L’équipe féminine de basket-ball du Sénégal n’a pas fait le poids face aux Etats-Unis, ce dimanche 16 septembre 2018, à Antibes dans le sud de la France, dans la cadre d’un tournoi de préparation pour la Coupe du monde. Après leur défaite face aux Françaises samedi 15 septembre, les « Lionnes de la Téranga » ont perdu 109-58 face aux championnes olympiques.
Elles affronteront lundi 17 septembre le Canada avant de retrouver les Américaines pour leur premier match du Mondial 2018 à Tenerife (Espagne), le 22 septembre.
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"QUAND TU TE PROSTITUES, TA VIE NE TIENT QU'À UN FIL"
Originaires de Benin City, une ville située dans l’Etat d’Edo, dans le sud-ouest du Nigeria, Jude, Ellen et Blessing racontent l’histoire d’une fausse promesse : celle de l’espoir d’une vie meilleure en Europe
Originaires de Benin City, une ville située dans l’Etat d’Edo, dans le sud-ouest du Nigeria, Jude, Ellen et Blessing racontent au Monde Afrique l’histoire d’une fausse promesse : celle de l’espoir d’une vie meilleure en Europe. Comme elles, plusieurs centaines de femmes partent chaque année pour se retrouver finalement sur le trottoir en France, en Italie, en Grèce ou en Allemagne, au péril de leur vie. A Paris, l’association Aux captifs, la libération les aident à apprendre le métier de couturière pour sortir des réseaux de traite des êtres humains.
Cette vidéo a été réalisée dans le cadre du projet « Les nouveaux arrivants », financé par l’European Journalism Center et soutenu par la fondation Bill & Melinda Gates. Pendant un an et demi, Le Monde, The Guardian, El Pais et Der Spiegel suivent des migrants pour raconter leur accueil et leur intégration en Europe.
DES LIONNES AMBITIEUSES AU MONDIAL DE BASKET
L’équipe féminine de basket-ball du Sénégal peaufine sa préparation pour la compétition au cours de laquelle elle espère atteindre le Top 12 du Mondial
L’équipe féminine de basket-ball du Sénégal peaufine sa préparation pour la Coupe du monde 2018 de basket-ball (22-30 septembre en Espagne), lors d’un tournoi dans le Sud de la France (15-17 septembre à Antibes). Des « Lionnes » expérimentées espèrent atteindre le Top 12 du Mondial 2018.
Les basketteuses sénégalaises, régulièrement championnes d’Afrique depuis 50 ans, font leur retour en Coupe du monde, à l’occasion de l’édition 2018 (22-30 septembre en Espagne), après avoir manqué celle de 2014. Les « Lionnes de la Téranga », qui courent après une première victoire dans cette compétition depuis 2006, nourrissent l’ambition de franchir le premier tour du tournoi.
Pour parvenir à leurs fins, l’intérieure Astou Traoré et ses partenaires devront dominer la Lettonie et/ou la Chine dans le groupe D, sans sombrer face aux redoutables Américaines, grandissimes favorites de cette Coupe du monde. « Nous allons travailler dur pour battre certaines de ces équipes, indiquait l’entraîneur Cheikh Sarr au site de la Fédération internationale (FIBA). Si nous analysons nos derniers matches face à ces équipes, je pense qu'il est juste de dire que l'écart a diminué entre nous, la Chine et la Lettonie. […] Contre les USA, nous allons essayer de nous concentrer sur notre performance plutôt que de penser au résultat. Elles évoluent à un autre niveau ».
Tests face aux Françaises et aux Américaines
En attendant la phase finale, les Sénégalaises vont avoir l’opportunité de se jauger face aux Etats-Unis, lors d’un tournoi de préparation dans le Sud de la France. A Antibes, les vice-championnes d’Afrique 2017 vont en effet affronter successivement les Françaises (15 septembre), les Américaines (16) et les Canadiennes (17). Un sacré programme.
Valérie Garnier, coach des « Bleues », décrypte les atouts de ce premier adversaire, au micro de la Fédération française de basket-ball (FFBB) : « Les points forts du Sénégal sont la mobilité de ses joueuses, leur présence au rebond et leur spontanéité. » Que ce soit à Antibes ou à Tenerife, les Sénégalaises s’appuieront en outre sur un noyau dur de joueuses très expérimentées. Avec une moyenne de 29 ans et six trentenaires dans le groupe, le Sénégal a l’un des effectifs les plus âgés de cette Coupe du monde 2018.
A noter que l’autre équipe africaine de ce Mondial 2018, le Nigeria, jouera contre l’Australie, la Turquie et l’Argentine, dans le groupe B.
