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1 décembre 2024
Femmes
AMINATA TOURÉ, DE PROTÉGÉE À PESTIFÉRÉE
Dans les relations entre le président de la République Macky Sall et son ancien Premier ministre, c’est un peu les montagnes russes. Cette-fois-ci, il semble y avoir une véritable fracture
Beaucoup s’en doutaient. Mais peu y croyaient réellement. L’éviction d’Aminata Touré de l’appareil étatique n’était pas une décision facile à prendre pour le président de la République Macky Sall. Après neuf années de compagnonnage politique faites de hauts et de bas, le chef de l’Etat a décidé de dissoudre le gouvernement après la séance du Conseil des ministres du mercredi 28 octobre 2020. Relevant par la même occasion, par un décret, son ancien Premier ministre de ses fonctions de présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Une décision qu’expliquent, pour beaucoup observateurs, des ambitions présidentielles prêtées à une Aminata Touré prête à succéder à celui qui l’a propulsée au-devant de la scène politique sénégalaise.
Mais comment celle qui était considérée comme la protégée de Macky Sall a pu devenir une pestiférée du régime en place ? La question est d’autant plus légitime que ce limogeage est accompagné de rumeurs de fautes de gestion à la tête du Cese.
Mardi, Aminata Touré a réagi, sur les réseaux sociaux, pour les démentir et se montrer offensive pour y couper court. ‘’Je me réserve, écrit-elle, le droit d’ester en justice contre toute tentative de diffamation ou d’intimidation’’. Elle poursuit : ‘’Nul ne saurait, à cette étape de ma vie administrative et politique, ternir ma réputation et mon intégrité. (…) J’ai eu à diriger le Conseil économique, social et environnemental pendant 16 mois, en stricte conformité avec les règles et standards de bonne gestion. Les documents de vérification sont en ordre et disponibles au niveau de l’institution, ainsi que ma déclaration de patrimoine déposée à l’Ofnac.’’
Qu’un responsable de sa trempe se retrouve accusée de fautes de gestion est très mauvais signe. Pourtant, tout avait bien commencé, lorsqu’alors en poste au Fonds des Nations Unies pour la population (Fnuap) à New York, Mimi Touré rejoint le candidat Macky Sall. Elle rentre à Dakar, participe à la rédaction du programme de ce dernier et devient sa directrice de campagne.
Élu le 25 mars 2012, Macky Sall lui confie un des plus grands rôles du nouveau gouvernement : la traque des biens mal acquis. Ministre de la Justice, Mimi se charge de concrétiser les promesses de campagne sur la fin de l’impunité et la lutte contre la corruption. Elle réactive la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) qui juge et condamne Karim Wade.
La dame de fer
Rigoureuse, tenace et compétente. Tous ces adjectifs décrivent la personnalité de celle qui est surnommée la dame de fer. Garde des Sceaux, elle est au centre de l’attention politique et médiatique. Mais ces ‘’qualités’’ ne plaisent pas à tous. Au sein du pouvoir aussi. On lui reproche de prendre trop d’initiatives. De se mêler de choses qui ne la regardent pas.
Les choses commencent à se compliquer avec Macky Sall, lorsqu’elle entreprend de convoquer une réunion de cadres de l’APR sans l’aval du président. Ou quand elle décide d’organiser une tournée en Casamance. ‘’Macky Sall était très remonté contre elle. Il estimait qu’elle prenait trop de libertés’’, rapportait dans la presse, sur ces épisodes, un confident du chef de l’État.
Le temps passe et arrivent les élections municipales de 2014. Macky Sall, devant les tiraillements et chamailleries pour être investis, déclare à tous ses responsables qu’il sanctionnera ceux qui perdront les élections dans leur circonscription. Mimi, passée entre-temps du ministère de la Justice à la primature, en remplacement d’Abdoul Mbaye, est envoyée sur une mission quasi impossible : défier, dans son fief de Grand-Yoff, le maire de Dakar, Khalifa Sall. Un fiasco retentissant s’ensuit.
Le remaniement ministériel qui s’en est suivi consacre la première grosse claque à la carrière politique de Mimi Touré, débarquée de son poste de Premier ministre.
