Tous les matins depuis trois mois, c’est le même rituel. Mor* prépare un petit sac avec quelques vêtements de rechange. Ce soir, il dormira ailleurs. Ce journaliste sénégalais, correspondant d’une grande agence de presse internationale, partage sa vie entre deux foyers, deux femmes. La première, Djeneba*, 40 ans, est diplômée en gestion du tourisme. Epousée il y a douze ans, elle est la mère de ses trois enfants. Et puis, il y a Anta*, pimpante journaliste de 27 ans, fille d’un médecin et d’une enseignante. Elle a 19 ans de moins que lui.
Devenir la niarel (seconde épouse, en wolof), Anta en rêve, dit-elle « depuis [qu’elle est] gamine ». Elle revendique une certaine indépendance. « J’ai toujours voulu être dans un ménage polygame. C’est une forme de liberté, car j’ai du temps pour moi quand mon mari est chez la première épouse. Je ne me vois pas m’occuper seule de lui », explique-t-elle avec décontraction.
35,2 % des ménages sénégalais polygames
Son assurance tranche avec la colère rentrée de Djeneba. La quadragénaire au visage émacié est sonnée depuis ce jour où son amour de jeunesse lui a annoncé son second mariage. Abasourdie, elle a perdu du poids ainsi que sa confiance en elle et en son mari. La noce a été scellée en catimini, après quarante-cinq jours de relation cachée. « Je n’ai jamais pensé devenir polygame », jure Mor. « Ça m’est tombé dessus », poursuit-il pendant que Djeneba sert le déjeuner. La tension est palpable dans ce coquet appartement d’un quartier résidentiel de Dakar.
A l’image de ce trio, 35,2 % des ménages sénégalais se déclaraient polygames en 2013, d’après l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, contre 38,1 % en 2002. La pratique recule globalement, mais se répand dans les milieux intellectuels. Ainsi, près d’un quart des femmes ayant un diplôme universitaire acceptent de devenir deuxième, troisième ou quatrième épouse, d’après le dernier recensement démographique paru en 2013. Une tendance qui va à rebours d’une idée reçue : la polygamie n’est plus réservée aux milieux populaires et ruraux.
« On est passé d’une génération de femmes instruites dans les années 1960-1970 farouchement opposée à la polygamie à une génération qui l’assume, voire la revendique », explique Fatou Sow Sarr, maître de conférences à l’université Cheikh-Anta-Diop, à Dakar, et fondatrice du laboratoire Genre et recherche scientifiquede l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN). « A l’indépendance, les premières femmes diplômées la combattaient. Pour elles, c’était une violence faite aux femmes et il fallait l’éradiquer. » Ces cadres de la première génération post-indépendance, enseignantes, fonctionnaires ou infirmières, ont reçu le soutien du président sénégalais, Léopold Sédar Senghor. Marié à une Française et très imprégné de culture européenne, il fera inscrire la monogamie comme une option dans le Code de la famille de 1972.
Ce code est toujours en vigueur quarante-six ans plus tard. Au moment de se marier pour la première fois, l’homme – en « concertation » avec sa promise – choisit devant le maire si son futur ménage restera un duo ou s’il pourra accueillir une, deux ou trois épouses supplémentaires.
Des hommes beaucoup plus âgés
Comment la polygamie, perçue comme rétrograde par ces premières élites d’après l’indépendance, est-elle devenue acceptable pour nombre de femmes issues des milieux bourgeois et intellectuels ? « Faute de travail, les jeunes hommes instruits n’ont plus les moyens de fonder une famille. Les femmes de leur classe d’âge ayant fait de longues études épousent donc des hommes beaucoup plus âgés mais avec une bonne situation matérielle et, très souvent, mariés. La pression sociale autour du mariage contraint les femmes à choisir la polygamie par dépit très souvent », explique Fatou Sow Sarr, qui observe cette tendance parmi ses étudiantes en thèse.
Mais la chercheuse constate un autre bouleversement dans les rapports conjugaux. Apparue au Sénégal avant l’arrivée de l’islam, mais codifiée par la religion, la polygamie était inscrite dans une organisation sociale. « Il fallait des bras pour cultiver la terre et remplir son grenier. L’homme se devait d’être équitable et respectueux envers ses épouses. Chacune avait un statut spécial. Ce qui a changé, c’est qu’aujourd’hui, en milieu urbain, on assiste à une forme d’exploitation des femmes. Pour rester mariées, certaines sont prêtes à tout, quitte à inverser les rôles en étant celles qui entretiennent leur mari. Ce dernier joue sur les rivalités entre les coépouses. Ces rivalités épuisent les femmes, détournent leur énergie et les empêchent de prendre leur place dans la société », regrette Fatou Sow Sarr.
