Elle a fait les beaux jours de la comédie, avant de disparaitre de la scène pendant un bon moment. Récemment, elle est réapparue sur le petit écran, à travers la série «Idoles». Des séquences qui ont eu le don de replonger les amoureux du théâtre dans les années 90, où la troupe «Bara Yégo» faisait tabac dans les ménages sénégalais.
IGFM est allé à la rencontre de Marie Madeleine Diallo à Saint-Louis. Dans cette interview, elle nous parle de sa longue absence, du décès de son époux, de ses fausses couches et de ses enfants mort nés, de ses 8 grossesses alors qu’elle n’a que deux enfants (un garçon et une fille), de sa carrière, de son amour pour Jacob, entre autres…
Rappelons que Marie Madeleine Diallo est née en 1948 à Saint-Louis du Sénégal, actrice sénégalaise et ancienne animatrice de la radio Rts, elle commence à se faire remarquer lors des spectacles de fin d’année organisés à l’école Saint Joseph de Cluny à Saint-Louis. À 16 ans, elle intègre la section théâtrale de l’association culturelle et sportive « La Saint-louisienne ».
En 1975, elle devient animatrice sur la radio RTS Saint-Louis, puis rejoint en 1983 la troupe théâtrale du même média. Elle interprète plusieurs pièces radiophoniques sur les ondes. En 1990, sa prestation dans le téléfilm « Bara Yegoo » lui offre une renommée nationale au Sénégal.
Elle est la veuve de l’artiste peintre Jacob Yakouba, décédé en 2014. Elle est la sœur des musiciens sénégalais Edouard Valfroy et Benjamin Valfroy. En 2014, Marie Madeleine Diallo est élevée au grade d’officier de l’ordre national du mérite par le président de la République sénégalaise, Macky Sall.
En 1992, le chanteur Youssou Ndour lui avait dédié une chanson intitulée Marie – Madeleine, la Saint-Louisienne dans l’album «Eyes Open ». A l’occasion de la journée internationale de la femme, elle a accepté de recevoir chez elle à Saint-Louis, une équipe de IGFM.
DES FEMMES RÉCLAMENT LA FERMETURE DES USINES DE FARINE ET D’HUILE DE POISSON EN AFRIQUE DE L’OUEST
Les femmes transformatrices de poisson appellent les femmes du monde entier à se joindre à leur appel urgent pour la fermeture des usines de farine et d’huile de poisson
Dakar, 10 mars (APS) – Des femmes transformatrices de poisson au Sénégal appellent les Etats d’Afrique de l’Ouest à fermer les usines de farine et d’huile de poisson, annonce un communiqué de l’organisation non gouvernementale (ONG) Greenpeace Afrique reçu à l’APS.
Elles ont exprimé cette revendication à l’occasion de la célébration, dimanche dernier, de la Journée internationale de la femme, selon le texte.
‘’Les femmes transformatrices de poisson appellent les femmes du monde entier à se joindre à leur appel urgent pour la fermeture des usines de farine et d’huile de poisson qui menacent les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de près de 40 millions de personnes en Afrique de l’Ouest’’, lit-on dans le communiqué.
‘’L’Etat doit forcer les usines de farine et d’huile de poisson à ne pas acheter du poisson destiné à être transformé pour l’aquaculture industrielle et l’alimentation du bétail. Ce poisson est indispensable pour ceux qui vivent au Sénégal et dans la région de l’Afrique de l’Ouest, comme source de protéines et moyen de subsistance’’, déclare Fatou Samba, la présidente d’une association de femmes transformatrices de poisson à Bargny, au Sénégal.
Mme Samba ‘’s’est efforcée de demander au gouvernement [sénégalais] de mettre un terme à l’expansion des industries de la farine et de l’huile de poisson’’, ajoute-t-elle dans le communiqué reçu de Greenpeace Afrique, qui s’active dans la protection de l’environnement.
‘’Avec une communauté autour de 40 millions de personnes en Afrique de l’Ouest, les femmes transformatrices de poisson sont au premier rang de la lutte pour les droits fondamentaux comme l’accès à la nourriture, à l’emploi et aux ressources maritimes’’, argue Diaba Diop.
‘’Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, nous lançons un appel aux populations du monde entier pour qu’elles soutiennent nos efforts’’, ajoute Mme Diop, présidente d’un groupement de femmes transformatrices de poisson à Thiaroye, au Sénégal.
L’industrie de la farine et de l’huile de poisson, en pleine expansion en Afrique de l’Ouest, absorbe et traite d’énormes volumes de poisson frais, dont le produit fini est expédié en Europe et en Asie pour alimenter l’industrie de l’aquaculture, de la volaille et des animaux compagnie, selon le texte. Une ‘’importante source alimentaire’’
Le poisson est une source de protéines vitale pour les populations d’Afrique de l’Ouest, où ‘’les usines de farine et d’huile de poisson perturbent cette importante source alimentaire’’, souligne le communiqué.
Il signale que la proportion de protéines provenant du poisson est extrêmement élevée au Sénégal.
‘’Avant l’usine de farine de poisson, nous nous en sortions très bien. Maintenant, nous n’avons plus de poisson. Nous travaillons dur, mais nous ne nous en sortons pas’’, déplore Maïmouna Sabaly, une transformatrice de poisson à Joal, au Sénégal.
‘’Nous ne pouvons pas faire face à une compétition aussi rude, avec les usines de farine de poisson’’, affirme Mme Sabaly dans le communiqué.
Greenpeace Afrique estime que ‘’la protection de la profession de transformatrices est importante, vu le rôle que ces femmes jouent dans l’éducation des enfants, la stabilité sociale des familles, la santé de la population, la sécurité alimentaire et la création d’emplois’’.
Abdoulaye Ndiaye, un chargé de campagne de Greenpeace Afrique, ‘’appelle (…) le gouvernement sénégalais à cesser d’accorder des permis pour de nouvelles usines de farine de poisson et à prendre des mesures pour fermer les usines existantes’’.
‘’Au cours de ces dernières décennies, les stocks de poissons en Afrique de l’Ouest ont été surexploités. Malgré cette situation, les gouvernements de la région ont favorisé l’implantation et le développement de l’industrie de la farine et de l’huile de poisson’’, affirme l’ONG.
Cette industrie ‘’prive les consommateurs du poisson, une situation qui entraîne la surpêche et une augmentation des prix du poisson sur les marchés locaux’’, ajoute-t-elle. Une ‘’concurrence déloyale et intenable’’
‘’Par conséquent, le poisson est devenu encore plus rare, et un grand nombre de femmes transformatrices de poisson commencent à perdre leur emploi à cause de cette concurrence déloyale et intenable’’, argue Greenpeace Afrique.
‘’La priorité des gouvernements et des autorités de la pêche d’Afrique de l’Ouest ne devrait pas être l’industrie de la farine et de l’huile de poisson, mais la professionnalisation du sous-secteur de la transformation artisanale du poisson’’, soutient Diaba Diop.
Elle réclame ‘’un statut professionnel’’ des transformatrices de poisson, afin qu’elles puissent ‘’améliorer leurs produits’’ et ‘’obtenir un accès aux marchés les plus porteurs’’.
‘’Durant ces dernières années, les usines de farine et d’huile de poisson se sont développées dans tout le Sénégal, notamment [à] Gandiole, Cayar, Mbour, Joal, Kafountine, etc. Selon les populations locales, ces usines sont à l’origine d’un grand nombre de problèmes environnementaux graves tels que la pollution maritime, la destruction des terres agricoles et des pâturages’’, déplore Greenpeace Afrique. Ces usines ‘’sont également la source d’odeurs insupportables qui (…) nuisent à [la] santé’’ des communautés locales.
‘’Il est temps pour les gouvernements d’Afrique de l’Ouest de mettre un terme aux usines de farine et d’huile de poisson qui absorbent d’énormes volumes de poissons frais, mettant ainsi en danger la durabilité des stocks de poissons, la sécurité alimentaire et les emplois de millions de personnes dans la région’’, a déclaré Abdoulaye Ndiaye.
par Jean Pierre Corréa
DROIT CAPITAL AU RESPECT
Le 8 mars c’est tous les jours qu’il faut le célébrer en faisant du respect absolu des femmes, de leur liberté et de leur dignité un enjeu essentiel de civilisation
Habitués que nous sommes à ne réagir que sous le coup de nos émotions, même si elles sont parfois légitimes, nous oublions souvent l’essentiel pour ne discuter que des détails.
