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28 novembre 2024
Femmes
DÉCÈS DE LA JOURNALISTE REINE MARIE FAYE
La journaliste Reine Marie Faye, ancienne présentatrice de la RTS (publique), de Sud FM et Walf FM (privées), est décédée vendredi à Dakar, à l’âge de 68 ans, a appris l’APS auprès de sa famille.
Dakar, 31 juil (APS) – La journaliste Reine Marie Faye, ancienne présentatrice de la RTS (publique), de Sud FM et Walf FM (privées), est décédée vendredi à Dakar, à l’âge de 68 ans, a appris l’APS auprès de sa famille.
Mme Faye, à la retraite depuis plusieurs années, fut d’abord téléspeakerine à la RTS. Elle a ensuite travaillé comme présentatrice pour Radio Sénégal - la branche radio de la RTS - avant d’être employée par la radio Sud FM, où elle présentait le journal en wolof.
La journaliste a également été présentatrice du groupe Walfadjri.
Reine Marie Faye fait partie de l’équipe qui a auditionné les premiers présentateurs du journal en wolof et les animateurs de Walf FM, radio fondée vers la fin des années 90, se souvient son confrère Jean Meissa Diop.
‘’Ce qui caractérisait son expérience dans le journalisme en langues nationales, c’était son wolof pas académique ni banal non plus’’, ajoute Diop dans un entretien à l’APS.
L’ancien chef du service Culture du quotidien Walfadjri - devenu WalfQuotidien – rappelle que Reine Marie Faye a pratiqué le théâtre, ‘’avec un célèbre rôle dans la série dramatique ’Yadikone’’’.
‘’Elle avait le rôle d’une indicatrice de police, chargée de piéger et de confondre un avorteur illégal, un garçon de salle clandestin’’, a-t-il témoigné.
Informaticienne de formation, Mme Faye a fait une ‘’reconversion réussie’’ dans le journalisme, se rappelle Jean Meissa Diop. ‘’Sa belle voix lui a valu de signer des spots mémorables. Sa voix était reconnaissable entre mille.’’
CES HÉROÏNES AFRICAINES QUI ONT LUTTÉ CONTRE LE COLONIALISME
A l'heure où de nombreux pays africains célèbrent leurs 60 ans d'indépendance, voici 5 portraits de femmes africaines qui ont combattu le colonialisme tout au long des siècles
La Journée internationale de la femme africaine (JIFA) a été créée en 1962 et promulguée par l'ONU et l'OUA le 31 juillet 1963. Elle est célébrée tous les 31 juillet.
Cette année, cette célébration tombe dans un contexte particulier où la mort de l'afro-américain George Floyd, tué lors de son arrestation à Minneapolis aux Etats-Unis, a redonné une vigueur au débat sur les traces du colonialisme en Afrique.
Voici cinq héroïnes de la lutte contre le colonialisme à découvrir ou à redécouvrir.
Aline Sitoé Diatta, Sénégal (1920-1944)
Originaire de la basse-Casamance, Aline Sitoé Diatta fut l'une des premières résistantes contre la domination française.
Orpheline très jeune, elle a été élevée par son oncle paternel. Quand celui-ci est mort à son tour, elle est partie vivre à Ziginchor où elle a travaillé comme docker puis à Dakar où elle trouva du travail comme domestique chez un colon.
Un jour de 1941, elle entend une voix lui dire d'entrer en résistance contre les colons pour sauver le Sénégal et de retourner en Casamance sous peine de connaître un malheur. Elle choisit tout d'abord d'ignorer cette voix et devient paralysée quatre jours plus tard.
Ce n'est qu'une fois de retour en Casamance, en 1942, que la paralysie disparait même si elle garde en séquelle un léger boitillement.
A cette époque, la France est pleinement engagée dans la deuxième guerre mondiale et demande à ses colonies de contribuer à l'effort de guerre de la métropole. Les autorités françaises au Sénégal ponctionnent la moitié des récoltes de riz de Casamance. Révoltée par cet état de fait, Aline Siloé Diatta dissuade les habitants de sa région de participer à l'effort de guerre et les pousse à refuser l'enrôlement dans l'armée française.
On prête également à celle qui était surnommée "la femme qui était plus qu'un homme" des pouvoirs de guérison et de nombreuses personnes se déplacent pour la voir en pèlerinage afin d'obtenir un miracle. Ce pouvoir spirituel, lui confère également une forte autorité sur la population.
Craignant de possibles troubles dans cette région de Casamance traditionnellement réfractaire au pouvoir colonial, les autorités françaises arrêtent Aline Sitoé Diatta le 8 mai 1943, en même temps que son mari.
Elle est ensuite transférée de prison en prison, au Sénégal, en Gambie puis à Tombouctou au Mali où elle décède finalement du scorbut en mai 1944.
Lalla Fatma N'Soumer, Algérie (1830-1863)
Femme éduquée née dans une famille de lettrés, elle rejoint la résistance kabyle à l'âge de 20 ans.
Prophétesse et stratège, elle est très respectée parmi les combattants. En 1854, elle succède au chef de la résistance Chérif Boubaghla.
Cette même année, elle remporte la bataille du Haut Sebaou, sa première victoire contre les français. Capturée au combat par l'armée française en 1857, elle meurt en prison à l'âge de 33 ans.
Sarraounia Mangou, Niger, XIXe siècle
« Sarraounia » signifie « reine » en langue haoussa. Elel a été chef politique et religieuse présidant depuis Lougou, la capitale aux destinées du royaume Azna, dans le sud-ouest du Niger.
En 1899, elle organise la résistance contre la colonne d'exploration Voulet-Chanoine, réputée l'une des missions les plus meurtrières de la colonisation française en Afrique de l'Ouest.
La Mission Afrique centrale, créée en 1898 et dirigée par les capitaines Paul Voulet et Julien Chanoine, partie de Saint-Louis du Sénégal devait rejoindre le Tchad.
EXCLUSIF SENEPLUS - L’homme a pris le dessus dès le début. S’en sont suivies injustices et dominations millénaires au détriment de la femme. Mais comme au cours du cycle de la vie, les sociétés sont en train de tendre vers un équilibre naturel
Dans ce texte initiatique et fort, Fatoumata Sissi Ngom déplie les dimensions originelles de l’homme et de la femme et mêle Science, biologie cellulaire et philosophie pour expliquer les inégalités hommes-femmes et analyser la fin prochaine, naturelle et programmée de la masculinité nocive.
