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28 novembre 2024
Femmes
par Ndèye Fatima Ndiaye
NDELLA MADIOR, LA LINGUÈRE QUI CHOQUE ET FASCINE
Ndella, tel que le suggère Paolo Freire dans la pédagogie des opprimés (1975), vient de « libérer la parole ». Oui, les femmes sénégalaises ont droit au bonheur charnel et elles le veulent. Dorénavant, elles le réclament
En brisant le tabou qui entoure les rapports hommes-femmes dans le ménage, Ndella Madior bouscule les traditions et mœurs sénégalaises qui « sacralisent » la femme car elle est le socle sur lequel repose les valeurs et vertus de la société. Longtemps, la femme sénégalaise a été le poteau qui garantit cette stabilité-là dans l’espoir que les fils qu’elle met au monde, une fois grands, essuieraient ses larmes et frustrations. Des valeurs qui font constamment appel à son sacrifice pour pérenniser la stabilité du noyau sociétal que représente la famille. En effet, dans un Sénégal traditionnel et de plus en plus "islamisé", le plaisir féminin n'a jamais été aussi occulté. L'homme choisit sa femme et peut en prendre d'autres s'il le désire. La femme quant à elle, doit obéissance et fidélité à son mari. Elle lui doit d'être vierge au mariage. Et si par malheur elle venait à divorcer, elle subit la pression de sa famille et celle de la société qui lui donne le surnom de "thiaga" (pute). Une femme par qui passeront les maris infidèles et autres garçons en quête d'expérience. Et aujourd’hui, plus que jamais, les médias par différentes émissions religieuses et autres discussions télévisuelles, relaient cette volonté de rappeler ce sacerdoce aux femmes sénégalaises. Sauf que ce sacrifice devient lourd. Très lourd à porter. Et les nouvelles générations de femmes ne sont plus prêtes à l’endosser. Et avec raison.
C’est à travers l’une de ces talkshows, Confrontation sur la 2STV, que Ndella Madior, femme médecin et célèbre boss des communications vient sonner l’heure du nouveau paradigme de la mentalité de la femme sénégalaise. Elle affirme en effet : « Oui, je suis tombée enceinte hors-mariage et j’ai été heureuse de donner la vie… ». Ndella enfonce même le clou en déclarant « … je ne suis pas lesbienne, bien au contraire, j’aime les hommes et seul un homme, un vrai, peut s’aventurer à demander ma main car je fais l’amour tous les jours… et plusieurs coups le soir… ». Il n’en fallait pas plus pour choquer les Sénégalais et enflammer la toile. À travers les lignes de commentaires des internautes sur plusieurs plateformes, on peut lire plusieurs commentaires qui fustigent le langage « effronté » de la jeune femme, mère de famille. On lui demande de « surveiller son langage et de penser à ses enfants car c’est honteux ». « Qu’une femme ne devrait pas s’exprimer ainsi à la télé… Qu’elle aurait perdu la tête… ». Ceci était tout à fait prévisible et tout cela Ndella n'en a cure. C'est une femme libre dans sa tête et dans ses finances. Mais la colère des uns ne l’emporte pas sur la fascination que suscite l’audace de ses propos. Au-delà du fait qu’elle brave la pudeur que prônent les discours traditionnels et religieux, Ndella Madior incarne la beauté de la femme sénégalaise. Elle fait partie de l’élite intellectuelle et représente ce que j’appelle cette nouvelle classe de femmes sénégalaises bien dans leur peau et qui assument leur sexualité. Ce qui nous change de cet impitoyable et pathétique jongué, purement orienté vers le plaisir et la satisfaction de l’homme sénégalais. Ndella, tel que le suggère Paolo Freire dans la pédagogie des opprimés (1975), vient de « libérer la parole ». Oui, les femmes sénégalaises ont droit au bonheur charnel et elles le veulent. Dorénavant, elles le réclament.
Elle finit par faire une déclaration d'amour en direct à Tafsir Diattara, un ex-mari, pour qui elle serait prêt à s'engager de nouveau. Tafsir serait un " homme fort qui assure..."Inutile de vous dire que j'admire Ndella, son courage et sa détermination mais aussi son engagement à la lutte pour le changement du Code de la famille sénégalais dans un pays aux us et coutumes encore liberticides et réfractaire aux droits les plus basiques de la femme.
Je me dois quand même de préciser que tous ne sont pas forcément contre un assouplissement des traditions qui suggèrent une relation unilatérale de domination dans les rapports hommes-femmes. Et oui, parce que secrètement, les hommes sénégalais rêvent d’une femme « dévergondée » qui n’hésite pas à s’affirmer dans l’intimité. Contradictoire, non ? C’est ça le Sénégal ! D’un côté, il y a ces traditions ancestrales (qui n’en sont pas unes si on se réfère à ce qu’ont été les sociétés sénégalaises d’avant l’islam et le christianisme) et de l’autre, il y a cette jeunesse moderne, libre et consciente de ses vouloirs. Et dans cette masse, il y a les discours et prêches religieux qui, j’ai tendance à le croire, nous tirent vers l’arrière et essaient par tous les moyens de nous imposer un Sénégal qui n’est pas le nôtre.
Quatre cent quatre-vingt-quinze femmes de Koungheul, un département situé dans la région de Kaffrine (centre), ont bénéficié ce week-end de tests de dépistage gratuits du cancer du col de l’utérus et du sein.
Koungheul, 19 oct (APS) – Quatre cent quatre-vingt-quinze femmes de Koungheul, un département situé dans la région de Kaffrine (centre), ont bénéficié ce week-end de tests de dépistage gratuits du cancer du col de l’utérus et du sein, a appris l’APS auprès du corps médical local.
Les tests ont eu lieu samedi et dimanche, dans le cadre d’une campagne de dépistage et de sensibilisation organisée par l’Amicale des femmes du district de Koungheul, avec la collaboration des jeunes de cette commune.
‘’L’Amicale des femmes, par le biais des sages-femmes de Koungheul, a dépisté 495 femmes. Et (…) on a eu des cas détectés et traités’’, a indiqué la maîtresse sage-femme du district sanitaire de Koungheul, Néné Ndiaye, sans autre précision.
‘’Nous avons l’ambition de former toutes les sages-femmes du district au dépistage du cancer du col de l’utérus. A Koungheul, plusieurs cas de cancer du col de l’utérus sont dénombrés chaque année. Ce cancer est le deuxième le plus important dans notre localité, après celui du sein’’, a-t-elle expliqué.
