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2 décembre 2024
Femmes
L'ARMÉE S'APPROPRIE LE GENRE
Le Ministère des Forces Armées, et son homologue de la Femme, initient un atelier de formation visant visant à créer un pool de formateurs outillés aux notions d’équité et d’égalité, au sein de la grande muette - COMMUNIQUÉ DE FAS
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de l'ONG Femmes Africa Solidarité (FAS), relatif à l'atelier des formateurs sur le genre au sein de l'Armée, organisé du 30 Avril au 04 Mai à l'hôtel Adjana de Kaolack, en collaboration avec le ministère des Forces Armées, celui de la famille et Onu Femmes.
"Dans le cadre de la mise en oeuvre du programme de formation sur « l’Institutionnalisation du genre dans les Forces Armées », le Ministère des Forces Armées, en collaboration avec le Ministère de la Femme de la Famille et du Genre, et l’ONG Femmes Africa Solidarité (FAS) à travers son Centre PanAfricain pour le Genre, la Paix et le Développement (PAC) organisent un Atelier de formation des formateurs du 30 avril au 04 mai 2018 à l’Hôtel Adjana, Kaolack-Sénégal.
Cet atelier de formation des formateurs, soutenu par ONU femmes s’inscrit dans le cadre de la Stratégie Sectorielle Genre des Forces Armées (2012-2022) et vise à créer un pool de formateurs au sein de l’Armée et de la Gendarmerie outillés aux notions d’équité et d’égalité, et capable de prendre en charge la formation des différentes cibles pour une intégration effective du genre à tous les niveaux.
Le module proposé est articulé autour de 3 sous thèmes à savoir :
Une formation de base sur le Genre, ses notions et concepts; un renforcement de capacité à la prise de décision sensible de genre ; et une formation sur les outils et techniques de prévention des exploitations et abus sexuels dans les opérations de maintien de la paix.
Avec la contribution technique de formateurs experts, l’atelier verra ainsi la participation de 40 formateurs, hommes et femmes, dans une dynamique participative et interactive, basée sur les principes d’apprentissage et acquisition de compétences.
La Stratégie sectorielle genre initiée par le Ministère des Forces armées a permis de réviser le cadre juridique et institutionnel pour relever les défis liés à l’intégration des femmes dans le corps militaires. Elle a par ailleurs permis l’élaboration d’un manuel du formateur en vue de renforcer les capacités du personnel militaires en genre, qui demeure aujourd’hui un enjeu primordial aux objectifs de défense et de sécurité en termes d’efficience et d'efficacité stratégique et opérationnelle."
POUR L'AUTONOMISATION DES FEMMES
Ndèye Sali Diop Dieng a remis femmes des 16 communes du département de Mbacké un financement global de 180 millions de FCFA
Ndèye Sali Diop Dieng, ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et des Organisations féminines, a remis dimanche aux femmes des 16 communes du département de Mbacké un financement global de 180 millions de FCFA, a constaté l’APS.
Elle a précisé que ce financement qui cible 14.645 femmes et jeunes filles évoluant dans les domaines de l’agriculture, l’embouche et la transformation, entre dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action de son ministère pour l’année sociale 2018.
"S’agissant de la promotion économique des femmes, le processus a démarré dans le département de Mbacké depuis le mois de novembre 2017 avec une pré-selection de projets suivie d’une formation technique et managériale des promotrices, en collaboration avec l’ONFP", a souligné Mme Dieng.
"Ce financement devrait contribuer largement à la promotion économique et du dialogue social autour de l’autonomisation de la femme et du renforcement du partenariat entre le mouvement
associatif féminin et mon département", a-t-elle dit.
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L'AMOUR DE LA RESTAURATION À SAINT-LOUIS
Découverte de la "slow-food", concept qui prône une cuisine à petits feux, contrairement au fast-food
A l'occasion du Tour du Sénégal 2018, découverte de la ville de Saint-Louis, à travers les portraits de ses habitants. Aujourd'hui, Soda nous présente son restaurant et la culture d'artiste culinaire !
Voir vidéo.
