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26 avril 2025
Femmes
LA BONNE AFFAIRE DES FEMMES DE GOUYE MOURIDE DE RUFISQUE
Connue dans la préparation de gâteaux galettes, de cookies à Colobane Gouye Mouride depuis les années 1990, Adja Mariètou Ndoye, la maîtresse des lieux a vu l’aura de ses produits dépasser les frontières du seul cadre départemental.
Arfang Saloum SANE Correspondant à Rufisque |
Publication 24/02/2021
La pâtisserie a toujours le vent en poupe à Rufisque malgré un regain d’intérêt noté en dépit du contexte économique. Connue dans la préparation de gâteaux galettes, de cookies à Colobane Gouye Mouride depuis les années 1990, Adja Mariètou Ndoye, la maîtresse des lieux a vu l’aura de ses produits dépasser les frontières du seul cadre départemental.
Imbue d’une volonté de quitter la spirale de la vacuité, elle a coulissé dans la préparation de beignets Cakes il y a trente ans de cela. Une activité par laquelle elle a fait ses preuves pour entrer dans le cercle fermé des fournisseurs attitrés de la banlieue. « J’ai commencé à préparer des beignets il y a 30 ans pour ne pas suivre la logique qui voulait que l’on vive dans l’oisiveté. Ma fille aînée qui fait partie de mon équipe est maintenant mariée et mère de deux enfants », fait remarquer allégrement Adja Mariétou Ndoye qui dans la foulée repasse au peigne fin ses débuts difficiles.
« En ce temps-là il n’y avait pas d’électricité à Gouye Mouride. Le semblant de modernité m’a trouvé alors que j’avais déjà entrepris cette activité. Le gaz butane était hors de portée alors je faisais avec les fourneaux et le charbon de bois », se rappelle Mme Ndoye. Une conviction qui au fil du temps lui a permis d’être portée à la tête du GIE « Jappo Ligguèye » qui porte sa marque de fabrique dont la maison mère est à Colobane Gouye Mouride à Rufisque Est.
« J’avais commencé au tout début avec un groupe de trois (03) filles mais les choses sont allées crescendo pour atteindre leur vitesse de croisière en un temps record. Aujourd’hui, je suis à la tête d’une équipe de quinze (15) femmes aidées dans leur tâche par quatre (04) garçons qui pétrissent la moule », explique-t-elle fièrement dans sa demeure sise à Gouye Mouride qui lui sert d’atelier.
Tablier bien cintré autour de la taille, main à la patte, la cheffe Adji Mariétou veut faire partager le goût culinaire à ses protégés. Un champ expérimental où elle laisse libre cours à toutes les astuces. « Le travail se fait à base de farine de mil ou de maïs. Certaines s’occupent du moulinage de la poudre de mil, certaines sont chargées du découpage, il y a n’a qui interviennent en phase de finition », décline la self made Woman à la tête aujourd’hui du GIE « Jappo Ligguey » Colobane Gouye Mouride.
« Nous recevons quotidiennement des commandes en provenance de localités inattendues. La voiture bleue stationnée à la devanture de la maison est en partance pour livrer une commande à Pikine. Une autre commande le sera à Rufisque 2 dans la commune de Rufisque Ouest d’ici midi ». « Du lundi au jeudi les commandes tournent autour de séminaires et autres anniversaires. Les week-ends sont marqués par les mariages. Il y a des paniers pour les tours de familles et les tontines. Avec les TIC, les commandes se font désormais à distance, la qualité reste notre credo. Il y a aussi la conservation longue durée » renchérit-elle comme pour marquer sa satisfaction malgré le contexte de crise économique.
LE FLÉAU DES PRODUITS POUR GROSSIR
Signe d’opulence et de beauté, les rondeurs sont un marché porteur dans au Sénégal, où des femmes mettent leur santé en danger en cherchant coûte que coûte à prendre du poids
Le Monde Afrique |
Théa Olivier |
Publication 18/02/2021
« Ma cousine est morte fin janvier à cause de comprimés et de sirops pour grossir. Elle en a pris pendant des mois pour préparer l’arrivée de son mari, qui revenait d’Italie. Après son décès, le médecin nous a expliqué qu’elle était devenue diabétique à cause de ces produits », confie Mariama* d’une voix étranglée. Installée à Pikine, une banlieue populaire de Dakar, la jeune femme se souvient du visage gonflé de sa parente après une vingtaine de jours de « traitement ». « Je prenais aussi ces comprimés, dit-elle. Nous savions qu’il existait des dangers, mais nous voulions grossir coûte que coûte. »
Au Sénégal, ces pilules, sirops, huiles, crèmes et suppositoires censés faire prendre du poids sont devenus un véritable problème de santé publique. Une mode dangereuse qui s’est répandue dans d’autres pays de la région comme la Côte d’Ivoire, le Nigeria ou le Mali, portée par l’essor du commerce en ligne. Les professionnels de santé sont de plus en plus nombreux à appeler à une régulation de la commercialisation de ces produits.