Rokhaya se lamente beaucoup sur le sort de la femme dans la société africaine. Elle veut comprendre l’origine des règles de la vie du monde et des injustices envers les femmes. Rokhaya a un don extraordinaire. Celui d’entrer dans des sortes de limbes, espace magique et indéterminé, et d’y construire ses propres rêves. On appelle cela les rêves lucides. Elle s’allongea sur son lit, appliqua la méthode dont elle seule a le secret et plongea dans un doux sommeil. Aujourd’hui, elle a décidé de converser en rêve avec un très grand biologiste, le Docteur Shettles, qui avait fait, il y a très longtemps, une formidable découverte.
– Dr Shettles, dit-elle, je voudrais comprendre le début de la vie et examiner l’origine des inégalités entre l’homme et de la femme. Qu’avez-vous à m’apprendre ?
– Et si on faisait un jeu ? lui répondit-il. Je vous donne quelques petits indices, et vous réfléchissez après.
Il continua.
– Avant le début de la vie, les spermatozoïdes mâles, qui font un voyage fantastique vers l’ovule pour former un bébé garçon, sont ultra rapides. Cependant, ils sont fragiles et leur durée de vie se mesure en heures. Les spermatozoïdes femelles, eux, qui font le même merveilleux voyage vers l’ovule pour former un bébé fille, sont plus lents, mais beaucoup plus résistants et résilients. Elles peuvent vivre jusqu’à trois jours ou même plus parfois.
Soudain, dans son propre rêve, Rokhaya eut une illumination. L’origine du monde se dessina devant elle. N’y a-t-il pas là un puissant message caché ? La Nature est extraordinaire.
Elle se mit à méditer pour élaborer une théorie.
– Ah ! Voilà donc pourquoi il y a plus d’hommes que de femmes qui naissent dans ce monde, pensa-t-elle. Ils arrivent à l’ovule plus rapidement. J’avais un jour posé la question à un professeur de géographie, mais il avait uniquement convoqué Dieu dans ses explications. Voilà pourquoi aussi, naturellement, les femmes vivent plus longtemps que les hommes : la Nature reprend ses prédispositions. Mais alors, que s’est-il passé dans le monde ? Se demanda-t-elle.
La réponse lui vint. C’est l’homme qui a décidé des premières règles et défini les premiers ordres du monde. C’est un homme qui a décidé que la femme lui était inférieure. C’est un homme qui a décidé que la femme doit lui être soumise. C’est un homme qui a décidé de quelle façon une femme doit s’habiller. L’homme a pris le dessus dès le début du monde. S’en sont suivies injustices et dominations millénaires au détriment de la femme. Mais comme au cours du cycle de la vie, les sociétés sont en train de tendre vers un équilibre naturel qui redonnera sa place à la femme. Cette marche est lente et se déroule dans le temps du monde. La femme marche avec force et tranquillité vers son temps. Elle prouve qu’elle peut faire les mêmes choses que l’homme. Il en existe des guerrières, des héroïnes, des inventrices, des créatrices. En Afrique, comme dans tous les autres continents du monde, justice est en train d’être faite pour la femme. Mais le temps semble plus long en Afrique.
Alors elle décida, dans son rêve, d’écrire une lettre aux enfants d’Afrique.
À la petite fille qui me lit, sache que tu n’es ni inférieure, ni moins forte que les petits garçons. Ton cerveau est capable des mêmes choses que celui d’un garçon. Tu as le droit d’étudier, de travailler et de participer plus tard au développement de ton pays. Toi aussi tu peux changer le monde pour le meilleur. Tu es libre. Mais en grandissant, sache que l’homme n’est pas ton ennemi: il peut être ton partenaire. Si vous coopérez, il peut te compléter.
Au petit garçon qui me lit, ouvre les yeux autour de toi et observe les injustices envers les filles. Si tu vois qu’on frappe une fille, proteste. Si tu vois qu’on te sert une plus grande quantité de nourriture que ta sœur, ta cousine, ou ton amie, uniquement parce que tu es un jeune homme et que tu dois être plus fort, proteste. Si tu vois qu’une petite fille passe beaucoup de temps en cuisine au lieu de faire ses devoirs comme toi, proteste. En grandissant, sache que la soumission et la faiblesse sont des anomalies: la femme est ton partenaire. Si vous coopérez, elle peut te compléter.
Rokhaya remercia le Dr Shettles et décida d’ouvrir les yeux. Elle jeta un regard circulaire dans sa chambre et remarqua une feuille de papier pliée en deux sur son bureau. Alors elle la déplia et découvrit la lettre qu’elle avait écrite dans son rêve.
Ce texte a été écrit dans le cadre d’un futur projet éducatif et artistique au Sénégal, Gno Yam (Nous sommes égaux).
Fatoumata Sissi Ngom est analyste de politiques, écrivaine (Le silence du totem, 2018), (La tragédie des horizons, Revue Apulée, 2020), ingénieur en informatique et en mathématiques financières et diplômée de Sciences Po Paris.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LE CHAPITRE FÉMININ
EXCLUSIF SENEPLUS - Le statut social des femmes, ainsi que les représentations féodales qu’elles subissent justifient, en grande partie, notre retard économique et politique. C’est une masculinité nocive - NOTES DE TERRAIN
La grosse vague arrivera forcément. Si c’était un jeu, on aurait pu, dès maintenant, parier. Dans 5 ans ? Dans moins de 10 ans ? Un peu plus tard peut-être ? Rien, pour le moment, ne donne de vraies indications. L’avenir est encore indéchiffrable. Mais, il y a une lame de fond, qui fait son travail, sur internet et qui ne tardera pas atteindre toute la société. Elle préfigure des bouleversements silencieux, qui vont irrémédiablement agir sur le corps social. Il était temps. La vie des femmes au Sénégal, et en Afrique, doit changer. C’est une question politique majeure. Qui n’est pas encore soulevée de manière franche et très audible. Pour l’instant, c’est dans des espaces très réduits, que les femmes confessent leur ras-le-bol. Sur Twitter, on ne peut pas passer à côté des désirs de libération. Depuis quelques temps, des jeunes femmes y engagent des discours musclés contre le patriarcat. C’est aussi sur les réseaux sociaux que le collectif « Doyna ! », contre les violences faites aux femmes, se fait le plus entendre. L’engagement de ces femmes n’est pas encore « musculaire », dans le sens d’un militantisme social et politique. Toutefois, le discours d’émancipation, qu’elles portent, est nécessaire. Il permet de conflictualiser les rapports de genre. De les rendre visibles et politiques.
