À quelques heures de la marche du collectif pour la protection de l'enfance, Khady Ndiaye témoigne. La voix cassée, le regard hagard, elle dit accepter la volonté divine mais réclame justice.
La maman du petit Fallou dont le corps sans vie a été retrouvé dans un sachet en plastique, a aussi partagé les moments vécus avec son "marabout".
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L'HOMME QUI MAQUILLE LES FEMMES
Parcours d'Ass Faye, jeune sénégalais qui s'illustre dans le domaine de la beauté
A 21 ans, Ass Malick Faye est un passionné de maquillage. Il vit à Dakar depuis seulement un an, mais c'est à Kaolack, ville située à 189 kilomètres au sud-est de la capitale, qu'il a grandi. "Depuis tout petit, j'ai toujours aimé tout ce qui est lié à la mode" nous dit-il. Le maquillage au Sénégal est pourtant un sous secteur où l'on retrouve surtout les femmes. Très peu d'hommes s'aventurent dans ce métier. Mais pas Ass Malick Faye.
A Fantaisika Nails and Beauty Academy où la BBC l'a rencontré, le jeune homme forme plusieurs apprenants en maquillage. Au Sénégal, pays majoritairement musulman, il est très rare d'avoir des hommes dans ce secteur d'activité qu'est le maquillage et la beauté. Mais le jeune homme a "su s'imposer" et exerce librement sa passion aujourd'hui. Dans son quotidien, il reçoit le soutient de toute sa famille. En premier lieu sa soeur aînée et son père.
Le marché de la beauté et des cosmétiques au Sénégal est l'un des plus dynamiques d'Afrique de l'Ouest. En témoigne le grand nombre d'instituts de beauté, salons de coiffures et centres maquillage qui fleurissent dans la capitale Dakar. S'il y a bien un secteur d'activité qui a connu une recrudescence du nombre d'entrepreneurs, c'est sans contexte celui là.
Pour Ass Malick Faye, le secret d'un maquillage réussi réside en sa simplicité. "Le make-up n'a pas pour mission de dénaturer la personne qu'il maquille" nous dit-il. Pour lui, c'est bien de se maquiller, mais en le faisant, "il faut toujours rester dans le naturel".
La diva de la musique sénégalaise parle de la condition des femmes au Sénégal, du phénomène d'enlèvement d'enfants et de son actualité musicale, entre autres.
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LES COQUINES FONT LA MUSIQUE
Viviane, Queen Bizz, Deesse Major et les autres, ont définitivement rompu avec l‘époque des « Ndananes » aux somptueux boubous traditionnels qui cachaient tout sans rien laisser deviner
Ceux qui osent affirmer que la musique sénégalaise ne connait pas d’évolution ou qu’elle n’a pas non plus fait sa révolution, se trompent assurément sur toute la ligne. Toute la ligne !!! A moins qu’ils souffrent de cécité. Parce que pour se faire une religion de la grande transmutation de la musique sénégalaise, il faut ouvrir grandement les yeux ou porter des correcteurs au cas où l’on souffrirait de myopie. Le Témoin vous les fait voir. A zieuter sans modération et loin des yeux de vos.... conquêtes ou bourgeoises. Un accident à domicile est vite arrivé !
La révolution ou l’évolution de cette musique ne s’entend pas. Il ne suffit pas d’ouvrir les oreilles ou de juger par les gammes mé- lodiques. Il vousfaudra ouvrir grandement les yeux. Et sans modération. Il ne faut pas se faire prier. Finie l‘époque des « Ndananes » aux somptueux boubous traditionnels qui cachaient tout sans rien laisser deviner. Tout cela est remisé aux placards. Et c’est avec Coumba Gawlo Seck que cette musique, au son du « Tama » ( tam- tam d’aisselle) a pris des hauteurs pour ne plus jamais redescendre. Le rythme volant toujours haut. Bref, la musique du pays a commencé à faire sa mue avec la divine Coumba. Non, la petite Gawlo d’alors ne s’est pas présentée au public avec cette frénésie qu’on lui connait aujourd’hui. Enfant bien sage, elle a fait adorer sa voix. Mais quand elle a atteint la majorité et qu’elle a su qu’outre sa musique, elle devrait faire « vendre » son corps, elle a fait crever la lucarne magique rendant des épouses et des illégitimes jalouses. Elles étaient toutes conscientes que la nouvelle bombe de la musique sénégalaise rendait le sommeil de leur mari ou amant fort agité. Surtout lorsqu’elle s’est présentée avec son fameux « bine- bine » qu’aucun imam ne put supporter. Fort heureusement, il n y eut point d’émeute.