Malgré le camouflet, elle reste aux côtés du président de la République. Ses compétences restent précieuses pour l’Alliance pour la République (APR) qui manque de cadres de haut standing. En février 2015, elle est nommée par Macky Sall au poste d’Envoyée spéciale du président de la République, pour toutes sortes de missions nationales et internationales.
Sur le parrainage, l’invalidation des candidatures de Karim Wade et de Khalifa Sall, le fichier électoral, le nombre de candidatures acceptées par le Conseil constitutionnel, elle défend les positions du président de la République.
Comme en 2012, ses compétences la place à la tête du directoire de campagne du candidat sortant. Trois mois après sa réélection en 2019, le président Sall la nomme présidente du Conseil économique, social et environnemental. Un poste qui faisait d'Aminata Touré la troisième personnalité de l'État, jusqu’à mercredi dernier.
Hyper activité
Au Cese, Mimi Touré prenait son travail à cœur. Au point qu’elle a fini là aussi par déranger des hauts placés du pouvoir. La convocation de ministres, ses rapports sur des questions d’intérêt public n’ont pas fait l’unanimité. Une fois de plus, son hyper activité est mal vue. Elle entre dans le collimateur des faucons du palais qui actionnent leurs relais dans les médias. D’ailleurs, la question est à ce point sensible qu’en septembre, pendant un séminaire gouvernemental, Macky Sall rappelle à ses ministres que le Cese n’a pas autorité sur eux.
De passage à Paris, le chef de l’État formule également une sèche mise en garde devant des responsables de l’APR : ‘’Si des ministres ou des cadres ont des ambitions, qu’ils attendent la fin de mon mandat pour se manifester’’, assène-t-il.
Beaucoup y ont vu un rappel à l’ordre adressé à Aminata Touré qui, dans une grande interview accordée au quotidien ‘’Le Soleil’’, le 3 septembre, déclarait que le débat sur la succession du président Macky Sall était prématuré. Il y a un an, dans la presse, elle admettait qu’il ‘’n’y a pas de politicien sans ambition’’, tant que celle-ci est réaliste et qu’elle se pose au moment opportun. Et surtout qu’il ‘’serait bien’’ qu’il y ait enfin une présidente au Sénégal.
Si en politique, il ne faut jurer de rien, il semble difficile, pour la Dame de fer, de se relever de ce nouveau revers. En 2008, elle avait assisté à la montée en puissance de Macky Sall, après sa séparation houleuse avec Abdoulaye Wade avant de fonder l’APR. Empruntera-t-elle cette voie ? Retournera-t-elle dans les grâces du président, d’ici 2024 ?
Ce qui est sûr, c’est qu’Aminata Touré amorce un virage capital de sa carrière politique.
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LA FERMETE DE LA FRANCE NE SERA PAS SANS CONSEQUENCE
Aminata Dramane affiche ouvertement son désaccord de l'implication de la France dans les affaires du Mali et avertit les autorités de la transition sur les enjeux au Sahel.
La fermeté de la France dans la gestion des questions régaliennes dans l'exagone comme dans le Sahel ne sera pas sans conséquence soutient Aminata Dramane Elle affiche ouvertement son désaccord de l'implication de la France dans les affaires du Mali et avertit les autorités de la transition sur les enjeux au Sahel.
NUL NE PEUT TERNIR MA REPUTATION
L'ancien Premier ministre Aminata Touré n'a pas perdu du temps pour porter la réplique à ses détracteurs.
L'ancien Premier ministre n'a pas perdu du temps pour porter la réplique à ses détracteurs. "Dans l'attente sereine de la passation de service avec le nouveau Président du CESE, je voudrais informer l'opinion nationale et internationale que j'ai eu à diriger le Conseil Économique, Social et Environnemental pendant 16 mois en stricte conformité avec les règles et standards de bonne gestion. Les documents de vérification sont en ordre et disponibles au niveau de l'institution ainsi que ma déclaration de patrimoine déposée à l'OFNAC", tient à préciser Aminata Touré dans une note reçue.
En conséquence, "Nul ne saurait à cette étape de ma vie administrative et politique ternir ma réputation et mon intégrité. Je me réserve le droit d'ester en justice contre toute tentative de diffamation ou d'intimidation", met en garde la désormais ex-présidente du CESE.
Pour rappel, dans sa livraison du jour, le quotidien Libération indexe la gestion du CESE par Mimi Touré et fait état de "bombes" que le président Macky Sall détiendrait à son sujet.