Qu’en est-il des hommes ? Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, ils sont 14 % issus de milieux intellectuels à se déclarer polygames. Birame*, 45 ans, élégant professeur de lettres à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, a opté pour la polygamie lors de son mariage, mais n’envisage pas de franchir le pas. « Je n’ai pas les moyens d’entretenir deux femmes. Mais j’ai un filet de sécurité, un pouvoir face à mon épouse. C’est comme une arme de dissuasion pour qu’elle ne me fasse pas la guerre », ironise-t-il.
« Situation ubuesque »
Source de souffrance pour beaucoup de femmes et leurs enfants, la polygamie peut aussi être vécue comme une contrainte par certains hommes. « Je vis une situation ubuesque », lâche Abdou*, 62 ans, éminent universitaire et acteur de la vie intellectuelle sénégalaise. Après trente-six ans de mariage et trois enfants, il a épousé en secondes noces, sans tambour ni trompette, une consœur divorcée d’un premier mariage. « Ma première femme n’a pas voulu qu’on se sépare, car le divorce au Sénégal est une catastrophe sociale, surtout pour la femme. La polygamie est dans mon cas un divorce qui ne dit pas son nom », confie-t-il.
Bataille perdue des féministes sénégalaises, la polygamie a même résisté à l’arrivée massive des femmes en politique. Depuis la loi sur la parité votée en 2010, celles-ci sont aussi nombreuses que les hommes sur les bancs de l’Assemblée. Sans effet sur l’ouverture d’un débat, comme dans d’autres pays musulmans.
PAR NOTRE CHRONIQUEUSE, AMINATA DIA
POUR LES VICTIMES DE VIOLENCES CONJUGALES
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous devons veiller à dire à nos filles, sœurs, amies, mères, tantes et femmes que l’amour n’est pas synonyme de souffrance et surtout que le mariage n’est pas égale à la mort ou au suicide
Heurtées dans leur chair : le supplice des femmes soumises aux violences conjugales.
Salimata (nom d’emprunt), a 16 ans. Dakar qui l’a vue naître et grandir, l’a également vue rencontrer son premier amour. Du haut de son adolescence, la jeune femme va voir ce « plus qu’ami » en secret. Si seulement ses parents savaient, ils la tueraient. Donc, elle se cache et rien de plus facile avec les ombres, lumières et contrastes de cette ville qu’elle connaît par cœur. Cela commence par de petites promenades innocentes. Sur les trottoirs étroits et condensés, Salimata et « son ami » marchaient côte à côte. Sac à la main, élancé, quelque peu musclé, allure fière, posture droite et foulée ferme, il menait la cadence. Robe et voile au vent, élancée par la force de la nature ou par la puissance des quelques centimètres qui venaient s’ajouter à ses chaussures imposantes, démarche chaloupée, elle le suivait d’un pas tout aussi assuré. Ils semblaient discuter et échanger de tout et de rien. Mais d’un tout et d’un rien hilarant vu la portée des éclats de rire de la jeune femme. Ils se regardaient de temps à autre et la jeune femme paraissait prendre un malin plaisir à le taquiner. Les deux jeunes gens évoluaient sans encombre le long des allées et venues de la ville aux multiples visages, gaiement, simplement, légèrement, comme le vent. Mais quelque chose dérape soudainement sans que Salimata comprenne comment. Dans sa tête, elle se dit qu’elle a sûrement fait la blague de trop. Son « ami » s’est emporté et lui crie dessus. Elle aimerait lui demander ce qui ne va pas, mais il ne la laisse pas parler. Il s’emporte et la laisse là, au milieu de la rue, toute seule, dans la nuit silencieuse.
Salimata avait 16 ans lorsqu’elle a été exposée à la violence verbale et psychologique pour la première fois. Mais dans son esprit de jeune fille amoureuse, ce n’est rien du tout, une petite dispute. Pire, la culpabilité la terrasse. Elle pense que tout est de sa faute. Sa maman lui a toujours répété : « goor, ken du ko puus ba mou sëss » (« un homme, personne ne le pousse jusqu’au bout »). Alors, elle appelle. Elle s’excuse. Elle promet de ne plus recommencer. « Son ami » redevient doux et aimant, celui qu’elle a toujours connu. Les promenades reprennent sans encombre. Entre temps, Salimata grandit. L’adolescente se mue en femme et l’ami devient prétendant qu’on introduit officiellement à la famille. On loue son éducation, sa gentillesse, son savoir et on répète à Salimata « Ahh napp nga jën bu mag daal. Fexel ba bu mu la rëcc » (« Ahh tu as pêché un gros poisson. Débrouille-toi pour pas qu’il t’échappe »).
