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27 novembre 2024
Femmes
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
LEILA CHAHINE, UNE DEUXIÈME VAGUE RENVERSANTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette fine négociatrice est l’archétype d’une forme de diplomatie féministe à la fois ferme et réfléchie qui s’appuie sur de solides connaissances et de grandes aptitudes à déconstruire les poncifs éculés
Khaira Thiam, Fatima Diallo et Fatou Sow |
Publication 09/12/2022
Comme chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme bat son plein contre les violences faites aux femmes. Toutefois, il est des violences faites à certaines femmes qui passent (presque) inaperçues. Ce sont les violences des institutions nationales et internationales contre les féministes sénégalaises. L’entrisme dans les institutions qui refusent le progressisme, le copinage, les réflexions absurdes, les considérations et compliments non sollicités, les tentatives de corruption financières ou sexuelles, sans doute pour en délégitimer certaines, le flicage, la pratique du blacklistage, du male gaze qui veut que des anti-féministes demandent à des hommes de pouvoir de valider des féministe sénégalaise ou non ; voire de favoriser des personnes que les féministes ne reconnaissent pas comme tel pour des faits graves d’attaques contre des femmes réclamant leur liberté, des victimes de viol ou encore contre des féministes. Les féministes sénégalaises ne valident pas ce qu’il est commun d’appeler, chez nous, des « pick me women ». Celles qui tirent du regard masculin une valorisation de leur existence.
En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Pr Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Leila Chahine, une deuxième vague renversante
Discrète, Leila Chahine est pourtant une féministe, de deuxième vague sénégalaise, érudite et sans complaisance. Il n’y a pas un livre féministe, toutes obédiences confondues, qu’elle n’ait pas lu. De Beauvoir à Fatou Sow, de Monique Witting à Mona Heltahawy, rien ne lui a échappé. Cette sénégalaise suit attentivement aussi la scène féministe du pays dans laquelle Khaïra Thiam suscite son intérêt.
D’une solide formation universitaire de biologiste, elle s’est investie dans une carrière industrielle. Leila Chahine est aujourd’hui cheffe d’entreprise et dirige avec fermeté des hommes. Pourtant sa naissance ne lui a pas donné les clés pour développer cette autorité naturelle qu’elle impose dès qu’elle parait. En effet, le patriarcat est une institution familiale dont elle s’est d’abord libérée avant d’en venir au féminisme. Pour autant elle respecte un certain nombre de traditions libanaises chiites, les plus gourmandes du reste, qu’elle met à l’honneur toutes les fois qu’elle vous reçoit.
Leila Chahine croit fermement à l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle appelle d’ailleurs de ses vœux à la disparition des catégories de genre. Son leitmotiv : sa liberté ! Et madame s’en est bien donné les moyens. Elle entend mettre fin au sexisme ordinaire comme au sexisme institutionnel. Pour se faire, c’est au quotidien et avec ses collaborateurs d’abord qu’elle instille sa philosophie de vie féministe. D’une générosité peu commune, elle manifeste régulièrement ses affections, nourrit les esprits et les corps, s’enquiert des nouvelles de chacune, encourage les apprentissages, soutien les initiatives, affirme ses positions, aide à penser malgré un emploi du temps ultra chargé. Fine négociatrice, elle est l’archétype d’une forme de diplomatie féministe à la fois ferme et réfléchie qui s’appuie sur de solides connaissances et de grandes aptitudes à déconstruire les poncifs éculés.
Mère de trois grands enfants qui débutent leur vie d’adulte, elle est leur modèle et leur a inculqué des valeurs féministes comme l’égalité entre les genres. En effet, chacun d’eux a reçu de sa part l’injonction de réussir leurs études universitaires. Sa fille est, au même titre que ses frères, soumise à l’obligation de réussir ses études de médecine. En effet, pour Leila Chahine, la liberté passe par une tête bien faite !
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
LAÏTY FARY NDIAYE, LA YAYE FALL DES FÉMINISTES SÉNÉGALAISES
EXCLUSIF SENEPLUS - Étudiante de Fatou Sow à Dakar, elle a depuis roulé sa bosse des féminismes à travers le monde. S’il ne fallait retenir qu’un mantra de Laïty Fary Ndiaye ce serait : « Mesdames, votre vie vous appartient. Vivez ! »
Kaïra Thiam, Fatima Sow et Fatou Sow |
Publication 08/12/2022
Comme chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme bat son plein contre les violences faites aux femmes. Toutefois, il est des violences faites à certaines femmes qui passent (presque) inaperçues. Ce sont les violences des institutions nationales et internationales contre les féministes sénégalaises. L’entrisme dans les institutions qui refusent le progressisme, le copinage, les réflexions absurdes, les considérations et compliments non sollicités, les tentatives de corruption financières ou sexuelles, sans doute pour en délégitimer certaines, le flicage, la pratique du blacklistage, du male gaze qui veut que des anti-féministes demandent à des hommes de pouvoir de valider des féministe sénégalaise ou non ; voire de favoriser des personnes que les féministes ne reconnaissent pas comme tel pour des faits graves d’attaques contre des femmes réclamant leur liberté, des victimes de viol ou encore contre des féministes. Les féministes sénégalaises ne valident pas ce qu’il est commun d’appeler, chez nous, des « pick me women ». Celles qui tirent du regard masculin une valorisation de leur existence.
