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2 décembre 2024
Femmes
DIAKHANOR, LA MUSE SÉRÈRE
La diva Khady Diouf fait partie de ces icônes qui ont contribué à l’idéal national en enrichissant la chanson sénégalaise en l’arrimant constamment aux particularismes culturels du pays - PORTRAIT
La diva sérère Khady Diouf "Diakhanor", qui vient d’être honorée par les siens à l’occasion des journées hommage que lui a dédiées la commune de Palmarin, dans la région de Fatick, fait partie de ces icônes qui ont contribué à l’idéal national en enrichissant la chanson sénégalaise en l’arrimant constamment aux particularismes culturels du pays.
Ancienne pensionnaire à la retraite de l’Ensemble lyrique du Théâtre national Daniel Sorano dont elle fut pensionnaire de 1962-1995, Khady Diouf a fait voyager ses citoyens à travers les rythmes, danses et mélodies sérères.
Comme Athia Wélé pour la culture pulaar, Khar Mbaye Madiaga ou autres Daro Mbaye, Soda Mama Fall et Kiné Lam pour la chanson wolof, toutes des figures de ce temple de la culture représenté par le Théâtre national Daniel Sorano.
Il y a aussi Sobel Faye et Ablaye Nar Samb, entre autres artistes qui "ont fait rêver" les Sénégalais et permis à certains expatriés par exemple de rester connectés au pays, note le président de l’Association des écrivains du Sénégal (AES), Alioune Badara Bèye, par ailleurs PCA du Théâtre Daniel Sorano.
"Ils ont fait en sorte que notre culture soit connue ici et ailleurs", souligne M. Bèye, selon qui "le talent est inné" chez Khady Diouf, "un artiste de grand talent qui allie à la fois le chant polyphonique et le plain-chant, ce qui est très rare pour une chanteuse".
Se souvenant de ses années parisiennes, il estime que la voix de la diva "est désormais gravée dans les lettres de notre histoire, car toujours présente dans nos cœurs".
Il faut dire que Khady Diouf a connu ses premiers succès déjà dans les années 1960, avec sa chanson "Ndèye Wassanam", une berceuse dédiée à l’enfant que lui a laissé sa meilleure amie en mourant.
"Khady Diouf a été mon inspiration, si je suis venue à Sorano étant très jeune, chantant dans mon village natal à +Fandène+, c’est grâce à elle que je suis devenue chanteuse", a de son côté soutenu l’actuelle directrice de l’Ensemble lyrique du Théâtre national Daniel Sorano, Marie Ngoné Dione.
La chanteuse, 78 ans, ne vient pas d’une famille de griots, mais s’est battue contre les interdits sociaux pour avoir la carrière qu’elle a eue. Un exemple et une source d’inspiration pour Marie Ngoné dont la mère ne cessait de lui dire que "personne n’a jamais chanté dans la famille", pour lui interdire la musique.
Elle a dit qu’elle répliquait toujours à sa mère : "Tant que je n’arrive pas auprès de Khady Diouf au Théâtre national Daniel Sorano, je n’arrêterais pas".
Marie Ngoné Dione ajoute avoir "toujours admiré, aimé et adoré" les chansons de la "diva" de Diakhanor qu’elle va finalement à Sorano en 1994.
A ses yeux, Khady Diouf continue d’être "une référence" dans l’éclosion des talents artistiques de la communauté sérère.
"Khady Diouf et feue Yandé Codou Sène sont des divas irremplaçables de la musique sérère", tranche Marie Ngoné Dionne, ajoutant : "On est derrière elles, nous sommes la relève, mais je ne suis pas sûr que nous pouvons faire plus quelles".
Jean Meissa Diop, journaliste-enseignant, de renchérir : "A part Yandé (Yandé Codou Sène), Khady Diouf a le plus porté la chanson sérère chez les femmes".
Le journaliste relève aussi la part intime du répertoire de la diva, des "chansons tristes car faites de drames personnels".
"Les morceaux +Ndèye Waassanam+ en hommage à cette amie décédée tôt, +Pompiers+ dédié à des sapeurs-pompiers morts dans un accident de leur camion-citerne alors qu’ils allaient en intervention ou encore +Khady Simel Diouf Mendy xa loola+ évoque aussi la mort d’un être cher", analyse-t-il.
