Pour le 8 mars, le Réseau des managers et entrepreneurs des cultures urbaines (We management) a organisé, en partenariat avec le Festival Urban woman week, un panel sur l’entreprenariat et le leadership féminins dans les cultures urbaines. Invitées à en débattre, la photographe et responsable du Festival Urban woman week, Ina Thiam, l’animatrice et productrice Maïmouna Back Again, la danseuse et chorégraphe Aïda Camara et Rokhaya Daba Sarr du Festival Africa fête ont partagé leurs expériences et parlé des contraintes auxquelles les femmes font généralement face dans le milieu.
S’il y a 10 ou 20 ans, voir une femme dans le milieu des cultures urbaines n’était pas évident, aujourd’hui elles sont plus d’une dizaine, voire une vingtaine à y évoluer et à trouver leur place dans diverses branches, allant du Dj-ing au graffiti (Zeinix) en passant par la danse… Ces femmes sont aujourd’hui au centre des cultures urbaines et pilotent de grands projets et festivals, à l’instar de Ina Thiam, Maïmouna Back Again, Aïda Camara et Rokhaya Dada Sarr… Elles ont su défier leur peur, jusqu’à prendre le micro pour lancer des flows de tonnerre comme le fait Omg.
Mais être femme dans le milieu des cultures urbaines n’est pas toujours facile. Maïmouna Back Again, Ina Thiam, Aïda Camara et Rokhaya Dada Sarr ont toutes reconnu dans leur prise de parole combien la tâche est difficile pour elles en tant que leaders féminins. Présidente de l’Association Danse fé et directrice du Festival international de danse au féminin (qui existe depuis 2010), Aïda Camara s’est rappelée ses débuts dans la danse. «Quand j’étais au Gabon, j’étais dans un groupe de danse, mais où on mettait les hommes beaucoup plus en avant. Même au niveau des chorégraphies, c’était toujours les hommes en avant et les femmes derrière. Quand je suis revenue à Dakar, j’ai constaté que c’était pareil. Mais ici, c’était un peu plus grave parce qu’il n’y avait pratiquement pas de filles dans les groupes de danse.»
Toute intriguée, Aïda Camara a cherché à comprendre le pourquoi : «Il y avait de bonnes danseuses. On en trouvait en traditionnel, en danse africaine, mais pas en danse urbaine. J’ai compris par la suite que c’est parce que les gens avaient une mauvaise image de la danse et pensaient que les filles qui dansaient n’étaient pas bien élevées.» A cette époque, il y avait donc toute une série de stéréotypes qui persistent encore aujourd’hui, à défaut d’être complètement éradiqués.
Mais ces stéréotypes n’ont pas empêché la photographe Ina Thiam d’aller au bout de ses ambitions. Plus jeune membre d’une fratrie de dix, Ina a presque subi le «diktat» de la société qui veut que les aînés parlent pendant que les cadets se taisent. «Dans notre société, notre droit à la parole est réduit. On nous éduque comme ça. Ce qui fait que parler et défendre son opinion devient même un sacrilège. Comment donc on peut entreprendre dans ces conditions ?», s’interroge celle qui, aujourd’- hui, dirige l’Association des femmes dans les cultures urbaines (Gen-J) au Sénégal.
Elle raconte qu’après la 3e, elle voulait d’ailleurs faire la série T et qu’elle en a été dissuadée par un frère qui lui a dit : «Dans la série T, il n’y a que des hommes. Tu risques de devenir un garçon manqué.» Les freins à l’entreprenariat et au leadership féminins sont nombreux, aux yeux de Mme Thiam. «Le premier frein, c’est la société elle-même et le fait qu’on veuille faire croire aux femmes qu’elles ne peuvent pas travailler ensemble est aussi un autre.» Dans son discours, la productrice et animatrice radio, Maïmouna Back Again, conforte le point de vue de Ina Thiam, rajoutant que c’est à la société sénégalaise de changer.
Forte d’une expérience de plus d’une vingtaine d’années dans le milieu des cultures urbaines, Mme Dembélé pose un regard un peu plus gai sur cette toile sombre, marquant sa fierté de voir un Zeinix, Ina, ou encore des jeunes femmes comme dans Gotal, faire des choses extraordinaires et se mesurer aux hommes. «Ma fierté est de voir toutes ces jeunes femmes qui ont conscience de leurs droits, qui vont au bout de leurs rêves et qui expriment librement leur passion. Je ne vais pas faire de bilan, mais aujourd’hui je souris quand je parle des cultures urbaines parce que les choses n’é- taient pas aussi simples il y a 10 ou 20 ans.» lance-t-elle.