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LA REINE DU POULET AU SÉNÉGAL
À 32 ans, Anta Babacar Ngom Bathily, est à la tête de Sedima, une entreprise familiale spécialisée dans l’aviculture - La jeune entrepreneure compte rajeunir ses équipes et diversifier ses activités afin conquérir de nouveaux marchés
Un reportage de Réussite, une émission coproduite par Canal + et Galaxie Africa (groupe Jeune Afrique), diffusée tous les premiers samedi du mois sur Canal+ en Afrique et A+ en France
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MARIAGES ARRANGÉS, MARIAGES FORCÉS ?
Quelle distinction entre les mariages arrangés et les mariages forcés ? Quels sont les pays les plus touchés ? Comment permettre aux filles et aux garçons de dire non ?
Y-a-t-il une différence entre un mariage forcé et un mariage arrangé ? Ecoutez la réponse de Isabelle Gillette-Faye, sociologue et directrice générale du GAMS.
Considéré comme une atteinte aux droits de l’Homme par l’ONU, le mariage forcé concerne principalement des jeunes de moins de 18 ans. Dans le monde, ce seraient près de 700 000 millions de femmes et 150 000 millions d’hommes qui ont été mariés de force selon une estimation de l’ONU. Si la prévalence du mariage précoce recule, encore 12 millions de fillettes ont été mariées cette année. Quelle distinction entre les mariages arrangés et les mariages forcés ? Quels sont les pays les plus touchés ? Comment permettre aux filles et aux garçons de dire non ?
Retrouvez Emmanuelle Bastide pour son émission "7 milliards de voisins" sur RFI, en compagnie de ses invités : - Ingrid Therwath, journaliste à Courrier International, spécialiste de l’Inde et co-auteur du livre "Etre jeune en Asie : Chine, Inde, Japon" aux éditions Philippe Picquier - Christine-Sarah Jama, juriste de l’association voix de femmes-SOS mariage forcé - Isabelle Gillette-Faye, sociologue et directrice générale du Groupe femmes pour l’abolition des mutilations sexuelles - GAMS.
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NDIORO NDIAYE PARRAINE MACKY
POINT DE MIRE SENEPLUS - L'éditorialiste de SenePlus, Ndioro Ndiaye, en présence de Cheikh Kanté, ministre chargé du Plan Sénégal Emergent, a entamé sa campagne de parrainage pour la présidentielle de 2019
Boubacar Badji et Alioune G Sall |
Publication 11/09/2018
Le professeur Ndioro Ndiaye présidente de la Constante citoyenne a, en présence de Cheikh Kanté, ministre chargé du Plan Sénégal Emergent, entamé sa campagne de parrainage pour la présidentielle de 2019.
LA MISÈRE DES FEMMES DÉLAISSÉES
Immersion à Louga, où certaines femmes abandonnées par leur époux, souffrent le martyre pour joindre les deux bouts et subvenir aux besoins de leur progéniture
L’information avait fait le tour du monde, avec la magie des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic). Une jeune dame, F.S, a été prise à Louga, la main dans le sac, pour avoir dissimulé dans ses parties intimes un calepin bourré d’argent qu’elle venait de chiper à une autorité. Portant sur son dos un bébé de moins de deux ans, la voleuse, après avoir réussi son coup, tentait de quitter les locaux du centre culturel régional où se tenait une grande cérémonie. Malheureusement, le commandant de la brigade mixte de Louga, qui prenait part à cette rencontre, du haut du présidium, n’a rien raté de la scène. Il s’est éjecté de son fauteuil et d’un pas alerte, est passé par une porte dérobée, avant de se retrouver face à face avec la voleuse. La jeune dame, pour se tirer d’affaire, a utilisé ses cordes vocales, ameutant ainsi toute la salle : «Oh pitié ! Je ne suis pas une voleuse. Je suis abandonnée par mon mari, mes enfants sont restés deux jours sans manger», criait-elle. Une bonne partie des membres de l’assistance, qui n’avaient pas accordé du crédit à ce moyen de défense, ont fini par s’attendrir.
En effet, un agent du service régional de l’action sociale a corroboré les propos de la dame. La dame vit seule avec ses quatre enfants dans un habitat spontané (Fakk Deuk) sis au populeux quartier de Médina Garage. F.S (32 ans) et sa progéniture vivent dans une case sans porte, avec une natte posée à même le sol, des ustensiles de cuisine superposés, une valise d’un autre âge et un bidon d’huile vide servant de banc. Assise à même la natte, son dernier-né tète goulument un sein flasque, elle raconte sa grande misère, qu’elle impute à son mari : «Ma vie n’a jamais été un long fleuve tranquille. Je me suis mariée à 20 ans avec un homme qui habitait la région de Tambacounda et il s’était converti à l’Islam après notre mariage. Nous avons eu 5 enfants. Mais malheureusement, il est décédé. Je ne lui connaissais aucune attache. Durant tout la période qu’a duré notre mariage, il n’a jamais rendu visite à ses parents. Donc, je ne connais pas sa famille. A son décès, j’avais d’énormes difficultés à nourrir nos enfants. Finalement, je les ai confiés à des proches.» Seule, laissée à son sort, F.S ne baisse pas les bras et décide, quelques années plus tard, de convoler en secondes noces avec un vigile. Deux enfants naîtront de cette union. Mais comme si le sort s’acharnait contre elle, quelques années plus tard, son mari, accusé de vol, perd son boulot. Elle observe un court silence, ferme les yeux et lâche : «C’était le début de mon calvaire. Avant de rentrer chez lui à Dakar, mon mari m’a répudié. En réalité, il avait déjà une femme et des enfants, et avait opté pour la monogamie. Donc, il ne pouvait pas s’encombrer d’une autre épouse.»