En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Pr Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge !
Laïty Fary Ndiaye, la yaye fall des féministes sénégalaises
Comment ne pas reconnaitre à cette féministe convaincue, sa grande capacité à prendre soin des plus jeunes, à mobiliser leur confiance en soi et à nourrir leur soif de connaissances et d’activisme ? Laïty Fary Ndiaye dépense une énergie folle en maïeutique et prend régulièrement son sac de pèlerin pour traverser dans toutes ses largeurs, le pays et bien d’autres en Afrique et en Amérique du Nord. C’est peut-être bien aussi parce que madame est enseignante « universitaire » au Canada d’une part et formée au travail social de l’autre. Un sacerdoce…
Étudiante de Fatou Sow à Dakar, elle a depuis roulé sa bosse des féminismes en France, puis au Québec où elle s’était installée quelques temps avant que le chant des sirènes sénégalaises ne nous la ramène. « Votre silence ne nous protégera pas », maxime de sa guide en féminisme, Audre Lorde, est probablement l’une des premières manières que Laïty Fary Ndiaye a eu d’investir la scène publique sénégalaise. Elle fait du bruit et participe au bruit général dont seules les féministes ont le secret. Laïty Fary Ndiaye démontre par là qu’elle est bien là et que sa voix porte et compte dans un monde qui tente par tous les moyens de faire taire les femmes pour mieux les violenter. Elle n’est donc jamais en reste pour dénoncer les inégalités et les violences subies par les femmes sénégalaises, par écrit ou en paroles disruptives, surtout quand de derechef elle confisque un micro dans des conférences mainstream, se parant des atours des mondanités sénégalaises. Une des fondatrices de la tradition, maintenant bien sénégalaise des open mic ‘, elle contribue aussi à faire parler les autres dans des "safe space" qu’elle garantit. Très portée sur le bien-être des féministes, elle n'hésite pas non plus à intégrer dans ses activités divers moments de soins cathartiques collectifs pour les militantes. Aux plus sauvages, elle rend quelques visites, tasse de thé à la main, pour s’enquérir de leurs nouvelles ou au besoin les soigner. Outrageusement féministe, elle n’est jamais la dernière pour des projets des plus osés pour la société sénégalaise conservatrice. Ainsi, d’une campagne pour le consentement, enthousiaste, nous dit-elle, ou encore un festival féministe en plein Dakar, elle n’a de cesse de défier les codes.
Bien qu’à première vue Laïty Fary Ndiaye laisse une impression de rêverie flottante, cette fière wolof-bambara, a les pieds sur terre et bien ancrés dans ses cultures, dont elle extrait l’essence qui sert ses combats. Intersectionnelle, décoloniale, panafricaine, pro-choix, anti-impérialiste et anti-capitaliste, elle ne se dit pas anarchiste. Pourtant, elle trouve toujours à dévoyer des systèmes pour en tirer avantage afin de défaire les nœuds du patriarcat et rendre à toutes leur pleine et entière liberté. S’il ne fallait retenir qu’un mantra de Laïty Fary Ndiaye ce serait : « Mesdames, votre vie vous appartient. Vivez ! »
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
AIDA SYLLA, UNE MAIN DE FER DANS UN GANT DE VELOURS
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans son quotidien, la première femme agrégée de psychiatrie du Sénégal veille à ouvrir à tous les horizons de sa propre liberté. Elle rejoint ainsi à la fois l’idéal du monde des psy et celui des féministes
Kaïra Thiam, Fatima Sow et Fatou Sow |
Publication 08/12/2022
Comme chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme bat son plein contre les violences faites aux femmes. Toutefois, il est des violences faites à certaines femmes qui passent (presque) inaperçues. Ce sont les violences des institutions nationales et internationales contre les féministes sénégalaises. L’entrisme dans les institutions qui refusent le progressisme, le copinage, les réflexions absurdes, les considérations et compliments non sollicités, les tentatives de corruption financières ou sexuelles, sans doute pour en délégitimer certaines, le flicage, la pratique du blacklistage, du male gaze qui veut que des anti-féministes demandent à des hommes de pouvoir de valider des féministe sénégalaise ou non ; voire de favoriser des personnes que les féministes ne reconnaissent pas comme tel pour des faits graves d’attaques contre des femmes réclamant leur liberté, des victimes de viol ou encore contre des féministes. Les féministes sénégalaises ne valident pas ce qu’il est commun d’appeler, chez nous, des « pick me women ». Celles qui tirent du regard masculin une valorisation de leur existence.