L’OBJECTIF LARGEMENT DÉPASSÉ
L’objectif visé dans le cadre de l’édition 2020 de la campagne nationale d’Octobre Rose a été ‘’largement dépassé’’, a affirmé, samedi à Fatick, la présidente de la Ligue sénégalaise contre le cancer
Fatick, 1er oct (APS) - L’objectif visé dans le cadre de l’édition 2020 de la campagne nationale d’Octobre Rose a été ‘’largement dépassé’’, a affirmé, samedi à Fatick, la présidente de la Ligue sénégalaise contre le cancer (LISCA), le docteur Fatma Guenoune.
‘’L’objectif de cette édition 2020 d’octobre Rose a été largement dépassé grâce à la subvention de 2.800 examens de mammographie’’, a souligné le docteur Guénoune, lors de la cérémonie officielle de clôture de la campagne nationale de sensibilisation et de dépistage contre les cancers du sein et du col de l’utérus, appelée ‘’Octobre Rose’’.
Elle a aussi fait état du ‘’dépistage d’environ 6.000 femmes lors des journées de consultations’’ et du ‘’dépistage de 1.424 femmes pour le cancer du col de l’utérus’’.
S’exprimant en présence de la directrice générale de la santé publique, docteur Marie Khémesse Ngom Ndiaye, elle a souligné que comme toutes les autres années depuis 2010, il s’est agi à travers l’édition 2020 d’informer, sensibiliser, dépister et permettre à plusieurs femmes de bénéficier d’une mammographie à 15.000 francs, grâce à une subvention.
Elle a rappelé que ‘’la LISCA a déroulé des activités parmi lesquelles une campagne de sensibilisation, et d’information, des journées de dépistage du cancer du sein ainsi que du col de l’utérus’’.
Elle a indiqué que la présente campagne, qui a eu lieu du 1er au 31 octobre, était destinée à inciter les femmes âgées de 40 ans à 74 ans à participer au dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus.
Malgré tous les efforts thérapeutiques, dit-elle, le cancer du sein demeure un enjeu de santé publique, a-t-elle rappelé.
‘’Les cancers gynécologiques sont les premiers cancers chez la femme au Sénégal et les premières causes de décès chez la femme’’, a ajouté le docteur Guenoune.
Les autorités administratives de la région, les acteurs de la santé et les partenaires techniques ont pris part à la cérémonie.
MAME MATY MBENGUE, LA SAGA D'UNE REINE
Parmi ceux qui ont fait gagner le Sénégal figurent les «Lionnes» avec comme icône, dans les années 1990 à 2000, ce talent. L’histoire et les confidences de la meilleure basketteuse d’Afrique du siècle méritent d’être contées
Certains sportifs sénégalais se sont distingués sur les pelouses, les pistes, les tapis et autres parquets du continent africain et dans le monde. Ils ont porté haut l’étendard national. Parmi ceux qui ont fait gagner le Sénégal figurent les «Lionnes» avec comme icône, dans les années 1990 à 2000, Mame Maty Mbengue. L’histoire et les confidences de la meilleure basketteuse d’Afrique du siècle méritent d’être contées. Partagées.
Elle a tiré sa révérence en novembre 2000 à Tunis, au soir d’un cinquième sacre continental avec les «Lionnes» du basket. «Un de mes meilleurs souvenirs, car c’est très important de terminer sa carrière en beauté. Ce succès, je l’ai bien aimé car j’avais répondu à tous les espoirs placés en moi en contribuant à la reconquête du titre africain par notre pays. Il y a aussi mon titre de «Reine» en 1986 qui m’a beaucoup marqué parce que c’était ma première distinction individuelle. C’était une source de motivation. Je l’avais pris comme un encouragement à persévérer. Le titre de Meilleure sportive du Sénégal «Lion d’or» 1990 fait aussi partie de mes distinctions inoubliables. Je suis aussi fière de mon élection comme Meilleure basketteuse de Dakar du Cinquantenaire en 2010 car c’était à l’issue d’un sondage et d’un vote. Et aussi de celle de Meilleure basketteuse africaine du Cinquantenaire remportée en 2011, c’est un honneur et une fierté d’être distinguée sur tout un continent. Dans d’autres pays, ce titre aurait été fêté à sa juste dimension». Excusez du peu.
