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12 décembre 2024
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2018, SOUS DE MEILLEURS AUSPICES
Infrastructures scolaires, indicateurs économiques, dialogue politique, Macky Sall table sur une année 2017 prometteuse pour aborder la nouvelle année - L'INTÉGRALITÉ DE SON ADRESSE À LA NATION
SenePlus publie ci-dessous, l'intégralité du message à la Nation du chef de l'Etat ce dimanche 31 Décembre, à l'occasion du nouvel an 2018.
« Mes chers compatriotes,
Au seuil du nouvel an, je suis heureux de m’adresser à vous pour vous présenter mes vœux.
Je voudrais d’abord, en pareille circonstance, prier avec vous pour que nos chers disparus reposent en paix. Aux malades, j’adresse mes souhaits de prompt rétablissement.
Je pense à tous ceux et à toutes celles qui, face aux épreuves de la vie, méritent notre soutien agissant et solidaire.
Je redis notre gratitude à nos compatriotes de la diaspora pour leur contribution inestimable à nos efforts de développement et de solidarité nationale.
Je salue et encourage nos Forces de défense et de sécurité, engagées sur différents théâtres d’opérations au service de la paix et de la sécurité internationales.
A notre équipe nationale de football, je renouvelle mes chaleureuses félicitations et mon soutien. L’Etat restera aux côtés de nos braves Lions pour une préparation optimale sur le chemin de la Coupe du monde de football.
Mes chers compatriotes,
L’année 2017 s’achève sous de bons auspices pour notre pays. Grâce à nos efforts soutenus, notre économie progresse année après année dans tous les secteurs.
Avec un taux de croissance estimé à 6,8% en 2017, et une perspective de plus de 7% en 2018, nous enregistrons pour la 3e année consécutive une des meilleures performances économiques en Afrique.
Nos performances seront encore meilleures quand l’exploitation prochaine des ressources pétrolières et gazières de notre pays viendra en appoint aux autres secteurs stratégiques pour amplifier la croissance et le développement. Ces ressources feront l’objet d’une gouvernance rigoureuse et transparente, pour le bénéfice des générations actuelles et futures. Un projet de loi sera soumis à cet effet à l’Assemblée nationale au cours de l’année 2018 après concertation avec les forces vives de la Nation.
Mes chers compatriotes,
Suivant la feuille de route que je lui ai assignée, le gouvernement, toujours à votre écoute et à votre service, restera dans le temps utile ; le temps du travail ; le temps de l’action et du résultat.
Ce soir, j’ai surtout à cœur de vous entretenir de ce qui nous rassemble et nous unit en tant que Nation. Au-delà de nos convictions et choix individuels, le récit de notre histoire et la fibre émotionnelle qui relie chacun de nous à cette histoire nous rappellent, en effet, que nos sorts sont indéfectiblement liés.
Pour ma part, je reste disponible et ouvert à toutes et à tous, sur le chemin qui nous mène vers notre destin commun, dans l’unité et la paix.
Voilà pourquoi je lance, à nouveau, un appel solennel à tous nos compatriotes du MFDC pour la consolidation de la paix.
Consolidons la paix, car nos progrès sont déjà substantiels, par le dialogue confiant que nous avons poursuivi toutes ces années avec le soutien constant des facilitateurs, que je salue et apprécie.
Consolidons la paix, pour que les mesures d’accompagnement déjà initiées par le gouvernement soient confortées et produisent leur plein effet.
Consolidons la paix, parce qu’une meilleure prise en charge des besoins de développement, dans l’équité territoriale et la justice sociale, s’offre à nous.
Faisons enfin le pas décisif vers la paix définitive ; une paix sans vainqueurs, ni vaincus.
Mes chers compatriotes,
J’ai évoqué le chemin de notre destin commun. Ce chemin, nul ne l’incarne mieux que la jeunesse de notre pays ; parce que pleine d’espérance, d’ambition et de générosité, elle est la force vitale qui inspire notre marche vers le Sénégal de nos rêves. Et dans le temps long de la Nation, c’est la jeunesse d’aujourd’hui qui entretiendra demain le legs de notre histoire partagée.
Certes, les défis sont nombreux. Le monde est devenu plus complexe, et, à bien des égards, la compétition encore ardue et les risques d’exposition à toutes sortes de tentations encore plus pesants. Il n’y a pas de meilleur viatique que l’éducation et la formation de qualité pour préparer notre jeunesse à dominer l’adversité et baliser la voie de la réussite.
C’est l’exemple que nous donne le Lycée scientifique d’excellence de Diourbel, dont je suis fier des premières performances ; tout comme je suis fier du parcours de deux jeunes compatriotes ingénieurs en aéronautique, employés à des postes stratégiques d’une grande firme multinationale, que j’ai rencontrés il y a quelques jours.
Leur parcours, parmi tant d’autres, témoigne de la fiabilité de notre système éducatif si nous continuons nos efforts pour que l’école reste un espace d’émulation et d’apprentissage dans la quête de l’excellence.
Dans cet esprit, le gouvernement entamera, dès ce mois de janvier, une nouvelle phase d’élimination des abris provisoires avec la construction et l’équipement de 6400 salles de classe et 4730 blocs administratifs.
La réhabilitation des lycées Lamine Guèye, NGalandou Diouf, Blaise Diagne, Delafosse, Parcelles Assainies Unité 13 et Abdoulaye Sadji de Rufisque, sera poursuivie.
Sept lycées seront érigés à Ngor, Yoff, Grand Yoff, Pikine-Dagoudane, Tivaouane Peulh, Diamniadio et Sangalkam.
L’école doit aussi poursuivre sa mutation pour qu’au moins 30% des élèves issus du cycle fondamental soient orientés vers la formation professionnelle et technique qualifiante aux métiers.
Avec le démarrage prochain du Projet formation-école entreprise financé à hauteur de 5 430 000 000 FCFA, l’Etat soutiendra la formation de 10 000 jeunes, en versant une allocation mensuelle de 40 000 F à chaque apprenant enrôlé par une entreprise durant toute la durée de l’apprentissage.
S’agissant de l’Enseignement supérieur, 2018 verra la réception de plusieurs projets dont :
➢ Un complexe de diverses infrastructures à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis ;
➢ 3 bâtiments de la Cité du Savoir à Diamniadio ;
➢ la 1ere phase de l’Université Amadou Makhtar Mbow ;
➢ 100 laboratoires entièrement équipés ;
➢ Et des équipements pour 20 espaces numériques ouverts.