PAR NOTRE CHRONIQUEUSE, AMINATA DIA
AUX ENNEMIS QUE NOUS FABRIQUONS
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous aimons souvent répéter « Sénégal dëkku jamm la » - C’est là une dangereuse certitude qui abaisse notre degré de vigilance et notre capacité à faire face à notre réalité avec lucidité
Lorsque j’étais plus petite, on m’enseignait qu’il fallait aller à l’école car « c’est très important » me disait-on. « A l’école, tu apprendras l’histoire par exemple et connaître l’histoire est essentiel à la vie d’un individu. » En quoi l'histoire est essentielle demandais-je ? Mes professeurs et mes parents me disaient alors avec certitude « apprendre l’histoire, c’est connaître et comprendre le passé. Une fois qu’il connaît et comprend le passé, l’homme tire les enseignements pour ne pas reproduire les mêmes atrocités. »
Toutefois, à mesure que j’avançais dans ma scolarité et que je grandissais, je réalisais qu’il y avait un problème avec cette définition car plus je connaissais le passé et moins je le comprenais d’une part. D’autre part, plus je connaissais le passé, plus j’avais l’impression de vivre dans le passé car le présent ne différait pas beaucoup de ces images anciennes que nous étudions avec horreur. Partout, les hommes s’entretuaient toujours au nom de Dieu. Partout, la loi des plus forts prévalaient sur les plus faibles. Avant, il y avait les croisades et les guerres de religion. Aujourd’hui, nous avons les « extrémistes » et les « terroristes. » Avant, il y avait l’esclavage qui était la privation de tous les droits d’un individu.
Aujourd’hui, il y a les suprématies économiques et idéologiques qui entendent veiller au respect des droits humains, sauf que les exceptions d’oppression qu’elles admettent sont tellement nombreuses que lorsque nous avançons d’un pas, nous reculons de dix dans le silence le plus absolu. Les professeurs du monde entier n’ont pas pu tous être incompétents ni les élèves nuls.
Peut-être alors que nous n’avons toujours pas trouvé une manière d’enseigner qui formerait en plus de professionnels qualifiés dans leur domaine d’expertise, d’ingénieurs, de médecins, d’historiens et j’en passe, des hommes avant tout. Peut-être l’école a échoué à placer l’amour, le respect de soi et de l’autre, la tolérance, la compassion, la célébration de la différence, l’acceptation, l’harmonie, la coopération, la reconnaissance de la vie en ce qu’elle a de plus sacré et la protection et préservation de cette vie… Peut-être l’école a réussi à former des hommes qui rempliront les différents corps de métiers et ajouteront des millions et des milliards dans les caisses des banques, des entreprises et des Etats, mais a failli comme institution à former des miroirs d’humanisme.
Par miroir d’humanisme, j’entends des Hommes qui comprendront que tous sont un et un est tous ; des hommes qui comprendront qu’à chaque atrocité qu’ils commettent envers leur prochain, c’est leur propre personne qu’ils détruisent et en se détruisant, c’est l’humanité même qu’ils dépouillent un peu plus chaque jour de son essence. Nous sommes l’humanité. Cessons de nous comporter en homme, et elle cessera d’être également. Nous sommes l’humanité. Chaque homme porte en lui l’humanité. Chaque homme est donc plus grand qu’un pays, une religion, une croyance, une situation ou une affiliation politique donnée. Nous sommes des reflets les uns pour les autres car chaque homme est un miroir d’humanisme pour son prochain. En brisant un miroir, on ne brise que notre propre personne. La théorie du tout nous apprend que l’ensemble est plus important que la somme des parties qui la composent et que tout fait partie d’un tout qui évolue à mesure que nous avançons. Mais dans ce cas, pourquoi nous évertuons-nous toujours à trouver un coupable, pire à « fabriquer un ennemi » pour reprendre les termes de Pierre Conesa, auteur de La fabrication de l'ennemi, ou, comment tuer avec sa conscience pour soi.
Selon lui, « Il serait trop simple de prétendre que les démocraties sont par nature pacifistes. Il existe dans toutes les démocraties des mécanismes de production de l’ennemi. Ces dernières se structurent autour d’un message clé : la violence aveugle et brutale est toujours le fait de l’Autre.1 ». Le génocide rwandais en est l’exemple le plus patent. La description des Tutsis comme des « cafards à exterminer » passée en boucle sur la radio des Mille collines fait partie de ces mécanismes de propagande qui propagent des idées, d’abord subtilement puis insidieusement, sournoisement et enfin férocement dans la conscience collective. De propagandes en propagandes, une réalité parallèle se construit et permet à nos pensées refoulées, de peurs ou de honte, à nos pulsions insatisfaites et désirs de vengeance de s’exprimer librement. Pire, ces choses qui avant étaient terrées, tues, sont justifiées, validées et légitimées. « Ce n’est pas de notre faute ». « L’ennemi, c’est l’autre ». « Le coupable, c’est lui ou eux ». Ainsi commence la fabrication de l’ennemi et une fois fabriqué, il n’y a pas d’issues. Une seule question demeure : nous ou lui ?
