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27 novembre 2024
Femmes
L'ÉCRITURE-FEMME, UN GENRE QUI S'AFFIRME
Sur le concept de l’écriture féminine, les avis divergent. Si pour certaines personnes il marque l’entrée des femmes dans le paysage littéraire longtemps dominé par les hommes, pour d’autres, il apporte une sensibilité nouvelle, plus empathique
Sur le concept de l’écriture féminine, les avis divergent. Si pour certaines personnes il marque l’entrée fracassante des femmes dans le paysage littéraire longtemps dominé par les hommes, pour d’autres, il apporte une sensibilité nouvelle, plus empathique. On peut dire que la littérature féminine au Sénégal a définitivement trouvé sa place.
Le genre a-t-il sa place dans la littérature ? Écriture féminine ou écriture masculine, où se situe la différence ? Pour l’artiste et réalisatrice Laure Malécot, « qualifier une écriture de féminine revient à dire que les femmes écrivaines mettent l’accent sur des problèmes qui touchent leur genre. » L’écriture est donc féminine parce que les écrivaines traitent de sujets qui ont trait à leur corps, leur statut de femme dans la société ou encore leur rôle de mère. Rahmatou Seck Samb, auteure du livre « Fergo, tu traceras ta route » publié aux Editions Abis, disait à ce propos, dans un court article paru dans le site Dakar-Echo.com : « Notre littérature de femme porte toujours la part de notre sensibilité. Le destin de nos œuvres portera les stigmates de notre condition ». Cette pensée fait écho à Mamadou Samb, l’auteur du roman « L’écharpe des jumelles », publié par Teham Editions. Cet ancien conseiller technique au ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance perçoit « l’écriture féminine comme une écriture de l’intérieur ». Il justifie son opinion en expliquant que cette écriture se saisit des thèmes en rapport direct avec la vie des femmes au quotidien, notamment sa vie de couple, sa relation avec sa belle-famille, l’éducation de ses enfants, sa conception de la famille, des violences conjugales subies. « Ceci s’explique par le fait que les femmes ont longtemps été confinées dans une vie d’épouse et de femmes au foyer. Pendant ce temps, les hommes affrontaient le monde extérieur », complète Mamadou Samb.
Toutefois, la réalisatrice Laure Malécot veut éviter d’enfermer la littérature dans un genre. « Le propre d’un écrivain est de savoir se mettre à la place d’autrui, quel que soit son genre », soutient-elle. Elle croit que le plus important dans la littérature, c’est que la personne qui écrit arrive à refléter une part de sa société à travers les émotions qui la traversent. Malgré tout, Laure Malécot reconnaît qu’une sensibilité particulière se dégage à la lecture d’un roman écrit par une femme. Cela étant, la plume féminine est pleine d’empathie et d’émotions. Prenons l’exemple de l’œuvre de Aminata Sow Fall, « La grève des bàttu », publiée aux éditions Présence Africaine. Dans ce célèbre roman, Aminata Sow Fall raconte la dimension sociale et religieuse de l’aumône et la place des mendiants au Sénégal. Ces mendiants souvent méprisés et ignorés sont utiles à une partie de la population sénégalaise puisqu’ils leur donnent la possibilité d’accomplir leur devoir social et religieux.
SENSIBILITÉ FÉMININE
Aminata Sow Fall montre la place de ces « petits », de ces « invisibles » quand il s’agit d’éloigner un éventuel malheur à travers l’aumône. Sous la plume de cette romancière, une empathie s’exprime. Cette sensibilité féminine se retrouve également chez Mariama Bâ, l’auteure de « Une si longue lettre » publié aux Neas (Nouvelles éditions africaines du Sénégal). Ce roman aborde avec lucidité le statut des femmes au Sénégal. À travers un échange épistolaire entre Ramatoulaye et Aïssatou, deux amies de longue date, défile tout un pan de la société sénégalaise : le poids des traditions, la vie de couple, la polygamie, le divorce, le veuvage, l’autonomie de la femme. « Une si longue lettre » est un roman dur et émouvant à la fois où se mêlent chagrin et espoir. L’espoir d’une société sénégalaise où la femme sera plus libre, plus autonome et capable de prendre son destin en main. C’est le sentiment d’Amina Seck, l’écrivaine du roman « Mauvaise pente » : « Il n’y a qu’une femme pour écrire un livre aussi poignant sur la condition de la femme. Mariama Bâ a été précurseur. Elle a ouvert la voie à une nouvelle génération d’écrivaines à laquelle j’appartiens. » Dans tous les cas, ces écrivaines ont une sensibilité sociale plus affirmée. Quant à Laure Malécot, elle ne croit pas à une écriture féminine, mais penche plutôt pour une écriture féministe et féminisante. C’est-à-dire une écriture qui milite pour les droits des femmes et pour l’amélioration de leurs conditions dans la société. Car, selon elle, tout le monde peut s’y retrouver : « Il y a beaucoup d’hommes qui écrivent en faveur des femmes. » Les hommes et les femmes sont similaires. Ce sont les clichés qui les séparent. Elle ajoute : « Parfois, le regard du genre opposé est important pour se construire. L’avis des hommes sur les femmes est tout aussi utile que l’avis d’une femme sur un homme ou d’un homme sur une femme. »
Dans le même ordre d’idées, Ghaël Samb Sall, éditrice à la maison d’édition « Vives voix », croit qu’il n’y a pas lieu de parler d’écriture féminine ou masculine. « Il n’y a que des auteurs et des styles. C’est cela le plus important », observe-t-elle. Fatou Warkha Sambe, écrivaine et réalisatrice, pense l’écriture comme une particularité individuelle : « Une écrivaine est différente d’un écrivain du fait qu’elle écrit depuis une position sociale bien donnée, depuis un vécu ». Aboubacar Demba Cissokho, journaliste culturel à l’Agence de presse sénégalaise (Aps) croit qu’il y a « une différence de sensibilité selon qu’on soit homme ou femme. »
De l’utilité d’une écriture féminine
Andrée Marie Diagne-Bonané, auteure de « La fileuse d’amour » édité par L’Harmattan Sénégal, va plus loin dans le concept. L’écriture féminine est, pour elle, « un moyen pacifique de dénoncer les violences sexuelles et sexistes ou de parler des traumatismes des femmes comme l’excision ». « Une femme qui écrit sort du silence. Car elle parle en son nom et au nom de celles qui ne peuvent pas écrire », poursuit-elle.
