Avoir une terre pour développer des activités génératrices de revenus n’est pas toujours chose aisée pour les femmes. Même si elles en disposent parfois, il se trouve que trop souvent, elles n’ont aucun contrôle sur cette terre qui est la plupart du temps un bien commun. Si l’on en croit les personnes interrogées, la méconnaissance de leurs droits, les coutumes et les traditions qui les confinent dans un rôle secondaire, sont les principales causes de ce faible accès des femmes à la terre.
Très présentes dans de petites activités génératrices de revenus telles que le maraichage, l’agriculture familiale et parfois gestionnaires de grands projets d’agriculture, les femmes peinent très souvent à accéder à la terre. Et si accès il y a, c’est le contrôle de cette terre qui fait défaut. Pourtant au Sénégal, aucune loi ne discrimine la gent féminine dans l’octroi de la terre. La loi n° 64-46 du 17 juin 1964 sur le domaine national, la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale adoptée en 2004 et les conventions internationales que le Sénégal a ratifiées garantissent l’équité et l’égalité à l’accès à la terre.
Les seuls goulots d’étranglement restent la coutume et les traditions qui confinent la femme dans une position où elle est obligée de tout attendre, mais aussi l’ignorance de ces dernières de la place qu’elles doivent occuper dans les instances de décision. De simple agricultrice, elle est devenue une des femmes les plus actives dans l’exploitation de la terre. Tiné Ndoye, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est la présidente nationale du «Réseau des Femmes rurales et Développement». Habitant la zone des Niayes, elle est actuellement membre de la fédération des agropasteurs de Diender et conseillère au Conseil économique social et environnemental (Cse).
TINE NDOYE, FEMME LEADER DANS SON DOMAINE
Sa percée dans le foncier elle la doit à sa présence très tôt dans les instances de décisions locales. « Je fait partie des premières femmes conseillères du Sénégal. J’ai compris avec mon poste de responsabilité que la non représentativité des femmes aux instances de décision est une cause considérable de leur absence au contrôle de la bonne terre », a-t-elle estimé. A part la faible représentativité aux instances de décisions, les femmes sont aussi bloquées par l’ignorance des possibilités qui leurs sont offertes, signale Tiné Ndoye. Appuyée par les organisations non gouvernementales elle a pu, en plus de sa présence dans les instances de décisions locales, acquérir une expérience qui lui a valu la maitrise du processus à suivre pour acquérir des terres. Actuellement, femme leader dans son domaine, Tiné Ndoye souhaite qu’une sensibilisation soit faite afin de permettre aux femmes de connaitre la voie à suivre. Cette faible présence des femmes aux instances de décision peut être une cause du non accès et du contrôle du foncier. Mais selon la présidente du conseil d’administration d’Enda tiers monde, Mariéme Sow, il ne saurait être le seul blocage. « La religion quelque fois on la cite comme frein, mais quand on a fait parler les marabouts, on a senti que la religion n’interdit pas la répartition des biens laissés par les parents. Si on suit la religion peut-être la femme aurait la moitié, mais elle a droit au foncier. Cependant, la tradition a fait de sorte que la terre ne soit pas répartie individuellement entre les membres d’une même famille », déplore-telle.
Pour Mariéme Sow, le frein à l’accès des femmes à la terre, c’est l’esprit des anciens qui veut que la terre soit un bien pour toute la famille. De l’avis de la présidente du Conseil d’administration d’Enda Tiers monde, la loi sur le domaine national qui garantit un accès de la femme à la terre n’est pas bien appliquée. « L’esprit de la loi sur le domaine national est de faire de la terre un bien national confié aux élus locaux. Cette loi veut aussi que la terre soit donnée à tout Sénégalais ou Sénégalaise qui en fait la demande. Cependant, il s’est trouvé que cette loi sur le domaine national qui avait ouvert grandement la porte à la femme demandeur de la terre, n’a pratiquement pas été dissociée en milieu rural de l’aspect coutumier », fait-elle remarquer.
Chercheur à Initiative prospective agricole et rural (Ipar), Ndeye Yande Ndiaye soutient que seules 13% des femmes sénégalaises ont un accès et un contrôle sur des terres. Elle souligne ainsi que les femmes occupent très souvent des portions de terres qui leurs sont prêtées. Comme la présidente du conseil d’administration d’Enda tiers-monde, Ndeye Yandé Ndiaye indexe, elle aussi, la coutume comme étant le principal frein à l’accès et au contrôle des femmes à la ressource foncière. « Quand on parcourt la loi ainsi que la Constitution sur les droits fonciers des femmes, on voit qu’on consacre le principe d’égalité entre hommes et femmes en matière de propriété foncière ».