Le virus à l’origine du cancer de l’utérus, appelé ‘’human papilloma virus’’, ‘’peut rester dans l’organisme pendant quinze ans avant l’apparition d’une légion précancéreuse et dix ans avant la légion cancéreuse’’, a dit la maîtresse sage-femme du district sanitaire de Koungheul.
Selon elle, le cancer du col de l’utérus est favorisé par le multi-partenariat sexuel et le nombre élevé de naissances chez les femmes. D’où l’invitation faite aux femmes de se faire dépister à partir de 26 ans.
Selon Rokhaya Thioye, l’adjointe du médecin-chef du district sanitaire, le ministère de la Santé a doté le département de Koungheul d’un appareil de cryothérapie, qui sert à soigner les lésions précancéreuses.
‘’Cet appareil a été offert au district sanitaire de Koungheul dans le cadre de la campagne contre le cancer du col de l’utérus. Il sera utilisé pour prendre en charge les cas de cancer du col de l’utérus qui pourraient être détectés dans les postes de santé et référés au centre de santé de Koungheul’’, a-t-elle expliqué.
Les séances de dépistage gratuit se sont tenues au district sanitaire de Koungheul et au poste de santé de Diameguène, un quartier périphérique de la ville de Kaffrine, dans le cadre de la campagne ‘’Octobre Rose’’.
EN FINIR AVEC L'APARTHEID CAPILLAIRE
Alors qu’il existe en France presque trois fois plus de salons de coiffure que de boulangeries, le cheveu afro a encore du mal à trouver une adresse pour se faire chouchouter
Le Monde Afrique |
Sandrine Berthaud-Clair |
Publication 18/10/2020
Malgré une forte demande et un marché du cheveu bouclé-frisé-crépu en pleine expansion, les formations académiques peinent à se moderniser.
Alors qu’il existe en France presque trois fois plus de salons de coiffure que de boulangeries, le cheveu afro a encore du mal à trouver une adresse pour se faire chouchouter. En 2018, pas moins de 85 192 établissements quadrillaient le territoire, selon le recensement de l’Union nationale des entreprises de coiffure (UNEC) et le secteur, deuxième de l’artisanat, pèse 6 milliards d’euros de chiffres d’affaires par an.
Or si l’on voulait pouvoir couvrir les besoins capillaires des personnes noires et métisses de France, estimées à au moins un cinquième de la population d’après le Conseil représentatif des associations noires (CRAN), il faudrait 17 000 enseignes capables de proposer des services pour cheveux bouclés-frisés-crépus (BFC). L’Ile-de-France, qui compte à elle seule 15 000 salons minimum, devrait donc pouvoir proposer une expertise « BFC » dans 3 000 d’entre eux. Mais on en est encore très loin.
« En région parisienne, où les besoins sont les plus importants car la diversité y est plus forte qu’ailleurs, on n’en dénombre pas 150, même en comptant les boutiques des quartiers de Château-Rouge et Château-d’Eau, explique Aude Livoreil-Djampou, qui a créé le Studio Ana’e à Paris en 2015, un salon « multitexture » qui accueille toutes les diversités de cheveux, du plus raide au plus crépu. Et, à Paris, c’est bien pire : les enseignes qui privilégient la qualité se comptent sur les doigts des deux mains ! »
Alors qu’est-ce qui coince ? La formation. « Aujourd’hui encore, du CAP au brevet professionnel, on n’apprend toujours pas aux futurs professionnels à prendre en charge ces textures, ou alors de manière très marginale », tranche Alexis Rosso. Ce coiffeur studio haut en couleur d’origine guadeloupéenne, parmi les meilleurs artisans de France, a dû se former aux Etats-Unis et à Londres pour développer son expertise du cheveu afro alors qu’il coiffait depuis l’âge de 15 ans en salon. Son parcours, emblématique, l’a convaincu de devenir formateur certifié pour inverser la tendance et accompagner les futurs coiffeurs.
« Coiffure noire ghettoïsée »
Car non seulement le CAP ne forme pas les jeunes à cette problématique, mais le seul bagage qu’on leur enseigne encore, c’est le défrisage. De quoi faire dresser les cheveux sur la tête des militantes de la cause Nappy (contraction de natural et happy) qui œuvrent depuis vingt ans pour libérer le cheveu naturel, le sublimer, et en finir avec le diktat du cheveu lisse. D’autant que les produits défrisants, très agressifs, brûlent le cuir chevelu, abîment la fibre capillaire et peut aboutir en quelques années à de conséquentes pertes de cheveux.
« Pendant longtemps, on a considéré le cheveu afro comme indomptable, explique Diane Châtelier, créatrice en 2012 de Nappy Boucles, un site de vente en ligne de produits capillaires. Ce point de vue a enfin changé. Les femmes ont découvert qu’il n’est pas si compliqué d’avoir une routine de soins adaptés et que les possibilités de coiffage sont grandes. Et le confinement a accéléré encore cette libération. Mais la formation, elle, est encore loin d’être à la page. »
NOUS VOULONS BOOSTER LES LANGUES NATIONALES AU SENEGAL
L’association synergie ndjabootu alphabétisation nationale (SNAN) a décidé de contribuer à la promotion de l’alphabétisation des langues au Sénégal et de défendre les intérêts des alphabétiseurs, a indiqué Niokhor Ngom.
Kaffrine, 17 oct (APS) – L’association synergie ndjabootu alphabétisation nationale (SNAN) a décidé de contribuer à la promotion de l’alphabétisation des langues au Sénégal et de défendre les intérêts des alphabétiseurs, a indiqué, samedi, à Kaffrine (centre), son président, Niokhor Ngom.
‘’La SNAN a pour objectif de contribuer à la promotion de l’alphabétisation des langues au Sénégal, de défendre les intérêts des acteurs de l’alphabétisation et de participer au développement économique, culturel et social du Sénégal’’, a-t-il déclaré, au terme d’une réunion avec les délégués de la commission d’alphabétisation de la région de Kaffrine, en présence des élus locaux.
‘’Nous voulons booster les langues nationales au Sénégal ‘’, a insisté M. Ngom, faisant savoir que son association a décidé d’alphabétiser et de faire des activités de transformation de fruits et légumes.
‘’Nous alphabétisons mais aussi nous faisons des activités en transformation de fruits et légumes et tout ce qui parle du développement. Nous sommes déterminés à aider les femmes et les hommes qui ont fait leur avenir dans l’alphabétisation’’, a indiqué Niokhor Ngom.