Quant à l’Université du Sine Saloum El Hadj Ibrahima Niasse, ses travaux débuteront au cours du premier trimestre de l’année 2018. Je me réjouis d’annoncer qu’en reconnaissance des efforts de notre pays en faveur de l’école, le Partenariat Mondial pour l’Education tiendra sa 3e Conférence de reconstitution de fonds le 2 février prochain à Dakar. Cette rencontre internationale est co parrainée par le Sénégal et la France.
Il s’agira de mobiliser 3,1 milliards de dollars en vue de soutenir la scolarisation de millions d’enfants à travers le monde pour les années à venir.
Comme l’éducation et la formation, l’emploi des jeunes reste une priorité nationale. C’est l’objet de la nouvelle initiative d’insertion professionnelle dotée d’un Fonds national pour l’Entreprenariat Rapide. Pour l’exercice 2018, 30 milliards de FCFA seront ainsi dédiés à l’auto emploi des jeunes et des femmes, selon des procédures et modalités simplifiées, pour accompagner et soutenir leurs projets. Ce soir, mes chers compatriotes, je veux aussi renouveler mon engagement aux côtés des couches sociales les plus vulnérables de notre pays. La lutte contre les inégalités sociales reste au cœur de mes priorités. Je me ferai toujours le devoir de mobiliser la solidarité nationale pour aider les moins favorisés à desserrer l’étau de la solitude face à la précarité et au besoin.
Ainsi, 40 milliards de FCFA par an seront désormais consacrés au Programme national de Bourses de Sécurité familiale, pour porter le nombre des bénéficiaires de trois cent mille à quatre cent mille ménages.
Ces familles, de même que les personnes vivant avec un handicap, titulaires de la carte d’égalité des chances, continueront de bénéficier de la Couverture Maladie Universelle.
Avec le PUDC et le PUMA, nous poursuivrons nos efforts en faveur des zones déshéritées de notre pays.
Au cours de l’année 2018, 251 systèmes d’adduction d’eau potable seront livrés en milieu rural et 35.000 branchements sociaux réalisés en milieu urbain.
En plus de sa vocation d’équité territoriale et de justice sociale, le PUDC est devenu un catalyseur d’activités génératrices de revenus avec des milliers d’emplois durables créés grâce à ses réalisations en infrastructures et équipements.
Je suis heureux de constater comment les conditions de vie des populations bénéficiaires du PUDC et du PUMA changent radicalement pour le meilleur.
On le voit de Touba-Trankil à Ngoufatte ; de Négué Wolof à Halwar ; de Saréliou à Saré Bamol ; de Niakhar à Dialacoro ; et de Niassanté à Ndiosmone, entre autres localités d’un Sénégal des profondeurs trop longtemps abandonné à lui-même et dépourvu d’un minimum de services sociaux.
C’est en revitalisant le Sénégal des profondeurs que nous ferons éclore tout le potentiel de notre pays.
C’est ainsi que nous mettrons fin à l’appel illusoire et dangereux de l’émigration clandestine.
Et c’est ainsi que nous réaliserons pleinement le développement inclusif et solidaire de notre pays : le Sénégal de tous, le Sénégal pour tous.
Voilà pourquoi j’ai alloué 300 milliards de fcfa pour le financement du PUDC sur quatre ans.
Parallèlement, le Programme de Modernisation des Villes, à hauteur de 175 milliards, couvre désormais toutes les régions du pays.
Mes chers compatriotes,
Comme vous le savez, afin de conforter la vitalité démocratique de notre pays, j’ai pris l’initiative d’une concertation sur le processus électoral entre la majorité, l’opposition et la société civile. J’ai désigné un facilitateur à cette fin.
Je renouvelle à toutes les parties prenantes mon appel au dialogue, parce que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous oppose.
La Nation sénégalaise est à l'image de notre baobab géant, multiséculaire et solidement enraciné, dont la sève nourricière irrigue et entretient toutes les composantes.
Quant à nous, éphémères voyageurs dans le temps, nous parcourons tout juste le bout de chemin qui nous réunit sous l’ombre apaisante de cet arbre. Nul n'est assez fort pour prétendre s'y établir tout seul. Et nul n'est trop faible pour y être privé de sa place. C’est cela le Sénégal de tous, le Sénégal pour tous.
Ainsi va la Nation sénégalaise, notre abri commun. Ce qui fait notre honneur, c’est d’entretenir, à l’image des anciens, ce qui nous unit sous l’aile protectrice de notre grande Nation. Il y va de notre propre bonheur et du bonheur des générations futures.
A tous et à toutes, mes chers compatriotes, j’adresse mes vœux les meilleurs, de bonne santé, de réussite et de prospérité pour l’année nouvelle.
Bonsoir et Déwenéti. »
JEADER LANCE "MINI ME"
L'association s'investit dans l'éducation pour contribuer à la promotion d’une jeunesse responsable et consciente
JEADER étant une association qui œuvre en faveur de l’entrepreneuriat féminin, lance un projet éducatif. Une manière de contribuer à la promotion d’une jeunesse responsable et consciente.
Dans cette lancée JEADER organise un camp de l’excellence « MINI ME » pour les adolescentes du 21 au 30 décembre 2017 en partenariat avec l’ambassade des Etats-Unis. «Nous avons plusieurs type de subversions pour les anciens étudiants qui ont bénéficiés d’une bourse d’état. C’est le cas de Ndeye Absa Gningue, qui est très connue pour son engagement, son leadership et son dynamisme. Son projet a été sélectionné parmi des centaines de candidats. Ce qui a influencé notre choix est cet aspect de mentorat, ça touche l’éducation de la jeunesse des 14 régions du Sénégal », confie Mr Adama Dieng, le représentant de l’ambassade des Etats-Unis.
