D’abord, rappelons, comme nous l’avons déjà fait dans plusieurs organes de presse, que le discours tenu, ce jour-là par le Khalife Général était celui d’un homme religieux équidistant malgré sa franchise sur ses choix personnels qu’il a toujours affirmés, contrairement à ce qu’ont voulu relater des articles cousus de fil blanc.
Nous qui sommes du Daara, on nous avait appris que l’impolitesse et l’irrespect desservaient plus qu’ils ne servaient une cause surtout que « défendre » le respectable Président Abdoulaye Wade ne saurait être efficace si cela devait passer par des invectives à une personnalité pour qui il n’a jusqu’ici manifesté que du respect.
Chère Nafissa qui offense tout en invitant sur le terrain du religieux, votre inculture religieuse ne vous a peut-être pas permis d’apprendre que « Addînu Nacîha », «Prodiguer le bon conseil est l’essence même de la religion ».
Nous comprenons votre ignorance dans les deux sens d’une absence de connaissance ou d’une négation volontaire de l’évidente vérité !
Mais, ce qui est incompréhensible et, par-là même déplorable, de la part d’une citoyenne qui se dit consciente de sa responsabilité, est que vous voulez sans mandat connu de votre parti, vous attaquer à la plus haute personnalité d’une confrérie parce qu’il a pensé à prodiguer un simple conseil à Abdoulaye Wade, en ignorant tout de la nature des relations qui les unissent.
Loolu mooy niakka maandu dëgg !
Vous ignorez certainement, aussi, que le mot arabe « Nacîha » de cette même parole du Prophète de l’Islam, traduit de manière parcellaire par « conseil » est exprimé dans le wolof de nos Daara par l’expression « laayé biir ». Cette acception qui vous échappe ajoutant au simple « conseil » une charge affective que votre déficit de nuance et de politesse ne vous permet pas de décrypter.
Nous ne vous en tiendrons pas rigueur !
La pudeur n’a jamais été synonyme de manque d’audace. Mais elle a souvent marqué la limite éthique entre l’attitude des nobles courageux et celle des adeptes de l’indicible, nous ne dirons pas l’indiscipline, mot étranger à notre champ lexical.
Nous ne vous suivrons pas sur ce terrain !
Pour dire que nous ne vous retrouverons jamais sur le vôtre mais vous inviterons, dans un premier temps, à plus de respect au représentant suprême de notre communauté. Un de nos maîtres à penser dans cette confrérie, Al-Maktoum, disait : « kou yilif sa junniy morom du sa morom ».
Nous présumons de votre minimum de conscience d’un tel état de fait !
Nous avons le plus grand respect à Me Abdoulaye Wade que vous prétendez défendre et connaissons ses excellentes relations avec nos cheiksh et guides, mais sommes, aussi, certains de son désaveu pour l’irrespect caractérisant vos propos !
« Rappelle si le rappel peut-être utile » (fa zakkir in nafa’ati zikrâ), nous enseignait-on au Daara.
C’est pour cela, en toute courtoisie tidiane, présumant de la bonne foi de ceux qui se trompent puis se rétractent, et, pour vous retrouver, par contre, sur le registre religieux, un terrain qui nous est connu, nous nous limiterons, pour l’heure, à un simple rappel d’une sage parole de notre commun Prophète mais sonnant, tout de même, l’avertissement: « Si tu n’as point de pudeur fais ce qu’il te plaît ».