Le sol s’est dérobé sous les pieds de F. S. Mais surtout, les questions se bousculaient dans sa tête. Comment a-t-elle pu être assez naïve pour se laisser berner par les belles paroles d’un homme ? Et surtout, comment n’a-t-elle pas flairé le coup, surtout que face à ses multiples relances pour faire la connaissance de sa famille, son mari n’a jamais voulu s’épancher sur la question. «Je me suis sentie flouée. Ce jour-là, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Je n’ai jamais imaginé que mon mari allait me trahir de la sorte et abandonner ses enfants. Il est parti le lendemain. Depuis, il a coupé les ponts avec nous. Même pas un coup de fil pour prendre des nouvelles de ses enfants, qui me réclament souvent leur père. Face à leur insistance, j’ai fini par leur avouer la vérité. Et j’ai décidé de reprendre ma vie en main.» F.S s’essaie à plusieurs petits boulots. Sans succès. «Parfois, ce sont mes voisins qui nous donnaient à manger. Parce que mes petits boulots ne me permettaient pas de nourrir mes enfants. Et mes parents, qui m’assistaient de temps à autre, étaient décédés. En désespoir de cause, j’ai versé dans la prostitution. J’ai exercé ce métier pendant une année. Je faisais la navette entre Louga et Mbacké. Maintenant, j’ai tout arrêté, parce que mes enfants commencent à grandir. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de vivre ici au quartier de Médina Garage. Pour l’heure, je vivote avec le peu d’argent que je gagne de gauche à droite. Mon mari s’est fondu dans la nature depuis bientôt 3 ans. Il n’a plus donné de nouvelles et ne s’occupe plus de ses enfants, qui le considèrent comme mort.»
«Mon mari m’a abandonnée parce qu’il m’en veut d’avoir donné naissance à une enfant handicapée»
Contrairement à F.S, qui s’est muée en voleuse (de circonstance) pour dit-elle subvenir aux besoins de ses enfants, Kh. S, qui a vécu pourtant le même sort, est restée digne dans l’épreuve. Tenancière d’une gargote à quelques jets de pierres du centre culturel régional «Mademba Diop», cette mère de sept (7) bouts de bois de Dieu, âgée d’une quarantaine d’années, vit au quartier Médina Salam. Rencontrée au Tribunal de grande instance de Louga, Kh. S ne digère toujours pas la décision du juge qui l’a déclarée coupable du délit d’abandon du domicile conjugal et condamnée à payer une forte somme d’argent à son… mari. La voix nouée par la colère, elle siffle : «C’est injuste. Je ne comprends pas cette décision de justice. Dans cette affaire, je suis la victime et c’est moi qu’on punit. C’est quelle justice ça ?» Pour comprendre l’histoire de Kh. S, il faut remonter à 24 ans. Mariée à l’âge de 16 ans à un cousin, sa vie bascule quand elle donne naissance à sa fille aînée, née handicapée. Son mari convole alors en secondes noces. «C’est un émigré qui vit en Espagne, mais nous ses femmes, sommes restées au pays. Mon calvaire a commencé suite à cette naissance et ce deuxième mariage. Pour les beaux yeux de ma coépouse, mon épouse nous a tourné le dos, à mes enfants et moi. Il ne s’acquitte plus de ses obligations, ne fait rien pour moi et ne se gêne pas pour me frapper devant mes enfants pour des broutilles. Je supportais tout pour mes enfants et grâce à mon commerce, je parvenais à gérer le quotidien.»