À sa famille surtout, ses enfants auxquels elle a «décidé désormais de consacrer [son] temps», elle aura sans nul doute beaucoup de belles choses à raconter. «J’ai fait un départ volontaire à la Lonase où j’étais chef de la gestion des stocks en mars dernier pour bien m’occuper de l’éducation de mes enfants qui sont très jeunes». Son parcours qui lui a permis de faire partie du club très fermé de ceux qui ont fait gagné le Sénégal des lauréats de l’excellence sportive mérite le détour. D’être conté.
Excellence sportive
Car la trajectoire dorée de la «Lionne» au regard d’ange et au tempérament sportif de feu a fière allure ! Elle a, au propre comme au figuré, la taille d’une légende vivante du basket-ball sénégalais. Et africain. Avec elle, la réussite a le nom d’un charme en mouvement sur le parquet. La réussite a, tout simplement, le nom de Mame Maty Mbengue ou MMM. Une signature de qualité qui tisse, au-dessus des temps, une couronne de gloire. Elle est fille du siècle dernier et icône de tous les siècles. Meilleure basketteuse de Dakar et surtout meilleure joueuse du continent noir du cinquantenaire, cette suzeraine est dans la légende des cinq dernières décennies du 20ème siècle. Et au-delà !
Vous y êtes ? Voilà, c’est adjugé ! Mame Maty Mbengue est la Meilleure basketteuse africaine du cinquantenaire de Fiba-Afrique (1960-2010). Un demi-siècle d’une gracieuse plénitude sur les terrains de la balle orange. Un demi-siècle d’une dextérité qui n’a d’égal que le devoir d’excellence. Au pays des merveilles sportives, MMM est tout simplement Reine. Disons, la «Reine des reines», dans un cru du tonnerre ayant comporté des signatures prestigieuses sur deux générations successives. Elle est la benjamine des anciennes comme Mame Penda Diouf, Marième Bâ, Nafissatou Diagne, Rokhaya Pouye, vainqueurs du sceptre continental en 1984. Elle a donc joué avec la première vague de basketteuses sénégalaises qui a trusté 5 titres (1974,1977, 1979,1981 et 1984) aux compétitions continentales. Plus tard, elle est l’ancienne des benjamines : Khady Diop, Adama Diakhaté, Anne Marie Diokh, Nathalie Sagna, Aminata Kane, Mborika Fall, Adama Diop.
Mame Maty Mbengue est tout simplement le trait d’union entre ces deux générations. Cette passerelle de talent, forgée à la fois dans le feu de la persévérance et la grâce de la technicité, est «Reine» : traduisez la Meilleure basketteuse sénégalaise 1986, avec un palmarès en or massif (vainqueur du championnat d’Afrique féminin des nations en 1984, 1990, 1992, 1997 et 2000, des Jeux de la Francophonie 1997). Ses mains rendent au jeu sa noblesse. Sa tête, également, l’encline à allier savoir-faire et savoir-être. En elle-même, elle est une marque de fabrique : la dextérité en tête de raquette et un bras roulé ravageur digne de l’inventeur du «skyhook», la légende de la Nba Kareem Abdul Jabbar. Le sceau d’une poésie du parquet !
«La force du basket sénégalais, c’était d’abord l’entente au sein de la fédération. Il y a aussi la très bonne formation. À l’époque, en équipe nationale, nous bénéficions d’un régime sports-études. On ne rentrait à la maison que les mercredis et les vendredis. Tout le reste du temps nous étions ensemble sous la direction de Pa Bona (feu Bonaventure Carvalho) et d’une grande dame (feue) Awa Dia, qui outre le basket nous apprenaient le savoir-vivre, le savoir-être, pour tout dire nous donnaient une très bonne éducation.»
Main et coeur d'or
Ce talent est porté par un grand cœur. L’ancien pivot de la Jeanne d’Arc de Dakar est une femme aux qualités certaines. Quelle est la basketteuse sénégalaise qui achetait des paires de chaussures à ses partenaires et adversaires ? Qui était surnommée, par les dirigeants du basket, «Ndèye Déléguée» parce qu’elle s’occupait des questions sociales de ses coéquipières ? Cette générosité porte le nom de Mame Maty Mbengue !