Mais cette tristesse n’enlève rien à la "vitalité de l’identité culturelle sénégalaise voire celle de l’ethnie sérère que véhiculent les chansons de Khady Diouf", fait-il valoir.
Khady Diouf a passé 29 ans au sein de l’Ensemble lyrique de Sorano. Son riche patrimoine musical compte des chansons très populaires, dont "Diofior" et "Bateau Sénégal".
La chercheuse et sociologue sénégalaise Fatou Sow Sarr a été élevée, mardi, au rang de Chevalier de la légion d’honneur française par l’ambassadeur de France au Sénégal, Christophe Bigot, a appris l’APS.
La récipiendaire a reçu sa médaille à la résidence de l’ambassadeur au Cap Manuel, à Dakar, devant ses collègues, parents et amis, dont la politicienne Aïssata Tall Sall, et la présidente de l’ONG Article 19, Fatou Diagne Senghor.
"Fatou Sow Sarr symbolise un combat, celui pour les droits des femmes pour leur émancipation. C’est une chercheuse remarquable, elle a pu acquérir une panoplie universitaire remarquable. Que ce soit en Belgique, au Canada, au Sénégal, elle fait un travail de terrain…", souligne l’ambassadeur français pour expliquer le choix porté sur elle.
"C’est une femme de combat au service d’une cause juste" qui est honorée, fait remarquer le diplomate français.
Poursuivant ses propos, Christophe Bigot estime qu’il "est très important de favoriser l’émancipation des femmes, ici et ailleurs, (…), de lutter contre des clichés et les traditions".
"Le président Français Emmanuel Macron avait fait de cette cause une priorité. Il avait inscrit dans sa politique d’aide au développement que nous puissions accompagner des projets qui favorisent bien sûr l’emploi, l’agriculture, mais aussi les droits des femmes", a-t-il rappelé, réaffirmant la sensibilité de la France pour les questions de genre.
Fatou Sow Sarr, considérée comme "une militante infatigable de l’émancipation des femmes", s’est dite "surprise et heureuse de recevoir cette prestigieuse distinction pour son combat".
"C’est toujours un plaisir que son travail soit reconnu. En me décorant ainsi, elle (La France) me pousse quelque part à vouloir davantage relever de nouveaux défis, parce que les combats que nous avons menés sur les droits des femmes, de l’égalité et de justice sociale tout court ne sont pas terminés", a indiqué Fatou Sow Sarr, expimant sa reconnaissance envers la France.
Pour elle, la parité n’est pas une finalité, mais "c’est un moyen pour aller vers l’égalité’’. De son point de vue, "on est loin de l’égalité de genre au Sénégal au regard des indicateurs où les femmes sont encore au bas de l’échelle avec moins de 24 % dans l’administration, l’accès à la terre (13,8 %), les femmes continuent à aller chercher du bois 89 %, etc.".
Fatou Sow Sarr a déjà été élevée au rang d’officier de l’Ordre national du Lion par le Sénégal. Elle a aussi été distinguée par l’Alliance de la panafricaine à Boston (aux USA), en 2013.
Maître de conférences à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) où elle dirige le Laboratoire Genre et recherche scientifique, qu’elle a créé en 2003, elle a une formation pluridisciplinaire.
Mme Sow est titulaire, entre autres, d’un Doctorat en anthropologie et sociologie du politique de l’Université Paris VIII et d’un DEA en sciences de l’environnement à l’UCAD.
Elle est auteur de plusieurs publications, dont "L’entreprenariat Féminin et la transformation des rapports de pouvoir au Sénégal" et "Luttes politiques et résistance féminines en Afrique".
MULTIPLE PHOTOS
LES COULISSES DE DAKAR FASHION WEEK
Pendant les défilés, en backstage, l’effervescence est à son paroxysme - Derniers essayages, touches de maquillage, selfies souvenir et une bonne dose d'encouragements entre stylistes et mannequins - REPORTAGE PHOTOS
Jeune Afrique |
Katia Touré |
Publication 26/06/2018
N’a-t-on jamais vu pareil remue-ménage ? On croirait le QG d’une armée bientôt prête à se lancer sur le champ de bataille. Les membres de cette armée s’activent ardemment, dans un dernier élan d’appréhension ou de bonne humeur selon le degré de stress de chacun : coiffeurs, maquilleurs, coordinateurs, et surtout, mannequins et stylistes. Ce petit monde est bientôt prêt à en découdre avec l’adversaire, le public-juge, sur le terrain que représente le podium étincelant installé à l’hôtel Radisson Blu de Dakar.