Entre-temps, le degré de violence augmente également doucement mais sûrement à chaque nouvelle dispute. De l’épisode où elle a été laissée seule en pleine nuit à son sort, s’en suivent cris, insultes, secouement d’épaules et claquements de porte. Mais Salimata ne comprend pas. Elle doit forcément mal faire les choses car il est si gentil, si doux, si attentionné. Il s’excuse à chaque fois de son emportement sans lui faire remarquer qu’il ne faut pas qu’elle le provoque. Elle sait bien qu’il n’aime pas la savoir seule dehors, ou qu’il n’aime pas lorsqu’elle ne répond pas au téléphone ou porte des robes courtes ... A l’infini, les raisons abondent. Un jour, Salimata en parle à sa meilleure amie. Elle ne savait plus quoi faire. Cette dernière lui dit : « Sali, toi aussi, gor yi ñoom ñëpp yam. Da ñu fiir ba dof. Yaa kay comprendre, nga moytu » (« Sali, toi aussi, les hommes sont tous les mêmes. C’est à toi de les comprendre et de faire attention »). Salimata se sentit bête. Mais quelle idée de s’en faire. Les familles sont unies, tout le monde l’adore. Tout cela ne se passe que dans sa tête.
Le mariage est célébré. Les deux premières années sont magnifiques. Puis un jour, monsieur revient énervé du travail. Salimata n’a pas encore fait suffisamment attention. Elle se retrouve projetée sur le lit après une sévère gifle ! Monsieur sort en claquant la porte et en criant. Elle reste recroquevillée sur ce même lit, jadis témoin de moments de tendresse et de complicité, les larmes coulant sur ce visage qui autrefois était si lumineux. Une autre fois, elle est tabassée, jetée au sol. Une autre fois, elle est consignée à dormir par terre. Un matin, elle s’arme de courage et va voir sa mère. Elle se jette dans ses bras, les sanglots étouffant sa voix. Lorsqu’elle a fini, cette dernière essuie calmement son visage et lui dit « Sali, sëy kaani la. Ci kaw rek mooy lem. Jigeen bu baax da ngey muñ. Li yëp di na jeex. Jëlël sa jëkkër nga def ko sa xarit. Boul ka merloo te nga muñal ko » (« Sali, le mariage est comme du piment. Seule la surface est mielleuse. Une bonne femme doit être patiente et doit endurer les pires moments. Tout cela va passer. Ton mari est ton ami. Ne l’énerve pas et sois patiente avec lui »). Salimata retourne chez elle. Cette nuit-là, elle prépare un excellent repas, met les petits plats dans les grands et se fait très belle. Monsieur revient à de meilleurs sentiments et elle se dit que sa maman a bien raison. « Les hommes sont tous des bébés. Il faut savoir les gérer ». Salimata s’évertue donc à la patience. Interdiction d’aller travailler. Patience. Plus de sortie avec ses amies d’enfance. Patience. Silence lorsque monsieur regarde la télé.
Patience. Cris parce que le repas est trop salé ou les chemises pas assez propres ou pas assez repassés. Patience. Insultes pour cette robe trop serrée. Patience. Coups sur coups. Patience. Patience. Patience. De fil en aiguille, une jeune femme pleine de vie, de potentiel, possédant rêves, carrière et ambitions, famille et amis se muent en loque humaine, soumise à une violence physique, psychologique, émotionnelle et morale. Un enfant, deux enfants et l’absence totale de revenus économiques ajoutent à la dépendance. Chaque jour, elle vit dans la peur de le voir franchir la porte, ne sachant qu’espérer. Au fil des ans, les larmes avaient cessé de tomber. Le silence avait fait place aux cris. L’épuisement et le désespoir avaient remplacé tout espoir de voir un jour les choses changer. Salimata acceptait son sort. « Kou muñ muñ » (« qui endure triomphera ») dit le wolof. Elle aura de bons enfants pensait-elle alors pour se consoler, elle qui avait su endurer les foudres de leur père : ses sacrifices paieront. Ils ont payé un soir. Le coup de trop la plonge dans le noir total. Dans son esprit qui s’en allait, ressurgirent des souvenirs de Dakar.
Dakar et ses ombres, ses lumières, ses contrastes ... Dakar et ses femmes aux déhanchés voluptueux, ces driankés au regard mielleux, à la voix suave et acerbe le temps d’après. Dakar et ses jeunes femmes dynamiques, légères, belles, fraîches et virevoltantes qui laissent ce parfum de féerie dans l’atmosphère, de magie, de folie, ce soupçon de beauté qui appartient à l’éternité. Dakar et son brouhaha infernal par moment, puis tendre, doux, léger, silencieux, vibrant, comme les accents voluptueux de Joshua Redman et des grands maîtres saxophonistes. Dakar et ses bidonvilles longeant l’arrière des longs boulevards fleuris, dont les parterres embaumés respirent le parfum amer des larmes de tous ces hommes à la cravache facile, de tous ces enfants sans avenir, de toutes ces femmes aux sourires à jamais voilées. Toutes ces femmes aux vies à jamais sacrifiées.