Directoire du Think Tank
Prospec’TIV
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LES DESSOUS DU RAPPORT POLÉMIQUE SUR LES ABUS SEXUELS À L'ÉCOLE
Elin Martínez responsable à Human Rights Watch revient sur les tenants et les aboutissants de l'étude qui a mis le feu aux poudres au sein du système éducatif sénégalais
Interrogée sur le rapport de l’ONG International Human Rights Watch relatif aux violences sexuelles faites aux filles dans les écoles sénégalaises, l’ancien Premier Ministre Mimi Touré n’a pas fait dans la langue de bois en indiquant que « le sujet est très sérieux, car il s’agit de la sécurité de nos enfants dans le sacro-saint lieu que doit être l’école où la tolérance zéro aux abus sexuels doit être la règle. Le système éducatif regorge bien entendu d’enseignants vertueux et dédiés à leur métier avec dévouement et éthique. Il ne s’agit pas ici d’un procès des enseignants, loin s’en faut, mais il faut aussi reconnaître que les filles sont exposées aux sollicitations sexuelles d’enseignants véreux dans nos écoles et ça ne date pas d’aujourd’hui. C’est une réalité qu’il faut reconnaître et combattre, d’abord par les enseignants honnêtes eux mêmes et les enseignantes surtout. J’ai travaillé pendant des années sur l’éducation des filles en Afrique et les violences sexuelles constituent un facteur premier d’abandon de l’école. Les acteurs de l’école, les parents d’élèves, la société civile et l’Etat doivent travailler ensemble pour éradiquer la violation du droit à l’intégrité physique et morale de nos filles qui ont vocation à être les actrices de développement et les leaders de demain ».
PAR MADIAMBAL DIAGNE
TOUT LE MONDE SAIT QUE NOS FILLES SONT ABUSÉES À L’ÉCOLE
Quel est ce réflexe de rejeter toujours le tort sur les autres sans regarder la réalité pour trouver une solution aux problèmes ? Comment peut-on se cacher derrière son petit doigt pour nier la réalité des abus sexuels dans nos écoles ?
L’organisation internationale non gouvernementale Human rights watch (HRW) a effarouché les milieux scolaires du Sénégal pour avoir publié une étude qui met le doigt sur de nombreux cas d’abus sexuels dont sont victimes les jeunes filles dans les écoles. Chacun a voulu y aller de son indignation. Le ministère de l’Education nationale, bille en tête, a fustigé le travail de l’ONG qui ne «serait pas scientifique». Pour les services de Serigne Mbaye Thiam, quelque 165 cas recensés ou répertoriés dans l’étude ne suffiraient pas pour asseoir une «accusation» contre le système scolaire sénégalais.
Le ministère de l’Education a publié même un communiqué de presse pour crier au complot international, orchestré par des groupes ou autres lobbies étrangers qui chercheraient à imposer des «curricula», notamment l’introduction de l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires sénégalais. L’Union nationale des parents d’élèves du Sénégal a voulu servir de caisse de résonance à cette «alerte-défense» du ministère de l’Education nationale pour s’ériger en boucliers de toute tentative d’imposer un modèle éducatif venu de l’étranger. On ne peut pas manquer de sourire en entendant Serigne Mbaye Thiam clamer l’indépendance des autorités sénégalaises à choisir le modèle d’éducation et les programmes scolaires à enseigner aux enfants sénégalais. Qui ne se rappelle pas que, pas plus tard que l’année dernière, le même ministre Serigne Mbaye Thiam a pris des décisions pour fermer les écoles Yavuz Selim, des écoles qui constituaient le fleuron de l’enseignement d’excellence au Sénégal et ceci, suite à une injonction d’un pays étranger, la Turquie ? A qui Serigne Mbaye Thiam parlerait alors d’indépendance dans la politique éducationnelle du Sénégal ? Quant à l’Unapes, on ne peut pas ne pas s’étonner de leur attitude qui, normalement, devrait être du côté de Human rights watch et des filles abusées dans les écoles. Le cas d’une seule fille abusée sexuellement dans nos écoles est intolérable et devrait provoquer l’ire des associations de parents d’élèves. Mais le ministère de l’Education nationale stigmatise un échantillon peu représentatif de 165 cas sur plus de 500 mille filles scolarisées dans les lycées et collèges. Peut-être qu’il faudrait révéler des dizaines de milliers de cas pour émouvoir ?
