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28 novembre 2024
Femmes
UNE TRAGÉDIE SANS LOI
Pour les femmes, l’interdiction de la recherche de paternité doit être modifiée à défaut d’être abrogée. Le Sénégal, qui a initié la modification du Code de la famille, traîne les pieds quant à la mise en application des modifications préconisées
Une atteinte aux droits de l’enfant et à la dignité des femmes… Pour les femmes, l’interdiction de la recherche de paternité doit être modifiée à défaut d’être abrogée. L’Etat du Sénégal, qui a initié des réformes dont la modification de l’article 196 du Code de la famille, traîne les pieds quant à la mise en application des modifications préconisées. Dans le cadre de l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948, Le Quotidien fait un focus sur le combat des femmes pour la fin de l’interdiction de la recherche de paternité.
La discrimination date de 1972 et l’adoption du Code de la famille. Aujourd’hui que le monde célèbre le 72ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, les femmes veulent en finir avec la promotion du refus volontaire de paternité qui, selon elles, «consacre la supériorité de l’homme sur la femme». Au Sénégal, la loi encourage les hommes à ne pas reconnaître les enfants issus d’un couple non légal. Dans son article 196, le Code de la famille interdit la recherche de paternité : «L’établissement de la filiation paternelle est interdit à tout enfant qui n’est pas présumé issu du mariage de sa mère ou n’a pas été volontairement reconnu par son père, exception faite des cas prévus à l’article 211…».
Pour l’Association des juristes sénégalaises (Ajs), cette disposition doit être modifiée à défaut d’être abrogée. Car estime Awa Tounkara, responsable adjointe de la Commission chargée des droits de l’enfance, cette loi enfreint les droits des femmes et de l’enfant. «Le Sénégal a ratifié les conventions qui protègent les droits des femmes. La Charte africaine pour le droit et le bien-être de l’enfant. Mais jusqu’à présent, si l’enfant est né hors mariage, il n’a pas le droit de chercher son père. Cette loi porte aussi atteinte à la dignité de la femme. N’étant pas mariée et étant enceinte, on se dit qu’elle avait affaire avec beaucoup d’hommes. Donc, elle ne peut pas désigner l’auteur de la grossesse», explique Mme Tounkara. En cas de grossesse refusée par le présumé auteur, la femme ne peut pas porter plainte. «D’ailleurs, elle n’a même pas le droit de porter plainte. Ça plaît à l’homme de reconnaitre l’enfant ou pas. Aucun juge ou aucune législation ne peut contraindre un homme à reconnaître un enfant dont la mère n’est pas son épouse», enchaîne la juriste.
Sur la question du refus de paternité, l’Ajs est presque seule aux avant-postes dans le combat pour l’abrogation ou la modification de l’article 196 du Code de la famille. Depuis 2005, elle a répertorié toutes les lois portant atteinte aux droits des enfants et des femmes pour modification dans le Code du travail, le Code la famille, le Code pénal… Jusqu’à présent, le rapport a été validé, présenté aux parlementaires. Sous pression à cause des conventions internationales ratifiées sur les femmes et l’enfant, l’Etat du Sénégal a mis sur pied un Comité chargé de réformer lesdites dispositions. Le rapport dort depuis 2016 dans les tiroirs du ministère de la Justice. «La filiation paternelle peut se prouver par tout moyen», a recommandé le rapport partagé avec l’Assemblée nationale et les acteurs de la justice.
15 cas de grossesse non désirée recensés
A la Chancellerie, l’on dénombre 15 cas de grossesse non désirée en décembre 2020 et qui ont fait l’objet d’accompagnement. «Ces femmes sont prises en charge soit au niveau des maisons roses ou bien au niveau du Centre polyvalent de Thiaroye. Nous prenons en charge tout ce qui est visite médical lié de la naissance aux premiers soins de l’enfant», note Oumar Ndiaye, coordonnateur dans la région de Dakar de l’Action éducative en milieu ouvert (Aémo), un organe du ministère de la Justice.
Au-delà du plaidoyer sur la réforme de la législation, l’Ajs porte aussi le combat par le biais de la sensibilisation. En effet, les pesanteurs sociales sont trop lourdes sur les épaules de ces femmes victimes du refus de paternité. Regard indiscret, commérages et exclusion sociale sont autant de conséquences dont ces femmes et leurs enfants sont confrontés. «On est en partenariat avec des psychologues. Les personnes qui viennent nous voir auront droit à un appui sanitaire et pour ce qui concerne le volet juridique, s’il faut faire des pv d’huissier. On a des fonds d’assistance avec nos partenaires techniques et financiers pour la santé et pour l’appui juridique», décline Awa Toukara de l’Ajs notant que cette thématique «intéresse beaucoup les écoles».