Les réseaux sociaux sont aussi des espaces de liberté et d’émancipation. Ils peuvent aussi être une caisse de résonance de la société. De ses valeurs et de ses tourments. Je suis tombé sur deux posts, dernièrement, sur Twitter. De deux femmes. L’une dénonçant le harcèlement permanent dont elle est victime. L’autre relatant les abus sexuels subis durant sa petite enfance. À vrai dire, je connais des vraies histoires de viols. Je sais aussi que la chosification de la femme, dans notre pays, est une réalité. Objets de désir, objets sexuels, ou simples objets de procréation. Le regard de l’homme sénégalais, sur la femme, est presque toujours celui d’un prédateur ou d'un oppresseur. Il faut écouter les propos moralisateurs sur les devoirs de la femme, à l’égard de sa famille, de son mari, de sa progéniture. Elles sont tout le temps infantilisées. Il y a toute une sémantique aliénatrice. La femme doit accepter, subir. Baisser le regard et la garde. Elle est en permanence rabaissée. Les rapports sociaux, entre hommes et femmes, sont de fait biaisés.
L’infériorisation de la femme est fortement ancrée dans notre système de valeurs. La production sociale veut que la femme reste l’obligée de l’homme. Chacun peut le vérifier à la lumière de son expérience personnelle. Les garçons et les filles n’ont pas les mêmes armes, au départ, pour réussir dans la vie. Les filles ont plus d’obligations et de tâches, à effectuer. Il y a une plus grande exigence, les concernant. Elles doivent se préparer à un univers social impitoyable, à leur égard. Les garçons ont toujours plus de liberté. Un meilleur accès à l’épanouissement personnel, de moindres devoirs contractuels à l’endroit de la morale sociale. La société sénégalaise prépare les garçons à être conquérants et dominateurs, contre les femmes. Concernant ces dernières, leur utilité sociale répond à deux injonctions : assouvir les désirs des hommes et leur donner une progéniture. Les femmes sénégalaises subissent un manque de considération effroyable. Elles sont précarisées, harcelées sexuellement et psychologiquement, violentées. Et tout cela est structurel.
Un regard lucide s’apercevra de l’occurrence entre la misère endémique, dans les sociétés africaines post-coloniales, et la place attribuée à la femme. Le statut social des femmes, ainsi que les représentations féodales qu’elles subissent justifient, en grande partie, notre retard économique et politique. Une communauté qui empêche la mobilité sociale et l’épanouissement de tous ses membres est vouée à l’échec. L'implication et le respect de l’intégrité des femmes sera le pas décisif vers le salut, pour tous les citoyens africains. C’est la seule manière de prendre en compte l’intérêt général. Et de sortir de notre marasme civilisationnel. Thomas Sankara, dans son discours d’orientation politique, en octobre 1983 le soulignait : « Le poids des traditions séculaires de notre société voue la femme au rang de bête de somme. Tous les fléaux de la société coloniale, la femme les subit doublement : premièrement, elle connaît les mêmes souffrances que l’homme ; deuxièmement, elle subit de la part de l’homme d’autres souffrances. »
Dans notre pays, l’Etat pousse à la participation politique des femmes, et essaie de leur attribuer une place dans le système éducatif et académique. Ainsi, en 2015, au Sénégal, le taux brut de scolarisation des filles était de 63,3 %, contre 56,6 % pour celui des garçons. Sur le plan institutionnel, la loi sur la parité a permis aux femmes d'occuper 70 places à l’Assemblée nationale, soit un taux de représentation de 42 %. Mais leur inclusion dans le système social est entravée. En 2014, l’indice d’inégalité de genre, qui calcule la différence entre sexe dans un pays, place le Sénégal à la 125ème place sur 162 pays. En même temps, l’indice de développement humain qui mesure le développement humain d’un pays à partir du produit intérieur brut, de l’espérance de vie et du niveau d'éducation des habitants d’un pays, fixe le Sénégal à la 166ème place sur 189 pays. Il s'agit bien de cela : nous sommes pauvres parce que nous ne respectons pas les femmes.
Pour un bond en avant. Une civilisation est en expansion lorsqu’elle est intransigeante sur l’égalité et le respect de l’intégrité humaine. Il faut être stupide ou avoir un penchant pervers et sadique pour ne pas voir que, sur ce plan, nous sommes très en retard. Au Sénégal, le système social et moral est encore dominé par les hommes. Conservateurs, faussement puritains et insensibles aux droits des femmes. C’est une masculinité nocive. Ainsi, c’est tout le processus de transformation économique, politique et sociale, qui n’avance pas. À cause de l’archaïsme du système, imposé et perpétué par l’élément masculin. Il revient aux femmes d’organiser leur révolution contre les mentalités féodales. Elles doivent refuser l’assignation à la servitude. Dans les familles, dans les foyers, dans l’espace public et social. Le mépris de la femme sénégalaise ne peut plus perdurer. Disons les choses clairement : la phallocratie doit être ouvertement remise en cause. Car c’est une aberration. Une des nombreuses formes de la décadence culturelle.
L’avant-garde qui compose, le mouvement féministe naissant, est encore bourgeoise. C’est normal. Car la majorité des femmes de la banlieue, des quartiers populaires, du monde rural doit ferrailler avec l’existence, déjà difficile. Mais, pour que le féminisme gagne largement du terrain, et s’affirme au Sénégal, de manière durable, la jonction doit être faite entre toutes les femmes. De toutes les couches sociales. Ce combat-là est celui des femmes. Mais, pas seulement. Elles doivent compter sur des alliés masculins. Il s’agit bien, pour les hommes, de défendre les droits de leurs mères, de leurs sœurs et de leurs épouses. De renoncer à certains de leurs privilèges à l’échelle individuelle. Et mieux, il en va de notre souveraineté, à tous, à l’échelle des communautés nationales. On ne peut pas atteindre, en Afrique, l’autosuffisance politique et spirituelle si les femmes ne sont pas émancipées. Ou leur pleine participation à l’œuvre communautaire soumise au veto masculin. Ou encore leur droit à la plénitude nié. Il ne faut pas se faire d’illusions. Les hommes respireront avec les femmes ou ils resteront étouffés dans leurs postures sexistes et débiles. L’émancipation des femmes sera la condition de la Renaissance africaine !