Les 40 filles de 12 à 18ans sélectionnées suivant des critères d’excellence, seront durant 9jours à La Maison de l’Education, Mariama Ba de Gorée. Un projet soutenu par le ministère de l’Education Nationale, vu son engagement à la scolarisation et au maintient des filles à l’école. « C’est notre sacerdoce d’impliquer les apprenants à ce projet. Nous sommes dans un pays où il y’a 14 régions et la région de Dakar compte 3 académies c’est pour cela que nous comptons 16 inspections académiques. Les deux meilleures filles de chaque académie participeront à ce camp. Les élèves qui bénéficient de cette colonie de vacances ont persévérées dans leurs résultats scolaires. Les brillantes filles du Sénégal méritent de bénéficier de ce projet », précise Mme Awa Sall la représentante du ministère de l’Education.
Dans la mise en œuvre de son programme JEADER crée des espaces d’échanges et de formations au bénéfice des jeunes filles. Le but visé par le camp d’excellence « MINI ME» est de faire connaître à ces adolescentes différents domaines dans lesquelles elles pourraient évoluer à l’avenir, de leurs inculquer les valeurs civiques, morales, sociales. C’est le prétexte de la participation de l’Association des Alumni, anciens boursiers d’Etat offerts par l’ambassade des Etats Unis, revenus au Sénégal, qui serviront de modèle et d’exemples.
La mission finale de ce projet serait d’avoir un mentor pour une adolescente afin de la guider et surtout de concrétiser son projet d’avenir.
Un des partenaires stratégique est l’entreprise Concree qui est une startup, un outil d’accompagnement en ligne et une communauté mise à disposition pour aider les usagers à progresser d’une idée à une startup avec un business model opérationnel « il est important de noter que Concree est utilisé aux Etats Unis qui a été créée par un sénégalais » souligne Ndeye Absa Gningue.
Un camp d’excellence qui allie l’utile à l’agréable «Nous sommes des acteurs de l’éducation et rattaché au ministère de la jeunesse, nous allons apporter en dehors de la formation, l’aspect vacance. Des moniteurs formés ont été choisis pour accomplir ces taches et cela de la formation à la distraction » a confirmé Ndiawar Diallo directeur du camp.
Pour le mot de fin, Ndeye Absa Gningue est revenue sur l’idée générale du projet « l’idée c’est que Tambacounda ne soit plus si éloignée que ça, que Fatick, que Matam soit plus accessible. On a vraiment espoir avec ces jeunes filles qui pourront émerger où qu’elles soient ».
LENA TALL FAYE, UNE OBSÉDÉE DE LA RÉUSSITE
La PDG de Delta Sa se définit comme une femme qui a le courage d'entreprendre dans un milieu qui n'est pas facile
Réussir Business |
Amayi Badji |
Publication 26/12/2017
Beaucoup ont déjà eu affaire avec DELTA SA sans s’en rendre compte. Mais si, une fois, vous avez eu des problèmes d’évacuation d’eaux usées ou si vous avez été dans une manifestation religieuse, probablement, vous avez eu à bénéficier des services ou installations de DELTA SA.
En effet, DELTA SA s’active dans l’assainissement, l’entretien, la maintenance de réseau. Aussi, dans la mise en place de systèmes d’assainissement autonome, branchement à l’égout, sondage et de déviation réseau, gestion des inondations, curage, pompage, désobstruction, vidange, dégraissage, décapage, détartrage de bacs, fosses, canalisations. Excusez du peu. Bref, DELTA SA est dans tout ce qui peut améliorer le cadre de vie des populations…
Pour arriver à ce résultat, il a fallu beaucoup d’efforts et de travail. Soutien de famille, au début des années 90, elle est stressée par le mot «déflaté», à la mode dans le milieu bancaire où elle évoluait. «Je n’en pouvais plus d’avoir cette épée de Damoclès sur ma tête. La crainte d’être déflatée du jour au lendemain m’était insupportable, sachant que j’avais toute ma famille derrière moi. J’avais peur de perdre mon travail et d’aller au chômage. J’ai pris mes responsabilités, non pas en allant chercher un autre boulot, mais plutôt en essayant de créer ma propre entreprise. Ainsi, je suis allé à la Chambre de Commerce de Dakar pour régler la paperasserie administrative. Et j’ai créé ma boîte. Le 1er marché que j’ai gagné, c’était pour le nettoyage au CESAG, l’école venait juste d’ouvrir ses portes. J’ai eu ce marché pendant plusieurs années. J’ai personnellement formé et fait des démonstrations aux chefs d’équipes comment bien faire le travail, avant d’aller continuer mon travail à la banque», se souvient-elle avec un brin de nostalgie.
L’obsession de réussir
C’étaient les débuts et les craintes qui peuvent habiter une jeune femme, chef d’entreprise, démarrant ses activités. Mme Faye va allier travail à la banque et prestation de service au CESAG, quelques temps avant de trouver un équilibre précaire. Ce qui ne l’empêche pas de prospecter ailleurs pour étendre ses services et surtout préserver les emplois qu’elle a créés et se forger un mental de battante. Aussi ne cessa-t-elle de démarcher les institutions et entreprises pour le nettoiement de leurs locaux. Ainsi, elle remporta quelques contrats avec certains ministères.
Avec le temps et l’ambition, le besoin de changer d’activités s’est posé à Mme Faye. De nouvelles exigences se bousculent au portillon, surtout avec les factures et autres documents administratifs à produire. «J’ai ressenti le besoin de mieux me structurer. Le télé-centre que j’avais ouvert sur la rue Abdou Karim Bourgi permettait deux choses. D’abord, de ne plus dépenser de l’argent ailleurs pour l’impression et la production des documents. Puis de créer un emploi rémunéré avec la gérante du télé-centre», précise-t-elle.
Lena Tall FAYE, PDG DELTA SA
2002, l’appel de l’assainissement
Ce pas franchi, elle ne régla pas pour autant le casse-tête de la paperasserie. «L’entreprise était plus ou moins informelle, même si on déclarait nos revenus aux Impôts. Mais pour pérenniser l’activité, il fallait se formaliser. Je suis allé voir un notaire pour changer mon statut et devenir actionnaire majoritaire, pour ne pas dire unique actionnaire. J’avais mon bureau sur la rue Raffenel, derrière le télé-centre. J’ai commencé à recruter une assistante, un comptable pour faire fonctionner l’entreprise. J’ai essayé de me diversifier en évoluant vers la SARL à partir de 2002. Depuis lors, nous intervenons dans l’assainissement», fait-elle savoir.
