SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 décembre 2024
Femmes
UNE NAGEUSE SÉNÉGALAISE BAT UN RECORD DE FRANCE
Jeanne Boutbien, a fait tomber le record national du 50 m dos, vieux de 13 ans, lors de la 2e journée du Championnat de France universitaire de natation en bassin
La nageuse sénégalaise d’origine française, Jeanne Boutbien, a battu le record national du 50m dos, vieux de 13 ans, lors de la 2e journée du Championnat de France universitaire de natation en bassin de 25 mètres qui s’est déroulée à Sarcelles du 6 au 7 avril 2018, rapporte la commission Communication de la Fédération sénégalaise de natation et de sauvetage (FSNS) dans un communiqué reçu lundi à APA.
« Notre internationale Jeanne Boutbien bat le record du Sénégal du 50m dos avec un nouveau chrono de 31”27 », souligne le communiqué avant de rappeler que l'ancien chrono de 31”38, vieux de 13 ans, était détenu par Khadija Ciss qui l’avait réalisé à Chalon sur Saone, en France, le 3 décembre 2005.
Née à Dakar en 1999, Jeanne Boutbien, une blonde de 19 ans, est l’un des espoirs sur qui le Sénégal compte pour décrocher une médaille olympique d’ici 2024.
En septembre 2016, le ministère sénégalais des Sports avait lancé un projet dénommé ‘’Génération 2024’’, financé à hauteur de 100 millions de FCFA, et s’appuyant sur une élite sportive de 120 jeunes athlètes, sélectionnés dans 12 disciplines différentes dont la natation.
Ils seront formés d’ici les Jeux olympiques de 2024 en vue de décrocher des médailles internationales, notamment olympiques. Jusqu’ici, Amadou Dia Ba, médaillé d’argent aux 400 m haies des Jeux olympiques de Séoul (Corée du Sud) en 1988, est le seul Sénégalais à monter sur un podium olympique.
REPRÉSENTATION DES FEMMES DANS L'ESPACE POLITIQUE
‘’Les femmes sont souvent confrontées au plafond de verre qui limite leurs possibilités’’, selon Dr Oumoul Khaïry Coulibaly Tandian - ENTRETIEN
Malgré une meilleure représentation des femmes à la faveur de la loi sur la parité promulguée par le président Abdoulaye Wade en 2010, les femmes restent encore sous-représentées dans la vie politique. Selon Dr Oumoul Khaïry Tandian, les obstacles sont à la fois économiques, sociologiques, politiques… Cette socio-anthropologue plaide pour une éducation et une formation des filles et une autonomisation économique des dames.
Comment jugez-vous la place des femmes sur l’échiquier politique ?
Le Sénégal a adopté, en 2010, la loi instituant la parité hommes-femmes, dans le sens de l’égalité parfaite, qui a permis un accroissement substantiel de la représentation des femmes dans les institutions électives et semi-électives. Cette loi prévoit une représentation équitable en imposant comme conditions de recevabilité des listes le respect de la parité par les partis politiques, coalitions de partis ou candidatures indépendantes, suivant une répartition alternée des sexes des candidats. D’ailleurs, le Sénégal est cité en exemple comme faisant partie des 7 pays africains qui sont dans le top 20 des pays où la représentativité des femmes en politique est assez importante. Nous avons 47 % de femmes dans les collectivités locales et 41 % à l’Assemblée nationale. Toutefois, de nombreux défis demeurent : les femmes sont encore sous-représentées dans la vie politique aussi bien comme électrices, élues que dans l’Administration publique. Même si le nombre de femmes élues augmente, elles peinent à franchir certaines barrières. Par exemple, on ne compte qu’une dizaine de femmes maires et peu d’entre elles sont à la tête d’une grande municipalité. La parité dans les bureaux des assemblées élues, municipale, départementale, nationale, n’est pas toujours appliquée. En outre, les femmes sont souvent cantonnées dans les commissions considérées comme ayant moins d’enjeux, comme les affaires sociales, par exemple. Elles accèdent difficilement aux fonctions dirigeantes dans les partis politiques et institutions étatiques. Aucun grand parti au Sénégal n’est dirigé par une femme, par exemple. Elles sont, le plus souvent, utilisées dans les partis politiques pour leurs capacités mobilisatrices ou pour faire du ‘’saupoudrage’’. Mais les femmes se mobilisent de plus en plus pour revendiquer leurs droits et la loi sur la parité en est un exemple. L’engagement militant des femmes de la société civile a donné naissance au projet de loi et le président Wade en a fait une loi. En fin stratège politique, le président Wade avait compris l’intérêt d’accéder à cette demande des femmes.
Depuis l’indépendance, les femmes ne sont pas assez bien représentées dans les instances de décision. Qu’est-ce qui explique cela ?
Il y a de nombreux facteurs parmi lesquels on peut citer les pesanteurs sociologiques, c’est-à-dire les mentalités, les stéréotypes, les croyances qui freinent à la fois l’engagement politique des femmes et leurs possibilités d’être élues et d’accéder aux instances décisionnelles ; les contraintes socio-économiques comme la pauvreté, en particulier féminine, l’analphabétisme des femmes, leurs responsabilités sociales, entre autres.
Mais vous savez, très souvent, le manque de formation des femmes peut être mis en avant pour justifier leur sous-représentativité. Mais, au-delà de la simple question des compétences, cette situation est le résultat des inégalités qui structurent les relations de genre dans tous les domaines, y compris les lieux d’exercice du pouvoir, et qui freinent la jouissance effective, par les femmes, de leurs droits en tant que citoyennes.
Elles constituent 51 % de l’électorat, on dit même que ce sont les femmes qui élisent. Pourquoi les candidates ont du mal à passer ?
Comme je le disais tout à l’heure, les femmes rencontrent encore de nombreuses résistances à la fois structurelles et conjoncturelles pour accéder aux positions leur permettant d’être élues, et quand elles le sont, elles sont souvent confrontées au plafond de verre qui limite leurs possibilités de progresser.
Une femme a-t-elle la chance de devenir présidente, dans un futur proche ?
Pourquoi pas ? Je ne suis pas devineresse. Le Sénégal a déjà eu 2 femmes au poste de Premier ministre. Parallèlement, des femmes ont été candidates au poste de président de la République. Mais, malheureusement, jusqu’à maintenant, aucun grand parti, en mesure de gagner les élections, n’a investi une femme.
Comment faire pour changer la donne ?