Pour s’en procurer dans le quartier Sandaga, à Dakar, il suffit de pousser la porte d’une petite boutique aux murs mouchetés de paillettes roses. Sur les présentoirs, des produits de défrisage et de dépigmentation de la peau côtoient des soins hydratants et des vernis colorés. Les crèmes pour grossir, elles, sont stockées dans la réserve. Dépourvu de notice mais venant de Chine, à en croire les indications figurant sur l’emballage, le petit tube coûte 10 000 francs CFA (15 euros). « C’est très efficace », promet le vendeur, assurant que « les hommes préfèrent les femmes avec de grosses fesses ».
« Aucun produit miracle n’existe »
Signe d’opulence et de beauté, les rondeurs sont un marché porteur. Les publicités vantant les bénéfices de ces cosmétiques pour grossir pullulent en ligne. Jusqu’à figurer en préambule d’épisodes de séries à succès comme Infidèles, qui font des millions de vues sur YouTube. Une consommation inoffensive ? « Je ne vends pas de produits dangereux, on ne m’a pas signalé d’effets secondaires graves. Cela fait seulement grossir les fesses et les hanches », affirme une vendeuse de la page « Cosmétique 100 % thaïlandais »,qui propose des « comprimés naturels » à prendre matin et soir, vendus entre 5 000 et 7 000 francs CFA.
La gamme des « soins » est vaste. Certains produits sont même disponibles en pharmacie sans ordonnance, comme le sirop Nuravit. Cet antihistaminique qui stimule l’appétit peut être utilisé pour la prise en charge de l’anorexie et de la malnutrition grave. Seulement, des contrefaçons sont également vendues dans les marchés ou sur Internet. Adji Thiam, elle, «préfère le fenugrec [une plante locale] mélangé à de l’huile », qu’ellemasse sur les parties de son corps qu’elle veut « augmenter ».
Dakar, 17 fev (APS) – L’Assemblée nationale a ratifié, mercredi, la liste des membres de la commission ad hoc chargée de statuer sur la demande de levée de l’immunité parlementaire du député de l’opposition Ousmane Sonko, sous le coup d’une plainte pour ‘’viols répétés’’ et ‘’menaces de mort’’.
Cette commission est composée de Bounama Sall, Demba Babaël Sow, Papa Biram Touré, Adji Diarra Mergane, Mously Diakhaté, Mamadou Oury Baïlo Diallo, Dieh Mandiaye Ba et Aymérou Gningue pour le compte de la majorité.
Y figurent aussi Cheikh Barra Doly et Moustapha Guirrassy (Liberté et Démocratie) et Cheikh Bamba Dièye (Non inscrits).
L’opposition a décrié cette procédure estimant que la plainte vise X et non le député Ousmane Sonko, ce que récuse la majorité.
L’Assemblée nationale a été saisie par le juge d’instruction du huitième cabinet du tribunal Hors Classe de Dakar, à l’initiative du procureur de la République.
Adji Sarr, une employée d’un salon de beauté et de massage situé à Dakar, a déposé auprès de la section judiciaire de la Gendarmerie une plainte contre le parlementaire et leader des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef).
La jeune femme déclare avoir été victime de ‘’viols répétés’’ et de ‘’menaces de mort’’ dont le député, candidat à l’élection présidentielle de 2019, serait l’auteur. Ce dernier a nié les accusations en bloc et dénoncé un ‘’complot politique’’ le visant.
La commission ad hoc étudiera le fond de cette requête en entendant la version du mis en cause, Ousmane Sonko, qui sera représentant par la député Aïssatou Mbodj.
Elle produira ensuite un rapport à présenter lors d’une séance plénière consacrée à la levée de l’immunité parlementaire du député.
Un communiqué reçu des services de l’Assemblée nationale, mercredi, indique que la Commission des Lois, s’est réunie, lundi, à l’effet de constituer la Commission ad hoc chargée de statuer sur la demande de levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko.
Le document dont l’APS a eu connaissance indiqu’au cours de cette session, sa présidente a rappelé que la convocation de la Commission fait suite à une saisine du Garde des Sceaux, qui a transmis au président de l’Assemblée nationale, le mardi 9 février, un courrier du Procureur général près la Cour d’Appel de Dakar demandant la levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko.
Des députés ont précisé, selon le communiqué, que ‘’le procureur a, dans son réquisitoire, porté plainte contre X’’, demandant ‘’si cette plainte vise réellement leur collègue Ousmane Sonko pour envisager la levée de son immunité parlementaire’’.
‘’Pour d’autres, cette plainte ne concerne pas leur collègue, car il n’a pas été nommément cité par (…) le procureur. Par conséquent, la mise en place de cette Commission ad hoc est dénuée de tout fondement et la poursuite de la procédure devrait être arrêtée’’, souligne le communiqué.
Des députés ‘’ont déploré le fait que le président de l’Assemblée nationale ait procédé à la lecture des courriers, en lieu et place de la mise à disposition du dossier ; ce qui aurait pu leur permettre d’apprécier la pertinence de cette procédure de levée de l’immunité parlementaire de leur collègue incriminé’’.
Toutefois, des élus ‘’ont soutenu qu’à ce stade de la procédure, les compétences de la Commission des Lois se limitent à la mise en place de la Commission ad hoc, conformément à la décision du Bureau de l’Assemblée nationale’’.
Selon eux, ‘’l’objet de la rencontre tient uniquement à la mise en place de ladite Commission et non à débattre sur le fond de la procédure’’.
