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28 novembre 2024
Femmes
POLICE, LA PERCÉE SILENCIEUSE DES FEMMES VERS LES SOMMETS
Leurs périodes de passage à la Police sont différentes, leurs responsabilités aussi, les femmes, surtout celles qui ont atteint des postes de responsabilités importants, ont marqué l’histoire de la police nationale
En 2019, la Commandant Seynabou Diouf de la Police nationale du Sénégal a été élue Meilleure policière du système des Nations Unies, pour son service au sein de la MONUSCO à Goma, dans le Nord-Kivu. Ce n’est pas la première fois qu’une telle distinction est décernée à une Sénégalaise. Seynabou Diouf est la deuxième à être honorée, après la Commissaire divisionnaire Codou Camara, en 2015. Auparavant, l’Inspectrice générale de Police, Anna Sémou Faye, a passé plus de 2 ans à la tête de ce corps. Une autre première dans l’histoire du Sénégal. Toutefois, pour la Commandant Seynabou Diouf, la distinction onusienne arrive donc comme une fleur de plus dans un parcours riche d’une quarantaine d’années dans cette institution, depuis que les Commissaires Aby Diallo et Codou Camara en ont ouvert les portes aux femmes. Leurs parcours ne sont pas isolés et montrent que les femmes frappent avec bonheur et honneurs aux portes de ce corps.
Leurs périodes de passage à la Police sont différentes. Leurs responsabilités aussi. Mais pour le journaliste et analyste des questions de défense et de sécurité Pape Sané, les femmes, surtout celles qui ont atteint des postes de responsabilités importants, ont marqué l’histoire de la Police nationale du Sénégal. «Les femmes ont su imprimer sa marque partout où elles sont passée dans ce corps. Elles ont aussi fait montre d’un leadership certain», opine-t-il. Les exemples ne manquent pas pour l’illustrer. Depuis, le Commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle Aby Diallo, ancienne Directrice des passaports et titres de voyages, qui a été l’initiatrice du Bureau des passeports au Commissariat de Dieuppeul («c’est elle qui a eu à faire les démarches. C’est elle qui a eu à convaincre les partenaires et à monter l’infrastructure»), le képi se porte ainsi avec bonheur sur la tête des femmes.
L’empreinte des femmes dans le corps de la Police c’est aussi, souligne Pape Sané, des agents comme Joséphine Sarr Diallo, qui a eu à être commissaire central de Dakar. Ou encore Aby Diallo, qui fût Directrice de la Police de l’air et des frontières. Mais surtout Anna Semou Faye, ancienne Directrice de la Police judiciaire. Elle reste aussi la seule femme à avoir étrenné le grade d’Inspectrice générale de Police et la seule Directrice générale de la Police nationale. Beaucoup n’ont pas eu à atteindre ce grade, mais cela n’a pas été un obstacle dans la persévérance des femmes, dont certaines ont fait la fierté de ce corps. «Avant la refonte du statut de la Police (entamée en 2000 sous le général Mamadou Niang et terminée en 2009), il y avait deux corps des Commissaires de Police. Le corps des Officiers de Police et le corps des Inspecteurs. Une femme comme Khary Sidibé, qui a dirigé les Commissariats de Bel-Air et de Reubeuss alors qu’elle était Officier de Police, a ainsi rempli des tâches à la hauteur de celles des Commissaires de Police ou en a fait plus. Ça prouve qu’elle était une battante», rapporte Pape Sané.
«DANS LES EFFECTIFS, LES FEMMES PLUS PERFORMANTES QUE LES GARÇONS»
Cheikhna Keita, président du Mouvement national des policiers à la retraite du Sénégal, tous corps confondus, n’a que de bons mots pour parler de la féminisation de la Police. Il la salue et regrette même le fait qu’elle a tardé à se matérialiser. «Le Sénégal a mis du temps à recruter des femmes. Dans les effectifs, on s’est rendu compte qu’elles sont plus performantes que les garçons.. La Police avait besoin de ces femmes parce qu’elles sont plus ouvertes, plus dynamiques. Et même dans la circulation, quand vous êtes interpellé par une femme, vous savez qu’elle est là pour vous appliquer la loi. En plus, elles ne sont pas aussi venues à la Police par hasard. Elles ont plus de diplômes que les hommes. Or c’est la compétence que nous demandons à notre Police», souligne-t-il.
M. Keïta déplore qu’elles soient moins représentées que les hommes dans les effectifs. «Les femmes ont un quota moindre. Nous devons faire de sorte que l’autorité puisse créer un équilibre. On a besoin d’elles pour que la Police retrouve sa place des années avant la radiation (Ndlr : 1987). Je veux dire la première en Afrique». Ce déséquilibre, malgré leurs compétences, se mesure aussi dans leur présence au niveau des instances internationales. «Dans les missions onusiennes, sur 142 éléments il y a que 7 ou 8 femmes. Ce n’est pas normal», déplore M. Keïta.
Avec la création de quotas, on aurait pu penser à un problème de niveau. Mais, ce sont des femmes aux têtes bien faites qui frappent désormais aux portes. M. Keïta pense néanmoins qu’une discrimination (positive) doit leur ouvrir davantage les rangs. «Demander aux femmes ayant le niveau du Bfem de passer par l’Armée avant d’intégrer la Police doit être revue. L’ancien président Abdoulaye Wade avait supprimé cette barrière pendant 5 ans. Il va falloir revenir sur cela. Il faut faire en sorte que les femmes viennent en force dans la Police », préconise M. Keïta.