En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Pr Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Aida Sylla, une main de fer dans un gant de velours
Première femme agrégée de psychiatrie du Sénégal, son parcours parle de lui-même. Est-il nécessaire d’en dire plus ? Madame la Professeure Aïda Sylla est d’un abord très simple et sans chichis, malgré la tradition du mandarinat en médecine et toutes les hautes fonctions qu’elle a occupé dans l’administration publique hospitalière sénégalaise. Il se dit qu’elle sait manœuvrer avec tous types de personnalités et c’est un fait !
Qu’on l’aime ou pas, Aida Sylla, a su résister à nombres d’attaques portées contre elle du seul fait qu’elle soit une femme et qu’elle ait accédé à des responsabilités. Cette résistance tranquille force le respect même des féministes sénégalaises qui comptent parmi plus terribles agitatrices. Son féminisme n’est pas que pure théorie, il est un féminisme appliqué, un féminisme clinique, un féminisme du quotidien. En femme libre, Aida Sylla, fait ce qu’elle veut et comme elle le sent et rien ni personne ne peut endiguer sa détermination. Dans son quotidien de psychiatre, elle veille à ouvrir à chacun et à chacune les horizons de sa propre liberté. En cela, elle rejoint à la fois l’idéal du monde des psy et celui des féministes.
Derrière son sourire permanent et son petit côté mielleux bien sénégalais, se cache une femme de caractère. Ses premières armes militantes, elle les a affutées à l’ombre de sa famille avant de laisser éclore, son engagement politique, avec ses fréquentations assidues des partis de gauche tel qu’And Jëff. C’est donc naturellement qu’elle a suivi ensuite Yewu Yewi, premier mouvement féministe sénégalais. En grande lectrice, elle a su ancrer des conceptions théoriques à ses activités du quotidien et braver certains interdits. Fine provocatrice devant l’Éternel, notre Poutoise nationale a mené, à son échelle, quelques actions directes mémorables dans les couloirs de l’université ou des hôpitaux dakarois. On en rit encore entre nous…
Son mode de vie, son style vestimentaire, ses choix d’engagement, son intégration dans divers groupes, ses participations aux manifestations contre les violences faites aux femmes témoignent d’un engagement militant toujours très vif et actif. Aida Sylla est de celles qui mettent systématiquement leurs noms, titres et qualités au service des causes qui lui paraissent justes, y compris lorsque lesdites causes ne la concernent pas au premier chef ou que ses prises de positions pour certaines minorités peuvent lui valoir les récriminations haineuses de quelques fous de Dieu.
Aida Sylla est on ne peut plus favorable à l’égalité des genres et à l’accession des femmes aux professions de leur choix. Quoiqu’elle soit thérapeute familial, elle est aussi une grande défenseuse des femmes qui reprennent leur liberté après des années de malheur marital. Elle entend lutter jusqu’à sa dernière énergie contre le machisme systémique qui écrase les filles et les femmes et contre toutes les formes de violences qui en découlent. Enfin, Aida Sylla appuie intellectuellement et affectivement toutes celles qui osent donner leurs opinions publiquement, les motive et les soigne quand il y a lieu.
Le juge du 1er cabinet a répondu favorablement à leur requête et va entendre l’ex capitaine de la gendarmerie le lundi 12 décembre prochain à 11 heures.
Une très bonne nouvelle pour les avocats de Ousmane Sonko. Ces derniers, avaient adressé un courrier au Doyen des juges pour demander l’audition de l’ancien capitaine de gendarmerie Seydina Oumar Touré.
Le juge du 1er cabinet a répondu favorablement à leur requête et va entendre l’ex capitaine de la gendarmerie le lundi 12 décembre prochain à 11 heures.
Ce dernier, alors en poste à la Section de recherches, a contribué à l’enquête sur l’affaire Sweet Beauty dans laquelle Ousmane Sonko est accusé de viols et menaces de mort par Adji Sarr.