«Traumatisme pour l’enfant»
Elle ajoute : «Psychologiquement, c’est un traumatisme pour l’enfant. Un père est très important pour l’enfant. Il a ce droit et ce droit lui a été refusé. C’est une frustration et donc, il sera atteint.» Pour recoller les morceaux avec le présumé père, la médiation est aussi entreprise. «Nous cherchons à avoir l’approbation du présumé père pour éventuellement une reconnaissance de l’enfant. Ce qui est dramatique est l’enfant né dans ces conditions risque d’avoir la mention «père non déclaré» sur son bulletin de naissance. Donc, on travaille à convaincre de façon informelle à ce que le papa reconnaisse l’enfant», ajoute le coordonnateur de l’Aémo à Dakar.
La médiation est également une méthode utilisée par les femmes juristes. «Nous avons des gens formés pour la médiation», fait savoir Mme Tounkara. Maria Diop est journaliste-féministe, défenseure des droits des femmes sur les réseaux sociaux. Taille svelte, son crâne rasé est digne d’un look de «femme libre». Elle interpelle l’Assemblée nationale. «Il faut que les femmes députées portent ce combat au niveau de l’Assemblée nationale, et que cette loi puisse être abrogée définitivement, et que l’on puisse chercher des alternatives. Le Code de la famille a été vraiment sexiste», juge Mme Diop qui se définit également comme «influenceuse». Un appel jusqu’ici ignoré par le gouvernement…
DÉCÈS DE LA DÉPUTÉE MARIE LOUISE DIOUF
Membre de la mouvance présidentielle, Marie Louise Diouf avait été élue sur la liste nationale à la 28ème position.
Dakar, 9 déc (APS) - La député Marie Louise Diouf est décédée, ce mercredi, à Dakar des suites d’une maladie, a appris l’APS du 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Abdou Mbow.
Membre de la mouvance présidentielle, Marie Louise Diouf avait été élue sur la liste nationale à la 28ème position.
Elle militait à Grand Yoff, à Dakar, pour la coalition Benno Bokk Yakaar.
’’Marie Louise Diouf était une députée exemplaire, très engagée, pleine de dévouement et qui a toujours assisté à tous nos travaux. Il y a juste une semaine qu’elle est malade’’, a dit le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, Aymérou Gningue.
Une minute de silence a été observée à sa mémoire lors de l’examen du projet de budget du ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique.
Le budget de ce département ministériel a été voté sans débat.
VIDEO
LA BIBLIOTHÈQUE DE PENDA MBOW
Alioune Diop est la conscience de l'intelligentsia africaine. Umberto Eco m'a beaucoup impressionnée - L'historienne et ancienne ministre de la Culture, parle de sa passion pour les livres et l'importance du savoir pour nourir l'esprit de dépassement
Penda Mbow parle de ses coups de coeur littéraires, de sa passion pour la lecture et le rôle de celle-ci dans son militantisme en faveur de la femme. L'ancienne ministre de la Culture met un point d'honneur à la nécessité de s'enrichir de savoir dans un monde en quête de dépassement.
LES ASSISTANTES SOCIALES «IMPUISSANTES»
«L’avortement n’est pas toujours la solution pour les personnes victimes de viol et d’inceste» a fait savoir Nafissatou Ndial Diouf, assistante sociale basée à Diourbel
Elles sont très nombreuses, les jeunes filles victimes de viol ou d’inceste, cependant peu d’entre elles arrivent à faire connaitre leur souffrance au grand jour. Au niveau des structures de santé, la quasi-totalité des cas de viol et d’incestes, leur arrivent de par la loi pour une prise en charge d’abord sanitaire pour documenter le dossier et enfin psychologique par l’intermédiaire de l’assistance sociale.
«L’avortement n’est pas toujours la solution pour les personnes victimes de viol et d’inceste» a fait savoir Nafissatou Ndial Diouf, assistante sociale basée à Diourbel. Selon elle, dans les départements gynécologiques, beaucoup de dossiers concernant ces personnes y sont traités et ce sont des cas qui leur viennent de la police ou de la gendarmerie. « Il est très rare de voir une personne venir se faire consulter pour viol, inceste ou un des parents venir avec sa progéniture. La quasi-totalité des cas traités nous viennent de par la loi» a-t-elle fait comprendre. Et de poursuivre : « les patientes sont reçues tardivement, de ce fait on note une discordance entre les données physiques et l’interrogatoire. Il s’y ajoute le problème de plateau technique pour la confirmation ou non de l’abus sexuel».
