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LA RÉSITANCE, LA FORCE SOUVERAINE
EXCLUSIF SENEPLUS - Toute domination est à terme vouée à l’échec. Cette loi est au cœur d’un monde à rebâtir. Elle féconde en théorie et en praxis un nouveau leadership autour de l’intelligence collective, l’humilité et le courage intrépide
« C’est en subissant l’épreuve du feu que le fer gagne en éclat »
Le concept de résistance est essentiel pour analyser et comprendre la trame et les dynamiques complexes de l’histoire des sociétés humaines. Il est en effet au cœur des contradictions multiformes connues par l’humanité, marquées par la domination, l’exploitation et l’asservissement, et dialectiquement par les luttes opiniâtres et les résistances farouches contre l’ordre injuste. « La double marque du monde, dit Wallerstein,[2] est l’imagination de ceux qui le rançonnent, et la résistance entêtée des opprimés. L’exploitation d’une part, de l’autre le refus d’accepter cette exploitation (soi-disant inévitable ou légitime), telle est l’antinomie de base de l’ère moderne : les deux termes s’associent dans une dialectique qui est loin d’avoir atteint son sommet… ». La domination et la résistance vont donc ensemble
Le droit légitime et le devoir sacré de résistance
L’hégémonie est la recherche de l’exercice élargie de la domination d’un système, d’un pouvoir, d’un Etat sur son peuple, d’une nation sur d’autres. Elle secrète son contraire, la résistance légitime multiforme des opprimés, des peuples et nations dominés. Du point de vue de l’évolution historique, la résistance conditionne le rétablissement de la justice et de la paix, celui du progrès général de la civilisation humaine. Cette raison fonde universellement le droit imprescriptible à la résistance pour la liberté et la souveraineté. Contrairement à ce que l’on redoute, l’exercice du droit légitime et le devoir sacré de résistance, élève en dignité et unifie une communauté, un peuple, une nation, au lieu de les diviser et de les affaiblir. La preuve est la comparaison de l’état de développement et de progrès élevés atteint aujourd’hui par les peuples et nations qui ont résisté dans l’endurance, et ceux qui n’ont pas osé lutter du fait de la capitulation de leurs élites, ou qui, divisés face à l’ennemi, ont été défaits. De même sont élevés en héros les hommes et les femmes indomptables qui ont donné en sacrifice leur vie pour empêcher ou délivrer leur communauté ou leur pays de l’asservissement. Leurs visages restent gravés dans la mémoire de l’humanité et leurs faits de courage illuminent l’énergie et l’espoir de liberté des générations successives. En réalité, la résistance renforce l’unité, la grandeur des peuples et Nations et leur ouvre les conditions de la paix et de la prospérité. Elle confère en outre à leurs Etats, une position stratégique enviée dans le monde. Il est donc vrai pour les individus comme pour les peuples, « c’est en subissant l’épreuve du feu que le fer gagne en éclat ».
Domination, crise et résistance
Le concept de résistance est étroitement lié aux concepts de domination et de crise. La domination du fait de son caractère injuste et oppressif, engendre une crise sociale et une perte de légitimité politique des dirigeants alliés de l’ennemi. Elle fait naitre la résistance défensive et offensive du soi ou de l’entité collective pour préserver son intégrité et sa survie, face à l’adversité conquérante et à la force répressive. Elle est un mouvement organisé, pacifique ou conflictuel, s’opposant à la menace de dissolution. La résistance n’est donc pas simple révolte, furie de violences spontanées et sans lendemain, mais un processus muri, un travail d’avant- garde coordonné, nourri par l’humanisme de la liberté. Le concept induit le refus, la lutte et, au point culminant, l’affrontement salutaire.
La dimension culturelle de la résistance
La résistance dans un contexte de domination revêt une dimension culturelle, linguistique et spirituelle de grande portée. Elle puise historiquement sa force mentale et créative dans le génie culturel et l’imaginaire fécond du peuple. Ce foyer incandescent, intangible et ineffable concentre les réponses accumulées et leur efficacité symbolique, face aux multiples défis. La résistance se développe, s’appuyant sur les ressources et les patrimoines anciens revigorés. Elle intègre en même temps les acquis scientifiques les plus avancés de la culture et de l’expérience universelle de l’humanité.
La culture est donc le foyer où s’affirme ce qui est le plus sacré pour un peuple, sa dignité, sa langue et ses valeurs, le droit de vivre libre. Sous domination étrangère prolongée, la culture d’un peuple perd de sa vitalité, semble rigidifiée, mais en réalité, elle entre dans une sorte de clandestinité d’où elle réapparait revivifiée dès que la résistance pour la libération s’amorce au sein des élites et du peuple.[3] Les artistes et créateurs, architectes, ingénieurs, artisans d’art, décorateurs, aménagistes, poètes et conteurs, jouent alors le rôle d’avant- garde critique et inventif du futur. Par leurs œuvres de beauté, ils esquissent déjà les possibilités infinies de jouissances raffinées qui s’offriront à tous, à l’heure attendue de la délivrance. La résistance porte ainsi en elle, dans ses flancs l’avenir et le destin d’un peuple, d’une nation, comme la femme porte en gestation la vie à naitre. Elle libère les élites de la dépendance intellectuelle et de l’hégémonie conceptuelle des experts étrangers, entame la rénovation de la pensée sociale au sein du peuple et ouvre l’avènement de nouvelles modernités endogènes. C’est pour cette raison que la culture est toujours un enjeu stratégique de pouvoir et de contrôle idéologique dans les rapports de classe au sein des sociétés et dans les relations entre États et Nations en compétition.