Salimata n’est plus. A l’enterrement, on loue son courage, sa bravoure et sa piété. On loue la bonne femme qu’elle était. De loin, deux enfants, aujourd’hui orphelins qui n’auront comme seule image de leur mère, qu’une femme qui ne savait plus comment sourire et qui frémissait de peur lorsque leur père foulait la porte de la maison. Une femme qu’ils appelaient maman mais qui n’avait plus la force d’aimer, pas même ses propres enfants tant elle s’était oubliée et avait renoncé à la vie.
L’histoire de Salimata est un grain de sable dans le désert du supplice que subissent les femmes victimes de violences conjugales au Sénégal. « Pas un seul jour ne se passe sans que l’on ne lise dans la presse un cas de viol ou de maltraitance faite à une femme. 70 % de femmes subissent des violences » d’après un rapport du Groupe d’études et de recherche genre et société (Gestes) de l’Ugb publié en 2015. Il est très important de noter ici la définition de « violence conjugale » : « La violence conjugale est la violence exercée par un des conjoints sur l'autre, au sein d'un couple. Elle s'exprime par des agressions verbales, psychologiques, physiques, sexuelles, des menaces ou des contraintes, qui peuvent aller jusqu'à la mort ».
Le plus souvent, certains actes sont banalisés et pas pris au sérieux. Dans certaines séries sénégalaises les plus suivies par exemple, pas un épisode ne passe sans qu’on assiste à une scène de violence que ce soit de l’homme envers la femme ou de la femme envers l’homme. Les deux sont très graves et dangereux pour la paix et l’équilibre du foyer et des individus qui la composent. Dans certains épisodes de « Pod et Marichou » et « Nafi », tous deux très suivies et réalisées par la même société de production Marodi TV, on voit les personnages éponymes violenter ou être victimes de violence. Dans le premier cas, un jeune homme étranglait une de ses ex- maîtresses parce que cette dernière a osé dire à sa femme qu’il l’avait enceintée et dans le second cas, une jeune femme, seconde épouse se fait battre par son mari impuissant qui a l’âge de son père parce que ce dernier s’est vu dire qu’elle était au restaurant entourée d’hommes dans une tenue indécente. Dans les deux cas, les faits étaient sans conséquences. Tout comme la maman de Salimata, Coumba Seck, personnage incarnant la « femme modèle » dans la série Nafi assiste à la scène où sa coépouse se fait gifler et pour toute réponse, elle lui demande de « muñ » (« endure »). Door nañ jeek ba muy de teewul toog na muñ ci sëyam » (« une femme a été frappé jusqu’à la mort mais cela ne l’a pas empêché de demeurer patiente dans son ménage »). De même Betty, personnage délurée qui provoque les hommes dans la série Pod et Marichou dit à Pod, qui venait s’excuser après l’avoir étranglée sous prétexte qu’il a perdu contrôle et était énervé qu’elle le comprend et rajoute : « Je n’aurai pas dû me comporter comme je me suis comportée ».
Toutefois, ces scènes qu’on banalise, qu’on ne relève pas, qu’on laisse passer sans les condamner farouchement, auxquelles on trouve toujours des justifications subtiles (une robe trop courte ici, une provocatrice par-là) qui légitiment implicitement « la perte de contrôle » sont extrêmement graves. Elles s’impriment dans les imaginaires, les consciences collectives et font qu’une, deux, trois ... 70% de Salimata vont rester jusqu’à la mort. Il n’y a rien de romantique ou d’héroïque au suicide. Le suicide, c’est le désespoir, le noir, la perte d’envie de vivre sous toutes ses formes, le renoncement. En tant que société, nous avons et sommes encore en train de créer et pire, de légitimer une culture du suicide. Lorsqu’on grandit en entendant des phrases aussi graves que « endure jusqu’à la mort », il ne faut pas s’étonner de voir cela appliqué au pied de la lettre. Or, bien sûr, on peut soutenir que le sens de tous ces adages est différent, qu’ils visent à inspirer des valeurs de bien. Mais pourquoi ces valeurs doivent aller dans un seul sens ? Pourquoi ces valeurs sont-elles martelées à la tête des femmes et pas des hommes ? Et on s’étonne des statistiques croissantes et des funérailles qui s’enchaînent à chaque coin de rue sans jamais que les sourires hypocrites n’acceptent de lever le voile sur la vie de maltraitance et d’abus qui a conduit à ce moment.