La littérature sénégalaise fut longtemps masculine. Il faut attendre les années 70 pour assister à une irruption de femmes écrivaines sénégalaises dans le milieu littéraire. Mariama Bâ et Aminata Sow Fall ont été les modèles. Mariama Bâ, à travers son roman épistolaire « Une si longue lettre » et Aminata Sow Fall avec « Le revenant », tous deux publiés par les Neas. Ces deux femmes de lettres ont non seulement fait souffler un vent nouveau sur les lettres sénégalaises, mais elles ont également ouvert une brèche dans laquelle s’est engouffrée une nouvelle génération de romancières. On peut citer Nafissatou Diallo, Ken Bugul, Sokhna Benga, Fatou Diome, Nafissatou Dia Diouf. La particularité de cette génération, c’est d’avoir apporté un regard nouveau sur la littérature sénégalaise. De l’autobiographie à la fiction, chacune d’elles a marqué de son empreinte un style nouveau, une subtilité nouvelle, en un mot une empreinte féminine. Grâce à leurs œuvres, la littérature féminine a définitivement trouvé sa place dans le paysage littéraire sénégalais.
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OBJECTION AVEC PENDA MBOW
L'historienne et ancienne ministre de la Culture décortique l'actualité sociopolitique nationale, marquée entre autres par le débat du troisième mandat et l'insécurité routière, dans l'émission dominicale de Sud FM
L'historienne et ancienne ministre de la Culture décortique l'actualité sociopolitique nationale, marquée entre autres par le débat du troisième mandat et l'insécurité routière, dans l'émission dominicale de Sud FM.
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LE RECIT D'UNE VIE
La première femme procureure au Sénégal, Dior Fall Sow, retrace dans un ouvrage ‘’Mon Livre Blanc : en mon âme et conscience’’ son cursus scolaire et universitaire et sa carrière de magistrat.
La première femme procureure au Sénégal, Dior Fall Sow, retrace dans un ouvrage ‘’Mon Livre Blanc : en mon âme et conscience’’ son cursus scolaire et universitaire et sa carrière de magistrat.
‘’En racontant certains épisodes de ma vie avec des anecdotes, on me disait tout le temps qu’il fallait que j’écrive. C’est une manière de laisser un message à la jeunesse’’, a souligné l’auteure, samedi, lors de la cérémonie de dédicace de l’ouvrage au musée de la femme, Henriette Bathily.
Partant de son ‘’expérience’’, son ‘’vécu’’ et sa ‘’trajectoire, Dior Fall Sow affirme avoir ‘’écrit en deux ans pour montrer l’exemple à toutes ces femmes qui ne savent pas qu'elles ont leurs capacités, leurs possibilités d’accéder à certains degrés de responsabilités’’.
Dior Fall Sow, magistrate et première procureure de la République du Sénégal, ardente défenseure de la cause des femmes et des enfants, des droits humains, a débuté sa carrière à Saint-Louis en 1971.
Dans la préface intitulée "J'ai vu Dior à l'œuvre", Adama Dieng, ancien Secrétaire général adjoint des Nations-Unies, Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide écrit que ‘’si toutes les vies méritent d'être racontées, au regard des singularités dont Dieu a doté chacune de ses créatures, il est de ces vies dont le récit impose le partage’’.
L'autobiographie de Dior Fall, a encore noté M. Dieng, président de séance lors de cette cérémonie de dédicace, ‘’est une offrande à la jeunesse, particulièrement à ces jeunes sénégalaises et africaines en quête de repère ; un cadeau précieux dans un monde incertain qui semble hoqueter à chaque tournant de sa trajectoire incertaine dans la consécration des droits des femmes’’.
Présentant l’ouvrage, la Sociologue Maréma Touré a indiqué que ‘’le livre blanc appartient à la littérature grise en général destinée à une institution mais en parcourant l’ouvrage on se rend compte qu’elle est une institution’’.
‘’C’est un esprit libre, en partant de ses propres expériences, elle pose des questions et apporte des réponses afin de permettre au lecteur de se faire sa propre opinion’’, a expliqué la sociologue.
En plus d’être procureure, Juge d’instruction, Directrice des ressources humaines de la Sonatel et avocate générale au Tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha, Dior Fall Sow, selon, Mme Touré, ‘’est une combattante de l’équité et de l’égalité de genre’’.
‘’Elle termine ce livre avec un appel à la solidarité entre les Africains. Elle n’a pas manqué d’évoquer les valeurs qui fondent notre continent et auxquelles les jeunes doivent se référer’’, a lancé la sociologue.
Dans cette autobiographie, Dior Fall Sow ‘’retrace les chemins de son cursus scolaire et universitaire, nous narre sa carrière qua pas manqué de piment’’, selon le préfacier.
‘’Un témoignage qui relate avec quelque nostalgie une lointaine époque, bien différente de celle que nous vivons. Son parcours force le respect. Un modèle qui devrait inspirer les générations actuelles et futures’’, ajoute t-il.
Cet ouvrage de 456 pages se veut aussi ‘’’un plaidoyer en faveur des valeurs humanistes’’
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA, PAR rama salla dieng
MULTIPLE PHOTOS
LE JEU DE LA MER : KHADY SYLLA, FAIS TOURNER LA MACHINE À REVER
EXCLUSIF SENEPLUS - Lorsque vous tenez le livre entre vos mains, c’est d’abord cette image en noir et blanc de l'autrice, regard captivant et mystérieux, rouge à lèvres discret, tête rasée et grosses boucles d’oreille créoles, qui retient votre attention
Série de revues sur l’œuvre des réalisatrices Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont particulièrement ému. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps ! Le tribut en est lourd. Si lourd ! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays sérère.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’auto-exploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienne avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavent, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jongle comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouverte : ‘on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’oeuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule ‘Sulli Ndaanaan’ et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’oeuvre des oublié.e.s, marginalisée.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film, de musique et de littérature.
Le jeu de la mer : Khady Sylla, fais tourner la machine à rêver
Autrice : Rama Salla Dieng
Le jeu de la mer de Khady Sylla est un roman paru dans la collection ‘Encres noires’ de L’Harmattan Paris en 1992. De Khady Sylla, autrice multi-talenteuse, vous vous rappelez aujourd’hui davantage les films que les écrits.
Lorsqu’enfin vous tenez le livre entre vos mains, c’est d’abord cette image en noir et blanc de Khady, regard captivant et mystérieux, rouge à lèvres discret, tête rasée et grosses boucles d’oreille créoles, qui retient votre attention. Vous vous imaginez cette photo en couleur car l’écriture de Khady est pétillante, sublime, inespérée. Quels mots habitent alors cette jeune femme de vingt-neuf ans lorsque son roman paraît ? Au-dessus de la photo, la description promet une histoire, une énigme en réalité, qu’habitent trois noms : autant de personnages : Rama, Aïssa et Assane.