Le communiqué relève que des députés ‘’ont suggéré une révision des modalités de levée de l’immunité parlementaire, dans le cadre de la seconde génération de réforme du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale’’.
Ainsi, ‘’il pourrait être envisagé de permettre aux autorités judiciaires d’ouvrir une information judiciaire et de mener l’instruction jusqu’à l’obtention d’éléments suffisants, avant d’enclencher la procédure de levée de l’immunité parlementaire d’un député’’.
Lors de cette réunion, ‘’il a été également préconisé de revoir la loi qui a criminalisé les actes de viol au Sénégal, en prévoyant de lourdes sanctions contre les personnes accusatrices de viol sans fondement’’.
L’objectif est ‘’d’éviter les accusations mensongères qui peuvent entacher à jamais l’honorabilité des personnes innocentes’’.
Pour la présidente de la Commission des Lois, ‘’il appartient au Bureau de l’Assemblée nationale et à la Conférence des présidents de prendre des décisions sur les questions évoquées’’.
Selon Dieh Mandiaye Ba, ‘’la nature de la plainte contre X ou dirigée contre Monsieur le député Ousmane Sonko importe peu pour la Commission’’.
Le communiqué a rapporté qu’elle ‘’a tenu à préciser qu’il n’appartenait pas à la Commission d’examiner l’affaire au fond, ni de se prononcer sur l’exactitude des faits encore moins sur la culpabilité ou non de leur Collègue’’.
COMMISSION AD HOC : LE GROUPE DE LA MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE DÉSIGNE SES REPRÉSENTANTS
Il s’agit de Aymérou Gningue (président du groupe parlementaire), Dieh Mandiaye Ba, Papa Biram Touré, Adji Diara Mbergane, Mamadou Oury Bailo Diallo, Mously Diakhaté, Demba Babel Sow, Bounama Sall.
C’est fait. Le Groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (BBY) a proposé les 8 députés qui doivent le représenter dans la commission ad hoc devant examiner la levée de l’immunité parlementaire du leader du Pastef Ousmane Sonko, accusé de viols et menaces de mort par une masseuse d’un institut de beauté. Il s’agit de Aymérou Gningue (président du groupe parlementaire), Dieh Mandiaye Ba, Papa Biram Touré, Adji Diara Mbergane, Mamadou Oury Bailo Diallo, Mously Diakhaté, Demba Babel Sow, Bounama Sall.
Pour les non-inscrits, Fatou Ndiaye du parti Rewmi d’Idrissa Seck a été retenue.
Quant au groupe parlementaire Liberté et Démocratie, du Pds et ses alliés, ils seront représentés par Moustapha Guirassy et Cheikh Abdou Bara Doly Mbacké. Il est fort à parier que le groupe s’opposera à la procédure d’autant que le Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais a déjà donné le ton. L’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, a appelé ses députés à voter contre la levée de l’immunité parlementaire du leader de Pastef.
VIDEO
LE FRÈRE DE LA PROPRIÉTAIRE DE "SWEET" SE PRONONCE
Dakarmatin a tendu le micro au grand frère de la propriétaire de "Sweet Beauty Spa" qui s'est exprimé sur l'accusation de viol dont fait l'objet Ousmane Sonko.
Le site internet Dakarmatin de Pape Alé Niang a tendu le micro au grand frère de la propriétaire de "Sweet Beauty Spa" qui s'est exprimé sur l'accusation de viol dont fait l'objet Ousmane Sonko.
AU SÉNÉGAL, LE LEADERSHIP AU FÉMININ
Auto-entrepreneuses ou directrices générales, comment les Sénégalaises ont-elles brisé le plafond de verre ? Contre quels freins, visibles ou invisibles, doivent-elles encore se battre en 2021 ?
Aux nombreux obstacles liés à leur genre, elles ont répondu par leurs compétences. Elles sont de plus en plus nombreuses à occuper les places jusque-là réservées aux hommes. Auto-entrepreneuses ou directrices générales, comment les Sénégalaises ont-elles brisé le plafond de verre ? Contre quels freins, visibles ou invisibles, doivent-elles encore se battre en 2021 ? Comment faire évoluer leur carrière ?
Avec nos invités :
Khady Boye Hanne, directrice générale de la BGFI-Sénégal
Seynabou Dia, présidente fondatrice de l’Agence de communication et de conseil Global Emergence Corporation et Global Mind Consulting Gabon, co-fondatrice de Action Africa Culture 55, une initiative pour contribuer au développement d’industries culturelles créatives
Safietou Seck, fondatrice de la marque de stylisme et de confection haut de gamme Sarayaa.
24 heures après s’être exprimée sur les accusations portées par son ex (?) employée, Adji Sarr, sur l’homme politique Ousmane Sonko, la propriétaire du salon de massage "Sweet Beauté Massage" est placée en garde à vue à la Section de recherches de la Gendarmerie de Colobane, où une plainte pour viol et menaces de mort a été déposée contre l’opposant.
Dans un entretien accordé à Emedia.sn, la propriétaire de l’institut de bien-être a tenté de disculper Sonko tout en chargeant son employée qui serait, selon elle, engagée dans un complot pour salir la réputation de l’homme politique. Toutefois, celle qui a donné de fausses identités (elle s’appellerait N.K. Ndiaye et serait née à Kaolack plutôt qu’à Dakar comme elle l’indique dans l’entretien), est poursuivies pour des faits d’incitation à la débauche et diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs. En effet, dans les annonces publicitaires faites sur les réseaux sociaux, le salon de massage ne se contenterait pas de proposer des offres de massage.