Pire, dans un contexte où les associations de lutte contre les violences faites aux femmes (Association des Juristes du Sénégal, Réseau Siggil Jigéen, etc.) peinent autant à faire des progrès du fait de la lourdeur sociale qui fait que les femmes soumises à ces violences ne brisent jamais le silence conjugal, qui fait que même lorsqu’elles osent enfin le faire, elles sont renvoyées dans les mains de leurs bourreaux à force de « masla » (« conciliation»), de « soutoura » (« privé / secret ») et de « muñ » (« endurance »), qui fait qu’une femme sur quatre perd la vie au Sénégal dans l’impunité la plus totale, toute image de violence conjugale surtout dans le cadre de séries populaires et très suivies d’adolescents et d’adolescentes qui sont appelés à devenir hommes et femmes, maris et épouses, doit faire l’objet d’une attention particulière. Si les réalisateurs n’ont pas la présence d’esprit de sanctionner dans la série même ces actes de violence, nous devons veiller dans nos communautés à sensibiliser le plus possible pour déconstruire de pareils imaginaires.
Nous devons veiller à dire à nos filles, sœurs, amies, mères, tantes et femmes que l’amour n’est pas synonyme de souffrance et surtout que le mariage n’est pas égale à la mort ou au suicide. Nous devons veiller à les alerter sur les dangers inhérents à cette idée de « c’est par amour qu’il agit comme il agit » ; « c’est parce qu’il est jaloux » ; « Ahh, c’est juste un homme, il faut le comprendre » ; « je dois faire attention » ; « je ne dois pas le provoquer » ; « Dieu me récompensera, j’aurai de bons enfants » ... Liste infinie de justificatifs qui font qu’elles se laissent chaque jour un peu plus entraîner dans le couloir de la mort. Crier sur une personne, la battre, lui confisquer sa liberté, sa dignité, la manipuler, la priver de toute joie et la faire vivre dans la peur constante et permanente et la culpabilité n’est pas de l’amour. Il s’agit d’un crime qui doit être dénoncé, puni et jamais justifié, compris ou légitimé. Il s’agit parfois d’une maladie qu’il faut soigner à force de thérapie et de formation en « gestion de la colère ». Mais dans tous les cas, il s’agit d’actes qu’il faut identifier et reconnaître comme grave et non justifiable.
On incite à chaque fois au pardon ou à la paix. Mais il y a des prérequis et des fondements au pardon et à la paix tels que la reconnaissance du tort, l’acceptation du problème, la responsabilité qui doit être située et l’établissement d’un plan d’action pour y remédier. Combien de Salimata n’ont pas eu cette chance. Encore combien de Salimata faudra-t-il qu’on enterre avant qu’on se réveille en tant que société ? Encore combien de vies brisées pour qu’on comprenne que la culture ne fait pas les hommes ? Les hommes font la culture et aussi dur que cela puisse paraître, il est possible faire évoluer une culture donnée à force de déconstruction et de reconstruction, d’images et d’histoires différentes. Difficile mais possible. Quand est-ce qu’on s’y emploiera ?
Le premier camp féminin de la NBA Academy Africa s’est, ouvert jeudi au stadium Marius Ndiaye de Dakar, en présence de 20 filles venant de 8 pays à constaté APA.
La NBA Academy Africa a porté son choix sur Dakar, la capitale du Sénégal, pour l’organisation de son premier camp féminin sur le continent africain. Il se tiendra du 10 au 12 mai 2018. Sous la supervision d’anciennes joueuses de renom de la WNBA comme Ruth Riley (USA), Astou Ndiaye (Sénégal), Hamchétou Maïga-Ba (Mali) et Clarisse Machanguana (Mozambique), les 20 filles sélectionnées vont perfectionner leur basket.
Au terme de la formation, les meilleures d’entre-elles « participeront au All-Star Game prévu le dimanche 13 mai au Monument de la Renaissance Africaine. »
Inédit en Afrique, ce camp féminin de la NBA Academy Africa entre dans le cadre de la célébration des 20 ans de la fondation Seed Academy (Sport pour l’éducation et le développement économique) basée à Thiès et fondée par Amadou Gallo Fall, vice-président de la NBA en charge du développement en Afrique.
« Seed Academy est une graine qu’on a vu germer, fleurir et produire des fruits. Quand nous jetons un regard sur le rétroviseur, nous avons beaucoup de raisons d’être satisfaits. Cependant, nous sommes conscients qu’il y a encore du travail. Le thème de cet anniversaire est axé sur l’autonomisation de la femme. L’avenir de l’Afrique repose sur sa jeunesse. En inculquant à ses filles le savoir, le savoir-faire et le savoir-être, elles auront confiance en elles et pourront rivaliser avec les hommes voire les dépasser », a expliqué Amadou Gallo Fall.