Loin de moi l’idée que les femmes victimes de meurtres ou de viols soient considérées comme un « détail de l’histoire ». Mais les histoires sordides qui constituent notre actualité la plus brûlante, concernant des femmes, l’une battue à mort par son ex-compagnon, et l’autre victime supposée d’un viol suivi de grossesse par un homme qui se voulait être son protecteur, nous interrogent.
Nos femmes et nos souvent très jeunes filles, sont exposées à ce sentiment de domination masculine qui s’exprime souvent violemment et dans une totale acceptation qu’elles ont cherché ce qui leur arrive. Nous sommes dans un pays qui vient seulement en 2020 de criminaliser le viol. Un pays où une jeune fille de 14 ans est obligée de fuir pour échapper à son vieil époux que ses parents lui ont imposé. Nous vivons dans un pays où beaucoup de jeunes filles sont à la merci d’hommes qui promettent de leur servir de moyens d’accès à un confort matériel uniquement, I-Phone, bijoux et fringues, voire appartements le temps que dure l’idylle, et ce, en totale complicité avec leurs propres parents.
Malgré tout ce pouvoir des hommes, il serait temps que l’on parle d’autre chose que de parité et d’égalité, et qu’on exige enfin du respect pour ce genre qui est avant tout celui de nos mères, de nos sœurs et de nos filles. Quel que soit le niveau de pouvoir des hommes qui détruisent l’avenir de ces jeunes filles, quels que soient la beauté d’une jeune fille et l’attrait de ses atours, il faut que les hommes du Sénégal sachent que : « un homme ça s’empêche ». Et comment « ça s’empêche » ? En calmant sa braguette en pensant à sa mère, à sa sœur, à sa fille. Tout simplement.
Le 8 mars c’est tous les jours qu’il faut le célébrer en faisant du respect absolu des femmes, de leur liberté et de leur dignité un enjeu essentiel de civilisation. Cela nous éviterait de vivre comme des bêtes.
ENTRE AVANCEES ET DEFIS !
Pour marquer la journée 8 mars, Sud Quotidien, en plus de revenir sur des avancées des femmes au Sénégal et des niches à conquérir, s’intéresse à des femmes leaders et battantes mais «anonymes», qui font bouger les lignes en faveur de… l’égalité.
Officialisée en 1977 par les Nations Unies (ONU), et dans la foulée de l’Année internationale de la femme (1975) proclamée par l’Assemblée générale de l’ONU, la Journée internationale des femmes (ou Journée internationale des droits des femmes, dans certains pays) est toutefois apparue dans le contexte des mouvements sociaux au tournant du XXe siècle en Amérique du Nord et en Europe. Célébrée le 8 mars de chaque année, cette journée met en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes. L’édition 2020 fêtée hier, dimanche 8 mars, partout dans le monde, excepté, entre autres, au Sénégal où, pour cause de l’apparition du coronavirus (Covid-19) à Dakar, l’Etat a décidé de reporter tout rassemblement dans ce cadre, a pour thème : «Je suis de la Génération Égalité : Levez-vous pour les droits des femmes». Un thème coïncidant avec la nouvelle campagne «plurigénérationnelle» d’ONU-Femmes, «Génération Égalité», qui marque le 25e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Pour marquer cette journée, Sud Quotidien, en plus de revenir sur des avancées des femmes au Sénégal et des niches à conquérir, s’intéresse à des femmes leaders et battantes mais «anonymes», qui font bouger les lignes en faveur de… l’égalité.
LOI CRIMINALISANT LES ACTES DE VIOL ET DE PEDOPHILIE, POSSIBILITE DE LA FEMME D’ACCORDER LA NATIONALITE SENEGALAISE A SON ENFANT OU A SON EPOUX, LA PARITE… : Ces avancées des femmes sénégalaises
La loi sur la criminalisation du viol, la parité et la possibilité pour la femme de pouvoir accorder la nationalité sénégalaise à son enfant ou à son époux sont autant de points marqués par les femmes dans leurs combats pour leur émancipation. Toutefois, plusieurs défis restent encore à relever en ce qui concerne les droits des femmes et l’effectivité de certaines lois.
Au Sénégal, des avancées sont notées en ce qui concerne les combats des femmes. Il s’agit, entre autres, du vote de la loi sur la criminalisation du viol, la possibilité de la femme à pouvoir accorder la nationalité sénégalaise à son enfant ou à son époux mais aussi la parité. En effet, le projet de loi criminalisant les actes de viol et de pédophilie, modifiant la loi n°65-60 du 21 juillet 1965 relative au Code pénal, a été voté le lundi 30 décembre 2019 par les députés, après avoir été adopté en Conseil des ministres le 27 novembre 2019. Ce, après une longue bataille des associations de défense des droits des femmes à la suite d’une série d’agressions sexuelles qui avaient parfois conduit à des morts surtout en 2019. Les coupables de viol seront ainsi condamnés à une peine d’emprisonnement allant de 10 à 20 ans tandis que les pédophiles encourent une peine qui varie de 5 à 20 ans.
Et, en cas de «circonstances aggravantes», une condamnation à perpétuité est prévue. Toutefois, certains députés avaient émis des réserves quant à l’application de la loi. Ils avaient ainsi invité le gouvernement à prendre des mesures d’accompagnement et des garde-fous afin d’encadrer la loi pour éviter des dérives.
Autre bataille que les femmes ont encore gagné, c’est la possibilité pour la femme de pouvoir accorder la nationalité sénégalaise à son enfant ou à son époux. Après un long combat engagé par les organisations de femmes au Sénégal, la loi est votée en 2013. Il s’agit du projet de loi, portant modification de la loi n°03/2013 modifiant la loi n° 61-10 du 07 mars 1961 déterminant la nationalité.
Concernant la loi sur la parité votée le 14 mai 2010 par l’Assemblée nationale après avoir été adoptée par le Sénat le 19 mai et promulguée le 28 mai 2010, le Sénégal s’est retrouvé depuis 2012 avec 64 femmes sur 150 députés à l’Assemblée nationale, soit 42,7%. Cependant, même si cela a été une formidable avancée pour les femmes issues de partis politiques, de syndicats ou d’organisations de la société civile, son application effective souffre encore. Nonobstant toutes ces avancées des femmes au Sénégal, il reste encore des défis à relever surtout dans le cadre de l’effectivité des lois.
INSTITUTIONS : Quand les femmes tiennent le haut du pavé
De Mame Madior Boye à Aminata Touré jusqu’à Soham El Wardini pour ne citer que celles-là, l’image de la femme sénégalaise a connu une grande transformation. En effet, dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des femmes, Sud Quotidien revient sur les quelques femmes qui ont gravi des échelons.
Le top départ avait été donné par Mame Madior Boye. Première femme à occuper la fonction de Premier ministre au Sénégal « 2001-2002) sous l’ère Abdoulaye Wade après avoir été a été première vice-présidente du Tribunal régional hors classe de Dakar, puis présidente de Chambre à la Cour d’appel. Du foyer aux commandes d’une institution chasse-gardée des hommes, les femmes ont gravi des échelons au Sénégal même si les clichés et les stéréotypes persistent toujours. A ces femmes qui ont gravi des échelons, il faut ajouter Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Haut conseil des collectivités territoriales. Nommée en novembre dernier à ce poste, elle succède à Feu Ousmane Tanor Dieng. Parmi ces femmes qui dirigent les institutions. Il y a également Aminata Touré. Premier ministre de 2013 à 2014, sous le régime de Macky Sall avant d’être nommée spéciale du Président de la République, elle est aujourd’hui présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) en remplacement d’Aminata Tall. A ces femmes, s’ajoute Anna Sémou Faye qui a été aux commandes de la Police nationale. Commissaire de police divisionnaire, elle a été nommée Directrice générale de la Police nationale le 25 juillet 2013 au lendemain du scandale de drogue qui avait secoué la Police sénégalaise, avant d’être nommée ambassadrice en Guinée en 2016. Elle devient ainsi la première femme à diriger la Police nationale. Dans cette institution, on a eu à retrouver une femme qui a dirigé le Bureau des relations publiques de la Police nationale en avril 2017 avant d’être remplacée. Il s’agit du commissaire de Police Tabara Ndiaye. Les femmes ont ainsi fini de faire preuve de leur leadership et leur capacité à présider aux destinées du pays. En 2018, Soham El Wardini est élue maire de Dakar, une grande première dans l’histoire de la municipalité de la capitale sénégalaise puisqu’elle est 22ème maire depuis 1887 avec Alexandre Jean. Soham El Wardini devient la première femme à être la tête de la municipalité de Dakar. Parmi les femmes ayant occupé de hautes positions, il y a aussi l’ancienne présidente du Conseil constitutionnel, Mireille Ndiaye. Une femme est à la tête d’une institution, le Haut Conseil du Dialogue Social que dirige Innocence Ntap Ndiaye. Bref, en dehors du Perchoir de l’Assemblée nationale et la Présidence de la République, les femmes auront occupé tous les postes, pouvoirs et sphères de décisions (électifs et nominatifs) ou presque. Toutefois, des femmes se sont aussi faites remarquer dans le landerneau politique. Par exemple, Marième Wane Ly a été la première femme chef de parti politique au Sénégal. elle a été suivie par le professeur Amsatou Sow Sidibé, Me Aissata Tall Sall, Aïda Mbodj, Mme Nafissatou Wade, Mme Yacine Fall, etc.