À quelques minutes du coup de sifflet, on se détend peu à peu : les visages fermés laissent finalement entrevoir un sourire, les mannequins se serrent les uns contre les autres, prennent volontiers la pose, les stylistes ont le regard brillant de fierté, le directeur artistique Almamy Lo admire son équipe avec bienveillance et Adama Paris, général imperturbable, laisse le soin à ses colonels de la sublimer avant cette bataille glamour de la mode africaine.
Retour en images sur les coulisses des défilés de la Dakar Fashion Week 2018, qui s’est achevée dimanche 24 juin :
AUDIO
NDÈYE FATOU KANE VOUS AIME ET VOUS CHÂTIE BIEN
Entretien avec l'insolente princesse, la pétillante petite perle pulaar et petite-fille de Cheikh Amidou Kane
Insolente princesse. Et pétillante petite perle pulaar. Voilà ce que m’évoque Ndèye Fatou Kane, la trentaine, nonchalamment installée dans le fauteuil d’En Sol Majeur. Il ne lui manque qu’un verre de bissap pour faire croire totalement à cette apparence. Vous avez dit nonchalante ? Moi, je dirais amoureuse universelle et Sénégalaise impatiente.
Bon, on va ranger les adjectifs et sortir les dossiers : diplômée d’une école de commerce en transport et logistique internationale, Ndèye-Fatou Kane a 2, 3 choses à vous dire messieurs, mesdames aussi. Et elle vous l’écrit de façon romanesque d’abord avec Le malheur de vivreet de façon plus pamphlétaire avec Vous avez dit féministe?Eh oui, les tontons, tatas, grands et petits frères de l’Afrique, cette lectrice de Simone de Beauvoir et d’Awa Thiam est une Sénégalaise qui vous aime et vous châtie bien...
PREMIER DÉFILÉ EN DEMI-TEINTE AU DAKAR FASHION WASHION
Des designers à la côte montante ont eu l’occasion de dévoiler leurs collections au cours d’un premier défilé ce jeudi 21 juin, entre véritables originalités, signatures traditionnelles et attachement aux tendances - REPORTAGE
Jeune Afrique |
Katia Touré |
Publication 22/06/2018
Si la fête de la musique battait son plein dans quelques endroits de Dakar, à l’hôtel Pullman Teranga du quartier du Plateau, l’heure était à la célébration de la mode. Mais parlons plutôt de modes. Car, parmi les collections présentées au cours du premier défilé de la Dakar Fashion Week, ce jeudi 21 juin au soir, les directions étaient largement diverses.
Il y avait de l’originalité, du caractère, auréolé parfois d’une forte extravagance. Il y avait du déjà-vu quoique fort séduisant grâce à la recherche sur les coupes. Et puis, il y avait de la tradition, prédilection un brin décevante ce soir-là, quand il semble qu’à l’heure actuelle, l’inclination traditionnelle rime automatiquement avec audace et… futurisme ?
Du blanc en guise de dress code
La majorité du public de ce défilé-tremplin avait largement répondu à l’injonction du dress code : du blanc dans toutes ses nuances. Quelques minutes avant le grand départ, un pianiste jouait Gnossiennes d’Erik Satie quasiment presto. Une façon d’annoncer que les festivités démarreraient à l’heure ? Que nenni. Il fallait s’en tenir à l’heure sénégalaise.
Au bout d’une heure de patience, c’est devant un parterre de personnalités, blogueurs, entrepreneurs, artistes venus du Sénégal et d’ailleurs que les huit designers choisis – majoritairement sénégalais, ont dévoilé leurs collections. Sans oublier une sélection toute en fuchsia, bleu saphir et violet pourpre, simple et allègre, consacrant les volants sur des pantalons Palazo et robes courtes, signée Adama Parispour couronner le tout.