Avec l’expérience et la vision, Mme Faye a appris à maîtriser l’environnement des affaires. Le nettoyage, c’est bien, mais faire de l’assainissement, c’est mieux. Le flair du leader, diront certains. «La diversification était une obligation pour ne pas dépendre d’une seule activité. Total Sénégal avait lancé un marché pour assainir quelques stations-service et je l’ai gagné. Je devais louer des camions de vidange, car n’en disposant pas. Mais avec le temps, j’en ai acheté un, puis deux, puis trois, au fur et à mesure que je remportais d’autres marchés, jusqu’à avoir, aujourd’hui, mon parc de camions et engins», souligne-t-elle.
Cette croissance maîtrisée sera à l’origine d’un nouveau changement de statut social en 2013. «Nous sommes passés de SARL à S.A, du fait du niveau de notre chiffre d’affaires qui nous y obligeait, légalement», confie-t-elle. «Aujourd’hui, nous avons plus de 200 travailleurs, dont 100 emplois directs et cela dépend aussi des saisons», explique la Directrice. Le bébé a bien grandi et après la diversification et la consolidation économique, pointe à l’horizon l’ouverture de succursales dans les régions, à Saint-Louis, Ziguinchor et Kaolack. Des prospections ont étaient déjà faites et certaines régions sont ciblées. Ce déploiement de DELTA SA ne sera pas réellement une nouveauté, car elle travaille déjà sur tout le territoire national. En effet, pour des besoins contractuels, DELTA SA se déploie tous les mois dans toutes les régions du pays. La rigueur et le professionnalisme de Mme Faye ont fini de satisfaire les Forces Françaises du Sénégal, Vivo Energy, Total Sénégal et autres qui font appel à ses services pour leurs besoins d’assainissement. «Pour répondre aux attentes normées de tous ses clients, nous avons dû faire de gros investissements afin d’assurer la logistique, sans oublier notre capital humain qui est de qualité et très motivé», rappelle Mme Faye.
La plus grande satisfaction de Mme la PDG, c’est le fait d’employer des jeunes et participer à créer des emplois. «Quelquefois, je fais face à des difficultés qui me poussent même à vouloir décrocher,mais lorsque je vois les jeunes diplômés et non diplômés qui frappent à ma porte pour chercher du travail, je me dis que j’ai une mission à remplir. C’est une satisfaction morale que de participer modestement au développement de mon pays. Aussi, mon souhait le plus ardent est que DELTA SA soit pionnière dans l’assainissement du pays, voire dans la sous-région. C’est ma vision et je ferai tout pour atteindre cet objectif.».
ONAS, AAAS, DELVIC et la Fondation Bill et Mélinda Gates
Avec son partenaire VICAS, DELTA SA a créé une société dénommée DELVIC qui gère les stations de boues de vidange de la région de Dakar. Ce partenariat public-privé (PPP) dans le cadre du programme de structuration des boues de vidange de l’Office National de l’Assainissement du Sénégal, avec la Fondation Bill et Melinda Gates, permet à DELVIC de participer à l’amélioration de la gestion des boues de vidange ainsi que leur valorisation. «Juste pour dire que si nous sommes en groupement, nous pouvons réussir de belles choses, au bénéfice de cette jeunesse, car beaucoup d’emplois sont créés, mais également à l’amélioration du cadre de vie des populations»,
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SANS DÉTOUR AVEC AMSATOU SOW SIDIBÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Le piétinement des droits de Khalifa Sall - Les magistrats impliqués dans la politique politicienne - Le poids de l'argent au Sénégal - Les cas où la justice n'a pas dit le droit - Mes premières amours - SANS DÉTOUR, VERSION INTÈGRALE
Femme politique, militante des droits de l'Homme, féministe, professeur agrégée de droit privé, Amsatou Sow Sidibé est l'invitée du 24ème numéro de votre émission politique Sans détour, co-produite par Seneplus.com et Sup'Imax.
Ce 24ème numéro est présenté par le journaliste et analyste politique, Momar Seyni Ndiaye, qui a à se côtés le rédacteur en chef adjoint du site de vérification des faits Africa Check, Samba Dialimpa Badji, et le journaliste, Abdoulaye Sène.
La présidente du parti politique Car Leneen évoque, entre autres, l'indépendance de la Justice au Sénégal, le procès de Khalifa Sall, le dialogue politique initié par le régime au pouvoir, la place des femmes dans la société sénégalaise, la situation de la jeunesse.
Regardez l'intégralité de l'émission.
PAR MIMI TOURÉ, ANCIENNE PREMIER MINISTRE
LA REDDITION DES COMPTES ET RIEN D'AUTRE
URGENT SENEPLUS - Je persiste et signe - Les cris d’Orfraie des clients de la CREI et de leurs associés politiques peuvent continuer jusqu’au jugement dernier - Ils ne m’ébranlent guère
La reddition des comptes est une exigence des temps modernes et des progrès majeurs ont été enregistrés depuis 2012 et cela doit continuer et devenir une routine de notre système de gouvernance.
Je persiste et signe et les cris d’orfraie des clients et associés de la CREI et du procureur de la République peuvent continuer jusqu’au jugement dernier, ils ne m’ébranlent guère.
La reddition des comptes a même rapporté plus de 200 milliards à l’Etat du Sénégal car le décompte ne prend pas en compte les amendes individuelles de 138 millards 239 millions chacun de Karim Wade, Bibo Bourgi, Mamadou Pouye et leurs sept autres complices qui sont des avoirs dûs à l’Etat du Sénégal.
J’encourage les organes de contrôle de l’Etat et la Justice à poursuivre leur travail sans coup férir en dépit d’un tapage médiatique entretenu par ceux doivent répondre de leur manipulation frauduleuse des deniers publics qui doivent servir exclusivement à améliorer les conditions de vie des sénégalais.
BEBE TAMBA, UNE VIE CONTRE L’EXCISION
PORTRAIT Fatoumata Tamba, excisée au berceau
Khady SONKO (Envoyée spéciale à Sédhiou) |
Publication 23/12/2017
Excisée au berceau, Fatoumata Tamba dite Bébé Tamba est une laborantine. Elle travaille à l’hôpital de Sédhiou et est une militante engagée pour l’abandon des mutilations génitales féminines.