SAINT–LOUIS : Fatoumata Bâ, la traqueuse de l’apnée du sommeil
Fatoumata Bâ est plus que déterminée à faire connaître le syndrome d’apnée du sommeil au sein de la population et des professionnels de la santé.
Cette célébration de la journée de la femme est l’occasion pour nous de nous intéresser à Fatoumata Bâ, une chercheuse devenue spécialiste de l’apnée du sommeil. La scientifique a toujours participé à l’encadrement des étudiants en médecine dans le cadre de l’enseignement de la psychopathologie médicale. Aujourd’hui, elle se fixe pour objectif de mieux faire connaître le syndrome d’apnée du sommeil au sein de la population et des professionnels de la santé. Elle œuvre aussi pour améliorer la prise en charge et offrir un accompagnement aux patients atteints.
En cette célébration de la journée de la femme, Fatoumata Bâ d’exhorter les femmes à se battre au quotidien.
Fatoumata Bâ est née et a grandi dans une banlieue de Dakar, la capitale sénégalaise. Elle a fait ses études dans cette banlieue, entre les lycées Seydina Limamoulaye de Guédiawaye et Abdoulaye Sadji de Rufisque. Après avoir décroché son diplôme de Baccalauréat scientifique, la nouvelle bachelière s’orienta vers les études médicales à la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Elle réussit au prestigieux concours d’Internat des Hôpitaux de Dakar, en tête de liste (option Psychiatrie). Sa passion pour les études la poussa toujours à aller plus loin. C’est ainsi qu’elle s’inscrit, parallèlement à sa formation en psychiatrie, au Master en Sciences Biologiques et Médicales, option Physiologie. Naturellement, elle obtint aussi les diplômes universitaires d’Epileptologie et de Médecine Tropicale Appliquée.
Après avoir fréquenté différentes structures psychiatriques du pays dans le cadre de sa formation, elle fut recrutée par la Fonction Publique et affectée au Centre Hospitalier National Universitaire de Fann où une division d’hospitalisation psychiatrique lui fut confiée, sous le magistère d’un de ses Maîtres, le Pr Momar GUEYE. Sa vocation pour l’enseignement et la recherche justifia les vacations qu’elle assurait au sein de l’Institut d’Enseignement et de Recherche en Psychopathologie (IREP) de l’UCAD.
Poussée par une volonté manifeste d’aller de l’avant, ambitieuse et déterminée, elle décida de quitter «Dakar, la capitale» où elle s’était déjà installée pour rejoindre le Pr Lamine Guèye à l’UFR des Sciences de la Santé de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis en 2011, pour un poste d’enseignant chercheur en Physiologie. Une très jeune UFR, certes éloignée de la capitale, mais où les défis sont très énormes.
ALLIANCE VIE PROFESSIONNELLE ET VIE DE FAMILLE
Issue d’une famille à vocation scientifique, Fatoumata Bâ a suivi très tôt les pas de ses aînés. Elle est mariée et mère de deux filles. “J’ai toujours participé à l’encadrement des étudiants en médecine dans le cadre de l’enseignement de la psychopathologie médicale et j’ai aussi participé à la formation des plus jeunes internes et ceci pendant les années où j’ai servi à Fann. J’ai rejoint l’UGB en 2011, l’UFR des Sciences de la Santé venait d’être créée en 2010 et j’avais choisi délibérément d’y aller”, a-t-elle renseigné.
Certes, d’après elle, il n’est pas toujours facile pour les femmes d’allier la vie professionnelle et la vie familiale. Les exigences sont multiples de part et d’autre, les contraintes aussi. La vie est un éternel combat, donc, il faut se battre en permanence, ce qu’elle a très tôt compris.
“Par moments, j’ai eu à faire des choix difficiles entre la carrière professionnelle et la vie familiale”, confie Fatoumata Bâ. Et la scientifique de poursuivre toujours en revenant sur ses travaux de recherches : “mon travail sur le sommeil est innovateur dans un pays où peu de recherches sont effectuées dans ce domaine, faute de moyens et d’équipements adéquats. Pourtant, dans ma pratique, je me suis rendue compte que les troubles du sommeil étaient très fréquents et mal pris en charge, parfois même non diagnostiqués comme dans le cas de l’apnée du sommeil. Raison pour laquelle je me suis intéressée à cette question”, a-t-elle fait savoir.
S’agissant de ses objectifs, la spécialiste se dit déterminée à œuvrer pour mieux faire connaître le syndrome d’apnée du sommeil au sein de la population et des professionnels de santé, mais également d’améliorer la prise en charge et d’offrir un accompagnement aux patients atteints. “Les projets futurs ont toujours trait à ce syndrome. Nous allons continuer les travaux initiés dans ce domaine. Les perspectives sont multiples, prions seulement pour que les moyens puissent suivre”, a-t-elle ajouté. Cependant, en cette célébration de la journée de la femme, elle rend hommage à toutes les vaillantes dames. Également, elle les exhorte à se battre au quotidien et quelle que soit la place occupée dans la société. “Je leur dis que ce n’est pas impossible, mais il suffit juste d’y croire”, a-t-elle conclu.
MBOUR : Madame Diallo Anta Badiane, des salles de classe au combat contre la pauvreté
Maîtresse d’éducation physique sportive de formation, Madame Anta Badiane Diallo, a troqué sa tunique d’enseignante pour les affaires avec la performance en bandoulière. Depuis plus d’une trentaine d’années, son itinéraire l’a conduit dans le business. Elle tisse sa toile à travers des activités de petit commerce, fait de voyages avec des hauts et des bas, d’abord au niveau de la sous-région entre la Gambie et la Mauritanie puis vers les pays asiatiques. Préférant rester dans l’ombre, elle peine pourtant à rester dans l’anonymat. Tellement son combat contre la pauvreté l’expose davantage.
Elle s’investit dans la transformation des produits locaux, des fruits et légumes. Cette détermination finit par payer avec la mise en place d’un réseau de femmes du nom de Lawtan. Madame Diallo mène des activités entre Dakar, Thiès, Mbour et Touba.
L’illustration de son engagement fait d’elle, une héroïne, dans la promotion du consommer sénégalais avec la production des céréales locales et leur transformation. Son dévolu est jeté sur le riz sénégalais pour pousser les nationaux à le consommer.
Moundoumb–barrage dans la commune de Diama (Région de Saint-Louis) à 375 kilomètres de Dakar est le lieu où elle exploite des rizières. Toutefois, sa récolte souffre encore de promotion. A l’en croire lors du salon de Kaolack, il y a quelques jours, lui a permis de jauger le niveau de consommation du riz sénégalais dans la contrée du Sine-Saloum.