Rappelons que le 10 mai dernier, les conseils de Sonko avaient joint à leur correspondance une série de sept questions à l’attention de l’ex-agent de la Section de recherches.
Entre autres questions, les avocats du maire de Ziguinchor veulent savoir si, lors de son enquête, le gendarme a subi une quelconque pression de quelque nature que ce soit.
Cette pression, s’il y a lieu, vient de quel bord ? Mais, ce n’est pas tout, la défense souhaite aussi que le juge demande au capitaine Touré dans quel état était Adji Sarr lorsqu’elle s’est présentée la première fois dans les locaux de la gendarmerie ; si elle présentait quelques signes traumatiques, si elle était, un tant soit peu bouleversée etc.
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
MYRIAM THIAM, UNE VOIX QUI PORTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le féminisme de cette figure de Yewu Yewi prend racine dans un événement fondateur : le viol d’une jeune fille dont l’auteur est absout après avoir payé « le prix de la virginité » : 60000 francs
Kaïra Thiam, Fatima Sow et Fatou Sow |
Publication 08/12/2022
Comme chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme bat son plein contre les violences faites aux femmes. Toutefois, il est des violences faites à certaines femmes qui passent (presque) inaperçues. Ce sont les violences des institutions nationales et internationales contre les féministes sénégalaises. L’entrisme dans les institutions qui refusent le progressisme, le copinage, les réflexions absurdes, les considérations et compliments non sollicités, les tentatives de corruption financières ou sexuelles, sans doute pour en délégitimer certaines, le flicage, la pratique du blacklistage, du male gaze qui veut que des anti-féministes demandent à des hommes de pouvoir de valider des féministe sénégalaise ou non ; voire de favoriser des personnes que les féministes ne reconnaissent pas comme tel pour des faits graves d’attaques contre des femmes réclamant leur liberté, des victimes de viol ou encore contre des féministes. Les féministes sénégalaises ne valident pas ce qu’il est commun d’appeler, chez nous, des « pick me women ». Celles qui tirent du regard masculin une valorisation de leur existence.
En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Pr Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Myriam Thiam, une voix qui porte
Myriam Thiam a été élevée dans les années 70, dans une famille d’intellectuels qui valorisait les filles, leur éducation et leur instruction. Elle a été biberonnée aux droits des femmes et à la conscience aigüe d’être un être humain comme les autres.
Son féminisme prend racine dans un événement fondateur pour elle : Le viol d’une jeune fille dont l’auteur est absout après avoir payé « le prix de la virginité » : 60000 francs. Myriam Thiam est heurtée et outrée par cet événement et par le traitement réservé aux jeunes filles devenues mères ainsi que leurs enfants traités de « domou kharam ». Elle n’a ensuite de cesse d’être violement en révolte contre le traitement réservé à des êtres humains sur la seule base qu’elles sont des femmes.
Féministe dès les prémisses de Yewu Yewi, mouvement féministe sénégalais des année 80, Myriam Thiam n’a jamais arrété de militer et de déconstruire concrètement les stéréotypes de genre. De formation universitaire, elle a pourtant fait le choix de s’attaquer, au quotidien, à tout ce qui pourrait freiner l’épanouissement des femmes, en particulier celle des « petites gens ».
De tradition walo walo, elle a aussi pour modèles Fatou Sow, Gisèle halimi, Marie Angélique Savané et quelques autres. C’est pourquoi, Myriam ne s’en laisse pas conter et s’impose partout où elle passe. Elle contribue aussi par les arts qu’elle maitrise : le chant et la bijouterie, à faire vivre et promouvoir la culture au Sénégal et au-delà.
Sur le plan personnel, Myriam Thiam est une maman de trois grands et beaux garçons, qu’elle a élevé seule en leur donnant des clés pour être des hommes respectueux des femmes et conscients du monde inégalitaire dans lequel ils vivent. Elle continue à espérer qu’on ait plus de lois scélérates au Sénégal et que les femmes puissent avoir le droit de choisir et d’être considérées pour ce qu’elles sont : la moitié de l’humanité.