Pour l’historienne, Penda Mbow, beaucoup d’avancées ont été réalisées dans la lutte contre les traditions qui nuisent à la femme. Mieux, dit-elle, la réforme foncière a beaucoup intégré la question de l’accès des femmes au foncier. « Il y a plusieurs années, les femmes n’avaient pas accès à la terre ou bien celles qui avaient accès à la terre disposaient de celles qui sont moins fertiles et moins productives. Aujourd’hui, il y a une prise de conscience et on voit que les femmes qui sont dans le domaine de l’agriculture arrivent à des niveaux de réussite rarement égalés ». Cependant reconnait-elle, des efforts restent à faire.
SENSIBILISER POUR INVERSER LA TENDANCE
Les femmes rurales ne connaissent pas leurs droits. Une méconnaissance profitable aux chefs coutumiers, qui eux aussi, font fi de la loi au profit de la coutume. Par conséquent, selon le chercheur à l’Ipar, Yandé Ndiaye, il faut une sensibilisation pour que les femmes sachent leur place dans la société. Mieux juge-t-elle, il faut que la promotion des droits fonciers de la femme soit faite en vue d’un changement de comportements. L’accès des femmes à la bonne terre et son contrôle passent également par leur intégration dans les organes de décisions. «Il faut que les femmes aient la capacité de participer, d’intégrer les pouvoirs de décisions afin qu’elles aient la capacité de poser le problème concrètement en tant que membre de la société», dit-elle. La présidente du Conseil d’administration d’Enda tiers-monde trouve pour sa part nécessaire la création de groupes paritaires reconnus, chargés de la répartition des terres de manière équitable.
En préconisant le renforcement de capacités, Mariéme Sow trouve important que les femmes se soutiennent mutuellement pour aller à la conquête du pouvoir. Le développement de compétence personnelle est aussi un élément qui peut réduire l’inégal contrôle de la terre, croit savoir la présidente du conseil d’administration d’Enda tiers-monde.
PAR NOTRE REPORTER MAMADOU LY
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WAW GIRLS
Elles sont jeunes, belles et elles veulent s'imposer dans l'espace Internet - Soukaye, Sokhna et Mama veulent révolutionner le petit monde de la tech au Sénégal - MARS, MOIS DES FEMMES
Elles sont jeunes, belles et elles veulent s'imposer dans l'espace des internets. Soukaye Rose Diatta, Sokhna Sy et Mama Dansira Dembélé naviguent dans le haut débit.
Etre femme et journaliste peut être un fardeau. Quand on y ajoute ‘’mariée’’, le doute n’est plus permis. Les heures de travail à la rédaction peuvent être infernales et les obligations sociales ne permettent pas toujours de suivre le rythme. Dans cet environnement sexiste, une femme a su s’imposer d’abord en tant que reporter traitant de questions politiques et aujourd’hui manager d’un groupe de presse qu’elle a crée et mis sur pied. Elle dirige une entreprise de 70 personnes travaillant à 7TV la télévision et Az Actu, le site d’informations générales. Il s’agit de Maïmouna Ndour Faye dont EnQuête vous dresse ici le portrait.
Maïmouna Ndour Faye n’a pas besoin de dire ‘’niari lokhoy takk toubeuy té moy takk seur’’, elle en est l’incarnation parfaite. Loin de celles qui pensent qu’être femme est un handicap, elle est convaincue que le genre importe peu. ‘’Je ne regarde pas les gens en insistant sur le sexe. Pour moi, nous sommes tous des êtres humains. Je perçois le milieu comme un espace où il faut se faire une place à force de travail, de persévérance, d’abnégation, de détermination’’, défend-elle.
Le milieu détermine l’Homme dit-on souvent. Maïmouna Ndour doit ainsi cette philosophie de vie à l’éducation inculquée par son père. Ce dernier lui a toujours fait comprendre que ‘’goor baxna, jiggen baxna’’. En tant qu’aînée, elle a eu des responsabilités très tôt et a accepté de les assumer.
Elle jouait le rôle de fille et de garçon dans la maison. Elle s’occupait des travaux ménagers et n’hésitait pas à changer des ampoules ou autre. Elle s’est ainsi forgé un certain caractère, une manière d’appréhender la vie. Ce qui lui a servi dans son évolution au sein de la société mais également dans sa vie professionnelle. Brillante élève, Maïmouna Ndour Faye a fait ses humanités à l’école primaire des HLM Patte d’Oie avant de terminer son cursus à l’école El hadji Mamadou Ndiaye de Ouakam.
Le CEM de ce village lébou la reçoit plus tard puis le lycée Galandou Diouf. Brillante élève, après l’obtention du baccalauréat littéraire, elle est orientée à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, précisément au département d’anglais. On est en 2000. Au cours de sa Maîtrise, elle décide de suivre un cursus en journalisme.
Ne croyez pas que c’est parce qu’elle n’avait aucune autre option dans le domaine professionnel. Loin de là. Cette trentenaire avait juste décidé de vivre sa passion. Le concours d’entrée au Centre des sciences de l’information (Cesti) en ligne de mire, elle décide de se faire la main en attendant. Soutenue par l’ancienne secrétaire générale du syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), Diatou Cissé, elle intègre la rédaction de Walf Quotidien.