Dans une autre vie, elle aurait pu être exciseuse, mais elle a choisi une autre voie qui la conduit à se battre contre cette pratique. Laborantine à l’hôpital de Sédhiou, Fatoumata Tamba dite Bébé Tamba lutte sans relâche contre l’excision. «L’une de mes grands-mères, raconte-telle, était exciseuse. Heureusement qu’elle n’est plus de ce monde, sinon c’est moi qui l’aurais tuée en lui répétant chaque jour que je ne lui pardonne pas de m’avoir excisée», se plaint Bébé Tamba. Depuis la mort de sa grand-mère, personne n’a voulu perpétuer cet héritage dans la famille. Mais le mal était déjà fait, car elle aura ellemême subi l’initiation au berceau. «Il paraît que j’avais un mois quand on m’a excisée», confesse-t-elle. Aucun souvenir ne remonte évidemment en surface, mais la blessure est toujours béante. Par conséquent, son engagement s’explique. Sa profession, doublée de son rang de présidente de groupement féminin et d’animatrice à la radio de Sédhiou, lui a permis d’entrer dans l’intimité des victimes et de mesurer les conséquences néfastes de la pratique. C’est ainsi qu’elle vit au quotidien cette épreuve. «L’excision peut briser des ménages, apporter des complications lors des accouchements ; d’où mon engagement pour mettre fin à ce fléau et ainsi épargner les futures générations», dit-elle en indiquant recevoir dans ses confidences à la radio, comme chez elle, des victimes qui n’en veulent plus de leur union, faute de plaisir quand elles ont des relations sexuelles avec leur conjoint. «Une fille m’a avoué qu’elle ignore ce qu’est l’amour, le plaisir. Cette fille-là ne va pas valoriser son ménage parce qu’elle n’y sent aucun bonheur et cherche à partir. Donc l’excision a brisé ce ménage», argumente Bébé Tamba.
Célibataire, Bébé Tamba a la peur au ventre et redoute la nuit de noces ainsi que l’accouchement. Elle s’étrangle quand elle pense au mariage à force de voir et d’entendre les souffrances de ses confidentes et auditrices qui sont victimes de cette pratique. «Comme je suis victime, j’ai peur parce que je l’ai subie dans mon berceau. Et lors de mes émissions radios, une fille m’a expliqué hors ligne sa peur du mariage parce qu’elle devra alors entretenir des rapports avec son mari. Elle m’a dit qu’elle a une fois tenté l’acte, mais n’a pas pu, car cela lui faisait tellement mal. La façon dont cela a été fait a laissé une boule sur place. Elle aurait même honte de se déshabiller devant son conjoint», confesse Bébé Tamba.
Attendrie par cette révélation, elle cherche les voies et moyens d’envoyer à Dakar son auditrice afin de la faire bénéficier d’une opération pour se débarrasser de sa boule. Optimiste et patiente sur la fin de l’excision qui est en train de reculer dans la commune de Sédhiou, elle continue sa sensibilisation et parfois fait dans l’intimidation pour dissuader les récalcitrantes. «Dans une génération, il n’y aura plus d’excision parce que je ne vais pas le faire à mon enfant. Si ma petite sœur ne le fait pas ainsi que bien d’autres jeunes, la pratique va disparaître», se persuade-t-elle.
La pratique, étant l’apanage des vieilles et autres personnes non instruites, disparaîtra avec la mort certaine de ces vieilles praticiennes «qui n’en ont heureusement plus pour longtemps», selon Mlle Tamba. Elle est en outre convaincue que l’éducation et la sensibilisation de tous vont aider à accélérer la fin des mutilations génitales des filles. La trentaine révolue, elle focalise ses interventions sur les jeunes qui incarnent l’avenir du pays. «Si on arrive à convaincre les jeunes d’aujourd’hui qui vont devenir les parents de demain, la pratique ne sera qu’un vieux, lointain et mauvais souvenir», espère-t-elle. Rien de plus...
KOUSSY TOURNE LE DOS A L’EXCISION
Mutilation génitale féminine
Khady SONKO (Envoyée spéciale à Sédhiou) |
Publication 23/12/2017
Le 26 novembre 2017 restera une journée historique pour les populations de Koussy. Située dans le département de Sédhiou, la commune de Koussy engage la bataille contre les mutilations génitales féminines dont le pic est la déclaration publique d’abandon de la pratique par 87 communautés qui ont longtemps résisté aux pressions politico-judiciaires. C’est le début d’une nouvelle ère pour les filles longtemps victimes de ces pratiques rétrogrades et dégradantes.
Elle n’a pas tremblé au moment de faire la déclaration publique sur l’abandon de l’excision : «Prenons l’engagement solennel en ce jour du 26 novembre 2017, en toute connaissance de cause, d’abandonner définitivement les pratiques de l’excision, des mariages des enfants et des mariages forcés des filles au sein de nos communautés...» A travers ces mots, le village de Koussy rejoint ainsi le mouvement historique initié depuis le 31 juillet 1997 à Malicounda Bambara dans le département de Mbour «qui n’a cessé de rayonner au Sénégal tout comme dans la sous-région et qui a enregistré aujourd’hui 6 484 villages ayant définitivement renoncé aux pratiques de l’excision, des mariages des enfants et des mariages forcés ».
Dans la région de Sédhiou, plus de 87 communautés viennent ainsi de rendre public leur abandon de l’excision, des mariages d’enfants et des mariages forcés devant les autorités préfectorale, communale, religieuse, coutumière et des partenaires techniques et financiers de l’Ong Tostan qui a organisé la rencontre. Il est 11 heures. Le soleil trône au zénith sur un ciel dégagé. Sous une chaleur accablante, les populations chantent, dansent et étalent leurs différences ethniques et leur accoutrement. Jadis pratiquement répandue, l’excision est publiquement abandonnée. Une femme s’avance, remet son couteau et incinère tout l’arsenal qui lui servait dans son travail interdit, mais qu’elle continuait à exercer en cachette. L’acte est fort et est salué à sa juste valeur. «Nous, autorités administratives, il est de notre devoir d’appeler toutes les communautés à abandonner ces tares. On faisait l’apologie de ces pratiques dans la société traditionnelle, mais aujourd’hui on s’est rendu compte que ce sont des maladies que nous rencontrons derrière ces pratiques à travers l’excision des filles et même leur mariage précoce», dit l’édile de Koussy.