Vous savez, les femmes ne demandent pas de la charité. Elles veulent juste que l’égalité des droits déjà consacrée par la Constitution sénégalaises soit respectée et appliquée. Mais il faut aussi renforcer le leadership des femmes par leur autonomisation à la fois économique, politique, sociale et légale. Elles seront ainsi davantage outillées pour revendiquer leurs droits, mais aussi être à la hauteur des responsabilités qui leur seront confiées. Le préalable, c’est d’éduquer davantage les filles, femmes de demain, et leur donner les mêmes chances que les garçons de réussir. La loi sur la parité, si elle est appliquée, favorise la candidature et l’élection des femmes. Mais elle ne suffit pas, à elle-seule, pour changer les choses. Un travail pédagogique de communication sur ce qu’est la loi sur la parité devrait être fait pour une meilleure adhésion de tous. Car beaucoup font la confusion entre la lutte pour les droits des femmes et la guerre des sexes.
L'ORFÈVRE SÉNÉGALAISE DE LA CÉRAMIQUE
À la tête de sa marque, la Sénégalaise Faty Ly explore traditions et cultures africaines à travers ses créations - Cette passionnée de gastronomie rend hommage au patrimoine du pays de la Teranga
Katia Touré |
Jeune Afrique |
Publication 07/04/2018
«Nous, les Sénégalais, sommes ouverts sur le monde tout en restant profondément attachés à notre culture », soutient la céramiste Faty Ly. Avec ses créations destinées à l’art de la table, cette passionnée de gastronomie rend hommage au patrimoine du pays de la Teranga.
En témoigne sa collection intitulée Nguka, un assortiment de pièces de vaisselle en porcelaine dorées à l’or fin et sur lesquelles sont reproduits des portraits de femmes wolofs rappelant le travail des maîtres de la photographie de Saint-Louis. Au-delà du Sénégal, sa série de mugs en porcelaine, Les Sapeuses, se veut un clin d’œil à la RD Congo…
Si l’argile a longtemps été sa matière de prédilection, la designeuse de 47 ans, native de Dakar, s’est peu à peu tournée vers la chromolithographie, une technique d’impression sur porcelaine, pour le moment impossible à mettre en œuvre au Sénégal. Aussi la reproduction de ses croquis est-elle réalisée en France, dans une manufacture de Limoges.
« J’ai grandi au sein d’une famille qui avait le goût de l’art et du savoir-faire artisanal. Mêler ces deux dimensions, c’est mon leitmotiv. Ma grand-mère possédait des statuettes de la sculptrice et potière casamançaise Seyni Awa Camara. C’est de là que me vient ma passion pour la poterie et la céramique. »
Collaborations avec Diénébou Zon et des artisans du Burkina Faso et du Mali Une passion qui la mène, en 2000, au Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), où elle fait la connaissance de Diénébou Zon, une potière de Bobo-Dioulasso. Conquise par le travail de cette dernière et bien décidée à entamer une collaboration, Faty Ly choisit d’ouvrir l’année suivante son propre atelier à Dakar, dans le quartier du Point E.
« Avec Diénébou, nous avons réalisé des pièces de poterie décoratives mais aussi des objets utilitaires, comme des assiettes ou des bols. J’ai également travaillé avec d’autres artisans du Burkina Faso et du Mali afin de promouvoir leur travail sur le bronze, le bois ou le textile », raconte celle qui a appris le métier de galeriste à Drouot Formation, à Paris, dans les années 1990.
Outre ces activités, Faty Ly étudie le design en céramique à l’école Central Saint Martins de Londres, avant de s’installer au Sénégal en 2010.
Aujourd’hui, son atelier est essentiellement tourné vers la confection des produits de sa marque, Fatyly, lancée en 2015. Elle y travaille seule, faisant appel au besoin à de la main-d’œuvre. Ses assiettes, services à thé et à café en porcelaine ou encore ses luminaires en argile sont disponibles à Dakar et à Abidjan mais aussi à Lagos.
Bientôt, ses créations seront mises en vente en Suisse et aux États-Unis. Prix moyen de ses pièces : entre 22 500 et 95 000 F CFA [entre 34 et 145 euros]. « Ma clientèle est une clientèle de niche, féminine et africaine », ajoute la créatrice, qui refuse de donner son chiffre d’affaires. En ce moment, elle s’attelle à finaliser sa prochaine collection, d’inspiration ivoirienne, qui devrait être dévoilée courant mai. « J’ai également dans l’idée de me lancer dans la création d’œuvres d’art. »
LA FRANCO-SÉNÉGALAISE QUI VEUT RAPPROCHER KIGALI ET PARIS
Sira Sylla, parlementaire de La République en marche (LREM), préside groupe d’amitié France-Rwanda-Burundi à l’Assemblée nationale française
Ce samedi 7 avril, la députée française Sira Sylla, présidente du groupe d’amitié France-Rwanda, devait assister, à Paris, à la cérémonie commémorant le génocide des Tutsis. Un premier pas vers une normalisation, encore largement virtuelle, de la relation bilatérale ?
L’an prochain à Kigali… une parlementaire française assistera officiellement à la 25e commémoration du génocide commis en 1994 contre les Tutsis du Rwanda. C’est en tout cas l’engagement pris par Sira Sylla, députée (La République en marche, LREM) de la Seine-Maritime et présidente depuis peu du groupe d’amitié France-Rwanda-Burundi à l’Assemblée nationale française.
Belle relation diplomatique
Mardi 3 avril, cette parlementaire de 38 ans, d’ascendance sénégalaise, recevait au Palais Bourbon, à Paris, l’ambassadeur du Rwanda en France, Jacques Kabale. « De riches échanges qui présagent d’une belle relation diplomatique », résume Sira Sylla dans un Tweet posté au terme de la rencontre.
« Notre dîner s’est très bien passé. La prochaine étape sera une rencontre de l’ambassadeur Kabale avec l’ensemble du groupe d’amitié », indique-t-elle à Jeune Afrique.
De son côté, le diplomate rwandais, en poste à Paris depuis 2009, qualifie la rencontre d’« excellente ». « L’entretien a été franc et riche. J’ai ressenti une volonté d’œuvrer au rapprochement de nos deux pays à laquelle je n’étais pas habitué avec le groupe d’amitié qui a officié durant la précédente législature », indique Jacques Kabale à JA.