Puis vous promenez votre regard sur la couverture. Vous admirez la sublime photo d’une barque vide face à la mer, prise par Stéphane Weber en Juillet 1990 à Nianing. Le titre poétique et prometteur comme une invite : le jeu de la mer écrit en gros caractères noirs, vous intrigue tout comme cette pirogue qui fait face à l’éternité.
Vous découvrez au fil des pages que Rama et Aïssa, les deux jeunes filles aux mots-mages, habitent une maison au bord de l’océan Atlantique. Leur cour carrée, entourée de filaos, d’eucalyptus et de bougainvilliers qui vivaient leurs oranges, roses et rouges les plus vivaces, est le théâtre de leurs jeux, chants et rires.
Et vous réalisez aussi que la polysémie du mot ‘jeu’ habite toutes les scènes de cette superbe histoire. En effet, le soir venu, face à la mer vive et vivante dont les remous lèchent les fondations de leur abri, Rama et Aïssa jouent au wure (Awalé), ce jeu de stratégie et de calcul s’accompagnant d’une joute oratoire, dans une barque d’ébène. C’est l’heure de vérité : ‘wure wa dem na këŋ, wax i ma dem na ndeeñ taale’. Le jeu peut commencer : ‘Jeu de la mer !’ Et la machine à rêver est mise en marche !
Les éléments de la nature conspirent à rendre le cadre propice au débridement de leur imagination hors normes. Ce jeu de création se fait au gré du jeu de la mer et du jeu du halo de lumière de la lampe qui ‘projetait une ombre démesurée sur la table’ p.9. La mer devient alors le lit où se projettent leurs fantasmes, fruits de leur imagination féconde : ‘La maison saisie d’irréalité, prit l’allure factice d’un décor éclairé par des projecteurs invisibles’ (p.7) ou encore : ‘les draps noirs de la nuit s’étalèrent sur la maison’ (p.9).
Dans la journée, Rama et Aïssa deviennent maîtresses de la parole et créent des contes. Installées sur le bout d’une falaise surplombant l'océan comme au bout de leur monde, elles se dévoilent démiurges par le pouvoir de leur moisson de perles du jeu du soir, à tour de rôle, et selon des règles bien définies. ‘Le lieu favorisait la floraison diurne de la parole. Les contes pouvaient émerger sur cette limite et le jour étendre ses rêves’ (p.24). Dans ce cadre enchanteur aux frontières de l’onirisme, la parole, lien et liant entre Rama et Aïssa, devient la passerelle entre la réalité et le fantastique : ‘La parole libre et pleine voyageait d’une gorge à l’autre, rassemblant d’un fil ténu, les fragments d’un univers pressenti’ (p.12).
De Rama et d’Aïssa, vous ne connaissez rien d’autre sinon leur fascination pour le jeu de la mer. Par ailleurs, leur ressemblance physique surprenante semble donner tout sens à l’expression ‘comme deux gouttes d’eau’. En effet, elles sortent toutes deux du même moule, fugitives statuettes noires. Seul le regard les distinguait'(p.24). Sont-elles jumelles ? Sœurs ? Vous n’en savez rien et n’en saurez pas plus, du moins, pas encore, pas tout de suite car Khady Sylla, poétesse et prophétesse aux allures de Rama et Aïssa, crée un monde où la parole crée des mondes et des êtres au monde. Non, la parole même est, elle est un monde et un personnage à part entière…engendrant d’autres menus personnages, de contes en mythes en farandoles !
Autant de mondes, à l’infini !
Une cosmogonie du roman !
Ah ! Toute une histoire !
Narrée admirablement au tempo de la parole.
Toujours se plaçant face à face, leur pouvoir de création unit leur destinée, elles qui jouent, rient, dansent et vagabondent au gré de leurs histoires. Leur monde tangue sur la crête des mots, contenu tout entier sur le fil ténu pourtant débordant de l’imagination aux rivages larges. Cependant, au-delà de la singularité gémellaire et de ce commun destin, un être au monde différent semblait les séparer et menaçait leur équilibre précaire. Rama respecte les mystères et les questions avec une égale douceur, aime se réfugier par moments dans le monde des souvenirs, suit les règles de la création à la lettre. Pour sa part, Aïssa ne chérit rien autant que de les enfreindre, dans sa quête de clarté et de réponses : le mystère l’exaspère.
Vous ne cessez donc de vous interroger sur Rama et Aïssa, personnages aussi fascinants qu’énigmatiques. Tout comme Assane, détective intrépide et ‘chef du service irréel’, à leurs trousses et n’ayant pourtant comme seul indice que leur beauté. Assane fait des rencontres surprenantes et recueille des témoignages aussi incongrus que déroutants.
Et pourtant, vous découvrez pantoise que les désordres calculés que les jumelles sèment sur leur passage sont un prodrome de confluences entre les protagonistes. Le mystère s’épaissit avant de se résoudre pour les trois êtres aux vies inéluctablement enchevêtrés.
Et de quelle manière !
Vous avez le souffle court et sifflant, les iris dilatés, le cœur qui bat la sarabande, à tout rompre. Puis le dénouement vous libère de manière aussi belle et captivante qu’inattendue.
Vous arrivez à la conclusion ultime que Khady Sylla avait un don : celui de double vision que confère la parole incréée. Mais enceints, Khady, tout comme Assane, ont aussi une emprise sur les mots. La parole libérée, qui les possèdent et dont elles font tout un monde, Rama et Aïssa en ont aussi le don et le pouvoir.
C’est qu’au tournant des mots, existent des mondes, créés par les mêmes mots.
Genèse et génération.
Des prophétesses vivantes et heureuses en ont l’intuition et la vision.
Khady Sylla, fille de l’eau, avait le don de la parole.
Une parole simple.
Voici ce que Khady a eu à dire du jeu de la mer :
‘Après la parution de mon roman Le jeu de la mer en 1992, une amie m’a conseillée de l’envoyer à Jean Rouch. Je l’ai fait et une semaine plus tard, Jean Rouch m’a appelée. J’ai alors entendu sa voix si particulière, cette voix légèrement chantante du grand rêveur. Jean me disait que mon livre l’avait enchanté parce que les deux personnages principaux, les deux jumelles Rama et Aissa étaient des filles de l’eau. J’avais déjà auparavant entendu parler des filles de l’eau. Ma grand-mère m’avait une fois dit que ma mère était une fille de l’eau et qu’on avait eu beaucoup de mal à la garder en vie.’[1]
Plus tard, vous regarderez le film ‘Une simple parole’ de Khady et Mariama Sylla. Vous réaliserez alors la fascination ultime de Khady, de sa sœur Mariama et de leur mère pour la mer. Vous savez donc que Khady se définissait comme une fille de l’eau : une personne pure et introvertie qui n’est pas attachée aux choses matérielles…mais pour Khady, tout comme pour Rama et Aïssa, cette définition est littérale.