De la tutelle de Jean Meissa Diop, elle passe sous celle de Mbagnick Ngom. Ils lui donneront ses ‘’vrais’’ premiers cours d’écriture. Depuis longtemps, Maïmouna savait ce qu’elle voulait devenir. C’est ainsi que devant son miroir, dans l’intimité de sa chambre, elle jouait aux présentatrices. Elle s’essayait à lancer des chapeaux ou à écrire des textes.
Ce qui lui a d’ailleurs facilité son apprentissage. ‘’J’ai toujours aimé les métiers qui touchent la prise de parole, la liberté et c’est ce qui explique peut-être mon attirance, ma passion pour le journalisme’’.
Le passage à Walf
Au début, elle devait passer trois mois dans la rédaction de Walf Quotidien. Mais elle a vu son stage être prolongé. ‘’Les gens trouvaient que j’avais le niveau en terme de traitement de l’information tout comme en terme d’écriture’’, s’est-elle souvenue.
La journaliste doit cette aisance, en outre, à son niveau universitaire. Aussi, au moment où elle a décidé de se consacrer à sa passion, elle s’est donné les moyens de sa politique. ‘’Je lisais les livres de grands journalistes de cette époque (ndlr au début des années 2000). Ils disaient que la presse écrite est formatrice’’, déclare-t-elle.
D’où son choix de commencer par ce médium même si l’objectif depuis le départ était la télévision, la présentation. Dans l’optique d’atteindre ce dernier, après Walf Quotidien, elle est allée à Walf Fm où elle passera quelques mois, histoire de travailler sa diction, sa voix, avant de revenir à sa première rédaction.
Après 8 mois de bons et loyaux services à Walfadjri, Maïmouna Ndour est recrutée par Canal Infos News. Un cursus jusque-là pas évident non pas parce qu’elle n’a pas fait d’école de journalisme mais parce qu’elle est entrée dans un monde assez sexiste. Il est de notoriété publique que les patrons de presse, surtout pour les médias écrits, ne veulent pas de femmes mariées dans leurs rédactions.
Parce que souvent, elles font la part belle à leurs obligations sociales au détriment de leur devoir professionnel. Du moins, pensent-ils. Maïmouna Ndour Faye est le contraire de cette perception.
Elle a intégré les rédactions en étant mariée et a su s’imposer en tant que reporter au desk politique. ‘’Dans la presse, les femmes cherchent trop de prétextes pour ne pas faire le travail. Moi, je me suis toujours organisée pour respecter mes heures de travail et des fois même aller au-delà’’, affirme-t-elle. Ce qui lui a permis de gravir les échelons rapidement et d’avoir le carnet d’adresses qu’il faut.
De reporter à Canal Infos, en 5 ans, elle est passée à coordonnatrice de la rédaction puis rédactrice en chef et enfin ‘’dame à tout faire’’. Elle en avait les capacités telles que l’assure son ancienne collègue Ramatoulaye Diaw : ‘’Je côtoie Maimouna Ndour Faye depuis 2007. Nous avons débuté notre cheminement en tant que collègues à Canal Info News. J’ai vu en elle une passionnée du journalisme et des médias. Elle est du genre à investir son temps, son énergie et même ses moyens matériels et financiers pour aboutir à un travail journalistique bien fait, ce qui lui a valu de gravir différents échelons et d’être portée à la tête de la rédaction’’.
Et pour mieux se faire valoir et consciente que les diplômes sont parfois importants, elle a entamé un cursus académique. ‘’Quand je suis allée à Canal Infos, j’ai jugé nécessaire de faire une formation pour compléter un peu le cursus universitaire. J’y ai fait un master en journalisme et communication. C’était comme une validation des acquis professionnels’’, sourit-elle.
A cela s’ajoute beaucoup de temps passé devant le petit écran à suivre les journaux de la RTS puis des télévisions privées. Tout cela pour comprendre et mieux réussir son incursion dans le monde des médias.
L’invitation de Barack Obama
Dans un milieu assez macho et souvent misogyne, elle a su se faire respecter. Seulement, ne croyons pas que ce sont les hommes qui s’opposaient à son leadership. ‘’Ne pensez pas que les résistances viennent juste du côté des hommes. C’est des deux côtés. Parfois même on a plus de mal avec les femmes’’, avoue-t-elle. Or, ce sont ces dernières qui devraient peut-être plus la soutenir.
En outre, ‘’moi quand on me confie des responsabilités, je sais en prendre la pleine mesure et les assumer. Je sais comment faire accepter mon leadership et j’y arrive’’, assure-t-elle. Ce que confirme Ramatoulaye Diaw : ‘’MNF est une valeur sûre du journalisme qui a su s’imposer au fil des années. C’est une femme qui sait ce qu’elle veut et qui se donne les moyens de l’obtenir, le tout, dans le respect des règles édictées par la profession et la morale. C’est une femme leader qui sait manager ses équipes rigoureusement mais avec humanisme’’.