Auparavant, Madame Diallo, dans la promotion des produits locaux a mis en place à Mbour des unités de transformation de fruits et légumes mais aussi de produits halieutiques. Des jeunes filles et garçons des communes de Malicounda et Mbour, ayant reçu une formation soutenue de techniciens de haut niveau parviennent à y produire des jus et des boissons locales certifient par les autorités compétentes et très prisés. Elles ont fini de vendre leur label mais pas celui de la promotrice des produits. Certains de ses produits se vendent sur la petite Côte et à Dakar.
PREMIERE RECTRICE AU SENEGAL : Ramatoulaye Diagne Mbengue dompte l’université
Au titre des mesures individuelles du Conseil des ministres du mercredi 11 octobre 2017, «Madame Ramatoulaye Diagne Mbengue, Professeur titulaire des Universités, est nommée à compter du 1er décembre 2017, Recteur de l’Université de Thiès, en remplacement de Monsieur Matar Mour Seck, appelé à faire valoir ses droits à une pension de retraite.»
Par cette décision rapportée par le communiqué de ce Conseil des ministres, le Pr Ramatoulaye Diagne, Docteur d’Etat ès Lettres, Philosophe, est devenue la première «Rectrice» d’université au Sénégal. En effet, malgré les efforts et les compétences de la gent féminine. Jamais une femme n’a eu à diriger une institution aussi importante et prestigieuse qu’une université, surtout publique, dans notre pays.
Ainsi venait-elle de rentrer dans l’histoire, allongeant ainsi la série des «Premières dames» dans le combat et la promotion des femmes à de hautes fonctions, jusque-là chasse-gardée des hommes, au Sénégal, depuis l’indépendance. Ce, après Maïmouna Kane, première femme ministre, Mireille Ndiaye, connue comme étant la première et seule femme, ancienne présidente du Conseil constitutionnel (2004-2010), à avoir reçu la prestation de serment d’un président de République entrant (Me Abdoulaye Wade, en 2007), Mame Madior Boye, première femme Premier ministre, Viviane Laure Elisabeth Bampassy, première femme nommée préfet, puis gouverneur, Aminata Tall, première femme Secrétaire générale de la Présidence de la République puis présidente du Conseil économique social et environnemental (CESE), Aminata Touré, première femme ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Soham El Wardini, première femme maire de la capitale du Sénégal (Dakar) et Aminata Mbengue Ndiaye, première femme porté à la tête du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT), au Sénégal, etc.
Mme Ramatoulaye Diagne Mbengue, Recteur de l’Université de Thiès a été la directrice de l’Ecole doctorale ETHOS, de la faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar. Elle a été conseillère technique chargée des Affaires académiques et point focal UEMOA au sein du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI). Mme Ramatoulaye Diagne Mbengue est également la sœur de l’éminent professeur Souleymane Bachir Diagne, enseignant à Colombia university, aux Etats-Unis, dont elle a pris la relève à l’UCAD. Elle a enseigné la logique qui était son domaine de prédilection, à l’instar de son frère.
Mieux, ils ont produit ensemble un livre. Par la suite, Pr Ramatoulaye Diagne Mbengue a eu à s’intéresser à plusieurs autres spécialités. Passionnée de recherche, elle est l’auteure de plusieurs ouvrages et articles philosophiques dont «Le modernisme en Islam». La nouvelle Rectrice de Thiès a été aussi directrice de l’Ecole Doctorale ETHO, de la faculté des Lettres et des Sciences humaines de Dakar.
En outre, force est de relever qu’avant cette promotion du professeur Ramatoulaye Diagne Mbengue, le MESRI, sous l’ancien ministre Mary Teuw Niane à la tête de ce département, a promu plusieurs autres femmes dans le secteur de l’enseignement supérieur. C’est ainsi que le Pr Aminata Diassé Sarr a été portée à la tête de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (ISEP) de Matam et le Pr Awa Niang Faye nommé directrice de l’ISEP de Richard-Toll.
LA SENEGALO-AMERICAINE RAHMA NDAO : Une fierté pour le continent africain
surtout pour le Sénégal
Rahma NDAO est née aux Etats-Unis en 2002 de parents, d’origine sénégalaise, Ousmane Ndao et Aissata Sall qui vivent aux États-Unis depuis 28 ans.
Depuis son cycle primaire (first grade), Rahma s’est distinguée par ses brillants résultats et durant trois (3) années successives, elle a été choisie comme l’une des meilleurs élèves des Etats-Unis (tous Etats confondus) et à ce titre, elle a été invitée à rencontrer les Young scholars à Washington.
Dans une correspondance adressée aux parents de Rahma durant l’année scolaire 2013/2014, Mr Derrick Shelton, ancien directeur de l’école de Rahma notifiait à ces derniers que «Rahma avait eu une moyenne de 99% au Scranton Test ce qui faisait d’elle, l’une des meilleures élèves des Etats-Unis».
En août 2015, alors qu’elle avait douze (ans), Rahma a passé le test de psychologie à Pickerington Ridgeview junior pour déterminer si elle était une surdouée. Selon Mr Todd Stanley le coordinateur du service des surdoués, «Rahma a non seulement dépassé les 126 points requis mais elle était à deux déviations supérieures. Ce qui faisait d’elle une exceptionally gifted». Ainsi, elle a été acceptée au Mensa en mars 2016.
Mensa est une organisation internationale dont le seul critère d’admissibilité est d’obtenir des résultats supérieurs à ceux de 98 % de la population aux tests d’intelligence. Mensa a été fondée à Oxford en 1946 avec comme objectif promouvoir la paix et faire bénéficier l’humanité des bienfaits de l’intelligence en réunissant les personnes ayant une intelligence au-delà de la moyenne.
Avec plus de 140.000 membres dans le monde, MENSA regroupe cent (100) pays et jusqu’ici, l’Afrique du Sud était le seul pays du continent africain à y être présent.
Rahma avec sa double nationalité ne pouvant pas représenter le Sénégal et les Etats-Unis a fait le choix de quitter le «American Mensa pour représenter le Sénégal». Elle devient ainsi la première sénégalaise dans l’histoire à être membre du Mensa. L’histoire continue avec Rahma car le Pickerington school district existe depuis 1815 et Rahma est la première de ce «school district» à être membre du Mensa. En 2016 Rahma a subi le «PARC test» qui est un test national et a obtenu 813 points sur 814 alors que le «school average score» était 735, le «district average score» 708 et le state average score 702.
Rahma poursuit son cycle secondaire et prend en même temps des cours universitaires notamment en chimie. Elle a été honorée à Boston du 25 au 27 juin 2018 et a reçu le «National Academy of Future Physicians and Medical Scientist Award of Excellence». Parmi les participants à cet événement figurent : Sir Richards Robert, Prix Nobel en physiologie et médecine 1993 ; Michael Stuart Brown, Prix Nobel en physiologie et médecine 1985 ; Leland hartwell prix, Nobel en physiologie et médecine 2001 pour ne citer que ceux-là.
Rahma veut tendre la main aux cinquante-quatre (54) nations africaines et travailler pour le développement du continent en passant par les mathématiques, les Sciences et Technologies. Rahma à l’âge de 12 ans a révolutionné les mathématiques en changeant une théorie qui existait déjà pour une meilleure compréhension.
KOLDA : Aminata Ly, une businesswoman dans l’agropastorale
Originaire d’Oussouye, Aminata Ly avait décidé après l’obtention de son Baccalauréat de poursuivre ses études au Maroc afin d’obtenir un diplôme en Finances. Objectif atteint, elle revient au Sénégal pour travailler dans de l’Agroalimentaire. Mais plutôt à Kolda, auprès de son oncle, qui, après des années vécues aux USA, décide de rentrer au terroir avec une vision : «transformer sa ville natale» !
Suite à un défi lancé par son oncle, Aminata accepta de s’installer dans le village de Sibéré Kandé à 5 Km de la ville de Kolda où elle gère une équipe de plus 20 employés. L’activité de la ferme comprend l’élevage et la production laitière. Elle fonde la société SOWRANCH qui a une capacité de 8000 poulets de chairs et un domaine exclusif réservé au maraîchage sur 2 hectares. Une autre zone d’habitation de 2 ha, une zone arboricole de 3 ha avec 1200 pieds de Lime de Tahiti, 200 pieds d’oranges et de clémentine et 200 pieds de Moringa.