Aujourd’hui, nous assistons dangereusement et silencieusement à cela au Sénégal. Lorsqu’on prétend que les événements du 19 avril passé ont été « une fabrication de l’opposition », « une exagération de la presse », « une chasse de diabolisation contre la personne de Macky Sall ». Lorsqu’on prétend que toutes les images qui ont circulé ont et des « montages » et « falsifications » effectuées dans le seul but de discréditer un homme et jeter l’opprobre sur ce dernier. Lorsqu’on réduit la colère et déception de toute une nation à une chasse aux sorcières montée de toutes pièces encore une fois par l’opposition, qui a toujours bon dos, ou les journalistes qui pour ne rien changer en ressortent encore diabolisés. Nous assistons dangereusement à un processus de « fabrication de l’ennemi ». Bien sûr, certains défendront que l’opposition également vise à « fabriquer un ennemi », donc qu’il serait en théorie impossible de savoir qui est réellement en train de s’essayer à faire de l’autre le coupable.
En arriver à ce stade déjà est problématique. Les choses ne sont jamais noires ou blanches. Il y a toujours une nuance de complexité qui échappe au regard, à la perception qu'on en a, à la pensée brute et parfaite, au premier sentiment. Alors, lorsque nous rangeons les choses ou les gens dans des catégories, et attendons d'eux qu'ils s'y conforment, et nous offusquons lorsqu’ils n’en font rien, et qu’en lieu et place d’en assumer la responsabilité et de redistribuer les cartes, on choisit la stratégie de la diabolisation, nous entrons dans ce jeu de « fabrication de l’ennemi » qu’on semble maîtriser mais qui peut basculer à tout moment. Au Sénégal, nous aimons souvent répéter « Sénégal dëkku jamm la » (« Sénégal est le pays de la paix ») au point que nous nous croyons à l’abri de toutes formes de violence. C’est là une dangereuse certitude qui abaisse notre degré de vigilance et notre capacité à faire face à notre réalité avec lucidité.
L’amnésie nous gagne. Pire, elle devient collective et délibérée. Elle est orchestrée et plébiscitée. Il devient facile d’effacer certaines pages de l’histoire ou de la réécrire à sa convenance pour servir ses intérêts personnels, de défendre l’indéfendable simplement parce que nous sommes de l’autre côté de la table. Il est facile de ne jamais être responsable de rien, de toujours être victime et jamais acteur, de toujours être celui qui se défend et jamais, celui qui attaque, de toujours diaboliser pour légitimer les oppressions, interdits et arrestations. Il est facile de dresser tous ces murs entre « soi, innocent » et « l’autre, coupable ».
Seulement, l’autre, c’est nous. Tous sont un et un est tous. Tant que nous continuerons à nous penser par les parties qui nous composent et non pas par l’ensemble où toutes ces parties s’agrègent pour ne plus faire qu’un, nous ne cesserons de reproduire en tant qu’hommes les mêmes atrocités et apprendre l’histoire, connaître et comprendre le passé n’y changeront rien. Les principes pour lesquels nous pensons à tort devoir sacrifier le respect et la préservation de la vie humaine, la dignité et la bienveillance sont les mêmes principes qui un jour précipiteront notre chute. Les règles seront les mêmes, seules changeront les places à la table et les personnes en position de pouvoir. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller avant d’arrêter ce jeu ? Quel prix sommes-nous prêts à payer ? Pour quelle finalité ? Certainement pas le bien du Sénégal. Certainement pas le bien de l’humanité.
La sixième édition du concours d’influence "Reine des grandes écoles’" prévue ce samedi 28 avril au Grand théâtre est sur toute les lèvres dans les cours des 18 écoles participantes.
Dix-huit candidates rivaliseront pour hisser haut le flambeau de son établissement. Face à la caméra de www.seneplus.com, Vanessa Akwala livre les petits secrets pour remporter le trophée.