Nul autre empire ne les intéresse que celui de la parole. Car elle est la clé du mythe de leur création ; en réalité de toute création.
Khady, ange tragique, restera une fille de l’eau que grandir a rendu malade.
Poète ultime, elle nous a fait le don de la littérature.
De sa simple parole.
Sa sincère parole.
Photos 1et 4 : Stephane Weber
Photos 2,3 et 5 : Rama Salla Dieng
[1] Témoignage recueilli auprès de Mariama Sylla, réalisatrice et sœur de Khady.
UNE DÉTRESSE SI FÉMININE
A Bargny Geth et à Yarakh, les femmes, obligées de rester dans les foyers désertés par des hommes à la recherche de meilleurs profits, ne s’en sortent plus
L’avancée de la mer, la raréfaction des poissons, la partance des pêcheurs vers d’autres cieux ou leur voyage périlleux vers l’Europe, ont fini d’installer la misère dans la zone côtière. A Bargny Geth et à Yarakh, les femmes, obligées de rester dans les foyers désertés par des hommes à la recherche de meilleurs profits, ne s’en sortent plus. La transformation de produits halieutiques, leur principal gagne-pain, est quasi impossible. Le poisson se fait de plus en plus rare. Pis, le métier est envahi par des hommes, venus de la sous-région, qui ne laissent que de maigres opportunités à des dames tenaillées par les charges familiales. A côté, il y a une vie, sans le minimum de luxe. L’avancée de la mer a causé la perte de plusieurs habitations à Bargny Geth, causant une détresse inouïe.
Samedi 24 décembre 2022, au moment où certains Dakarois dorment encore, Bargny Geth s’est réveillé, à cause des fortes vagues menaçantes. Ndiaga Samb fait partie de ces quartiers de la commune touchés par l’avancée de la mer. Les maisons ne sont qu’à quelques pas de la mer. Peu avant 10 heures du matin, les bambins, pieds nus, jouent déjà dans les ruelles humides et exiguës. Le petite espace qui sépare la mer des maisons est rempli de déchets. Des couches pour bébés déjà utilisés et des serviettes hygiéniques laissées à l’air libre jonchent le sol. Les enfants, insouciants de de cette saleté, jouent à côté des vagues et des pirogues à quai. Bargny Geth ne vit pas, à cause de l’érosion côtière. Et les femmes laissées dans les maisons délabrées, par des hommes parties chercher du profit loin de ce tohu-bohu, ressentent durement les effets de cette proximité avec la mer. «La mer qui nous était très utile est devenue notre source de malheur. Elle a disloqué nos familles, fait de nous des sans abris et a causé plusieurs morts chez les jeunes en partance pour l’Europe», déplore Ndèye Yacine Dieng. Elle est femme transformatrice et militante pour la Protection de l’Environnement et de la Côte à Bargny Geth. Avec un récit qui inspire la pitié, la dame, Ndèye Yacine, la soixantaine dépassée, évoque le quotidien à Ndiaga Samb et dans les cinq (5) autres quartiers touchés par l’avancée de la mer.
La vie dans les maisons à proximité de la mer à Bargny Geth, c’est un supplice fait de promiscuité, de la peur d’être envahi par les eaux en tout temps et des conditions d’hygiène piètres. «Ma maison était à 500 m de la mer ; maintenant, elle est à quelques mètres. Les trois quart sont engloutis par les eaux. Ici, à Bargny Geth, nous vivions dans des concessions familiales qui étaient de grandes maisons, avec beaucoup de chambres. Maintenant, nous sommes obligés de vivre dans la promiscuité. Quand certaines chambres sont prises par les eaux, on se regroupe dans celles qui restent», constate-telle, stoïque. Vivre entassé comme des sardines, a des conséquences sociales. Parfois celles-ci sapent la cohésion familiale, avec des incidents qui ne sont jamais racontées en public. Ndèye Yacine Dieng en sait quelque chose, mais se garde de tout dévoiler. «Cette promiscuité est à l’origine de beaucoup de problèmes que la décence m’interdit d’évoquer», dit-elle. Sa déclaration est compréhensible, d’autant plus que, dans notre société, beaucoup de cas de viols se passent dans les familles. Ils sont étouffés et les victimes n’obtiennent jamais justice.
En effet, la disparition des habitats à Bargny Geth fait qu’une dizaine de personnes peuvent s’entasser dans une chambre, la nuit. La hantise des vagues, l’humidité des chambres et la présence massive de personnes ne sont pas compatibles avec une nuit apaisante. «Le confort, on ne le cherche pas. L’essentiel est d’avoir juste ou poser la tête, en attendant la levée du jour», confesse, avec amertume, Ndèye Yacine Dieng. Nostalgique, elle relève qu’elles sont très loin, ces années où les hangars érigés à la plage, non loin des maisons, servaient de lieux de discussions et d’attente des pêcheurs de retour de la mer. Tout est en dans l’eau.
SE SOULAGER, UN LUXE A NDIAGA SAMB
Dans les quartiers touchés par l’érosion côtière, à Bargny Geth, les lieux de loisirs, des places publiques et même les cimetières sont rayés de la carte. Leurs emplacements ne constituent que des souvenirs que tentent de reconstituer les habitants. La mer est déjà à la porte des maisons et dicte sa loi et les limites à ne pas franchir. Des habitations sont inaptes à contenir des toilettes avec toutes les fonctionnalités et commodités. Du coup, se soulager ou faire ses besoins naturels est devenu un fardeau pour les habitants. Les déchets fécaux se mélangent à la saleté déposée sur la plage par les vagues. Ils reviennent ainsi aux habitants qui, à cause des hautes vagues qui emportent tout sur leur passage, ont fait de la mer des toilettes à l’air libre. «Nombreux sont ceux qui attendent la nuit pour aller en mer. D’autres ont des pots de chambres. Ils y font leur besoin, en attendant la tombée de la nuit, pour tout déverser dans la mer», s’indigne Ndèye Yacine Dieng. Et pourtant, la loi n°83-71 du 5 juillet 1983 portant Code de l’hygiène, «interdit le mélange des matières fécales ou urinaires aux ordures ménagères».