Pardi ! Par leur attitude, le ministère de l’Education et l’Unapes sont en train d’absoudre tous les prédateurs sexuels qui abusent des filles dans nos écoles et surtout, c’est la plus grosse injure faite aux victimes qui sont en droit d’attendre soutien et assistance de la part de leurs parents et des autorités étatiques. Les syndicats d’enseignants sont, eux aussi, montés au créneau pour rivaliser de déclarations indignées et insulter les auteurs du rapport. Pour chercher à noyer le poisson, on verse dans l’amalgame pour chercher à mettre dans l’esprit des gens que Human rights watch mettrait tous les enseignants sénégalais dans le même sac des prédateurs sexuels. Ils constituent assurément la grande majorité des corps d’enseignants, ces enseignants valeureux, pétris de qualité et qui préparent les enfants à un avenir prometteur, mais il faut aussi bien reconnaître qu’elles sont trop nombreuses, les brebis galeuses qui détournent les enfants mineurs et abusent d’eux dans nos écoles. Puisque le ridicule ne tue pas, les syndicats enseignants exigent de Human rights watch de présenter des excuses au peuple sénégalais. En fait d’excuses, ce sont ces syndicats d’enseignants qui devraient en présenter aux élèves victimes, à leurs parents et à toute la société sénégalaise pour les abus commis par leurs adhérents qui avaient autorité sur des enfants mineurs.
C’est quoi ce réflexe de rejeter toujours le tort sur les autres et de ne pas chercher à regarder la réalité en face et de trouver une solution aux problèmes qui se posent ? Comment peut-on se cacher derrière son petit doigt pour nier la réalité des abus sexuels dans nos écoles ? Qui ne connaît pas dans son quartier, son voisinage immédiat ou sa famille des cas de jeunes filles abusées sexuellement par leurs éducateurs à l’école ? Le ministre de l’Education nationale ou les responsables de l’Unapes ou les syndicats enseignants lisent-ils les journaux ou écoutent-ils les radios et télévisions qui rendent compte, de manière quotidienne, de cas recensés çà et là ? Sans doute qu’ils peuvent s’imaginer que les journalistes qui relatent ces graves faits divers seraient aussi complices d’’une croisade mondiale contre le système éducatif sénégalais. Qu’il est ridicule de chercher à s’en prendre à HRW qui n’est coupable que d’avoir publié un rapport qui met le doigt sur un phénomène observé par toute personne vivant au Sénégal. Combien d’études ou de déclarations ont été publiées bien avant ce dernier rapport de Hrw pour alerter et surtout décrier cette situation d’abus sexuels contre des mineurs dans les écoles sénégalaises ? Le rapport de HRW, intitulé «Ce n’est pas normal. Exploitation sexuelle, harcèlement et abus dans les écoles secondaires au Sénégal», ne dit rien qui soit inconnu du grand public. On se demande véritablement si certains ont pris la peine de le lire avant de se fendre en déclarations ? Une attitude responsable aurait été de s’imprégner des constatations irréfutables et surtout de voir comment mettre en œuvre les pertinentes recommandations contenues dans le document, plutôt que d’adopter une attitude de déni systématique.
Le 3 mars 2018, les médias sénégalais ont révélé qu’une étude de la direction de l’Enseignement moyen-secondaire général, une structure interne au ministère de l’Education nationale, qui indique que «20% des viols enregistrés en milieu scolaire sont l’œuvre d’enseignants». L’étude soulignant que «96% des victimes de ces agressions sexuelles vivent en banlieue. Conséquence : les victimes, qui souvent dans la foulée du supplice subi attrapent des maladies sexuellement transmissibles et des grossesses non voulues, ne bénéficiant pas de suivi psychologique, désertent l’école». En réaction à cette étude du ministère de l’Education nationale du Sénégal, Mme Mame Bousso Samb Diack, directrice du Forum des éducatrices africaines (Fawe), avait indiqué que «la famille et l’école ont un grand rôle à jouer pour prendre à bras-le-corps le phénomène des agressions sexuelles sur les filles».
Avant Human rights watch, tout le monde avait tiré la sonnette d’alarme
Le 11 juin 2011, lors de l’atelier de restitution d’une étude sur les enfants au Centre national de ressources éducationnelles (Cnre), le président du Comité national d’organisation de la campagne «Appendre sans peur», Cheikh Diakhaté, déplorait encore les abus sexuels dans nos écoles. Cette étude a été réalisée dans cinq écoles élémentaires et trois collèges d’enseignement moyen (Cem). Elle concerne des élèves âgés de 10 à 16 ans et vivant dans les régions de Dakar, Kaolack, Louga, Saint-Louis et Thiès. Au total, 250 élèves dont 131 garçons et 119 filles.