Télescopage textile
Le Malien Jean Kassim Dembele, à la tête de sa griffe JK Dressing, ouvre le bal avec une collection masculine des plus singulières. Le mélange de tissus et de couleurs est surprenant. D’ailleurs, le télescopage textile semble être une signature très présente parmi les designers les plus originaux. Chez Dembele, le bazin bleu roi se mêle à un tissu jaune bien plus léger, typiquement malien. C’est aussi le marron qui se mêle à l’orange comme pour rappeler une certaine empreinte sahélienne. De surcroît, les coupes sont fluides pour des looks décontractés. Orange, violet, jaune et nuances de bleu dominent pour des pièces dont la simplicité est parfois agrémentée de quelques subtilités architecturales. Là est l’excentricité…
Une belle entrée en matière avant l’arrivée de Fadel Ndiaye, Sénégalais dont la marque Madhouse convoque des tenues un brin destroy. Au cœur de ses créations, le tissu indigo servi avec des nuances de gris et de blanc pour des robes géométriques et des vestes kimono ou mi-longues à volants. Accessoire clé : la ceinture bleu indigo qui souligne les tailles. Et clou du spectacle : une majestueuse robe bustier compilant l’ensemble des éléments égrainés tout le long de la présentation de ses modèles
Tradition sans saveur
L’enthousiasme s’efface soudainement à la vue de la collection sombre et nocturne de la griffe sénégalaise Tiiya. Cette dernière fait la part belle aux robes de soirée aux tons noirs, où s’invitent quelques broderies un brin grossières. De cette collection tend à se dégager quelque chose de vibrant, d’électrique mais quelque chose fait obstacle. Peut-être le manque d’originalité des coupes ?
La suite n’est pas plus ragoutante. Chez Splendeurs d’Afrik, on s’attache à la tradition avec la confection de boubous bleu clair. Le choix des motifs quant aux broderies est plutôt candide : carte de l’Afrique, partition musicale… Le côté arty des précédentes collections est définitivement passé à la trappe
La Sénégalaise Alia Baré fait aussi jeu de tradition sans aucune prise de risque quitte à susciter un certain ennui. La styliste qui vient clore cette suite de déceptions est Yvonne Jewnell, New-Yorkaise de son état. L’explosion de couleurs jusqu’à saturation, le côté bling-bling de ses robes ultra-sexy et le choix des tissus (on notera une inclination poussive pour le kente ghanéen) ne nous séduit guère
Les mariées de Sisters of Afrika
Il faut attendre deux créatrices sénégalaises pour retrouver le sourire. Hélène Daba (Sisters Of Afrika) et Astou Mballo (Bobo by Sag). Hélène Daba a choisi de sublimer la femme portée sur le… blanc. Autant dire que certaines jeunes femmes parmi le public avaient de quoi repenser leurs tenues. Elle surfe notamment sur la tendance des pièces en coton blanc brodées et perforées pour une suite de pièces quasiment artistiques. La styliste semble proposer différents types de robes de mariée avec voilages aux détails recherchés. Des mariées tantôt déesse grecque, stricte, classique, fantaisiste ou sexy.
Quant à Astou Mballo, elle joue avec deux signatures : robes à carreaux verts rétros et le même travail sur le coton de couleur perforé (blanc ou jaune). En somme, en plus de JK Dressing et Madhouse, ce défilé nous aura offert quatre véritables coups de cœur.
PROMOTION DES ACTIVITÉS DES GROUPEMENTS FÉMININS
Un financement de vingt millions de francs alloué à une quarantaine de groupements féminins de la commune de Kaolack
La Fondation Moustapha Sow a alloué dimanche un financement de vingt millions de francs à une quarantaine de groupements féminins de la commune de Kaolack (centre), a constaté l’APS.
Cette enveloppe financière a été remise aux organisations féminines bénéficiaires lors d’une cérémonie organisée à Ndorong, un quartier de la commune de Kaolack. Il s’agit de la première phase d’un programme de financement initié par la Fondation, a-t-on appris sur place.
"Cette activité entre dans le cadre de notre programme de développement. C’est une contribution de notre Fondation à la promotion des activités des groupements féminins", a expliqué à des journalistes, son président, Moustapha Sow.
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LE MONDE AUJOURD'HUI
Un regard nouveau sur l’actualité - Tour d'horizon d’une demi-heure qui vous met au rythme du monde panafricain
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A la une : réflexion sur une sortie de crise dans la région anglophone du Cameroun, le savoir pour lutter contre l'obscurantisme au Nigéria, prémices du prochain Trump-Kim.