Résistance et renouveau collectif
La résistance sous toutes ses formes est un processus de transition (éveil de conscience, mobilisation, organisation supérieure). Elle vise la reproduction, la survie du sujet collectif. L’entité qui résiste cherche la préservation de son intégrité et au-delà, de son projet historique de vie. La résistance développe une idéologie politique qui oriente et anime les dynamiques d’organisation et les stratégies de réadaptation salutaires pour une victoire certaine. Ces dynamiques tissent de nouvelles relations sociales de solidarité au sein du peuple et font émerger de nouvelles légitimités de gouvernance politique. La résistance est aussi réappropriation de la mémoire collective des traditions de lutte. Elle est le foyer d’éclosion d’innovations créatrices multiples, assurant la continuité historique de la communauté sous un nouvel élan. La résistance conduit à la libération, étape nécessaire au renouveau collectif.
Les masses font l’histoire
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la complexité et la profondeur des problèmes correspondent à l’ampleur de la participation de la masse historiquement active. « La société civile est le véritable foyer, la véritable scène de toute l’histoire » disaitMarx[4] au XIXe siècle, avec une vision anticipant de manière étonnante sur les changements qui caractérisent le monde actuel. Il voyait en effet l’évolution impérialiste du capitalisme sur toute la planète avec les deux caractéristiques suivantes - la complexité et la profondeur des problèmes qui vont se poser à l’humanité et - l’ampleur de la participation de la masse historiquement active, face à ces défis à relever. Ceci est parfaitement conforme à la loi établie par le matérialisme historique dans l’étude des civilisations, selon laquelle les individus s’inscrivent en héros dans l’histoire, mais que ce sont les masses qui la font. Dans le firmament, les héros et héroïnes sont les étoiles qui scintillent et les masses, l’immense ciel noir bleuté qui les abrite.
L’actuelle mondialisation libérale capitaliste a produit l’actualité de la démocratie participative et l’irruption massive de nouveaux acteurs sur la scène politique et les espaces décisionnels. Il s’agit de la jeunesse insurgée, des communautés brimées, des catégories sociales revendicatives, des femmes intrépides, des intellectuels, artistes, entrepreneurs créatifs, de la presse privée libre et des institutions citoyennes de veille. Cette nouvelle masse critique civile s’active sur le terrain et à travers les réseaux sociaux et les plateformes numériques educatives, culturelles et scientifiques. Elle cherche ainsi à peser de tout son poids sur la démocratisation réelle des sociétés et l’humanisation du monde. Elle sera sans doute une force décisive dans le basculement géostratégique et la reconfiguration annoncée des rapports de forces dans le monde. Le fait majeur en est la naissance des BRICS, la perte annoncée de l’hégémonie du dollar dans le commerce mondial, et par conséquent, l’affaiblissement de la domination impérialiste occidentale. Nous allons probablement assister à un renforcement de puissance des sociétés civiles en conjonction avec l’entrée active des grandes masses d’Afrique, d’Asie et d’Amérique sur la scène historique mondiale.
La dimension politique de la résistance
Selon Antonio Gramsci,[5]le problème culturel et philosophique se dénoue en dernière instance sur le terrain de l’hégémonie politique. « Quelle classe a l’hégémonie politique et par conséquent l’hégémonie culturelle ? Selon quelle conception des masses sont-elles amenées à penser et par conséquent à agir ? C’est, précise-t-il, « dans la sphère de l’hégémonie que culmine l’analyse des différents rapports de force ». La direction idéologique et la lutte politique concentrent le pôle contradictoire hégémonie-résistance. À défaut d’un règlement pacifique par voie démocratique et consensuelle, la lutte politique pour le contrôle de la direction historique de la société, trouve généralement son point culminant dans l’affrontement des protagonistes. L’issue final victorieux dépend essentiellement de la réponse de savoir si les dirigeants ont auparavant parlé inlassablement aux masses le langage de la vraie politique, s’ils ont cheminé avec elles sur les sentiers lumineux de la connaissance liée à la pratique.
La résistance, la force souveraine
La résistance, résume Elgas[6] est « la force souveraine, face aux violences et aux coups de l’histoire, une force de production locale, un potentiel de création continue des richesses et des possibilités des peuples ». La domination dit-il, « ne subvertit jamais totalement, la frontière qui sert d’ultime rempart pour protéger le bastion qui reste, ce traçage invisible et silencieux où s’annonce dès les origines, la résistance ». Ce principe dialectique du primat culturel et du caractère sacré de la lutte libératrice des masses est bien établi par Cheikh Anta Diop[7] éminent savant panafricain et admirablement restitué par Amilcar Cabral,[8] dirigeant historique de la lutte de libération nationale. Tous les deux ainsi que Samir Amin[9]dans ses travaux remarquables, nous rappellent l’enseignement fondateur de l’histoire du développement des sociétés humaines, que toute domination, toute hégémonie est à terme, vouée à l’échec. Cette loi fondamentale est au cœur de l’anthropologie et de l’économie politique d’un monde à rebâtir. Elle féconde en théorie et en praxis un nouveau leadership autour de l’intelligence collective, l’humilité et le courage intrépide.
1. Ce titre est inspiré du bel article de Elgas cité.
2. Immanuel Wallerstein (1980). Le système du monde du XVe siècle à nos jours. 1 Capitalisme et économie-monde 1450-1640. Paris : éd. Flammarion, p.325.
3.. Elgas (2017). L’incolonisable des peuples, Dakar : Journal le Quotidien. Mercredi 20 décembre 2017, No4455.
4. Cheikh Anta Diop (1958). Nations nègres et culture. Paris : éditions Présence Africaine
5. Amilcar Cabral (1975). 1. L’Arme de la théorie 2. La lutte armée Paris : éditions Maspero
6.. Samir Amin (2012). L'Implosion du capitalisme contemporain. Automne du capitalisme, printemps des 5peuples ?, Éditions Delga.