Pour sa part, Rokhaya Daba Sarr, promotrice du Festival Africa fête, qui en partie promeut les cultures urbaines, a affirmé qu’il faut revoir l’éducation : «On a un secteur très compliqué. Je ne compte même pas le nombre de musiciennes qui ont subi des violences parce qu’elles sont juste parties en répétition», a-t-elle dit, regrettant encore l’absence d’instrumentistes femmes au Sénégal.
La femme a toujours joué un rôle de choix dans la société sénégalaise. Cet acquis bute parfois sur des difficultés. Dans cet entretien, Mme Oumoul Khaïry Coulibaly Tandian, docteur en socio-anthropologie, enseignante-chercheure/consultante, spécialiste des questions de genre, salue les avancées, tout en appelant à davantage de mesures.
Contrairement à une idée très rependue, les femmes se seraient toujours illustrées dans la gestion des cités en Afrique de manière générale, au Sénégal plus particulièrement. Pouvez-vous nous citer des exemples concrets qui illustrent cette réalité ?
Dans toute l’histoire des sociétés africaines, les femmes se sont illustrées en exigeant leurs droits et ont, par conséquent, marqué la gestion de la cité. Nombreuses sont les œuvres littéraires qui ont mis en exergue l’influence de la reine-mère dans nos royaumes. D’ailleurs, durant la période précoloniale, la transmission des droits politiques se faisait par la femme dans les sociétés matrilinéaires, comme chez les Sérères par exemple. L’histoire relate aussi l’acte de résistance des femmes de Nder qui se sacrifièrent pour lutter, à leur façon, contre la captivité de Ndaté Yalla, de Djeumbeut Mbodj ou encore d’Aline Sitoé Diatta, qui s’est farouchement opposée à l’occupation coloniale. Les femmes ont aussi pris part aux mouvements intellectuels qui ont marqué la lutte anti-coloniale à travers notamment des associations et en rejoignant des partis politiques.
Depuis l’avènement des indépendances jusqu’à nos jours, la contribution sociale, économique, politique et culturelle des femmes en Afrique n’est plus à démontrer. Parmi les pionnières qui ont marqué notre histoire post-coloniale, on peut citer Maïmouna Kane, magistrate, qui, d’ailleurs, a été nommée, en 1978, secrétaire d’Etat chargée de la Condition féminine dans le gouvernement d’Abdou Diouf, avant d’être promue ministre, ou encore de sa collègue Caroline Faye, en politique ; Mariame Ba ou Aminata Sow Fall, dans le domaine littéraire ; des universitaires comme Fatou Sow, Marie Angélique Savané, Maréma Touré Thiam, entre autres. Celles-ci ont été rejointes par d’autres comme Mame Madior Boye, Aïssata Tall Sall, Aminata Touré, Amsatou Sow Sidibé, pour ne citer qu’elles.
Tout cela, pour vous dire que l’émergence d’un leadership féminin au Sénégal n’est pas nouvelle. Cependant, cela ne doit pas nous faire oublier la situation réelle de la majorité des femmes, exclues ou sous-représentées dans les instances d’exercice et de prise de décisions. En effet, nos cultures africaines, sénégalaises en particulier, sont caractérisées par une masculinisation de l’espace public et une relégation des femmes dans la sphère privée et leur cantonnement aux responsabilités sociales. La colonisation a beaucoup contribué à cette exclusion des femmes de l’espace public. En leur attribuant d’emblée un statut inférieur, elle les a privées d’un rôle actif en politique et sur le plan économique. Malgré la loi sur la parité et les avancées notées, en particulier dans la représentation nationale, la participation effective des femmes dans la gestion de la cité demeure encore un défi majeur.
Quelle place occupait la femme dans certaines sociétés traditionnelles africaines ?