Ce n’est pas tout ! «Collé» comme on la surnomme dispose de pas moins de 5 hectares de plantations d’anacarde avec 15 ruches pour l’apiculture… Aminata Ly a également un projet pilote : Un centre d’Immersion Agro-écologique actuellement en construction, soit 20 chambres, un réfectoire, 2 salles de classes, un jardin botanique et un «milkbar»!
MATAM : Bineta Hanne, la patronne des SIPA
A la tête d’une entreprise paysanne rurale, la Société d’Intensification de la Production Agricole (SIPA) de Thiambé, Bineta Hanne la gérante, multiplie les initiatives pour la pérennisation des acquis de ce modèle créateur de richesse et d’emplois dans son terroir.
Comme la plupart des jeunes foutankaises, Bineta Hanne a dû arrêter des études scolaires pourtant très prometteuses pour se marier et rejoindre le domicile conjugal après une formation en secrétariat de bureau. Ce qui n’émouche en rien son esprit de battante car, avec ses quelques qualifications de base, elle réussit à monnayer ses compétences dans un projet de développement. Avec un maigre salaire dont elle épargne une partie parce que ambitionnant de se payer des études en secrétariat de direction dont elle rêve…
Face aux multiples exigences de la vie et malgré sa forte détermination, elle aura du mal à concrétiser cette ambition. En 2010, le PRODAM (Projet du Développement Agricole de Matam) qui développe les Sociétés d’Intensification de la Production Agricole (SIPA) qui sont des entreprises Paysannes de type SARL, gérées par des associés rémunérés avec les bénéfices réalisés qui lui ouvre les portes de l’entreprenariat. Ces entreprises rurales gèrent 120 à 150 jeunes et disposent d’un patrimoine foncier de 40 ha, d’un forage agricole d’un débit moyen de 150m 3 /h, d’un magasin de conditionnement et de groupe électrogène. Le dispositif technique mis en place permet d’assurer une agriculture permanente en 2 à 3 cycles de production par an. Elles se proposent de booster la production et la productivité agricoles pour passer de la sécurité alimentaire à la sécurité économique, de créer des emplois durables en milieu rural et de lutter contre l’émigration. Bineta se saisit de l’opportunité qui s’offre à elle et devient gérante de la SIPA de Thiambé qui se trouve dans sa localité. Ainsi, elle devient chef de l’entreprise en plaidant le respect, la sincérité dans le travail, la ponctualité, le respect des cotisations, la transmission et le partage des informations relatives à la SIPA et à son fonctionnement, aidée en cela par les chefs de groupes. Elle veille au grain au code de conduite édicté par le règlement pour la bonne mise en œuvre des activités de productions dans le périmètre.
Tout un challenge qui l’a forcée à batailler fort et bousculer certaines pesanteurs socio-culturelles pour mettre en place à travers son management un bon planning de production en fonction des besoins du marché avec l’accompagnement du Prodam. La Sipa cultive sur plusieurs hectares de sorgho, du niébé et du melon avec une bonne planification échelonnée en fonction des besoins du marché.
«Je travaille au quotidien pour la réussite de l’entreprise car, il n’y a pas de secret, c’est le travail qui construit la réussite. Je pousse mes sociétaires, surtout les femmes à relever le défis en changeant de comportement et à se concentrer sur le travail», déclare-t-elle. «Au début, nous avons rencontré des difficultés, en recevant de faibles revenus. Les choses se sont améliorées par la suite, l’entreprise a pu contractualiser avec des opérateurs et aujourd’hui nous exportons du gombo labellisé en Europe avec des revenus acceptables. Ce qui représente une avancée qualitative dans la vie des bénéficiaires en termes de scolarisation des enfants, de la santé et des moyens d’existence des ménages».
Avec l’avènement de l’exportation du gombo, la SIPA de Thiambé se professionnalise de plus en plus avec une grande dextérité dans la collecte, le tri, la préparation, le conditionnement et le transport du produit. Entre temps, le volume du travail devenu tellement important a favorisé le recrutement de journaliers rémunérés entre 2500 et 3000 F CFA, des sources de revenus qui appâtent les jeunes surtout les collégiens et les lycéens durant les vacances.
«Nous pouvons créer de la richesse car nous voyons grand en termes de productivité et de mise en marché. Le Prodam a mis en branle les rampes de la sécurité économique, c’est une opportunité que nous devons bien saisir par la consolidation des activités économiques que nous faisons depuis quelques années. Jusque là, c’est l’électricité (factures élevées) qui péjorait nos bénéfices, avec l’installation du solaire, l’avenir est plus radieux», explique la gérante qui est aujourd’hui la présidente des SIPA de la région.
ROKHAYE NDIAYE GNINGUE, LA «MERE THERESA» DES ENFANTS DEMUNIS
Eu égard au rôle primitif qui est accordé à la gent féminine en Afrique, Mme Rokhaya Ndiaye Gningue est une femme sénégalaise qui a su déconstruire ce stéréotype et transcender la place de femme au foyer qui lui a été assignée et imposée par sa société, surtout au cours de ces années 70 où les croyances coutumières demeuraient encore profondément ancrées dans la société sénégalaise. Elle a repoussé les préjugés et les pesanteurs de la société pour se hisser au haut niveau.
Titulaire d’un baccalauréat scientifique en 1972, Rokhaya Ndiaye Gningue est une ingénieure agroalimentaire sortie de l’école supérieure polytechnique de Dakar. Major de sa promotion, elle sera recrutée à l’Institut technologie alimentaire (ITA) avant même la fin de sa formation pour être nommée plus tard, grâce à ces compétences, cheffe laboratoire. Fonction qu’elle occupera pendant 32 ans. Mais, au-delà de cette casquette laborantine, Madame Gningue encadrait parallèlement des thésards respectivement à la faculté des médecines et dans certains instituts privés. Tout au long de sa carrière, avec l’évolution de la science, elle ne s’est pas lassée d’ajouter d’autres cordes à son arc en s’ouvrant vers d’autres filières en corrélation avec l’agroalimentaire. Ce qui lui a valu d’être un condensé de savoir dans le domaine des sciences agroalimentaires.
Après la retraite, Madame Gningue n’a pas voulu rester passive. Elle s’est de suite retroussée les manches dans le souci de vulgariser et de transmettre ses connaissances et son savoir-faire à la population, les inciter surtout à la consommation des produits locaux. C’est ainsi qu’elle a eu l’idée de créer un GIE rattaché à sa mission avec des femmes de Grand-Yoff et de la patte d’oie dénommé «AMINA MUTISERVICES» spécialisé dans la pâtisserie, des mets sucrés ou salés à base de céréale et d’autres produits locaux. De cette initiative, elle entendait transmettre avec tact les livrets de recettes qu’elle a eu à tirer de nos produits locaux au cours de ces recherches et expériences afin que celles-ci ne soient pas rangées dans les tiroirs.
Au cours de cette formation, Rokhaya Ndiaye Gningue initiait aussi les femmes de ces localités à la préparation sans bouillon et les apprenait en même temps comment conserver l’aspect nutritionnel des légumes sans oublier les bonnes pratiques de nutrition et de microbiologie.
Face au taux de chômage inquiétant qui secoue notre pays depuis un bon bout de temps, elle a eu la brillante idée, après moult réflexions, de créer une structure de formation sous le nom «cuisine du savoir-faire». Objectif, former des jeunes qui n’ont pas de diplômes, dans des modules divers à court terme afin de les pousser vers l’auto-emploi. Une manière pour elle d’apporter sa partition dans le développement socio-économique du pays et de créer en même temps de l’emploi.
Le faible résultats des élèves en banlieue sera un déclic pour notre «incontesté model» d’orienter sa généreuse mission vers les écoles en collaboration avec le GRDR qui s’active dans les cantines scolaires de la banlieue, pour aider ces élèves qui, la plupart, sont issus de familles démunies, restant des journées entières à l’école sans prendre un repas. Ce qui se répercutait sans nul doute sur leur résultat scolaire. C’est ainsi qu’elle a, par ailleurs, bénéficié aussi de l’appui de mains fortes qui la plupart étaient des mères de famille qui acceptaient de cuisiner pour les enfants lors des journées continues sans bourse délier.