Sa soumission a atteint le point de non-retour l’année dernière. A la suite d’une bagarre avec sa coépouse, son mari la traîne à la barre et ne se gêne pour prendre fait et cause pour sa 2e épouse. C’était l’affront de trop. Ne se sentant plus en sécurité aux côtés d’un homme qui n’a pas hésité à la traîner en justice, Kh. S quitte le domicile conjugal et emménage dans une maison prêtée par son grand-frère à Médina Salam. C’était sans compter avec son mari, qui la traîne à nouveau à la barre, pour abandon du domicile conjugal. Kh. S est déclarée coupable et condamnée à payer une amende à son mari. Elle râle : «Je ne me sentais plus en sécurité chez lui. J’ai quitté le domicile conjugal, certes, mais nous étions toujours mariés. C’est à l’issue de l’audience au tribunal que le divorce a été prononcé, mais il se devait de me verser une pension pour ses enfants. Même si je n’ai pas enclenché une action en justice pour cela, c’est son devoir car il est leur père. Il s’est détourné de ses enfants et ne s’intéresse plus à eux. Moi, je me suis résolue à le laisser faire selon sa conscience. Il m’a traînée en justice, mais moi, jamais je ne traînerai le père de mes enfants à la barre. Aujourd’hui, je m’occupe seule de mes enfants. Ma fille aînée est handicapée et c’est moi qui prends en charge tous ses frais médicaux. Son état de santé nécessite une évacuation en Europe. Son père en a les moyens, mais il a croisé les bras. Le jour de la tabaski, ce sont mes voisins qui m’ont donné à manger. J’ai passé toute cette journée à pleurer, car je sais que les autres enfants de mon mari avaient le cœur en fête, au moment où les miens portaient des haillons. Mais je ne vais jamais porter plainte contre mari, je le laisse avec sa conscience. Parce que j’ai eu la confirmation d’un de ses parents, qui m’a confessé que si mon mari m’a fait subir toutes ces misères et abandonnée, c’est parce j’ai mis au monde une fille handicapée», serine-t-elle.
«Je suis restée onze ans sans voir mon époux»
M.F (39 ans) fait elle aussi partie de ces femmes abandonnées par leur mari. Loin de baisser les bras, elle est en train de lutter pour joindre les deux bouts. Chaque après-midi, elle sillonne les différentes artères du centre ville pour vendre du café Touba. Très pudique, elle est visiblement gênée d’évoquer la grande misère à laquelle elle fait face : «Certes, je suis restée onze ans sans voir mon mari, mais ce n’est pas la fin du monde. Il est parti en Europe alors que notre fils aîné avait 8 ans, me laissant seule avec nos deux enfants.» Seule et sans nouvelles, la jeune dame s’est résignée et a cessé de guetter le retour hypothétique de son «fantôme» de mari. Elle poursuit, la voix enrouée : «Je ne l’attends plus et d’ailleurs, à quoi bon ? J’ai cessé d’espérer. Depuis bientôt 11 ans qu’il est parti, il n’a jamais daigné nous appeler ou prendre de nos nouvelles. Un de ses parents m’a dit qu’il s’était marié avec une Européenne là-bas. Sans plus.»
Aujourd’hui, R.F a repris sa vie en main. Elle souffle, la voix basse : «Ce qui m’intéresse, c’est l’avenir de mes deux enfants. Je me bats afin qu’ils ne manquent de rien. Leur père a fait son choix en restant toutes ces années sans les voir ni les soutenir. J’ai arrêté de pleurer sur mon sort. C’est vraiment dur pour une femme d’être abandonnée par son mari, mais que puis-je y faire ? A mon âge, il me serait très difficile de trouver un autre mari qui m’acceptera avec ma progéniture.»
«Mon mari m’a abandonnée et est rentré en Guinée»
Une résignation à laquelle s’est conformée M. Tall. Lavandière domiciliée au village de Nguidilé à la lisière de la commune de Louga, M. Tall, la quarantaine, vit elle aussi dans sa chair, la misère causée par l’abandon de son mari, un ressortissant guinéen. Son époux, qui avait laissé dans son pays une femme et plusieurs enfants, y est retourné en 2016 après le décès de son père. Depuis cette date, il n’a plus donné signe de vie. Rien. Même pas un coup de fil à son épouse sénégalaise, ni à ses deux enfants, âgés respectivement de 6 et de 4 ans. «Après deux mois sans nouvelles de mon mari, j’ai réussi à le joindre et il m’a assuré qu’il reviendra au Sénégal incessamment. Je l’ai attendu encore plusieurs mois sans voir son ombre», confie-t-elle. De guerre lasse, M. Tall s’est fait une religion et c’est finalement par le biais d’un des compatriotes de son mari qu’elle a su la vérité. «Ce dernier, qui vivait non loin de chez nous, a eu le courage de me dire qu’il ne rentrera plus, car il gère désormais les biens que son défunt père avait légués à sa famille. Il a «oublié» qu’il a laissé ici deux enfants. Notre dernier échange téléphonique remonte au mois de ramadan. Je l’ai appelé pour l’informer que j’allais circoncire notre fils aîné. C’est là qu’il m’a annoncé la terrible nouvelle. Il était déjà marié en Guinée et sa femme n’était pas au courant de notre mariage. Donc, je n’avais qu’à faire une croix. J’étais anéantie, mais qu’est-ce que je pouvais y faire ? Je ne peux pas le retrouver en Guinée. Ma famille était foncièrement contre cette union. J’ai accepté mon sort et je m’en remets à Dieu. Pour gagner ma vie, j’exerce le métier de lavandière à Louga. Je ne vais pas tendre la main ou m’adonner à des pratiques réprouvées par ma religion. J’ai définitivement tourné la page», termine-t-elle. En désespoir de cause.