De nature rebelle et ambitieuse à souhait, elle voit toujours les choses en grand. Après son expérience à Canal Infos où elle dit avoir tout appris, elle a créé son entreprise 3M universel. Maimouna mûrissait le projet depuis quelques années.
‘’Le déclic a eu lieu aux USA avec la première promotion des Young african leaders (Yali). Nous étions les premiers du programme avec une autre Sénégalaise évoluant dans le domaine des microfinances. On a été invitée aux USA par Barack Obama. Rencontrer ce dernier était un moment faste mais ce n’était pas le seul moment important. On nous a fait découvrir la crème de l’économie américaine. On a rencontré de jeunes entrepreneurs américains qui avaient 25 ans et qui employaient plus de 25 mille voire 50 mille personnes. De belles tranches de vie nous ont été contées. Depuis mon retour de ce voyage, je mûrissais le projet de mettre en place mon projet’’, raconte-t-elle.
Quand les choses ont pris forme, elle a monté un projet costaud et viable qui lui a permis de décrocher un prêt bancaire et de démarrer son business. C’est ainsi qu’est née son entreprise qui a débuté dans la production audiovisuelle.
C’est dans ce cadre qu’elle avait signé un contrat avec la 2Stv. ‘’Je tenais à faire mes produits et avoir le temps nécessaire de les faire. Je n’étais pas que productrice pour la 2Stv, je prenais part aux activités de la Rédaction. Je m’y suis engagée au point que certains ont pensé que j’étais recrutée par la 2Stv alors que ce n’était pas le cas. C’est juste que quand je m’engage, je me donne à fond’’, dit-elle.
Aujourd’hui, 3M Universel grandit. Des productions audiovisuelles, l’entreprise est passée à la mise en place d’un site d’informations générales ‘’Az Actu’’ créé en 2015. Ne voulant pas faire comme beaucoup de sites, la journaliste a senti la nécessité de créer une rédaction avec une vingtaine de journalistes et techniciens. Aujourd’hui, elle est à une équipe de 70 personnes. ‘’J’engageais des gens en prévision d’un autre projet qui était la télé. Je voulais qu’ils se familiarisent avec le traitement qu’on veut’’, précise-t-elle.
‘’Personne sensible et généreuse’’
Aujourd’hui, c’est l’heure de la télévision, 7TV qui, assure-t-elle, va démarrer ses programmes incessamment. ‘’L’équipe est au complet, le dispositif également. Les journalistes sont là depuis 2 mois’’, lance-t-elle sur un ton fier. Il y a de quoi l’être. Maïmouna Ndour Faye est la première femme sénégalaise ayant fait tout son cursus au pays avant de porter un projet de groupe de presse.
Et après la télévision, le challenge sera de mettre sur pied une radio. Le journal papier n’est pas dans les perspectives de 3M Universel parce que ‘’l’environnement est morose et on est à l’ère du numérique’’, est convaincue Mme Faye.
Mais pour l’instant, elle se concentre sur son projet de télévision. Cette mère de deux enfants souhaite faire dans l’infotermaint. Ne comprenez pas ‘’information et divertissement’’ mais plutôt ‘’l’information à travers le divertissement’’. Elle compte innover de ce côté-là. C’est une autre facette de cette jeune dame aux allures de ‘’garçon manqué’’ malgré son tissage. ‘’Elle est très entreprenante et dotée d’un sens de l’innovation’’, témoigne d’ailleurs Ramatoulaye Diaw.
Maïmouna Ndour compte le démontrer. Et avec la 7TV, les Sénégalais découvriront une autre manière de présenter les informations. Ne croyez pas que ce sera à la ‘’Kouthia Show’’. Loin de là. Mais ce ne sera pas comme ce que l’on voit actuellement.
Simple, sans fioritures, Maïmouna Ndour ne renvoie pas, physiquement, l’idée qu’on se fait ici des femmes de télévision. Elle ne se maquille pas quotidiennement, ne s’encombre de trop de bijoux ou d’une tignasse de cheveux brésiliens. Elle est toute simple, sobrement habillée mais avec goût. Certains la trouveront trop simple, à la limite la compareront à un garçon manqué. Parce qu’elle considère déjà que ce que les hommes peuvent réussir, elle peut le faire. Rester à la rédaction de 8h à 22h ou y passer la nuit ne la dérange pas même si elle est mariée et a des enfants.
Tant que le devoir professionnel l’appelle, elle sera là. Une patronne comme ça exigera cela de ses employés. Seulement, comme le souligne Ramatoulaye Diaw, ‘’sous ses airs de femme de fer, se cache une personne très sensible, généreuse tant dans le partage du savoir que ses biens matériels. J’ai été le témoin privilégié de plusieurs occasions où elle a eu à soutenir et accompagner des jeunes qui voulaient embrasser la carrière de journaliste’’. Elle-même en est l’exemple patent. ‘’Elle m’a ouvert certaines portes dans ma carrière professionnelle en toute générosité’’, dit-elle. Cela ne signifie pas que Maïmouna Ndour Faye n’a pas de défaut. Elle n’est pas parfaite. ‘’Son seul défaut est qu’elle peut s’emporter avec fougue parfois, mais c’est parce qu’elle prend son travail à cœur et avec passion. Toutefois, elle n’est pas rancunière’’, renseigne son ex-collègue.