Pour sa part, Abdourahmane Ndiaye dit Adidas, coach de l’équipe nationale masculine de basketball du Sénégal, n’a pas caché sa satisfaction d’assister à ce camp.
« Le basket, c’est une école. Le coaching ne consiste pas uniquement à apprendre aux jeunes comment jouer au basket. La simple transmission du savoir technique ne suffit pas. Le coaching, c’est une attitude, un comportement. Je crois qu’on peut former un citoyen modèle à travers le sport qui est riche en valeurs comme la tolérance, la discipline et le respect », a martelé l’entraîneur.
Tout comme Gorgui Sy Dieng, joueur NBA des Timberwolves de Minnesota, Astou Traoré, la star de l’équipe nationale féminine de basket du Sénégal était présente.
« Ces jeunes filles ont beaucoup de chance. Ma génération n’avait pas cette opportunité qui nous aurait permis certainement d’intégrer la WNBA, le rêve ultime de toute basketteuse. Ce camp est une fierté pour le Sénégal et pour l’Afrique. Je félicite Amadou Gallo Fall qui s’investit énormément pour le basketball sénégalais. Je suis venue pour encourager mes petites sœurs », a-t-elle dit.
Outre Dakar, en fin 2018, le camp féminin de la NBA Academy Africa va jeter l’ancre en Australie, en Chine et en Inde
FINANCEMENT DE L'ENTREPRENARIAT FÉMININ
La ministre de la Femme, de la Famille et du Genre a remis des notifications de financement d’un montant de 149 millions de francs CFA destinés à 245 projets de femmes
La ministre de la Femme, de la Famille et du Genre Ndèye Saly Diop Dieng a remis jeudi des notifications de financement d’un montant de 149 millions de francs CFA destinés à 245 projets de femmes constituées en autant d’unités économiques pour l’entreprenariat féminin (UEEF) dans les 15 communes du département de Thiès, a constaté l’APS.
Mme Dieng procédait au lancement du programme pilote de financement des unités économiques pour l’entreprenariat féminin, à la Place Mamadou Dia de la commune de Thiès.
Les financements concernés devraient permettre de toucher au total 16.996 femmes membres desdites UEEF, issues des 15 communes du département de Thiès.
La ministre de la Femme a entamé par la capitale du rail sa tournée dans la région de Thiès, déplacement au cours duquel elle se rendra également vendredi à Mbour et samedi à Tivaouane, afin de faire bénéficier les femmes de ces deux autres départements de ce programme pilote, a-t-elle annoncé.
Après les régions de Dakar et de Diourbel , Thiès est la troisième à recevoir la ministre dans le cadre de ses "’consultations régionales", périple devant se poursuivre dans d’autres régions, note sans plus de précisions, un document remis à la presse.
"Pour que le Sénégal soit émergent, il faut que les femmes soient appuyées", a relevé Ndèye Saly Diop Dieng, non sans préciser que les financements accordés par son département sont destinés à toutes les femmes "sans coloration politique", l’objectif visé étant selon lui d’atteindre l’autonomisation de ces dernières.
Outre des financements, les femmes formées dans divers domaines, ont reçu leur attestation des mains de Ndèye Saly Diop Dieng.
Elle a par ailleurs présenté aux femmes des lots de matériel (froid, coiffure) destinés à équiper le CEDAF, le Centre départemental d’assistance et de formation pour la femme de Thiès, qu’elle a promis d’inaugurer en juillet prochain.
Etaient présents à cette rencontre, des organisations féminines, ainsi que des représentants de la société civile et des partenaires techniques et financiers.
PAR NOTRE REPORTER ROUGUIYATOU SOW
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J'AI GAGNÉ MILLE FRANCS POUR MA PRÉMIERE PRESTATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Sa passion pour la coiffure est née dans la cour de l’école primaire alors qu’elle n’avait que 13 ans - Mais pour faire de sa passion son métier Thiané a fait toutes les sacrifices
A force de courage et d’abnégation Thiané Dioum a réalisé son rêve de petite fille en mettant sur pied son propre salon de coiffure sise à Thiaroye Azur. Sa passion pour la coiffure est née dans la cour de l’école primaire alors qu’elle n’avait que 13 ans.
"A l’école j’étais toujours attirée par les coiffures des mes camarades de classe et je m’appliquais à les arranger", raconte t-elle. Elle continue sa narration avec un sourire un peu nostalgique du bon vieux temps empreint de fierté. Mais de sa première tresse réussie au salon de coiffure Thiané a fait face à des sacrifices incroyables.