Coquine, coquine Vivianne
Et arriva Vivianne Chedid Ndour ! Elle devint plus tard, tout simplement Vivianne Chedid. Ah, celle-là !!! Ses déhanchements insupportables ont porté sa musique pour un monde « réé-chanté ». A l’époque, on ne parlait pas encore de « buzz ». Son producteur de mari, qui connaissait bien le marché américain,savait comment vendre au public sa dulcinée. Avec Vivi, on ne s’ennuyait pas. Alors, pas du tout ! Surtout lorsqu’il a fallu qu’elle sorte l’artillerie lourde pour ne pas être menée aux points par la très coquine Coumba Gawlo. Et si cette dernière s’est voulue sage en rangeant ses habits sexy, ce n’est point le cas pour l’ex- de Bouba Ndour qui continue de faire délirer et martyriser son public. A chacune de sessorties, ça fait exploser le Net avec des photos qui dévoilent des secrets, tout en cachant l’essentiel. Autant dire que la bonne dame sait où tirer pour faire mal chez les mâles, et enflammer les midinettes. Du grand art ! Mais dansl’art de l’extravagance à outrance,c’est Déesse Major qui tenait la corde avant qu’elle ne se fasse oublier. Elle menait à sa guise, les imams et autres barbus qui la suivaient bêtement, et même sur le Net, avant de s’en scandaliser. La jeune fille pour dire moins, sait comment faire bander ces drôles de messieurs. Outre des tenues outrageusement sexy, elle s’y met avec des danses très, très coquines pour lesquelles aucun homme qui se respecte n’en sortirait indemne. C’est certainement ce qui expliquait la pluie de plaintes dont elle était l’objet. Toujours ces drôles de très zélés religieux qui nous empêchent de vivre les bonheurs de la vie, ici –bas. Comme par exemple,zieuter les belles formes de ces guindées demoiselles. Liberté, liberté, où es- tu ?
Explosive Déesse Major
Et si Déesse Major explose sans modération, Guigui se la joue avec prudence pour ne pas dire intelligence. Elle se dit naturellementsexy. Et c’est le cas. Elle nous en offre à voir et à apprécier. Destenuestrèssuggestives sur un corps de rêve. Et si elle s’amusait à trop forcer, une insurrection pourrait se déclarer dans ce charmant pays. Etant consciente de cet état de fait, elle s’offre telle qu’elle est. Sexy sans trop d’excès. Et ne comptez pas sur elle pour changer. A 90 ans, elle restera toujours sexy. Les vieillards pourront toujours venir mourir dans ses bras. Dieu lui prête vie ! Y a qui encore ? Ah, Queen Biz !!! Une véritable bombe celle-là.On lui prête une belle complicité avec Karim Wade. Mais voilà, dans l’art de faire le « buzz », y a passon deux. Chaque apparition, constitue une nouvelle existence. Elle allie le port et l’acte. Un nombril en l’air, un fougueux baiser à un partenaire, et ça fait enflammer le net… Elle n’est pas naturellement sexy, maissait où tirer pour faire parler d’elle. Et çamarche comme sur un papier àmusique. Musique, musique !!!!!