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"SONGUÉ DIOUF A COMMIS UN DÉLIT"
La psychologue-clinicienne Ndeye Khaira Thiam, revient sur les propos polémiques du chroniqueur de l'émission Jakarlobi, à propos des femmes
"L'apologie du viol est un délit inscrit dans le code pénal sénégalais à l'article 248, où il est très clairement indiqué qu'on n'a pas le droit de justifier des faits délictueux", a-t-elle indiqué.
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PAR OUMOUL KHAÏRY COULIBALY-TANDIAN
LE FREIN MAJEUR À LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES
L’une des principales entraves est l’impunité des auteurs - Comment faire constater un viol à temps et conserver les preuves dans des villages enclavés, dépourvus de moyens de santé et judiciaires est plus que criant ?
Le mode d’établissement des preuves, un frein majeur à la lutte contre l’impunité des violences sexuelles faites aux femmes et aux filles au Sénégal.
En ce 8 Mars 2018, journée internationale de la femme, le Sénégal met le focus sur l’autonomisation des femmes et des filles rurales. Cette autonomisation doit être pensée de façon systémique, en prenant en compte tous les domaines dans lesquelles elles sont confrontées à des injustices de nature diverse et les contraintes multiples qui limitent leur possibilité d’influencer leur environnement. L’autonomisation implique également que ces femmes et ces filles vivent et s’épanouissent dans une société sûre et qu’elles aient la possibilité et les capacités à éliminer les violences dont elles sont victimes et à revendiquer leurs droits.
Nous savons que l’une des principales entraves à la lutte contre ces violences et à la protection des droits des femmes victimes est l’impunité des auteurs.
Rendons hommage aux femmes des comités de l’ONG RADI qui travaillent en zone rurale dans la région de Kolda dans le but de contribuer à l’autonomisation légale des femmes, des filles et à l’amélioration de l’accès à la justice des victimes de violences sexuelles.
Outre les pesanteurs socioculturelles et les limites inhérentes à la législation sénégalaise, le mode d’établissement des preuves en cas de violences sexuelles, en particulier de viol, constitue une contrainte majeure à la sanction des auteurs et prévention de ce fléau.
Mais comment faire constater un viol à temps et conserver les preuves dans des villages enclavés, dépourvus de moyens de transport et où le déficit de services et de moyens de santé et judiciaires est plus que criant ?
Au Sénégal, seul le médecin, parce qu’assermenté, est habilité à établir un certificat médical constatant un viol. Mais cette restriction contribue à l’impunité dans ces zones où il faut aller jusqu’à la ville de Kolda pour rencontrer les médecins, dont le nombre est plus que limité pour une population de plus de 600 000 habitants.
Sans oublier le coût de ce certificat médical, 10 000 FCFA, et qui n’est pas à la portée de tout le monde dans ces zones. Et d’ailleurs, ce certificat médical, tant exigé, peut constater l’acte sexuel mais ne peut dire par qui et comment.
Ou encore du déficit de personnel judiciaire, pour exemple, le procureur au Tribunal de Kolda, chargé de poursuivre et responsable des enquêtes, ne compte qu’un seul substitut ; une situation qui peut avoir un impact sur le temps nécessaire qui doit être consacré à la recherche de preuves et sur la durée des procédures.
Autre obstacle majeur à l’établissement des preuves scientifiques et à la sanction des auteurs est lié aux enquêtes. Faute de moyens, les enquêtes se limitent principalement aux déclarations des deux (02) parties. Et nous savons que dans la plupart des cas, au récit de la victime s’opposent les dénégations de l’auteur présumé.
Paradoxalement, c’est finalement à la victime d’apporter les preuves de son agression si elle veut obtenir réparation, faute de quoi, l’accusé bénéficie très souvent d’un relax ou d’une requalification des faits.
Ainsi, la détresse de la victime est accentuée par cette situation qui peut donner l’impression de désinvolture de la part de la justice, cela d’autant plus que son consentement est toujours présumé tant que le contraire n’est pas démontré.
Ainsi, sans aveu ni témoin, il est en effet difficile de condamner un accusé de viol, par exemple, quand il n’y a pas de recherche de signes de lutte, de prélèvement de sperme et d’analyse de traces ADN, des vêtements de la victime, un travail de police scientifique auquel ces agents ne sont pas forcément formés, sans compter le fait qu’il faut aller jusqu’à Dakar pour trouver un laboratoire d’analyses, sans compter le coût.
Certes, un travail important doit être fait pour sensibiliser les populations sur la conduite à tenir pour rassembler et conserver les preuves ainsi que sur les voies et moyens de saisine de la justice, mais il faudrait d’abord que l’environnement et les conditions techniques permettent le respect des indications médico-légales permettant de constater l’infraction. Ce qui n’est pas toujours le cas, en particulier en zones rurales.