Depuis juillet 1994, la relation bilatérale entre la France et le Rwanda a alterné entre phases de glaciation diplomatique et crises ouvertes, sur fond d’accusations portées par Kigali contre le rôle trouble joué par Paris avant, pendant comme après le génocide. À l’exception d’une courte phase de réchauffement, durant le mandat de Nicolas Sarkozy, jamais la normalisation de la relation entre les deux pays n’a été inscrite à l’ordre du jour.
« Le précédent groupe d’amitié n’avait d’amical que le nom, ajoute Jacques Kabale. En cinq ans, ils n’ont jamais fait le déplacement au Rwanda. Sa présidente, membre de la commission de la défense, avait une position alignée sur celle de l’armée française. Lors de nos rares rencontres, jamais les députés du groupe n’ont été plus de trois – sur une quinzaine de membres – à me recevoir. »
Challenge
« Le Rwanda est un grand pays, je voulais relever le challenge », répond Sira Sylla quand on l’interroge sur les motivations qui l’ont conduite à assumer la fonction, sensible, de présidente de ce groupe d’amitié si particulier. « Outre l’ambassadeur Kabale, j’ai également reçu des membres de la diaspora rwandaise. »
Née en France de parents sénégalais originaires du département de Matam, dans la vallée du fleuve Sénégal (Nord), Sira Sylla revendique une certaine conscience panafricaine. « Je ne renie pas ma double culture. J’ai accompagné le président Macron lors de son voyage au Sénégal, et je serai le 8 avril à Dakar dans le cadre de la Francophonie. »
Diplomatie parlementaire
À l’en croire, le ministère français des Affaires étrangères verrait d’un bon œil cette initiative visant à réduire le fossé entre Paris et Kigali : « L’exécutif nous encourage à développer la diplomatie parlementaire », confie-t-elle.
Sira Sylla aurait souhaité être présente à Kigali ce 7 avril afin d’assister à la commémoration officielle, aux côtés de quatre ou cinq autres députés français. Mais le groupe d’amitié qu’elle préside, créé fin 2017 et officiellement constitué le 21 février dernier, n’a pas été en mesure de concrétiser ce projet à temps, du fait d’une absence de budget et de conflits d’agenda.
Une délégation à Kigali en 2019
Elle assure en revanche qu’elle sera présente lors des deux commémorations organisées cette année à Paris : le 7 avril, au parc de Choisy, sous le patronage de la maire de la capitale, Anne Hidalgo, et de l’association de rescapés Ibuka France ; et le 10 avril, à la mairie du IIIe arrondissement, dans le cadre de la cérémonie organisée par l’ambassade du Rwanda en France.
« Nous effectuerons une mission au Rwanda cette année, où nous comptons notamment nouer des liens avec des parlementaires rwandais », indique Sira Sylla. La députée assure en outre qu’une délégation du groupe d’amitié sera présente à Kigali le 7 avril 2019, pour la 25e commémoration du génocide perpétré contre les Tutsis.
À ses côtés pourrait bien figurer son collègue Hervé Berville, député (LREM) des Côtés-d’Armor, l’un des trois vice-présidents du groupe d’amitié. Né au Rwanda en 1990, rescapé du génocide, durant lequel ses parents ont perdu la vie, ce Breton d’adoption envisagerait lui aussi de rallier cette mission de bons offices au « pays des mille collines ».
Dans un communiqué publié ce 7 avril, le Quai d’Orsay signifiait quant à lui une évolution notable dans la manière dont la France officielle évoque le génocide de 1994.
« Le 7 avril 1994 commençait l’une des pires atrocités de notre temps. En quelques mois, le génocide des Tutsis au Rwanda, que la communauté internationale n’a pas su empêcher, faisait près d’un million de victimes innocentes parce qu’elles étaient Tutsis ou s’opposaient à la folie meurtrière du régime rwandais.
La France, sur son territoire comme à l’étranger, s’associe à la population rwandaise pour honorer le souvenir des victimes et saluer la dignité des survivants et la capacité de réconciliation du peuple rwandais. […] »
Reste à savoir si les actes à venir, côté français, seront conformes à ces éléments de langage renouvelés.
Productrices de jus de fruits locaux et autres produits dérivés, ces femmes ont vu leurs revenus considérablement augmenter, grâce à la vente en ligne.
Voir vidéo.
QUAND LE SEXE S'EXPOSE DANS LA RUE
A première vue, la société sénégalaise paraît pudique - Pourtant, derrière ce puritanisme se cache un érotisme débridé qui fait voler en éclats cette fausse réputation
A première vue, la société sénégalaise paraît pudique. Le sexe est tabou. On n’en parle pas publiquement. Pourtant, derrière ce puritanisme se cache un érotisme débridé qui fait voler en éclats cette fausse réputation. En vérité, le sexe est mis en vitrine dans la rue publique. Des draps de lit, vaisselles, petits pagnes appelés «Béthio» en passant par de suggestives perles en plus des dessous qui font tournoyer des têtes sont exposés avec en filigrane de jolis mots ou d’exquis croquis qui mettent en valeur la pratique sexuelle en plus d’un condensé de phrases que la pudeur ne nous permet pas de dévoiler. Ce qui a l’avantage de mettre à rude épreuve le sens des esprits puritains. L’œil perspicace et coquin du Témoin est allé visiter cet univers érotique à ciel ouvert.
Le sexe n’est plus un tabou au Sénégal. Ça, tout le monde doit en convenir si l’on se fie aux scandales qui meublent la toile. Qu’on le pratique ou pas, qu’on en parle ou pas, ça reste toujours pratiqué, maissouvent caché. Ce qui fait que le sexe a longtemps été un sujet tabou. Apparemment, avec le changement des valeurs et les nouvelles influences technologiques, l’approche au sexe prend des chemins pour le moins tortueux et qui montre que des cloisons se sont écroulées.