Les femmes ont été de tous les combats de l’histoire de nos sociétés africaines, comme je l’ai dit précédemment. Toutefois, il faut aussi savoir que les sociétés africaines ne sont pas homogènes. Au Sénégal, nous avons des sociétés égalitaires matriarcales comme chez les Diolas et des sociétés inégalitaires et patriarcales. Selon le type de société, la place de la femme varie plus ou moins. Cependant, d’une manière générale, et même si je n’aime pas cette opposition tradition/modernité, les femmes étaient davantage cantonnées aux responsabilités sociales, gardiennes des traditions et ayant un rôle de transmission des valeurs, reproductrices avec comme tâche principale de s’occuper du foyer et d’assurer la pérennisation de la famille. Mais nous savons aussi que traditionnellement, les femmes ont toujours joué un rôle majeur dans l’entretien des ménages, ayant toujours eu en charge les cultures vivrières, en particulier après l’introduction des cultures de rente par le colonisateur.
Pris sur un aspect purement sociologique, pensez-vous que le Sénégal est en avance ou en retard dans le traitement réservé aux femmes ?
En avance ou en retard par rapport à qui ? A quoi ? Je pense que la réalité n’est pas aussi manichéenne que cela. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a beaucoup d’avancées sur les plans politique, social et économique. Les femmes sont aujourd’hui plus instruites, ont plus d’opportunités professionnelles, plus libres dans leur choix et constituent des actrices à part entière. En politique, elles sont davantage présentes dans les partis politiques, dans les gouvernements, à l’Assemblée nationale, les collectivités locales ainsi que dans les hautes institutions étatiques. Elles occupent également de plus en plus de responsabilités dans le secteur privé. Cependant, nos cultures sont traversées par un principe d’infériorité de la fille par rapport au garçon, de la femme par rapport à l’homme, qui se traduit par un rapport de pouvoir déséquilibré et surtout des inégalités de chances devant l’éducation, le travail et l’accès aux instances de prise de décisions.
Du fait des conséquences de ces pesanteurs socioculturelles, les femmes ne jouissent pas toujours de leurs droits, même lorsque l’égalité des sexes est consacrée par notre législation. Une illustration de cette situation, le faible nombre de femmes élues maires lors des élections locales, malgré la loi sur la parité. Ce principe d’infériorité rend également les femmes et les filles davantage vulnérables aux violences sexistes, en particulier sexuelles, mais aussi à l’impunité des auteurs, comme le montre une recherche que je coordonne pour l’Ong Radi, financée par le Crdi. A cause de ces normes sociales basées sur le genre, même celles qui ont la chance d’aller à l’école, de trouver du travail ou de s’engager dans un parti politique se retrouvent souvent confrontées au plafond de verre, résultat d’un parcours d’obstacles.
Une aliénation culturelle, savamment entretenue, a fini par susciter en nous un sentiment qui laisserait croire que les femmes occupaient des places réductrices dans nos sociétés africaines, qu’en est-il ?
Certes les clichés et préjugés ont contribué à la relégation des femmes, comme je l’ai déjà dit, et que la lecture des sociétés africaines selon le filtre de leurs valeurs présente une image de la femme africaine stéréotypée. Cependant, les rapports sociaux de domination, en particulier entre les sexes, qui structurent nos sociétés ne laissent pas toujours aux femmes la possibilité de jouir pleinement de leurs droits en tant que citoyennes. Mais, malgré le poids des traditions et autres difficultés qu’elles rencontrent, les femmes prennent conscience de leurs droits et les revendiquent. Vous savez, on a souvent opposé aux femmes un manque d’instruction, de compétences pour les écarter des sphères décisionnelles, aujourd’hui, même si un travail important reste à faire, les choses bougent.