Il a fait savoir que l’association synergie ndjabootu alphabétisation nationale intervient actuellement dans sept régions du Sénégal à savoir Kaffrine, Kaolack, Dakar, Tambacounda, Diourbel, Fatick et Thiès.
‘’Chaque région est dirigée par une commission d’alphabétisation appelée +commission synergie ndjabootu alphabétisation nationale+’’, a rappelé M. Ngom, indiquant que chacune de ces commissions compte une cinquantaine de membres.
La SNAN, qui est composée de facilitateurs, de superviseurs et d’opérateurs d’alphabétisation, est créée en 2018, selon son président.
LE RÈGNE SANS PARTAGE DES HOMMES SUR LE FONCIER
Héritage, délibérations des collectivités territoriales, défaut de moyens financiers, les obstacles pour accéder au foncier chez les femmes sont multiples. Pourtant, ces dernières constituent l’écrasante majorité de la main-d’œuvre agricole au Sénégal
Héritage, délibérations des collectivités territoriales, défaut de moyens financiers, les obstacles pour accéder au foncier chez les femmes sont multiples. Pourtant, ces dernières constituent l’écrasante majorité de la main-d’œuvre agricole au Sénégal.
Mont Kilimandjaro, an 2016. Soixante femmes leaders, de retour d’Arusha en Tanzanie, franchissent la célèbre montagne et crient haut et fort l’amertume des femmes rurales africaines exclues, pour la plupart, de l’accès au foncier. Quatre ans plus tard, la directrice exécutive du Groupe d’initiative pour le progrès social (Gips/War), Julie Cissé, membre de la délégation sénégalaise au conclave tanzanien, exprime ses satisfactions et regrets.
‘’Je pense que la forte mobilisation des femmes leaders a produit pas mal de résultats. D’abord, il y a eu l’acceptation d’une charte contenant 15 demandes précises remises à la représentante de Mme Zuma qui fut, à cette époque, le président de l’Union africaine. Par la suite, en 2017, l’UA avait recommandé l’octroi de 30 % des terres aux femmes. Le Sénégal faisait partie des premiers pays à signer cette charte. Aujourd’hui, des efforts ont été faits. Mais il reste encore beaucoup à faire’’.
Selon des études brandies par Mme Cissé, le Sénégal serait encore très loin de l’objectif. A l’en croire, à ce jour, environ seulement 11 % des terres sont occupées par les agricultrices. ‘’Nous, nous estimons que le Sénégal devrait même pouvoir dépasser les 30 %. D’autant plus que 72 % de la main-d’œuvre agricole, au Sénégal, est constituée de femmes’’, relève-t-elle.
A Mbawane, les femmes continuent de se battre pour avoir leur autonomie. A Khour Wu Ndaw, certaines sont maitres. Les hommes, leurs ouvriers. L’une des baronnes qui a réussi à briser le plafond de verre, c’est mère Tiné Ndoye. Elle n’a pas attendu l’initiative Kilimandjaro pour se battre. Depuis le début des années 2000, elle va partout au Sénégal pour plaider la cause des femmes. Dans les parages, tout le monde la connait.
En provenance de Bayakh, sur la route de Kayar, il suffit de donner son nom pour ne pas se perdre. Ce jour-là, la conseillère économique, sociale et environnementale, présidente de la Fédération nationale des femmes rurales, est absente de son champ. Son fils, Abdou Ndiaye, se charge de nous guider sur les lieux. Un périmètre de moins d’1 ha, noir d’aubergines. Quelques bonnes dames, munies de leur bassine, s’activent à la récolte sous une forte canicule. Sidy, lui, reste dans un coin et fait un second tri des légumes. Il est le gestionnaire, recruté par la baronne. Venu de son lointain Saloum, l’homme trapu de teint noir revient sur le mode d’organisation : ‘’Je suis le gérant. Maman Tiné est le bailleur. A la fin de chaque campagne, on évalue le chiffre d’affaires, on sort les dépenses et on se partage de manière égale les bénéfices. Depuis 5 ans, c’est comme ça que nous travaillons. Vraiment, je ne me plains pas.’’
L’exemple de Mbawane
Pendant ce temps, les bonnes dames continuent leur cueillette avec la même cadence. Il est 14 h passées de quelques minutes, en cette matinée de très forte chaleur. Mame Saye Guèye cueille les aubergines avec dextérité. L’air un peu épuisé, elle confesse : ‘’Mère Tiné est aussi notre belle-mère. Elle a fait appel à nous pour l’aider à la récolte. Nous, nous ne connaissons que le travail. Nous faisons toutes les variétés de légumes. Parfois même, on fait de l’arachide. Cela contribue à régénérer la terre.’’
Assis dans son coin, le gestionnaire explique : ‘’Ce sont des collaboratrices. A la fin de chaque cycle, on appelle quelques femmes pour faire la récolte. La rémunération dépend de la moisson. Parfois, elle est bonne et on leur donne 3 000 F. Parfois, le marché est difficile et on leur donne moins. Mais ce n’est pas l’argent qui fonde la relation de travail. Elles sont très compréhensives.’’ Et d’ajouter : ‘’Le seul problème, c’est qu’il y a beaucoup d’aléas dans le marché. Imaginez, juste avant le Magal, le sac d’aubergines était cédé à 25 000 F. Aujourd’hui, il est descendu à 5 000 F. Ainsi va le marché.’’
Tout autour, les champs verdoyants appartiennent aux femmes. Alors que certaines font le piment, d’autres cultivent la menthe (‘’naana’’). Cela dépend des périodes et des moyens des unes et des autres. A ce titre, Mbawane est comme une oasis dans un vaste désert pour les femmes. Dans nombre de recoins du Sénégal, les femmes rurales sont bien visibles dans les champs. Souvent, elles sont même bien plus nombreuses que les hommes. Mais la plupart du temps, elles travaillent surtout comme ouvrières agricoles ou comme ‘’locataires’’ moyennant un prix excessivement cher. Parfois, par obligation dans les exploitations de leurs pères, époux ou frères.
Jointe par téléphone, Maman Tiné de préciser ce qui fait la spécificité de cette partie du village. ‘’En fait, dit-elle, tous ces champs que vous avez vus, appartenaient à mon mari. De son vivant, il les a gracieusement offerts à ses épouses. Chacune a pris sa part. Je pense que c’est le parfait exemple à vulgariser, pour éviter certains problèmes’’.