SONKO, ADJI SARR ET MOI..
L’interview intégrale de la propriétaire du salon de massage
Tout est parti d’une plainte, révélée par nos confrères du journal Les Échos dans sa livraison de ce vendredi, 5 février 2021. L’affaire semble aussi grosse que grave. Ousmane Sonko, actuel leader de l’opposition et un des plus redoutables adversaires du pouvoir cité dans une affaire de mœurs, l’affaire suscite rapidement moult interrogations.
Ayant obtenu copie de la plainte déposée par la dénommée Adja Sarr, masseuse de profession, Emedia.sn décide de se rendre sur le lieu indiqué dans le document pour en vérifier l’existence. Après quelques tours près du cimetière Saint Lazare, à Sacré Cœur 3, à quelques jets de pierres de l’ancien siège de l’APR et non loin du quartier général du candidat Sonko sur la VDN, nous tombons sur une affiche publicitaire d’un salon de massage. Le nom est le même que celui sur la plainte. Sweet Beauté.
Plusieurs coups de fil sur les numéros indiqués, mais ça sonne dans le vide. Un tour dans le quartier, puis quelques questions aux riverains, nous arrivons en face d’une bâtisse peinte d’un rouge vif, avec une enseigne explicite. Les lieux ont l’air d’une maison close, mais c’est bien un salon de massage disposant d’un agrément de l’État qui y a installé ses quartiers. Après deux sonneries, la propriétaire des lieux se présente et devine d’entrée l’objet de notre visite.
Elle nous demande de patienter, se retire quelques minutes avant de ressortir ouvrir le portail de son établissement avec pour condition de ne pas la prendre en vidéo ni de laisser trace de sa voix sur le web. Marché conclu.
Le déco sommaire, une lumière rouge tamise le hall, une petite salle avec un banc de massage à gauche, une autre grande salle, fermée. La visite des lieux s’arrête ici c’est à l’entrée du couloir entre les deux salles, qu’elle accepte de répondre à nos questions.
Premier constat, elle nous donne un faux nom. En début d’interview, c’est Amy Diop, à la fin, c’est Absa Diagne. Mais, pendant près d’un quart d’heure, elle nous livre sa version de ce qui est l’origine d’une affaire qui pourrait, soit porter un coup à l’image d’un acteur majeur de la scène politique, soit renforcer son aura s’il ne s’agirait que d’une vulgaire cabale.
Cette dame, propriétaire du salon, est persuadée par la deuxième version, celle d’un coup monté contre le député de Pastef. Sauf qu’elle admet que ce dernier est un client fréquent de l’institut de massage où il a ses habitudes généralement quand il revient de voyage, mais sans jamais verser dans les propositions indécentes. Dans cet entretien, elle charge son ex employée qui aurait été manipulée pour accuser Sonko, même si elle révèle également qu’elle n’était pas sur les lieux aux moments des faits supposés .
*Interview réalisée en Wolof, entre 16h45 et 17h05, peu avant que les lieux ne soient encerclés par la gendarmerie, pour des nécessités de l’enquête.
Comment vous vous appellez ?
(Elle hésite un moment avant de répondre) Je m’appelle Amy... Amy Diop.
Êtes-vous la propriétaire de ce salon de massage dénommé "Sweet Beauté Massage" ?
Oui, j’en suis la propriétaire et je loge ici avec ma famille. Mon mari et ma fille.
Exercez-vous en tant que masseuse ou avez-vous juste des employées qui font les prestations ?
Moi, je n’exerce pas. J’ai des employées qui font le travail.
Nous avons eu l’information selon laquelle une certaine Adji Sarr, employée de ce salon de massage, a déposé une plainte à la Section de recherches contre l’homme politique Ousmane Sonko pour des accusations très graves de viols et menaces de mort et que les faits se seraient déroulés ici. Avez-vous eu vent de cette histoire ?
Moi, je n’ai porté plainte contre personne. Adji Sarr était mon employée. Elle travaillait ici. Elle a d’abord travaillé pour moi dans un premier temps, ensuite je l’avais licenciée. Elle est restée près de six mois puis elle est revenue reprendre, juste avant décembre.
À l’heure actuelle, est-elle toujours votre employée ?
Quand elle a fait cette erreur d’accuser Ousmane Sonko...
Erreur, c’est-à-dire ?
Parce que Sonko avait l’habitude de venir se faire masser ici. Mais je ne l’ai jamais vu faire des propositions indécentes aux masseuses. Tout ce que je sais, c’est qu’à chaque fois qu’il venait ici, il ne demandait qu’un seul type de massage. Il se plaignait de douleurs du dos et quand il venait, la séance de massage se faisait de la façon la plus simple : il s’installait sur une chaise et on lui massait le dos, un massage tonifiant. Et ça s’arrêtait là et il partait comme il était venu. Il ne voulait même pas être reconnu.
Comment Ousmane Sonko venait-il ici tout en voulant qu’on ne le reconnaisse pas ?