Et arriva Mbatio Ndiaye
Mbathio Ndiaye !!!! Messieurs, jurez la main sur le cœur que vous ne gardez pas encore quelques parts dans vos mobiles, quelques-uns de sestrèssalaces et précieux clichés. Elle fait trembler son monde… Remusiques !!! Vous en voulez avec de fortes contorsions rythmiques ? Bon, patience, on l’invite pour vous en offrir quelques déhanchements. Ya pas son pareil dans tout le pays. Et tout bon promoteur qui a du flair s’en sortirait avec une salle qui refuserait du monde. C’est une bombe qui fait mouche chez toutes les catégories sociales. Ngoné Ndiaye, elle se fait appeler. Tout est musique chez elle. Tout, on vous dit ! Et même quand les instruments se seront tus et qu’elle y va seule en un solo endiablé, l’adrénaline montera, montera. Il faut être une spécialiste des contorsions rythmiques, sataniques et assassines pour réussir une telle algarade. On pourrait alors mourir heureux après avoir vu un tel spectacle de plus de deux heures avec une Ngoné Ndiaye en pleine forme. On en rêve et malgré ses airs de Mammy, elle reste la plus coquine etsexy de nosstars. Des paroles aux gestes! Après ça, qui oserait venir nous dire que la musique sénégalaise n’a pas évolué ? Qui ????
Coumba Gawlo Seck a annoncé mercredi que la chaîne de télévision de son groupe de presse sera ’’très bientôt" lancée et opérationnelle avec l’ambition de "montrer une autre manière de faire la télévision".
"C’est en gestation et nous y travaillons afin qu’en 2018, nous puissions la lancer officiellement", a dit l’artiste musicienne sénégalaise au sujet de la chaîne de télévision de son groupe de presse Go médias (Gawlo Office médias).
Go médias est un groupe panafricain qui ambitionne de s’installer au Niger, au Mali, au Burkina Faso, au-delà du Sénégal où il a son ancrage avec la radio FEM, a-t-elle indiqué dans un entretien avec l’APS dont elle était l’invitée de la rédaction.
"Je me suis dit qu’au-delà de la chanson, j’ai envie de créer un médium avec une ligne éditoriale assez particulière traitant de problématiques qui touchent les femmes, les enfants et la musique qui est mon métier" a expliqué la diva de la chanson sénégalaise.
Après FEM FM, Go médias s’est, depuis 4 mois enrichi d’un portail web d’informations générales (www.godakar.sn), un nom incitant la capitale sénégalaise, Dakar, à aller de l’avant, selon l’artiste.
"Il y a des choses positives au Sénégal qui fait partie des plus beaux pays au monde et il faut le vendre", a fait valoir Coumba Gawlo Seck, ajoutant : "Cela fait longtemps que je côtoie la presse, mais je me suis rendu compte au fil des ans qu’on n’a plus, avec l’avènement des chaines de télévision, un journalisme de qualité".
Elle a déploré les tendances actuelles du journalisme de nos jours, soulignant que dans son entendement, ce métier, "c’était vraiment un must réservé aux intellectuels de classe, ayant un excellent verbe pour s’exprimer et écrire de beaux textes".
"Mais d’année en année, je constate, sans m’ériger en donneur de leçons, que beaucoup de choses qui se disent dans la presse ne sont pas contrôlées ou alors ne sont pas vérifiées", a-t-elle déploré.
"Je fais moi-même parfois l’objet d’attaques ou d’écrits, sans confrontation aucune pour équilibrer l’information (….), ce qui est très courant d’ailleurs, même si, pour ma part, je refuse de verser dans le sensationnel", a poursuivi l’artiste.
A l’en croire, il y a dans e milieu de la presse et de l’audiovisuel en particulier, "beaucoup de légèreté dans la présentation de certains animateurs ou animatrices qui ont du mal à comprendre que les médias, c’est du sérieux".
"Il me semble qu’il n’y a plus d’encadrement dans les médias où le coaching se fait de plus en plus rare", a-t-elle dit, évoquant aussi bien d’habillement que de professionnalisme dans le traitement de l’information.
S’y ajoute qu’avec les nombreux sites Internet, "certains écrivent ce qu’ils veulent, sans contrôle, sans éthique, encore moins de déontologie. Pour moi, c’est manquer de respect à un corps professionnel qui est noble".