LES FEMMES DANS LA SECURISATION DES PERSONNES ET DE LEURS BIENS : Près d’une trentaine de Commissaires pour relever des défis
En cette période ou la pandémie du Covid-19 dicte ses lois, un couvre-feu est instauré de 20h à 6h du matin. Les Forces de défense et de sécurité sont appelées à faire respecter la mesure. Parmi celles-ci, figure des femmes Commissaires de Police. Elles sont aux premiers rangs dans ce combat, comme dans bien d’autres. A la Médina, quartier populeux, où des jeunes défient parfois le dispositif sécuritaire, c’est une dame qui est aux commandes. Le Commissariat de Thiaroye, en banlieue dakaroise, est dirigé par une femme. Le Commissariat de Police de l’île à Saint-Louis est également commandé par une femme. Ailleurs, c’est le même constat. Des commissariats de zones stratégiques sont dirigés par des dames. C’est le cas de Dieuppeul, Dakar-Plateau, Guédiawaye, entre autres.
Des femmes sont aussi à la tête de départements. Ainsi, la Brigade des mœurs, la Brigade touristique, la Division de la cyber-sécurité sont toutes sous la Direction de femmes. Elles ont également une présence remarquable au niveau des services de renseignements. Un des quatre Commissariats spéciaux que compte le Sénégal, est dirigé par une dame. En somme, elles sont presque une trentaine de Commissaires dans les rangs pour bien assurer la sécurité des personnes et de leurs biens.
A côté des femmes commissaires, des agents s’illustrent aussi de manière remarquable dans l’exécution des tâches. En mars 2019, invitée sur le plateau du Grand Jury de la Radio futurs medias (Rfm), l’ancienne patronne du Bureau des relations publiques de la Police nationale, la Commissaire Tabara Ndiaye, avait indiqué qu’il y avait à l’époque environ 500 femmes dans le corps.
MEILLEURE POLICIERE DE L’ANNEE 2019 : Commandant Seynabou Diouf, la fierté onusienne
«Nous sommes vraiment fiers de vous. Vous faites honneur à votre pays. Vous faites honneur au maintien de la paix, aux Nations Unies et vous êtes une source d’inspiration pour tout le monde. Vos collègues, pour nous tous ici de New-York et pour les populations vulnérables que vous contribuez à protéger. Vous avez toutes nos félicitations et toute notre gratitude». C’est la Commansant Seynabou Diouf, une policière sénégalaise lauréate 2019 du Prix de la Policière des Nations Unies pour son service au sein de la Mission des Nations des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) à Goma, dans le Nord-Kivu qui revait ainsi les honneurs de l’Onu. C’était à New York, au siège des Nations Unies, le 5 novembre 2019, lors de la réception du prix onusien de la Policière de l’Onu de l’année 2019.
La distinction lui a été remise par le Chef des Opérations de la Paix de l’Onu, Jean-Pierre la Croix. Elle récompensait une carrière bâtie sur un terrain d’habitude réservé aux hommes. Sur le site Onuinfos, elle témoigne, dans une vidéo : «J’ai rejoint la Police nationale sénégalaise, le 15 octobre 1985. C’était avec un jour de retard. Ils avaient ouvert les classes le 14 octobre, mais avaient oublié qu’il y avait une femme recrutée : moi. Les années précédentes, il n’y avait jamais eu de recrutement féminin dans cet ordre des gardiennes de la paix. Si le corps de la Police était ouvert aux Officiers, aux Inspecteurs et aux Commissaires, le reste était fermé aux femmes. Ce n’est que le lendemain qu’on a appelé pour dire qu’il y avait une femme dans la promotion et qu’elle n’était pas encore là. Le 15 octobre 1985, j’ai rejoint les rangs, un jour après les hommes».
Officier de Police avec une expérience de plus de 33 ans dans divers domaines, son souhait n’était pas tout d’être une policière. Issue d’une famille élargie, elle voulait être docteur. De brillantes études ont balisé cette profession de foi. Mais, voulant être au chevet d’un père fonctionnaire qui était sur le point d’aller à la retraite, elle a mis un terme à son souhait de devenir médecin. La Police lui tend alors les bras. Avec deux options au choix : le concours des Officiers et celui des Gardiens de la paix. Le second lui réussit.
Réservé jusqu’alors aux hommes ayant accompli le service militaire, il allait cette fois consacrer sa «première dame», en la personnes de Seynabou Diouf. «La formation a été dure. Les exigences étaient hautes. On demandait à une femme de faire au moins 1 m 65 contre 1 m 80 pour les hommes. Physiquement c’était demandant. On est sortis avec deux majors, dont moi-même et un autre homme. Depuis lors, je n’ai jamais cessé de vouloir m’imposer un comportement strict pour pouvoir donner envie aux jeunes femmes de rejoindre la Police nationale».
Ce prix des Nations unies dont elle est la 2ème sénégalaise à recevoir, après la Commissaire divisionnaire Codou Camara, en 2015, illustre son parcours et ses sacrifices. Elle honore également le Sénégal qui compte parmi les cinq principaux pays contributeurs de personnel féminin de Police au monde dans les Forces onusiennes.
DIRECTRICE DE LA POLICE NATIONALE : Anna Semou Faye, la dame au sommet du commandement
Le 21 octobre 2015, dans l’enceinte de l’école nationale de la police et de la formation permanente, Anna Sémou Faye cède son fauteuil de directeur de la Police nationale. Pour lui succéder, le commissaire Oumar Mal. Mme Faye venait de boucler 2 ans et 2 mois de magistère et sa carrière constituait un repère dans les annales du Sénégal. «M. Macky Sall m’a élevée à un niveau jamais atteint par une femme dans ce pays», notait-elle dans son discours d’adieu.