Située dans le département de Sédhiou, elle compte environ 10 mille 360 habitants, polarisant 29 villages et qui vivent d’agriculture et d’élevage. Dans cette zone rurale fortement conservatrice, l’acte est «fort». Très engagé à vaincre la pratique, le maire de Koussy prévoit une série de rencontres avec les chefs de village de sa commune pour parler de la pratique. «Ils sont les meilleurs vecteurs étant donné leur position entre les communes et les villages. Ils vont porter le message au niveau des communautés les plus lointaines. Le combat doit être pérenne, un suivi après la déclaration, un contrôle au niveau des villages, veiller à l’abandon définitif. Cela ne va pas être facile, compte tenu des réalités socioculturelles surtout dans des communautés manding qui considéraient cette pratique
comme un acte utile et qui avancent des raisons dont on s’est rendu compte qu’on peut les contourner», a développé Ousmane Kamara. Le maire promet par ailleurs un plan d’actions à la suite de la cérémonie de déclaration publique d’abandon de l’excision et des mariages précoces. Il ne veut pas que cela soit un slogan creux. «Il faut enrayer ces fléaux», exige-t-il. Aussi at- il lancé un appel aux Ong présentes dans la zone pour soutenir les femmes à sensibiliser davantage pour l’abandon de l’excision et du mariage précoce des filles.
Selon la coordonnatrice du Programme violence basée sur le genre à Unfpa Sénégal, la déclaration n’est rien d’autre que l’achèvement d’un processus de formation de trois ans. Laquelle formation a porté sur les cours d’alphabétisation, de renforcement de capacités, les questions de droits humains comme le respect de l’intégrité physique, la démocratie. «Petit à petit, on amène la population à prendre conscience de l’importance des droits humains», a expliqué Lidy Sanka Kadou. C’est la fin d’une ère.
AIBD
C’est fait pour le premier bébé accouché en plein vol
Le premier vol de Corsair en partance de l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass pour Paris a été marqué par un fait inédit : la naissance d’une petite fille en plein vol.
Pour une première, c’est une réussite. Quelques heures seulement après la naissance officielle de l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd), le premier vol de Corsair en direction de Paris, identifié CRL 954, a été le théâtre d’un fait inédit. L’habitacle de l’Airbus A 330 a été transformé en salle d’accouchement. Oui, une naissance à bord. En plein vol ! « Nous venions de quitter le tarmac du nouvel aéroport Blaise Diagne. Après une heure de vol, mon équipe m’a informé qu’une jeune femme se plaignait de douleurs abdominales répétitives », raconte, à Paris, Philippe Latorre, le chef de cabine. Il a sous sa responsabilité une dizaine d’hôtesses de l’air. « Quelques instants après mon arrivée, la jeune dame a perdu les eaux », poursuit Philippe Latorre. Et là, le doute n’était plus permis. L’équipe était en train d’assister à un accouchement en plein vol.
Très rapidement la panique a laissé place à la mise en place du dispositif recommandé par la compagnie en pareille circonstance. « Même si je venais de faire une formation sur ce genre de cas d’urgence en plein vol, c’était une première pour moi. Il y a une grande différence entre la théorie et la pratique. Cependant, j’ai gardé ma sérénité », informe le chef de cabine. Philippe Latorre va saisir cette occasion presque unique dans une carrière pour mettre en pratique ce qu’il a appris en secourisme. « L’office de derrière de l’avion, où sont stockés nourriture, boissons, couverts et plats, est vidé et transformé en maternité », détaille Philippe Latorre. Une salle d’accouchement de fortune est donc improvisée : les médicaments et le matériel médical prévus dans les avions en pareils cas sont réquisitionnés, des serviettes ont été mises au sol.
Y a-t-il un médecin dans l’avion ?
Pendant ce temps-là, une annonce importante est faite en cabine : Y a-t-il un médecin dans l’avion ? « À notre grande surprise, c’est un gynécologue sénégalais qui s’est présenté à nous », souffle comme un ouf de soulagement le chef de cabine qui avait encore du mal à croire à la chance de compter un spécialiste de la naissance parmi les voyageurs. A partir de ce moment, c’est comme s’il y avait un alignement des planètes pour la naissance du bébé. « Les dieux de l’aviation étaient avec nous », se réjouit M. Latorre. Tout s’est bien déroulé. Il n’y a pas eu besoin de césarienne ou d’autres opérations complexes. Le matériel était disponible, les médicaments également et, mieux encore, les conditions de vol étaient excellentes : il n’y a pas eu de secousses ni de zones de turbulence ». Ainsi, 45 minutes après la perte des eaux, la passagère a donné naissance à une petite fille.
Un bébé en bonne santé
C’est une jeune maman de « 28 ans, ingénieure en génie civil qui allait rendre visite à sa sœur installée à Paris », nous informe-t-on à Corsair Paris où l’on nous précise qu’elle ne désire pas entrer en contact directement avec la presse. La jeune maman daigne simplement nous faire savoir par l’entremise de Corsair International en France qu’il s’agit de son « premier enfant » et qu’elle ne s’attendait « pas à accoucher ce jour-là ». Mais aussi qu’elle va bien, son « bébé est en bonne santé ». Corsair nous rapporte également qu’elle remercie le gynécologue qui l’a assistée pour la naissance de l’enfant ainsi que le personnel navigant. L’ingénieure sénégalaise se dit consciente du caractère extraordinaire de la situation : « On ne voit ce genre de choses que dans les films. Et cela m’est arrivé à moi, je dois dire que c’est très gênant ». Un sentiment qu’elle justifie par le retard que son accouchement a provoqué car l’avion a fait demi tour pour revenir se poser à l’Aibd afin qu’elle soit prise en charge par les services médicaux spécialisés. Ce qui a nécessité un retard conséquent pour les 300 passagers du vol, parmi lesquels Pascal de Izaguirre, le Pdg de Corsair, venu au Sénégal pour assister à l’inauguration du nouvel aéroport de Diass. Comptant plusieurs années de service, Philippe Latorre évoque un cas inédit qui va rester en mémoire : « Toute l’équipe s’est prise en photo avec le bébé et la maman ».
La Sénégalaise Fatou Kandé Senghor est une femme exceptionnelle. Elle est une artiste sans case - elle ne tient dans aucune - et cependant trouve place partout.