Dans les structures de santé, la prise en charge de ces personnes reste globale. En plus des soins, l’aspect psychologique, l’appui financier et même la sécurité de la personne sont souvent confiés à l’assistante sociale. « Une fois à l’hôpital, ces personnes commencent à extérioriser le refus de voir naitre cet enfant. Elles sont le plus souvent sous l’emprise d’un avortement ou d’un suicide et c’est là que nous, assistantes sociales, nous intervenons afin d’aider la personne à accepter ce qui lui arrive» a déclaré Mme Diouf. Et de poursuivre : « c’est une tâche difficile de convaincre la personne à accepter ce qui lui arrive à première vue, mais au fur et à mesure qu’on l’assiste avec l’accompagnement des parents qui est très important, la victime finit par accepter et garder l’enfant. Dans certains cas où l’agresseur est un membre de la famille et que l’on a un cas d’inceste, on est souvent dans l’incapacité d’aider la victime car on est confronté par le refus des parents de voir leurs enfants aller et venir pour des séances de thérapie».
Au sein de la communauté, les Badjenou Gox (Marraine de quartier), sont le plus habituellement informées de cas d’abus sexuel. Cependant, elles sont dépourvues de moyens afin de traquer les bourreaux. «Nous sommes dans le quartier, des gens viennent nous voir pour nous signaler des cas d’abus sexuel comme le viol et l’inceste. Mais dans la majorité des cas, nous n’avons pas les moyens pour les vérifier. Et c’est quand une grossesse surgit que le problème est étalé au grand jour et l’auteur poursuivi après une plainte d’un des proches» a fait savoir Badjene Fatoumata Diop du quartier des Hlm. Et de poursuivre : « les parents sont souvent complices de ces actes de viol. Ils refusent de dénoncer les abus dans le seul but de préserver leur soi-disant honneur et c’est la victime qui en souffre. Cette dernière est obligée ou forcée de vivre avec ce mal toute sa vie. D’autres passent par cette phase pour dire non à toute relation conjugale et par ricochet refuser le mariage».
Des victimes se prononcent
Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé effectué au Sénégal en 2013 sur la question de la prise en charge des personnes victimes de viol et d’inceste, la plupart des victimes disent ne pas être soutenues par leurs parents et leur entourage. A cet effet, le rapport fait noter un soutien notable, selon les victimes, des «Badjenou Gox » et autres leaders de la communauté comme les chefs de quartiers. L’Association des femmes juristes est citée comme étant un soutien majeur dans le processus juridique. Du coté psychologique, il existe une insuffisance des dispositifs de soutien aux victimes. Les moyens et la ressource humaine étant très limités ou presque inexistants, ces dernières estiment qu’elles ne sont pas prises en charge et la plupart se disent meurtries et déclarent qu’elles n’oublieront jamais cette violence subie.
Selon un des médecins qui s’est prononcé dans le rapport de l’Oms 2013 : «il n’existe même pas de psychologue dans nos hôpitaux, la majeure partie reste à Dakar alors qu’il est difficile de faire déplacer ces victimes ; parfois elles n’ont même pas les moyens financiers pour honorer le déplacement en vue d’une assistance psychologique qui reste cruciale dans leur prise en charge et souvent négligée». Ainsi, par rapport aux agressions sexuelles, la perception de cette violence sexuelle est dépendante des conséquences de cette dernière, telle que la grossesse qui en résulte. Une grossesse perçue comme étant un élément de l’agression qui est là pour le leur rappeler.
LES AFRICAINS N'ONT PAS LES DIRIGEANTS QU'ILS MÉRITENT
Elle a inspiré Beyoncé, les stylistes de Dior et les scénaristes de Hollywood. Mais Chimamanda Ngozi Adichie reste attachée à son Nigeria natal. Rencontre avec une star tendre et féroce pour qui la cause des femmes et celle du continent sont liées
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 05/12/2020
Elle a inspiré Beyoncé, les stylistes de Dior et les scénaristes de Hollywood. Mais la romancière multiprimée pour Americanah reste indéfectiblement attachée à son Nigeria natal. Rencontre à Lagos avec une star tendre et féroce pour qui la cause des femmes et celle du continent sont intimement liées.
Il s’en est fallu de peu pour que la rencontre avec Chimamanda Ngozi Adichie n’ait pas lieu : un vol annulé à la dernière minute, une équipe intransigeante, un point de rendez-vous communiqué moins de deux heures avant… Sécurité oblige après le rapt, en 2015, du père de l’écrivaine multiprimée.
Port de reine, sourire bienveillant, Chimamanda Ngozi Adichie vit dans les beaux quartiers, à Lagos comme à Washington. Elle a peut-être reçu l’éducation corsetée qui va avec, mais elle manie à la perfection les codes de l’humilité. Quelques légumes typiquement nigérians en guise d’apéritif, puis elle s’abandonne à l’objectif du photographe, bercée par un chant traditionnel igbo.