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
Dans ce podcast de RAW Material, Rama Salla Dieng revient sur son travail de vulgarisation des luttes féministes sur le continent, à travers la série d'entretien Talking back : African feminisms in dialogue. Elle parle également du monde d'après covid-19
The Morning after the Crisis By RAW Podcasts |
Publication 24/07/2020
conversation entre Tabara Korka Ndiaye et Dr. Rama Salla Dieng
Le débat sur les féminismes en Afrique n’a pas fini de bousculer le confort du patriarcat. Partout sur le continent africain et la diaspora, des personnes, en plus de théoriser leur définition du féminisme en font plus qu'une lutte ponctuelle, c’est une manière de vivre. Il s’agit de rompre avec cette vieille idée reçue qui voudrait que les africaines soient ignorantes des luttes féministes.
La maîtresse de conférence, Dr Rama Salla Dieng est de celles qui s'intéressent à ces luttes en les documentant et les vulgarisant en plusieurs langues et sur différentes plateformes. Elle conduit une série d’entretiens Talking back : African feminisms in dialogue au coeur de laquelle sont longuement explorées des expériences féministes diverses et politiques. Dr Rama Salla Dieng est revenue sur les motivations de cette série et les enseignements qu’elle y a tiré.
Nous avons également parlé de la parentalité pendant la pandémie Covid-19, de l’urgence de revoir les impositions sur les caractères de genre, d’une possible prise en charge des questions féministes dans un système politique socialiste, des paramètres à prendre en compte pour une effectivité des acquis des droits des femmes, de la politisation nécessaire de la jeunesse africaine et du monde après la Covid-19.
Nous avons profité de ce moment avec Dr Rama Salla Dieng pour requérir son avis sur l'épineuse question du foncier au Sénégal qu’elle a tant explorée dans ses recherches.
Elle a été trainée dans la boue, humiliée, son intimité violée et les vidéos balancées sur les réseaux sociaux, sur la base de fallacieuses accusations de vol. Les associations de lutte pour les droits humains s'alarment de cet épisode malheureux
Le destin est parfois cruel.Cette jeune fille âgée 29 ans dont la vidéo est devenue virale sur les réseaux n’a jamais pensé qu’un tel sort s’abattrait sur elle. Accusée de vol par les auteurs de lavidéo, la jeune Thiessoise souffre de troubles mentaux depuis son recrutement dans la fonction publique. Sortie avec un master en gestion au prestigieux Centre Africain d’Etudes en Gestion (CESAG), la jeune fille a été ligotée et ses seins tripotés par ses bourreaux. Elle n’est pas encore consciente de l’horrible scène. Mais sa famille promet de traduire en justice ses bourreaux. D’ailleurs, ces derniers sont interpellés et placés en garde-à-vue à la police de Dieuppeul à la suite de la saisine de l’AJS, d’Amnesty,du collectif contre les violences faites aux femmes et Jamara.
Elle a été trainée dans la boue, humiliée, son intimité violée et les vidéos balancées sur les réseaux sociaux sur la base de fallacieuses accusations de vol. Alors qu’il n’en est rien de tout cela. La jeune fille âgée de 29 ans ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. Le destin de ce cadre recruté récemment dans la fonction publique, est tout simplement cruel. La victime est dépeinte par sa famille que«L’As» a jointe au téléphone comme une jeune femme affable, courtoise et pudique. C’est cela d’ailleurs qui a choqué sa mère qui une commerçante très respectée à Thiès. Née à Thiès, elle a eu un cursus scolaire lisse. Elle a décroché son master au Centre Africain d’Etudes Supérieures en Gestion (CESAG) tout en espérant intégrer la fonction publique pour mettre en applications son savoir. Mais c’était ignorer ce que le destin lui réserve. «Elle a été informé de son recrutement dans la fonction publique pendant le ramadan. Ses problèmes ont commencé dès qu’elle a été confirmée dans son recrutement. Cela a commencé avec des problèmes d'insomnie. Elle était devenue insomniaque avant de commencer à délirer. Depuis lors, elle se soigne et se portait mieux», témoigne une de ses proches câblée par L’As. A en croire cette dernière, la nouvelle recrue a pris service lundi dernier à Dakar, mais elle n’a travaillé que trois jours avant qu’elle ne rechute.
L’altercation qui a révélé ses troubles mentaux
Alors que la maladie commence à réapparaître dès qu’elle a commencé à travailler, elle s’est rendue dans une boutique pour se payer des habits, jeudi dernier. Après quelques échanges avec le vendeur, ils ont eu une prise de bec. Selon nos interlocuteurs, le vendeur l’a traité de voleuse. Surtout qu’à l’approche des fêtes, de nombreuses femmes font le tour des boutiques pour commettre des larcins. Du coup, les vendeurs sont devenus très méfiants à l’endroit de leurs clientèles. Le boutiquier la soupçonnait d’en faire partie. Issue d’une famille respectable à Thies, la jeune dameest entrée dans une autre boutique à côté pour faire ses achats. Mais le gars l’a suivie pour dire au vendeur qu’il a affaire à une voleuse. La jeune fille qui était déjà particulièrement agitée pète les plombs. D’après nos interlocuteurs, elle a eu à endommager quelques affaires dans la boutique. C’est ainsi que les deux jeunes l’ont ligotée avant de la conduire à l’intérieur de la maison. Ils l’ont filmée tout en tripotant ses parties intimes. Finalement, elle est remise à la police de Dieuppeul pour destruction de matériels et blessures occasionnées à un jeune. «Elle n’est pas consciente de la scène jusqu’à présent. Il ne lui reste plus que son nom. Si un jour, elle voit les vidéos, cela pourrait lui être fatale», affirme dévastée une de ses sœurs. La police de Dieuppeul a avisé son père, un retraité respectable résident à Thiès. Venu récupérer sa fille jeudi dernier, il est allé présenter ses excuses aux bourreaux pour la casse. Mais ces derniers ont attendu trois jours plus tard, c’est-à-dire le dimanche 19 juillet, pour publier la vidéo sur les réseaux sociaux. Devenue virale, la vidéo a suscité une vague d’indignation des internautes. «Elle a perdu son ordinateur et son téléphone. Ils ont pris également sa chaine et ses boucles d’oreilles. Elle est doublement victime», soutient notre interlocuteur . «La famille va porter plainte afin que tout le monde sache qu’elle n’a pas volé. Son seul tort, c’est qu’elle a perdu la tête. Au contraire, ce sont les jeunes qui lui ont volé son ordinateur et son téléphone en plus de ses bijoux. Ils répondront de leurs actes devant la justice», clame-t-elle.