Une collaboration féconde qui assurait lors de ces journées aux élèves et professeurs des plats traditionnels et économiques au petit matin et au déjeuner moyennant une participation de 100 F CFA. Après une année seulement, le charme attractif des retombées en matière de résultats a incité d’autres écoles à y adhérer. Aujourd’hui, la quasi-totalité des élèves, de Pikine, Guédiawaye et Thiaroye bénéficie des services de ces cantines scolaires
La récompense au bout de l’effort
Rokhaya Ndiaye Gningue ne s’est jamais plainte et ne croit pas d’ailleurs à la politique discriminatoire tant chantée par la plupart de ces pairs. Son sacerdoce a toujours été de travailler dur pour réussir. Attitude qu’elle a hérite de son père qui ne faisait pas de distinction entre ces enfants de sexe opposé. Pour elle, «la parité ne tient pas» mais «la méritocratie doit rythmer le monde professionnel». Et c’est dans ce sillage même qu’elle confie «que le travail d’une mère ne doit pas porter atteinte l’éducation de ces enfants.» Et de renchérir que «la femme est le socle de notre société, celle qui façonne l’avenir de notre pays, dessine les contours du monde de demain. Elle doit œuvrer sans relâche pour le bien être de sa famille et de sa communauté». Ainsi, malgré son âge avancé, Rokahaya Ndiaye Gningue continue jusqu’à ce jour d’œuvrer dans le social et compte rester dans la dynamique de mouiller le maillot pour son cher Sénégal jusqu’à son dernier souffle.
UN 8 MARS EN SOUVENIR DES HÉROÏNES DE NDER
Les femmes du village de Nder, une localité de la commune de Gnith, dans le département de Dagana, ont commémoré dimanche le bicentenaire de ‘’Talatey Nder’’
Saint-Louis, 8 mars (APS) - Les femmes du village de Nder, une localité de la commune de Gnith, dans le département de Dagana, ont commémoré dimanche le bicentenaire de ‘’Talatey Nder’’ (mardi de Nder), l’acte historique posé par les femmes de cette localité en 1820, en choisissant de se sacrifier collectivement en s’immolant par le feu plutôt que d’être réduites à l’esclavage, a appris l’APS.
Elles ont voulu ainsi ‘’résister à l’oppression et à l’invasion maure, pour sauvegarder la dignité de la femme face à l’esclavage de l’émir du Trarza’’, a magnifié Fatou Sidibé Guèye, coordonnatrice du comité de pilotage du bicentenaire.
La mobilisation culturelle organisée à l’occasion de la journée du 8 mars vise à ‘’inspirer les jeunes du Walo’’ en particulier et du Sénégal en général’’. Elle vise aussi à les amener à "s’ancrer aux valeurs de leurs ancêtres qui ont eu à sauvegarder la dignité humaine, en refusant l’humiliation et la domination’’.
Mme Sidibé souligne que l’histoire de Nder est ‘’un exemple de bravoure’’ de la part de ces femmes qui ‘’avaient montré la voie à toutes les femmes du Sénégal’’.
‘’Aujourd’hui, les femmes de Nder réclament une autonomisation pour un accès aux terres du Walo. Nous allons collecter 2020 signatures et faire un plaidoyer auprès du président de la République, afin que la journée du Talatey Nder, soit inscrite dans l’agenda culturel au Sénégal’’, a-t-elle martelé.
UN 8 MARS EN SOUVENIR DES HÉROÏNES DE NDER
Les femmes du village de Nder, ont commémoré dimanche le bicentenaire de l’acte historique posé par les femmes de cette localité en 1820, en choisissant de se sacrifier collectivement en s’immolant par le feu plutôt que d’être réduites à l’esclavage
Les femmes du village de Nder, une localité de la commune de Gnith, dans le département de Dagana, ont commémoré dimanche le bicentenaire de ‘’Talatey Nder’’ (mardi de Nder), l’acte historique posé par les femmes de cette localité en 1820, en choisissant de se sacrifier collectivement en s’immolant par le feu plutôt que d’être réduites à l’esclavage, a appris l’APS.
Elles ont voulu ainsi ‘’résister à l’oppression et à l’invasion maure, pour sauvegarder la dignité de la femme face à l’esclavage de l’émir du Trarza’’, a magnifié Fatou Sidibé Guèye, coordonnatrice du comité de pilotage du bicentenaire.
La mobilisation culturelle organisée à l’occasion de la journée du 8 mars vise à ‘’inspirer les jeunes du Walo’’ en particulier et du Sénégal en général’’. Elle vise aussi à les amener à "s’ancrer aux valeurs de leurs ancêtres qui ont eu à sauvegarder la dignité humaine, en refusant l’humiliation et la domination’’.
Mme Sidibé souligne que l’histoire de Nder est ‘’un exemple de bravoure’’ de la part de ces femmes qui ‘’avaient montré la voie à toutes les femmes du Sénégal’’.
‘’Aujourd’hui, les femmes de Nder réclament une autonomisation pour un accès aux terres du Walo. Nous allons collecter 2020 signatures et faire un plaidoyer auprès du président de la République, afin que la journée du Talatey Nder, soit inscrite dans l’agenda culturel au Sénégal’’, a-t-elle martelé.
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« LA QUESTION DES FEMMES EST D’ABORD POLITIQUE »
Eugénie Aw, journaliste et ancienne Directrice du Cesti, revient pour ce 8 mars, sur les grandes questions qui agitent l’évolution du droit des Femmes notamment les femmes des médias
L’ex-directrice du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI), Eugénie Rokhaya Aw, est une des premières journalistes femmes et spécialistes de la communication sénégalaise. Elle revient, pour ce 8 mars, sur les grandes questions qui agitent l’évolution du droit des Femmes notamment les femmes des média. Et partage au passage, quelques préjugés qui collent à la peau.
LES FEMMES INVISIBLES DANS UN MONE CRÉÉ POUR LES HOMMES
Médicaments, voitures, design… sont adaptées aux normes masculines Et donc, mettent en danger la vie des femmes. Les exemples cités parlent d’eux-mêmes
Médicaments, voitures, design… la journaliste Caroline Criado Perez démontre dans un livre que créations et recherches sont adaptées aux normes masculines.
C’est clair, tout va de travers. Enfin pour la moitié de l’humanité. Les toilettes pour femmes ? A inventer, les envies pressantes sont à réprimer. La hauteur des poignées dans le bus pour ne pas valdinguer ? Une cata. Les ceintures de sécurité ? Quand on est enceinte, on rentre le ventre. La liste des objets, commodités ou même de médicaments qui pourraient être labellisés «exclusivement réservés aux hommes» est longue comme un discours de mâle occupé à faire du mansplaining - expliquer à une femme ce qu’elle sait déjà… C’est ce que démontre la journaliste et activiste britannique Caroline Criado Perez, spécialiste des études de genre, dans Femmes invisibles (comment le manque de données sur les femmes dessine un monde fait pour les hommes) traduit en français après avoir décoiffé outre-Manche. Elle livre une démonstration minutieuse, après avoir épluché «des milliers d’études» qui le plus souvent laissent les femmes de côté. Un examen du sol au plafond de ce qui cloche, plus ou moins gravement.
Souris mâles
«Le corps de l’homme est le modèle universel sur lequel on a bâti notre monde, même lorsqu’il s’agit de tester ou fabriquer des médicaments. Comment est-ce encore possible au XXIe siècle ?» interroge l’auteure. Chez les femmes, les médicaments (mis au point à l’aide de sujets masculins) contre la tension artérielle ne sont pas aussi efficaces. Les statines, amplement prescrites pour prévenir certaines maladies cardiaques, ont principalement été testées sur des hommes. Or des recherches conduites en Australie indiquent que les femmes qui en prennent à doses élevées font face à un risque accru de diabète. Le valium, largement prescrit aux femmes (pour des troubles qui vont de l’anxiété à l’épilepsie), n’a jamais été testé sur elles.
La quasi-totalité des tests sur la douleur ont été réalisés sur des souris mâles et il a fallu attendre 2016 pour que le National Institutes of Health (institut américain de la santé) impose que les études qu’il finance soient analysées par sexe. «C’est un problème historique qui trouve son origine dans l’assimilation du corps masculin au corps humain, par défaut», analyse la Britannique. C’est une image de mâle musclé qui illustre les manuels d’anatomie - l’argument selon lequel le corps féminin avec ses hormones fluctuantes est peu pratique pour faire des recherches est une vieille rengaine.