ODE AUX FÉMINISTES D'AFRIQUE
Engagée dans le sillage des campagnes mondiales « Balance ton porc », l'écrivaine sénégalaise Ndèye Fatou Kane inscrit sa réflexion féministe dans l'histoire même du continent - ENTRETIEN
Le Point Afrique |
Viviane Forson |
Publication 10/09/2018
Quel est le lien entre Simone de Beauvoir, Chimamanda Ngozi Adichie et Awa Thiam Mariama Bâ ? La défense de la cause des femmes, mais chacune à sa manière. Dans Vous avez dit féministe ? (L'Harmattan, 2018), la romancière Ndèye Fatou Kane, 31 ans, les met en scène tant pour exposer leurs points de vue que pour répondre à ses propres questions, à elle, la Hal-pulaar sénégalaise, femme et de la génération Y. Devenue un poil à gratter de la société sénégalaise et dans une certaine mesure de l'Afrique de l'Ouest, elle a, il est vrai, de qui tenir : elle est la petite-fille de Cheikh Hamidou Kane, l'auteur de L'Aventure ambiguë (Julliard, 1961). En 2014, elle publie chez L'Harmattan son premier roman, Le Malheur de vivre, suivi deux ans plus tard par Franklin, l'insoumis (La Doxa) et Vous avez dit féministe ?, un pamphlet dans lequel elle exhume les grandes figures du féminisme, de l'Europe au Nigeria, en passant par la Coordination des femmes noires à la fin des années 1970, fondée par la Sénégalaise Awa Thiam, l'auteur de La Parole aux négresses... Elle y réfléchit sur « l'afro-féminisme », le « happy feminism », la « misogynie », le « genre, », etc. Ce qu'elle a découvert ? Que depuis longtemps, des Africaines combattent pour faire reconnaître leurs droits de femmes, et ce bien qu'elles soient marginalisées dans les mouvements féministes et mises à l'index dans leurs propres communautés pour leur supposée déloyauté. Elle s'est confiée au Point Afrique.
Le Point Afrique : le terme « féministe » a-t-il un sens en Afrique ?
Ndèye Fatou Kane : L'Afrique est un continent aux expériences politiques, historiques et culturelles diverses, et donc aux réalités féministes tout aussi variées. Je me limiterai plus spécifiquement à l'Afrique de l'Ouest et au Sénégal où je vis et mène l'essentiel de mes recherches. Ceci étant, c'est une réalité : dans toutes les nations africaines, les femmes ont joué un rôle majeur ; elles ont activement pris part aux luttes de libération et aux mouvements pour le changement social, même si la plupart ne se sont jamais réclamées du féminisme au sens où on l'entend en Occident. Cheikh Anta Diop, mon grand-père, dans L'Unité culturelle de l'Afrique noire, affirme que les sociétés africaines étaient essentiellement matriarcales : les femmes avaient le pouvoir politique, économique et aussi religieux. Dans les sociétés Lébous au Sénégal, une des sociétés traditionnelles de pêcheurs, ce sont elles qui prennent les décisions. Lorsque les Français sont arrivés au Sénégal en 1855 pour le coloniser, la première force de résistance qu'ils ont rencontrée est une femme, la reine mère Ndaté Yalla Mboj qui gouvernait le royaume Waalo. En ces temps-là, les femmes étaient formées aux métiers des armes et préparées à prendre la relève pour défendre le pays en l'absence des hommes. Les souverains sénégalais des Royaumes wolofs portaient le titre de « Brack », et leurs mères ou leurs sœurs étaient appelées « Linguères ». Elles pouvaient leur succéder et certaines dirigeaient elles-mêmes leur armée. C'étaient des guerrières, tout comme les Amazones de l'ancien royaume du Dahomey. Et on remarque que les récits de guerrières, reines ou chefs de clans ne manquent pas dans le continent.
Ensuite, il y a eu la colonisation et l'arrivée des religions dites révélées...
Avec l'évolution des sociétés, l'importation des monothéismes, notamment de l'islam, ainsi que la colonisation, le pouvoir a basculé du côté des hommes. Aujourd'hui, ce matriarcat subsiste quelque peu dans certaines sociétés, chez les Touareg ou les Bamilékés de l'ouest du Cameroun. Là, les souverains sont toujours issus de la branche maternelle, par matrilinéarité.