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KARELLE VIGNON-VULLIERME, PASSION CUISINE
L’âme du célèbre blog culinaire « les gourmandises de Karelle » c’est elle - Née et grandie en France, elle vit au Sénégal depuis six ans où l'amour de sa vie et celle de la cuisine l'a conduite - ENTRETIEN
Le Petit Journal |
Irène Idrisse |
Publication 03/06/2018
L’âme du célèbre blog culinaire « les gourmandises de Karelle » c’est elle : Karelle Vignon-Vullierme, espiègle épicurienne née et grandie en France, pays gastronomique par excellence. Pourtant, loin du déterminisme de la naissance, c’est l’amour qui lui a fait embrasser la cuisine. L’amour qui l’a amenée au Sénégal. Dans ce monde de froids calculs et d’isolationnisme, son cœur, candeur, spontanéité et générosité font d’elle une personne rare. Entretien avec une jeune femme irradiée par l’amour de la vie, une jeune femme qui affirme avec assurance que « Bien manger rend heureux ! ». Nous la croyons.
Karelle Vignon-Vullierme : Je suis Mme Karelle Vignon-Vullierme, 31 ans, journaliste de formation, blogueuse et créatrice de contenu culinaire.
Depuis combien de temps vivez-vous au Sénégal ?
Depuis le mois d’août 2012, le Sénégal m’a ouvert ses bras ! Nous vivons à Dakar, la capitale, avec mon mari.
Vous êtes connue pour votre blog qui traite de cuisine. Comment en êtes-vous venue à cette activité ?
La création de ce blog de cuisine est une vraie surprise et s’est faite sur un coup de tête. Lorsque je préparais mes plats, je les prenais en photos et les postais sur les réseaux sociaux. Beaucoup de mes amis me demandaient les recettes donc je leur envoyais par mail. Plus le temps passait, plus je recevais des demandes. Je me suis dis que le plus simple serait de créer une plateforme sur Internet accessible partout et par tous. Internet n’a pas de limite et mes contacts au Bénin ou en France, pouvaient avoir accès au même contenu que mes contacts au Canada ou ailleurs. En décembre 2013 j’ai acheté le nom de domaine lesgourmandisesdekarelle et c’est en janvier 2014 que l’aventure LGDK a commencé. Depuis lors, Les Gourmandises de Karelle c’est au moins une nouvelle recette publiée chaque semaine sur le blog et les réseaux sociaux.
Êtes-vous, vous-même, une gourmande ?
Je suis la plus grande gourmande que vous pouvez rencontrer ! Pour être honnête, je n’ai jamais appris à faire à manger mais j’ai toujours aimé manger. C’est avec le temps que j’ai appris à cuisiner pour les autres et pour moi-même.
Petite, avec des dinettes etc, aimiez vous faire semblant de cuisiner ?
Pas du tout. J’ai toujours été hyperactive et tout ce que je voulais à l’époque, c’était sortir pour jouer avec mes amies !
C’est donc l’amour qui vous a poussée vers la cuisine ?
Lorsque j’ai rencontré mon mari, je ne savais préparer que quelques plats (et on peut les compter sur les doigts d’une main !) Mon mari étant un grand gourmand et fils d’une excellente cuisinière, j’avais un défi à relever. Jour après jour, grâce à Internet, j’ai appris à réaliser des recettes pour lui et me faisait plaisir. En y réfléchissant, c’est l’amour de mon mari qui a révélé ma passion pour la cuisine.
Considérez-vous le fait de faire la cuisine pour soi-même et autrui comme un don de soi en somme ? Cela nécessite donc un état d’esprit, une certaine générosité ? En un mot, avoir du cœur ?
Cuisiner c’est partager. C’est s’ouvrir. Cuisiner c’est surtout aimer. Paul Gauguin disait : « Cuisiner suppose une tête légère, un esprit généreux et un cœur large. » Je partage totalement ces dires !
Faire la cuisine découle donc d’un désir de partage ?
Faire la cuisine découle effectivement d’un désir de partage. De même qu’immortaliser les recettes en photos et en vidéos en les publiant sur un blog afin qu’elles soient utilisées par des internautes eux-mêmes gourmands.
On associe souvent gourmandise avec appétence pour la vie, êtes vous de cet avis ?
Parfaitement. J’essaie de vivre chaque moment de ma vie avec le plus d’intensité et de pensées positives possible. Mon entourage pourra vous le confirmer, je mords la vie à pleines dents !