Des tabous brisés
Les tabous tombent pour laisser place à une nouvelle émancipation sexuelle. Des femmes ont été ainsi victimes des nouvelles technologies de l’information avec l’avènement desréseaux sociaux à travers Watshap et autres. Dans certaines de ces vidéos dont les femmes qui se disent libérées sont souvent victimes, elles se lâchent carrément et font tomber des masques et tabous. Elles se découvrent et montrent qu’elles ne sont plus des saintes. Le sexe se vit avec des pratiques qui dévoilent également qu’elles sont à l’école de la pornographie. Et jusque dans la rue… Au coin d’un marché de la capitale, une jeune dame expose ses articles. Draps de lit, oreillers, tasses sont posés çà et là. Jusque-là, rien d’anormal. Mais il suffit de pousser la curiosité pour se rendre compte de l’originalité de ces articles. Sur le drap de lit, on est attiré par un dessin qui représente un couple dans une position équivoque et pour le moins troublante pour des esprits chastes. C’est l’image d’un couple qui s’accouple avec des phrases suggestives qui feraient se boucher les oreilles à un imam. D’autres figures et mots plus évocateurs les uns les autres illustrent les autres articles. Les dessinssont pour le moinstrès osés et les motstout autant provocateurs. Bref, toutes les pratiques sexuelles et interdits illustrent les motifs. En tout cas, même si des personnes avouent que ces articlesleslaissent de marbre, d’autres disent que ça renforce leur fantaisie sexuelle tout en rendant plussavoureuse leur vie de couple. Toute personne normale ne pouvant rester de marbre face à ces appels du sens. « Il n y a rien de méchant, c’est dans le cadre de l’intimité et de la vie privée que tout cela se passe. Et dans l’intimité d’un couple tout est permis pour faire plaisir à son partenaire. Ce qui permet de sortir de la monotonie. Alors nay meti », lâche le regard provocateur M. Ibrahima Ly que nous avons rencontré dans un restaurant.
Toutefois, notre interlocuteur se désole que ces articles soient exposés dans la rue et au contact des tout petits. Si M. Ly se laisse aller à ce jeu d’érotisme, ce n’est pas le cas pour son ami, A Ndaw, lequel pense que ces procédés ne peuvent rien apporter en termes d’érotisme ou de sensualité. En tout état de cause, il estsûr que cette manière de procéder est anachronique par rapport à nos cultures et traditions. A en croire notre interlocuteur, tout cela participerait à rendre banal l’acte sexuel en ce sens que c’est juste une invite à une bestialité inopportune. « Je suis heureux de ne jamais rencontrer cette éventualité et de ne pas en connaître. Et pourtant, je suis sexuellement très libre et très ouvert. Il est préférable que la femme qui utilise ces trucs, attende la tombée de la nuit pour les mettre, sinon les domestiques, les enfants peuvent voir cesimages obscènes et cela pourrait avoir de fâcheuses conséquences sur le quotidien de ces innocents», fait savoir M Ndaw. D’après cet homme qui se veut pragmatique, avant, seul l’époux avait ce privilège de voir les petits pagnes et autres accessoires intimes de ses femmes. Mais aujourd’hui, tout le monde y compris les enfants y ont accès. « Une personne n’a pas sincèrement besoin de ça pour s’épanouir et réveiller son libido. Cela n’a rien à voir avec le ‘’Jongue’’. Beaucoup de femmes utilisent ces artifices pour marquer leur territoire, mais il y a d’autres manières pour y arriver sans pour autant être aussi vulgaire avec ces articles qui ne sont pas loin des images pornographiques », lâche une jeune fille qui se dit pourtant sexuellement émancipée.
« Ces pratiques rendent agréable la vie conjugale »
Face à ce flot de critiques, Amy Sylla, une vendeuse de ces produits, affirme que ses articles s’écoulent discrètement. Certaines parmises amies n’osant pasles exposer dansla rue en vue d’épargner les regards chastes. « A part celles qui les connaissent et qui veulents’en procurer, personne ne connaît ces pagnes. Ils sont gardés hors de vue des enfants. Même chez moi, je fais attention afin que les enfants n’aient pas accès à ces produits», rassure-t-elle. Et si notre interlocutrice avoue de l’intérêt de beaucoup de femmes et d’hommes pour ces produits, d’autres les regardent de façon dédaigneuse. C’estle cas de Mariétou. Cette belle liane avoue n’être pas intéressée par ces pagnes aux dessins provocateurs. «Je ne vois vraiment pas l’utilité de ces pagnes. Je les trouve encombrants. On est obligé de les cacher dans la chambre. Or, ce n’est pas évident, vu la configuration de nos chambres. Pour la plupart d’entre- nous, nos enfants ont accès à tous les coins etre coins de nos chambres. Alors moi, je préfère sauvegarder du mieux que je pourrais l’innocence de mes enfants et mon intimité plutôt que de faire plaisir à un homme qui, très souvent, a tendance à aller voir ailleurs», analyse-t-elle froidement. Pour Aïssatou Seck, ces pagnes font partie de nos us et coutumes, qu’on le veuille ou non. Avant d’ajouter, qu’il y a une nette différence entre les femmes qui utilisent ces pagnes et celles qui font sans cet arsenal de séduction. Suivant ses explications, ces femmes qui se veulent prudes ont tendance à voir leur mari aller bitumer ailleurs et, elles se réveillent un beau jour pour s’entendre dire que celui-ci leur a trouvé une coépouse.
‘’Kharitou Jeeg Yi’’, un vendeur qui se frotte les mains
Bien entendu, ces articles ne pourraient existersansles orfèvres du dessin. La plupart d’entre eux sont des hommes. Cependant ils avouent n’exécuter que des commandes de la clientèle. « On ne leur propose rien, ce sont elles qui nous disent ce qu’elles veulent et on exécute la commande sans se faire prier », confie ce jeune homme quise réclame être l’ami des femmes mariées et dont l’officine, nichée à l’Unité 4 des Parcelles Assainies, est connue des femmes qui tiennent à leur époux. C’est la raison pourlaquelle on l’appelle ‘’Xaritou Jeeg Yi’’. « Depuis très longtemps je m’active dans ce commerce, car ça marche à merveille », tient-il à nous rassurer. Cet ami desfemmes mariéestravaille avec une équipe de jeunes pé- tris de talent qui ont tous atteint la majorité. « Nous confectionnons ces étoffes car les femmes en raffolent », fait- il savoir. Et à l’en croire, selon la confession de ses nombreuses clientes, cela participe à donner du sel et du piquant à leur vie conjugale. « Des femmes qui ne s’épanouissaient plus dans leur couple viennent souvent m’annoncer que leur mari est devenu plus attentionné et accroc qu’avant ». Ce qui fait que chaque jour, celui quise réclame être l’ami des dames mariées reçoit une vingtaine de femmes qui viennent se procurer de nouveaux articles avec à chaque commande, de nouveaux croquis plus « hot ».