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
MARAM GUEYE, UNE FÉMINISTE CHERCHEUSE EN AMÉRIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - La Professeure de littérature africaine et des diasporas africaines à l’Université East Carolina est une militante sans complsaisance, très clairement intersectionnelle, décoloniale et anti-suprématiste arabe
Khaira Thiam, Fatima Diallo et Fatou Sow |
Publication 08/12/2022
Comme chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme bat son plein contre les violences faites aux femmes. Toutefois, il est des violences faites à certaines femmes qui passent (presque) inaperçues. Ce sont les violences des institutions nationales et internationales contre les féministes sénégalaises. L’entrisme dans les institutions qui refusent le progressisme, le copinage, les réflexions absurdes, les considérations et compliments non sollicités, les tentatives de corruption financières ou sexuelles, sans doute pour en délégitimer certaines, le flicage, la pratique du blacklistage, du male gaze qui veut que des anti-féministes demandent à des hommes de pouvoir de valider des féministe sénégalaise ou non ; voire de favoriser des personnes que les féministes ne reconnaissent pas comme tel pour des faits graves d’attaques contre des femmes réclamant leur liberté, des victimes de viol ou encore contre des féministes. Les féministes sénégalaises ne valident pas ce qu’il est commun d’appeler, chez nous, des « pick me women ». Celles qui tirent du regard masculin une valorisation de leur existence.
En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Pr Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Maram Gueye, une féministe chercheuse en Amérique
La sémillante Professeure de littérature africaine et des diasporas africaines à l’Université East Carolina n’en est pas moins une féministe sénégalaise extraordinaire, régulièrement présente au Sénégal. D’un tempérament très affirmé, elle l’est aussi en féminisme. Elle est très clairement intersectionnelle, décoloniale et anti-suprématiste arabe.
Comme ses prédécesseuses, Pr Fatou Sow en tête, bell hooks, Maria Lugones, Wangari Mathai ou Audre Lorde, Professeure Maram Guèye participe autant à l’évolution de la pensée féministe par sa participation assidue à diverses manifestations scientifiques au Sénégal et dans le monde, qu’elle ne participe à la lutte sur le terrain. Autrice de divers articles universitaires comme dans la presse mainstream anglophone, elle n'hésite pas à faire connaitre l’état actuel de la lutte féministe sénégalaise et les problématiques auxquelles celle-ci est confrontée. Militante sans complaisance, elle n’est jamais la dernière à organiser, porter des pancartes ou à marcher pour renforcer la lutte féministe de terrain.
Comme en témoignent ses étudiantes, les femmes sénégalaises aux USA, ou les nouvelles feministes sénégalaises, Maram Gueye est une grande fédératrice de la solidarité féminine à travers des groupes réels ou virtuels qu’elle a créés et qu’elle administre.
Sur le plan personnel, elle Saloum Saloum, issue d’une famille griotte dont elle est extrêmement fière car ancrée dans sa culture. Maman solo fantastique, elle élève ses enfants sur les principes et les valeurs du féminisme. Elle investit sur cette jeunesse qui demain surement réalisera l’égalité entre les femmes et les hommes auxquelles nous aspirons toutes.
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
MAIMOUNA SIBY, UNE RAFALE VENUE DU NORD
EXCLUSIF SENEPLUS - Elle a l’étoffe d’une cheffe et n’entend pas se faire dicter son agenda et certainement pas par des hommes. L’invisibilisation des femmes et de leurs apports historiques, économiques ou sociaux la fait bondir de colère
Khaira Thiam, Fatima Diallo et Fatou Sow |
Publication 07/12/2022
Comme chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme bat son plein contre les violences faites aux femmes. Toutefois, il est des violences faites à certaines femmes qui passent (presque) inaperçues. Ce sont les violences des institutions nationales et internationales contre les féministes sénégalaises. L’entrisme dans les institutions qui refusent le progressisme, le copinage, les réflexions absurdes, les considérations et compliments non sollicités, les tentatives de corruption financières ou sexuelles, sans doute pour en délégitimer certaines, le flicage, la pratique du blacklistage, du male gaze qui veut que des anti-féministes demandent à des hommes de pouvoir de valider des féministe sénégalaise ou non ; voire de favoriser des personnes que les féministes ne reconnaissent pas comme tel pour des faits graves d’attaques contre des femmes réclamant leur liberté, des victimes de viol ou encore contre des féministes. Les féministes sénégalaises ne valident pas ce qu’il est commun d’appeler, chez nous, des « pick me women ». Celles qui tirent du regard masculin une valorisation de leur existence.
En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Pr Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Maimouna Siby, une rafale venue du nord
Il se dégage de Maimouna Siby une volonté de connaitre, comprendre et apprendre le féminisme : ses courants, ses histoires grandes ou petites, ses thématiques, ses systèmes de pensée, ses leaders aussi…
Ainsi n’a-t-elle lésiné sur aucun effort pour emmagasiner le plus d’informations possibles et les traiter au fil de l’eau. Son volontarisme toujours souriant est impressionnant pour qui discute avec elle cinq minutes. Sa curiosité et son questionnement incessant vous met un coup de pression pour reprendre vos tablettes et être sûre de ce que vous affirmez. Mais elle a de qui tenir car ses modèles féministes sont loin du féminisme de convenance teinté de « patriarcat bienveillant ». Elle, ce sont les scientifiques et les radicales qui l’intéressent. Son arrière-grand-mère, Maguette Maty Niang Ndoye, Pr Fatou Sow, Aminata Libain Mbengue, Khaïra Thiam et bien d’autres lui donnent le courage de prendre, elle aussi, la parole et de dénoncer la condition des femmes sénégalaises. Grande décomplexée, elle a l’étoffe d’une cheffe et n’entend pas se faire dicter son agenda et certainement pas par des hommes. C’est elle qui décide ! N'en déplaise à ces messieurs !