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LES FEMMES ENCORE PEU REPRÉSENTÉES DANS LES SYNDICATS
Le Foyer des jeunes filles de la commune de Tambacounda qui héberge une centaine de jeunes lycéennes et collégiennes issues des zones rurales de la région, a célébré jeudi la journée internationale de la Femme, autour d’un panel axé sur l’éducation des filles et du développement du capital humain. "L’éducation des jeunes filles, comme condition au développement du capital humain", était le thème de ce panel animé, entre autres, par la proviseure du Lycée Mame Cheikh Mbaye, Rose Malick Ngom. La chef d’établissement a souligné le caractère fondamental de l’éducation pour la jeune fille. Elle doit, a-t-elle noté, commencer en milieu familial, pour se poursuivre à l’école. La femme, quelle que soit son statut, a deux fonctions, professionnelle et familiale, malgré tout le discours véhiculé sur les droits des femmes, a souligné la conférencière. Des femmes modèles de réussite économique et professionnelle, dont des responsables d’ONG, des directrices d’école, opératrices économiques, ont aussi transmis aux pensionnaires du centre, des leçons de vie tirées de leur propre expérience, pour leur baliser le chemin. "C’était une occasion pour leur dire que c’est possible et que vous êtes des filles aujourd’hui, mais des femmes leaders de demain", a dit Maïmouna Bâ Sow, directrice du Foyer des jeunes filles "Kinkéliba" qui compte 103 pensionnaires. Cette structure d’accueil qui héberge des élèves de la sixième à la terminale, vise, selon elle, à "contribuer à la promotion de l’éducation des jeunes filles, particulièrement en milieu rural". Les filles originaires des quatre départements, sont de toutes les ethnies, religions et cultures de la région, relève la directrice, spécialiste du genre, qui décrit le foyer comme une "famille multiculturelle". Il leur est inculqué "l’enracinement dans leur culture et l’ouverture", explique-t-elle. L’objectif de ce centre est d’aider les jeunes filles issues du milieu rural, et confrontées à des difficultés d’hébergement à Tambacounda, en les nourrissant et logeant. Elles bénéficient d’autres services, comme des soins de santé prodigués par une infirmerie et des cours de renforcement, grâce aux interventions de 15 professeurs, a expliqué le président de l’Association des parents d’élèves du foyer, Adama Ndao. Les jeunes filles y ont aussi droit à des causeries sur les compétences de vie courante, pour acquérir et un savoir-faire et un savoir-être. Fruit d’une demande formulée par les villages de la zone des bananeraies, cette structure d’hébergement a été par la suite ouverte à toutes les élèves issues des villages de la région. Les bénéficiaires sont choisis sur la base de critères d’ordre social, géographique, de performance scolaire et d’ancienneté, a ajouté M. Ndao. Le Foyer est piloté par un consortium d’ONG, composé de l’ONG Kinkéliba qui a construit le foyer, d’Enda Sahel Graf et de l’ONG américaine Korsa, qui offre "90% du budget annuel d’environ 100 millions", selon la directrice. L’établissement d’accueil compte aussi en partie sur les contributions des parents d’élèves, à hauteur de 8.000 francs CFA par mois. Le foyer avait fermé ses portes, suite à des difficultés de gestion, avant d’être confié de manière transitoire à l’Inspection d’Académie. Depuis deux ans qu’il a été repris par une fédération d’ONG, il n’y a eu aucune rupture, rassure le responsable des parents d’élèves.
LES FEMMES DE L'AIBD S'ENGAGENT
"Nous sommes des travailleuses dignes et responsables qui cherchons à préserver notre outil de travail que constitue ce bel aéroport"
L’association des femmes de l’aéronautique civile du Sénégal (AFACS) s’est engagée jeudi, à Diass (Mbour, ouest), à pacifier l’espace aéroportuaire pour le développement et le rayonnement de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD).
"Nous sommes des travailleuses dignes et responsables qui cherchons à préserver notre outil de travail que constitue ce bel aéroport. Et nous veillerons à ce que la concorde et la paix sociale règnent au niveau de ce bijou que constitue l’AIBD", a déclaré Ndama Coulibaly Bâ, présidente des femmes de l’aéronautique civile du Sénégal.
Elle s’exprimait lors de la cérémonie de commémoration de la Journée internationale de la femme sur le thème "Les femmes unies de la plateforme aéroportuaire pour la consolidation des acquis du transport aérien".
La rencontre s’est tenue à l’aérogare des pèlerins de l’AIBD, en présence du ministre des Transports aériens et du Développement des infrastructures aéroportuaires, Maïmouna Ndoye Seck.
"Fortes, dignes, intelligentes, belles, travailleuses, consciencieuses, battantes, etc., nous le sommes. Nous jonglons vie professionnelle et vie privée", a fait valoir Ndama Coulibaly Bâ.
"Chères autorités, vous pouvez dormir tranquillement, car nous veillerons à ce que la concorde et la paix sociale règnent au niveau de l’aéroport", a assuré la présidente de l’AFACS.