Tous ces facteurs contribuent à la fois à la non dénonciation, à l’impunité des auteurs dans les rares cas où la justice est saisie et la banalisation des violences sexuelles.
Afin de tenir compte de la spécificité des violences sexuelles, le mode d’établissement des preuves doit évoluer.
L’Etat doit également renforcer la formation des agents judiciaires, d’une part, à la prise en charge des victimes de violences sexuelles et, d’autre part, à mener des investigations adaptées à ces types d’infractions.
Les organisations de défense des droits des femmes doivent mettre sur pied et partager avec les agents judiciaires, un protocole présentant les lignes directrices et recommandations pour améliorer le mode d’établissement des preuves et définissant, pour chaque étape et selon le profil de la victime, la conduite à tenir tout en protégeant les victimes et, éventuellement les témoins, et les droits de l’accusé.
Oumoul Khaïry Coulibqly-Tandian est sociologue et coordinatrice scientifique du projet de recherche-action "Violences sexuelles et accès à la justice pour les femmes rurales d’Afrique de l’ouest. Cas de la Mauritanie et du Sénégal", exécuté par le RADI, avec le soutien financier du CRDI (Canada).
TEXTE COLLECTIF
POUR UNE CULTURE DU RESPECT DU CORPS DES FEMMES
EXCLUSIF SENEPLUS - De nombreux hommes et même des femmes pensent comme Songué Diouf - Les femmes n’ont pas à justifier leur manière de s’habiller - Le consentement est au cœur de l’acte sexuel dans une société organisée
Il y a eu de nombreux hommes qui ont condamné sans ambages les propos de Songué Diouf. Ce dernier, qui intervenait à propos des viols, dans l’émission Jakaarlo du vendredi 09 mars 2018 à la Télé Futurs Média (TFM), coupait « la poire en deux » renvoyant dos à dos violeurs et victimes au motif que certaines femmes par leurs formes généreuses ou leur manière de s’habiller invitaient les hommes à les violer. D’autres hommes, une minorité certes, ont pris la défense de Songué allant même jusqu’à considérer que les hommes qui jugent inacceptables ses propos jouent aux filous en cherchant à s’acheter une bonne conscience.
Pendant que le débat sur les violences sexuelles à l’égard des femmes mis en avant par les mouvements #balancetonporc et #metoo fait rage au point que dans de nombreux pays, les hommes sont en train de faire leur introspection, chez nous un enseignant de philosophie, chroniqueur en vue d’une émission hebdomadaire bien suivie considère que l’accoutrement d’une femme ou ses formes peuvent justifier ou inciter au viol ! Il y a malheureusement de nombreux hommes et même des femmes qui pensent comme Songué Diouf. C’est un problème politique de notre temps lié à la banalisation du viol que la sociologie traduit par le terme de culture du viol.
La culture du viol exprime la manière dont le viol est perçu dans l’imaginaire collectif, dans une société donnée et à une époque donnée. Elle établit que la représentation du viol dans une société dépend d’un ensemble de croyances et d’attitudes. On peut entretenir la culture du viol sans pour autant être un violeur soi-même ou soutenir le viol de manière publique. Elle découle de croyances et d’attitudes profondément ancrées dans nos sociétés et souvent relayées de manière inconsciente. La culture du viol suppose que les individus entretiennent un certain nombre d’idées reçues concernant la notion de consentement à l’acte sexuel, le profil des victimes de viol et celui des agresseurs.
Si dans certaines sociétés le dynamisme des mouvements féministes, la force de la règle de droit et le recul des tabous sociaux permettent de mieux appréhender la culture du viol et d’en traiter les effets, chez nous un certain nombre de contingences sociales et religieuses en font encore un sujet mis sous le boisseau alors que de nombreuses femmes, et même des gamines qui ne sont pas encore sorties de la petite enfance en sont victimes. Elles sont victimes pas coupables.
Nous pensons donc qu’il est important que les hommes s’élèvent contre cette culture du viol, que reflètent les propos de Songué Diouf partagés par trop d’hommes et de femmes. Il est temps de développer une culture du respect des droits des femmes en commençant par rappeler certains acquis qui sont loin d’être assimilés :
- Les hommes et les femmes sont égaux en droit ;
- Le consentement est au cœur de l’acte sexuel dans une société organisée ;
- L’espace public appartient à tous, aux hommes comme aux femmes. Les femmes n’ont pas à justifier leur manière de s’habiller. C’est leur liberté.
Il ne faut pas être un doctorant pour savoir que la présence féminine dans le showbiz est très faible par rapport à celle des hommes. Et quand elles y sont, c’est pour jouer les seconds rôles. Des politiques publiques à leur égard et une discrimination positive. Voilà ce qu’elles souhaitent.