7.Frantz Fanon (1961). Les damnés de la terre. Paris : éditions Maspero. .
8.Jean Louis Calvet. (1979). Linguistique et colonialisme. Petit traité de glottophagie. 2e édition. Paris, Petite Bibliothèque Payot.
9.Karl Marx. (1947). La Sainte famille. Œuvres philosophiques. Paris : éd. Costes, p.145.
10.Gramsci. (1977). Gramsci dans le texte Paris : Les Éditions sociales.
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OUSMANE SONKO ÉCOPE DE SIX MOIS AVEC SURSIS ET PERD SON ÉLIGIBILITÉ
Ousmane Sonko a été condamné à une peine de six mois avec sursis ce lundi par la Cour d’appel de Dakar pour injures publiques et diffamation. Elle confirme par ailleurs le montant des dommages et intérêts en première instance.
Lors de son réquisitoire, le Procureur général Bakhoum a requis deux ans de prison dont un ferme contre Sonko.
De son côté Mame Mbaye Niang a réclamé 29 milliards à Ousmane Sonko à titre de dommages et intérêts
M. Sonko a été condamné en mars en première instance à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA. de dommages et intérêts. Son éligibilité pour la présidentielle de 2024 pourrait être remise en cause par une condamnation plus lourde en deuxième instance.
Dès l'annonce du verdict, l'ancienne Premier ministre Mimi Touré a réagi en déclarant : "Je m’insurge contre le verdict inique contre Ousmane Sonko dont l’objectif est de l’empêcher d’être candidat à l’élection présidentielle. Je lui exprime toute ma solidarité et appelle les démocrates à se mobiliser contre régression démocratique sans précédent dans notre pays."
LES FEMMES RURALES EXIGENT DES ASSISES NATIONALES DE L’AGRICULTURE ET DU FONCIER
Par la voix de sa présidente nationale Adja Ndiouck Mbaye, la Fédération nationale des femmes du monde rural exige de l’État du Sénégal des Assises nationales sur l’Agriculture et le foncier
Par la voix de sa présidente nationale Adja Ndiouck Mbaye, la Fédération nationale des femmes du monde rural exige de l’État du Sénégal des Assises nationales sur l’Agriculture et le foncier. Après s’être félicitées des 100 milliards offerts cette année par le gouvernement du Sénégal pour le financement de la campagne agricole, les femmes rurales trouvent par ce canal la meilleure méthode de surseoir à certaines questions d’ordre paysan restées pendant plusieurs décennies sans réponse valable pour booster le secteur de l’agriculture et du foncier dans le pays.
Relevant cependant de la non reconversion des femmes en de véritables actrices du secteur agricole et du développement de manière générale, ces questions sont en effet posées en fonction de la stigmatisation dont les femmes du monde rural se disent victimes dans l’exercice de leurs activités exclusives à l’agriculture. Sur le reste des différents corps de métiers exercés en dehors du travail à la terre, les femmes aspirent à disposer d’un soutien technique et financier élargi à toutes les femmes pour contribuer au développement de tous ces petits métiers du secteur informel et atteindre leur autonomisation à tous les niveaux de vie.
Pour leur présidente nationale, la convocation de ces Assises de l’agriculture et du foncier sera sans doute un prétexte qui va non seulement réunir les administrations locales, les chefs de village, les maires, présidents de Conseils départementaux et autres acteurs autour de la question, mais sera surtout une occasion de restituer aux femmes rurales tous les droits qui leur sont retirés illégalement. Car sans parcelle pour travailler la terre, ni matériel agricole encore moins de semences et intrants, les femmes peineront toujours à sortir de l’ornière et développer les activités auxquelles elles sont confrontées.
S’agissant cependant des 100 milliards d’investissement octroyés cette année à la campagne agricole, la Fédération des femmes rurales exige la bonne gouvernance de ces fonds. Autrement dit, utiliser ces fonds comme socle d’un rebondissement fondamental du secteur à travers toutes ces chaînes de valeur. Mais surtout permettre aux femmes de disposer des terres, du matériel agricole, des semences et intrants en qualité et quantité suffisante pour mieux contribuer au développement de la consommation de produits locaux, et surtout à l’autosuffisance alimentaire dans le pays,
DES ORGANISATIONS FEMINISTES PRECONISENT LA MODIFICATION DU CODE DE LA FAMILLE
Hausse de l’âge du mariage - Au Sénégal, dans le code de la famille, une mineure peut être mariée. Dans son article 11, il est écrit que le mariage est autorisé à partir de 16 ans, là où l'âge majeur est de 18 ans.
L’âge légal du mariage devrait être revu à la hausse de 2 ans pour permettre de lutter contre les divorces précoces, souvent dus à l’immaturité de la nouvelle épouse. C’est le plaidoyer porté par 25 organisations féminines qui se sont retrouvées à Saly du 25 au 26 courant, pour demander un renforcement des droits de la femme.
Au Sénégal, dans le code de la famille, une mineure peut être mariée. Dans son article 11, il est écrit que le mariage est autorisé à partir de 16 ans, là où l'âge majeur est de 18 ans. Le fait que les filles entrent dans la vie conjugale entraîne très souvent des problèmes de ménage qui peuvent aboutir à des divorces précoces, soulignent les organisations féminines. Pour obtenir gain de cause, Oumy Kaltoum Sarr, chef de projet voix et leadership des femmes, a soutenu qu’on devrait revoir le code de la famille. «Si nous avons aujourd’hui une loi comme la parité et d’autres défis comme l’harmonisation de certains textes, il y a aussi d'autres défis qui attendent. C'est des questions relatives aux plaidoyers comme le relèvement de l’âge du mariage dans le code de la famille en son article 11 sur qui nous proposons que cela passe à 18 ans. La paternité pour les enfants naturels est un fléau qui est là et il y a beaucoup d'apatrides dans ce pays ; donc il faut qu’on arrive à avoir une réponse institutionnelle», a-t-elle soutenu.