Cependant, avoue notre interlocuteur, la plupart de ces femmes le font en cachette. « Ce sont des articles qui ne sortent des tiroirs ou armoires que la nuit. Même nous qui les fabriquons, nous n’osons pas les exposer et c’est à huis clos que l’on exécute les commandes. L’accès de nos ateliers étant interdit aux enfants », fait-il savoir. Dans le lot de sa belle brochette de clientes, des femmes de toutes les classes d’âge et de catégoriessociales dont des cadres mariées sur le tard, il compte également dans sa clientèle des filles célibataires qui viennent se procurer ces « mari bonheur » pour faire plaisir à leurs copains. Des produits très recherchés et dont les prix s’échangent selon les accessoires. Par exemple, les lingettes coûtent 8000 FCFA et les draps de lit s’échangent entre 10 000 ou même 12 000 FCFA. Bref, des produits offerts à une clientèle exigeante que de petits détaillants viennentse procurer pour les étaler au coin de nos nombreux marchés. Ce qui donne souvent des allures d’un marché érotique à ciel ouvert. Dans tous les cas, nombreux sont les femmes quirestent accrochées à ces produits pour mieux ferrer les hommes. Et rares sont les mecs qui ne tombent pas dans le piège face à une invitation pareille. Une libération sexuelle qui ne dit pas son nom. C’est de bonne guerre…
«LES JEUNES FILLES SONT DOUBLEMENT DISCRIMINÉES EN RAISON DE LEUR SEXE ET DE LEUR ÂGE»
Entretien avec Dr Selly Ba, sociologue, chercheure et membre du Mouvement citoyen
ENTRETIEN AVEC… Dr Selly Ba, sociologue, chercheure et membre du Mouvement citoyen
Comment appréciez-vous la participation des jeunes femmes dans les partis politiques au Sénégal ?
Les institutions politiques ont traditionnellement été créées et dominées par les hommes qui décident des règles du jeu politique. Bien qu’elles aient fait d’é- normes progrès pour devenir plus accessibles aux jeunes et aux femmes, il semble que ces efforts n’aient pas été suffisants pour briser la structure hiérarchique de ces institutions. Les jeunes sont souvent exclus ou ignorés comme potentiels candidats aux postes d’élus en raison de leur âge, mais aussi des possibilités limitées et du manque consé- quent d’expérience, malgré leur poids numérique. La limite d’âge pour être candidat, notamment à la Présidentielle (35 ans), repré- sente une barrière bien plus concrète. En plus, la politique est généralement considérée comme un espace pour les hommes expérimentés en politique en raison d’un système gérontocrate, mais également patriarcal. Ce qui fait que les femmes sont souvent désavantagées dans l’accumulation d’expé- riences pour s’engager en politique. Ce qui justifie la position quasi inexistante des jeunes filles, car elles sont doublement discriminées en raison de leur sexe et de leur âge. A titre d’exemple, la représentation des filles au niveau institutionnel est insignifiante. Malgré les avancées juridiques et institutionnelles, la participation politique des jeunes femmes demeure très faible.
Est-ce que les jeunes militantes occupent des postes qu’elles méritent en dehors des mouvements de jeunes femmes qui leur sont réservés de facto, vu leur engouement pour la chose politique ?
Pratiquement non, en raison des querelles de positionnement, du système politique gérontocrate et patriarcal. L’autre contrainte évoquée est le manque de temps en raison de l’activité professionnelle. Ce qui fait qu’elles sont minimisées durant les réunions.
Dans ce cas, participentelles réellement à la prise de décisions ? Est-ce que leur voix compte réellement au niveau de leur parti ?
La jeunesse a du mal à se faire entendre. Elle est classée dans la zone des immatures. Le plus souvent, les politiques qui sont menées par les décideurs ne répondent pas à leurs attentes. Les filles sont taxées des fois de ne pas être fortement engagées. A ce niveau, il est important de préciser qu’elles sont préoccupées par l’emploi comme tout jeune de leur âge.
Observez-vous une émergence du leadership féminin jeune au Sénégal en matière politique ?
Si pourtant, je note une présence de jeunes filles leaders sur le terrain politique. Elles sont en train de faire leur petit bonhomme de chemin, et elles sont en train de se construire
Que faut-il faire pour mieux accompagner les jeunes militantes politiques ?
La formation politique est plus que nécessaire dans les partis politiques, car il n’y a plus d’école de parti. Il est important de former les filles sur les systèmes politiques, la citoyenneté, le management, les questions de leadership, de con fiance en soi, de droits humains, de genre, pour plus de pugnacité.
NDATÉ YALLA MBODJ, DERNIÈRE GRANDE REINE DU WAALO
Au XIXème siècle, alors que la citoyenneté féminine est encore utopique en Occident, ce n’est pas sans surprise que les colons français la découvrent à la tête de l’armée - Elle reste à ce jour, un symbole de la résistance coloniale
Au XIXème siècle, alors que la citoyenneté féminine est encore utopique en Occident, ce n’est pas sans surprise que les colons français découvrent à la tête de l’armée, Ndaté Yalla Mbodj, reine du Waalo. Durant cette époque les souverains des Royaumes wolofs portaient le titre de « Brack » tandis que leurs mères, filles et sœurs étaient communément désignées sous l’appellation « Linguères ». Ndaté Yalla Mbodj s’avère être la seule Linguère dont le public dispose du dessein. En effet, un portrait d’elle pris le 2 septembre 1850 par Abbé David Boila, la présente entourée de plus de cinq cent femmes en tenue traditionnelle, en face de tous les princes et guerriers de la Reine. Figure féminine et couronnée en octobre 1846 comme reine du Waalo, Ndaté Yalla Mbodj reste un symbole de la résistance coloniale.
Le Waalo : un exemple d’égalité des genres
En 1816, suite au décès du Brack Kouly Mbaba Diop, la Linguère Fatim Yamar Khouriaye Mbodj accéda au trône et décida d’élire à ses côtés son mari, Amar Fatim Bourso alors Brack du Waalo (royaume situé sur le delta du Fleuve Sénégal et issu de l’éclatement de l’empire du Djolof). Ce moment est décisif puisqu’il s’agit de la première fois qu’une Linguère est en même temps l’épouse d’un Brack. Ndaté Yalla Mbodj, née en 1810, est issue de cette union. Elle est seconde dans l’ordre de succession au trône.