A sa suite, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique d’alors, M. Abdoulaye Daouda Diallo, qui présidait la cérémonie, lui portait une «couronne de fleurs» : «Durant 26 mois, connue et appréciée par ses qualités de rigueur, sa riche expérience, son engagement constant pour la bonne cause et sa grande capacité de travail, Anna Sémou Faye a écrit des lettres de noblesse dans les plus belles pages de l’histoire de la police. Elle est la première femme à diriger de main de maître cette prestigieuse institution».
Le commissaire Oumar Mal remplaçait donc une référence. Il reconnaissait ainsi : «Elle a écrit l’une des plus belles pages de la police. C’est un honneur pour moi de la remplacer en vue de poursuivre son œuvre écrite en lettres d’or dans les annales de la police».
Pour le journaliste et analyste des questions de défense et de sécurité, Pape Sané, «le passage d’Anna Semou Faye à la tête de la police a suffisamment prouvé que les femmes étaient de grandes meneuses.
ENTREE DES FEMMES DANS LA POLICE : Médoune Fall, le précursseur
L’entrée des femmes dans la Police a commencé avec Médoune Fall, ministre de l’Intérieur entre janvier 1981 et avril 1983 sous le magistère du président Abdou Diouf. Les premières femmes à accéder au corps sont le commissaire Aby Diallo et Codou Camara. Après elles, Pape Sané, indique que la promotion de l’ancienne directrice de la police, Anna Sémou Faye a en suivie. Seulement, ajoute-t-il, à la décision de Médoune Fall, d’intégrer les femmes dans la Police, les corps subalternes comme les gardiennes de la paix, n’étaient pas concernés. Il a fallu explique-t-il, l’arrivée d’Ibrahima Wone (successeur de Médoune Fall au ministère de l’Intérieur) pour que les portes de ce corps soient ouvertes aux femmes. « L’une des premières à faire ce concours est de la 20éme promotion. Elle s’appelle Seynabou Diouf, récemment décorée comme policière de l’Onu, alors qu’elle était en mission au Congo », affirme-t-il.
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À LA DÉCOUVERTE DE L'EXPOSITION ARTUELLES-INTERFÉRENCES
L'exposition virtuelle d'arts plastiques qui met en exergue la créativité féminine au Cameroun et en Afrique, a été lancée le 25 avril dernier par sa conceptrice, l'architecte Danièle Diwouta-Kotto, à Douala
L'exposition virtuelle d'arts plastiques qui met en exergue la créativité féminine au Cameroun et en Afrique, a été lancée le 25 avril dernier à Douala. Selon l'architecte et conceptrice du projet, Danièle Diwouta-Kotto, il s'agit à travers ce rendez-vous artistique, de donner de la visibilité à la créativité féminine d'Afrique francophone beaucoup moins en vue à l'international que leur paire anglophone.
par Molase
HOMMAGE AUX BADIENOU GOKH
Ces instants de crises révèlent l'importance de vos actions. Vous vous exposez sans contrepartie au danger. Votre implication dans la gestion de la pandémie, sur toute l’étendue du territoire, est à saluer
Les connaissez-vous, ces dames ? L'armée courageuse ou le bataillon des cœurs rythmés. Les infatigables démineuses des explosifs destructifs des masses, sous nos tropiques. Vaillantes volontaires de l’équité sociale. Recevez les honneurs !
Hommage au président Abdoulaye Wade, le fondateur du concept. A travers une vision éclairée et une approche sociale profonde, ingénieuse, une astucieuse idée est née dans notre pays.
L'initiative Badienou Gox vit le jour en 2010, ces milliers de marraines sont localisées dans chaque quartier, des 565 communes du Sénégal. Elles constituent une garantie sociale. Certes, sur le long terme. Mais à coup sûr les évolutions sont palpables et efficaces. Elles sont engagées dans la santé de la reproduction, dans l'alimentation des bébés, la déclaration des naissances, la vaccination et elles sont décisives dans la protection de l'enfance.
Ce dispositif important, au service du social, sème les graines du futur. Son champ d'intervention est un maillon important du tissu social, pour une victoire dans le futur. Elles contribuent normativement à la recherche de l’équité sociale par le moyen de l’égalité des chances. La santé et l'action sociale se joignent au quotidien. Elles sillonnent les maisons sous la chaleur pour le recensement et le suivi des grossesses. Elles s'activent pour le respect des dates de vaccination et s'arrogent le contrôle de l'alimentation des nourrissons.
Une jeunesse bien portante est un espoir pour toutes les nations et à fortiori nos États avec des taux élevés de populations juvéniles. Elles se situent à la première rampe de la construction du futur.
Le constat de l'importance des Badienou Gokh nécessite un certain nombre de dispositions. Permettez-moi de faire quelques propositions, pour que notre pays puisse voir très vite les retombés de leurs engagements :
1- Une régularisation de leurs statuts, elles ne peuvent pas être à la hauteur des missions tant qu'elles resteront bénévoles. Elles méritent une intégration dans la fonction publique avec des revenus ;
2- Une étude sérieuse sur l'impact de l'initiative, après une dizaine d'années d'existence. Cette dernière pourrait conduire à la création d'un nouveau métier et d'une nouvelle formation appelées Badienou Gox.
Ces instants de crises révèlent l'importance de vos actions. Vous vous exposez sans contrepartie au danger. Votre implication dans la gestion de la pandémie, sur toute l’étendue du territoire, est à saluer. Vos qualités transversales basées sur la connaissance du terrain, sont utiles à tous les niveaux de la chaine de lutte. Respect à vous !