Vous la rencontrez à peine que cette femme joviale de 46 ans, aux yeux comme des dessins d'enfant, vous embarque dans des échanges sur ses réflexions et ses univers, qu'elle raconte en texte, images, sons. Dans une conversation en français, elle peut virer sans crier gare à l'anglais, foncer sur le wolof si l'interlocuteur le comprend, piler net et s'exclamer en pidgin, "l'anglais cassé" du Nigeria, puis repartir en puisant dans le français assaisonné aux épices de ses divers pays d'enfance, "y a foye"! ("Il n'y a rien", comme ils disent en Côte d'Ivoire.)
Fatou Kandé Senghor est à la fois photographe, plasticienne, scénographe, cinéaste, auteure, femme de média (elle a dirigé une radio où elle a animé une émission de rap pendant un an), éducatrice (elle forme en vidéo des étudiants et des jeunes en rupture avec l'école) et on pourrait encore allonger la liste.
Elle a exposé à Dak'Art, une des plus importantes manifestations des arts visuels en Afrique, et à la Biennale de Venise, considérée comme un des évènements artistiques parmi les plus grands en Europe et dans le monde. Le film documentaire "L'autre en moi" ("The Other In Me", 2012), c'est elle - de même que quelques dizaines d'autres. Les costumes pour les films "Faat Kiné" de Sembène Ousmane (2000) et "Madame Brouette" de Moussa Sène Absa (2000), c'est également elle.
(S')Etonner
Waru Studio, qui existe depuis 2001, c'est encore elle. C'est à la fois une société de production et un lieu ouvert à des projets d'autres créateurs, à des échanges avec des artistes d'ailleurs, dans le quartier Mermoz, à Dakar. Pour y faire et y voir éclore des merveilles, des choses qui étonnent, comme le laisse entendre le vocable wolof dans le nom, "waaru", "étonner, s'étonner". Le livre "Wala Bok, une histoire orale du hip-hop au Sénégal" (Editions Amalion, 2015) et la plupart des photos qui illustrent cette anthologie, c'est toujours elle."
Je me décris toujours comme une artiste d'abord. Je suis une artiste pluridisciplinaire, touche-à-tout, qui s'intéresse à tout", résume-t-elle lors d'un entretien qui, au lieu d'une heure ou deux d'échanges, tourne en yendu (quand on passe la journée avec l'hôte) à son domicile à Thiès, à environ 70 km à l'est de Dakar. C'est là, dans cette maison spacieuse, agréable, pleine de vie et d'œuvres d'art, coiffée de bougainvilliers en fleurs, qu'elle vit "depuis huit ans maintenant", ayant choisi de s'éloigner de Dakar, explique-t-elle, "pour avoir un recul et ruminer tout ce que j'avais accumulé dans mes séjours, mes voyages, mes entretiens, mes rencontres."
"J'ai un parcours intéressant parce qu'il vient de l'aventure du voyage et de l'école, de l'université ; il vient du système éducatif des pays que j'ai fréquentés, le Nigeria en particulier où j'ai passé 12 ans de ma vie étant adolescente," indique cette femme de forte corpulence s'exprimant d'une voix calme.
Globe-trotteuse
Si elle est née au Sénégal en 1971, Fatoumata Bintou Kandé - son vrai nom - a vécu longtemps à l'étranger, au gré des affectations professionnelles de son père, un diplomate, puis sur le chemin de ses études et activités postuniversitaires : Etats-Unis, Nigeria donc, Ghana, Bénin, Togo, Cameroun, France, Burkina Faso... Pour avoir "sillonné les vagues anglophone et francophone", affirme-t-elle, "j'ai quasiment créé ma manière d'être entre les deux. Donc, j'ai développé un art qui se focalise moins sur la discipline que le sujet. Quand un sujet me tient à cœur, (...) je laisse presque le médium s'imposer à moi."
Petite, Fatou Kandé Senghor n'imaginait pas ainsi son futur. "Je ne sais ce que j'imaginais et peut-être que je n'imaginais rien du tout parce, que je vivais dans une famille qui voyageait, qui arrivait dans de nouveaux espaces avec de nouvelles histoires. Parce que nous étions dans la représentation diplomatique, tout était frais et neuf à chaque fois, tout était beau. (...) J'étais comme Alice au pays des merveilles, je ne pensais même pas qu'un jour il aurait fallu sortir de ce cocon-là". Il l'a fallu, pourtant. Et pour Fatou-Alice, le retour à la réalité ne fut pas des plus doux. C'était même : "Ouh, la claque !", lâche-t-elle.
Cela lui est arrivé en France. Après le baccalauréat à Yaoundé, elle rejoint son frère et sa sœur à Lille (nord de la France). A la faculté, elle se retrouve à étudier les langues et civilisations anglophones. "Il y avait comme option la filmologie", qu'elle choisit.
Séance de choc
Elle se rappelle un cours l'ayant marquée, avec la projection d'un film du Français Jean Rouch, "Les Maîtres Fous" (1955), sur un rituel d'exorcisme et d'expiation au sein des Haouka (ou Hauka), une société secrète d'immigrés d'origine songhaï - venus du Niger et du Mali - au Ghana. Ce documentaire a été réalisé, selon Rouch, "au cours d'une mission de recherche du Centre national de la Recherche Scientifique et de l'Institut Français d'Afrique Noire". En concluant son récit, l'ethnologue français se demande si ces hommes "ne connaissent pas certains remèdes qui leur permettent de ne pas être des anormaux mais d'être parfaitement intégrés à leurs milieux, des remèdes que nous (Occidentaux, NDLR), nous ne connaissons pas encore."
Mais ce que la classe en retient, ce sont les scènes bouleversantes pour un public non averti : un malade battu, les libations et sacrifices d'animaux - un poulet, un bélier, un chien. Le chien parce que, "c'est un interdit alimentaire total. Si les Haouka tuent et mangent un chien, ils montreront qu'ils sont plus forts que les autres hommes, noirs ou blancs", précise Rouch. Dans le film, on montre les "possédés" dansant, en transes, yeux révulsés, morve au nez et écume de bave à la bouche ; on les montre buvant le sang du canidé fraîchement égorgé durant leur séance de ndëpp. Le lendemain, on les voit en hommes épanouis, heureux, travailleurs, "normaux"...