Pourtant, du point de vue de la loi, rien ou presque ne s’oppose à l’accès des femmes à la terre. Mieux, l’article 15 de la Constitution garantit une égalité parfaite entre les hommes et les femmes sur la terre. Mais, dans la réalité, pour qu’une femme accède au foncier, c’est la croix et la bannière. En fait, l’essentiel des obstacles relève moins de la législation que des pesanteurs économiques, sociales et culturelles.
Julie Cissé apporte des éclairages : ‘’Les femmes font face à des difficultés énormes. Fondamentalement, ces difficultés sont d’ordre socio-historique et culturel. Pour les contourner, notre réseau s’appuie surtout sur des alliés stratégiques que nous nommons les ‘farandoo’. Ce sont généralement des notables établis au niveau des communautés que nous allons voir, en cas de difficultés éprouvées par nos membres.’’
Le règne sans partage des hommes
En vérité, même si la loi n’apporte aucune restriction, même si les autorités déconcentrées et décentralisées sont sensibles à la problématique, le hic, c’est que le marché foncier obéit à ses normes propres. Surtout en milieu rural où les communautés dictent bien souvent leurs lois, même à l’Etat. Et dans ce milieu où le patriarcat règne généralement sans partage, il y a rarement de la place pour les héritières en matière foncière. Au décès du patriarche, les filles sont bien souvent exclues, sous le prétexte qu’elles doivent se marier, rejoindre leur domicile conjugal.
La baronne de Mbawane botte en touche cet argument qui ne tient ni de la religion ni de la morale. Tiné Ndoye : ‘’Pour moi, c’est juste le fruit de l’ignorance. Pendant longtemps, les femmes elles-mêmes ont trouvé normal cette exclusion. C’est pourquoi, au début des années 2000, nous avions associé les religieux à nos plaidoyers pour leur démontrer que ceci ne relevait nullement des prescriptions islamiques ou chrétiennes. Pour ce qui est de l’islam, il est prévu que la femme hérite de tous les biens de l’ascendant, y compris des biens fonciers. Seulement, elle a droit à la moitié de la part de l’homme. Pour le christianisme, il n’y a aucune restriction.’’
Exclue de l’héritage de son père, la femme est aussi parfois éjectée de celle de sa belle-famille où elle est comme une étrangère. Souvent, elles se heurtent à la convoitise des beaux-frères, qui revendiquent des droits sur les terres de leurs défunts.
Maire de Ndiaganiaw, Gana Gning explique : ‘’Souvent, quand le mari décède, il y a des problèmes avec les beaux-frères. Ce sont des histoires un peu fréquentes qui amènent des tiraillements. Mais quand le dossier arrive à la mairie, nous tranchons le plus souvent pour la femme. Même si elle retourne chez elle. Parce que nous supposons que si son défunt mari lui a laissé des enfants, il lui faut un moyen de subsistance pour les entretenir.’’
En outre, les femmes sont aussi victimes de leur ignorance, de la peur des conflits, ainsi que de leur analphabétisme. Résultat : elles sont souvent en marge des litiges. ‘’Elles ne savent pas comment faire pour avoir accès au foncier. Elles ne savent pas comment faire pour être aux instances de décision et elles ne savent pas, dans le cas où leurs droits sont violés, ce qu’il faut faire pour les réclamer. Voilà le véritable problème’’, constate la présidente nationale des femmes rurales pour s’en désoler.
Des obstacles politiques et économiques
En sus de ces obstacles d’ordre sociétal et culturel, il y a ceux d’ordre politique et économique. Souvent exclues des procédures de délibération des collectivités territoriales, les femmes sont, là aussi, rattrapées par leur analphabétisme. Même si cette contrainte disparait de plus en plus. Grâce aux actions de plaidoyers des groupements de femmes, les choses évoluent, même si c’est encore de façon très timide. C’est du moins la conviction de certains de nos interlocuteurs, dont la directrice exécutive de Gips/War. Elle témoigne : ‘’Elles sont de plus en plus nombreuses, les collectivités territoriales, à appuyer les initiatives féminines. Entre 2016 et maintenant, nous avons pu mettre en œuvre six périmètres fonctionnels, grâce à leur appui. C’est le cas, par exemple, de Touba Toul où le conseil municipal nous a donné trois périmètres. Il en est de même de Mbadakhoune où nous avons un périmètre. Nous demandions 2 hectares, mais le maire a proposé 4 hectares, puisqu’il y avait plusieurs groupements de femmes… Nous avons aussi un périmètre à Tivaouane et un autre à Notto Diobass.’’
Au demeurant, les poches de résistance restent toujours assez importantes. Selon les cas, les arguments invoqués pour s’opposer à l’octroi des terres aux femmes, c’est l’absence de demande ou bien l’absence de projet. ‘’Je pense que c’est de faux prétextes. Ces documents, on ne les demande pas systématiquement aux hommes. Pourquoi l’exiger aux femmes ? Certains élus doivent savoir que ce que nous faisons, c’est non seulement pour les femmes de leurs terroirs, mais aussi pour leurs communes. Je peux donner l’exemple de Touba Toul où nous remercions vivement le maire. Mais nous équipons tous les périmètres mis à notre disposition. C’est à raison de 30 millions F CFA au minimum, mobilisés grâce à nos partenaires’’.
En fait, une chose est d’avoir accès à la terre, une autre est de pouvoir les mettre en valeur et de les conserver. C’est dans ce cadre qu’entre en jeu Gips/War qui, avec ses partenaires, procède à l’aménagement des terres mises à la disposition de ses membres. ‘’Le principal problème dans un périmètre agricole, signale la directrice, c’est l’accès à l’eau. Le réseau accompagne les membres, surtout dans ce domaine. A chaque fois qu’elles réussissent à avoir des périmètres, nous les aidons à creuser des puits et des forages pour irriguer le périmètre’’. De plus, se réjouit-elle, certains ministères comme celui de l’Agriculture ont eu à prendre des décisions très salutaires, même si elles sont encore en deçà des attentes. En 2018, renseigne-t-elle, ledit ministère avait pris une circulaire qui prévoyait d’octroyer 15 % des terres aménagées aux femmes.