MACKY SALL «CHARME» LES FEMMES
La présidentielle de 2019 s’approche et toutes les occasions sont bonnes pour ratisser large - Le président de la République a fait le bilan de ses réalisations pour la promotion et l’autonomisation des femmes
C’est à une véritable opération de charme que le chef de l’Etat s’est livré hier, jeudi 8 mars, au stade Iba Mar Diop qui a refusé du monde à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme. Venu présider la cérémonie aux allures de meeting politique, le président Macky Sall a fait le bilan de ses réalisations pour la promotion et l’autonomisation des femmes. Devant un parterre de femmes venues des différentes régions du pays, les membres du gouvernement et le maire de la Médina Bamba Fall, Macky Sall a annoncé la mise en place de la délégation générale à l’entreprenariat dédiée aux femmes et aux jeunes et dont l’objectif principal est d’amplifier l’entreprenariat au niveau de ces groupes-cibles. Il a aussi fait part de la poursuite des concertations sur la base de l’approche genre pour parachever la réforme sur le foncier afin que la « femme rurale et la femme, d’une manière générale, puissent avoir accès au foncier au même titre que l’homme ».
La présidentielle de 2019 s’approche et toutes les occasions sont bonnes pour ratisser large. Le président de la République, Macky Sall, a ainsi présidé hier, jeudi 8 mars au stade Iba Mar Diop, la célébration de la Journée internationale de la femme axée sur le thème « autonomiser les femmes et les filles rurales ». Une première, depuis son accession à la tête de la magistrature suprême. Au cours de cette cérémonie aux allures de méga meeting politique, et en présence de presque tous les membres du gouvernement ainsi que du maire de la Médina Bamba Fall, Macky Sall a fait le bilan de ses réalisations en faveur de femmes pour ensuite annoncer d’autres programmes qui vont dans le même sens.
Sous les applaudissements des femmes venues de différentes localités du pays et acquises à sa cause, il a annoncé la mise en place de la délégation générale à l’entreprenariat dédiée aux femmes et aux jeunes. « Ce programme doté d’une enveloppe de 30 milliards pour les financements devra démarrer à la fin du mois de mars. Il a pour objectif d’amplifier la promotion de l’entreprenariat en vue d’offrir des emplois durables aux femmes et aux jeunes », a déclaré Macky Sall. Un programme qui, dira-t-il, vient s’ajouter aux nombreux mécanismes déjà existants pour booster le développement des femmes. Toujours, dans son opération de charme, le président de la République a fait part de son engagement à promouvoir l’accès des femmes au foncier. « J’ai pris d’importantes mesures pour faire reculer les préjugés qui ralentissent notre marche résolue vers l’égalité et l’équité entre les hommes et les femmes et dans ce cadre, il a été mis l’accent dans les secteurs qui conditionnent le bien-être des femmes tels que l’accès au foncier », a indiqué Macky Sall.
Et d’ajouter : « après la réforme sur le foncier, nous allons reprendre certaines concertations sur la base de l’approche genre pour parachever cette réforme afin que la femme rurale et la femme, d’une manière générale, puissent avoir accès au foncier au même titre que l’homme ». Dans son discours, Macky Sall a également cité la remise symbolique d’équipements destinés à « l’accroissement des capacités productives et à l’allégement des travaux des femmes, avec la distribution à travers le Pudc de 3519 matériels post récoltes ». Toutefois, il s’est dit convaincu « qu’il reste beaucoup à faire sur la voie de l’autonomisation et de l’émancipation des femmes malgré ses réalisations».
« BATIR UN CONSENSUS NATIONAL AUTOUR DE LA LUTTE POUR L’EGALITE ET L’EQUITE DU GENRE »
Ainsi, pour le Président de la République, sa présence aux côtés des femmes traduit « son engagement renouvelé à donner à la femme sénégalaise tous ses droits dans la société démocratique, prospère, en tant que mère, épouse, ménagère, employée, cadre, leader et surtout en tant qu’actrice de développement et de cohésion nationale ». Revenant sur le thème de la célébration de la Journée internationale de la femme, le Chef de l’Etat dira : « je me réjouis que la présente édition soit placée sous l’autonomisation de la femme et de la fille en milieu rural en cohérence aux objectifs de développement durable et cette mobilisation pour le bien-être de la femme rurale procède d’un impératif de justice et d’équité». Auparavant, dans l’ambiance festive de chants et de danses des femmes qui ne cessaient de chanter ses réalisations, Macky Sall a exhorté les femmes à « bâtir un consensus national autour de la lutte pour l’égalité et l’équité du genre ». Au cours de la cérémonie, des femmes pionnières reconnues et distinguées dans leurs domaines d’activités ont été décorées. Non sans relever la remise du prix Macky Sall, édition 2017, pour la promotion de la femme. Le groupement Xaritou Xaleyi de Kougheul, le Gie Sant Yalla de Saint-Louis et le Gie Seddo ndam de Diourbel sont les heureux lauréats de ces prix d’honneur. « Ce prix est une nouvelle opportunité pour le Sénégal de réaffirmer sa volonté politique et son engagement à faire de l’égalité des genres et de l’autonomisation une priorité pour un Sénégal émergent », a dit Macky Sall.