Comment expliquez-vous que le continent ait compté autant de femmes de pouvoir, « reines », « guerrières », etc., souvent décrites comme « sanguinaires », « méchantes »…
Ce sont les sociétés africaines qui leur ont donné ce pouvoir. Mais j'ai un problème avec les appellations « reines », « guerrières », car cela sous-entend qu'elles ont une part de masculinité en elles. Il faut toujours qu'on ramène sur le devant de la scène leur part de masculinité pour pouvoir mieux les accepter. Or, elles peuvent être à la fois féminines et fortes. Je pense à Aline Sitoé Diatta, héroïne de la résistance anticolonialiste en Casamance, au Sénégal. On disait qu'elle était comme un homme, qu'elle s'entrainait comme les hommes. J'ai l'impression que pour être acceptéees, et pour dire qu'elles ont fait de grandes choses, il faut qu'elles soient tout le temps comparées aux hommes.
Faut-il différencier les combats que mènent ces « féministes » à travers le continent ?
Il existe des différences, même si certaines causes se rejoignent. Au Sénégal, les femmes se sont fait connaître de plus en plus dans les années post-indépendances, les années 60-70. On appelle cette période l'âge d'or du féminisme, car on a vu l'émergence des premières femmes féministes, telles que Marie-Angélique Savané, Awa Sarr ou Fatou Sow. Leurs combats portaient sur l'autonomisation des femmes et le maintien des filles à l'école. Dans d'autres pays, on a privilégié la possibilité de travailler ou de voter. Les causes sont nombreuses et variées, mais l'objectif à atteindre est le même : celui de voir les femmes plus libres, plus émancipées.
Pensez-vous que les luttes d'une femme « noire », ou d'une Africaine sont les mêmes que celles d'une Européenne, d'une Américaine ou d'une Asiatique ?
Ce n'est pas les mêmes objectifs. Les Européennes ont au moins cinquante ans d'avance même si elles se battent encore aujourd'hui. Chez nous, il y a tout à faire. Aujourd'hui, on ne peut pas avoir les mêmes combats. Si une femme se fait violer à Paris, bien sûr que je suis solidaire, mais je pense quand même que nous avons des urgences sur les plans éducatifs, scolaires, des droits de base, etc. Sur ces sujets, les Occidentales sont déjà bien plus avancées que nous.
Mais quels points communs entre Simone de Beauvoir et Mariama Bâ ou encore Chimamanda Ngozie Adichie ?
Elles ont été courageuses. Beauvoir n'a ni les mêmes références ni la même culture que les femmes africaines, mais elle est incontournable. Elle venait d'une famille bourgeoise, ancrée dans ses traditions, elle a étudié, été une femme qui écrit. Ce n'était pas évident pour elle. Il lui a fallu beaucoup de courage, j'admire cela, bien que je ne partage pas toutes ses positions notamment sur la féminité ou le mariage.
Mais Le Deuxième Sexe a vraiment été un livre de référence pour moi, qui m'a ouvert les yeux. Pour Mariama Bâ, c'est de l'ordre de l'affectif. Je me reconnais dans ce qu'elle écrit. Personne au Sénégal n'a écrit comme elle. Au-delà de Une si longue lettre, son ouvrage le plus connu, il y a Un chant écarlate qui parle des mariages mixtes, du racisme, des cérémonies familiales, la société qui oppresse les femmes. Awa Thiam est moins connue, mais elle a osé s'attaquer à des sujets tels que la polygamie et l'excision. De plus, elle a fait un travail d'enquête qui a permis aux femmes africaines de se rassembler dans leurs combats. Chimamanda Ngozi Adichie apporte quant à elle une approche plus locale au féminisme.
Pourquoi choisir des écrivaines plutôt que des activistes ?
Ces écrivaines sont pour moi des activistes. Après les années 70, beaucoup de femmes se sont impliquées dans les questions sociales, mais devant l'immensité des chantiers, elles ont peu à peu délaissé les débats autour du féminisme. Ce qui n'a pas été le cas des écrivaines que j'ai choisies. Malheureusement il n'y a pas eu de passage de témoin avec la génération suivante.
Même avec Chimamanda Ngozi Adichie ?
Vous avez raison, mais c'est une anglophone. J'aime la fraîcheur qu'elle a apportée au débat sur le féminisme avec le « happy feminism ».
Être féministe et féminine ?
Oui, une femme peut aimer le maquillage, être une maîtresse de maison et être féministe. L'un n'empêche pas l'autre, alors que dans l'imaginaire collectif africain, une féministe est forcément une femme acariâtre, blessée, frustrée, qui se bat contre tout et tout le monde. Chimamanda Ngozi Adichie pose vraiment le débat. Dans une société nigériane qui est une des plus patriarcales en Afrique, elle bouscule les codes. C'est ça le « happy feminism ».