La stratégie payante des ‘’farandoo’’
Dans leur combat, les femmes peuvent également compter sur la générosité de certains seigneurs hommes. En fins stratèges, elles les appellent des ‘’farandoo’’ (alliés stratégiques). Julie Cissé donne l’exemple du village de Ndeng Diaw, dans le département de Tivaouane. Face à la raréfaction des terres, un notable s’est levé pour leur dire, suite au plaidoyer : ‘’Je vais vous donner 3 ha pour les femmes de mon terroir. Nous avons procédé à l’équipement et, en ce moment, le champ est très joli à voir. Sur place, il y a 4 groupes de femmes. Deux de 15 et deux de 17.’’
Dans la même veine, la directrice a cité l’exemple de ce marabout ‘’Mbacké-Mbacké’’ qui a mis gracieusement deux hectares à la disposition des femmes du réseau.
AMINATA SOPHIE DIÈYE, SAGA D'UNE HÉROÏNE DES LETTRES
elle n’aura même pas complété un demi-siècle de vie quand le trépas eut raison d’elle en 2016. Son expérience littéraire est pourtant dense. Ses écrits étaient la loupe grossissante qui montrait les pires vices de la société
Parler du talent d’Aminata Sophie Dièye est une tentative à laquelle tous ceux qui s’aventurent doivent excellemment mener. Il faut un texte à la hauteur de la femme qu’elle fut. Plonger dans son monde teinté d’humour sarcastique est une activité assez plaisante si vos mornes journées n’offrent aucun dérivatif.
Sans risque de froisser les susceptibilités, l’expression «femme libre» conviendrait bien à Aminata Sophie Dièye. Celle-ci a refusé d’être encadrée dans une dénomination, car ayant arboré toutes les étiquettes d’une femme de culture entière. Née au début des années 1970, elle n’aura même pas complété un demi-siècle de vie quand le trépas eut raison d’elle en 2016. Son expérience littéraire est pourtant dense. Elle a su élégamment porter les habits de dramaturge, romancière, chroniqueuse, journaliste…, bref, une femme des lettres. Ses écrits étaient la loupe grossissante qui montrait les pires vices de la société. Bien que bon nombre d’auteurs s’essayent à cet exercice complexe, elle s’est distinguée de par son talent d’écriture.
La narration journalistique si difficile à réaliser était un art qu’elle effectuait brillamment. En témoignent ses merveilleuses chroniques hebdomadaires dans le journal dakarois «L’Obs» sous le pseudo de «Ndèye Taxawalou». Ses techniques descriptives exceptionnelles et la concordance parfaite entre les scènes et le rendu ont un goût de vécu. Le sarcasme noté dans ses textes donne une idée sur la nature cocasse de l’autrice. Bien des sourires se dessinent sur les visages lorsque les yeux parcourent les œuvres d’Aminata Sophie Dièye.
Joie de vie débordante
Ceux qui ont côtoyé la jeune femme retiennent la liesse de vivre plus que débordante de la chroniqueuse. «Elle se couvrait toujours, elle était une femme tellement correcte mais très taquine. On se n’ennuyait jamais avec elle», confie Aïda Dial Kane, jeune journaliste qui a effectué un stage au sein de «L’Obs» et qui a partagé une salle de rédaction avec «Ndèye Taxawalou». «Lorsque je finissais mon stage, elle a tellement prié pour moi que j’ai craqué. J’ai pleuré, car je me disais comment, en si peu de temps, elle pouvait être aussi chaleureuse et ouverte avec moi», lâche-t-elle, avant d’évoquer l’effacement de feue Aminata Sophie Dièye. D’ailleurs, Aida a su tardivement que cette fille, la plus élancée de la salle, était en fait la fameuse «Ndèye Taxawalou».
«Elle n’était pas simplement une consœur brillante. Elle était aussi une romancière et une chroniqueuse passionnée et pleine de finesse, une analyste à la fois tendre et sans concessions envers elle-même, envers nous tous et envers notre société. Jusqu’au bout, rien de nos tares et de nos travers ne lui aura été étranger», se rappelle Malick Diagne, journaliste. Il l’avait connue au journal «Sud Quotidien» au milieu des années 90, à un moment où la majorité des journalistes désertaient les rédactions pour des raisons financières. «Elle a fait le choix de rester, revendiquant à sa manière l’écriture pour continuer de vivre. Avec le temps, elle a fini par imposer à sa plume cet art très rare de la concision. Elle visait juste, voyait clair et son sens de la formule était redoutable», confie le journaliste.
Point de censure
Aminata Sophie Dièye ne s’autocensurait pas. Elle faisait suinter son encre dans toutes les casseroles sociales : des pires vices aux cultes les plus ancrés en passant par les manières viles. Elle adorait se peindre comme étant «dans une logique de défi contre les antivaleurs érigées en valeurs dans cette période charnière où notre pays négocie très mal son virage à la modernité», note Malick Diagne devenu «grand frère» d’Aminata.
Cette définition d’elle-même donne une idée sur la personnalité complexe de la femme. Elle n’avait pas de sens interdit durant tout l’exercice de sa passion pour l’écriture. A «Sud Quotidien» tout comme à «L’Observateur», son talent s’est affiné. D’une beauté renversante ponctuée par une noirceur d’ébène, Aminata la rendait vive avec son sourire que bien des photos d’elle raniment. Derrière ses notes d’écriture se cachait une voix fluette. Des témoignages résument la personne ainsi : «un esprit carré dans un corps frêle».
Rapport percutant avec la société
Aminata a eu une enfance hors norme à en juger par les standards d’une famille uniforme. Enfant non légitime d’un inspecteur des impôts, elle avait quitté la maison maternelle de Thiès pour prendre une petite chambre sur l’île de Ngor, alors qu’elle faisait valoir ses productions à «Sud Quotidien» en tant que pigiste. Elle avait 21 ans. Ensuite, l’aventure conjugale avec son mari français Lucio l’a conduite à Paris en 2004. Elle publie alors son premier roman : «La nuit est tombée sur Dakar» chez Grasset sous le nom de plume Aminata Zaaria. Une année après, Aminata perd son mari : «J’ai 32 ans et je suis veuve !». Encore une fois, sa force émotionnelle prend le dessus et Aminata refuse de s’apitoyer sur son sort et rentre au bercail.