Son œuvre, traduite dans une trentaine de langues (y compris en mandarin), elle l’a construite à partir de son histoire personnelle, laissant parfois deviner, à travers les thèmes qu’elle explore de manière quasi obsessionnelle (l’africanité, l’identité noire, les cheveux, l’amour, l’exil…), le poids du passé familial : c’est la mort de ses deux grands-pères dans des camps de réfugiés qui l’a poussée à écrire L’Autre Moitié du soleil, sur la guerre du Biafra. Et c’est sa grand-mère qui l’a biberonnée à la culture igbo, dont elle se revendique à cor et à cri.
Membre de l’Académie américaine des arts et des lettres – l’une des plus belles consécrations aux États-Unis –, la romancière promène un regard tendre et sévère sur tous les continents. Se considère-t-elle comme une écrivaine politiquement engagée ? Elle rejette l’étiquette mais distribue les coups de griffe. Trump ? Pire que ce qu’elle aurait pu imaginer. L’Afrique ? Malade de l’incompétence de ses dirigeants. Une belle rencontre avec une âme heureuse.
Jeune Afrique : Vous avez publié votre premier roman en 2003, à l’âge de 25 ans. Vous avez depuis rencontré un grand succès international. Avez-vous le sentiment d’appartenir à ce que l’on appelle communément la « littérature africaine » ?
Chimamanda Ngozi Adichie : Oui et non. Oui parce que mon identité d’Africaine compte pour moi. À mes débuts, j’écrivais des textes sur des enfants en Angleterre parce qu’ils étaient au cœur des livres que je lisais, notamment ceux de la collection britannique à l’eau de rose de Mills & Boon. Tout a changé quand j’ai découvert deux romans mettant en scène des enfants du continent : La Flèche de Dieu, de Chinua Achebe, et L’Enfant noir, de Camara Laye. Ce sont pour moi deux ouvrages fondateurs, et je fais corps avec cette lignée d’écrivains africains qui m’ont inspirée. De ce point de vue, il existe, évidemment, une littérature africaine.
Cela étant, cette notion peut se révéler restrictive quand certains s’arrogent le droit de la définir à notre place. Un exemple : mes romans campent des personnages vivant dans des sociétés modernes globalisées au Nigeria, aux États-Unis, en Angleterre ou ailleurs. On me demande parfois pourquoi j’écris sur l’Amérique alors que je suis africaine. Mais ce n’est pas contradictoire ! Je rejette cette vision étriquée de la littérature africaine.
Le choc des cultures que vous décriviez dans votre premier ouvrage, L’Hibiscus pourpre, reste-t-il d’actualité ?
C’est un roman sur la nécessité, pour nous Africains, de trouver notre équilibre dans ce monde, et c’est un véritable enjeu. L’un des personnages du livre est un fervent catholique auquel on a appris que tout ce qui avait préexisté au christianisme était à jeter aux orties. Évidemment, je n’adhère pas à cette thèse. Le continent a un passé riche, des traditions millénaires et des langues qu’il nous faut conserver ou nous réapproprier avec fierté.
Ces langues sont-elles suffisamment mises en valeur sur le continent ?
Non. Les jeunes générations ne les parlent pas et n’ont aucun respect pour elles. En avoir l’usage aiderait pourtant nos enfants à être pleinement conscients de leur identité. Chez moi, à la maison, nous parlions l’anglais et l’igbo, et cela a été enrichissant et structurant : je me sens à l’aise partout dans le monde parce que je sais qui je suis.
Nous nous rendrons compte de l’ampleur du désastre lorsque les jeunes générations seront devenues adultes : délestées de leur identité propre, elles ne seront jamais tout à fait occidentales pour autant. C’est d’autant plus inquiétant que cela augure aussi du devenir de notre continent : qui seront les dirigeants de nos pays dans soixante-quinze ans, sur quel socle de valeurs s’appuieront-ils ?
Le Nigeria est omniprésent dans vos récits. Vous avez beau vivre en partie aux États-Unis, il ne vous quitte pas !
Bien sûr ! Je suis née et j’ai grandi au Nigeria, pays que j’ai quitté pour la première fois après mes 19 ans. Bien que je sois ouverte au monde, ma sensibilité reste nigériane. Je me dois de le rappeler parce que nombre de mes compatriotes, parmi lesquels des intellectuels, doutent que je sois encore des leurs.