Les auteurs de la vidéo interpellés par la police de Dieuppeul
La famille bénéficie du soutien de l’Association des Femmes Juristes (AJS) et de l’Ong Jamra qui ont décidé de porter plainte contre les auteurs de la vidéo dégradante. Jamra et l’AJS n’ont pas attendu la famille de la victime pour déposer des plaintes. Aussitôt, les éléments du commissariat de Dieuppeul ont mis aux arrêts les mis en cause. «Je félicite la police de Dieuppeul pour cette réaction diligente. La fâcheuse tendance à laisser se développer une justice populaire, peut conduire à de graves dérives, susceptibles d’instaurer dans la société sénégalaisele règne de la «loi de jungle», qui ne fera qu‘affaiblir et exposer dangereusement les couches sociales vulnérables. Les auteurs de la vidéo exhibant dans les réseaux sociaux, les attributs féminins d’une présumée voleuse viennent d’être arrêtés par la police de Dieuppeul», informe le porte-parole de Jamra. Mame Mactar Guèye renseigne que l’AJS, Amnesty, le Collectif contre les violences faites aux femmes et Jamra s’engagent, après avoir saisi les autorités policières compétentes, à assurer gratuitement un accompagnement juridique à cette famille, très affectée par les épreuves que traverse présentement leur fille cadette. Elle a repris son traitement psychiatrique dans un hôpital de la place. Elle avait un dossier médical qui atteste ses troubles mentaux.
MAÎTRESSE D'UN HOMME MARIÉ, UNE FIN DE SAISON AMÈRE
La série culte sénégalaise, africaine fait une pause difficilement acceptée par ses fidèles téléspectateurs
La saison 2 de ‘’Maitresse d’un homme marié’’ a pris fin lundi, à la grande surprise de son public. Toutefois, certaines réalités de terrain ont pesé sur la balance.
Les rideaux sont tombés, les lumières éteintes. La série culte sénégalaise, africaine fait une pause difficilement acceptée par ses fidèles téléspectateurs. Déjà, l’annonce, la semaine dernière, d’une fin de saison a suscité colère chez certains, tristesse chez d’autres. Un goût d’inachevé chez cette catégorie de personnes qui a fini de complètement l’intégrer dans son quotidien. Ce n’est pas Fatima Hann qui dira le contraire.
La jeune étudiante en 5e année de médecine, fraichement mariée, ne s’en remet pas. ‘’Je comptais les jours entre le lundi et le vendredi, tellement j’avais hâte de suivre le prochain épisode. Au début, je croyais que c’était juste une rumeur cette fin de saison, mais non. Ça été brusque, il y a beaucoup de suspense et en fait, ‘MHM’ fait partie de nous (rires)’’, confie-t-elle sur un ton à la fois chaleureux et triste. Fatima est de ceux-là qui, après un bon bain le soir, se plonge dans l’univers de ‘’Maitresse d’un homme marié’’ sur Youtube, allongé, écouteurs dans les oreilles. ‘’Cette série va beaucoup me manquer’’ murmure-t-elle.
Ce que les fans de ‘’MHM’’ adulent le plus, c’est le fait que tout le monde se retrouve dans cette série. En d’autres termes, chacun ou chacune arrive à s’identifier à un personnage. ‘’J’avoue qu’au début, lors de la première saison, j’avais beaucoup d’appréhensions. Je me disais que ‘MHM’ a copié sur les comportements européens, quand j’ai vu le jeu de Marème. Mais après cinq épisodes, mon regard a complètement changé. La série révèle au grand jour notre quotidien, tout ce dont on a peur en tant que femme. Tout ce qu’on ne dit pas. En tout cas, vivement la troisième saison’’, souhaite pour sa part Dieynaba Sarr, la trentaine, exerçant dans une agence immobilière de la place. Ayant opté pour le port du voile, elle a ‘’adoré’’ l’entrée d’Anthia (également voilée) l’amie de Dalanda, dans la deuxième saison.
A côté des femmes accros à la série, il y a des hommes qui ne ratent aucun épisode. Pour certains, ‘’MHM’’ les aide à comprendre les femmes. Pour d’autres, la beauté des actrices attirent et imposent le respect. De l’avis de Moustapha Guèye, Marodi et ses acteurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes. ‘’ Ce que j’ai le plus aimé, c’est la mise en valeur de nos tenues africaines. ‘MHM’ est un mélange de tradition et de modernité si bien agencé. Je n’approuve pas tout, comme par exemple le comportement de Dalanda, mais je dois reconnaitre que l’équipe est très talentueuse’’, affirme le jeune entrepreneur. Il estime d’ailleurs qu’aucun homme ne devrait signer la monogamie pour plus de ‘’sécurité’’.
‘’Une production obéit à des normes’’
Si cette fin est mal digérée, il se trouve que la production avait établi, dès le départ, le nombre d’épisodes de la deuxième saison. ‘’Aujourd’hui, je pense que c’est Marodi qui est plus habilité à répondre à cette question de fin de saison. La pandémie n’a rien à voir avec le nombre d’épisodes de cette saison. Depuis la première saison, on savait que la saison compterait 32 épisodes. Une production obéit à des normes. Une maison de production peut décider de faire 200, 10 ou 20 épisodes. Cela n’est pas de mon ressort. Aussi, pour passer d’un produit à un autre, il faut marquer une pause. On a fait 32 épisodes. On est arrivé à un moment où on s’arrête pour repartir de plus belle et de poser des actes qui vont nous permettre, demain, si on veut revenir, de le faire avec quelque chose de concret’’, explique la scénariste de la série, Kalista Sy.