Cette force hélas qu’elle a bâtie devenait un lourd fardeau et finissait par avoir raison d’elle. Une crise la secoue et elle est suivie sur le plan psychiatrique. Rumeurs et médisances courent à son propos, et l’obligent à se retrancher encore plus sur elle-même, ne gardant que quelques amitiés. Le destin ne l’épargne pas pour autant : deux décès supplémentaires de proches l’achèvent. Aminata est psychiquement au bout du rouleau, et est internée à «Dalal Xel» de Thiès où elle continuait à écrire ses chroniques pour l’Obs. Dernier acharnement d’un destin implacable, un diabète participe à écourter la vie de cette femme de lettre. Elle sombre dans un coma en février 2016 avant de rendre l’âme en fin de mois.
Femme de lettres
Ndèye Taxawalou, Aminata Zaaria, Miss Town (pseudo au journal Tract) et Aminata Sophie, toutes ces dénominations se rapportent à cette élégante dame des mots. «Ndèye Taxawalou» ou Aminata Sophie Dièye, le choix est difficile, car l’une est le prisme de l’autre. Ce passage d’une ses chroniques rappellerait bien son vécu : «Lorsqu’on a un problème avec son père, on l’a avec tous les hommes parce que la figure paternelle est le premier symbole masculin de notre vie. Un père est un stabilisateur. Par son amour, il nous apporte l’équilibre nécessaire pour marcher en confiance dans la vie et se sentir aimé. Lorsque cela ne s’est pas fait, surtout chez une fille, ça donne une Ndèye Takhawalou qui ne sait pas à quel socle s’appuyer pour rester debout.» Aminata représentait la Vie.
L’écrivaine était sensible à la condition féminine. En 2007, son deuxième roman intitulé «La putain amoureuse d’un pèlerin juif» était annoncé, mais cette œuvre est malheureusement restée inédite. En plus d’être écrivaine, Aminata était scénariste et actrice. Elle a joué dans deux films : dans le court métrage, «La petite vendeuse de soleil» (1999) de Djibril Diop Mambety, et le film «Lili et le baobab» (2006).
En visionnant ses différents personnages, son talent saute à l’œil. En plus, en 2016, une série sénégalaise abordant le milieu médiatique s’est distinguée de par son originalité. En effet, les doigts de fée d’Aminata y sont pour quelque chose. «Idoles» a eu le vent en poupe dès son arrivée sur le petit écran. Ses empreintes dans la série se retrouvent chez Chérif Maal, un personnage de la série qui suscite toujours de l’admiration.
De même, Aminata a créé la pièce de théâtre «Consulat zénéral». Il s’agit d’une satire qui met en scène les sueurs froides de cinq personnages dans le bureau d’une employée du consulat de France. Parcourir les œuvres d’Aminata Sophie Dièye est un exercice exaltant. Tous ceux qui ont tenté l’expérience se sentent embarqués dans une aventure tumultueuse. Bienheureuse serait-elle qu’un souvenir puisse porter son nom. Une rue, un monument, une salle, juste un petit souvenir pour la grande qu’elle fut et qu’elle reste.
FATOUMATA SISSI NGOM AUDITIONNÉE PAR LE SENAT FRANÇAIS
L’écrivaine sénégalaise a été auditionnée dans le cadre du projet de loi portant sur la restitution du sabre d’El Hadj Omar Tall, à la République du Sénégal et des 26 œuvres d’art à la République du Bénin.
L’écrivaine sénégalaise Fatoumata Sissi Ngom a été auditionnée, ce vendredi, 16 octobre, par le Sénat français dans le cadre du projet de loi portant sur la restitution du sabre d’El Hadj Omar Tall, à la République du Sénégal et des 26 oeuvres d’art à la République du Bénin.
Selon la note parvenue à emedia, elle a été auditionnée avec le Professeur Amzat Boukari-Yabara, auteur de l’essai panafricain "Africa Unite, une histoire du panafricanisme", et Ghyslain Vedeux, Président du Conseil représentatif des Associations Noires de France, après une première audition à l’Assemblée nationale française au mois de septembre dernier.
Par ailleurs, "en séance d’examen du projet de loi, le 30 septembre dernier, la ministre française de la Culture Roselyne Bachelot a annoncé l’existence d’autres demandes de restitutions réceptionnées par la France émanant de pays comme la Cote d’Ivoire, l’Ethiopie, le Tchad, et le Mali, et qui seront examinées au cas par cas. Le sabre d’El Hadj Omar Tall est déjà exposé au Musée des Civilisations noires de Dakar en attendant le transfert de propriété après la promulgation de la loi", ajoute le document.
Fatoumata Sissi Ngom, 34 ans, par ailleurs analyste de politiques climatiques et économiques, ingénieur en mathématiques financières et en informatique, et artiste, est l’auteure du roman Le silence du totem, paru en Avril 2018 aux éditions L’Harmattan, et dont l’intrigue se déroule au Musée du Quai Branly à Paris, à l’UNESCO, et à Khalambasse, un village sérère de la région de Kaolack.
Son livre met les totems et autres objets de culte spoliés au centre de la réflexion politique, de l’attente des populations locales et de la scénographie artistique.
WPP-AFRIQUE LANCE LA CAMPAGNE SUR LE LEADERSHIP POLITIQUE DES FEMMES
Ce programme débutera par l’organisation d’un atelier portant sur « Les femmes politiques dans l’espace Médiatique »
Le Directeur de l‘IFAN, Professeur Abdoulaye Baila NDIAYE et la présidente du Caucus des Femmes leaders, Professeur Fatou SOW SARR convient les responsables des groupes de presse, des partis politiques et de la société civile au
lancement de la campagne « DIALOGUE POLITIQUE POUR LE LEADERSHIP DES FEMMES ».
Ce programme débutera par l’organisation d’un atelier portant sur « Les femmes politiques dans l’espace Médiatique ». Il aura lieu les 22 et 23 octobre 2020 à l’Hôtel Le NDIAMBOUR à 9 heures précises et sera présidé par Mme Aminata
MBENGUE NDIAYE, Présidente du HCCT et membre du partie socialiste. Cette activité avec les groupes de presse est la première des cinq axes identifiés dans le programme pour susciter la contribution des médias à l’amélioration de
l’image des femmes politiques et à la construction de leadership des acteurs politiques. Elle sera sous-tendue par un document de diagnostic et d’analyse de la situation. Les résultats des concertations permettront d’identifier les actions à mener pour les années 2021 et 2022.
L’OBJECTIF DU PROGRAMME WPP-SENEGAL
Le programme de participation politique des femmes (WPP), conduit par le consortium mis en place par IDEA (International Institute for Democracy and Electoral Assistance) sur une période de trois ans vise à accroître la participation
politique et la représentation des femmes en Afrique conformément au Protocole de Maputo de 2003, aux divers protocoles et normes sous régionaux associés, et aux ODD. Ce projet sera mis en œuvre dans 8 pays africains : le Botswana, la Côte d’Ivoire, l’Eswatini, le Kenya, la République démocratique du Congo, le Sénégal, la Tanzanie et le Zimbabwe.