LE PLAIDOYER D'AMINATA SOW FALL POUR L'ÉDUCATION
Aujourd’hui, les gens sont trop accaparés par les événements du monde pour se préoccuper d’éduquer les enfants - Je ne parle pas de punitions ou de corrections, mais de donner des repères pour les aider à résister aux choses qui pourraient leur faire mal
Gladys Marivat |
Le Monde Afrique |
Publication 20/03/2018
Elle est la doyenne des lettres sénégalaises. Née à Saint-Louis en 1941, Aminata Sow Fall est l’auteure d’une dizaine de nouvelles et de romans, dont le plus connu, La Grève des bàttu (1979), a été traduit dans de nombreux pays et porté à l’écran par le cinéaste malien Cheick Oumar Sissoko. Dans ce livre, un homme politique ambitieux déstabilise la société sénégalaise lorsqu’il interdit aux mendiants d’utiliser leur « battù », la calebasse dans laquelle ils recueillent leurs oboles. Le goût du lucre au mépris des valeurs traditionnelles, la corruption des puissants, la vie des petites gens, la dictature et les migrations sont au cœur d’une œuvre distinguée en 2015 par le Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française.
Distante du courant de la négritude et du féminisme, Aminata Sow Fall se veut au plus près de la réalité de son pays et de son peuple. Son nouveau roman, L’Empire du mensonge, imagine le destin de trois familles voisines d’un quartier populaire, bientôt séparées par des inondations. Il résonne comme un plaidoyer pour la solidarité et l’éducation de la jeunesse. De passage au Salon du livre de Paris, qui s’est tenu du 16 au 19 mars, l’écrivaine sénégalaise évoque l’importance des valeurs traditionnelles, ses rapports avec le féminisme et l’avenir de la jeunesse.
Dans vos romans, les traditions sont souvent ce qui permet aux personnages de résoudre leurs problèmes. Le point de départ de « L’Empire du mensonge » est le rituel du repas dominical.
Aminata Sow Fall Le temps du manger est un temps de paix. C’est ce que j’ai vécu chaque jour de mon enfance. C’est un moment de joie, de partage, un instant sacré. Les discussions autour du manger forment un espace de liberté, un lieu où se forge la solidarité entre des gens de conditions très différentes. A table, nous avons tous le même statut.
Vous parlez dans votre roman de l’importance de se souvenir d’où l’on vient. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela ne veut pas dire savoir à quelle famille ou à quel milieu on appartient, mais savoir ce qu’on nous a transmis. Je voulais insister sur le fait qu’il faut former les enfants dans le sens des valeurs essentielles : l’estime de soi, la dignité et la générosité. La générosité, ce n’est pas l’argent que l’on donne, c’est l’amour de l’humain. C’est ce que transmet Mapaté, l’un des héros de mon livre, à ses enfants. Sans ces valeurs, on se perd facilement. Et pas seulement chez nous. Aujourd’hui, les gens sont trop accaparés par les événements du monde pour se préoccuper d’éduquer les enfants. Je ne parle pas de punitions ou de corrections, mais de donner des repères pour les aider à résister aux choses qui pourraient leur faire mal.
Tous vos romans montrent des personnages de femmes fortes. Pourquoi ?
Je n’ai pas été éduquée dans l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes. Dans ma famille, toutes les filles fréquentaient l’école. L’école coranique d’abord, à partir de 4 ans puis, à 7 ans, l’école occidentale. On nous disait aussi qu’on devait être les meilleures. C’était une question d’honneur et c’est cela qui nous a permis d’avoir confiance en nous. Petite, j’étais très attentive à ce qui se passait autour de moi et je voyais comment les femmes étaient puissantes, notamment grâce à leur intuition et à leur position, loin de l’agitation, qui leur permet d’être des grandes observatrices. Aux Etats-Unis, où j’enseignais comme professeure invitée, je me souviens d’une enseignante qui avait interdit à l’un de ses étudiants de faire sa thèse sur La Grève des bàttu, car elle trouvait que je traitais mal les femmes dans mon roman. Les féministes m’accusaient de ne pas être féministe.