Sur une vingtaine de familles, sa demeure est la seule à disposer d’une toilette qui n’est pas des meilleures. Elle accueille ceux qui osent braver les regards des riverains de sa demeure qui, sans nul doute, savent l’objet de la visite chez la seule détentrice d’une toilette. En dehors de la maison de Ndèye Yacine Dieng et de la mer, les toilettes de la mosquée servent aussi de refuge à ceux-là qui ne peuvent attendre la pénombre de la nuit pour faire leur besoin. Ndèye Yacine Dieng raconte aussi son habitude quotidienne qui est d’ensevelir, chaque matin, les matières fécales incommodes avec l’épanouissement humain. L’accés aux toilettes est un droit. Pour cela, Ndèye Yacine Dieng plaide à ce qu’au moins des toilettes de fortune puissent être érigées dans le quartier, afin de permettre aux habitants de se soulager dans la dignité. Bargny Geth est fortement touché par l’immigration irrégulière. Certaines épouses dont les maris ont péri en mer, refusent de faire le deuil. Elles sont dans le déni. «Il y a des épouses non résignées, qui n’arrivent toujours pas à croire que leurs conjoints sont morts, tentant de rejoindre l’Europe à travers les embarcations de fortunes, même si le décès est connu de tous. Elles refusent de quitter le domicile conjugal», raconte Ndèye Yacine Dieng.
ARRETER LES VAGUES… PAR SES BRAS
Aida*, fatiguée des va-et-vient entre sa maison qui n’est faite que d’une minuscule chambre, s’est résignée à supporter l’eau qui perturbe son sommeil en fréquence. «Il y a de cela quelques jours, nos chambres ont été envahies par l’eau, à 2 heures du matin. J’étais obligée de me lever à cette heure de la nuit pour évacuer l’eau. Je n’ai qu’une chambre où je dors, avec mes enfants. Ce sont ceux qui se couchent par terre qui me réveillent des fois pour m’informer de la présence de l’eau. Quand ils sentent que leur matelas est mouillé, ils me réveillent. Je n’ai pas assez d’espace pour mettre tout le monde dans le lit», soutient-elle. Laissée seule, par un époux parti chercher du travail dans un autres pays, elle n’a que des solutions de fortunes pour essayer d’arrêter les vagues. «Je prends les gravats des décombres des maisons abandonnées, des pneus ou des sacs de sable pour m’adapter ; mais l’efficacité n’est pas trop grande. En cas de marée haute, ma chambre est envahie. Je n’y peux rien.» Avec de petits enfants qu’elle ne peut abandonner, seuls, sans surveillance, Aïda n’a plus d’activité. La transformation de produits halieutiques qu’elle faisait n’est plus possible. La matière première n’est plus à sa portée. La survie de sa progéniture, elle l’a repose désormais sur les épaules de ses filles qui travaillent comme ménagères ou aux hypothétiques envois de son mari dont l’activité n’est plus rentable.
*Nom d’emprunt pour protéger l’intimité de la dame
LE REFLET, UN CATALYSEUR DE VALEURS SURES DE LA GENT FEMININE
«Femmes du monde concentrons-nous sur l’essentiel et délaissons les futilités». Cet appel, qui casse avec les codes, est émis par des femmes actrices de développement et leaders dans leurs communautés et leurs entreprises
Des femmes leaders ont porté, avant-hier, sur les fonts baptismaux un mouvement dénommé «Réseau des femmes leaders autour de Thierno Amadou Ba, Khalifa de Bambilor (Reflet). L’objectif de cette organisation est d’apporter une rupture dans le devenir économique et social de la femme en éradiquant les gaspillages dans les cérémonies familiales.
«Femmes du monde concentrons-nous sur l’essentiel et délaissons les futilités». Cet appel, qui casse avec les codes, est émis par des femmes actrices de développement et leaders dans leurs communautés et leurs entreprises. Elles sont regroupées au sein d’une organisation dénommée «Réseau des femmes leaders autour de Thierno Amadou Ba, Khalife de Bambilor (Réflet)». Lancée le 25 décembre dernier en présence du ministre de la Femme, du Genre et de la Famille, elle entend rappeler l’essentiel aux femmes et les inciter à se conformer à leur religion, en inculquer les valeurs à leurs enfants, assumer pleinement leur rôle de mère de famille, d’épouse tout en ayant pour leitmotiv le développement harmonieux de notre société. «Autant le cœur est vital pour la survie de l’être vivant, autant la femme l’est pour le devenir de la société», soutiennent les membres de Reflet.
«Pour éduquer et pour instruire, il faut en avoir les moyens. Et ceux-ci, au-delà d’être financiers ou matériels, sont surtout intellectuels. C’est dire que la femme doit sortir de l’ignorance pour mener à bien son rôle de première maîtresse d’école ou de première Ya Sayda du daara», a déclaré la présidente du Reflet, Binta Ndiaye Ba qui, par ailleurs, se projette : «En agissant en tant que catalyseur des valeurs sûres de la gent féminine, Reflet entend faire émerger une nouvelle génération de femmes élites à travers le renforcement de capacités, l’acquisition de nouvelles compétences et le partage d’expériences».
Sur un autre registre, le Reflet compte encadrer les femmes dans la gestion et la fructification de leurs économies ou épargne. «Force est de constater que les femmes ont beau être de braves goorgorlu ou dorkatu waar, mais le gaspillage dans les cérémonies familiales (ndeyale, magale, ndieukke) vient toujours ruiner ces économies réalisées pendant de nombreuses années de dur labeur. Ce phénomène doit être atténué, voire éradiqué. Et ceci ne sera possible que lorsque chaque femme s’engagera dans ce combat et en fera le sien», clame Mme Ba qui en appelle à une prise de conscience des enjeux du monde moderne «en perpétuel changement et qui progresse à une vitesse vertigineuse laissant facilement en rade ceux et celles qui ne suivent pas».
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA, PAR Tabara Korka Ndiaye
MULTIPLE PHOTOS
MOSSANE DE SAFI FAYE, UNE TRAGÉDIE AMOUREUSE ET UNE QUÊTE SPIRITUELLE EN TERRE SEREER
EXCLUSIF SENEPLUS - Safi Faye souligne ici le dur traitement infligé aux mères, la culpabilité que l’on a tendance à leur mettre sur le dos. L’on serait tenté de se demander : et les pères dans tout cela ?
Série de revues sur l’œuvre des réalisatrices Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont particulièrement ému. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps ! Le tribut en est lourd. Si lourd ! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays sérère.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’auto-exploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienne avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavent, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jongle comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouverte : ‘on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’œuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule ‘Sulli Ndaanaan’ et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’œuvre des oublié.e.s, marginalisée.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film, de musique et de littérature.