PROMOTION DES FEMMES : Macky Sall nommé champion He for She
La directrice d’Onu/Femmes a profité de la célébration de la Journée internationale de la femme hier, jeudi, pour annoncer la nomination de Macky Sall comme le prochain Chef d’Etat champion He for She (Lui pour elle) pour son engagement dans la promotion des droits des femmes. Sur cette lancée, Macky Sall a réitéré son appel aux femmes à s’engager pour leur promotion. « Le potentiel de la femme rurale, symbole de résilience, de dignité, de courage et d’humilité au service de l’émergence à l’horizon 2035, est avéré. C’est pourquoi je lance aujourd’hui un appel et une mobilisation nationale autour du programme He for She », a-t-il dit. Pour Macky Sall, « il s’agit d’une campagne de solidarité pour l’égalité homme-femme à travers Onu/Femmes qui appelle à la mobilisation des femmes pour un engagement accru dans la lutte contre les préjugés et les inégalités du genre ». Rappelons que He for She est un mouvement de solidarité en faveur de l’égalité des genres créé par Onu/Femmes.
DEVANT LE CHEF DE L’ETAT MACKY SALL : Bamba Fall plaide le respect des droits des femmes
«Permettez-moi, Monsieur le président de la République, de saisir l’occasion pour vous exprimer mes vifs remerciements à votre gouvernement, à votre auguste épouse, ma sœur Marième Faye Sall que je cesserais de remercier pour l’attention particulière qu’elle porte à ma modeste personne sans oublier le ministre de la Femme, Ndèye Saly Diop Dieng d’avoir choisi notre commune pour abriter une manifestation aussi importante. Cela démontre encore une fois votre attention à l’endroit des Médinois », a déclaré Bamba Fall. Le maire socialiste a également rendu hommage aux femmes. Il a ainsi insisté sur le respect de leurs droits comme le droit à un travail, à la santé, à un salaire décent, à la terre, à l’éducation. Car selon lui, « l’émergence de ce pays passera par les femmes en tant que participantes actives au développent économique et social et notre pays ».
DIDIER AWADI ET SA SECONDE MAMAN
Le rappeur sénégalais est connu pour ses textes engagés et panafricanistes - Mais sa réflexion politique n'aurait sans doute pas connu la même évolution sans une rencontre déterminante : celle avec l'écrivaine militante malienne Aminata Traoré
C’est dans son studio, le studio Sankara, que Didier Awadi reçoit. En dessous vit sa maman, Marie Alice Sylva Evora. Bien évidemment, lorsqu’on a demandé au rappeur d’évoquer une femme qui marque sa vie, il a pensé à elle. Partout dans ses locaux, Awadi a accroché des portraits des militants et activistes du panafricanisme : Sankara, Lumumba, Cabral pour ne citer que ceux-là. La discussion s’engage sur ce terrain et un nom revient sans cesse, celui d’Aminata Dramane Traoré, la seconde maman du chanteur, sa maman « politique ».
« Aminata est généreuse, très généreuse », attaque Didier Awadi. « Elle n’a pas l’âge du hip-hop, mais elle a la curiosité, l’humilité. Et elle sait tendre la perche à des jeunes parce qu’elle croit en leurs idées ». Cette perche, l’écrivaine militante l’a justement tendue il y a plus de 20 ans au rappeur qui était alors au début de sa carrière, au début de sa découverte du panafricanisme : « Quand on me parle d’une femme activiste qui m’inspire chaque jour, je pense donc à Aminata Dramane Traoré ».
La rencontre
« On s’est rencontré à Bamako, en 1997. Aminata était alors ministre de la Culture », raconte Awadi. « Avec notre groupe, le Positive Black Soul, on a joué dans un festival, elle a demandé à nous rencontrer avec Duggy Tee ». Le rendez-vous est calé dans le restaurant d’Aminata Dramane Traoré. « On arrive, on se salue, il se passe quelque chose. Je vois cette dame très grande, élégante, dans sa tenue africaine. J’ai été impressionné, bluffé par le personnage ».