CONTRE LA RÉHABILITATION MÉDIATIQUE DE CHEIKH YÉRIM SECK
L'environnement médiatique sénégalais est très problématique. Il pullule d'hommes qui entretiennent à longueur de journée des stéréotypes. Les discriminations à l'égard des femmes, entretiennent le patriarcat et la culture du viol
Depuis quelques semaines, nous assistons, sidéré.e.s, au retour sur les plateaux de télévision, de Cheikh Yerim Seck, condamné par la justice sénégalaise en septembre 2012 pour viol. Condamné à 3 ans de prison ferme, peine plutôt clémente vu la gravité des faits, il ne purgera pourtant que 15 mois sur la totalité de sa peine, bénéficiant d'une grâce qui avait fortement choqué les organisations de défense des droits des femmes.
Rappelons aussi qu'il était récemment déféré au parquet pour une affaire d'avortement présumé qui est toujours pendante devant la justice.
Malgré ce casier judiciaire, l'homme demeure un bon client des médias. L'avis de Cheikh Yerim Seck est sollicité sur une pléthore de sujets. Et il serait surtout "la personne ressource" à avoir quand il s'agit de sujets politiques. L'environnement médiatique serait-il si pauvre en analystes politiques ?
Nous ne pensons pas, il s'agit plutôt d'une réhabilitation orchestrée et programmée d'un homme de pouvoir, du privilège d'un mâle.
Comment les journalistes et patrons de télévision peuvent-ils se montrer si complaisants envers un violeur condamné ?
Et là, nous interpellons au premier chef M. Youssou Ndour, PCA du Groupe Futurs médias, au vu de la fréquence avec laquelle Cheikh Yérim Seck est invité sur ses plateaux.
L'environnement médiatique sénégalais est très problématique.
Il pullule d'hommes qui entretiennent à longueur de journée des stéréotypes genrées, les discriminations à l'égard des femmes, entretiennent le patriarcat et la culture du viol.
Il suffit d'écouter les émissions comme Teuss, Xalass ou Guis Guis.
Ils se sont érigés en procureur en charge d'assurer la pseudo vertu des femmes, mais ne piperont mot sur le fait qu'un violeur soit réhabilité ; par solidarité phallique sans doute.
La solidarité entre mâles doit-elle primer sur les droits fondamentaux de la moitié de la population sénégalaise ?
Pour rappel, 1 femme sur 3 dans le monde a subi au moins une fois dans sa vie des violences sexuelles et/ou physiques. Et les violeurs sont encore très peu condamnés.
Quand est-ce vous allez vous sentir concernés ?
Aux patrons de presse qui l'invitent volontiers et aux chroniqueurs qui acceptent de partager le plateau avec lui, nous demandons de reconsidérer votre rôle dans la promotion de la masculinité toxique et le traumatisme que chacune des victimes de Seck et leurs proches revivent en le revoyant à l'écran.
Aux téléspectateurs, nous demandons de boycotter purement et simplement ces plateaux qui se sont donnés pour mission de réhabiliter à grande eau ce délinquant sexuel.
"Payer sa dette" ne suffit pas !
Symboliquement, un violeur qui se pavane sur les plateaux télé est une insulte envers toute la société, et envers toutes les autres victimes silencieuses.
Quel autre délinquant sexuel au Sénégal a droit à pareille exposition médiatique? Cette réhabilitation sélective fait partie de la culture du viol.
Cette sympathie envers les violeurs pendant que les victimes continuent à se terrer, à gérer leurs traumatismes, à tenter d'avoir une vie normale, est insupportable. Elle banalise, pire, elle encourage les violences sexuelles.
Quel message envoie-t-on à toutes les femmes qui ont subi un viol ? Au-delà, quel message envoyez-vous, chers patrons de presse, journalistes et chefs de rédaction, à tous les petits garçons et à toutes les petites filles de cette société ? Que violer n'est pas si grave que ça ?
Pendant que la victime, elle, doit se terrer toute sa vie, le violeur, lui, se voit réhabilité comme si l'acte de violer est banal.
La honte doit changer de camp, le viol des consciences doit cesser !
Alors que les associations se battent au quotidien contre les mythes du viol et essayent de faire évoluer les mentalités sur ce sujet, les médias nous imposent un violeur, chaque soir.
Il est de notre responsabilité aussi de vous rappeler que le viol n'est pas un acte banal mais un acte de barbarie, que des milliers de Sénégalaises l'ont subi et que cela affecte toute leur vie.
Il est de votre responsabilité de vous engager, en tant que médias, à combattre la culture du viol et les violences sexuelles, en donnant la parole à des hommes et femmes intègres. Au lieu de laisser un contre-modèle absolu vaticiner sur tous les écrans en narguant ses victimes.
Il est de notre responsabilité de vous rappeler qu'il n'y a pas une hiérarchie des crimes qui justifierait un traitement de faveur selon l'identité du perpétrateur, quel que soit son niveau social et ses privilèges.