Et l’êtes-vous ?
Pas au sens de l’idéologie. Je ne fais pas de militantisme tout simplement parce que je ne me pense pas inférieure aux hommes. Toutefois, j’ai toujours dit aux féministes que si elles voulaient défendre les femmes, il fallait plutôt les aider à s’instruire, leur apprendre comment soigner son enfant. Au lieu de seulement crier : « Je suis féministe ! » On obtient bien plus de résultats quand on met les femmes dans les conditions de s’épanouir, quand on leur apprend à se battre. C’est bien plus concret que l’idéologie !
Je me souviens d’une discussion avec Amadou Hampâté Bâ qui me racontait qu’avant, quand les autorités villageoises se rejoignaient pour discuter de choses importantes, aucune décision n’était réglée sous l’arbre à palabres. Les hommes se séparaient en disant : « On va réfléchir sur l’oreiller. » La décision revenait en fait à l’épouse, à la sœur aînée ou à la mère. Les femmes ont cette autorité indétrônable qu’elles exercent sans jamais hausser la voix. Elles sont les gardiennes de la famille et préfèrent agir en douceur pour ne pas faire éclater le foyer. Ça ne veut pas dire qu’elles ont un esprit plus étroit que l’homme.
La montée d’un islam plus rigoriste au Sénégal ne risque-t-elle pas de remettre en question la position des femmes ?
J’ai posé la question à des personnes très imprégnées de l’islam, très savantes, et elles m’ont dit qu’elles avaient interprété le Coran dans le sens du respect de la femme. La femme est sacrée, car c’est la mère qui enfante, qui agrandit. Le voile ne rend pas les femmes inférieures. Je vois des femmes voilées car c’est leur interprétation de l’islam ou celle de leur milieu, mais ça ne les empêche pas d’être de grandes intellectuelles ou d’enseigner.
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UNE FEMME DOIT ÊTRE ...
EXCLUSIF SENEPLUS - Ndèye Adama Faye faisait partie de ces apprenantes qui avaient observé une grève pour fustiger les conditions difficiles de leur apprentissage de la coiffure
Mamadou Ly et Rouguiyatou Sow |
Publication 20/03/2018
A l'école de coiffure "La Sophie" où elle a fait ses humanités, Ndèye Adama Faye est connue pour sa forte personnalité. Femme de principe, elle ne rechigne pas à l'effort, mais peut faire valoir son autorité au en cas de nécessité. La preuve, elle faisait partie de ces apprenantes qui avaient observé une grève pour fustiger les conditions difficiles dans lesquelles elles apprenaient la coiffure. Aujourd'hui, Ndèye Adama Faye tient son salon de coiffure sise à Thiaroye Azur. Pour le mois de la femme, elle a accepté d'ouvrir ses portes à nos caméras.
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NORMES SOCIALES, DIFFICULTES D’ACCES A LA JUSTICE, INCREDULITE, CULPABILITE…
Ayant constaté une persistance des violences sexuelles au Sénégal surtout en milieu rural, malgré l’existence d’un important arsenal juridique, le Réseau africain pour le développement intégré (Radi) a mené une étude pour en connaitre les causes
Ayant constaté une persistance des violences sexuelles au Sénégal surtout en milieu rural, malgré l’existence d’un important arsenal juridique, le Réseau africain pour le développement intégré (Radi) a mené une étude pour en connaitre les causes. C’est ainsi que les recherches menées dans la région de Kolda ont montré qu’il y a une impunité des violences sexuelles due, entre autres, aux normes sociales et difficultés d’accès à la justice.