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ÉDUCATION ET FORMATION DES FEMMES
Les femmes et les filles sont des utilisatrices averties des technologies de l’information et de la communication autant que les hommes, mais les premières demeurent ’’particulièrement minoritaires" dans les métiers scientifiques
Les femmes et les filles sont des utilisatrices averties des technologies de l’information et de la communication autant que les hommes, mais les premières demeurent ’’particulièrement minoritaires" dans les métiers scientifiques dont ceux liés aux TIC, a souligné Gnagna Diop, conseillère technique du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan.
"Loin de souffrir d’un handicap technologique, les femmes et filles, dans leur vie quotidienne ou scolaire, sont des utilisatrices aussi averties des TIC que leurs homologues masculins", a-t-elle fait valoir.
Néanmoins, elles "restent particulièrement minoritaires dans les métiers scientifiques notamment des TIC, car elles sont souvent absentes des centres de décisions stratégiques" du secteur des TIC, a ajouté Mme Diop,
Elle s’exprimait mardi à Dakar lors de la journée "portes ouvertes" de la Direction du traitement automatique de l’information (DTAI) du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, en prélude de la célébration de la Journée internationale des filles dans les technologies de l’information et de la communication (JIFTIC).
Selon Gnagna Diop, "à l’heure où les TIC prennent une place grandissante dans la vie quotidienne et professionnelle, des différences liées au genre continuent d’impacter les perspectives de conception, d’appropriation et de la maitrise de ces outils stratégiques".
Aussi ces journées ’’portes ouvertes’’ doivent-elles selon elle être considérées comme "une exhortation" à l’accès, au maintien et à la réussite des jeunes filles et des femmes dans ce secteur.
"Il importe d’explorer les voies et moyens d’y arriver, grâce à des formations de qualité", a-t-elle indiqué, soulignant que les objectifs de développement du Sénégal à court et moyen terme prévoient la création et le développement d’universités virtuelles, avec des espaces numériques ouverts, un Réseau d’instituts supérieurs d’enseignement professionnel (ISEP) et des centres de recherche et d’essai dans les régions.
La conseillère technique au ministère de l’Economie, des Finances et du Plan a ainsi demandé aux jeunes filles et élèves de s’inspirer de l’exemple des femmes ingénieurs de la Direction du traitement automatique de l’information (DTAI) dudit ministère.
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ARCHITECTURE AU FÉMININ EN AFRIQUE
Découverte de Daniele Diwouta Kotto, architecte camerounaise basée à Douala, qui s'évertue depuis plus de deux décennies à penser l'Afrique autrement
Découverte de Daniele Diwouta Kotto, architecte camerounaise basée à Douala, qui s'évertue depuis plus de deux décennies à penser l'Afrique autrement. "Pour moi l'architecture est une valeur ajoutée à ce qui pourrait être basique et fonctionnel", explique-t-elle.
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PAR LA CHRONIQUEUSE DE SENEPLUS, SALLA DIENG
LES HOMMES PLEURENT AUSSI
EXCLUSIF SENEPLUS - Lettre à Elgas sur ce que m’ont inspirée Un Dieu et des moeurs et Le journal de Ndeye Kane D.
Il y a deux ans et demi, j'avais essayé de lire Un Dieu et des moeurs. Je n'avais pu aller au-delà du Sexe des femmes. Deux tentatives, toujours le même résultat. Je me résolvais à poser le livre. Résignée. Il a fallu que je tombe sur Les hommes pleurent aussi pour me rendre compte que je vous avais certainement mal compris, ou mal lu.
Pourquoi Les hommes pleurent aussi m'a t-il émue ? Par sa démarche qui vise à redonner, non réaffirmer, le pouvoir d'une femme que lui confère ce qu'elle a entre les cuisses de par l’usage qu’elle choisit d’en faire ? L’histoire et son personnage seraient bien simplets s’il ne s’agissait que de cela. Non, le pouvoir de Ndèye Kane D., prostituée des hautes sphères, réside en ses qualités de psychologue, acquise au gré des confessions post-coitum, lorsque ses hommes sont enfin nus, au propre comme au figuré.