Bijoux, strass, paillettes, voilà entre autres les signes extérieurs du showbiz. Et c’est la femme qui, bien naturellement, les vulgarise. Mais malheureusement, les dames ne sont pas assez présentes dans ce milieu. Seuls 30% des travailleurs du secteur de la musique en Afrique de l’Ouest sont des femmes. Et la majeure partie du temps, elles sont cantonnées aux seconds rôles comme choristes, maquilleuses etc. Comment augmenter leur présence dans des postures importantes dans le showbiz ? C’est à cette question que devait répondre le panel de la Urban women week, organisé vendredi passé à la Maison des cultures urbaines.
Pour Guiomar Alonso Cano, conseillère régionale pour la culture de l’Unesco, il faut une politique publique allant en ce sens dans un premier temps. Ensuite, une discrimination positive sur les programmes de formation devrait avoir comme finalité la création de modèles de réussite pour faire des émules. Bien qu’étant d’accord sur la solution que Guiomar Alonso Cano a proposée, Rokhaya Daba Sarr estime qu’il faut au préalable «entrer dans le showbiz». La directrice du Festival Africa fête estime que «la difficulté vient d’abord des femmes. On hésite à foncer, à entreprendre». C’est la seule façon, à ses yeux, de changer la donne. «La femme cherche à travailler, mais elle ne gagne pas bien (de l’argent) du fait de sa position. Dans la musique, quel est son rôle ? On est soit danseuse ou bien choriste pour gagner 50 mille Cfa parci et 75 mille Cfa par-là. Alors que les hommes gagnent beaucoup plus», a-t-elle déclaré. L
La présence féminine dans le monde culturel, jugée peu satisfaisante, est due en grande partie à la perception par cette dernière de son rôle. Pour Fatim, rappeuse et pré- sentatrice d’émission, c’est «de faire sa passion et trouver les moyens d’en vivre». Tandis que pour la chanteuse du groupe Takeïfa, Ma Keïta, c’est «une industrie dans laquelle elle doit se battre pour s’en sortir». En tout état de cause, le plus important «c’est un bien culturel qu’il faut vendre», tranche Rokhaya Daba Sarr. A la question de savoir comment le faire, Ma Keïta qui a une riche expé- rience en la matière estime qu’il faut miser sur le spectacle vivant. «Le spectacle vivant est en plein essor un peu partout en Afrique. Le soutenir est un moyen majeur pour le développement de nos industries.» Le digital ? «Ce n’est pas certain qu’il puisse changer la donne. On n’a pas encore compris le procé- dé. Il y a une transformation en cour. Et la majeure partie du temps, ce sont les grosses pointures qui s’en sortent», a dit Guiomar Alonso Cano.
La députée Aminata Guèye a invité les femmes sénégalaises à avoir davantage confiance en leurs capacités managériales et en leur leadership, en vue d’accéder à une "autonomisation soit totale".
A l’image de la reine Ndieumbeutt Mbodj, des femmes comme Aminata Mbengue Ndiaye, actuelle ministre de l’Elevage et des Productions animales ou Aïssata Sall Tall, avocate et maire de Podor, par exemple, "se sont longtemps illustrées et se sont battues pour défendre la cause des femmes sénégalaises", a-t-elle souligné, dimanche, à Saint-Louis.
L’action de ces femmes leaders vise à permettre à la gent féminine de retrouver sa place dans les instances de décision, ce qui est devenue désormais ’’une réalité au Sénégal’’, grâce notamment à la loi sur la parité, a ajouté la députée.
Elle participait à une rencontre consacrée au bilan de la participation du mouvement de femmes ’’Jappando pour Saint-Louis’’ à la commémoration du 8 mars, Journée internationale de la femme.
Selon Mme Guèye, "L’autonomisation des filles et des femmes du monde rural", thème de l’édition 2018 du 8 mars, vise à "rendre aux femmes leur dignité, afin qu’elles apportent leurs pierre" à l’édifice national.
Dans ce cadre, a-t-elle plaidé, l’Etat doit se mobiliser davantage pour accorder plus de financements aux femmes, ce qui devrait contribuer à leur autonomisation par le biais d’activités génératrices de revenus.
La responsable politique de l’Alliance pour la République (APR, au pouvoir) à Saint-Louis a également appelé à "une véritable prise en charge de la santé des femmes, face aux fléaux" représentés par le cancer du col de l’utérus et du sein, entre autres maladies.
PENDA MBOW RÉCOMPENSÉE DE SON ENGAGEMENT POUR LA CAUSE FÉMININE
Le prix a été remis à l'éditorialiste de SENEPLUS par Ndaba Mandela, petit-fils du leader anti-apartheid, à Genève
Docteur Honoris Causa de l'Université Babeș-Bolyai de Roumanie, la Professeure Penda Mbow, Ministre conseillère. Représentante personnelle du Président Macky Sall pour la Francophonie, après après avoir animé avec brio un panel sur l'égalité Homme Femme en remontant depuis l'histoire de l'afro féminisme jusqu'à nos jours, a eu la surprise de recevoir un diplôme sanctionnant son engagement personnel pour la cause des femmes des mains de Ndaba Mandela, petit fils de Nelson Mandela.