Didier Awadi et Aminata Dramane Traoré ne sont pas de la même génération, mais ils découvrent que leurs philosophies, leurs idéaux sont proches, la connexion est donc évidente, immédiate. Ce premier jour, la discussion s’engage ainsi sur le militantisme. Didier Awadi explique : « Habituellement, quand on veut nous voir, c’est pour nous tirer les oreilles. Aminata avait entendu notre chanson qui dit "l’Afrique n’est pas démunie mais seulement désunie". Elle demande qui a écrit ce texte. On répond presque timidement que c’est nous. Elle nous dit qu’elle aime beaucoup. Je pense qu’elle se retrouvait dans cette chanson, on avait mis des mots sur son combat. Et c’est comme ça que tout a démarré ».
Adopté
Si parfois le temps casse les liens, entre l’écrivaine et le rappeur, au contraire, les années n’ont fait que renforcer leur relation. « Depuis ce jour, elle m’a adopté, je l’ai adopté », explique le rappeur. « C’est une intellectuelle très rigoureuse, Sankara disait qu'il faut une formation politique et idéologique. Aminata a accéléré ma formation politique et idéologique, car elle est rigoureuse autant dans sa démarche littéraire, scientifique et économique ».
Cette formation sur le tas se concrétise dans des actes concrets. « C’est chez elle que j’ai préparé mon album "Un autre monde est possible", notamment le morceau "J’accuse" travaillé dans sa cour avec Toumani Diabaté à la kora ». Pour affiner ses textes, Awadi s’appuie sur les causeries avec l’écrivaine, mais aussi sur ses livres. « Je me suis beaucoup inspiré de ses écrits. Si tu cherches de l’inspiration, il faut lire "Le viol de l’imaginaire". "L’étau" aussi m’a beaucoup inspiré, qui parle de la dette des pays du tiers-monde ».
«Elle ne fuit pas son rôle»
Ces échanges permanents entre Bamako et Dakar poussent la militante à aller plus loin, à emmener Didier Awadi à la rencontre d’activistes, de chercheurs partout dans le monde. « C’est une personnalité qui n’arrête pas de chercher. Elle est en perpétuel questionnement, quitte à avoir des positions impopulaires, mais elle prend ce risque car c’est son rôle d’intellectuelle. Elle ne fuit pas son rôle ». Awadi se retrouve ainsi embarqué en Amérique du Sud. « C’est elle qui m’a emmené au premier forum social mondial à Porto Alegre puis à d’autres en Afrique. Elle m’a fait rencontrer des intellectuels, des économistes, des gens qui réfléchissent ». Dans le pas d’Aminata Traoré, le rappeur peut ainsi plonger dans des sujets qui l’intéressent. « C’est là que j’ai compris ce qui se passait avec les accords de partenariat économique. C’est en 2005 que je rencontre par exemple Nicolas Agbohou et d’autres intellectuels africains qui nous expliquent quels sont les vrais enjeux sur le franc CFA ».
Seconde maman
Didier Awadi a toujours maintenu les échanges. « Aminata lit mes textes, je lis les siens. Elle continue de m’accompagner et notre relation va plus loin ». Cette nouvelle étape, familiale cette fois, s’est déroulée le jour où Aminata a rencontré la mère du musicien. « Elle est venue à Dakar, elle a tenu à voir ma mère. Elle lui a dit "Madame, Didier n’est pas votre fils à vous tout seul, c’est mon fils aussi". Ma maman avait beaucoup entendu parler d’elle, elle lui a dit "franchement je suis d’accord avec vous". Maintenant officiellement je peux le dire, j’ai deux mamans ».
Militantisme et affection sont donc liés dans cette rencontre. « Aminata est humaine, elle n’est pas un prophète. Et on a besoin de femmes de cette trempe en Afrique. Quand les femmes assurent le leadership, les hommes suivent facilement. On a tellement essayé avec les hommes, ça n’a pas vraiment marché, il est temps que l’on fasse plus confiance aux femmes ».
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS OUMOU WANE
FEMMES POUR L'ÉMERGENCE, DU KARITÉ À LA PARITÉ !