Cette année, l’impact a été encore plus ressenti. Entre ceux qui ont dénoncé une diabolisation de la gent féminine, les scènes ‘’choquantes’’ et ces femmes qui ont vu à l’écran l’histoire de leur vie, les fans s’accordent sur le fait que ‘’MHM’’ pousse à la réflexion, parfois sans qu’on ne s’en rende pas compte. Les préjugés d’hier ont laissé place à la curiosité et ensuite à l’analyse de chaque situation. Force est de constater que le personnage de Dalanda a marqué les esprits. Elle représente la femme posée, à fort caractère, émancipée. La jeune dame ose dire ce qu’elle pense, ce qu’elle veut, mais surtout ce qu’elle ne veut pas. Et pour d’autres, celle qui fait la grosse tête. Une attitude bien rare dans les ménages sénégalais où la femme choisit souvent d’endurer et de subir pour ne pas être mal vue. Au Sénégal et même partout en Afrique, le regard de la société pèse lourd, encore plus quand on nait femme. ‘’MHM’’ a su aborder, de manière audacieuse, la condition féminine sous toutes ses facettes. Djalika, Mamy, Racky, Marème, Amsa, Lala… racontent chacune une histoire particulière. Le rapport au mariage, l’indépendance financière, le choix de vie, la famille, le travail sont autant de thèmes mis sur la table sous différents angles, pour inviter à une introspection. Autant de sujets communs aux Africains qui ont fait vibrer plusieurs pays. De la Côte d’Ivoire, du Congo, du Cameroun, du Tchad, du Niger… et bien d’autres.
Les internautes entre félicitations et tristesse
Malgré les nombreuses critiques parfois salées, de nombreux internautes arrivaient à capter le ou les messages que contient chaque épisode. Selon la réalisatrice, ‘’il y a eu plus de vues pour cette saison 2 avec au moins deux millions par épisode, alors qu’à la saison 1, on était à un million et quelques. Là, on a franchi la barre de deux millions. Donc, cela veut dire que la communauté s’est beaucoup agrandie. On a une communauté très dense qui est là’’.
De son point de vue les critiques font partie du métier. ‘’Chacun son travail. Moi, je suis dans la création et le public est dans son rôle d’aimer ou de ne pas aimer un produit. Il ne faut pas refuser qu’on vous critique’’, ajoute-t-elle.
Dans le dernier épisode de la saison 2, publié lundi dernier, les commentaires continuent de pleuvoir. ‘’Sincèrement, c’est la meilleure série africaine que j’ai regardée depuis que je suis née. Même si c’est en wolof, on va tous apprendre’’, écrit Omayorah Baya Nour. ‘’En tout cas, je m’incline, chers frères et sœurs sénégalais. C’est l’Afrique qui gagne. Recevez les bravos de la RDC. J’attends impatiemment la saison 3. Félicitations à vous les acteurs. Et à la chaine de diffusion, vous faites un bon et grand boulot. Vraiment chapeau’’, applaudit Grâce Kayembe. ‘’Waouuh ! Vous avez tapé fort Marodi ! Je suis impatiente pour la saison 3’’, félicite Anta Guèye. ‘’L’instrumental me donne toujours autant de frissons. Je suis secouée par les rebondissements. Que de grands acteurs ! Et une grosse pensée à toute l’équipe derrière, invisible, mais indispensable. Vivement la saison 3 !’’, s’impatiente Célestin Kouao.
Mais tous les commentaires ne sont pas positifs. ‘’Franchement, c’est n’importe quoi la fin. Les scénarios sont pires’’, se désole Béber Daurado.
‘’On avait des doutes, des peurs’’
Pourtant, les choses n’ont pas du tout été faciles derrière la caméra. ‘’Au début de la pandémie, on avait des doutes, des peurs. On se demandait si ce projet qui venait de démarrer allait se terminer et on a réfléchi, vu qu’il y avait un couvre-feu à respecter. On a déployé une stratégie pour pouvoir continuer le travail en respectant bien sûr les mesures de protection avec des masques qui étaient disponibles pour l’équipe technique, pour les acteurs. Un thermo-flash pour mesurer la température, des gels. A chaque fois qu’on tournait dans un endroit où il y avait de l’eau, on demandait aux gens de privilégier le lavage des mains. Tout ceci nous a permis de pouvoir continuer le travail.
La difficulté, c’était au niveau du décor où on avait des limites. On ne pouvait pas tourner en extérieur. On ne pouvait pas tourner la nuit. Il fallait forcément finir avant le couvre-feu et que tout le monde soit chez lui. On s’est déployé, on a réduit nos équipes, mais on a continué le travail et ça été une très belle leçon de vie qui nous appris à revoir notre manière de travailler, à aller droit au but et d’être encore plus inventif et de donner à chaque fois du contenu aux Sénégalais et à toutes les personnes à travers le monde qui étaient confinés’’, confie Kalista.
QUAND LE MASQUE DEVIENT UN ACCESSOIRE DE LA COQUETTERIE FEMININE
Avec la pandémie du Covid 19, les femmes, imaginatives, ont su transformer le masque, dont le port est considéré comme une contrainte par la plupart d’entre elles, en un accessoire de beauté...
De l’époque des pantalons bas larges, chemises cintrées, robes et jupes courtes à celle des pantacourts, bustiers, leggins ou autres tailles basses, la mode s’accorde au temps, aux événements et aux tendances. Au niveau de la gent féminine, la mode semble prendre le dessus sur tout pour mettre en valeur le corps dans une société très regardante et exigeante sur l’élégance de la femme. Une tendance qui ne s’est pas démentie avec la pandémie du Covid 19 où les femmes, imaginatives, ont su transformer le masque, dont le port est considéré comme une contrainte par la plupart d’entre elles, en un accessoire de beauté...
Avec la propagation du Covid 19, tous les citoyens sont contraints de porter le masque pour éviter d’attraper le virus. A Dakar, une des capitales africaines de la mode, beaucoup de femmes vivent difficilement cette situation, le port de masque étant une contrainte dans la mesure où cet accessoire cache une partie de leur beauté. Mais faisant contre mauvaise fortune bon coeur, certaines femmes tentent de transformer le masque en un accessoire d’élégance pour rendre cette contrainte plus agréable.