Mère de deux enfants, qu’elle a toujours élevé sur des bases égalitaires, il lui est impensable que sa fille ait moins de droits que son fils ou qu’elle soit traitée différemment par la société en raison de son sexe ou de son genre. L’invisibilisation des femmes et de leurs apports historiques, économiques ou sociaux la fait bondir de colère car dit-elle « nous sommes tous 100% des humains à être nés d’une femme (…) tous sans exception ! ».
Ainsi, celle qui prétend, par coquetterie sans doute, être « la bleue du mouvement », est très claire sur ce qui motive son engagement : l’égalité en droit et en traitement. La force physique n’octroyant pas plus de droits aux uns plus qu’aux autres. Il lui est donc inacceptable que le droit de la famille au Sénégal soit encore si inique avec les femmes, en 2022, et que celles-ci en soient encore à se battre pour l’acquisition de certains droits ou pour la levée des discriminations scandaleuses que ledit code recèle. Dans un autre domaine, notre révolutionnaire, propose que toutes les femmes s’arrêtent de travailler en même temps le 25 de chaque mois pour bien faire réaliser au reste de l’humanité l’importance qu’elles ont dans l’économie et l’inanité des discriminations salariales. Le monde cesserait de tourner ou il serait bien obligé de faire droit à leur demande. Mais pour se faire, l’union et à la constance de l’engagement de toutes les femmes doit se réaliser contre le patriarcat. C’est pourquoi là encore, elle montre l’exemple en utilisant tous les ressorts qu’offrent divers modes de lutte qu’elle combine. Parce que la société sénégalaise met toutes les femmes en danger et bafoue leur dignité humaine, sans que ces dernières n’aient besoin de rien faire, Maimouna Siby est sûre de son bon droit et qu’elle n’a rien à perdre à se battre pour sa liberté.
Maimouna-sans-peur, espère tout de même que cette égalité se réalisera et que les hommes arrêteront de croire qu’ils trônent sur la destinée des femmes. « Nos corps nous appartiennent, nos têtes nous appartiennent, nos vies nous appartiennent ! Ça n’est à personne de nous dire ce qu’on a ou pas à faire, ni qui être ou ne pas être. Une féministe se doit d’abord d’être libre, d’être elle-même et authentique et d’agir en accord avec ses valeurs pour l’amélioration de l’humanité ! »
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
AMINA SECK, UNE PLUME REBELLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce cœur d’or espère encore une société égalitaire dans laquelle les femmes seraient libres et respectées en droit. Dès lors qu’il s’agit des femmes, pour elle, toutes les luttes se valent
Khaira Thiam, Fatima Diallo et Fatou Sow |
Publication 07/12/2022
Comme chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme bat son plein contre les violences faites aux femmes. Toutefois, il est des violences faites à certaines femmes qui passent (presque) inaperçues. Ce sont les violences des institutions nationales et internationales contre les féministes sénégalaises. L’entrisme dans les institutions qui refusent le progressisme, le copinage, les réflexions absurdes, les considérations et compliments non sollicités, les tentatives de corruption financières ou sexuelles, sans doute pour en délégitimer certaines, le flicage, la pratique du blacklistage, du male gaze qui veut que des anti-féministes demandent à des hommes de pouvoir de valider des féministe sénégalaise ou non ; voire de favoriser des personnes que les féministes ne reconnaissent pas comme tel pour des faits graves d’attaques contre des femmes réclamant leur liberté, des victimes de viol ou encore contre des féministes. Les féministes sénégalaises ne valident pas ce qu’il est commun d’appeler, chez nous, des « pick me women ». Celles qui tirent du regard masculin une valorisation de leur existence.
En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Pr Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Amina Seck, une plume rebelle
Féministe, la belle Amina Seck l’est sans doute depuis l’enfance. En grande observatrice de la société sénégalaise, elle notait déjà que le grand respect que recevaient les hommes n’avait pas sa réciproque pour les femmes. Trop marquée par le traitement inégal entre les filles et les garçons, à commencer par sa propre famille, elle s’est très tôt rebellée contre cet état de fait.