Ce programme initié par la coopération suédoise, est développé au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en RDC par l’IFAN. Au Sénégal, il est exécuté dans le cadre d’un partenariat entre le Caucus des Femmes Leaders et le Laboratoire Genre de l’IFAN Cheikh Anta Diop. Il s’agit d’une recherche-action qui vise à instaurer un dialogue avec l’ensemble des acteurs (partis politiques, autorités institutionnelles, société civile et groupes de presse) pour une amélioration du leadership des femmes en politique.
Toutefois, l’accès des femmes aux instances de décision ne doit pas se limiter à une présence mécanique, mais contribuer au changement social à travers l’amélioration des textes de lois et des politiques publiques pour une meilleure condition de vie des femmes et de la population en général. Nous sollicitons la couverture médiatique de cet événement par vos services compétents et vous remercions par avance des dispositions que vous voudriez bien
prendre à cet effet.
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TIVAOUANE NE VA PAS CELEBRER LE GAMOU
Le discours de Serigne Babacar Sy Mansour pour demander aux fidèles de célébrer le Gamou dans l'intimité de leurs foyers
Le Khalife général des Tidianes Serigne Mbaye Sy Mansour reste fidèle à ses principes pour faire face au Covid-19. A travers une courte déclaration de Serigne Mbaye Sy Abdou Aziz
Tivaouane ne va pas célébrer le Gamou de l’année 2020.
Pour rendre officielle cette décision, le Khalife des Tidianes avait envoyé hier matin des émissaires au ministre de l’intérieur Aly Ngouille Ndiaye. Les raisons de cette rencontre ont été de signifier la décision du Khalife aux autorités et demander que les forces de l’ordre veillent sur la sécurité des mausolées au cas où des disciples voudraient transgresser ces décisions. De ce fait, la zawiya El Hadj Malick Sy, les deux grandes mosquées de Tivaouane et autres endroits saints susceptibles de recevoir du monde, seront sécurisés par les forces de l’ordre.
PASSIONNÉES D’AGRICULTURE, PRIVÉES DE TERRE
Entre méconnaissance de leurs droits, sexisme et le poids de la tradition, les femmes rurales peinent à s’adonner à leur passion et par ricochet à exploiter la terre, leur source de vie
La Journée internationale de la femme rurale est célébrée aujourd’hui dans de nombreux pays. «L’As» en a profité pour mettre les projecteurs sur les difficultés rencontrées par les femmes rurales pour accéder au foncier agricole. Entre méconnaissance de leurs droits, sexisme et le poids de la tradition, elles peinent à s’adonner à leur passion et par ricochet à exploiter la terre, leur source de vie.
Jamais servies, toujours sevrées! En effet, les femmes éprouvent énormément de difficultés à accéder au foncier agricole. Pour preuve, la Direction de l’Analyse, de la Prévision et des Statistiques Agricoles (Dapsa) renseigne qu’au niveau national, 85,5% des parcelles sont exploitées par des hommes. D’après toujours le rapport d’enquête annuelle 2019- 2020 sorti en septembre dernier, la plupart des parcelles exploitées sont la propriété de leurs exploitants, mais très peu (moins de 5%) détiennent un droit de propriété avec document. Là aussi, les femmes sont moins nombreuses à être propriétaires de leurs parcelles et ont plus tendance à en emprunter (6,3% des femmes contre 3,3% des hommes).
Pour s’en rendre compte, un petit tour à Thiamène (dans la Commune de Keur Socé), localité située à 17 km du centre de Kaolack où vivent environ 120 familles. Ici, il n’y a plus d’espace pratiquement à distribuer. Les hommes se sont partagé tous les espaces agricoles. Pour disposer de terres cultivables, les gens sont obligés de louer ou d’emprunter des terres. Samedi 10 octobre 2020. Une dizaine de femmes, assises sous un ombrager au milieu d’un champ d’une surface de 100 mètres carrés, se prélassent après une dure matinée de labeur. 300 femmes se relaient dans cet espace pendant toutes les saisons pour cultiver toutes variétés de produits : gombo, bissap, manioc, pastèque, tomate, oignon, potiron, concombre, salade, piment, haricot, carotte, feuilles de menthe… Elles s’activent du lundi au dimanche, du matin au crépuscule.
Passionnées d’agriculture, elles se partagent 100 mètres carrés, chacune s’activant autour de cinq plants. Khady Thiam est plus prompte à parler. D’entrée, elle fait savoir que la parcelle leur a été prêtée par un homme vivant dans le village. «N’eût été notre bienfaiteur Mamou Thiam, nous serions restées là à attendre que nos maris et autres parents finissent de récolter pour aller ramasser les restes. Les hommes ne nous aident pas. Ils refusent de nous donner des terres cultivables. Ils disent que les femmes ne doivent pas cultiver la terre. Pis, si nous bénéficions d’engrais, nos époux les prennent et nous laissent avec des miettes», fulmine-t-elle.
Ainsi les femmes sont-elles obligées de louer la terre à 30 000 francs l’hectare pour s’adonner à certains types de culture comme le maïs, l’arachide et le mil. Encore que les hommes plus aptes financièrement se précipitent pour aller spéculer et louer tous les espaces disponibles. Pourtant, c’est avec l’argent qu’elles gagnent dans la vente des produits maraîchers que ces braves dames tiennent les familles à Thiamène.
A en croire Fatou Pène, le marché du village a été construit grâce aux revenus de leurs activités agricoles. Il en est de même de la charrette achetée pour transporter les produits. «En plus de cuisiner à la maison ce que nous cultivons, nous vendons nos produits dans le marché du village et au centre de Kaolack. Avec l’argent récolté, nous avons mis en place une tontine pour qu’à chaque ouverture des classes, nous puissions inscrire nos enfants à l’école et acheter leurs fournitures», soutient-elle.