Ce serait cette expérience et ses qualités d’écoute qui font de Ndèye, une fine psychologue. Elle connaît donc mieux que quiconque les hommes. Tous les hommes ? Ndèye est une femme qui est sortie de toute logique de victimisation et de réification vu qu'elle se narre et narre les hommes en réclamant l'intégralité de ses choix. Qu'elle devient puissante alors ! Une force qui va ! Comme vous l'avez voulu, Elgas. Qu'elle est efficace aussi, si précise dans l'analyse qu'elle fait de l'origine de ce mal des hommes. Une analyse juste ? Nous y reviendrons. Mais oui votre texte m'a touchée. Et m'a sommée de retourner urgemment à un Dieu et des mœurs que j'avais soit mal compris. Ou pour lequel je n'étais pas encore prête. Je penche pour la deuxième option.
Je vous ai suivi alors, dans les dédales de votre livre : surprenant votre effroi en pénétrant avec vous à la lisière de vos souvenirs d’enfants, dans les aubes de Coubanao d’où vous revenaient vos amies transformées, mais si stoïques dans leur infortune, vous regardant embrasser les vôtres en vous demandant comment étreindre, écoutant Laye se faire le héraut du temps perdu, vous relatant les départs de ceux que la vie exila, les regretter, se tenir face au grand Halgas et le contraindre à s’asseoir à table pour lui dire ce que vous n’avez pu qu’imaginer des quatre dernières années de sa vie, puis lui tenir la main afin de l’accompagner à sa dernière demeure, surprendre la blessure de la mère qui ne souhaitait que le salut de son fils perdu, ne pas me retenir de rire face à la douloureuse concession de la prière du jour de fête (qui est si bien relatée dans de Purs hommes), me faire vent pour vous suivre raccompagner les talibés, ou dans la chambre de Ndèye, et celles des Sénégalaises, les trottoirs de Dakar, le lit d’hôpital de Jean, etc.
C’est que tout est passé au peigne fin, nulle place où la raison ne passe et repasse car vous l’avouez : « De tous les sentiments, un seul ne m’a jamais habité: l’indifférence » p.43 ou « la magie de la rencontre tombe un peu et s’écrase, vaincue par l’évidence d’une urgence sociale. C’est celle que j’ai toujours voulu raconter ».
Et vous la racontez non à la manière de Balzac, avec l’ambition d'un historien des mœurs, mais d’un sociologue des mœurs qui se met en devoir de peindre les scènes de la vie privée. En commençant par la vôtre. En ne vous excluant pas de ces fresques car c’est vous qui nous prenez la main et nous forcez à regarder le miroir pour nous voir tels que nous sommes, et vous aussi Elgas, vous n’avez fait que cela, vous regarder en nous narrant. Mais partagez-vous tout avec nous ? J’y reviendrai. Que je vous ai trouvé courageux. De ne pas chercher à être vraisemblable, mais n’avoir pour unique ambition que de « faire vrai », comme lui même quand cela pouvait parfois passer pour « n’être pas vraisemblable » comme disait Boileau aux yeux de ce qui refusent de concéder autant d’emprise à la religion et à la tradition sur notre quotidien. Ce qui encore une fois n’est pas sans me rappeler l’auteur du Père Goriot s’écriant : « J’écris à la lueur de deux Vérités éternelles : la Religion, la Monarchie, deux nécessités que les événements contemporains proclament, et vers lesquelles tout écrivain de bon sens doit essayer de ramener notre pays. »
Je pense que vous avez produit un ouvrage efficace. Mais c’est un plaisir de déguster vos mots, et l’on s’y donne à cœur joie, pour soudainement manquer de s’étouffer, réaliser qu’il est difficile de les digérer, ces mots (je réprime à peine l’exclamation Mon Dieu ! pour ne pas vous exaspérer). Qu’il faut du temps pour vous lire. Et vous entendre. Qu’il est difficile de ne pas se voir à chaque page, de ne pas se projeter, se repenser dans notre résignation face aux choses qui sont parce qu’il devrait en être ainsi. Vos fresques sont sans complaisance, et forcent à l’introspection. C’est un peu le ndëp collectif qu’il nous fallait, si tant est qu’on est honnête avec soi-même. Vous l’avez compris Elgas, à la manière de l’auteur de La comédie humaine : « l’auteur qui ne sait pas se résoudre à essuyer le feu de la critique ne doit pas plus se mettre à écrire qu’un voyageur ne doit se mettre en route en comptant sur un ciel toujours serein. »
Pour ma part, je pense qu’il y a deux ans, je n’étais pas prête à vous lire. Après sa relecture, je pense qu’un Dieu et des mœurs était trop proche de moi, de mon retour et de la cohabitation d’avec les miens, de mes conversations d’avec ma mère qui me trouvait « changée » par l’Europe, mon rapport à la religion moi qui gardais la maison chaque année lors des festivités religieuses, mes compromis sans compromission, l’AVC de mon père, les destins des ami-e-s du quartier, ah Laye, on a chacun son Laye, et ces amis qui écoutent du rap et du reggae mais qui pensent que le changement sera évolutionnaire et pas révolutionnaire.