Quand il venait, il ne voulait pas que les masseuses le reconnaissent. Il masquait son visage avec un tissu ou une capuche. Je ne l’ai jamais vu se déshabiller totalement pour se faire masser. Il ne faisait que soulever le haut pour qu’on lui masse le dos. Adji Sarr, c’est moi qui l’ai mise en rapport avec Ousmane Sonko. C’est elle qui s’occupait de son massage jusqu’à ce qu’un jour, je l’ai entendue au téléphone dire à son interlocuteur qu’elle était au top, parce ce que c’est elle qui s’occupait du massage du président Sonko. Son interlocuteur lui avait répondu : « Je voudrais qu’on fasse un deal. Il faut que tu fasses l’impossible pour entretenir un rapport avec lui. Il faudra tout faire pour me trouver son sperme qui devrait nous servir de preuve contre lui. »
Ce jour-là, quand Ousmane Sonko est venu, je l’ai mis en rapport avec Adji Sarr comme d’habitude mais cette fois-ci avec une autre fille pour un massage quatre mains (avec deux masseuses) parce que je n’avais plus confiance en Adji. Mais, une fois à l’intérieur, Adji avait demandé à la fille, qui est une débutante, de sortir et de la laisser seule avec Ousmane Sonko. Après qu’il eut fini son massage, et au moment où Sonko préparait à quitter, le téléphone Adji avait sonné. C’était mardi passé. Ce jour, Sonko est entré ici vers 22h.
22h, cela veut dire que vos masseuses passent la nuit ?
Oui ! Avec le couvre-feu, elles sont obligées de passer la nuit ici. Il y a une équipe qui passe la journée, l’autre passe la nuit. Ce jour, Adji avait passé plusieurs coups de fil et des gens devaient venir la chercher pour l’amener à l’hôpital après le départ de Sonko.
Lorsqu’Adji est sortie de la cabine, je l’ai entendu parler avec quelqu’un au téléphone et elle a répondu qu’il a éjaculé. Le gars lui a ensuite demandé de se dépêcher pour partir. Une voiture noire est venue la chercher la nuit même vers 23 heures, en plein couvre-feu et bien escorté. Je suis persuadé que ce sont ces gars qui ont payé la fille pour créer des problèmes à Ousmane Sonko. Ils doivent être puissants parce que les derniers jours, tous ses repas venaient de la Résidence Mamoune et elle n’en a pas les moyens.
Sur quelles bases pouvez vous affirmer tout ceci ?
J’ai des preuves intangibles de tout ce que j’ai dit. Il y a quelqu’un qui a assisté à toutes les conversations de Adji avec ses comploteurs.
Vous étiez où au moment des faits ?
J’étais sortie. J’ai un enfant malade.
Quelle est la fréquence des visites de Sonko ici ?
Il vient rarement ici. Parfois il peut rester 15 jours sans venir. Le plus souvent, il vient au retour de ses voyages.
Comment il vient ici, par voiture, ou à pied ?
C’est près de la boutique qu’il gare sa voiture.
Quel type de voiture ?
Non je ne sais pas. Et même si je le savais, je n’allais pas le dire. Sa voiture ne m’intéresse pas.
Pouvez-vous nous donner plus de détails sur le type de massage qu’il sollicite chez vous ?
Ici on ne pratique que les massages classiques. C’est le massage tonifiant ou le massage relaxant. Le tonifiant, c’est un massage pour ceux qui sont fatigués et l’autre pour ceux qui veulent se relaxer. Il sollicitait le tonifiant, le prix est à 20 000 F CFA.
Pourquoi votre employée l’accuse-t-elle ? Est-ce qu’il y a des clients qui vont jusqu’à avoir des faveurs sexuelles avec vos masseuses ?
Non ici, c’est un institut professionnel de beauté. C’est un lieu de travail (Ndlr : elle nous montre l’agrément officiel affiché sur un mur et le règlement intérieur qui indique clairement que les faveurs sexuels ne sont pas autorisés). Il n’y a pas de place pour ça.
Pouvez-vous nous dire où habite Adji Sarr ?
Je ne sais pas.
Vous dites l’avoir licenciée une fois par le passé. Pourquoi ?
On m’avait dit des choses sur elle qui sont avérées. C’est pourquoi je l’ai renvoyée. J’ai constaté qu’elle ment beaucoup. Elle est capable de prendre le téléphone des gens et de transférer leurs messages à d’autres personnes. Elle n’était pas professionnelle.
Pourquoi l’avoir reprise alors ?
Je pensais qu’elle avait changé. Parce qu’auparavant je l’avais appelée et lui avais donné beaucoup de conseils sur comment se comporter dans la vie...
Connaissez-vous ceux qui seraient derrière elle ?
C’est ce que tout le monde demande à savoir. À la gendarmerie, c’est ce que les enquêteurs lui ont demandé. Ils lui ont demandé ses complices pour faire tomber Sonko. Quand elle quittait la maison, elle avait dit qu’elle était enceinte. Le même jour où Sonko était passé. Mais, elle n’avait pas voulu me donner des détails sur sa grossesse. C’est le lendemain que j’ai été convoquée à la gendarmerie de Colobane.