CORONAVIRUS : "CE QUI FAIT TENIR LA SOCIÉTÉ, C'EST D'ABORD UNE BANDE DE FEMMES"
Christiane Taubira rend hommage aux femmes, "majoritaires dans les équipes soignantes, aux caisses des supermarchés, dans les équipes qui nettoient les établissements"
Le ton martial ("Nous sommes en guerre") du président Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du 16 mars dernier, n'était pas le bon, a jugé lundi 13 avril sur France Inter Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice. "Je pense que des femmes en situation d'autorité, de pouvoir, auraient abordé les choses différemment", a-t-elle ajouté. "Elles auraient vu plus facilement que ce qui fait tenir la société, c'est d'abord une bande de femmes", a salué Christiane Taubira, rappelant qu'elles sont "majoritaires dans les équipes soignantes, aux caisses des supermarchés, dans les équipes qui nettoient les établissements".
"Je n'ai pas envie de sombrer dans la facilité et dire que le président s'est trompé de registre, a déclaré Christiane Taubira. Il a probablement intentionnellement voulu secouer les consciences et bousculer les emportements. Ceci étant, je pense très sincèrement que des femmes en situation d'autorité de pouvoir auraient abordé les choses différemment.Plutôt que d'avoir recours à ce corpus viril, martial, sans doute qu'elles auraient vu plus facilement que ce qui fait tenir la société, c'est d'abord une bande de femmes, parce que les femmes sont majoritaires dans les équipes soignantes - même si nous saluons aussi avec autant gratitude les hommes - parce que les femmes sont majoritaires aux caisses des supermarchés, parce que les femmes sont majoritaires dans les équipes qui nettoient les établissements qui travaillent encore, et qu'elles sont souvent majoritaires dans la fonction publique qui tient encore."
"Et elles le font depuis longtemps ou presque. Depuis toujours, ce sont les femmes qui portent les métiers de soin, le soin en général, dans sa conception la plus large", a expliqué l'ancienne Garde des Sceaux.
"Il ne s'agit pas de révoquer les hommes" pour autant, a plaidé Christiane Taubira. "Mais c'est un effet de loupe tout à fait intéressant et qui doit interroger la société, qui doit interroger le pouvoir dans sa nature, dans sa masculinité et dans ses projections viriles. Qui doit nous interroger, nous, parce que la source du pouvoir, c'est nous, nous sommes encore une démocratie. Qui doit nous interroger aussi sur l'impact du regard sur la société", a développé l'ancienne ministre, qui a rappelé que "le patrimoine, le corpus culturel des femmes, historiquement, est différent que celui des hommes, qui ont été dans des positions, de génération en génération, de domination".
L'AFFAIRE ROKIA TRAORÉ, SYMPTOMATIQUE D'UNE EXASPÉRATION POST-COLONIALE
Des mères africaines se sont reconnues dans l’affaire, emblématique d’un deux poids deux mesures dans le règlement des litiges chez les couples mixtes
Blog du Monde Diplo |
Sabine Cessou |
Publication 28/03/2020
La chanteuse malienne a été « élargie » de la prison de Fleury-Mérogis, où elle a passé quinze jours (et fait la grève de la faim), en raison d’un mandat d’arrêt européen lancé contre elle par la Belgique en octobre 2019 pour enlèvement, séquestration et prise d’otage de son propre enfant — sa fille Uma, 5 ans, qui vit avec elle à Bamako. Une remise en liberté qui « va lui permettre de se battre à la fois pour la levée du contrôle judiciaire dont elle fait encore l’objet à Paris, et contre le mandat d’arrêt en lui-même », précise son avocat Kenneth Feliho. Pour ce faire, elle va se pourvoir en cassation en France.
L’affaire oppose Rokia Traoré à son ex-compagnon Jan Goossens, ancien directeur du prestigieux Théâtre royal flamand (KVS), actuel directeur du Festival de Marseille. Un an après leur séparation en août 2018, et une première plainte déposée à Bruxelles par Rokia Traoré pour attouchements sexuels du père sur la fille, il a obtenu la garde principale de sa fille (60 % du temps) en première instance en Belgique. Une décision dont Rokia Traoré fait appel — appel en cours pour lequel elle s’est rendue à Paris, où elle a été arrêtée. Depuis, elle a porté deux autres plaintes pour attouchements, et elle ne « présente » l’enfant ni à son père, ni à la justice belge — qui a classé sa plainte sans suite. Or, l’article 432 du code pénal belge estime que retenir l’enfant dans un pays « étranger » représente une circonstance aggravante, passible de un à cinq ans de prison.
La scène artistique et intellectuelle remontée
Le contentieux privé s’est étalé sur la place publique, où les réactions ont été symptomatiques d’un « ras-le-bol » post-colonial diffus, qui dépasse largement ce fait divers. L’emprisonnement de la diva malienne a fait bouillir le monde artistique, intellectuel ainsi qu’une partie de l’opinion africaine et afrodescendante. Felwine Sarr, écrivain et économiste sénégalais, a le premier crié « au scandale » sur sa page Facebook. Youssou N’Dour, Salif Keita et Angélique Kidjo ont emboîté le pas.
Une pétition lancée par l’association belge de mères monoparentales, les Mères veilleuses, a rassemblé 30 000 signatures, tandis qu’une tribune publiée par Libération a estimé « inacceptable qu’à l’heure où il est de bon ton de distinguer l’homme de l’artiste, la mère, la femme, la Noire et la musicienne subissent sans égards un sort d’une telle violence ». Ce texte a été signé par Edgar Morin, Barbara Cassin, Achille Mbembe et Souleymane Bachir Diagne, entre autres sommités.