La persistance des violences sexuelles au Sénégal surtout en milieu rural, malgré l’existence d’un important arsenal-juridico-légal, a conduit le Réseau africain pour le développement intégré (Radi) à mener une recherche pour en connaitre la raison. Lors d’une rencontre avec la presse hier, les auteurs de cette enquête ont fait savoir que leur travail a révélé «l’ampleur et les formes de violences sexuelles, ainsi que les difficultés d’accès à la justice que rencontrent les femmes victimes». Menée dans la région de Kolda, cette étude a été effectuée sur la base d’un échantillon de 330 femmes âgées de 18 ans et plus. Selon Fatma Lamesse, chercheure nationale dans le cadre de ce projet, sur cet échantillon 46 femmes, soit 14% «ont été victimes de violences sexuelles». De même, elle a souligné que «les registres judiciaires ont révélé l’existence d’autres formes de violences sexuelles, dont la plus récurrente est le viol sur mineure de moins de 13 ans, variant entre 50 et 60% des cas enregistrés». D’après Mme Lamesse, les victimes interrogées, «toutes formes de violences confondues, sont essentiellement jeunes avec un âge médian de 21 ans (68%), peu ou pas instruites (79%)». «Du fait de l’importance du mariage précoce, elles sont dans leur écrasante majorité mariées», a-t-elle ajouté.
Cette étude, qui met l’accent sur les causes profondes de l’impunité des violences sexuelles en zone rurale notamment dans la région de Kolda, révèle que les normes sociales sont le premier obstacle à la dénonciation. D’après la coordonnatrice de ce projet, il a été constaté que «la peur de la stigmatisation de représailles physiques et mystiques, de l’incrédulité, de la culpabilisation constituent la principale cause de la non-dénonciation, qui se traduit par le silence des victimes et la dissimulation par les familles». Soulignant aussi que «ces facteurs entrainent un manque de confiance en la justice».
Mme Oumoul Khaïry Coulibaly Tandian soutient que «la justice non formelle, c’est-à-dire coutumière, devient ainsi le premier recours en cas de dénonciation».
Alors que celle-ci «généralement contrôlée par des acteurs masculins et peu sensible au genre, n’a ni la vocation ni les moyens de sanction. Elle privilégie la médiation au nom du maintien de la cohésion sociale». Les autres obstacles relevés dans le cadre de cette étude, c’est l’ignorance des procédures de saisine de la justice, l’enclavement des villages, l’éloignement et le déficit de structures et de personnel de santé et judiciaire. Il y a également des entraves inhérentes au cadre juridico-institutionnel. D’après les auteurs de cette étude, «malgré les sanctions pénales prévues pour les violences sexuelles (à l’exception du viol conjugal et de la consommation du mariage forcé), la recherche a montré un sentiment d’insatisfaction des victimes à l’endroit de la justice».
Par exemple, on souligne qu’en «cas de viol ou de pédophilie, les peines prévues par le Code de procédure pénale ne sont pas toujours appliquées à cause, entre autres, de la difficulté d’établir les preuves et du recours abusif aux circonstances atténuantes». A cela s’ajoute, «le fait que la loi laisse un vide juridique sur la consommation d’un mariage avec une mineure âgée entre 13 et 16 ans». «En effet, le Code de la famille fixe l’âge du mariage au Sénégal à 18 ans, mais avec possibilité de dérogation pour les filles qui peuvent se marier à 16 ans révolus avec l’autorisation des parents», a-t-on expliqué.
Recommandations
Prenant en compte tous ces aspects, le Radi recommande à l’Assemblée nationale de «criminaliser le viol» et de «légiférer sur le viol conjugal et la consommation du mariage précoce entre 13 et 16 ans». Autres recommandations formulées par cette Ong : installer des «maisons de la justice dans les zones enclavées et démunies, de renforcer le personnel judiciaire avec la mise au point d’un protocole permettant la constatation des violences sexuelles». Il est demandé aussi de «rendre gratuits les frais de justice», de «contraindre les services compétents à assumer leur devoir de rechercher les preuves d’une agression sexuelle». Mais aussi de «mener des politiques vigoureuses en matière d’arrestation et de poursuite ainsi que des condamnations appropriées pour garantir l’obligation (de l’auteur) de répondre de ses actes». Ceci dans le but «de prévenir et réduire les violences sexuelles». dkane@lequotidien.sn