Mossane de Safi Faye, Une tragédie amoureuse et une quête spirituelle en terre Sereer
Autrice : Tabara Korka Ndiaye
Safi Faye est une grande cinéaste Sénégalaise en plus d'être anthropologue et ethnologue. Ses talents de chercheure se reflètent grandement dans ses films documentaires et de fiction. La fiction a tout particulièrement imprégné son œuvre. En effet, Safi Faye s'y intéresse dès 1990 dans la réalisation de son film Mossane sorti en 1996. La réalisatrice se heurtera à d’énormes peines avant de voir Mossane fini et montré. En 1990, elle se retrouve dans une bataille juridique avec les producteurs français du film et il lui faudra attendre six ans pour que juridiquement le film lui revienne. Mossane sera présenté dans la section ‘Un certain regard’ au Festival de Cannes à l’année de sa sortie pour sa première mondiale.
Safi Faye s’inscrit dans une recherche de lumières et de couleurs avec son fabuleux cameraman Jürgen Jürges pendant les deux ans précédant le tournage du film. Mossane est tourné en pays Sereer, dans le village de Mbissel. Les histoires de Safi Faye se déroulent toujours en monde rural et ses films dont Kaddu Beykat reviennent sur les problématiques auxquelles les paysans font face.
Dès sa naissance, Mossane se retrouve être la promise de Diogoye, un émigré trouvant fortune au cinéma Concorde Lafayette à Paris. Ses parents ignorant sa capacité à choisir librement, s'empressèrent à sceller et célébrer son mariage. Le pire se produira.
Safi Faye dira de Mossane que :”Les esprits ont entendu que la plus belle fille était née. Ils ont rivalisé avec les humains pour l’amener. Les ancêtres jeunes, partis trop tôt sont venus la chercher”. La réalisatrice fait ici une grande démonstration de son génie créatif. En fait, l’histoire de Mossane est tellement prenante qu’elle a des airs d’une légende. Dans ce film, Safi Faye s’emploie à créer non seulement de nouvelles images mais surtout à pousser les limites de la représentation sous plusieurs angles. D’abord, la représentation à l’image des anciens saints et esprits ancestraux du peuple Sereer du Sénégal, les Pangool est forte et osée. Ils ne seront visibles qu’aux yeux de certains dans le film. Et la capacité à supporter leur image et/ou présence est rare. Ensuite, le choix d’une actrice de cette noirceur est aussi un pari osé. Combien de personnes noires sommes-nous à avoir internalisé que la peau noire n’est pas belle ? Combien d’enfants ont subi les moqueries car de teint noir foncé comme Mossane ? En faisant le choix d’une actrice à la couleur de peau “noire, noire jusqu’à être bleue” comme elle le dit, Safi Faye célèbre la peau noire et montre à ses pairs qu’il est bien possible de filmer une peau noire en se donnant les moyens en termes de recherche de couleurs et de lumières. Elle brise ici tout espace de stéréotypisation ou de moquerie envers les personnes de teint très noires.
En allant puiser dans l’imaginaire Sereer, Safi Faye nous offre une entrée dans la pratique de la religion Sereer (sujet de son mémoire à EPHE en 1976) en communauté. La vie au village est ponctuée de pratiques religieuses propres à la culture Sereer. Hommes, femmes et enfants se dirigent tous vers le grand arbre Beep pour la cérémonie d’offrandes et de prières en faveur d’un bon hivernage.
“Ô Tout puissant, Ô Meïssa Waly Dione, notre premier monarque, Ô Beep arbre ancestral, Acceptez nos offrandes.
Beep arbre ancestral, aide-nous et donne-nous de la pluie.”
Une icône Sereer de la musique chante et nous souffle le destin de Mossane. Il s’agit de Yandé Codou Sène, voix importante de la culture Sereer et griotte du Président Léopold Senghor. Dès les premières minutes du film, elle chante : “ À marée basse, quand Mossane se baigne, dans les eaux de Mamangueth sur les rives des bras de mer, les Pangools disparus en pleine jeunesse, depuis la nuit des temps, viennent contempler leur élue, admirer leur favorite”.
Mossane est tellement belle qu’elle attire amour, jalousie et convoitise. Elle est admirée de tous et de toutes. Sa beauté ne cesse de faire l’objet de discussions dans les espaces privées comme publiques. À 14 ans, elle se voit le centre de l’attention dans le village et doit partager la lourde responsabilité de la guérison de son frère. L’oncle en profitera pour déclarer que la situation entre les enfants proviendrait d’un rêve de leur mère Mingue pendant l’une de ses grossesses, renforçant ainsi la répandue culpabilité des mères et la cruauté de notre société envers elles. À chaque fois que le malheur arrive aux enfants, la première personne vers qui les regards se tournent est la mère. Safi Faye souligne ici le dur traitement infligé aux mères. Elle nous aide à saisir de manière vive la culpabilité que l’on a tendance à mettre sur le dos des mères et nous invite à réévaluer notre position et nos attentes envers elles. Tout ce qui peut arriver à l’enfant incombe toujours aux mères, enlevant toute responsabilité individuelle à qui que ce soit, surtout à l’enfant. L’on serait également tenté de se demander : et les pères dans tout cela ? Le père de Mossane est l’illustration parfaite du père-chef de famille qui se désengage de tout et ne s’exprime que pour scander le dernier mot.
De même, l’oncle Baak conseillera à Mingue de vite donner Mossane en mariage et continue ses grandes déclarations : “ Sa beauté ne créera que des conflits et désaccords. Il faut lui trouver un mari au plus vite.” Et c’est ainsi que le destin de Mossane se décide. Elle est condamnée à un mariage précoce car sa beauté perturbe les hommes, même les proches.
Pendant ce temps, Mossane est en train de faire l'expérience de l’amour en tombant pour Fara. Fara est un jeune étudiant en agronomie à l’Université et est revenu au village avec son ami Ndiack, cousin de Mossane, à cause des grèves à l’université. À la vue des deux garçons et particulièrement Fara, nous retrouvons une Mossane joyeuse, son visage brille et elle a l'air enthousiaste de le voir. La salutation qu’elle lui adresse est bien particulière. Fara appelle Mossane du diminutif Moss suggérant ainsi une relation quelque peu spéciale entre eux deux. L’amour crève les yeux du spectateur. Mossane pourrait sembler timide de prime abord, mais nous pensons qu’en fait, Mossane est très déterminée, libre d’esprit et sait exactement ce qu’elle veut.
Les rumeurs courent vite dans le village, arrivée à la maison, sa mère lui reproche de trop traîner quand elle l’envoie.