Elle avait dit aux gendarmes qu’elle a été violée. Quand je lui ai dit, devant les enquêteurs, qu’elle m’avait parlé d’une grossesse et non d’un viol, elle a répondu : "Je voulais avoir raison." Pour moi, c’est un deal. Sonko ne me semble pas être une personne de mauvaise réputation. À chaque fois qu’il venait ici, il cachait son visage. Et c’est lui qui amenait son huile de massage. Il ne peut y avoir de viol dans cette maison. C’est impossible. Mon mari est là, il y a d’autres personnes dans la maison. Mon mari, une autre masseuse, la femme de ménage, ma fille... Ma chambre est là à côté. S’il y avait tentative de viol, ils auraient entendu du bruit. Elle ment. Peut-être qu’elle veut de l’argent. S’il y a viol, ce n’est pas ici. Ailleurs peut être, je ne sais pas mais ici, non.
Elle a aussi parlé d’armes, disant que Sonko serait venu, avec deux armes...
C’est encore des mensonges. À chaque fois, c’est moi qui ouvrais la porte à Ousmane Sonko et je ne l’ai jamais vu avec une arme. J’ai toujours soupçonné Adji de fomenter quelque chose contre Sonko. C’est pourquoi, la dernière fois, je l’ai mise avec la nouvelle masseuse. Mais elle lui avait demandé de la laisser seul avec lui.
Vous disiez tantôt qu’elle aurait affirmé à quelqu’un au bout du fil, qu’elle a eu ce qu’elle voulait, de quoi pouvoir faire un prélèvement qui pourrait confondre Sonko. Cela veut-il dire qu’il y aurait eu plus qu’un massage ?
Je ne dis pas qu’il y a eu plus qu’un massage. Je dis juste qu’on lui a demandé au téléphone si elle avait été au bout et elle a dit oui, ensuite on lui a dit de quitter rapidement pour l’hôpital. Et en quittant la maison, Adji ne m’a jamais dit qu’elle avait été violée ou quoi que ce soit. Elle m’a dit qu’elle était enceinte, en pleurs. Quand je lui ai demandé l’auteur de la grossesse, elle est partie en me disant qu’elle allait m’expliquer. C’est par la suite, le lendemain mercredi, que j’ai été convoquée à la Section de recherches de la gendarmerie, à Colobane. Là, on m’a parlé de viol. Elle était là, devant le gendarme. J’ai été surprise car elle m’avait dit autre chose, mais jamais elle ne m’a parlé de viol. Et pour être honnête, je ne crois pas qu’elle puisse être violée ici par Sonko. Je n’ai jamais vu de comportement douteux en lui.
D’habitude, Sonko vous appelle-t-il pour vous prévenir qu’il venait ou vous envoie-t-il des messages, ne serait ce que pour éviter de croiser d’autres personnes ?
Je ne répondrai pas à cette question... (Elle met un terme à l’entretien).
Rappelez-nous votre nom, s’il vous plaît...
Je m’appelle Absa Diagne.
SHINE TO LEAD PREND LA REVANCHE DES JEUNES FILLES EN SCIENCES
L’initiative Shine to Lead/JiggenJangTekki, qui œuvre depuis 2017 pour l’accompagnement des jeunes filles scientifiques de familles modestes, a procédé au lancement de sa nouvelle cohorte de lycéennes devant bénéficier de ses bourses d’excellence
Pour la première fois, l’association a recruté ses lauréates dans la région de Saint-Louis, où 10 jeunes filles du lycée AmethFall ont été sélectionnées pour intégrer le programme. Les représentantes de l’initiative ont effectué un déplacement à Saint-Louis et ont profité de l’occasion pour remettre des fournitures scolaires aux nouvelles recrues. Les kits scolaires sont composés de sacs contenant des livres et des outils didactiques de Maths et Physique Chimie, de romans, de polos, etc. Ces jeunes filles intègrent ainsi officiellement la cohorte de nouvelles lauréates des bourses de Shine to Lead. Avec ses moyens modestes et limités, c’est pour la première fois que Shine to Lead sélectionne de nouvelles boursières hors de la région de Dakar.
Les dons octroyés entrent dans le cadre des bourses d'excellence que Shine to Lead accorde à des jeunes lycéennes des familles défavorisées, mais très prometteuses dans les sciences. En effet, chaque année depuis son lancement, l’association constitue des cohortes de nouvelles boursières, en fonction de ses moyens. Les lauréates bénéficient des cours en ligne, d’un programme de mentorat de femmes leaders en plus des bourses. Le contexte de la crise sanitaire étant une réalité, l’association y a intégré cette année les masques et du gel.
«Nous sommes ravies d’apporter cette contribution de Shine to Lead. C’est une première cohorte. Nous avons un grand espoir de pouvoir continuer d’année en année à la faire grossir», a promis Rokhaya Solange MbengueNdir, vice-présidente de Shine to Lead avant de rappeler le but de cet accompagnement de l’association. «L’objectif c’est que ces jeunes filles, plus tard, puissent elles aussi inspirer, accompagner leurs petites sœurs. C’est grâce justement à tous ces outils, à cet accompagnement de toutes les parties prenantes qu’elles réussiront à être des femmes leaders qui demain vont diriger notre pays», a ajouté Mme MbengueNdir.