Elle a réussi des pièces de maître, comme en peinture. Son plus beau morceau d’anthologie date de mars 1990, à Tunis, à l’occasion de la 12è édition du championnat d’Afrique féminin des nations de basket (Afrobasket). Étudiante à l’université d’Ohio, aux États-Unis (où elle a décroché un Mba en Business administration), elle transite par Paris pour rallier la capitale tunisienne. Sans visa, elle débarque à l’aéroport Roissy Charles De Gaulle. Arrêtée et menottée de 7h à 20h, elle est relâchée. Meurtrie dans sa chair, elle débarque à Tunis en pleurs, à la veille de la demi-finale. Son dévouement à la «Cause Sénégal» est récompensé par ce dernier panier (70-68) marqué sur une passe de Nathalie Sagna (sa coéquipière à la JA de Dakar) à la dernière seconde et qui a valu aux «Lionnes» la médaille d’or. Le mythe du Zaïre (actuel Rd Congo) des Linguengua Bofonda, Kamanga et autres Limpopo venait d’être exorcisé. À part le championnat d’Afrique de Johannesburg, en 1994, survolé par les Zaïroises, son parcours a presque toujours été jalonné de succès.
«Les Lionnes d’aujourd’hui sont très talentueuses, ce qui leur manque, c’est un peu le temps et la bonne préparation des compétitions. À notre époque, plus de 90 % de l’équipe était sur place, ce qui faisait que la préparation des compétitions était permanente. Aujourd’hui, la majorité de l’équipe est composée d’expatriée disséminée à travers le monde contrairement au Nigeria dont toute l’équipe est constituée d’étudiantes dans les universités américaines». À l’en croire, la reconquête du sceptre continental perdu en 2017 au profit des D’Tigers du Nigéria est une véritable gageure même si elle «est possible». Sans nul doute, l’équipe de Moustapha Gaye devra penser à la surmultiplier pour retoucher le ciel continental.
Pour l’heure, c’est en portant son engagement comme un viatique que Mame Maty Mbengue a fait du chemin. Elle a grandi sous le panier et, mieux, en se hissant à la hauteur des nécessaires coups de génie sur les sentiers abrupts de la victoire. Rien ne présageait cette trajectoire merveilleuse pour la benjamine (16 ans) qui est apparue, pour la première fois en 1984, à Dakar, en championnat d’Afrique des nations. Celle qui a débuté le basket sur le tard (à 14 ans, elle est née le 13 avril 1968 à Dakar), révèle qu’elle ne voulait pas se consacrer à une carrière au basket. Avec le conseil et les entraînements de soutiers comme feu Larry Diouf et plus tard des coaches de la Jeanne d’Arc de Dakar, André Akibodé et Assane Guissé, elle apprend les rudiments du basket au terrain du collège Saint Michel. Le légendaire Bona, l’inimitable Mamadou Sow et autres Cheikh Fall se chargent de polir ce diamant brut.
Jamais une basketteuse africaine n’a eu une telle aura. Mame Maty Mbengue est la figure légendaire de la phalange insatiable qu’est l’équipe des «Lionnes» du Sénégal. La Meilleure équipe africaine du Cinquantenaire de Fiba-Afrique (1960-2010).
Ce n’est pas un hasard si elle bénéficie de l’onction de tous les spécialistes du basket en Afrique. «Lion d’or» du Soleil 1990 (le titre qui récompense la Meilleure sportive du Sénégal). La «Linguère du Sport» 2004», l’ancienne vice-présidente de la fédération et du Comité de normalisation du basket (Cnbs), «Capitaine Mame Maty», c’est la classe et le patriotisme. Son nom est inscrit en lettres d’or au Panthéon du basket sénégalais et continental.
«C’est au prix d’énormes sacrifices», reconnaît-elle avec le temps. C’est sans nul doute pourquoi, «avec les problèmes crypto-personnels, j’ai préféré me retirer de la Fédération et me consacrer à l’éducation de mes enfants qui sont de bas âge. J’étais une joueuse sans histoires… Les gens ont des souvenirs merveilleux de moi, je ne veux pas gâcher cette image.»