Descendues d’un taxi « jaune-noir », Ndèye Penda et Marie Diouf sont venues assister à l’anniversaire d’une de leurs copines qui habite aux Parcelles assainies. Vêtues de jeans et bustiers sexy, têtes bien faites, balcon en l’air et maquillage mettant en valeur leurs jolis visages, les deux jeunes filles attiraient tous les regards. Ce même si leur beauté était plus perceptible que visible à cause des masques qui les recouvraient à moitié. « Vraiment le port du masque est insupportable, ça nous empêche d’étaler toute notre beauté. Comme vous nous voyez, ma copine est moi avons fait des ‘’make-up’’ ravissants mais nous sommes obligées de porter le masque à cause du Covid 19. On n’y peut rien on doit se soucier de notre santé et de celle des personnes qu’on fréquente », explique l’une de ces deux jeunes filles.
De son côté, Mariama faye, une autre demoiselle, explique que le masque est devenu un accessoire qui complète son habillement. Car, selon elle, il fait bien s’adapter au covid 19 oblige. « Actuellement, on n’ose plus mettre les pieds dehors sans porter de masques. Quelle que soit la valeur des habits que l’on porte, on est obligées d’y ajouter un masque pour assurer notre protection. On est appelé à en porter au moins pendant des mois ou une année tant qu’il n’y aura pas de vaccin. C’est pour cela qu’il faut apporter un peu de gaieté et rendre joli le masque pour que notre habillement soit chic comme toujours », confie cette jeune coquette. A l’en croire, les femmes ont même tendance à confectionner des masques assortis aux tissus qu’elles portent pour avoir une mise correcte.
En écho, Nafissatou Diouf pense que le port de masque gâche carrément l’habillement. « Lorsque je m’habille pour aller dans une cérémonie, avec un bon maquillage et tout ce qui va avec, je ne porte pas de masque car il cache ma beauté. Certes, je suis consciente des risques que je cours mais, franchement, le masque ça me dérange. C’est pour cela que, depuis le début de la pandémie, j’ai limité mes sorties car le fait de porter le masque tout le temps et dans n’importe quel endroit me dérange », ajoute notre interlocutrice en conclusion.
UN BUSINESS DU SANG ET DE LA MORT
L’avortement clandestin est devenu l’ultime recours pour certaines jeunes filles et même adultes. Et pour y arriver, diverses personnes (amis, sage-femme, pharmaciens, médecins) sont sollicitées moyennant quelques billets de banque
L’avortement clandestin est devenu l’ultime recours pour certaines jeunes filles et même adultes. Et pour y arriver, diverses personnes (amis, sage-femme, pharmaciens, médecins) sont sollicitées moyennant quelques billets de banque. Pis, la plupart des sujets qui épousent cette voie sont des élèves et étudiants. Sur les traces d’un crime organisé, un business de sang et de la mort mise à nu… Enquête.
La tête baissée mais d’une voix ferme, Rose Pouye se confie : «je ne voulais pas de cet enfant. Je voulais continuer mes études ». De sa voix fine, telle sa corpulence, l’on ne pouvait imager d’où elle pourrait puiser cette luciférienne force de venir à bout d’un fœtus de 04 semaines. « Lorsque j’ai su que j’étais enceinte, je voulais juste me suicider. Imaginant la réaction de ma mère qui s’échine de jour comme nuit pour que je réussisse dans la vie, c’était clair dans ma tête. Soit c’est l’enfant que je porte ou c’est moi-même qui trépasse» a fait savoir Rose. C’est ainsi, de ses 21 ans, l’étudiante orchestre d’une stratégie mesurée et calculée ; une véritable scène de crime. «J’ai informé le père qui, non seulement après avoir refusé la grossesse, me demanda d’avorter. Au lendemain de l’appel, j’étais déjà sur sa liste noire, je n’arrivais plus à joindre son numéro. C’est en ce moment que j’ai décidé d’en parler à une amie, une grande sœur du quartier. Cette dernière m’a rassuré et m’a proposé un rendez-vous», explique-t-elle.
Et de poursuivre avec une voie peu à peu tremblante : «après notre rencontre, elle m’a expliqué qu’elle connait un ami qui travaille dans une pharmacie de la place et qui pourrait m’aider à me débarrasser de cette grossesse. J’ai opiné favorablement, mais cette dernière me demanda une somme de 50.000 francs cfa pour le médicament nécessaire pour me faire avorter. Je n’avais pas cette somme». Devant cette équation financière dont la résolution devrait conduire à l’effectivité d’un avortement clandestin, son amie, la «grande sœur du quartier» lui a prêté la somme contre un deal futur inavoué. Ainsi, «j’ai reçu après quelques jours, 04 boites d’un médicament.
Sur la boîte je lisais «misoclear». Mon amie, m’a ordonné de mettre 04 sous la langue à deux reprises, ensuite 02 dans ma partie génitale et de porter des couches. Ce que j’ai fait et juste après quelques minutes, j’ai ressenti de violents maux de bas, de la fièvre… Une fois aux toilettes après 4 tours d’horloge, je vis du sang giclé de mon sexe et j’ai compris que c’était fini !». Pour sa défense, l’étudiante argumente que «si je n’avais pas avorté, ma mère m’aurait achevé. Je sais que c’est mauvais, mais c’était une erreur et désormais je prends mes précautions». Et en ce qui concerne sa «grande sœur du quartier », experte en la matière, Rose déclare qu’elle n’est pas la première qu’elle a fait avorter. «Je sais que ce n’est une bonne fille, mais elle m’a sauvé d’une situation très grave. Je ne suis pas la première qu’elle a fait avorter. Elle a apparemment cette réputation dans le quartier».
Et de poursuivre : «d’ailleurs, elle a un carnet d’adresse très fourni. Elle connait des médecins, pharmaciens, sage-femme et même des étudiants en médecine qui l’aident à solutionner ce genre de situation…».