Quoique plus jeune elle n’avait pas les mots pour nommer positivement cet humanisme, très vite l’écrivaine s’est saisie du vocable « féministe » pour désigner sa lutte pour l’éradication de toutes formes de violence que subissent les femmes, les jeunes filles et les petites filles. Une lutte donc, pour le respect des droits et une reconnaissance sociale des femmes et des filles, qui se retrouve aujourd’hui sous sa plume de romancière. Par ailleurs, sans modèle féministe particulier, elle a appris à connaitre les pionnières du féministes sénégalais, membre de Yewu Yewi, qu’elle regarde avec beaucoup de respect pour le courage qu’elles ont eu de faire entendre les voix des femmes sénégalaises.
Aujourd’hui, Amina Seck oriente toutes ses activités dans le sens de cette lutte notamment sur le plan de la promotion des droits des femmes dans et par les arts et la culture. Elle ne fait pas qu’écrire et faire écrire les autres femmes, elle promeut la création artistique féminine. En effet, elle a déjà fondé une agence pour la promotion des arts et des cultures au féminin. Celle-ci lui a permis de mettre sur pied le premier salon du livre féminin du Sénégal. Elle n’entend pas en rester là car la prochaine édition s’en vient ainsi que des participations à des colloques, des formations et bientôt un centre dédié.
Ce cœur d’or espère encore une société égalitaire dans laquelle les femmes seraient libres et respectées en droit. Elle pense que la lutte féministe y mènera et permettra de développer une plus grande sororité entre mouvements féministes et mouvements féminins. Dès lors qu’il s’agit des femmes, pour elle, toutes les luttes se valent.
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
MAIMOUNA YADE, UNE FÉMINISTE PIQUANTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Elle réfute la relégation des femmes ou la confiscation de leurs droits au motif d’une inégalité physionomique. Argument pourtant souvent entendu au Sénégal des hommes qui se croient autorisés à parler des femmes ou de leurs droits
Khaira Thiam, Fatima Diallo et Fatou Sow |
Publication 07/12/2022
Comme chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme bat son plein contre les violences faites aux femmes. Toutefois, il est des violences faites à certaines femmes qui passent (presque) inaperçues. Ce sont les violences des institutions nationales et internationales contre les féministes sénégalaises. L’entrisme dans les institutions qui refusent le progressisme, le copinage, les réflexions absurdes, les considérations et compliments non sollicités, les tentatives de corruption financières ou sexuelles, sans doute pour en délégitimer certaines, le flicage, la pratique du blacklistage, du male gaze qui veut que des anti-féministes demandent à des hommes de pouvoir de valider des féministe sénégalaise ou non ; voire de favoriser des personnes que les féministes ne reconnaissent pas comme tel pour des faits graves d’attaques contre des femmes réclamant leur liberté, des victimes de viol ou encore contre des féministes. Les féministes sénégalaises ne valident pas ce qu’il est commun d’appeler, chez nous, des « pick me women ». Celles qui tirent du regard masculin une valorisation de leur existence.
En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Pr Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Maimouna Yade, une féministe piquante
Dans le milieu, on l’appelle Maya et comme son homonyme, l’abeille : qui s’y frotte s’y pique. Maya aime la confrontation et le débat d’idées et sans contredit, sa voix porte.
Pourtant dans ses débuts, malgré une inclination naturelle à défendre les droits des femmes et des filles, elle ne se réclamait pas féministe. C’était un mot pour elle dénué de sens, que certains devant ses propos lui collaient comme étiquette. Au fil du temps, de ses recherches et de ses accointances féministes, le mot « féministe », elle le porte, aujourd’hui, comme une seconde peau. Dans ses pérégrinations féministes à travers le monde, Maimouna Astou Yade a pu faire groupe avec d’autres et découvrir des féministes d’horizons divers. Dès lors elle a su se forger sa propre tendance dans ce courant idéologique et s’allier à d’autres autour d’un objet commun.
Féministe au faîte de son engagement, elle reste impressionnée par les pionnières et leur travail. Elle se nourrit de leur courage qui a porté haut le combat du féminisme sénégalais. Parmi elles, Marie Angélique Savané et Fatou Sow, dont elle lit les écrits, lui donnent matière à penser dans ses propres batailles pour l’égalité et l’équilibre social. Elle réfute la relégation des femmes ou la confiscation de leurs droits au motif d’une inégalité physionomique. Argument pourtant souvent entendu au Sénégal de la bouches d’hommes qui se croient autorisés à parler des femmes ou de leurs droits.