Signataires
1. Aby Diallo, Présidente de l'association des juristes sénégalaises
2. Awa Cheikh Seck, Administratrice technique
3. Aissatou Sène, Cheffe d'entreprise et féministe
4. Mame Diarra Diané, Manager et féministe
5. Dr. Rama Salla Dieng, Maitresse de conférences en études africaines et développement, Université d'Edimbourg
7. El Bachir Niang, Président de l'association StopTontonsaïsaï
8. Micheline Lawson Niasse, CEO Pulse, manager
9. Eve Frieda Ngo Bakenekhe, Journaliste
10. Adama Pouye, Mediathécaire, communicante
11. Fatima Dieng, Project Manager
12. Kine Fatim Diop, Militante des droits humains
13. Ndeye Fatou Kane, Chercheuse en études sur le genre EHESS Paris
14. Sokhna Racky Ba, France, Professeure
15. Saly Diop, Manchester, UK Women Advocate and media specialist
16. Seydou Badiane, CEO Fabagroup
17. Adama Djitome Diatta, Journaliste
18. Marina Kabou, coordinatrice collectif Dafadoy
19. Dye Fall, Enseignante
20. Fatou Warkha Samb, Défenseure des droits des femmes, videaste
21. Aisha Dabo, Journaliste
22. Maimouna Astou Yade, Présidente de Jigen, féministe
23. Mouhamadou Elias Ndoye, collectif Dafa doy
24. Anta Ndiaye, Juriste et entrepreneur
25. Papa Ismaila Dieng, Journaliste et blogueur
26. Adji Fatou Faye, Pr and campaign manager, Ringier One Africa media
27. Dr Marame Gueye, Associate Professor of English and African Literatures, East Carolina University
28. Jaly Badiane, Activiste pour la promotion des femmes
29. Aida Niang, Conseillère municipale, Coordinatrice du Mouvement M23
30. Amy Sakho, Juriste, militante des droits des femmes
31. Fatouma Diallo, Etudiante en sciences politiques
A THIAGO, LES FEMMES RÉCLAMENT DES MOYENS
Les femmes de Thiago, un village du département de Dagana (nord), ont dévoilé vendredi leur contribution à la culture du riz et au maraîchage, en même temps qu’ils ont réclamé des moyens pour mieux produire et transformer.
Thiago (Dagana), 28 nov (APS) – Les femmes de Thiago, un village du département de Dagana (nord), ont dévoilé vendredi leur contribution à la culture du riz et au maraîchage, en même temps qu’ils ont réclamé des moyens pour mieux produire et transformer, a constaté l’APS.
Elles obtiennent, chaque année, ‘’une production assez importante’’ de riz, de fruits et de légumes, a dit Aïcha Daro Fall, l’une d’entre elles, lors de la visite de responsables du Projet de gestion intégrée des ressources en eau (PGIR), de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal et de membres d’un réseau de journalistes d’Afrique de l’Ouest.
Les visiteurs étaient venus s’imprégner des activités agricoles des femmes de Thiago.
Mme Fall a salué le soutien que le PGIR apporte aux femmes de ce village, qui s’activent dans la production du riz, des fruits et légumes, mais aussi dans la transformation de ces produits.
Les villageoises fabriquent également des jus à base de tamarins, de jujubes, etc., selon elle.
Elles souhaitent avoir accès au crédit bancaire pour bien mener leurs activités économiques. ‘’Nous voulons davantage de financements pour accroître notre production, afin que les jeunes de Thiago, travaillent dans (…) la transformation et la commercialisation des produits agricoles’’, a lancé Aïcha Daro Fall aux visiteurs.
Les agricultrices de Thiago souhaitent arriver à écouler leur production partout dans le monde, selon Mme Fall.
Les deux congélateurs destinés à la conservation des produits agricoles et maraîchers transformés sont insuffisants, a-t-elle signalé.
Selon Demba Sira Diop, le président de l’Union des producteurs de Thiago, le PGIR aide les paysans à irriguer leurs terres à l’aide de motopompes.
Un magasin de stockage des produits agricoles est mis à la disposition des producteurs, a-t-il dit, réclamant d’autres équipements aux responsables du PGIR.
Le débordement des eaux du fleuve endommage les cultures, a souligné M. Diop, ajoutant que la SAED, la société nationale chargée de l’aménagement des terres du delta du fleuve Sénégal, aide à résoudre cette équation.
‘’Nous souhaitons aussi la clôture des périmètres agricoles, pour éviter la divagation des vaches et des autres animaux’’, a-t-il dit.
A Thiago, l’Etat est également sollicité pour l’accès au crédit bancaire, et les paysans rêvent de produire davantage, ‘’pour mieux participer à l’atteinte de la sécurité alimentaire’’ du pays.