Ah la mauvaise foi alors, elle nous enterrera tous !
Je vous en suis reconnaissante d’avoir écrit sans doute mieux que quiconque n’aurait pu le faire cet ouvrage. Vous m’avez répondu ainsi lorsque je vous ai fait part de quelques réactions au Journal de Ndèye Kane D. :
« L'idée d'une chronique de 5000 signes, c'est de contourner le propos aride et académique et choisir une perspective. J'ai fait un livre de 300 pages pour parler de la domination masculine et du droit des femmes principalement. Je parle aussi essentiellement de la société et de sa culpabilité historique. J'essaie d'en comprendre les fondements. Donc, je ne décharge pas les mâles. Ici, je donne sciemment la parole à Ndèye Kane D. pour débusquer ce qu'un regard masculin ne pourrait dire ou avouer. Et en utilisant cette phrase, sur l'éducation par les mamans, je pointe la relation charnelle, privilégiée, que les garçons entretiennent avec leurs mères à qui ils vouent sinon un culte, un amour fort. Voir ces mêmes mâles, potentiels violeurs ou bourreaux, posent la délicatesse de la question. C'étaient le sens de cette phrase qui dit que les bourreaux d'un instant, peuvent être les amants de celui d'après. Mais écrire et tu dois sans doute le savoir, s'arrête quand on veut satisfaire un lectorat. Il faut aimer le débat, les nuances, les sensibilités, les avis divergents sans renier sans conviction. Merci d'une certaine manière de le permettre. »
Mais encore :
« Oui on ne peut opposer les deux. Mais l'éducation (yarr) même assurée par les parents, laisse une belle place et prérogative à la mère dans les représentations. Mon idée c'est surtout l'amour des mères pour les fils, surtout ça ! Y a pas de cloisons définitives. »
Cependant, j’ai trouvé votre démarche qui avait pour ambition de « contourner le propos aride et académique » porte encore le sceau d’une démarche toujours académique, parfois déductive, parfois englobante même. Même si vous reconnaissez, « Y a t-il de l’excès sur cette peinture ? Probablement. Les exceptions, réelles et nombreuses. Le grossissement du trait n’est qu’une métaphore du drame réel. » p.116
L’histoire de Ziguinchor, vous la racontez admirablement avec cette approche qui place à son centre le temps long de l’histoire, Mauvaise foi qui vous consacre tour à tour en journaliste, historien autant que sociologue des mœurs, Benoît ? vous le peignez tel qu’il est sans le juger – déformation de sociologue aux penchants positivistes ? La conversation avec votre mère, le rapport avec le père, la lettre d’amour entre les parents, tout cela montre la préoccupation de la fidélité, jusqu’à puiser dans les archives pour mieux rendre ce travail de mémoire. Ousmane Sembène avec sa caméra. Ce n’est pas sans rappeler l’intransigeance du scientifique, et l’unité de l’homme à ses choix (Wolton sur Delors). De même face aux choix thématiques : le femme et l’enfant au centre de l’œuvre. Choix assumé. Tout comme celui de Sembène qui prédisait que « l’Afrique ne se développerait pas sans la participation concrète de la femme. La conception que nos pères avaient de la femme doit être enterrée une fois pour toutes. La femme, c'est l’élément le plus solide s’une communauté, d’une société » . Mais alors quelle place pour la réflexivité (même non-scientifique ) : j’en ai perçu quelques balbutiements, surtout à la fin des tableaux de votre séjour (256-259) : « mon réflexe est de peindre, simplement, les causes de ces drames. Le médium doit être le canal de la critique. Il se suffit à lui-même ».