Allant dans le même sens, Fatou Fall Mbossé estime que cela permettrait de réduire les cas de divorce dont sont souvent victimes les jeunes couples. Toutefois, clarifiant sa position, elle soutient que c’est juste le fait que la vie conjugale se soit métamorphosée avec la modernisation. Avant, les jeunes couples vivaient dans de grandes familles où les parents et le voisinage avaient un rôle d’accompagnement. Malheureusement aujourd’hui, soutient-elle, avec la modernisation, les jeunes couples vivent dans des appartements et à la moindre erreur, ils divorcent et les familles se disloquent. «L’âge légal du mariage doit passer de 16 à 18 ans. Nous pensons que c’est une bonne chose parce que le constat est que quand on donne en mariage une fille à bas âge, elle n’est pas préparée mentalement, physiquement et psychologiquement, or cela joue dans le mariage. Aujourd’hui, nous ne sommes plus à l’époque où les tantes, les grand-mères étaient dans la même concession, nous sommes à l’époque de la famille nucléaire. Et dans ces conditions où les couples sont dans les appartements, au moindre problème ils divorcent. Or, ce n’est pas ce dont on a besoin pour une famille car cela handicape aussi bien la femme que la famille. Cet âge pour le mariage est un problème», martèle la présidente de l’APPRES représentant les 25 organisations.
Outre l’âge du mariage, il y a le problème des enfants apatrides. Certains hommes qui refusent de reconnaître leurs enfants leur causent des difficultés pouvant avoir des conséquences sur leur apprentissage. Pour ces enfants qui ont des extraits de naissance sur lesquels le nom du père ne figure pas, même épargnés de toute difficulté au cycle primaire, un problème psychologique survient le plus souvent dès l’instant qu’ils atteignent le niveau secondaire. Du coup, ils deviennent victimes d’un acte dont ils ne sont pas responsables. C’est pourquoi, soutient Fatou Fall, seuls les enfants qui vivent cette triste situation en sont vraiment conscients.
FATOU FALL, PREMIÈRE FEMME NOMMÉE GÉNÉRALE AU SÉNÉGAL
Le Médecin-Colonel (F) Fatou Fall, a été élevé au grade de Médecin-Général de Brigade par le Chef de l’Etat, Macky Sall, a annoncé, mardi, le ministre des forces Armées Sidiki Kaba
Le Médecin-Colonel (F) Fatou Fall, a été élevé au grade de Médecin-Général de Brigade par le Chef de l’Etat, Macky Sall, a annoncé, mardi, le ministre des forces Armées Sidiki Kaba en marge de la cérémonie d’installation du Chef d’état-major Général des Armées, Mbaye Cissé.
Le médecin-colonel professeur Fatou Fall est engagée en 1985. Elle est actuellement Chef du service d’hépato-gastro- entérologie à l’hôpital Principal de Dakar (Sénégal). Mme Fatou Fall devient la première femme nommée Général au Sénégal.
PAR Farid Bathily
MANOEUVRES POUR UN COME-BACK DE MESSI AU FC BARCELONE
Deux ans après un départ meurtri de la Catalogne, le numéro 10 légendaire du Barça pourrait bien effectuer prochainement son retour au club. Les tractations sont en cours à cet effet entre les différentes parties impliquées
Lionel Messi va-t-il à nouveau jouer sous le maillot du FC Barcelone ? Cette perspective très peu envisageable il y a peu pour des raisons diverses, semble désormais tout à fait possible. En fait, beaucoup en rêvent en Catalogne, région d’origine du club bleu et grenat.
Depuis quelques semaines, les fans ont érigé en tradition le fait de chanter au stade "Messi ! Messi !" à la dixième minute de chaque match du club. Une référence au numéro du dossard arboré par le sextuple Ballon d’or argentin pendant près de deux décennies au Barça.
Manœuvres en coulisses
Dans les vestiaires, l’éventualité d’un retour de Messi semble également enthousiasmer plus d’un parmi ses anciens coéquipiers. "Nous les joueurs, nous l’attendons déjà", a déclaré l’international espagnol Sergio Roberto, le 19 mars 2023 en marge d’une victoire des siens contre le grand rival du Real Madrid.
Un mois plutôt, c’est Xavi Hernandez, ancien membre du trio légendaire du FC Barcelone avec Messi et Andres Iniesta et actuellement entraîneur du club qui approuvait l’idée : "J’ai déjà dit que c'est sa maison et que les portes lui sont ouvertes. Il n'y a aucun doute là-dessus".
Parallèlement à ces appels du pied, des manœuvres sont en cours dans les coulisses afin de rendre ce come-back possible. Le président du FC Barcelone, Joan Laporta, et le père de Messi, Jorge, se sont ainsi rapprochés ces derniers temps. Fini l’acrimonie suscitée entre les deux parties par le départ choc du champion du monde argentin pour le PSG il y a deux ans. Un départ d’autant plus surprenant qu’il était survenu alors que Laporta avait promis de faire en sorte qu’il n’y ait pas de transfert.
Équation à résoudre
Messi reste sous contrat à Paris jusqu’en juin 2023 avec la possibilité d’une prolongation d’au moins une année supplémentaire. Mais peu de gens imaginent aujourd’hui le capitaine de la sélection Albicéleste poursuivre son séjour dans la capitale française au-delà de la saison en cours.
Le joueur étant devenu l’un des principaux souffre-douleurs des supporters parisiens, remontés par la gestion de leur club. Messi dont le souhait est de continuer dans l'élite européenne, aurait donc intérêt à rejoindre son ancienne équipe.