LES FEMMES DE NDAYANE ONT TROUVE LE REMEDE
'Mbeur beuf'. A Ndayane cette plante n'a pas fini de démontrer toutes ses vertus. En effet, elle a permis de soigner les pêcheurs de la localité, en deux ou trois jours.
'Mbeur beuf'. A Ndayane cette plante n'a pas fini de démontrer toutes ses vertus. En effet, elle a permis de soigner les pêcheurs de la localité, en deux ou trois jours. Les femmes de Ndayane ont trouvé un remède censé prévenir et guérir de la "maladie mystérieuse" qui touche plus d'une centaine de pêcheurs.
Un remède pas aussi mystérieux que la maladie, car à Ndayane, plus de 200 personnes atteintes par cette maladie cutanée ont été guéries.
Khardiata Ciss, présidente du cercle des femmes And-Jef de Ndayane témoigne : "Ce produit soigne. Ceux qui ont été atteints ont été tous guéris par cette crème. Cela fait deux ans que nous avons mis en place ce produit qui soignait les plaies cutanées".
Les femmes de Ndayane s'activent beaucoup dans tout ce qui touche à la santé par les plantes. Le projet Wer Werlé, financé par Horizont 3000, qui est mis en oeuvre par Enda Santé, les aide dans le cadre de leur activité.
Commercialisé en petit pot, les femmes soutiennent que Enda-Santé, particulièrement Abdoulaye Ndiaye, formateur-assistant suivi évaluation à Enda-Santé, a beaucoup aidé dans la conception de ce produit miracle. L'Ong a également confirmé l'efficacité du produit fait à base de plantes de 'mbeur beuf', du beurre de karité et autres plantes. Le pot échangé à vil prix aux pêcheurs atteints est l'objet de toute les discussions dans cette communauté de pêcheur.
"Je souffrais beaucoup, je n'arrivais même plus à dormir. Une badienou gokh du nom de mère Aminata m'a conseillé d'aller voir les femmes du Gie pour qu'elles me procurent la crème. Je suis resté plusieurs jours sans aller en mer. La crème m'a guéri en deux jours", affirme Aliou Sarr, un des patients.
Sur son corps comme sur ceux de ses amis, on constate la cicatrisation des boutons. Comme quoi à Ndayane le 'mbeur beuf' a eu raison de la maladie mystérieuse. Et ce "vaccin" a été trouvé par les femmes.
«POUR LUTTER CONTRE LES MUTILATIONS GENITALES FEMININES, IL FAUT L’INFORMATION ET L’EDUCATION…»
Vu l’ampleur du phénomène, Dr Aoua Bocar Ly Tall plaide pour une approche pluridisciplinaire qui prend en compte toutes les sciences humaines dans la réponse contre cette pratique.
«La pratique des Mutilations génitales Féminines : valeur culturelle ou répression sexuelle ? », c’est le nouvel ouvrage de Dr Aoua Bocar Ly Tall. L’auteur l’a présenté hier au public à l’occasion d’une cérémonie de dédicace présidée par la présidente du comité national de l’initiative pour la transparence des industries Extractives (Cnitie), le Pr Awa Marie Coll Seck qui a d’ailleurs préfacé le livre. Elle plaide, à travers cette publication, la mise en œuvre de nouvelles stratégies pluridisciplinaires afin d’engager l’assaut final contre ce phénomène.
Arriver à bout des mutilations génitales féminines, c’est à ce combat que se livre la sociologue et chercheuse associée et consultante internationale à l’Institut des Études des Femmes de l’Université d’Ottawa au Canada depuis des années. Mais vu l’ampleur du phénomène, Dr Aoua Bocar Ly Tall plaide pour une approche pluridisciplinaire qui prend en compte toutes les sciences humaines dans la réponse contre cette pratique.
D’après l’auteur de « De la Reine de Saba à Michelle Obama », en ce début du 21ième siècle, il est urgent de définir de nouvelles stratégies à mettre en œuvre en vue d’engager l’assaut final contre les mutilations génitales féminines et de les vaincre à jamais, au plus tard dans les deux prochaines décennies. « Pour ce faire, il faut procéder à un bilan de ce qui a été fait sur le plan national, c’est-à-dire dans les pays d’Afrique et aussi au niveau international et d’identifier les acquis, mais aussi des écueils de cette lutte. Les lois, c’est bon mais ce n’est pas suffisant. Il faut l’information et l’éducation. Alors éduquons nos populations pour que cesse cette souffrance que subissent les femmes », a plaidé l’Experte en Genre (Équité femmes/hommes) et en Diversité (culturelle, raciale, religieuse et de visions).