Dotées d’une formation politique et militaire, les Linguères sont aussi bien formées que les Bracks. Ainsi, durant le 12ème siècle, huit femmes Linguères succédèrent au trône. Par ailleurs, guerrières aguerries, elles savaient défendre le Royaume en l’absence des hommes comme l’attestent les évènements de Nder. En effet, quand en mars 1820, des guerriers maures profitent de l’absence du Brack pour attaquer le Royaume, c’est la Linguère Fatim Yamar avec ses troupes et tous déguisées en homme, de la riposte. Elles parviennent dans un premier temps à les repousser mais en ôtant leurs turbans, dévoilant ainsi leur féminité, les maures pris d’orgueil revinrent à l’attaque et finalement eurent raison de ces guerrières. Fatim Yamar et ses campagnes décident alors de se brûler vives plutôt que d’être prises comme esclaves. Toutefois, la Linguère réussit à faire échapper ses deux filles, Ndjeumbeut Mbodj et Ndaté Yalla, avant de mourir.
Souveraine du Waalo
Ndjeumbeut, en tant qu’aîné, est la première à accéder au titre de souveraine du Waalo en 1831. Dès le début de son règne, elle tenta de sceller la paix avec le Royaume Trazar, en épousant leur souverain, Mohamed El Habib. Cette alliance stratégique inquiète alors la France qui lance ses premières offensives contre le Royaume. Pourtant réputée comme souveraine calme, le règne de Ndjeumbeut est ainsi marqué par ces tensions perpétuelles avec la France. C’est naturellement que Ndaté Yalla Mbodj lui succéda à sa mort en 1846.
En succédant à sa sœur, la Linguère hérite d’une situation géopolitique complexe. En effet, sur la rive droite du Fleuve Sénégal se présentaient les Maures qui semaient la terreur afin d’alimenter en esclaves le commerce arabo-maghrébins ; tandis que sur la rive gauche, esclavagistes et colonisateurs français sont installés depuis le 17ème siècle dans leurs comptoirs de Saint-Louis. Par ailleurs, rappelons que ces derniers souhaitaient neutraliser les royautés africaines, frein à leur expansion et pillage.
Figure de résistance contre le colonialisme
Se considérant comme unique souveraine du Royaume du Waalo, elle décide dès 1847 de défier les autorités françaises en réclamant le libre passage des troupeaux conduits par les Soninkés, vers la ville de Saint-Louis. Rapidement, la Linguère devient l’interlocutrice principale des Français au sein des royaumes wolofs. En effet, alors qu’à la norme les accords entre les français et le peuple wolof étaient exclusivement signés par les Bracks, la signature de la Linguère y fait figure dès son intronisation. Progressivement, les français vont ignorer les autres dignitaires du Royaume tant la personnalité de Ndaté Yalla Mbodj est impressionnante. Par ailleurs, des archives montrent des lettres envoyées au gouverneurs ne portant que la signature de la Linguère. Ainsi, les relations diplomatiques ne passent désormais que par elle. Toutefois, bien que muse des colons, Ndaté Yalla Mbodj reste consciente des réelles motivations des français et fait preuve de méfiance et d’intellect face aux doléances françaises.
Tenant tête aux Français sans relâche, elle pille et interdit le commerce avec les Français en 1950. En 1951 elle écrit à l’Administrateur Faidherbe afin de faire prévaloir ses droits sur les territoires du royaume du Waalo, ces mots devenus maintenant célèbres : « Le but de cette lettre est de vous faire connaître que l’île de Mboyo m’appartient depuis mon grand-père jusqu’à moi. Aujourd’hui, il n’y a personne qui puisse dire que ce pays lui appartient, il est à moi seule ». En réponse, ce dernier décide une expédition militaire en fin 1854. En février 1855, ce sont 15 000 hommes qui débarquent armés de fusils que ne possèdent pas les guerriers du Waalo. Face à cela, Ndaté Yalla Mbodj confesse aux dignitaires wolofs : « Aujourd’hui nous sommes envahis par les conquérants. Notre armée est en déroute. Les tiédos (guerriers) du Waalo, si vaillants guerriers soient-ils, sont presque tous tombés sous les balles de l’ennemi. L’envahisseur est plus fort que nous, je le sais, mais devrions-nous abandonner le Waalo aux mains des étrangers ? »
Rapidement vaincue, Ndaté Yalla Mbodj meurt en 1860 en tant que dernière souveraine du royaume de Waalo. Son fils, Sidya Ndaté Yalla Diop, lui succèdera dans la révolte contre les colons français après quelques péripéties au sein de l’administration coloniale.
Les hommages affluent après la mort ce lundi 2 avril, de Winnie Mandela. Héroïne de l'apartheid et résolument engagée, elle a lutté toute sa vie pour les droits des minorités.
Cinquante-huit ans ! Un grand pas dans la vie d’un homme. A fortiori de celle d’une Nation. Cela mérite donc d’être fêté. N’en déplaise aux pessimistes qui vont vous rétorquer avec un sourire narquois : « c’est cela votre indépendance ? Vous n’y êtes pas encore». Qu’importe, nous y sommes ! Bombons le torse. Qu’il fut long, le combat de l’indépendance mais il fallait le gagner. D’où la fête en grande pompe de demain, celle du 58ème anniversaire de notre accession à l’indépendance.
Sous le thème « Contribution des forces de défense et de sécurité à la paix et à la stabilité internationale », avec fastes, la complicité des forces vives de la Nation, notre pays va démontrer sa force, montrer ce qui fait que la renommée de son armée tant convoitée presque un peu partout dans le monde. Comme notre Nation, les femmes militaires brandiront le drapeau. Toutes fières d’avoir gommé les propos et actes sexistes mais aussi condescendants qui voulaient les confiner à jouer des rôles de faire-valoir.
Mais décidées qu’elles sont, ces femmes militaires ont réussi à s’imposer non par les biceps mais par la force des arguments et aussi par la compétence. Aujourd’hui, cette noria de femmes pleines d’envie, débordant d’ambitions, grâce à une surdose de courage, a injecté une dose de glamour dans l’armée. Mais avec toute la rigueur militaire qui sied. Et dans le domaine de la Santé militaire où, aujourd’hui, elles constituent une belle brochette, elles ont vite fait de tomber tous les clichés qui pouvaient encore exister. Iconoclastes, elles dirigent sans complexes des services de santé. Sans se faire marcher sur les pieds.
A l’occasion de ce 4 avril 2018, le Témoin met en relief le parcours si riche et exaltant du médecin colonel et chef du service Ophtalmologie, Ndèye Ndoumbé Guèye et celui du lieutenant-colonel Bineta Ndiaye,spécialiste des hôpitaux des armées en hépato-gastro entérologie et chef de service du Centre d’exploration fonctionnelle. Ces deux grandes dames et officiers valeureux servent toutes à l’hôpital Principal de Dakar. Profils !