Mossane ne cesse de recevoir des remarques sur le fait qu’elle ait grandi vite. Fara comme ses prétendus beaux-parents sont férus de telles remarques. Seulement, son amie Dibor, mariée et ayant une vie sexuelle active, lui dévoile les secrets du plaisir sexuel féminin grandement taboue et pourtant d’une importance capitale. En effet, lorsque Mossane lui demande “comment s’y prendre avec Fara sans en arriver au pire ?” Dibor partage les secrets d’une sexualité féminine de jouissance. Safi Faye prend ici le parti du plaisir sexuel féminin longtemps tabou dans le monde et encore plus dans nos sociétés où il existe une sorte de négation au plaisir sexuel pour les femmes. Dibor continue son prêche en lui disant “ l’important, c’est d'être prudent, toi surtout.'' Maligne, Dibor sait toujours quoi répondre. Elle est cette amie qui nous sortirait de toute galère.
Grâce à un plan ingénieux de Fara et la discrétion du petit cousin de Mossane, Rémy, elle arrivera à rejoindre son amoureux dans la case de son cousin, Ndiack.
Fara fait une déclaration d’amour à Mossane et cette dernière de rétorquer : ” Je sens battre mon cœur qui t’aime.”
Qui s’opposerait à l’union de ces deux amoureux et au nom de quoi ? Malheureusement Mingue est déterminée : ”Ma décision finale se prendra sans son avis. Aux questions“ Que diront tes père et mère ? Que pensera le village ? “ Mossane se présente engagée pour sa cause maintenant plus que jamais : ”Je suis prête à l’irrespect. Je refuse d'être l'hyène qui mange des cadavres."
Déterminée, digne et prête à dire ses vérités et à crier son amour pour Fara, Mossane confronte ses parents et ne manque de signer son indignation. Sa détermination est vraiment remarquable venant de la jeune fille qu’elle est. Elle est engagée dans son expression d'elle-même et de ses désirs. Érigée ici en championne de la désobéissance, Mossane devient une vraie source d’inspiration.
À la fête de célébration du mariage entre Mossane et Diogoye, Safi Faye nous fait sentir la précipitation sur la préparation du mariage. La cérémonie bat son plein. Safi Faye nous montre toutefois une image de Mossane qui contraste avec l’ambiance festive de la célébration du mariage où le griot Samba loue surtout les bienfaits de Mbiné. Mossane n’a pas l’air heureuse. Ses yeux fixent un ailleurs lointain. Elle a l’air absente. Sa tristesse est d’autant plus grande qu’elle se rappelle d’autres injustices subies : “Père et mère ont arrêté mes études qui m’auraient permis de vivre seule et d’attendre l’homme que j’aime.” Elle se désintéresse des biens matériels que son prétendant a envoyés de France.
Mossane va jusqu'à une prise de parole devant l’assemblée au milieu de la célébration du mariage. Armée de courage et déterminée à se faire entendre, elle ira jusqu’à défier ses parents devant tout le monde. Elle se sera battue pour ce qu’elle veut jusqu’au bout. Elle fait la plaidoirie de son amour et de sa liberté de choisir et conteste le mariage publiquement. Son père se positionne en décideur et rappelle avoir donné sa parole et ne manque pas de rappeler, lapidaire : ”L’honneur est au-dessus des sentiments.”
Son mariage sera scellé par une assemblée d’hommes comme le veut la tradition. Les représentants des futurs mariés donnent pourtant le consentement non obtenu des deux parties. L’argent de la dot est passé entre plusieurs mains avant d’arriver entre les mains du griot, comme pour situer les responsabilités et la complicité des uns. Mossane n’étant pas consentante, la volonté de ses parents prima sur la sienne.
À la tombée de la nuit, Mossane accoure vers la case de son cousin, Ndiack, son lieu de rendez-vous habituel avec Fary à la recherche de celui-ci. Rémy son petit cousin lui annonce le retour des garçons à l'université puisque la grève est finie. Mains posées sur les contours d’un puits, le reflet de la lune a dû inspirer quelque chose en elle, peut-être plus d'espoir et de courage. Elle prit une pirogue qu’elle pagaie seule dans la nuit noire. Elle se retrouve seule avec les esprits qui ne tarderont pas à la conquérir.
Fugue ou mythe de l’émancipation par la disparition ? La fin de Mossane offre la possibilité de plusieurs interprétations sur le sort de la jeune fille. Et c’est heureux qu’une pluralité d’horizons du possible soit laissée à notre libre appréciation.
Au milieu de la confusion, la sage Maam de Dibor rappelle :”souvenez-vous. Siga, fille de Léona. Yacine de Diofior. Toutes sont parties avant de se marier. Toutes sont parties emportant avec elles leur vertu. Mossane est partie.”
À Mossane, perle de Mbissel, Yandé Codou chante : ”Roog avait prédit que tu n’aurais que 14 hivernages”.
Les esprits sont réputés pour habiter à Sangomar, un lieu important de la religion Sereer. Terre sacrée, elle accueille offrandes, prières et pèlerinages. Sangomar fait également l’objet de convoitises capitalistes comme le projet d’installation de la première unité de production pétrolière offshore du Sénégal pour laquelle la compagnie pétrolière et gazière australienne Woodside vient d’achever la phase de construction de l’installation flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO).
Les représentations mythiques et mystiques Sereer qui peuplaient les imaginaires de Safi Faye,il y a 32 ans lors du tournage de Mossane semblent être aujourd’hui encore plus en danger. La designer et cinéaste Sénégalaise Selly Raby Kane, dans son court-métrage Jant Yi se déroulant dans un Dakar dystopique, dans lequel les humains doivent produire de l'électricité à partir de l'énergie dépensée par leur propre corps, convoque le personnage de Sangomaam inspirée de Sangomar. La figure mythique et mystique de Sangomaam prévient Masaké que “Sangomar et Xochimilco (au Mexique) sont les derniers protecteurs du visible et de l’invisible” avant de scander “Sango Must Live”.
Mossane est un hymne osé que Safi Faye nous offre pour célébrer le courage, la détermination, l’indépendance d’esprit, la résistance et la liberté de toutes les filles et les femmes pour l’émancipation de tous les peuples.
VISITE DÉTERMINANTE DE ZELENSKY AUX USA
Décryptage de la venue du président et chef de guerre ukrainien à Washington ce mercredi 21 décembre avec René Lake sur VOA Afrique
Décryptage de la venue du président et chef de guerre ukrainien à Washington ce mercredi 21 décembre avec René Lake sur VOA Afrique.