Reste à gérer sans doute l’aspect le plus compliqué de l’équation : les modalités financières d’une telle opération. Car même si le transfert devrait être exempté d’indemnité de transfert, Messi figure toujours parmi les joueurs les plus rémunérés de la planète et le Barça n’est a pas encore sorti de sa diète financière.
par Farid Bathily
QUAND LE DIVORCE D'ACHRAF HAKIMI ALIMENTE LA MISOGYNIE
Le footballeur marocain est au cœur d’une intox indiquant qu’il aurait confié son patrimoine à sa mère afin d’éviter à sa future ex-femme de s’en accaparer. Un exemple des nombreux clichés souvent collés aux femmes mariées à des hommes riches
Le footballeur marocain Achraf Hakimi est au cœur d’une intox indiquant qu’il aurait confié son patrimoine à sa mère afin d’éviter à sa future ex-femme de s’en accaparer. Cette vraie-fausse histoire révèle les nombreux clichés souvent collés aux femmes mariées à des hommes riches.
Selon une certaine croyance, le divorce entre conjoints avec un mari riche ou supposé tel implique forcément que ce dernier soit délesté de tout ou partie de ses biens.
Il est vrai que les unes de la presse people bruissent régulièrement des cas de divorce particulièrement coûteux. Pensez aux 36 milliards de dollars reçus par MacKenzie Scott en 2019 après sa séparation avec le fondateur d’Amazon Jeff Bezos. Ou encore au 1,3 milliard que Bill Gross a dû verser trois ans plus tôt à Sue, son ex-épouse.
Le magazine américain Forbes consacre d’ailleurs un classement fréquemment mis à jour de ces séparations onéreuses, qui s’accompagne toujours d’un lot de rumeurs.
Rumeur virale
Celle en cours depuis quelques mois entre le footballeur international marocain Achraf Hakimi et la star espagnole du cinéma Hiba Abouk ne figure pas dans les colonnes de Forbes, mais elle n’en fait pas moins jaser la presse et les réseaux sociaux.
Une rumeur déclenchée par une source non-vérifiable sur les réseaux sociaux indique en effet que le joueur de 24 ans et par ailleurs le footballeur africain le mieux payé en France avec un salaire de 1,083 million d'euros bruts mensuels, aurait transféré sa fortune à sa mère afin d’empêcher sa future ex-femme d’en bénéficier.
Cela n’est évidemment pas possible au regard de la loi française à laquelle obéit Hakimi, employé par le PSG. Et de nombreux spécialistes du droit ont clairement indiqué qu’il s’agit d’une fausse nouvelle.
Cliché de la femme vénale
Mais la rumeur s’est tout de même répandue, alimentant notamment le cliché de la femme vénale. Beaucoup d’hommes ont en effet célébré Hakimi pour avoir prétendument mis ses biens hors de portée de la mère de ses enfants.
"Masterclass ! Le seul et l’unique Hakimi", a ainsi commenté le champion camerounais de MMA, Francis Ngannou, dans un tweet d’approbation sur Twitter le 14 avril 2023. Un message qui fait écho à des centaines d’autres, tous destinés à dépeindre Hiba Abouk en profiteuse des moyens de son conjoint.
"Pourquoi pense-t-on souvent que c’est la femme qui a les poches vides en cas de divorce et que l’homme de facto, a des biens ?", s’est interrogée une twitto manifestement exaspérée par l’ampleur du sujet. "Ce qui compte vraiment : mes enfants", a écrit pour sa part Hiba Abouk, le 17 avril 2023 dans un message énigmatique sur Instagram.
NOAM CHOMSKY À SON TOUR INTERPELLE MACKY SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - "Le plus grand intellectuel vivant", le célèbre philosophe américain vient de joindre sa signature à celle de Makhily Gassama, Kader Boye, Pierre Sané et Didier Awadi pour dénoncer l’instrumentalisation de la Justice au Sénégal
Alors que la tribune "Revenir à la raison" a une résonance dans les quatre coins de la planète, une nouvelle signature de taille vient s’ajouter à la liste de ceux qui dénoncent "une violation flagrante, répétée et disproportionnée des droits des citoyens mais aussi la perpétuation d’un effort constant d’instrumentalisation politique du système judiciaire par l’administration du président Macky Sall".
Ce 5 avril 2023, le grand penseur Noam Chomsky vient d’exprimer son désir de signer cette tribune publiée sur SenePlus le 21 mars 2023. Ce geste met clairement en lumière l’universalité de l’appel à la raison pour le respect des droits et de la dignité humaine, y compris celle de toutes les Sénégalaises et de tous les Sénégalais, au moment où le pays bat des records historiques d’emprisonnement politique.
Noam Chomsky est un philosophe considéré comme l’un des plus grands penseurs américains XXè siècle. Il est professeur émérite à M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology), fondateur de la linguistique générative considérée comme la théorie la plus importante de ces derniers siècles dans le domaine de la linguistique théorique. Père de la "Révolution chomskienne", ses travaux influencent de manière significative toutes les recherches mondiales dans le domaine de la psychologie. Il a travaillé en particulier sur l’apprentissage du langage par les enfants ainsi que les outils d’apprentissage du langage.
De la cinquantaine d’ouvrages qu’il a écrits, rappelons que c’est en 1967 durant la guerre du Vietnam qu’il publie "Responsabilités des intellectuels" pour s’en prendre à la classe intellectuelle qui en majorité reste attachée à la cause de l’État américain dans une guerre injuste et de terreur contre des civils. Il considère que les intellectuels, en raison de leur accès privilégié à la connaissance, ne peuvent que s’engager dans tous les combats et cela dans tous les pays du monde. Noam Chomsky prône la résistance face aux formes d'autorité illégitimes.