Les spécificités de ce corps sont régulièrement zappées. Exemple : en cas de crise cardiaque, seulement une femme sur huit signale ressentir le symptôme classique de la douleur dans la poitrine, mais plutôt des douleurs dans l’estomac, un essoufflement, des nausées et de la fatigue (en particulier les jeunes femmes). Conséquence : selon des recherches britanniques, «les femmes sont 50 % plus susceptibles d’être mal diagnostiquées en cas de crise cardiaque». On notera aussi qu’en 2013, quand a été mis au point un cœur artificiel, il était trop gros pour le corps d’une femme (une version adaptée existe désormais).
De l’auto au piano
Autre anomalie : depuis les années 60, la formule usuelle pour régler la température dans les bureaux est basée «sur le métabolisme au repos d’un homme moyen de 40 ans, pesant 70 kilos», écrit Caroline Criado Perez. Problème : le niveau métabolique de jeunes femmes adultes accomplissant un travail de bureau léger serait sensiblement plus bas. Bilan : les bureaux actuels sont en moyenne trop froids pour les femmes.
Criado Perez balance : «La conception automobile a une longue et scandaleuse histoire dans l’art d’ignorer les femmes.» Depuis des décennies, le mannequin le plus utilisé dans les tests de collision mesure 1,77 mètre et pèse 76 kilos : plus grand et plus lourd qu’une femme moyenne. Les Etats-Unis ont attendu 2011 pour faire ce genre de tests avec des mannequins féminins. Et un seul test réglementaire de l’UE fait appel à un mannequin femme. Et encore, quelle femme ? Ce mannequin n’est testé que… dans un siège passager. Et il s’agit d’une version réduite d’un homme moyen… Résultat, encore aujourd’hui (la dernière étude date de 2019), les femmes présentent 47 % de risques supplémentaires d’être gravement blessées dans un accident de voiture (qu’un homme attaché dans le même type d’accident) et 17 % de mourir. L’inégalité va se nicher jusque dans le design, où la main de l’homme reste l’étalon. Ainsi, l’envergure moyenne d’une main de femme se situe entre 18 et 20 cm quand le clavier d’un piano fait environ 122 cm de long. Plus prosaïquement, depuis que la hauteur moyenne d’un smartphone a atteint les 14 cm, textoter se complique. Tu la vois ma main ?
par Hawa Abdul Ba
L'ÉDUCATION DES JEUNES FILLES, NOTRE ARME FATALE !
Plus que jamais nous devrions pousser nos filles à inonder les meilleures universités et écoles, à rivaliser de compétences avec les hommes. Nous avons l’impérieux devoir de leur apprendre l’autonomie et le « gueum sa bop rien que sa bop »
Le 8 mars est toujours une belle occasion de rappeler l’importance des femmes dans la marche du monde, et d’y dénoncer les inégalités qu’elles subissent depuis des siècles.
Pour ce qui nous concerne nous les Africaines, notre combat est toujours en cours. De notre naissance jusqu’à notre vie d’adulte, nous devons faire face à beaucoup d’injustices et à des violences bien encore trop nombreuses.
Je salue les organisations féministes qui défendent et promeuvent nos droits pour améliorer nos conditions partout dans la société. Le chantier est titanesque. Me Abdoulaye Wade, sous l’influence des féministes et de leur combat épique depuis l’indépendance, avait entrepris sous son magistère des réformes pour y introduire plus de parité. Ce fut le cas à l’Assemblée nationale où le nombre de femmes sénégalaises dépassent proportionnellement de loin celles des françaises. C’est dire le bond que nous sommes en train d’accomplir dans un milieu politique très masculin, voire sexiste !
Toutefois, la parité n’est pas encore atteinte. Ni à l’Assemblée nationale, ni ailleurs ! Le chemin est semé d’embuches comme nous le vérifions dans les résistances pour la prochaine application de la loi sur la criminalisation du viol et de la pédophilie. Des spécialistes en genre estiment que la parité serait seulement atteinte dans 100 ans. Attendrons-nous jusque-là ?
Ma philosophie sur la thématique de l’égalité femme homme est assez différente de celle des amazones. Je pars du principe que les femmes ne doivent pas être ghettoïsées ou stigmatisées. Elles doivent refuser de se contenter des rôles et positions réservés d’emblée aux femmes dans les organisations sociales, professionnelles et politiques. Nous ne sommes pas des potiches !
Trouvez-vous normal que, en 2020, nous devions battre le pavé pour revendiquer des droits qui sont naturellement les nôtres ? Trouvez-vous normal que nous sommes encore soumis à la domination de l’homme, car le code de la famille consacre la puissance paternelle au détriment de l’autorité conjointe ?
Je pense que notre meilleure arme, c’est de nous imposer aux hommes. La seule façon d’y parvenir, c’est l’éducation de nos jeunes filles, à leurs plus jeunes âges, pour leur inculquer force et dignité. Il faut qu’il y ait autant de filles qui réussissent leurs BFEM et BAC que les garçons. Il faut un nombre équivalent de filles en université que celui des garçons. Ce n’est pas le cas aujourd’hui !
C’est par l’acquisition de connaissances et de compétences que nous parviendrons à renverser la situation en notre faveur. Aujourd’hui plus que jamais nous devrions pousser nos filles à inonder les meilleures universités et grandes écoles, à rivaliser de compétences à tous les échelons avec les hommes. Nous avons l’impérieux devoir de leur apprendre l’indépendance, l’autonomie et le « gueum sa bop rien que sa bop ». C’est cela qu’on appelle soigner par la racine. Je vous le répète : nous devons enseigner chaque jour à nos filles qu’elles sont capables et fortes autant sinon plus que les garçons à affronter la vie.
L’Oréal, en novembre 2019, à Dakar, a organisé une cérémonie de remise de prix pour célébrer les scientifiques de l’Afrique de l’Ouest. Deux sénégalaises ont été primées : Fatoumata Ba et Najah Fatou Coly. C’est un exemple à suivre pour les filles et les femmes. C’est assurément notre meilleure perspective, celle d’éduquer et de donner confiance à nos filles.
SAYDA MARIAMA NIASS, UNE VIE AU SERVICE DE L'ENSEIGNEMENT CORANIQUE
Il est des hommes qui, par leur génie et la maitrise de leur art, émergent du lot du commun des mortels. Au Sénégal, on en compte de ces hommes et femmes qui sont entrés dans l’histoire du pays, grâce au service rendu à la société et à la religion
Il est des hommes qui, par leur génie et la maitrise de leur art, émergent du lot du commun des mortels. Au Sénégal, on en compte de ces hommes et femmes qui sont entrés dans l’histoire du pays, grâce au service rendu à la société et à la religion. Sayda Mariama Niass fait partie de ces perles rares qui marqueront à jamais les esprits. Une référence dans l’enseignement du Coran au Sénégal et dans le monde.
Née en 1932 à Kossi, un village situé à une dizaine de kilomètres de Kaolack, Sayda Mariama Niass s’est très tôt distinguée par son attachement au Coran, comme le souhaitait son père El Hadj Ibrahima Niass Baye. Ainsi, c’est à l’âge de 5 ans qu’elle a intégré le Daara de Cheikh Muhammad Wuld Rabbani, grand érudit mauritanien qui enseignait le Coran à la plupart des enfants de Baye Niass. Dès ses premiers pas au Daara, Sayda Mariama signe un pacte avec la religion : servir l’islam et le Coran toute sa vie durant.
Elle n’a ainsi pas attendu l’âge adulte pour enseigner la parole sainte. Toute petite, elle suppliait son oustaz de lui laisser dispenser le cours à ses camarades.
Ayant ainsi très tôt mémorisée le livre saint, elle devient la chouchoute de son père, El Hadj Ibrahima Niass, qui l’honore grandement. Il la couvre de cadeaux et l’invite à l’accompagner dans ses nombreux voyages à l’étranger. C’est le guide religieux en personne qui lui enseigna l’arabe et les sciences religieuses. Celle qu’on appellera plus tard ‘’Yaye Boye’’ va bénéficier de toutes les attentions de Cheikh Al Islam qu’elle a côtoyé durant 43 ans. ‘’Toutes mes filles ont appris le Coran, mais tu es celle qui est la plus attachée au livre saint. Et c’est pour cela que je te préfère’’, raconte-telle, en évoquant ses relations avec son défunt père.