Certains disent que c'est très édulcoré par rapport aux combats qui restent à mener sur le continent africain...
Le constat que j'ai fait au Sénégal, c'est qu'il y a les deux extrêmes. Soit on est une femme très coquette, très belle pour son mari ou son copain, soit on est une femme hargneuse. Il n'y a pas de juste milieu. Mais on est le produit de son époque. Les femmes comme Mariama Bâ se sont battues pour que nous soyons à l'école, que nous fassions des études poussées, que nous voyagions. À nous, les femmes de ma génération, de porter le flambeau. Quand je vois qu'elles se sont battues contre la polygamie, pour que le code de la famille reconnaisse l'autorité de la mère, et qu'aujourd'hui la polygamie progresse à nouveau… Il y a eu un manquement quelque part. La jeune trentenaire sénégalaise a d'autres préoccupations que le féminisme aujourd'hui : elle veut se caser, avoir des enfants. Ce n'est pas un mal en soi, mais il faut être conscient que le monde évolue, et qu'il ne faut pas que l'on soit à la traîne.
Mais n'est-ce pas finalement très difficile d'être féministe en Afrique ?
C'est vrai que ça n'est pas évident. En Afrique, le féminisme, c'est l'insulte suprême. C'est être forcément occidentalisée, être du côté de la France ou même de l'Amérique, etc. Alors que non, nous voulons être un pur produit local, sénégalais, béninois, camerounais, mais être aussi ouvertes sur le monde. Voir ce qu'il se passe ailleurs et le contextualiser. Prenez le scandale #Metoo ou #Balancetonporc vulgarisé par l'affaire Weinstein. Je n'ai pas eu la sensation que chez nous, on ait pris conscience du besoin de libéraliser la parole. Il y a beaucoup de viols en Afrique et dans 95 % des cas la victime connaît son violeur, mais pour ne pas faire éclater la cellule familiale, sociétale, on préfère trouver un arrangement à l'amiable, et protéger le bourreau. Ça sera donc forcément la faute de la victime. Quand j'ai vu que des Sénégalaises ont partagé ce hashtag, je me suis dit : « Chez nous, qu'est-ce qu'on en fait ? »
Est-ce qu'en Afrique il n'y a pas non plus un complexe profond que le féminisme, occidental ou pas, n'a pas résolu... ? Certaines femmes soutiennent ouvertement la polygamie.
Je connais des femmes qui ont un Bac + 6 ou autres, qui ont une vie professionnelle très active, et qui acceptent d'être la deuxième, troisième ou quatrième femme. Quand je leur demande pourquoi elles sont dans cette situation, elles invoquent deux raisons : la première, elles ont peur du célibat, pour la plupart, elles ont la trentaine, voire plus. La deuxième – que je trouve loufoque –, c'est que cela leur procure plus de liberté. Dans nos pays, quand on est trentenaire et qu'on est célibataire, on considère qu'il y a forcément quelque chose qui ne va pas chez nous.
Elles me disent : « Quand mon mari a d'autres femmes, j'ai ma liberté, je ne le vois pas tout le temps, je peux faire ma vie à côté. » C'est un point de vue intéressant, mais quand des enfants entrent en jeu, c'est là que l'on se rend compte que l'on a fait le mauvais choix. Il y aura forcément des enfants d'une femme en particulier qui seront favorisés. Le père ne verra pas leurs enfants grandir, et c'est l'homme qui gagne à tous les coups.
Comment expliquer cette façon de penser ? Car on ne voit pas cette situation ailleurs.
Chez nous, au Sénégal, nous avons une façon de vivre avec l'islam qui est très particulière. Les hommes invoquent souvent le prétexte religieux pour dire que la religion encourage la polygamie. Mais c'est faux. Le Coran dit qu'elle est autorisée si les quatre épouses sont sur un pied d'égalité, or c'est impossible. On ne peut pas aimer quatre personnes de la même façon. Donc l'homme doit se satisfaire d'une femme. Dans les faits, la polygamie est liée au Sénégal à la raréfaction des mariages et à l'explosion des divorces. Pour ne pas être célibataire et échapper à la tutelle parentale, on se marie avec le premier venu. Porter le titre de madame X, c'est plus valorisant que d'être mademoiselle à 32 ans.
Un terme revient beaucoup ces dernières années : l'afroféminisme. Est-ce que vous pouvez nous l'expliquer ?