D’où la nécessité, à l’en croire, de leur donner des périmètres plus vastes pour leur permettre de s’adonner aux cultures plus rentables comme le mil, le maïs et l’arachide. Khady Thiam, la plus rebelle du groupe, propose qu’on diminue les espaces réservés aux hommes pour leur allouer une partie. Elle informe que le même problème est noté dans les villages environnants : Mbadjo Peul, Mbadjo Ouolof, Samba Ndiayène, Keur Niène, Mboyène,…
AFFECTATION DES TERRES AUX FEMMES DANS LA COMMUNE DE KEUR SOCE LE MAIRE ET LE CHEF DE VILLAGE DE THIAMENE NE PARLENT PAS LE MEME LANGAGE
Demandent-elles réellement des affectations au maire de la commune ? Les femmes de Thiamène rétorquent qu’elles n’osent pas demander et que le maire qui est au courant de leur situation ne s’est jamais signalé pour les aider. Pourtant, le maire de la commune de Keur Socé, Malick Ndiéguène, indique avoir affecté aux femmes plus de 30 hectares dans sa commune depuis qu’il est à la tête de la municipalité en 2014. «A mon arrivée, j’ai trouvé que moins de 10 périmètres ont été affectés à des femmes. Aujourd’hui, nous en sommes à 42 périmètres. Il y a même des villages où les espaces ont été déjà délibérés et disponibles pour les femmes. Ils ont déjà obtenu leurs délibérations pour accueillir des périmètres maraîchers destinés aux femmes», souligne-t-il. Mais le chef de village de Thiamène indique qu’il n’a vu aucune parcelle octroyée aux femmes de sa localité. Cheikh Thiam estime que les femmes rencontrent énormément de difficultés pour avoir accès à la terre. Toutefois, il tente de relativiser en soutenant qu’elles sont souvent reléguées au second plan à cause de leurs difficultés à entretenir la terre sans compter le problème lié à la raréfaction de l’eau. Cependant, le vieil homme assure que les femmes sont braves. «A Thiamène, elles contribuent à gérer les ménages et assurent pratiquement la dépense quotidienne», dit-il. Quid du poids de la tradition ?
Le maire de Keur Socé, Malick Ndiéguène, reconnaît que cela peut être une réalité dans certaines localités, mais c’est très rare dans sa circonscription. Pourtant, le chef de village de Thiamène, Cheikh Thiam, dit le contraire. Il estime que les femmes ne sont pas prises en compte dans la distribution des terres. «Même s’il y a un héritage, les gens ne les calculent pas. Le droit des femmes n’est pas respecté. Mais nous travaillons pour que cela ne soit plus le cas», déclare-t-il. En attendant, une alliance nationale femme et foncier dont CICODEV assure la coordination a vu le jour pour lutter contre toutes ces pratiques. Cette alliance regroupe toutes les organisations de la société civile. Elle travaille à identifier les points saillants de plaidoyer à l’endroit des décideurs (acteurs étatiques et non étatiques) pour l’accélération de la mise en œuvre des lois et des recommandations internationales en termes de facilitation de l’accès des femmes au foncier.
FATOU CISSE, POINT FOCAL A KAOLACK GENRE ET FONCIER DU CADRE NATIONAL DE CONCERTATION DES RURAUX (CNCR) : «Les hommes invoquent souvent le mariage pour priver les femmes de terres»
«Le poids de la tradition pèse dans l’acquisition du foncier chez les femmes. Les hommes invoquent souvent le mariage pour priver les femmes de terres, prétextant qu’elles vont sortir du cocon familial. Et une fois chez leurs maris, elles sont toujours privées d’espace parce que les gens soutiennent qu’elles peuvent divorcer à tout moment. Ensuite, l’autre problème, c’est que même si on alloue des terres aux femmes, c’est pour qu’elles assurent la consommation familiale et non pour vendre les produits issus de la culture. C’est ce qui est souvent constaté dans le Sine-Saloum. Il a été remarqué aussi que les hommes n’acceptent de donner des espaces que s’il y a des projets qui viennent soutenir les femmes. Et souvent, ce sont des périmètres maraîchers partagés par des centaines de femmes. Et quand les hommes acceptent de donner ces parcelles aux femmes, ils pensent aux retombées et à l’intérêt que cela peut leur apporter. Et ce foncier se trouve souvent dans des zones difficiles d’accès ; dans des forêts où il y a de gros arbres, où la terre est difficile à labourer ; ou bien des terres argileuses et non fertiles que les hommes eux-mêmes ne peuvent pas cultiver. De cette façon, le projet va aider à rendre ces terres exploitables. Mais les hommes ne donnent jamais des terres plates où on peut cultiver du mil, du maïs, de l’arachide, etc. Donc il faut lutter pour qu’on applique la loi sur le domaine national qui assure l’égal accès des hommes et des femmes à la terre. Les femmes ne doivent plus être cantonnées au maraîchage alors qu’elles peuvent cultiver le mil, le maïs et l’arachide plus rentables financièrement. (…)
L’Etat comme les communes ont peur des traditions et refusent de prendre leurs responsabilités face à cette situation. Or, les femmes doivent être autonomisées pour avoir leurs propres parcelles qu’elles peuvent fertiliser et gérer de sorte à pouvoir les cultiver à leur guise. Surtout qu’il y a de plus en plus de femmes qui veulent cultiver à grande échelle ou qui ont fait des études et qui veulent revenir se consacrer à la terre.»
NDIOUCK MBAYE, PRESIDENTE DE LA FÉDÉRATION NATIONALE DES FEMMES RURALES DU SENEGAL (FNFRS) : «Je loue chaque hectare à 50 000 fcfa»
«L’accès et le contrôle des terres par les femmes est un véritable problème à Kaolack où tous les villages sont confrontés à ce fléau. Je loue chaque hectare à 50 000 fcfa. Le laboureur est payé à raison de 20 000 fcfa par hectare. Ce qui fait qu’on ne gagne rien après les récoltes. Les femmes sont obligées de louer des terres si elles veulent vraiment s’adonner à l’agriculture parce qu’elles ne peuvent pas hériter de la terre ni du côté de leurs familles d’origine ni du côté de leurs époux. Je propose l’organisation des Assises de l’Agriculture et du foncier où on invitera les paysans véreux qui louent les terres, les préfets, sous-préfets, les populations rurales et les collectivités territoriales. Comme cela, le problème du foncier et de l’agriculture sera entièrement réglé dans ce pays. Les conseils municipaux ne font rien pour faciliter aux femmes l’accès à la terre. Vous faites la demande par écrit, ils ne répondent même pas. Le président de la république a été clair et avait demandé que les femmes puissent être attributaires de 30% des terres de leurs localités. Dommage que cela ne soit pas respecté !»