Ainsi, après avoir terminé ses études coraniques et sciences religieuses, Sayda Mariama Niass commença à enseigner le livre saint dans son Daara à Kaolack, alors qu’elle n’avait que 14 ans. Elle rejoint Dakar, en 1952, avec son époux El Hadj Oumar Kane, et continue sa passion d’enseigner. Elle reçoit les enfants de ses coépouses et d’autres du quartier dans sa chambre, à son domicile de l’avenue Malick Sy à cet effet. Le nombre de jeunes qui venaient étudier auprès d’elle ne cessant d’augmenter, elle se voit obliger de déménager son Daara dans la petite mosquée construite par son époux au milieu de la concession familiale, pour accueillir son beau monde. Elle dispensait ses cours pendant les weekends et les grandes vacances, pour permettre aux enfants d’allier enseignement coranique et école française.
Sa rencontre avec Abdou Diouf en 1984
N’ayant pas assez de moyens, à l’époque, pour trouver un espace approprié pour recevoir ses disciples qui devenaient de plus en plus nombreux, Sayda Mariama aménagea la cour de la concession familiale pour exercer son métier. Et à force de persévérer dans sa passion, la chance lui sourit finalement.
Ainsi, en 1981, le président Abdou Diouf, Premier ministre jusque-là, remplace à la tête de l’Etat Léopold Sédar Senghor. Le nouveau président fait alors le tour des concessions des chefs religieux du pays pour solliciter des prières. A l’étape de Kaolack, Sayda Mariama, en tant que fille de Baye Niass, est invitée avec son Daara à la cérémonie de réception du nouveau président. Elle effectue le déplacement pour aller assister à la cérémonie à Kaolack. A cette occasion, ses talibés accueillent le successeur de Senghor par des récitals de Coran mélodieux. Emerveillé par la maitrise des mômes du livre saint, le président Diouf demanda à rencontrer l’enseignante de ce fameux Daara venu de Dakar.
Et à son retour à la capitale, il reçoit Sayda Mariama qui l’informe qu’elle avait son école dans la cour de sa maison. Le président Abdou Diouf décide alors de lui attribuer un vaste terrain à la Patte d’Oie, en 1984. Cet espace abrite, aujourd’hui, le complexe scolaire El Hadj Ibrahima Niass, premier du genre à Dakar, qui concilie enseignement général et enseignement coranique. ‘’En plus de m’avoir octroyé un terrain, le président Diouf m’avait fait une lettre de recommandation pour que j’aille voir les chefs d’Etat arabes pour chercher des financements pour construire mon école. J’ai ainsi pu bénéficier des largesses de certains rois et émirs pour la construction du complexe sis à la Patte d’Oie et le rachat des locaux de Sacré-Cœur et Mermoz’’, partage-t-elle.
La création de l’institut d’enseignement El Hadj Ibrahima Niass
Aidée par d’influents dignitaires arabes, Sayda Mariama Niass entreprend ainsi, en 1984, à l’élargissement de ses Daara pour y intégrer l’enseignement général. Elle crée le complexe Cheikh Al Islam, El Hadj Ibrahima Niass de la Patte d’Oie pour l’enseignement général. ‘’La première parole du Saint Coran nous incite à apprendre et pas seulement le Coran, mais tout. En effet, il nous est recommandé d’apprendre et il n’est pas dit qu’il faut apprendre que le Coran. Cela veut dire que nous devons tout apprendre. C’est pourquoi, dans les instituts, en plus du Coran, on a intégré l’enseignement classique, car c’est aussi utile pour les enfants et pour la société toute entière’’, estime-t-elle.
Depuis son érection en institut, le Daara Al Qu’ran Al Karim de Sayda Mariama Niass fonctionne à temps plein, 9 mois sur 12 et reçoit des élèves venus de divers horizons, du cycle primaire au moyen et secondaire. Ayant connu des succès et le nombre d’élèves ne cessant d’augmenter, Sayda Mariama décide d’ouvrir d’autres instituts du genre dans d’autres quartiers de Dakar. Les sections de Mermoz et de Sacré-Cœur sont alors mises en place.
Une mère de famille parfaite
Elle est connue comme une brillante enseignante. Mais Sayda Mariama Niass n’en demeure pas moins une maman présente pour ses enfants. Elle alliait convenablement enseignement et activités ménagères. Ainsi, à l’instar de tous les enfants qu’elle a élevés, elle a inculqué une éducation exemplaire à ses 8 bouts de bois de Dieu. Ses 4 fils et 4 filles ont tous su bien allier enseignement coranique et enseignement général. Certains sont devenus des cadres. C’est le cas de son fils ainé, Cheikh Tidiane Ben Amar Kane, agronome de formation et qui, après avoir assuré plusieurs fonctions à la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’agriculture), est revenu auprès d’elle à Dakar pour prendre le relais. Il gère actuellement les instituts d’enseignement.
Sa petite sœur Aïssatou Kane est un haut fonctionnaire à la BCEAO de Dakar. Quant au benjamin Ousmane Kane, après la maitrise du Coran auprès de sa mère, à l’instar de ses autres frères et sœurs, il a continué ses études classiques aux USA où il a obtenu son doctorat. Il exerce actuellement en tant qu’enseignant chercheur à l’université d’Harvard aux Etats-Unis. Ces parcours sans faute de ces enfants s’expliquent par le fait que Sayda Mariama, en plus d’être attachée à l’enseignement du Saint Coran, accorde une attention particulière à l’enseignement classique.
Décoration à l’Ordre national du Lion
Son parcours de travailleuse et de fervente éducatrice a valu à Sayda Mariama Niass des hommages de reconnaissance à travers le monde et dans son propre pays. Pour avoir donné à l’enseignement du Coran ses lettres de noblesse, pour avoir représenté le Sénégal partout, la République lui a rendu un hommage bien mérité. Et cela continue. Si les présidents Wade et Diouf l’ont soutenue en de multiples occasions, le président Macky Sall est allé plus loin. En 2016, il l’a décorée de la médaille de l’Ordre national du Lion pour services rendus à la nation.
En plus des autorités étatiques, les chercheurs et universitaires du pays ont décidé de lui rendre hommage, de son vivant. C’est dans ce sens que le directeur de l’Institut islamique de la grande mosquée de Dakar lui a consacré un ouvrage entier.
En effet, Oustaz Thierno Ka, en collaboration avec l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, à travers son Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) dans ses rubriques d’hommages aux grandes figures islamiques du Sénégal, lui a consacré un ouvrage d’une cinquantaine de pages. Et travers ce dernier publié en 2013, l’islamologue Thierno Kâ retrace le riche parcours de cette dame au teint clair, de petite taille, mais grande par l’esprit.
Le monde du cinéma s’est aussi associé à ces hommages à Sayda Mariama Niass. A cet effet, le journaliste et réalisateur Cheikh Adramé Diop lui a consacré un documentaire de 58 minutes qui revient sur son parcours atypique. Deux ans de tournage, plusieurs pays visités, de longs séjours à Kaolack et au village de Kossi ont permis au journaliste de produire un film de haute facture sur la dame. Ses enfants, ses frères, sa famille proche et des oustaz tels qu’Aliou Sall, feu Barhama Diop et de nombreuses personnalités qui sont passées par son Daara y font des témoignages touchants. Sans compter les habitants de Kossi, ces vieux qui ont vécu, à l’époque de Cheikh Ibrahima Niass, y racontent l’enfance de Ya Sayda.
Adramé Diop est tout simplement parti à la source pour ressortir la vie de cette dame devenue une icône de l’enseignement coranique et surtout de la modernisation des Daara au Sénégal. Et ce, depuis longtemps. Chez Sayda Mariama, il n’a jamais été question de talibés qui mendient dans la rue. Au Daara Qu’ran Al Karim, on s’habille comme à l’école moderne. ‘’Le Coran est saint, on doit l’apprendre avec un corps propre et surtout dans un esprit tranquille’’, estime l’éducatrice.
Agée aujourd’hui de 88 ans, Sayda Mariama refuse de prendre sa retraite. Elle continue d’enseigner à ses petits-enfants et certains mômes qui fréquentent le Daara de Mermoz où elle vit actuellement.