Je ne le comprends pas. Je suis pour une cause féminine d'ensemble. Mais comme je l'ai dit, les aires géographiques ne sont pas les mêmes donc les préoccupations diffèrent. Qui dit afroféminisme dit féminisme européen, donc pour moi la fracture est faite d'emblée. C'est comme lorsque l'on dit « afropolitain », « afropéen », je ne comprends pas ces termes avec le préfixe afro. Pour moi, ça fragilise encore plus, ça infantilise la cause féminine africaine. On peut dire féministe tout simplement. Et après on expliquera que l'on vient de tel pays, qu'on a telle préoccupation.
Mais vous, quelle féministe êtes-vous ?
Je suis plus proche de Chimamanda Ngozi Adichie, bien que je pense que, parfois, il faut être extrême dans sa façon de défendre le féminisme. Si on ne prend pas à bras le corps ce combat, et qu'on ne choque pas un peu, nos sociétés n'avanceront pas. Le féminisme n'est pas une considération d'un autre âge. Il n'est pas trop tard...
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POURQUOI J'AI TOUJOURS VOULU ÉPOUSER UN HOMME POLYGAME
Une minorité de femmes revendiquent le choix de la polygamie au Sénégal - C'est le cas de Djadja, journaliste de 27 ans qui explique pourquoi elle a toujours souhaité épouser un homme marié à plusieurs femmes
Au Sénégal, la polygamie recule à l'échelle globale d'après les chiffres officiels. Le pays comptait 35,2% de ménages polygames en 2013, d’après l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, contre 38,1 % en 2002. Mais la pratique gagne du terrain dans les classes sociales supérieures. Près d'un quart des femmes diplômées acceptent de devenir deuxième, troisième ou quatrième épouse, selon le dernier recensement démographique paru en 2013. Un statut matrimonial souvent contraint à cause de la pression sociale. Mais une minorité de femmes revendiquent ce choix. C'est le cas de Djadja (le prénom a été changé), journaliste de 27 ans que nous avions rencontré il y a quelques mois à Dakar. Elle nous a expliqué pourquoi elle a toujours voulu épouser un homme polygame.
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EN FINALE DE L'US OPEN, SERENA WILLIAMS A PERDU SES NERFS (ET LE MATCH)
Alors que la championne américaine était aux portes d'un sacre historique, elle a vertement contesté plusieurs décisions arbitrales, ce qui lui a valu la perte d'un jeu
Scène surréaliste ce samedi 8 septembre sur le court de l'US Open, à l'occasion de la finale qui opposait Serena Williams à la Japonaise Naomi Osaka. Alors que la championne américaine était aux portes d'un sacre historique, elle a vertement contesté plusieurs décisions arbitrales, ce qui lui a valu la perte d'un jeu.
Un fait très rare à ce niveau-là. Alors que Osaka menait 6-2, 4-3, Serena Williams a qualifié l'arbitre de chaise, le Portugais Carlos Ramos, de "voleur" après plusieurs incidents d'arbitrage. Les images du psychodrame dans la vidéo ci-dessous:
Tout a commencé quand l'Américaine a reçu un premier avertissement pour "coaching" en début de deuxième set, à 1-0, 40-15.
"Je ne triche pas pour gagner, je préfère perdre", dit-elle à l'arbitre dans un premier temps, avant d'en reparler avec lui au changement de côté. "Je ne triche pas, je n'ai jamais triché de ma vie, j'ai une fille et je défends ce qui est juste, vous me devez des excuses", lui lance-t-elle.
A 4-3, la cadette des soeurs Williams (36 ans) en reçoit un second pour avoir fracassé sa raquette après avoir perdu son service, ce qui lui vaut cette fois un point de pénalité.
"Vous attaquez ma personne. Vous n'arbitrerez plus jamais un de mes matches. C'est vous le menteur", reprend Serena quand elle le réalise, hors de ses gonds, avant de qualifier l'arbitre de "voleur". Celui-ci lui inflige alors un jeu de pénalité.
Un rêve qui s'envole
Deux jeux plus tard, l'Américaine, en larmes et qui a eu une discussion avec un superviseur du tournoi à même le court, s'incline et voit son rêve d'égaler le record absolu de titres en Grand Chelem détenu par Margaret Court, avec une 24e couronne, s'envoler. La cérémonie a ensuite commencé sous les huées, avant que Serena n'invite les spectateurs à arrêter.
"Elle a bien joué. C'est son premier Grand Chelem. Faisons de ce moment le meilleur moment possible. Reconnaissons le mérite où il y en a. Ne huons plus. Félicitations Naomi", a déclaré Serena lors de la remise des trophées.
"Je sais que vous étiez tous pour elle et je suis désolée que ça se termine comme ça", s'est excusée Osaka, elle aussi les yeux brillants.
"Ca a toujours été mon rêve de jouer Serena en finale de l'US Open. Je suis vraiment reconnaissante d'avoir pu le faire, merci", a-t-elle adressé à son adversaire.
Osaka devient la première Japonaise sacrée en Grand Chelem.