Simon Njami, commissaire d’exposition renommé, ancien directeur des Rencontres photographiques africaines de Bamako et maître d’œuvre de la Biennale des arts de Dakar en 2016 et 2018, a transmis au Monde diplomatique ce billet d’humeur : « Cette année 2020 où à la demande du Président de la République devrait s’ouvrir Africa 2020, la Saison artistique africaine, le signe qui vient d’être donné aux artistes africains est pour le moins clair : vous serez traités comme des moins que rien. Et la criante contradiction entre les discours et les faits me contraint à me demander ce que la France attend de l’Afrique et des Africains. Imaginez un instant Élisabeth Huppert ou Catherine Deneuve accueillies de la sorte dans un quelconque pays. L’événement provoquerait un scandale planétaire. Mais que pèse l’Afrique dans le débat international ? Que pèse l’Afrique dans la conscience de l’ancien colonisateur ? Bien peu semble-t-il. »
Deux poids deux mesures
Des mères africaines se sont reconnues dans l’affaire, emblématique d’un deux poids deux mesures dans le règlement des litiges chez les couples mixtes. Le cas Rokia Traoré irrite d’autant plus en Belgique que l’un des avocats de Jan Goossens s’est forgé une réputation de misogyne notoire. Sven Mary a dit à la presse en mars 2019 qu’il n’engagerait plus de femme stagiaire dans son cabinet. La raison ? Une mauvaise expérience avec une jeune femme « qui prétendait avoir eu une mauvaise évaluation à cause du fait qu’elle n’avait pas cédé à mes avances, et je ne veux plus m’exposer à ce genre de risque ». Et de préciser : « Évidemment, elle a fait chou blanc car sa plainte n’était basée sur rien ». De son côté, une ancienne employée du KVS, à Bruxelles, n’est pas étonnée du jusqu’au-boutisme de Jan Goossens, qu’elle décrit comme un « dictateur qui faisait régner la peur au théâtre », et dont le « seul comportement a incité beaucoup de collègues à signer la pétition pour Rokia Traoré, même si nous ne la connaissons pas ».
La chanteuse, qui a la double nationalité française et malienne, et dont la fille a la double nationalité belge et malienne, refuse de se plier à une justice belge à laquelle les mères afrodescendantes reprochent un lourd passif colonial. En Belgique, l’enfant d’un couple mixte se verrait le plus souvent confié au conjoint belge de souche, estimé a priori comme un parent plus responsable, dénoncent des collectifs.
L’histoire particulière des métis belgo-africains
Pour mémoire, les enfants métis des colonies belges (République démocratique du Congo, Rwanda et Burundi) ont fait l’objet d’une « ségrégation ciblée », ne devant se mélanger ni avec les colons belges, ni avec les « indigènes ». Entre 14 000 et 20 000 d’entre eux ont été arrachés à leur mère africaine avant les Indépendances pour être confiés à des religieux, dans des orphelinats ou des pensionnats. Entre 1959 et 1962, un millier de métis ont été « rapatriés » en Belgique, séparés de leurs mères et de leurs fratries, pour être placés auprès de familles d’accueil ou d’institutions. Les 90 % qui n’étaient pas reconnus par leur père n’avaient pas la nationalité belge, et ont dû se battre pour l’obtenir.
Le drame n’a fait l’objet d’excuses officielles de la Belgique qu’en avril 2019, par la voix du premier ministre Charles Michel. François d’Adesky, cofondateur de l’association Métis de Belgique, né en 1946 d’un père belge employé d’une société minière et d’une mère rwandaise, a vu son long combat enfin reconnu.
« Je souhaite aussi exprimer notre compassion envers les mamans africaines, dont les enfants leur ont été arrachés », a déclaré à cette occasion le premier ministre, souhaitant que « ce moment solennel soit une étape supplémentaire vers une prise de conscience de cette partie de notre histoire nationale ».
Quoi qu’il en soit, les parents africains ou afrodescendants qui entrent dans des litiges autour de la garde de leurs enfants estiment avoir du mal à faire valoir leurs droits. Un chercheur italien, Maurizio Ambrosini, a pointé dans la Revue européenne des migrations internationales la « complexité » par nature des situations familiales transnationales. En France, la récurrence des litiges au sujet d’enfants issus de couples franco-algériens a donné lieu à des conventions entre les autorités des deux pays. Mais faute de statistiques et d’enquêtes sur le sujet précis des couples mixtes afro-européens, un sentiment d’injustice diffus émerge dans le débat public en Belgique.
« Il y a un patriarcat et un racisme encore largement inconscients dans les tribunaux belges, même chez les avocats et même quand le père est africain, témoigne ainsi une mère belgo-béninoise qui s’est battue pour obtenir une pension alimentaire. J’ai dû me justifier auprès du juge sur l’utilité des dépenses pour les loisirs de mes enfants, comme s’ils n’en avaient pas besoin. J’ai été choquée d’entendre des propos au tribunal sur un prétendu « modèle de famille africaine » dans lequel le père serait de toute façon absent. C’est très humiliant ».
Passeport diplomatique malien
Certains se demandent pourquoi Rokia Traoré a choisi de faire escale à Paris, où elle savait qu’elle se jetait dans la gueule du loup, même avec son passeport diplomatique malien — que la police française lui a indiqué « ne rien valoir » dans son cas — au lieu d’aller directement à Bruxelles. Déjà arrêtée une première fois à Dakar, en octobre, elle avait été libérée après intervention des autorités sénégalaises auprès d’Interpol. Elle a ensuite passé deux jours de garde à vue à Paris fin novembre, en route vers la Russie, après une escale à Bruxelles, où le juge d’instruction lui a donné deux mois pour « présenter » l’enfant à son père, puis encore un mois en janvier 2020.
Son passage en prison, retentissant, devrait faire bouger les lignes — et pas seulement pour son seul cas. La décision de la justice belge est remise en question par les avocats, d’autant plus que le Mali a rendu un jugement en référé — qui ne pèse pas plus lourd en Europe qu’un passeport diplomatique malien — confiant la garde exclusive de la fillette à sa mère.