"On a regardé ça dans une classe où il y avait une Antillaise guadeloupéenne et moi comme Noirs. A la fin du film, on était (perçues comme) responsables du comportement de ces patients en psychiatrie" et tous les autres étudiants, peu familiers de l'Afrique et de sa diversité, "tout le monde nous regardait avec l'air de vouloir planquer son chien", ajoute Fatou Kandé Senghor, que ce souvenir semble émouvoir aujourd'hui encore.
Quête d'identité
C'est le choc pour la jeune femme, jusqu'alors "très space" (originale, singulière, peu commune) et qui avait toujours vécu dans des environnements multiculturels et multinationalités. "J'arrive en France et je réalise que les gens ne sont pas prêts pour quelqu'un comme moi. Ils voient 'les Noirs, les Africains, les Blacks'. Mon individualité sympa et branchée disparaît. Et je commence à rencontrer des trucs réels du genre : tu t'assois dans le métro, la Blanche d'à côté se lève ou alors, sans avoir rien fait, quelqu'un te traite de +noireaude+" dans la rue, se rappelle-t-elle. Des scènes de racisme qu'elle vit aussi à Paris, où elle s'est rendue après Lille. Oubliée, Fatou-Alice, place à Fatou-la-Noire. "Et ça m'a vraiment secouée. Je me suis dit : 'Ouh, I got to get the hell out of here' (Ouh, il faut que me casse d'ici !). Ce n'est pas un endroit où je vais fermer ma gueule pour faire hôtesse d'accueil, secrétariat ou balayeuse ou je ne sais pas quoi dans un Prisu (Prisunic, supermarché, NDLR). Il n'était pas question pour moi que je reste là très longtemps. Et je cherchais déjà la porte de sortie."
La quête de la porte de sortie, c'est aussi celle de son identité. Une quête de soi qui passera par le cinéma et qu'on retrouvera dans certaines de ses œuvres comme, selon ceux qui l'ont vu, le film "L'autre en moi". L'histoire de retrouvailles et interrogations de frères jumeaux, Etienne et Léopold Senghor, nés au Sénégal, ayant grandi aux Etats-Unis, dont l'un est rentré au pays, l'autre est demeuré à l'étranger. Etienne Senghor est, dans la vie, celui qui a donné à l'artiste le nom Senghor en l'épousant. Le couple a trois enfants, des filles : l'aînée a 19 ans, la benjamine, 9.
Dans le milieu du hip-hop au Sénégal, que Fatou Kandé Senghor a vu naître, grandir et dont elle connaît presque tous les acteurs, elle est réputée généreuse, ouverte, accessible, taquine, voire badine. "Mon père a toujours aimé les grosses fêtes, il aimait réconcilier les gens. Son sens de la négociation était très lié était à la rencontre, à la nourriture, à la discussion, à l'invitation, j'ai gardé ce côté festif et des rencontres", confie-t-elle en riant.
"Elle a la niaque"
Elle est aussi connue pour être quelqu'un de combatif et qui maîtrise son sujet. "C'est une femme passionnante et passionnée. Elle a la niaque", témoigne Aïsha Dème, activiste culturelle sénégalaise. "Etant une femme dans son milieu, ce n'était pas évident, mais elle a su s'imposer et ce, depuis des années. Elle est très respectée par tout le monde, ce qui est très difficile dans notre milieu culturel, particulièrement dans le milieu des arts visuels", déclare Dème, soulignant qu'elle est par ailleurs "une des rares" femmes et artistes au Sénégal "à avoir accès à certains endroits comme en Casamance (sud) dans les rituels qui sont consacrés aux hommes".
C'est dans cette région verdoyante, d'où est originaire son père, que Fatou Kandé Senghor a réalisé "Giving Birth" ("Donner naissance", 2015), portrait de la potière et sculptrice sénégalaise Seyni Awa Camara, une autodidacte. Selon le critique d'art sénégalais Massamba Mbaye, Awa Seyni Camara et Ousmane Sow, l'homme aux monumentales sculptures, étaient les artistes sénégalais les plus cotés dans le monde de l'art au décès de Sow en décembre 2016.
Retour au hip-hop. Pour le livre "Walabok...", Fatou Kandé Senghor a rencontré "en tout à peu près 300 groupes ou individus, même si tout le monde n'est pas dans le bouquin". "La plupart du temps, j'allais dans leurs quartiers pour comprendre leur univers aussi... Et ça a mis dix ans" à prendre forme, révèle l'auteur, qui a reproduit textuellement les propos de ses différents interlocuteurs, sur leurs débuts et différents sujets : éducation, politique et engagement, clashes...
"Donner la parole"
Si l'ouvrage a été généralement bien accueilli au Sénégal, certains lui ont reproché l'absence de synthèse et d'analyse. "Ce n'était pas mon objectif, que ce (le livre) soit complet. Mon objectif, c'était juste de donner la parole. Je suis encore dans cette cohérence de la parole : qui l'a, qui ne l'a pas, qui la donne, qui la prend, qui fait quoi avec", réagit Fatou Kandé Senghor, ajoutant qu'il existait déjà "des choses sur le hip-hop au Sénégal" faites par des universitaires, des chercheurs, qui "écrivent comme des scientifiques et font de l'analyse peu accessible à tout le monde. Je voulais faire un bouquin" permettant aux concernés de "raconter leur histoire. Pour moi, c'était à un Sénégalais de faire cette restitution, et je l'ai faite."
Le livre va avoir une petite sœur en 2018 : une série télévisée intitulée "Walabok, comment va la jeunesse ?", dont le pilote a déjà été réalisé. Elle sera tournée en wolof et doublée en français. Ses personnages "sont des protagonistes que tout le monde connaît : les enfants, les adolescents, les jeunes adultes, et les pauvres parents". Son décor, "c'est Pikine, un endroit où ma grand-mère a élevé ses enfants, dont ma mère. La maison familiale y est encore."
Certains de ses collègues et amis s'extasient sur le parcours de Fatou Kandé Senghor, le jugeant "extraordinaire" ou "impressionnant". Elle, humble, sourit quand on évoque son CV. "Je n'ai pas bien tenu les comptes mais j'ai fait des trucs vraiment géniaux", avance-t-elle, se réjouissant de pouvoir "apprendre des choses", à chaque fois, en toutes occasions. "Et pour moi, c'est ça qui fait la densité d'un être, ce ne sont pas des réalisations. Ce sont les pas gagnés à chaque fois pour devenir quelqu'un de dense, c'est faire ses armes."