La cuisine peut-elle être considérée comme une thérapie à même de raviver le goût de vivre chez les personnes dépressives par exemple ?
La cuisine à deux faces. Je pense que la personnalité joue un rôle très important dans ce domaine. Etre minutieux, rigoureux et attentif sont, d’après moi, des qualités à avoir. Je ne suis pas experte dans ce domaine mais je pense effectivement qu’atteindre un but, réaliser une recette du début à la fin avec minutie, peut être considéré comme une thérapie et raviver le goût de vivre chez les personnes dépressives. Bien manger rend heureux !
Comment se passe l’une de vos journées types ?
Mes journées se ressemblent rarement pour ne pas dire jamais. Elles sont rythmées par la création de contenu culinaire en photos ou en vidéos, la rédaction d’articles de blog, la découverte de nouveaux restaurants, produits, services ou marques, la réalisation de recettes et d’astuces de cuisine par sms. Je réponds également aux mails envoyés et je vais à mes différents rendez-vous. En tant qu’entrepreneure, j’aimerais parfois que mes journées durent plus que 24h !
À ce rythme là, la cuisine demeure-t-elle encore un plaisir ou s’est elle muée en corvée ?
Il est vrai que je dois répondre aux commandes de mes clients mais à ce jour, c’est toujours un plaisir de réaliser et réussir une recette.
Justement, pour vos recettes, avez-vous des produits fétiches introuvables au Sénégal ? Si oui, quels sont-ils ? Les rapportez vous de l’étranger ?
Je fais mon maximum pour que mes recettes soient réalisables par un grand nombre de personnes. En ce sens, j’évite d’utiliser des ingrédients qui sont inaccessibles ou trop chers. A l’exception de certains ingrédients, j’utilise des produits locaux et issus d’une agriculture locale.
Comme je vous l’ai dit, je suis une grande fan de pâtisserie et j’ADORE les desserts de type cheesecake, tiramisu. Pour éviter de me ruiner à Dakar, lorsque je voyage, je fais mes stocks de Cream Cheese et de mascarpone !
Ouvrir un restaurant ?
J’y pense tous les jours mais ce n’est pas mon objectif à court et moyen terme. Lorsque nous aurons atteint notre objectif, nous pourrons y songer plus sérieusement.
Un service traiteur ?
Nous avons cette demande au quotidien, tout comme la réalisation d’ateliers culinaires, mais la logistique demandée est très importante. Aujourd’hui, nous voulons nous imposer dans le domaine du digital avant de passer à un autre secteur.
En tant que gastronome, que pensez vous du fameux thiebou diene : le riz au poisson à la sénégalaise ?
Le thiebou diene est le plat national sénégalais. C’est le repas par excellence et il est plus que complet. Des protéines, des légumes, des féculents etc. Préparé comme dans les années 80, il est excellent mais malheureusement aujourd’hui, cette recette est de plus en plus noyée dans l’huile et dans les bouillons culinaires.
Quels changements y apporteriez-vous ?
Je n’ai pas la prétention de modifier ce plat car il est déjà pensé pour apporter toutes les valeurs nutritives à son consommateur. Je demanderais simplement à quelques cuisinières de lever la main sur l’huile, le sel et le cube d’assaisonnement.
Comment envisagez vous le futur de votre blog ?
Le blog occupe déjà une place à laquelle je n’avais même pas pensé ! J’ai été élue blog de l’année au Sénégal, blogueuse de l’année au Sénégal et Influenceur food d’Afrique francophone alors qu’il y a encore 5 ans, je ne savais pas préparer un repas. Seul le travail et la motivation payent et je souhaite que demain, le blog « Les Gourmandises de Karelle » soit le blog de référence en Afrique francophone.
Enfin, pour vous, quelle serait la meilleure définition de l’acte de faire la cuisine ?
Le plus important dans la cuisine, c’est le partage. Partager des moments avec des personnes que l’on apprécie. Pour moi, les discussions autour d’un plat ont plus d’impact que les réunions dans un bureau !
LA PREMIÈRE DAME DU BALLON ROND
Nommée secrétaire générale de la FIFA en 2016, Fatma Samoura a fait de la promotion du football féminin l'un de ses fers de lance - Elle partage avec nous son expérience et ses ambitions