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UNE VIE POUR LA DANSE
Danseuse et chorégraphe professionnelle, Gacirah Diagne fait partie des icônes de la danse aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger - Formée à toutes les techniques elle a su transformer son rêve d’enfance en réalité professionnelle
Danseuse et chorégraphe professionnelle, Gacirah Diagne fait partie des icônes de la danse aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger. Après une bonne trentaine d’années d’expérience, Gacirah reste aujourd’hui une femme très déterminée et engagée pour la promotion de la danse avec l’Association “Kaay fecc”, héritée en 2001 de Marianne Niox, Jean Tamba, Honoré Mendy et Nganti Towo. Elle a également fait de l’épanouissement et de la réussite de la jeune génération dans la danse et les cultures urbaines son véritable cheval de bataille. Retour sur sa carrière.
Formée à toutes les techniques de danse, danse traditionnelle africaine, classique et contemporaine, Gacirah Diagne a su transformer son rêve d’enfance en réalité professionnelle. Teint clair aux cheveux ondulés et crépus et au silhouette svelte, cette dame est devenue, au fil des années, une danseuse professionnelle comme elle l’a toujours rêvé d’ailleurs depuis son tendre enfance. « J’ai commencé à danser toute petite. J’ai dit à ma maman qui est Somalienne que je veux danser. Comme mes parents avaient une fibre artistique, ils m’ont vite encouragée dans cette voie », confie-t-elle. Toutefois, cette passion pour la danse ne lui a pas empêché de faire des études. Gacirah Diagne a su décrocher son baccalauréat de la série D pour s’inscrire dans une université à New York. Mais, il se trouve que la passion pour la danse la rattrapera et l'a vite prise dans ce pays de l’oncle Sam. Elle finira par arrêter ses études pour mener une belle carrière de danseuse.
« Une de mes premières initiatrice à la danse, c’est Germaine Acogny du temps de son école à rue Raffenel dans les années 1980. J’ai vécu aussi une partie de ma vie à l’étranger, en France et aux Etats-Unis où j’ai été formée dans plusieurs techniques de danse. « J’ai également eu la chance de fréquenter l’école de danse d’Alvin Ailey de New York, un très grand chorégraphe américain et surtout d’avoir accès à des studios qui donnaient d’autres types de technique », informe Gacirah Diagne.
Patriote et très attachée à son cher pays le Sénégal et son terroir Louga, Gacirah Diagne décide de rentrer au bercail. A son retour, une autre carrière et vie professionnelle dans le domaine de la danse l’attendait.
FESTIVAL “KAAY FECC”
En 2001, auprès de Marianne Niox, Jean Tamba, Honoré Mendy et Nganti Towo, d’autres portes et opportunités s’offraient à la danseuse au sourire contagieux. Gacirah Diagne raconte : « De retour au Sénégal, j’ai rencontré les organisateurs du Festival Kaay Fecc. A l’époque, j’étais venue travailler pour une structure culturelle américaine qui avait un événement avec un focus sur la danse et les chorégraphes africains ou d’origine africaine et qui voulait étoffer leur programmation. Et c’est comme cela que j’ai rencontré l’Association Kaay Fecc et j’ai fini par m’impliquer dans l’organisation du festival. En tant que danseuse juste après, c’était naturel pour moi d’intégrer l’équipe Kaay fecc après la première édition du Festival Kaay Fecc, en 2001 ». A l’en croire, au départ, c’était pour mettre une plateforme pour la danse et montrer les créations chorégraphiques qui se faisaient dans la danse, particulièrement dans la danse contemporaine, et l’ouvrir à toutes les autres formes de danse. « D’ailleurs, c’est pour cela que nous avons dénommé le festival, festival international de toutes les danses », dit-elle. Depuis qu’elle en a les rênes, Gacirah a su rehausser le festival Kaay Fecc qui est à sa 9ème édition. Son objectif est de rendre les danseurs maîtres de leur art pour en vivre dignement. Pour la présidente de l’Association Kaay Fecc, construire une carrière de chorégraphes, de danseurs nécessite beaucoup de sacrifices. Il faut travailler dur et se faire respecter surtout du côté des femmes. Car, soutient-elle, il y a des gens qui ont une mauvaise perception de la danse. « D’aucuns pensent que lorsque vous êtes danseuse, vous êtes une fille facile. Mais, il faut se battre et savoir répondre dans ces cas-là, surtout être sincère, digne dans ce qu’on est et se faire respecter pour pouvoir rassurer les parents », argue-t-elle. Non sans préciser qu’ aujourd’hui, l’important avec cette association, c’est qu’ils progressent. « Nous avons de bons danseurs malgré l’adversité. Une génération de chorégraphes et de professionnels, que ça soit dans la danse traditionnelle, contemporaine et la danse hip hop. Il y a des avancés certes, mais nous continuons à nous battre, à faire des sacrifices pour qu’il y ait plus de créations chorégraphiques de qualité et également plus de jeunes qui gagneraient leur vie dans la danse », rassure Gacirah Diagne.