Plusieurs fois poursuivi en justice pour son engagement militant, Chomsky est considéré comme le "plus grand intellectuel vivant" selon un sondage organisé et publié en 2005 par le magazine britannique Prospect et la revue américaine Foreign Policy. Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences, il est aussi membre de l'Académie nationale américaine des sciences et de la Société américaine de philosophie.
L’appel des 104 ne cesse de prendre de l’ampleur. Plus d’une centaine de nouvelles signatures sont venues s’ajouter à celles particulièrement remarquée de Wole Soyinka, Cornel West, Ngũgĩ wa Thiong'o, Anthony Appiah sans compter les nouvelles signatures de grande importance du critique littéraire Makhily Gassama, de l’ancien recteur de l’UCAD Kader Boye, de l'ancien sécrétaire général d'Amnesty International Pierre Sané ou encore du musicien et artiste Didier Awadi.
DE L’AVÈNEMENT D’UNE TROISIÈME RÉPUBLIQUE AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS – Pour une réponse de gauche à la turbulence due à la confiscation de l'arène politique par la rivalité politicienne et le désordre organisé – Comment ne pas se laisser capturer par les populismes ? INTERVIEW D’AZIZ SALMONE FALL
Propos recueillis par Saxewar Diagne de SenePlus |
Publication 03/04/2023
Au moment où se multiplient les initiatives de regroupement des forces dites de gauche au Sénégal, SenePlus a interpellé Aziz Salmone Fall qui est l’un des initiateurs d’un projet dénommé Seen Egalité qui devrait être lancé dans les toutes prochaines semaines à Dakar. Aziz Salmone Fall est un politologue, membre du GRILA (Groupe de recherche et d'initiative pour la libération de l'Afrique), dont il est le coordonnateur pour la Campagne Internationale Justice pour Sankara. Universitaire, il est également membre du secrétariat exécutif ad hoc de l’internationale des travailleurs et des peuples. Dans l’espace politique sénégalais, il s’est distingué comme l’un des cofondateurs du MAG, le Mouvement des assises de la Gauche au Sénégal.
SenePlus : Depuis plusieurs années, la Gauche semble se chercher une voie de résurgence. A l’approche des échéances électorales, cette quête s’emballe dans une sorte d’urgence pour éviter l’aphonie. A moins d’un an de la présidentielle de février 2024, vous créez le groupement Seen Égalité. Est-ce une initiative politique de plus, sinon dites-nous en quoi elle est différente des projets passés dont les résultats n’ont pas toujours été des plus heureux ?
Aziz Salmone Fall : Le groupement Seen Égalité – Seen Égal est issu de la consultation de progressistes du Sénégal, en vue de la convergence de ses forces démocratiques panafricaines et populaires de gauche. C’est une dynamique de construction de convergences d’idées dans la diversité. La construction de cette mouvance politique, et le rassemblement des acteurs qui la composent, œuvrent résolument en faveur du peuple, à partir des revendications sociales et des exigences de rénovation d’une gauche authentique.
Quel est l’objectif ultime ?
Cette convergence escompte l’avènement d’une troisième république et un développement autocentré progressiste panafricain, écologiste et féministe. Elle espère la réviviscence de l’espoir révolutionnaire, encore fort ou diffus dans plusieurs tranches de notre population. Cette convergence fait aussi écho aux espérances de nos masses défavorisées, de voir résolues leurs aspirations essentielles et fondamentales.
Pourquoi annoncer l'avènement de votre secrétariat politique, précisément ce 4 avril 2023 ?
Nous tenions, comme promis, aux membres du groupement de respecter l'engagement d'avoir un secrétariat à cette date. Le groupement est doté d’un secrétariat ad hoc pour expédier les affaires courantes. Le Secrétariat ad hoc est constitué de membres volontaires ayant participé au processus d’élaboration du groupement Seen Égal Seen Égalité . En tant que comité directeur, il aide le groupement à réaliser sa vision, ses objectifs et ses décisions avec rapidité et efficacité. L’esquisse de projet de société Seen Égal-Seen Égalité sera peaufinée par le Secrétariat. Ce dernier assure, par consensus, l’efficacité́ et l’efficience du groupement en ce qui concerne les décisions majeures et questions de nature urgente, l’ordre du jour des réunions, et les propositions d’action. S’il n’y a pas de consensus, un vote avec la majorité des deux tiers est requis à toute décision. La structure demeure provisoire jusqu’à l’officialisation, au besoin, de Seen Égal- Seen Égalité et la précision de son objectif et mandat et ses élections. La forme et le fonctionnement de l’organisation seront démocratiquement déterminés au fur et à mesure de la progression. Entretemps le Secrétariat ad hoc assure le mandat exécutif. Une conférence de presse et le lancement officiel du groupement et le dévoilement de l'esquisse de projet de société suivront sous peu.
Par quel processus cette convergence au sein de votre groupement s’est-elle construite ?
L’esquisse de projet de société Seen Égal-Seen Égalité découle de la trajectoire historique impulsée par moi, alors un des initiateurs du mouvement des assises de la gauche au Sénégal. Ce mouvement a bifurqué vers les rencontres de la Gauche historique, ensuite vers les assises nationales, et finalement vers Benno, mais toujours sans atteindre l’objectif initial d’unir la gauche et proposer un projet de société cohérent. Plusieurs partis de gauche essayent périodiquement de se regrouper et lancent des appels à l’union, ce qu’il faut saluer et toujours encourager. La gauche au Sénégal a joué un rôle historique majeur dans la construction de l’État-nation et l’évolution progressiste des consciences politiques. Certaines de ses franges ont fait des compromis, d’autres des compromissions, d’autres n’ont pas dérogé à leur principe, et sont marginalisées et se sentent incomprises.