Pre Penda Mbow est lauréate du premier prix des personnalités engagées, au niveau national et international, pour l'évolution du statut des droits humains des femmes. Cette distinction initiée par le magazine panafricain ContinentPremier.Com, basé en Suisse et dirigé par El Hadji Gorgui Wade Ndoye, journaliste accrédité auprès de l'ONU et correspondant du "Soleil" de Dakar vise à travers un diplôme à encourager et à promouvoir des personnalités dont l'engagement personnel et intellectuel ont eu un impact dans l'évolution positive du statut des femmes. Pre Penda Mbow qui rejoint le cercle restreint des présidents d'Honneur à titre éternel de l'association ContinentPremier éditrice du magazine éponyme est distinguée " pour son engagement personnel et intellectuel dans l'évolution positive du statut des femmes, pour une meilleure implication de la société civile et de la bonne gouvernance au Sénégal."
Elle est déclarée "digne de tous les Honneurs, Droits et Privilèges associés à cette distinction". Son prix lui a été remis par Ndaba Mandela le petit fils de Nelson Mandela qui a fait exceptionnellement un déplacement à Genève pour assister au panel inédit " Egalité Homme Femme à travers le regard de militantes" organisé, en marge de la 37ème session des droits de l'Homme, et à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des droits des Femmes, le jeudi 08 mars 2018, à la salle XI du Palais des Nations Unies. La Professeure Ministre conseillère, Représentante personnelle du Président Macky Sall pour la Francophonie, Penda Mbow est l’auteure de nombreuses publications parues tout au long de sa carrière universitaire qui s’étend déjà sur plus de trois décennies.
D’une liste trop longue, mentionnons quelques titres : Intellectuels et pouvoirs politiques dans le monde musulman (1988) ; Cheikh Anta Diop et la libéralisation de la femme africaine (1990) ; La crise des Intellectuels : retourner à la société (1992) ; L’image du Noir chez l’Arabe et l’image de l’Arabe chez le Noir à travers l’Histoire (1994) ; Histoire culturelle de l’Afrique de l’Ouest (1996) ; Le rôle de “Présence africaine” dans l’émergence de l’intelligentsia négro-africaine (1997); Mitterrand et les Femmes : réflexions sur la place de la femme dans le socialisme français (1996) ; La société civile au Sénégal : identification et rôle dans le processus démocratique (1999) ; Women and Academic Freedom au Sénégal (1999) ; Faut-il pénaliser un fait culturel : quelle solution à l’excision ? (1999) ; Démocratie, droits humains et castes au Sénégal (2000) ; L’Islam et la femme sénégalaise (2001) ; Education religieuse, laïcité et droits humains au Sénégal (2007) ; Que signifie être intellectuel ? (2007) ; Senegal : the return of personalism (2010) ; Pour un nouveau modèle des relations franco-africaines (2010).
Egalité Homme Femme
Penda Mbow a publié " Homme et Femmes entre sphères publique et privée" en 2005, aux éditions du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA). Faisant l'exégèse de l'ouvrage, Dr. Habil. Sergiu Mișcoiu, professeur de sciences politiques et directeur du Centre d'études internationales et de coopération de l'Université Babeș-Bolyai de Roumanie dira: " L’enjeu principal de cet ouvrage est la définition même des pouvoirs féminins dans un contexte de sujétion et d’infériorité. Dans ce remarquable livre, Mme Mbow se demande s’il a fallu comprendre ces pouvoirs comme une autorité pleine et entière détenue par les femmes dans une sphère spécifique, une autorité d’ailleurs souvent exercée aux dépens d’autres femmes comme une participation limitée et minoritaire aux pouvoirs des hommes. Ou bien comme des contre-pouvoirs séducteurs, secrets et illicites? Ou encore comme une ré-appropriation et un détournement (qui est retournement contre le dominateur) des instruments symboliques qui instituent la domination masculine?"
Logiquement, nous constatons avec l’auteure que le tort fait aux femmes peut être pensé comme une contradiction du principe de l’égalité formelle de tous. Ou bien que l’espace économique de la domination du salariat est l’espace où la femme, comme travailleuse, peut se séparer de son assignation domestique et où elle peut construire une individualité autonome.
Pour Penda Mbow, égalité démocratique et liberté salariale apparaissent donc comme la base de constitution du sujet féminin dans la sphère publique. À ces données juridico-politiques et économiques, elle pense qu’il fallait ajouter les modes de la sujétion et s’intéresser, surtout, à ce qui change, à ce qui rend pertinent un espoir en l’avenir des femmes, là où elles se révèlent, non comme des figurantes, mais comme des actrices du devenir de leurs sociétés, poursuit, dans son analyse, l'enseignant de Université Babeș-Bolyai qui décerna, en 2016, à la Pre Mbow le titre d'Honoris Causa.