Comme elle, Khady Sène, jeune élève en classe de première sans d’autres formes de procès a décidé de se débarrasser d’une grossesse non désirée. «Je n’avais que 16 ans», confie-t-elle. Et d’ajouter : «c’est mon copain qui a tout organisé. Il était beaucoup plus âgé que moi. J’ai pris des médicaments et après j’ai eu très mal. Je ne peux décrire cette douleur. Après, je me suis mise à saigner. Cela à durer plusieurs jours» résume Khady. Le comble, à la suite de cette opération, Khady avoue qu’elle a eu à se faire avorter «2 fois encore et avec les mêmes médicaments...» Et d’indiquer d’un ton assuré que «mon copain est ami avec des infirmières et sagesfemmes. Dès fois je regrette, mais quelques fois je me dis, pourquoi la France légalise l’avortement et pas le Sénégal ? On copie dans ce pays tout de la France alors copions aussi ça. C’est injuste et c’est ce qui nous pousse à le faire en cachette».
DE FAUSSES ORDONNANCES :
Dr Badji Youssouf explique et tranche Pour commettre l’interdit, certaines personnes vont jusqu’à falsifier des ordonnances. «Nous savons qu’il y a des ordonnances non authentiques, mais aujourd’hui, il n’y a pas de moyen de vérifier une ordonnance. Le cachet du médecin fait foi». Et de poursuivre : «si vous connaissez le médecin prescripteur, c’est facile. Dans le cas contraire, même si vous cherchez à appeler le numéro figurant sur l’ordonnance, soit, ils ne décrochent pas ou c’est le secrétariat qui répond et ne peut rien dans ce sens-là». En effet, «lorsqu’une personne se pointe au comptoir d’une pharmacie avec une ordonnance, on lui sert tout simplement» déclare le pharmacien, Dr Badji Youssouf. Et d’expliquer : «comme son nom l’indique, c’est un ordre, «ordonnance». A moins que le produit ne soit pas disponible, sinon, on n’a pas le droit de choisir ne pas vendre un médicament prescrit sous ordonnance».
Ainsi, face à cette prolifération des ordonnances falsifiées, la blouse blanche recommande à l’État «de réserver la prescription de certains médicaments qu’à des spécialistes et non aux généralistes. Je pense que ce faisant, on pourrait limiter la fraude. Mais toujours est qu’il serait possible de passer entre les mailles. Même dans les pays développés, tel est le cas». Le pharmacien est également contre la dépénalisation de l’avortement. Il soutient plutôt, «l’autorisation d’un avortement médicalisé, si la vie de la mère est en danger». «On les conduit à la police, si c’est un avortement provoqué…» Si sur d’autres cieux, le fait de vouloir volontairement mettre fin à une grossesse est tout à fait légal, la loi sénégalaise est ferme et claire : c’est un crime puni de six mois à deux ans de prison et d'une amende comprise entre 20.000 et 100.000 F CFA!
Même une grossesse non désirée issue d'un viol ou d'un inceste ne fait pas exception à cette règle. Et le châtiment est prévu dans l'article 305 du code pénal. Sagefemme de son état, Nam Oumy Khairy Mbaye est en service dans le district Nabil Choucair logé au quartier Patte d’Oie. Interrogée par rapport au cas d’avortement, la jeune sage-femme explique que « si c’est un avortement provoqué, on le constate. Le flux de sang est plus abondant et même au cours de l’interrogatoire, on peut arriver à une telle conclusion».
Et d’ajouter : «quelle qu’en soit la nature de l’avortement, on demande une échographie pour voir le volume du débris qui reste. S’il y a lieu d’aspirer on le fait et idem pour une intervention plus spéciale ». Par ailleurs, elle fait savoir que « si l’avortement est provoqué, on appelle la police. On avait des cas et la police s’en est chargée». Sans vouloir attester formellement que certains de ses collègues s’adonnent à la pratique, elle admet que «c’est possible. Mais personnellement j’en connais pas». Non sans recommander aux jeunes filles de faire recours aux méthodes contraceptives, si «elles ne peuvent pas s’abstenir».
LE CORONAVIRUS SE GLISSE AUSSI DANS LES MAISONS CLOSES
Depuis l’instauration de l’état d’urgence le 23 mars pour lutter contre la pandémie au Sénégal, les prostituées ont vu leur clientèle s’envoler et leur revenu fondre
Le Monde Afrique |
Théa Ollivier |
Publication 06/07/2020
Deux petits téléphones à la main, Aïssatou* gère ses clients à distance. Elle a « acheté une puce au début de la crise du coronavirus, car on ne peut plus chercher les clients le soir dans la rue, ni dans les boîtes de nuit ou les bars, tous fermés ». Installée dans un immeuble d’un quartier populaire de Dakar, la jeune femme de 35 ans est assise sur un matelas posé à même le sol, recouvert d’un dessus-de-lit rose et rouge. Elle partage deux chambres louées au mois avec Esther*, Fatoumata* et Colette*. Toutes sont travailleuses du sexe, comme elle.
Depuis le début de la crise du Covid-19, Aïssatou paie 15 000 francs CFA (23 euros) chaque semaine pour que son numéro apparaisse sur des pages Facebook ou des sites en ligne dédiés. « Mais c’est dur, je suis passée d’une dizaine de clients par jour, à seulement deux ou trois », se plaint la professionnelle dont les revenus ont baissé au point qu’elle a désormais du mal à ramener de l’argent à la maison. Une situation d’autant plus délicate qu’elle a cinq enfants dont elle s’en occupe seule et qui ne savent rien de ses activités.
Alors, dans leurs petites chambres au deuxième étage, les quatre femmes s’entraident pour boucler les fins de mois. « On partage tout. C’est Aïssatou qui m’a donné ce client, parce qu’on doit toutes travailler », assure Colette en réajustant son boubou orange et bleu. Pour 3 000 francs CFA (4,50 euros), elle vient de passer dix minutes avec un jeune Sénégalais qu’on voit s’éclipser dans l’embrasure de la porte.
Plus aucun touriste
Au Sénégal, la prostitution n’est pas interdite. Seuls sont pénalisés les mineurs de 21 ans qui la pratiquent, le racolage et le proxénétisme. Dans la maison close où les Aïsattou et ses consœurs exercent, les habitués venaient en général après minuit. Désormais, ils sont contraints de passer entre 11 heures et 21 heures, un rythme imposé par le couvre-feu, étendu à 23 heures depuis le 5 juin.
Depuis la crise, les filles ne peuvent plus compter sur les clients étrangers, « qui paient mieux et vous offrent le transport, les boissons et les repas », se désole Fatoumata. Avec la fermeture des frontières aériennes, plus aucun touriste ne rentre dans le pays de 16 millions d’habitants.