En ce sens, elle compte aider les jeunes pour qu’ils puissent s’ouvrir et se confondre aux autres. Parce que c’est comme cela qu’on construit son expérience. Et cette ouverture commence au niveau national puis sur le plan international.
PROMOTION DES CULTURES URBAINES
Infatigable, Gacirah Diagne est aussi très engagée pour la promotion des cultures urbaines. Ancienne conseillère en « Cultures urbaines » au ministère de la Culture, elle fait actuellement partie des administrateurs de la Maison des Cultures urbaines de Dakar, récemment inaugurée à Ouakam. Elle en est la responsable du pôle Danse. Elle explique son engagement par le fait que la jeunesse soumet un besoin. « Et je me dis, il faut les soutenir, les encadrer, les accompagner. Nous ne connaissons pas toute la science. Mais ce nous savons, nous le partagerons. Car, à ces jeunes, il faut leur donner de la motivation, de l’espoir et il faut qu’ils arrivent à prendre en charge leur secteur, à se responsabiliser dans cela, comme dans tous les autres corporations », affirme-t-elle. Et de poursuivre, « certes, en ce sens, un fonds d’aide a été octroyé aux cultures urbaines. Mais, il n’est pas suffisant car cette subvention est ouverte à toutes les disciplines. Nous sommes chargés de la danse au niveau de la Maison des cultures urbaines qui est en train de construire un studio de danse. Nous sommes sur le terrain et nous faisons en sorte que les conditions soient meilleures pour les danseurs et les autres disciplines des cultures urbaines ».
LA SÉNÉGALAISE QUI DIÉTÉTISE LES PÂTISSERIES
Diplômée en technologie et microbiologie alimentaire, Ama Kane, 22 ans, fait des gâteaux et cakes à base d'aliments locaux, frais et biologiques
La jeune diététicienne veut qu'en mangeant ses gâteaux, les fins gourmets sénégalais retrouvent dans les goûts, les saveurs du pays.
Gâteaux au bissap, cakes à la mangue, biscuits et glaçage au bouye... Ama Kane fait ses gâteaux à la demande. Elle a cofondé "les Régals du Djolof" et compte ouvrir bientôt des points de vente dans des écoles de la Teranga afin de permettre aux écoliers de manger sucré mais sain.
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LE SÉNÉGAL SOUHAITE ABRITER LA CAN FÉMININE DE HAND 2022
Une candidature sera déposée à cet effet, en octobre
Le Sénégal est candidat à l’organisation de la CAN féminine de handball en 2022, a annoncé le président de l’organe national chargé de la discipline, Seydou Diouf.
Il a déclaré la candidature sénégalaise à l’occasion d’une audience accordée par le ministre des Sports, Matar Ba, au président de la Confédération africaine de handball (CAHB), Amerou Mounirou, vendredi, à Dakar.
‘’En octobre, nous allons déposer la candidature du Sénégal pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations féminine’’, a dit le président de la Fédération sénégalaise de handball (FSHB), cité par le journal sénégalais Stades, dans son édition de ce week-end.
Accompagné de Seydou Diouf, Amerou Mounirou a visité le site du ‘’Dakar Arena’’, le palais des sports en construction à Diamniado, à une trentaine de kilomètres de Dakar.
Cette infrastructure sportive sera inaugurée en juillet prochain. Elle va abriter les compétitions de la CAN féminine de handball, si la CAHB accepte de confier au Sénégal l’organisation de cette rencontre.
Amerou Mounirou a assisté samedi à une réunion du comité exécutif de la FSHB.
PAR NOS REPORTERS MAMADOU LY ET ALIOUNE G SALL
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DES TABLES DE L'ÉCOLE À LA TABLE DES MESURES
EXCLUSIF SENEPLUS - Aminata a tout appris en le cachant à ses parents qui ne voulaient pas qu’elle devienne styliste, modéliste
Mamadou Ly et Aliou G Sall |
Publication 05/05/2018
Elle a tout appris en le cachant à ses parents qui ne voulaient qu’elle devienne styliste, modéliste. Pour les convaincre Aminata Faye a réussi à faire de sa passion son métier.
Aujourd’hui propriétaire de la marque ‘’MINAFSOSS’’, Aminata retrace son parcours sur www.seneplus.com.