En dehors de cet imbroglio, pour nombre d’observateurs africains, toute l’affaire relève d’une question de principe : pour un seul cas symbolique et aussi médiatisé que celui de Rokia Traoré, qu’en est-il de tous les anonymes africains qui traversent ce type de conflit ? Si le sort réservé à une ambassadrice de la culture ouest-africaine heurte autant, c’est qu’il renvoie à un profond mépris, dénoncé en ces termes par Koyo Kouoh, commissaire d’exposition et directrice du musée d’art contemporain Zeitz Mocaa au Cap, en Afrique du Sud : « On ne peut nous célébrer et nous humilier en même temps ».
par Oumou Wane
PAS D'ÉMERGENCE SANS ÉGALITÉ DES CHANCES
Il est indispensable de faire progresser les normes sociales liées au genre, de promouvoir l'égalité et le respect entre les hommes et les femmes même s’il faut pour cela réviser le code de la famille
Ne nous le cachons pas, dans notre pays, l’un des principaux obstacles à l’émergence d’une société solidaire, harmonieuse et égalitaire est le machisme ambiant qui règne en maître et sa réticence au changement. Viols, violences faites aux femmes, féminicides, quand il ne s’agit pas de tueries d’enfants ou d’autres crimes de sang dont ils sont les victimes dans notre quotidien.
Cette situation est inacceptable, durant ces 12 derniers mois, plus de 20 cas de meurtres de femmes ont été perpétrés au Sénégal. C’est pourquoi, au lendemain de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, je veux rappeler l’importance de l’autonomisation des femmes et de l'égalité des genres pour le développement d’une nation digne de ce nom, où chaque fille et chaque femme peut vivre librement, sans harcèlement et sans violence, aller à l’école, participer à la vie sociale et recevoir un salaire égal à un homme pour un travail égal.
Lorsque les femmes se voient garantir l'égalité des droits, c'est l'ensemble de la société qui s’épanouit, en termes de développement de l'éducation, de la santé, c’est pour cela qu’il faut voir les choses en grand avec plus d’audace et d’innovation, car l’éducation et la santé des filles et des femmes sont des priorités absolues.
Notre président Macky Sall a rappelé hier en Conseil des ministres sa vision avant-gardiste sur le sujet et demandé à son gouvernement de « conforter le rôle des femmes dans la gouvernance publique en intégrant systématiquement l’approche genre dans la conception, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des politiques publiques ». Il a invité les ministres à veiller au renforcement permanent de l’autonomisation économique durable des femmes et à faire bénéficier davantage aux femmes rurales de l’encadrement et de l’accompagnement des structures et projets publics.
Il faut bien reconnaître une nette avancée des droits de la femme sénégalaise sous la gouvernance du président Macky Sall avec notamment la loi sur la criminalisation du viol et de la pédophilie qui garantit aux femmes et aux enfants une plus grande sécurité avec le durcissement des condamnations, lesquelles pourront aller jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité à l’encontre d’éventuels coupables.
Mais il faut faire plus et plus vite contre cette idéologie de la suprématie du mâle et ce comportement macho dans notre société.
Il faut briser les tabous qui entourent les violences contre les femmes. Les mutilations génitales et les mariages forcés qui certes reculent sous la mobilisation des femmes, mais restent une réalité obstinée. Ces filles mariées de force avant l’âge de 18 ans voient leurs droits à l’enfance et leur éducation bafoués, sans parler de leurs rêves brisés. Les mariages forcés et précoces maintiennent les jeunes filles dans des conditions de pauvreté et d’infériorité. Ces violences que subissent bien trop de petites filles, violences physiques ou sexuelles, crimes d'honneur, mariages forcés, mutilations génitales, sont insupportables. Leurs conséquences sont la peur, la culpabilité, la perte de l’estime de soi, l’isolement, la dépression.
Il est donc indispensable de faire progresser les normes sociales liées au genre, de promouvoir l'égalité et le respect entre les hommes et les femmes même s’il faut pour cela réviser le code de la famille.
Dans ce contexte alarmant, le sujet de l’autonomisation de la femme, qui s’entend souvent à travers l’entrepreneuriat féminin est une lueur d’espoir pour beaucoup d’entre nous.
En Afrique subsaharienne, 22 % des femmes en âge de travailler se sont récemment lancées dans l’entrepreneuriat. L’entrepreneuriat peut en effet être une alternative puissante pour les femmes face à des options d’emploi inexistantes ou précaires.
À ce titre, il faut saluer la création il y a deux ans de la Délégation générale à l’Entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes qui vient de tirer un bilan de ses deux années d’activité. Il en ressort que 56% des financements alloués depuis 24 mois par la DER, concernent l’autonomisation économique et que 1 894 entreprises ont bénéficié de financements créant ainsi des milliers d’emplois directs et indirects dans leurs secteurs d’activités.
Ce ne sont peut-être que des gouttes d’eau, mais qui valent mieux que les larmes d’une femme, et en priant pour que les années qui arrivent fassent une grande différence pour les femmes et les filles du Sénégal et du monde entier, je me console en me disant que l'océan est une multitude de gouttes d'eau.
LE FARDEAU DU VEUVAGE
Entre le regard des autres, les pesanteurs sociales et les enfants, il est difficile pour les veuves de rebondir. Avec elles, le veuvage va parfois bien au-delà de la période de viduité de quatre mois et dix jours prévue par l’Islam
« Pour le meilleur et pour le pire », mari et femme se le promettent au mariage. Le pire, c’est sans doute quand la mort frappe à la porte du couple et arrache l’un des deux conjoints à l’affection de l’autre, plongeant le dernier dans un veuvage qui ne finit très souvent jamais. Entre le regard des autres, les pesanteurs sociales et les enfants, il est difficile pour les veuves de rebondir. Avec elles, le veuvage va parfois bien au-delà de la période de viduité de quatre mois et dix jours prévue par l’Islam.