LE DRAME SOCIAL DES MÈRES CÉLIBATAIRES
Le supplice des mères célibataires est une réalité dans bien des communautés au Sénégal, à cause du regard porté sur elles, des pesanteurs sociales et religieuses, du refus de paternité…
Au début du mois de décembre 2022, le juge de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar a condamné Nicole Faye, présentée comme une activiste, à cinq ans de réclusion criminelle. Elle a été reconnue coupable de crime d’infanticide. Ce récit tragique est des plus courants dans les chroniques sociales. Dans une bonne partie de la société sénégalaise, c’est une forme de « transgression des interdits », une manière de tomber dans le déshonneur. C’est pourquoi certains expliquent le nombre important d’infanticides par ce regard porté par la société sur les mères célibataires et le refus de paternité. Elles supportent le rejet de leur famille et essuient les dédains de la communauté, dont elles ont « transgressé les interdits ». Les grossesses hors mariage ou les naissances dites illégitimes, dans un certain entendement social et religieux, conduisent au supplice dans bien des cas. Elles sont condamnées, quelquefois, à l’isolement.
Jeune et innocente à l’époque, M. D voyait la vie en rose jusqu’au jour où tout a basculé. Un « accident d’un soir » l’a plongée dans la détresse, bouleversant sa vie. Aujourd’hui, mère de deux enfants de pères différents, son récit de vie est des plus douloureux : « j’étais encore très jeune quand je suis tombée enceinte pour la première fois. Le père de mon premier enfant n’était pas assez mature pour prendre ses responsabilités. D’ailleurs, il n’a jamais voulu les assumer envers son fils qui a neuf ans aujourd’hui. Je lui ai même proposé de faire un test Adn, mais il n’a jamais accepté. À cette époque, nous étions tous les deux très jeunes. J’ai vécu des moments difficiles. Ce n’était pas évident à mon âge. Il arrive parfois que mon fils me demande des nouvelles de son géniteur ».
Un autre « accident d’un soir » survient ensuite, un deuxième garçon qui aura bientôt quatre ans. Lui, au moins, son père l’a reconnu. Mais, il ne l’a plus revu « depuis le jour de son baptême ». Se souvient-elle encore, le visage crispé, des nuits blanches, noyée dans son chagrin. Malgré le soutien de sa mère, la pilule est dure à avaler. Les promesses d’amour étaient trompeuses. « Les géniteurs se sont débinés », confie-t-elle, triste.
Le temps n’a pas réussi à briser le cycle infernal de ses tourments, car « c’était compliqué ». Et ce n’est pas fini. « Il ne voulait rien entendre, se disant que c’était impossible. Nous l’avions fait. Et une seule fois », dit-elle, cherchant le réconfort dans cette « seule fois ». Ses souvenirs sont amers. Cette erreur de jeunesse lui a volé une grande partie de sa vie. Une mémoire qui l’affecte toujours : « ce sont des choses qui ne s’oublient pas du jour au lendemain. Les gens seront toujours là à te rappeler que tu as mis au monde un enfant hors mariage. Un enfant qui, en plus, n’est pas reconnu par son père ».
« Je ne suis pas une femme facile »
Une autre dame, préférant garder l’anonymat, a vécu la même mésaventure. Cette dernière, malgré la pression sociale, a su trouver la force et le courage d’élever et de garder ses trois enfants qui n’ont pas été conçus dans les liens du mariage. Âgée de 30 ans, elle raconte son calvaire en des termes touchants : « j’ai eu trois grossesses successives. Pour la première fois, le père de mon enfant a préféré se marier avec une autre fille. Il l’avait engrossée en même temps que moi. Toutefois, mes deux derniers enfants sont du même père. Celui-ci m’avait promis le mariage, mais il n’a pas respecté son engagement. Je n’ai même plus de ses nouvelles ». Mais le regard porté sur les mères célibataires l’incommode davantage, surtout celui-là, inquisiteur et les esprits pervers qui en font des « femmes faciles ».
Épouse apparemment épanouie, Adja n’est pas non plus une « femme facile ». Après avoir « trébuché », comme elle plait à appeler sa grossesse hors mariage, elle a refait sa vie avec un autre homme. « Quand ce dernier m’a épousée, ma mère s’est proposé de garder mon fils obtenu hors des liens du mariage. C’était, pour elle, plus convenant surtout vis-à-vis de ma belle-famille. Mais j’ai dit niet. J’ai fait une erreur, ce n’est pas pour autant que je suis mauvaise », dit-elle, heureuse de ce choix.
Salif Ba, un homme de 43 ans, s’est beaucoup ému du sort d’une de ses vieilles connaissances qui a vu sa vie détruite à cause d’une grossesse hors mariage. Issue d’une famille attachée à la pratique religieuse, son amie n’a pas survécu au matraquage psychologique de ses proches. « Son père ne lui adressait plus la parole. Sa mère, honteuse devant sa coépouse, n’arrêtait pas de lui répéter l’opprobre dont elle l’a couverte. Elle a fini par dépérir et perdre goût à la vie. L’homme qui l’a mise enceinte voulait l’épouser, mais, pour des considérations religieuses, son père s’y est opposé au grand dam de sa fille, laissée à elle-même. Son amoureux a fini par se lasser et est allé chercher son bonheur ailleurs », se rappelle Salif. Elle ne s’est plus jamais relevée jusqu’à sa mort à l’âge de 27 ans. Triste fin.
VERS UN QUOTA RÉSERVÉ À LA CATÉGORIE FEMMES ENTREPRENEURES DANS L'ATTRIBUTION DES MARCHÉS PUBLICS
L’assurance est du directeur de l’Agence de Régulation
L’ARMP va intercéder auprès des autorités pour qu’un quota dans les marchés publics soit réservé à la catégorie femmes entrepreneures. L’assurance est du directeur de l’Agence de Régulation des Marchés Publics, Saer Niang. Il s’exprimait hier, mardi, lors d’un atelier de capacitation du programme intitulé « Lier les besoins en matière de commande publique avec les petites et Moyennes Entreprises (PME) gérées par les femmes au Sénégal ».
Partie prenante de cette initiative, Saer Niang, directeur général de l’Agence de régulation des marchés publics (ARMP) a rappelé l’importance de la commande publique dans l’économie mondiale.
A l’en croire, la commande publique à travers le monde représente entre 15 et 20%. Au Sénégal la commande publique représente 2,5 et 3000 milliards par an. Sous ce rapport le Dg de l’ARMP d’indiquer : « La bonne maitrise des compétences techniques, c’est-à-dire la bonne maitrise des procédures de passation de marchés publics constitue un enjeu fondamental pour remporter des marchés dans l’environnement de la commande publique.
Saluant ainsi la vision d’ONU Femmes en acceptant de mettre en place un programme ambitieux de formation pour assurer la capacitation de plusieurs femmes entrepreneures, l’ARMP par la voix de son patron entend jouer un rôle d’accompagnement qui est d’intercéder auprès des autorités pour qu’un quota dans les marchés publics soit réservé à la catégorie femmes entrepreneures.