Après réception des fournitures, la proviseure du lycée, Madame AdiaraSy a salué ce geste et le choix porté sur son établissement, le lycée Ameth Fall. «Nous sommes très ravis d’accueillir aujourd’hui Shine to Lead (STL) représentée par mesdames Rokhaya Solange MbengueNdir et Clara Fanahimanana. J’en profite pour remercier l’association au nom du personnel, de l’ensemble des élèves et au nom des dix filles». Émues et enthousiastes, les récipiendaires n’ont pas caché, elles aussi leurs sentiments et pour que l’accompagnement ne soit rompu, elles ont remercié STL et fait la promesse à Shine to Lead de ne pas décevoir. «Je suis vraiment honorée, heureuse et fière de faire partie du programme de Shine to Lead qui met en avant l’éducation des filles, nous booste pour que nous allions de l’avant et fait tout son possible pour que nous puissions nous nous construire un bel avenir», a dit NdèyeAnta Diagne, une des bénéficiaires. Oumou Mouhamadou Daff, pour sa part, se félicite du choix de son lycée. «Nous vous remercions d’avoir choisi notre lycée et nous vous promettons de faire de notre mieux pour continuer dans l’excellence, pour prouver que nous méritions l’appui que vous nous apporter».
Depuis 2017, Shine to Lead a apporté son appui à 90 jeunes filles des milieux défavorisés de la région de Dakar et sa banlieue. Faute de grands moyens, l’association appuie un nombre très réduit de jeunes filles, mais c’est un appui fort qualitatif à travers ses différents programmes comme le Mentorat. Il s’agit d’un Programme dont le but principal est d’attribuer un mentor à chaque boursière, afin de la soutenir et de lui assurer un suivi personnel pendant l’année scolaire. La finalité est de coacher et de motiver les lauréates afin qu’elles deviennent demain des leaders, tant sur le plan personnel qu’au sein de leurs communautés respectives. Les mentors sont elles-mêmes des modèles de leadership féminin réussi, agissant dans différentes sphères de la société sénégalaise, explique l'association sur son site.
Shine to Lead prend la revanche des filles en sciences.
Lancé en 2017, Shine to Lead est une initiative qui soutient une catégorie de lycéennes et les accompagne dans le développement de leur leadership. Portée par de braves femmes qui sont elles-mêmes un modèle d’engagement et de leadership, l’initiative vise à offrir des bourses d’excellence à des jeunes filles brillantes issues de milieux défavorisés au Sénégal à partir de la classe de seconde. La finalité est d’accroître les chances de ces jeunes filles de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions et de développer leurs capacités de leadership, explique l’association sur son site.
Les bourses octroyées aux bénéficiaires couvrent les frais d’inscription, les frais de scolarité, les fournitures et livres scolaires, les frais de transport, le trousseau, des livres sur des thèmes liés au développement personnel, des frais personnels (exemple : les garnitures. En Afrique, les statistiques montrent qu’une jeune fille sur dix ne va pas à l’école pendant ses menstrues ne disposant pas d’assez de fonds pour acheter des protections périodiques).
La pertinence de l’engagement de Shine to lead se comprend quand on sait que l’un des domaines dans lesquels les filles sont victimes d’injustice, notamment dans les pays pauvres et les sociétés traditionnelles, demeure le droit à l'éducation. Souvent, les normes sociales favorisant l’inégalité entre les sexes privent les filles du droit à l’apprentissage. Quand les filles ont la chance d’accéder à l’éducation, terminer le cursus, il reste une autre paire de manches. Elles ont beau avoir toute la volonté du monde, faire des performances honorables en termes de rendement scolaire, mais l’environnement, parfois, ne plaident pas en leur faveur : manque de moyens, longs trajets pour aller à l’école, manque d’encadrement et au pire des cas mariage précoce et autres obstacles associés.
L’initiative de Dakar de l’an 2000
C’est au vu de cette situation que l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles (UNGEI), un partenariat d’organismes voués à la promotion de l’éducation des filles, a été lancée en 2000 lors du Forum mondial sur l’éducation à Dakar par le Secrétaire général de l’ONU d’alors, Feu Kofi Annan. Mais l’UNGEI mise plus sur l’éducation de base, une fois que le primaire est terminé, il faut que le collègue et le lycée soient assurés et enfin le supérieur. Il est donc urgent surtout pour les jeunes filles dévouées et qui ont un fort potentiel, que tous obstacles soient levés sur le chemin pour qu’elles puissent avancer sereinement. C’est en cela que se trouve la pertinence de Shine to lead, une association modeste qui travaille sans trompette ni tambour et qui épaule des jeunes des séries scientifiques depuis 2017.
Avec un tel appui, le risque d’abandon est écarté et il y a de fortes chances que ces lycéennes terminent leurs études secondaires et accèdent aux études supérieures sans trop de soucis. Leur succès est aussi le succès de leur famille, de la société de manière générale puisqu'elles participeront sans nul doute à la construction du pays.
DEUIL PÉRINATAL, LE CHAGRIN DES MÈRES
Bouillir d’impatience d’entendre l'enfant crier de son innocence après l’accouchement, bien des femmes ont été habitées par ce doux sentiment malgré les douleurs de la grossesse. Elles sont également nombreuses à désenchanter après la perte de leur bébé
Bouillir d’impatience d’entendre le nouveau-né crier de son innocence après l’accouchement, le voir grandir, bien des femmes ont été habitées par ce doux sentiment malgré les douleurs de la grossesse. Elles sont également nombreuses à désenchanter, à porter durement le deuil après la perte de leur bébé.