Sa mine joyeuse et son apparence attirante cachent bien le vécu d’une veuve qui traîne encore les stigmates de la perte de son mari il y a de cela dix ans. Intérieurement, Ndioba Fall, ancienne vendeuse de poisson, dit vivre le même chagrin qu’au moment où elle a perdu son âme sœur. « Le problème, ce n’est pas moi », s’empresse-t-elle de préciser. En effet, elle dit faire face à des contraintes sociales qui l’écrasent. « Même mon habillement est épié. Les gens ont tendance à penser que le deuil ne finit jamais. Il m’est arrivé de m’habiller en tenue moderne, mais les regards des autres étaient parlants. Même mes proches m’ont rappelée à l’ordre », se souvient la veuve. Et ces remontrances l’ont replongée dans le deuil. « Je me suis dit que j’étais condamnée », se morfond-elle. Le regard extérieur l’a plongée dans une bulle, et elle a du mal à en sortir.
Fatou Diagne, aujourd’hui active dans la haute couture, a subi, elle aussi, la dure épreuve du veuvage. Elle ne s’est toujours pas remariée, mais elle reconnaît avoir trouvé un nouveau souffle. « J’ai perdu mon mari à l’âge de 35 ans. J’avais deux enfants. C’est le seul homme que j’ai connu de ma vie. Sur le coup, je ne m’imaginais pas refaire ma vie avec un autre. Mais avec le temps, j’ai compris qu’il fallait plus ou moins tourner la page », dit-elle. Si au fond elle se sentait prête à rebondir, des questions taraudaient son esprit. Comment les enfants prendraient-ils l’arrivée d’un nouvel homme ? Qu’en diraient les proches ? L’ex-belle famille ? « Je n’ai jamais trouvé de réponses, mais en discutant çà et là, je me suis dit que c’est mon destin », confie Fatou Diagne.
Pour la sociologue Ndèye Bercy Kane, le veuvage est encore plus pesant pour la femme qui travaille. En effet, après le deuil, l’éplorée doit forcément retourner à son lieu de travail. Mais le drame, c’est que ses moindres faits et gestes sont épiés, note la sociologue. « Elle ne doit plus s’habiller comme avant. Ce qui constitue un blocage psychologique qui, à terme, peut changer sa vie. Parce que, quelles que soient les circonstances, il est toujours difficile de rebondir après un deuil, si en plus, on doit faire avec le regard de la société, le veuvage devient presque éternel », analyse-t-elle.
L’équation des enfants
Si aujourd’hui Fatou Diagne s’est refait une nouvelle jeunesse comme le laisse apparaître sa belle mine, elle n’arrive pas à trouver chaussure à ses pieds. « La plupart des hommes, quand ils découvrent que tu as des enfants, font machine arrière. Ils ont peut-être peur d’être rejetés par les enfants d’autrui », pense-t-elle.
Cette dame, vendeuse de beignets, en a fait l’expérience. Elle témoigne sous le couvert de l’anonymat. En effet, même si elle reconnaît traîner encore le poids du veuvage, elle était prête à rebondir, mais s’est heurtée à la réticence de ses enfants. « Ils sont restés très proches de moi. Quand j’ai fait la connaissance d’un homme qui était prêt à m’épouser, je me suis confiée à un de leurs oncles pour avoir leur avis. Mais depuis lors, ils sont devenus distants avec moi. Je l’ai très mal pris au début. Mais j’ai fini par comprendre leur attitude », témoigne la dame, le regard meurtri.
Regain de spiritualité
Rouguy, elle, a perdu son mari après deux ans de mariage, laissant derrière lui un bébé de deux ans. Très marquée par ce drame, elle ne s’est toujours pas remise. Sa vie se limite aujourd’hui à la prière et aux soins de son enfant. « C’est vrai que j’ai fini la période de veuvage, mais je ne me suis pas départie du voile et je ne le regrette pas. C’est une partie de moi que j’ai perdue. À chaque fois que je regarde mon fils qui lui ressemble terriblement, l’image de mon défunt mari me revient », se confie-t-elle. N’ayant toujours pas quitté le domicile conjugal, Rouguy se réjouit d’avoir la chance de pouvoir compter sur une belle famille aimante. Devenue très pratiquante, elle a mémorisé le Coran durant cette période de viduité.
Presque dans le même cas, N. S. ne s’est jamais remariée depuis qu’elle a perdu son mari il y a de cela dix ans. « Peut-être que je fais peur ou c’est parce que je suis un peu trop âgée », s’interroge-t-elle. Seule, sans mari, ni enfant, N. S. n’a qu’un seul recours : la prière. « C’est tout ce qui me permet de ne pas flancher », dit-elle.
Veuves, porte-malheur ?
En plus de n’avoir pas eu d’enfants, N. S. perd son mari. Un drame qui la plonge dans une profonde solitude. Comme si son désarroi ne suffit pas, elle doit faire face au regard d’une société qui l’a, à la limite, stigmatisée. « Je vis très difficilement mon veuvage. Au vu de la société, une veuve porte malheur. Au début, quand je sortais, je sentais cette méfiance. Et le fait que je n’ai jamais eu d’enfants n’a fait que conforter cette croyance. Du coup, j’étais obligée de ne sortir que la nuit. Ma vie a été plus métamorphosée par ce regard que par la perte de mon mari », témoigne-t-elle. Selon le vendeur de lait Aliou Dème, la soixantaine sonnée, dans son Thilogne natal, les considérations à l’endroit des veuves sont encore plus compliquées, surtout s’il s’agit d’une femme qui a perdu deux maris. « Elle est isolée même au sein de sa famille. Il est même dit que quand on rencontre une femme pareille, on revient sur ses pas et, si on est courageux, on lui jette un morceau de charbon », raconte-t-il.