Dans son livre de 10 chapitres couchés sur 169 pages, Dr Aoua Bocar Ly Tall reste convaincue qu’il est également nécessaire d’approfondir la réflexion sur ce problème complexe qui invite les décideurs à aller au fond de cette pratique et de saisir la signification de cette coutume qui perdure au-delà du temps et de l’espace. «Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons élaborer des stratégies adéquates, c’est-à-dire sociales, éducatives, médicales d’éradication définitive de cette pratique néfaste pour la santé des femmes et des fillettes. En tant que forme de violence à l’égard des fillettes et des femmes, les mutilations génitales féminines exigent la recherche d’actions et d’idées afin d’y mettre fin », insiste-t-elle. Par ailleurs, Mme Ly Tall veut lever le coin du voile sur ce phénomène de société. Parce que, dit-elle, les Mgf, ce n’est pas une pratique uniquement africaine car elle est notée dans 40 pays du monde et même dans les pays occidentaux. «C’est toutes les régions et les religions du monde qui le font. C’est une question qui dépasse les nations, les religions et les ethnies », fait-elle savoir. En outre, il s’agit également pour l’auteur d’interroger un peu l’histoire pour comprendre l’origine et l’évolution des Mgf.
En outre, c’est aussi un éveil des consciences sur cette pratique. Présidant la cérémonie de présentation du livre, l’ancienne ministre de la Santé et de l’Action Sociale, Awa Marie Coll Seck, qui a également préfacé le livre, estime que ce nouvel ouvrage ne fait que confirmer la personne libre et battante qui n’a pas peur de dire ses opinions qu’est Docteur Aoua Bocar Ly Tall.
PLUS DE 50 CAS DE VIOLENCES CONTRE LES FEMMES SIGNALÉS ENTRE LES MOIS DE MARS ET SEPTEMBRE
La pandémie de la Covid-19 n'a pas seulement causé des dégâts économiques et sanitaires. Elle a eu un impact sur les violences basées sur le genre
Les violences basées sur le genre n'ont pas connu d'accalmie durant la période de la pandémie de Covid-19. En effet, la présidente de la Synergie des Organisations de la Société civile (Sysc), Penda Seck Diouf, révèle que plus d'une cinquantaine de cas ont été signalés entre les mois de mars et septembre. Elle a fait cette révélation hier, en marge de la cérémonie de lancement de la « campagne 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et filles ».
La pandémie de la Covid-19 n'a pas seulement causé des dégâts économiques et sanitaires. Elle a également eu un impact réel sur les violences basées sur le genre, à savoir la violence conjugale, la violence sexuelle, le mariage d’enfants et les mutilations génitales féminines. D’après la présidente de la Synergie des Organisations de la Société civile (Sysc), Penda Seck Diouf, au moins une cinquantaine de cas ont été signalés entre mars et septembre par le Comité de Lutte contre les Violences faites aux Femmes et aux Enfants (CLVF).
Sans compter, ajoute-t-elle, les cas enregistrés par les organisations de la société civile. La présidente de la Sysc souligne en effet que le confinement a permis de noter une nouvelle forme de violence liée entre autres à la marginalisation, la stigmatisation, la distanciation intime ainsi que l’abandon de familles chez les femmes et les filles. « Plusieurs femmes infectées ou en contact avec des personnes atteintes par le virus ont subi des menaces de répudiation », révèle Penda Seck Diouf. Elle estime à cet effet que la vulgarisation des lois et conventions mises en place contribueront à la diminution du taux de cas de violences surtout celles liées au viol et à la pédophilie dans les familles et les communautés.
La présidente de la Sysc invite par ailleurs le président de la République à inscrire les VGB dans les programmes et projets prioritaires du gouvernement, avec une ligne budgétaire d’au moins 1%. Elle demande aussi l’amélioration de l’accessibilité à la justice pour les plus vulnérables. Venue présider la cérémonie de lancement de la « campagne 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et filles », la ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants, Ndèye Saly Diop Dieng, soutient pour sa part que le chef de l’Etat, après avoir promulgué la loi n° 2020 - 05 criminalisant le viol et la pédophilie à l’occasion d'un dialogue, l’avait instruite de tout mettre en œuvre pour assurer une large diffusion en vue d’une appropriation par toutes les composantes de la population. «C’est dans cette perspective que nous avons adopté une stratégie de vulgarisation et de la traduction du texte en français et dans les 14 langues nationales codifiées », renseigne la ministre. D’autant que, rappelle-t-elle, cette présente loi a une vocation dissuasive par la pression qu’elle exerce contre les délinquants.
Pour Ndèye Saly Diop Dieng, la loi doit également inciter les familles et les communautés à renforcer la culture de la responsabilité face à toutes les formes de violence.