Vous pensez vraiment que la Gauche a encore un rôle spécifique à jouer au Sénégal ? Ne s’est-elle de facto désintégrée dans ses dynamiques d’alliance avec les Libéraux ?
La gauche sénégalaise, au fil des ans, a centré principalement la bataille du regroupement et l’effort d’unification -le contenant- autour de la démocratie représentative et des joutes électorales. Des coalitions électorales sont advenues, ont perduré ou pas. Généralement, il y a eu un recul face aux forces du marché, désormais à un stade de centralisation et de concentration du capital inusitées grâce à l’ouverture libérale mondialisée. Son mythe, vendre, et vivre pour consommer, et si possible le plus individuellement possible ! Ainsi à gauche, il y a eu progressivement un renoncement aux enjeux fondamentaux de projet de société. D’ailleurs, même s’ils sont rarement énoncés, ils passent inaperçus, tellement d’immenses franges sociales dans la société, pourtant concernées, sont pour les unes dans la dépolitisation, le court terme, voire la survie, les autres dans une conscience politique éveillée mais engluée dans le brouhaha politique, médiatique et culturel. L’arène politique souvent inutilement bavarde et superficielle a peu de prise sur le réel, qu’elle biaise et élude. On note une religiosité croissante de l’espace public et politique, qui y revendique sa participation. Trop de médias, de médias sociaux et de faiseurs d’opinions en polluent l’espace, supputant sur les nombreux scandales judiciaires et financiers, y distillant des discours moralistes et autres sermons manichéens, substitués à l’analyse de la réalité scientifique de notre formation sociale.
Ce que vous dites-là ne participe pas à crédibiliser l’action politique aux yeux des citoyens…
Oui, tout cela se traduit par une désinformation et une défection de la politique réelle, et un manque de discernement de bien des citoyens sur ce qui est désormais de gauche ou de droite, ou au nom d’une prétendue realpolitik qu’anime la dépolitisation du néo-libéralisme. Malgré une certaine érosion, les valeurs de gauche, comme les valeurs éthiques d’ailleurs, persistent néanmoins au sein du peuple. Abandonnées par l’absence de projet de société cohérent de l’État, des masses importantes de notre peuple se débrouillent.
Mais alors dans un tel contexte quelle est votre analyse de l’état du pays aujourd’hui ?
Au niveau urbain, il y a une grande turbulence du fait de la confiscation de l'arène politique par la rivalité politicienne et un désordre organisé. Dans nos campagnes, la dépossession des paysanneries est la forme la paupérisation la plus grande, et l'espace périurbain le gruge. Au Sénégal, la société de négoce a pris des proportions énormes, faisant basculer dans le mercantilisme des strates entières de producteurs, ruraux ou non, diplômés comme membres du lumpen prolétariat. Ils œuvrent dans le pays et en diasporiques à l’extérieur, en réseaux sophistiqués. L’économie informelle y domine. Elle est principalement tournée vers les produits de la modernité, la satisfaction d’une consommation par le recyclage ou le bas de gamme importés, mais fournissant, à défaut de mieux, les demandes de l’essentiel de la population. La forme précapitaliste se caractérise par la transformation domestique familiale ou individuelle, la petite production, la transformation et transaction marchande communautaire, périurbaine et religieuse, la petite distribution ou le stockage de l’économie du container.
Le secteur de l’informel a atomisé le potentiel économique national qui ne survit que dans la rente ou dans ses rapports incestueux avec le pouvoir étatique…
En effet, l’État laisse faire avec grand laxisme cette économie de la débrouille, signe de son propre échec, taxant là où il le peut et laissant croitre une corruption endémique, dont il est aussi l’épicentre, à en déduire des scandales qui défrayent la chronique. Les différents régimes politiques qui se sont succédés vivent des perfusions de l’aide internationale et du bradage des pans utiles de l’économie, des immobilisations foncières et du bâtiment et de diverses captations élaborées de rentes. Le boom immobilier dans la capitale illustre combien les terrains sont 15 fois plus chers qu’en 1990, alors que les logements locatifs sont de moins accessibles et doivent abriter plus de 42% des habitants de la capitale.
Après tous ces constats, en quoi y a-t-il la moindre pertinence dans de possibles réponses apportées par un projet dit de gauche ? La Gauche peut-elle répondre aux attentes d’une jeunesse qui aspire à des changements radicaux qui l’éloigne des tourments des politiciens responsables d’une gouvernance qu’elle considère comme scabreuse depuis tant d’années ?
Toutes ces réalités, parmi tant d’autres, sont des terreaux infertiles pour des forces de gauche, mais des contradictions et paradoxes qui peuvent l'éveiller. Il y a aujourd’hui un certain esseulement, une confusion et une dispersion des forces progressistes. Une frange de notre jeunesse, exaspérée et sans horizon, gronde et se décline en variantes politisées ou non. Peu sont organisés au sein de forces politiques progressistes. On peut questionner son discernement politique à ne pas se laisser capturer par les populismes et culturalismes. On note de l’autre côté, un regroupement de certaines forces de gauche, en blocs coalisés, au niveau du pouvoir, comme de l’opposition. Il y a aussi sporadiquement de multiples efforts de certains partis et individus de cristalliser une convergence de ces forces. La tentation populiste et patrimoniale demeure dominante. Dans l’ensemble, on pourrait encore mieux faire, pas seulement pour le contenant, mais surtout pour le contenu.
Mais comment reconstruire une politique citoyenne, à partir d’une offre susceptible de faire converger les revendications de mouvements fragmentés et parfois divergents ?