Remariage : le lévirat et le sororat de plus en plus prisés
Très souvent, dans certaines ethnies, le mari qui perd son épouse se voit proposer une parente proche de sa défunte. Une pratique appelée sororat qui, dans certaines familles, peut peser sur l’ambiance. Sous le couvert de l’anonymat, A. D. révèle que sa famille s’est transformée quand, suite à la mort de sa mère, son père a épousé une de ses tantes. « La sœur de ma défunte mère et moi sommes presque de la même génération. Elle était attentionnée, toujours aux petits soins, mais il nous était impossible d’admettre que c’est elle qui occupe désormais la place de maman dans le foyer. Nos relations ont changé », confie-t-elle.
Cette dame, sous le couvert de l’anonymat, s’est remariée au petit frère de son défunt époux. Mais ce lévirat ne se passe pas très bien car elle vit difficilement les relations froides entre ses enfants et son mari. « Je sens une certaine jalousie. Parce que c’est quelqu’un de très collant. Dans une vie normale, ce ne serait peut-être pas de trop, mais le contexte fait que les enfants l’acceptent difficilement », tente-t-elle d’analyser.
MEURTRE DE MARIÈME DIAGNE : LE PASSÉ CARCÉRAL D’ASSANE GUÈYE RESSURGIT
Assane Gueye le présumé meurtrier de Marième Diagne, la jeune fille poignardée à mort alors qu’elle était en état de grossesse, a un passé carcéral. L’homme a déjà fait de la prison suite à une condamnation à 2 mois de prison ferme pour vol d’ordinateur.
D’après ses confessions au cours de son audition complémentaire, hier mardi, 10 mars, par les enquêteurs du poste de police de Nguinth, les faits remontent à 2014. Marchand ambulant à l’époque, il écoulait ses marchandises entre Mbour et Thiès. Pris en flagrant délit pour vol d’ordinateur, il sera jugé au Tribunal de grande instance et purgera sa peine à la Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Thiès.
Dans les colonnes de L’Obs de ce mercredi, sa mère, Sokhna Ndiaye Touré, le décrit "un garçon perturbé qui ne fait que des bêtises". Le 7 mars 2020, Assane Guèye fera le trajet du Maroc à Thiès, pour réclamer un montant de 3 millions F CFA, à son ex-petite amie, Marième Diagne, 25 ans, qu’il a poignardée à mort.
Avant de passer à l’acte, il a eu à un échange téléphonique avec l’époux de la victime, Cheikh Faye. Ce dernier, alité ce samedi tragique à la suite d’une opération subie à l’épaule, demandait des comptes à Assane Gueye, après que son épouse lui a dit que ce dernier l’avait menacée de mort. Le rival aurait nié les faits, soutenant que la jeune étudiante lui devait une somme d’argent. Somme que l’époux acceptait de lui payer à la condition qu’il lui apporte les preuves des transactions financières. Mais Assane est passé à l’ignoble acte, le même jour. Ce, après que la défunte et sa maman se sont rendues à la police pour déposer une plainte, sur recommandation du mari, pour menaces de mort.
La jeune femme a été inhumée hier au cimetière Gouye Tékhé du quartier Médina Fall. Venu d’Espagne, le veuf a tenu à assister à l’inhumation, rendant hommage à son épouse qu’il décrit comme "une femme modèle, exemplaire et obéissante". Il a porté plainte contre Assane Gueye, qui sera présenté, aujourd’hui, au Procureur Thierno Demba Sow.
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MOI, MARIE MADELEINE
Ses fausses couches, son amour pour Jacob, sa carrière…Marie Madeleine Diallo se livre
Elle a fait les beaux jours de la comédie, avant de disparaitre de la scène pendant un bon moment. Récemment, elle est réapparue sur le petit écran, à travers la série «Idoles». Des séquences qui ont eu le don de replonger les amoureux du théâtre dans les années 90, où la troupe «Bara Yégo» faisait tabac dans les ménages sénégalais.
IGFM est allé à la rencontre de Marie Madeleine Diallo à Saint-Louis. Dans cette interview, elle nous parle de sa longue absence, du décès de son époux, de ses fausses couches et de ses enfants mort nés, de ses 8 grossesses alors qu’elle n’a que deux enfants (un garçon et une fille), de sa carrière, de son amour pour Jacob, entre autres…
Rappelons que Marie Madeleine Diallo est née en 1948 à Saint-Louis du Sénégal, actrice sénégalaise et ancienne animatrice de la radio Rts, elle commence à se faire remarquer lors des spectacles de fin d’année organisés à l’école Saint Joseph de Cluny à Saint-Louis. À 16 ans, elle intègre la section théâtrale de l’association culturelle et sportive « La Saint-louisienne ».
En 1975, elle devient animatrice sur la radio RTS Saint-Louis, puis rejoint en 1983 la troupe théâtrale du même média. Elle interprète plusieurs pièces radiophoniques sur les ondes. En 1990, sa prestation dans le téléfilm « Bara Yegoo » lui offre une renommée nationale au Sénégal.
Elle est la veuve de l’artiste peintre Jacob Yakouba, décédé en 2014. Elle est la sœur des musiciens sénégalais Edouard Valfroy et Benjamin Valfroy. En 2014, Marie Madeleine Diallo est élevée au grade d’officier de l’ordre national du mérite par le président de la République sénégalaise, Macky Sall.
En 1992, le chanteur Youssou Ndour lui avait dédié une chanson intitulée Marie – Madeleine, la Saint-Louisienne dans l’album «Eyes Open ». A l’occasion de la journée internationale de la femme, elle a accepté de recevoir chez elle à Saint-Louis, une équipe de IGFM.