MÉDECIN-COLONEL NDEYE NDOUMBÉ GUEYE, PROFESSEUR EN OPHTALMOLOGIE : Un combat contre la vie
On pensait retrouver une quasi-vieille grincheuse, une toubib avec des airs supérieurs, des lunettes d’une autre époque genre binocles ou lorgnettes mais les clichés n’ont finalement pas été au rendez-vous ! Et l’on se retrouve nez-nez avec une assez jeune femme qui se maintient grâce « au sport et à un régime alimentaire équilibré ». Elle devrait nous donner sa recette ! Son joli minois ferait que l’on s’attarderait plus sur son visage qu’à son uniforme mais attention, qui s’y frotte, s’y pique ! Pour cause, Mme Ndèye Ndoumbé Guèye est bien une femme militaire qui a dû d’abord monter au front contre un certain sexisme qui voulait chasser les femmes de la grande muette, et notamment de la branche médecine militaire. Ce après avoir mené victorieusement une « guerre » contre une vilaine rougeole qui a failli l’emporter à l’aube de ses cinq ans.
« Une ancienne de Mariama Ba et professeur en ophtalmologie »
« Je suis le Médecin- Colonel Ndèye Ndoumbé Guèye, professeur du Val-de-Grâce, chef du service d’ophtalmologie de l’hôpital Principal de Dakar. Après l’école pilote de Médina rénovation, j’ai fait mes études secondaires à la maison d’éducation de l’Ordre National du Lion devenu entre-temps la Maison d’éducation Mariama Ba où j’ai obtenu le baccalauréat en 1985. Cette année- là, j’ai été primée au Concours Général de Philosophie et classée deuxième au concours de l’école de Santé militaire. Nous étions trois filles, le professeur Fatou Fall, Médecin Colonel, le Médecin- Colonel Flore BRAHIME, de nationalité Gabonaise et moi -même, dans une promotion de 20 élèves officiers médecins.
Nous étions 16 Sénégalais et quatre Africains de nationalité étrangère. Après ma formation à l’école militaire de santé, j’ai été affectée pour quelques mois à l’hôpital militaire de Ouakam puis à Kaolack comme médecin du 3ème bataillon d’infanterie. J’ai ensuite dirigé le Centre Médical de Garnison du Bataillon de Soutien du Génie à Bargny pendant 4 ans. Je suis allée en France pour faire le brevet de médecine aéronautique qui permet de prendre en charge le personnel naviguant, qu’il soit pilote, mécanicien ou personnel de cabine.
À mon retour de France, j’ai été affectée au centre hospitalier de Diamniadio comme médecin chef adjoint pendant un an voire un an et demi avant de faire le concours d’Assistanat des hôpitaux des armées, option ophtalmologie. J’ai rejoint l’hôpital Principal en avril 1999 puis passé le concours de Spécialiste des Hôpitaux des Armées au bout de cinq ans d’assistanat. J’ai, durant mon cursus, suivi des stages de perfectionnement en ophtalmologie à l’étranger notamment à l’hôpital du Val-de-Grâce en glaucomatologie, puis quelques années plus tard à l’hôpital Lariboisière en pathologies de la rétine. Par la suite, à l’Hôpital du Val-de-Grâce, j’ai préparé le concours et obtenu le titre de Professeur Agrégé en 2013. Depuis 2007, je dirige le service d’ophtalmologie. Commander des hommes? Je commande les hommes et les femmes de la même manière. Je collabore avec tous en bonne intelligence.
Comment est née chez vous la vocation de devenir médecin militaire ?
«J’ai toujours voulu être médecin probablement parce que ma mère était sage-femme. Mais je pense que cette vocation est née surtout suite à une maladie que j’ai eue à l’âge de cinq ans. J’ai été soignée par un médecin remarquable, mon cousin, feu le docteur Amadou Yoro Sy, un des premiers médecins militaires du Sénégal. Son dévouement et son attention ont suscité en moi la vocation de médecin. Nous faisions partie de la deuxième promotion de filles à l’école militaire de Santé. Nous avonstoussuivi la formation initiale du combattant à Dakar Bango. Durant 7 ans, nous avons allié formation médicale et militaire. En tant que filles, nous avions été bien accueillies et intégrées dans la grande famille militaire. Nos anciens étaient bienveillants et protecteurs. À l’université et dans la rue, le port de l’uniforme suscitait beaucoup de curiosité. Il arrivait que l’on nous confonde avec des policiers. Parce que, des femmes en uniforme, c’était tout à fait nouveau
Et comment conciliez-vous vie de militaire et devoirs de femme au foyer ?
Dans la vie de tous les jours, je suis une femme ordinaire. A la maison, je m’occupe bien de mon foyer. Il m’arrive souvent de préparer à manger. Je suis très bonne cuisinière. A l’école Mariama Ba, nousfaisions des cours de cuisine et cela m’a beaucoup servi. Pendant les vacances, je préparais chez mes parents également. Mon enfance a été très heureuse. J’ai vécu entre un père enseignant, très rigoureux qui était parmi les premiers enseignants du Sénégal, et une maman sage-femme. Et je suis issue d’une famille de huit enfants dont je suis la septième. Je me suis mariée avec un civil et mère de deux enfants. Même si mon travail est très prenant, je consacre du temps à ma famille tous les jours mais plus librement pendant les weekend et les congés annuels.»
Parité et condition féminine
«Les femmes peuvent exercer tous les métiers et devraient pouvoir embrasser toutes les carrières. Elles ne devraient pas se fixer de limite. Au Sénégal, des compétences féminines existent dans tous les domaines. Il faut les reconnaître et les valoriser. En particulier, j’encourage les femmes à fréquenter les filières scientifiques où elles sont minoritaires. Il y a trois ans, j’ai été marraine du concours national « Miss mathématiques », « Miss science » et j’ai eu le plaisir de constater le potentiel très élevé des jeunes filles dans les matières scientifiques, c’est pour cela que je les exhorte à s’engager dans ces filières d’avenir. Je suis pour la parité, pour compenser les discriminations du passé mais je suis surtout pour une société du travail et du mérite. Je ne pense pas qu’il faille systématiquement mettre un homme pour une femme. En tous cas, j’encourage les femmes à aller jusqu’au sommet de leurs carrières. Ma vie en tant que femme dans l’armée ? Je la vis très bien. Et j’en suis très contente.
Que conseilleriez-vous aux femmes sénégalaises ?