Il revient aux militants, aux citoyennes et citoyens engagé-es, face à l’action défaillante des dirigeant-es, de mettre la pression sur les orientations afin de façonner le message progressiste. La gauche, dans notre entendement, s’inscrit dans le combat donnant à la démocratie son sens émancipateur et affirmant les droits humains et du citoyen, les droits sociaux individuels et collectifs, les droits à la maîtrise sociale du système économique. Hélas, dans le contexte du Sénégal actuel, construire la gauche alternative exige, pragmatiquement, que l’on développe des stratégies principalement autour du centre gauche avec le maximum de forces politiques et populaires se réclamant du progrès social. Avec minimalement toutes les forces et mouvements sociaux engagés contre le néo-libéralisme, contre l’impérialisme, et dans une perspective panafricaine en faveur d’avancées démocratiques et populaires, du progrès dans la libération des femmes et dans le respect des exigences d’une gestion écologique viable de la terre. Seen Égalité s’inscrit dans cette dynamique d’organiser les aspirations des classes populaires, pour circonscrire et renverser les pouvoirs dominants qui empêchent leur concrétisation. Ceci est un outil à opérationnaliser par nos travailleuses, nos travailleurs, nos sans -emplois, notre jeunesse. Cette jeunesse consciente qui perpétue les espérances de générations qui n’ont pas pu définitivement abattre l’injustice sociale et l’ordre impérialiste et néo-colonial. Nous escomptons ensemble faire reculer les bornes de l’idéalisme, de l’ignorance et de l’adhésion à des illusions passéistes obscurantistes et ethnicistes. L’exigence est d’assurer la démocratisation de la société et la socialisation de la gestion économique. Le renforcement progressif de la convergence, dans la diversité, exige la tolérance et la conciliation. Il faut, avec l'esprit de discernement, armés de science de culture et d'altruisme empathique, dégager l'horizon pour esquisser les fondements d’un projet de société progressiste viable et enviable pour la multitude. Revisiter et vivifier les valeurs qui fondent la gauche, au-delà du discours ou du label, en se fondant sur la praxis. Entre autres la pratique de l’altruisme, la solidarité avec les plus opprimés, l’égalité à tous les niveaux, le refus de l’exploitation, de l’oppression et de l’injustice; l’élan pour le progrès social, la laïcité, la liberté, la conscience révolutionnaire...Ainsi parviendrons-nous à assainir le projet politique et esquisser et mettre en œuvre ensemble un projet de société.
Dans tout cela, on vous connaît plus à l'extérieur du Sénégal que dans votre pays. Pourquoi ? Où étiez-vous toutes ces dernières années ? Que faisiez-vous ?
La plupart de nos membres sont d'une intégrité irréprochable, connu-es du pays, fières filles et fiers fils africain-es du Sénégal comme moi. Je suis plutôt connu du milieu académique, politique et militant. Comme le dit l'adage, nul n'est prophète chez soi. Par exemple, je suis plus connu au Burkina Faso, parce que j'ai coordonné nos courageux avocats qui ont défendu pendant 25 ans les droits des sankaristes et de Thomas Sankara. Je suis plus connu en Afrique du Sud en raison de ma lutte contre l'apartheid, ou internationalement en raison de mon internationalisme avec les Samir Amin et les camarades de la tricontinentale, ou pour mon opposition aux bases étrangères sur le continent Africain et le plaidoyer pour notre souveraineté panafricaine. Mais ici ce n'est pas de moi qu'il s'agit, ce qui importe c'est que le peuple découvre un projet et que les forces de gauche puissent s'entendre minimalement sur un contenu rassembleur et porteur.
En quelques mots, pourriez-vous nous dévoiler les grandes lignes du projet Seen Égalité que vous projetez de lancer officiellement dans les prochaines semaines ?
Je vous demande votre patience, il sera publiquement dévoilé très prochainement aux forces dites de gauche et ensuite à toutes nos citoyennes et citoyens. Je puis seulement vous dire que c'est relativement innovant et la bonne riposte contre l'ordre du monde qui enserre le Sénégal. Nous continuons à résister et à s’organiser consensuellement pour construire ensemble l’histoire. L’histoire d’aujourd’hui est celle d’une terre en danger. Elle est affectée par l’impact de la crise multidimensionnelle issue de la crise du capitalisme impérialiste des oligopoles. Le basculement du monde se manifeste par une crise multiforme, sanitaire, économique, climatique, militaire et de sens... Sortir de l’impasse, dominée par le capitalisme des oligopoles généralisé, (et de son régime mondial de la peur et de l’insécurité, incapable d’imaginer la paix que comme l’ordre entre deux guerres), impose des réponses originales et audacieuses. Elles doivent allier simultanément, démocratisation de la société et progrès social.
Vous professez un éloignement de l’ordre néo-colonial qui perdure depuis plus de 60 ans ? Comment y arriver ?
Pour ce faire, il faut contenir les intérêts socio-économiques que défend et représente le régime en place. Ce dernier est issu du mode néocolonial de croissance et qui a agi pendant longtemps dans le sillage de l’administrateur colonial, du tirailleur et même du fossoyeur des initiatives panafricaines. Les mœurs dans le pays ont été érodées par les comportements ostentatoires, les excès de ceux qui possèdent et leurs imitateurs et qu’amplifie l’internet voyeur. Le social-narcissisme, l’apparence et l’invective ont chassé la pudeur et le suturë. L’impunité persiste là où d’évidence il fallait sévir. Le Sénégal n'a pas de problème de carence de textes, il souffre d'un manque notoire de volonté politique de les appliquer. C’est le visage du mirage démocratique sénégalais. Une culture politique, ancienne et rétive, permet néanmoins une relative organisation démocratique des forces et une libre expression difficile à bâillonner. Nous utiliserons donc ces espaces pour laisser aux citoyens et citoyennes d'apprécier les voies possibles d'une indépendance véritable et harmonieuse. Bonne fête aux sénégalaises et sénégalaises et à nos hôtes.