Ce que nous voulons négocier à l’horizon des prochaines présidentielles, ce n’est rien de moins que l’égalité hommes - femmes, à 50 - 50 ! - L’heure est venue de fédérer un mouvement de femmes leaders à travers tout le pays
Aujourd’hui comme tous les ans le 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des femmes, je veux rendre hommage aux combats de celles qui luttent pour la liberté, pour de meilleures conditions de travail, pour l’accès aux soins ou à l’éducation, pour l’égalité et la justice.
Ici, au Sénégal, la femme mène de multiples combats pour l'amélioration de son statut et de ses droits, contre l'excision, contre la polygamie, contre le mariage précoce ou contre toutes les violences faites aux femmes.
Jeudi dernier à Dakar, la ministre de la Femme, de la Famille et du Genre, madame Ndèye Saly Diop Dieng, a soutenu que des dispositions discriminatoires dans les textes législatifs, en défaveur des femmes "demeurent encore manifestes". Alors qu’attend t-on pour réagir ? La loi mérite une bonne correction !
Certes, tout le monde s’accorde à vouer le rôle de la femme dans l’histoire du Sénégal. Régulièrement, sociologues et professeurs d'université nous expliquent comment ces héroïnes africaines participent à la « fabrique de l’Histoire ».
Pourtant, il s’agit moins pour moi aujourd’hui d’honorer la femme africaine dans l’histoire, que de lui consacrer une place dans l’avenir !
Elles labourent les terres et plantent les semences pour nourrir leur pays, assurent la sécurité alimentaire de leurs communautés. Bien sûr, elles sont présentes dans d’autres domaines économiques et quelques-unes d'entres elles sont même arrivées aux plus hauts postes de responsabilités (députés, ministres, PDG...).
Les femmes sont au front et par leurs initiatives, un nouvel espoir se lève sur nos campagnes et dans nos villes, ici, des puits, des écoles, des infrastructures sanitaires et éducatives sortent de terre. Mais le combat des femmes pour leurs droits à la terre reste une injustice criante et leurs difficultés sur la question foncière, devraient s’inscrire dans un plan de priorité nationale.
Femmes pour l’émergence !
Qu’on se le dise, la femme sénégalaise est bel et bien prête à jouer tout son rôle dans le développement rural et urbain de son pays. Il ne manquerait guère qu’un sérieux coup de pouce de l’État et un peu plus de considération nationale, pour qu’elle tienne bon et ne s’arrête pas avant que son but soit atteint.
Artistes, politiciennes, commerçantes, paysannes, universitaires ou présidentes de groupement féminins, nos femmes-leaders perpétuent toute la tradition de résistance et de courage des femmes sénégalaises. Il est temps que la société reconnaisse leur contribution indispensable à la vie de notre nation.
C’est pourquoi, nous devons nous prendre en main et faire peser notre voix dans le débat politique.
Ce que nous voulons négocier à l’horizon des prochaines présidentielles, ce n’est rien de moins que l’égalité hommes - femmes, à 50 - 50 !
Les principaux éléments qui rendent minime la participation des femmes à la vie de la cité dans ce monde moderne sont : le taux élevé de l’analphabétisme, la faible participation ou intégration dans les activités socio-économiques et le poids des coutumes ou traditions. Tout ceci doit changer ! Non pas tout à l’heure, ni plus tard ou après… Mais maintenant !
Mes biens chères sœurs, nous sommes courageuses et optimistes, la Journée internationale des femmes 2018 est l’occasion de transformer notre dynamisme en action et de revendiquer les droits des femmes sénégalaises à réaliser leur plein potentiel.
Pour cela, nous devons nous donner la main ! L’heure est venue de fédérer un mouvement de femmes leaders à travers tout le pays pour qu’elles jouent un rôle important dans sa transformation et son émergence !
Partout dans le monde, la marche de l’égalité avance et la parole des femmes se libère. À nous aussi de manifester une détermination sans faille à instaurer un changement pour transformer partout la vie des femmes.
Afin que nous ne soyons plus obligées de quémander chez les hommes, de se faire humilier, brutaliser, ou maltraiter en raison de notre condition ni en vertu de notre statut, unissons-nous, indignons-nous, battons-nous ensemble pour le bien commun, faisons triompher l’égalité hommes – femmes et souhaitons-nous que ces temps arrivent vite !
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GRAND PRIX DU PRÉSIDENT POUR LA PROMOTION DE LA FEMME