Je n’ai pas la prétention de leur donner des conseils. Les femmes sénégalaises sont des battantes. Elles se lèvent aux aurores pour gagner leur vie. Je souhaite que leurs conditions de vie et leur statut s’améliorent. C’est pour moi l’occasion de rendre un hommage respectueux à ma mère, dont la sérénité, la douceur, la pudeur et la sagesse ont beaucoup contribué à mon éducation. Pour ces raisons, je lui voue un amour infini. C’est une femme exceptionnelle. Elle et mon défunt père sont mes modèles.»
MEDECIN LIEUTENANT-COLONEL BINETA NDIAYE : Une toubib lieutenant-colonel pas mâle du tout !
« Même si les trucs mondains n’ont jamais été sa tasse de thé », la toubib et spécialiste des hôpitaux des armées en hépato-gastro entérologie est du genre coquette avec une coupe petite-tête. Comme toute femme de son temps. Il n’empêche qu’elle reste très attachée aux principes sacrosaints de l’homme. Et dirige le Centre d’exploration fonctionnelle avec toute la poigne qui sied sans jamais se faire marcher sur les pieds par les hommes qu’elle a la charge de diriger. Profil.
« Au début, la médecine militaire n’était pas une vocation»
« Je suis médecin lieutenantcolonel Bineta Ndiaye, spécialiste des hôpitaux des armées en hépato-gastro entérologie. Et je sers actuellement à l’hôpital Principal de Dakar où je suis le chef de service du Centre d’exploration fonctionnelle. Après ma sortie en 1998 de l’école militaire de santé, j’ai été affectée au Bataillon des blindés à Thiès où j’étais le médecin adjoint du centre médical de la Base de Thiès. J’ai eu aussi à faire des remplacements au centre médical de garnison de la Marine et à celui du bataillon des parachutistes avant d’être nommée médecin chef de la Base de Ouakam. Donc, à un moment donné, j’étais le médecin chef de l’air et du Bataillon de l’artillerie et du Bataillon du train. En 2002, j’ai fait le concours d’assistanat des armées. Ce qui m’a permis d’intégrer l’hôpital Principal de Dakar où j’ai servi dans les différents services : assistanat, pavillon Boufflers qui était le service de médecine interne et hépato-gastro entérologie, au pavillon Jamot C qui est le pavillon M. Sané qui était également le service de pneumologie et de médecine interne.
J’ai également été au service Pelletier en cardiologie et ai servi à la clinique Breviet. Quand on est en assistanat, on fait des passages dans les différents services médicaux de l’hôpital. Et en 2010, j’ai fait le certificat de spécialité des hôpitaux des armées. Etre femme médecin militaire, ce n’était pas difficile pour moi. Nous sommes des médecins militaires et c’est un peu différent des autres médecins. Puisque l’on subit, parallèlement aux études classiques de la médecine, une formation militaire. Et j’avoue qu’au début, ce n’était pas une vocation mais je m’y sens très bien. Finalement, j’ai pris goût. Tout métier est stressant.
Quand on fait la médecine, on ne s’habitue jamais à la mort d’un patient. Surtout lorsqu’il s’agit d’une personne que l’on connait depuis longtemps. Parfois, il nous arrive d’avoir des patients avec qui on a fini de se familiariser parce qu’on les suit depuis plusieurs années. Et lorsqu’ils décèdent, cela fait un peu mal. Ma famille ? Elle a très bien accueilli le fait que je veuille être un médecin militaire. Il n y a pas eu de résistances. Vous savez, le souci pour les parents, ce sont les questions du genre : qu’est- ce que ma fille ou mon fils a envie de faire après le baccalauréat ? Et le fait d’aller à l’école militaire de santé, c’était une garantie d’emploi à la sortie de l’école.»
« Cursus scolaire »
«Je suis un produit du lycée Van Vollenhoven actuel lycée Lamine Guèye. Qui se situe à quelques jets du camp Dial Diop. C’est ce qui a influé d’ailleurs dans ma carrière de médecine militaire. Comme presque tous les élèves en classe de terminale, j’ai fait le concours d’entrée à l’école de santé militaire. Dans mon cas, c’était plutôt un entrainement pour le baccalauréat. Et dans ma promotion à l’école de santé militaire, nous étions trois filles, le médecin colonel Tabara Sylla Diallo, qui est le chef du service de la psychiatrie, Dr Penda Dieng, qui n’a malheureusement pas terminé dans l’armée mais qui est restée médecin et moi-même. Dans ma famille, il n y a pratiquement pas de médecin, puisque ma mère était professeur d’histoire-géographie au lycée Van Vollenhoven, tandis que mon père était le directeur administratif et financier d’une société de la place. Mais j’ai un oncle qui est médecin professeur en dermatologie, Assane Kane. Mon petit frère est un officier supérieur de l’armée, il est un produit du Prytanée militaire.»
Ce qu’elle pense de la parité
«Je ne suis pas aussi jeune que vous le pensez puisque j’aurai bientôt 50 ans (je suis née le 21 décembre 1968 à Dakar). En dehors de la médecine, je suis mariée et mère d’un garçon de trois ans. Je me suis mariée un peu tardivement, en avril 2013. Et j’essaie de mener à bien mon rôle de mère de famille. Ce même s’il m’arrive parfois de partir lorsque mon fils dort et de revenir tard au moment où il est endormi. Mais, j’essaie de combler ce gap avec mes heures libres. Ce qui fait que les trucs mondains du genre « xawaré » entre femmes ne m’ont jamais intéressée. Même avant d’être médecin militaire. Moi, je suis pour l’équité au lieu de la parité qui nous dessert plutôt. Si une femme est là et qu’elle remplit les critères, qu’on lui donne le poste ! Ce au lieu de faire dans la discrimination positive. Parce que si on met une femme à un poste bien donné pour la bonne et simple raison que c’est une femme, ce sera une mauvaise publicité pour elle dans le cas où elle échouerait. Les femmes dans l’armée ? Au début, je n’étais pas trop pour la généralisation de la féminisation dans l’armée. Parce qu’il faut des préalables. Il faut d’abord qu’il y ait des statuts. Que l’on sache qui est qui. Puisque, malheureusement, l’homme est très différent de la femme. Nous n’avons pas la même morphologie. Pour ce qui est de la médecine militaire, on est des officiers. C’est plus ou moins un autre niveau qui fait que certaines choses risquent de ne pas arriver. Mais quand on met des soldats, des sous-officiers ensemble, cela peut poser problème. Mais fort heureusement, ça se passe bien pour le moment.»