En outre, le 10 octobre 2014, l’Association des femmes juristes du Sénégal, par la voix de sa présidente, Me Aïssatou Dramé, mettait en garde contre la recrudescence des cas de filles victimes d’abus sexuels par des enseignants dans les collèges.
Le 22 janvier 2014, l’Association des journalistes contre les viols et les abus sexuels tirait la sonnette d’alarme en lançant une campagne nationale de sensibilisation. Les journalistes comptaient ainsi aller à la rencontre des acteurs scolaires pour les sensibiliser contre les abus sexuels faits aux filles. Selon Moustapha Fall, président de cette organisation, 3 600 cas de viol ont été enregistrés entre janvier 2013 et le début de l’année 2014. Il indiquait rechercher «une synergie de tous pour faire face à l’ampleur qu’a pris ce phénomène incompatible avec les valeurs religieuses du pays». L’Ong ActionAid a recensé les articles de presse consacrés à des abus sexuels commis en milieu scolaire contre des filles et a révélé que sur 10 pays africains étudiés, le Sénégal était en tête avec 41 cas pour la seule période de juillet 2009 à juin 2010. Quand on sait que de nombreux cas échappent à la vigilance des journalistes, on peut mesurer l’ampleur des dégâts !
La question est donc devenue un véritable phénomène de notre société comme le montre une autre étude réalisée et publiée le 8 juin 2013, par Mamadou Lamine Coulibaly, enseignant-chercheur à l’Ufr des Sciences de l’éducation, de la formation et du sport à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Les données recueillies au Sénégal par l’équipe du Pr Diallo étaient destinées à dresser un état des lieux des «victimations» scolaires sur la base d’un questionnaire administré à 2 707 collégiens et lycéens répartis sur douze établissements du moyen (collège) et du secondaire (lycées). Il en ressort que 9,6% des élèves des lycées et collèges sénégalais déclarent avoir été «embêtés pour des histoires sexuelles». Ils sont garçons comme filles et c’est le fait souvent du fait de professeurs et surveillants. Le phénomène des grossesses précoces en milieu scolaire a été une grande préoccupation pour le gouvernement du Sénégal.
Ainsi, une étude conjointe du ministère de l’Education, de celui de la Santé ainsi que des Ong et de nombreux organismes étatiques en charge des questions d’éducation et de santé de la reproduction avait été commanditée. Le rapport publié en juin 2015 stigmatise également les prédations sexuelles dont sont victimes les filles en milieu scolaire. Justement, c’est cette même étude qui, dans ses conclusions, préconisait «l’intégration de l’éducation sexuelle complète dans les programmes scolaires. L’éducation complète en matière de santé sexuelle est un outil essentiel qui peut produire des effets positifs sur le comportement des jeunes. Ces derniers doivent recevoir des informations justes et de qualité leur permettant d’adopter des comportements responsables». On voit bien alors que la ligne de défense du ministère de l’Education nationale contre une main invisible étrangère qui voudrait, par le biais du rapport de Hrw, imposer d’introduire l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires sénégalais est bien absurde. Une rapide revue de presse nous renseigne par le truchement d’une dépêche de l’Agence de presse sénégalaise (Aps) que le ministre Serigne Mbaye Thiam avait présidé, le 18 janvier 2013, un atelier pour l’intégration de l’éducation sexuelle complète dans les curricula des enseignements au Sénégal. C’était sous l’égide de l’Unesco.
Et alors ? Il est aussi étonnant que le ministère de l’Education nationale n’avait pas pris la mouche quand, en janvier 2018, HRW, sous la plume de Mme Zama Neff, responsable de la Division droits des enfants, écrivait au président Macky Sall, avec ampliations aux ministres Serigne Mbaye Thiam et Ndèye Saly Diop Dieng, pour appeler à la gratuité de l’éducation secondaire au Sénégal. Dans cette missive, Hrw mettait déjà en garde contre les situations et pratiques dont des abus sexuels qui constituent des entraves à l’éducation des filles.