Non monsieur, en peignant les causes de ces drames, et parce que vous tenez le pinceau tout en étant aussi dans cette peinture que vous faites, vous devenez tour à tour sujet et objet : vous ne pouvez peindre simplement. Vous avez l’obligation de vous dire aussi, dire votre part de subjectivité et comme cela vous a poussé à choisir une posture ou une perspective plutôt qu‘une autre, donc à en exclure d’autres – assumer ces im-postures. Cela est implicite dans le texte même si vous le reconnaissez dans votre mot : « Mais écrire et tu dois sans doute le savoir, s'arrête quand on veut satisfaire un lectorat. Il faut aimer le débat, les nuances, les sensibilités, les avis divergents sans renier ses conviction. »
A certains endroits ou sur certains sujets, il aurait fallu plus de strates, de nuances, moins de simplifications pour rendre la complexité des réalités et des situations : à propos du lévirat, du sexe des femmes, des hommes qui ne savent pas…j’ai trouvé souvent que vous donnez plus de poids aux structures (quelque peu déterministes) qu’à l’agence qui se trouvait parfois sous votre nez, Jean ? Laye ? Ndèye Kane ? Des exceptions statistiques, des anomalies sociologiques ? J’aurai aimé plus d’agence avec « la sexualité des sénégalaises peut se résumer à une peur de faire l’amour (…)» ou encore « ces hommes qui pleurent, mais qui ne savent pas » infantilisés qu’ils sont. Blanchis, ces pauvres innocents face aux mères coupables.
Puisqu’il faut choisir une perspective, soit !
Nous continuons le débat alors que vous posez votre plume. Vous avez fait votre part. Conclure donc en se demandant non seulement par provocation si quelque part se demander si toute œuvre non-romanesque est condamnée à l’imperfection ?
Merci d’avoir écrit ce livre utile avec les questions difficiles qu’il soulève sans jamais vous soustraire de votre responsabilité initiale et qui nous pousse à nous regarder tels que nous sommes.
Elle demande au président de la République, garant de la paix et de la sécurité, de surseoir pour le moment au vote du projet de loi sur le parrainage, objet de discorde et de mésentente, pour un véritable consensus - LE COMMUNIQUÉ DE LA PLATEFORME
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de La Plateforme de Veille des Femmes pour la Paix et la Sécurité – ËTU JAMM ce 18 avril, relatif à la tension ambiante dans au sein de la classe politique, à cause du projet de loi sur le parrainage.
"La Plateforme de veille des Femmes pour la Paix et la Sécurité condamne vivement la
recrudescence des violences et appelle à la sérénité !
La Plateforme de Veille des Femmes pour la Paix et la Sécurité, notamment pour des
élections apaisées au Sénégal est très préoccupée par la situation actuelle que traverse notre
pays.
Elle déplore ce climat délétère soutenu par des déclarations incendiaires allant dans le sens
d’encourager une violence inéluctable installant la peur et l’insécurité un peu partout
particulièrement chez les femmes et les enfants. C’est une menace à la paix qui laisse présager
une période électorale extrêmement difficile.
La plateforme lance un appel au dialogue et à la concertation à l’ensemble des acteurs
politiques en particulier aux populations en général.
La Plateforme demande à Mr le Président de la République, garant de la paix et de la sécurité,
de surseoir pour le moment au vote du projet de loi sur le parrainage, objet de discorde et de
mésentente à l’heure actuelle, en attendant l’établissement d’un dialogue fécond pour un
véritable consensus autour de cette loi..
La plateforme en appelle au sens de la responsabilité et à la citoyenneté de tous les acteurs
pour la sauvegarde de notre démocratie et la préservation de notre pays contre toute forme
d’instabilité."
KINÉ LAM À FOND DERRIÈRE MACKY
La chanteuse va lancer un mouvement pour la réélection du chef de l'Etat
La chanteuse Kiné Lam a décidé de lancer son propre mouvement pour soutenir la candidature de Macky Sall.
Son mouvement “Liguey Sénégal am ndam” pour la réélection de Macky sera ainsi lancé le samedi 21 avril sur l’esplanade du Stade Léopold Sédar Senghor de Dakar.
La chanteuse explique qu’elle ne s’est pas réveillée un bon jour pour lancer son mouvement. “Ce mouvement se prépare depuis deux ans. Nous avons sillonné tous les coins avant de nous lancer. Nous allons réélire le Président Macky Sall au premier tour inchallah”, dit-elle.