En reine des abeilles, elle s’active dans l’organisation féministe qu’elle dirige. En effet, c’est à travers diverses actions et programmes auprès de bénéficiaires qu’elle essaime sa philosophie et ses valeurs féministes. Mais là où elle est le plus efficace c’est avec son projet « les pupilles féministes » qui lui permet de préparer la relève. Elle vise par là à prévenir un éventuel essoufflement du mouvement comme on a pu le connaitre à d’autres moments de l’histoire du féminisme sénégalais.
C’est avec tout cet investissement personnel et professionnel que Maimouna Astou Yade espère rendre le mouvement féministe encore plus puissant et durable. Elle appelle de ses vœux les filles et les femmes féministes à acquérir des compétences intellectuelles et pratiques nécessaires au transfert de nos savoirs et savoir-faire aux plus jeunes.
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
FATOU SOW, LUX MEA LEX
EXCLUSIF SENEPLUS - Première femme sociologue sénégalaise, militante féministe convaincue, elle a fait ses armes dans un contexte socio-historique fermé à la pensée africaine de l’égalité des sexes
Khaira Thiam et Fatima Diallo |
Publication 07/12/2022
Comme chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme bat son plein contre les violences faites aux femmes. Toutefois, il est des violences faites à certaines femmes qui passent (presque) inaperçues. Ce sont les violences des institutions nationales et internationales contre les féministes sénégalaises. L’entrisme dans les institutions qui refusent le progressisme, le copinage, les réflexions absurdes, les considérations et compliments non sollicités, les tentatives de corruption financières ou sexuelles, sans doute pour en délégitimer certaines, le flicage, la pratique du blacklistage, du male gaze qui veut que des anti-féministes demandent à des hommes de pouvoir de valider des féministe sénégalaise ou non ; voire de favoriser des personnes que les féministes ne reconnaissent pas comme tel pour des faits graves d’attaques contre des femmes réclamant leur liberté, des victimes de viol ou encore contre des féministes. Les féministes sénégalaises ne valident pas ce qu’il est commun d’appeler, chez nous, des « pick me women ». Celles qui tirent du regard masculin une valorisation de leur existence.
En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Professeur Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Fatou Sow, lux mea lex
À 83 ans, Fatou Sow est notre fringante universitaire féministe. Première femme sociologue sénégalaise, elle est aussi notre première ressource intellectuelle. Garante de l’histoire du féminisme sénégalais et africain, elle nous enseigne, à tout moment du jour ou de la nuit, avec une générosité non feinte, tout ce que ses années de recherches universitaires intenses lui ont permis de découvrir et de théoriser. Fatou Sow est toujours active dans la production de savoirs féministes et dans leur diffusion. Son agenda est extraordinairement plein, tant elle a à cœur de poursuivre ses activités sur le plan national et international.
Fatou Sow à l’exigence des têtes bien faites et nous pousse toutes à monter en puissance intellectuellement, à déconstruire sans relâche les moindres détails de notre pensée prise dans les rets du système patriarcal. Son intransigeance à notre égard nous amène à nous dépasser et à nous confronter parfois à d’autres féministes à travers le monde, dans les espaces dans lesquels elle nous envoie. Son point de vue, ou son éclairage sur des questions qui nous traversent nous est hautement précieux quand bien même nous pouvons lui discuter certaines de ses positions affirmées sur nombre de sujets.
Son engagement féministe, elle le dit elle-même, lui est venu, par petites touches, au cours de ses travaux universitaires, de ses contacts avec les femmes dans leurs situations de terrain et surtout de ses échanges avec ses collègues universitaires internationaux. Son long compagnonnage avec les réseaux de femmes du Sud Global a enrichi ses expériences. Militante féministe convaincue, elle a fait ses armes dans un contexte socio-historique fermé à la pensée africaine de l’égalité des sexes. Sans désemparer, Fatou Sow a, sa vie durant, défriché les espaces de pensée et progressivement imposé diverses poches de respiration pour qu’advienne des recherches et des productions scientifiques sur les problématiques des femmes, pensées par et pour les femmes. Défiant le monde académique africain viscéralement patriarcal et tout à fait hostile à l’idée, elle y a instillé une pensée critique féministe qui a fait beaucoup d’émules et qui continue à en faire, pour notre plus grand bonheur.
Discuter avec elle est un bonheur renouvelé à chaque fois car elle à l’art et la manière de contenir et materner, sans en avoir l’air, les plus terribles d’entre nous, parce qu’elle les traite en égales. C’est là toute la quintessence de la culture féministe : l’absence de verticalité et de hiérarchie que créent les systèmes de dominations auxquels le patriarcat nous a habitués.