Assise dans son bureau en train de siroter son café, Aminata est soudain prise de vertige. Elle se dirige vers les toilettes pour apprivoiser son mal. Une semaine plus tard, elle se rend à l’hôpital où elle reçoit la meilleure nouvelle de sa vie : «J’étais enceinte». Après sept années d’attente, Aminata voit son vœu le plus cher se réaliser. «Une joie immense m’envahit. Mon mari et moi étions heureux et attendions, avec impatience, l’arrivée de notre bébé», confie la quadragénaire qui, neuf mois après, tient son enfant dans ses bras. «Je le voyais déjà courir dans tous les sens, dans notre maison», se rappelle-t-elle, le visage crispé.
Juste après son accouchement, à bout de souffle, Aminata plonge dans un sommeil profond. À son réveil, le silence de son entourage l’intrigue. «Personne n’a voulu me dire où se trouvait mon bébé et j’ai commencé à avoir peur. C’est le médecin qui est venu répondre à la question qui me taraudait», dit-elle, le souvenir amer. Le bébé tant attendu d’Aminata est finalement mort-né. Dix ans après cette douleur, cet épisode continue de la hanter. «Après sept ans de souffrance liée à mon infertilité, je voyais la naissance de cet enfant comme une formidable aubaine, un don du ciel», soutient-elle, non sans déplorer l’hostilité de sa belle-famille qui l’accusait de porter la poisse à son entourage. En plus d’endurer le deuil périnatal, c’est-à-dire la mort d’un nourrisson en cours de grossesse, lors d’un accouchement ou juste après la naissance, elle a dû endurer les contrecoups dans son foyer. «Mon mari et moi avions fini par divorcer», regrette Aminata qui, aujourd’hui, à 47 ans, a perdu tout espoir de procréer un jour.
Le médecin, coupable idéal
Cette dernière n’est pas la seule à avoir vécu cette infortune. Elles sont nombreuses, les femmes, à en souffrir dans le silence. Farmata a 26 ans. Mariée depuis huit ans, elle a fait six fausses couches. «J’ai eu une béance du col de l’utérus», explique cette élégante femme. En 2019, elle a donné naissance à une fille qui est morte deux jours après. «J’ai failli devenir folle quand ma fille m’a quittée 48 heures après sa naissance», affirme la jeune épouse qui demande à la société d’être plus indulgente avec les femmes confrontées à cette situation. «Déjà, le fait de perdre son enfant est douloureux. Si en plus elles sont jugées par leur entourage, cela peut être infernal. Il faut que les gens acceptent la volonté divine». Elle compte sur cette providence pour, un jour, tenir son fils dans ses bras. «La prochaine fois sera la bonne. Je laisse tout entre les mains de Dieu», dit-elle.
Toutefois, il y en a qui ne se limitent pas à accuser le sort. Le médecin est le coupable idéal pour certaines âmes éplorées ! «Lors de ma dernière échographie, un vendredi, mon gynécologue m’a dit que j’avais dépassé la date d’accouchement et que je devais normalement être « déclenchée » dans les cinq jours à venir», se souvient Mbathio. Le lundi, cette dernière est allée à l’hôpital et on l’a envoyée dans une autre structure faute de place. «Arrivée là-bas, on m’a dit que ce n’était pas le moment d’accoucher. Je suis ensuite allée dans un autre établissement hospitalier où j’ai passé la nuit. Ils ont, eux aussi, dit la même chose. Je suis rentrée et le samedi soir, la douleur devenait de plus en plus atroce. La perte des eaux était importante. J’ai refait trois hôpitaux. Les deux n’avaient pas de place et l’autre était en grève», se désole-t-elle. Sa mésaventure était loin d’être finie.
«J’en voulais même à mon mari»
«Quand je suis partie dans une autre structure, ils m’ont prescrit une ordonnance de césarienne que l’hôpital n’avait pas. Mon mari est sorti l’acheter. Après l’opération, le bébé et moi étions épuisés. Malheureusement, il n’a pas survécu», geint-elle, pointant du doigt certaines sages-femmes qui, selon elle, n’ont aucune compassion envers les femmes enceintes. Les jours qui ont suivi ont été pénibles, le sommeil agité, les nuits longues, le jour amer. «J’éprouvais du dégoût», se rappelle-t-elle, le débit monotone. Elle en voulait au monde entier. Les sages-femmes lui rappelaient l’horreur d’un instant, les gestes de compassion l’irritaient.
Mère Salimata, 68 ans, a aussi surmonté plusieurs drames pour ne pas tomber dans la résignation. Après la naissance de sa fille aînée, une «grande dame» aujourd’hui, la détresse a étreint son cœur. «J’ai perdu quatre enfants dont trois quelques jours seulement après l’accouchement. À la naissance de mon fils cadet, même un petit rhume me rendait anxieuse. C’est aujourd’hui un grand garçon qui m’a donné tant de frissons. Mes excitations indisposaient mon entourage. J’étais en pleine déprime surtout avec les discours ésotériques. Je regardais mon époux comme un zombi. C’est à peine si je ne lui en voulais pas de la perte de nos enfants», relate-t-elle, entourée de sa fille aînée et de son fils cadet, les figures de son réconfort après tant de tumultes.