DÉBAT AUTOUR DE L'AUTORISATION OU NON DE L'AVORTEMENT EN CAS DE PROBLÈME DE SANTÉ
Au Sénégal, 75% des personnes interrogées dans une récente enquête affirment être favorables à l’avortement médicalisé en cas de danger pour la santé de la mère. Et 42% en cas de viol ou d’inceste
Au Sénégal, 75% des personnes interrogées dans une récente enquête affirment être favorables à l’avortement médicalisé en cas de danger pour la santé de la mère. Et 42% en cas de viol ou d’inceste.
Un sondage qui relance le débat sur le droit des femmes à avorter au Sénégal, alors que l’avortement est passible de 3 ans d’emprisonnement. Seul le code de la déontologie l’autorise en cas de danger pour la vie de la mère, dans un lourd et long processus avec l’aval de trois médecins. En attendant, plus de 50 000 avortements seraient pratiqués chaque année avec environ 16 000 cas de complications.
L’EUROPE ATTIRE TOUTES LES COUCHES, Y COMPRIS LES FEMMES
La complexité dans le profil des candidats à la migration irrégulière est liée au fait que, dans la société, la réussite qui passe par l’école n’est pas souvent l’exemple mis en avant
Le profil des candidats à la migration irrégulière est diffus. Au début des années 2000, les originaires des zones côtières constituaient la majeure partie des migrants par voie maritime, fait remarquer Badara Ndiaye. Actuellement, des familles entières prennent le risque à faire le voyage. Il y a aussi des travailleurs du secteur informel, des étudiants inscrits dans les universités et même des élèves, indique Badara Ndiaye. La moyenne d’âge est, dit-il, de 25 à 36 ans.
De l’Avis d’Aly Tandian, cette complexité dans le profil des candidats à la migration irrégulière est liée au fait que, dans la société, la réussite qui passe par l’école n’est pas souvent l’exemple mis en avant. Cela laisse penser que l’école ne constitue pas l’élément fondamental pour justifier la réussite, mais c’est plutôt la chance. Et de préciser qu’on a vu se développer des stratégies individuelles et d’autres activités qui sont loin de celles qui sont produites à l’école. Aussi, il y a pression sociale qui demeure dans nos sociétés. Cela laisse penser, conclut-il, que les familles ont une responsabilité lourde sur la construction des routes de voyages irréguliers. A signaler que cette diversité a toujours existé.
L’étude sur le profil national de la migration en 2018 a fait ressortir que le phénomène migratoire concerne particulièrement les jeunes des quartiers péri-urbains populaires et du milieu rural. Les ressortissants des zones traditionnelles de pêche artisanale sont aussi de plus en plus impliqués. Le secteur informel semble constituer un grand «réservoir» de potentiels candidats à l’émigration internationale. C’est dire qu’au Sénégal, le phénomène de l’émigration internationale s’est fortement généralisé et touche toutes les couches de la population active, en particulier les jeunes, en milieu rural comme en milieu urbain. Mieux, une tendance commence à s’établir, c’est une féminisation qui n’est pas encore très forte sur les terrains à la frontière à Rosso et à Mbour, mais qui se dessine petit à petit, relève Badara Ndiaye.
Dakar, Mbour et St-Louis en sursis ; Mauritanie, lieu de traite des migrants !
A côté des candidats sénégalais, il y a des jeunes venus de la sous-région qui atterrissent dans les zones côtières. La crainte, selon Badara Ndiaye, c’est que «si finalement l’action des trafiquants réussit, il y aura une force d’attraction vers Dakar, St-Louis, Mbour et même Ziguinchor. En 2018 déjà, le profil national de l’Enquête sur la migration révélait qu’avec la complexité grandissante de la migration, le Sénégal apparaît comme un pays à la fois de départ, de transit et de destination.
Pendant que les côtes sénégalaises commencent à être prises d’assaut, la Mauritanie est devenue un point de coordination du trafic. «Depuis un mois, les trafiquants attirent les jeunes en Mauritanie. Au lieu de les amener par la route pour rejoindre le Maroc, les trafiquants organisent de faux voyages. Ils gardent les migrants pendant quelques jours, les jettent sur les côtes, auprès des gardes mauritaniens qui les rapatrient», signale Badara Ndiaye. «Nous avons décompté environ près de 200 personnes. Le coût varie entre 150 000 F CFA (et plus). On a l’information qu’il y a de petites pirogues qui les récupèrent et les amènent en haute mer. Du côté de Nouak
Politique migratoire du Sénégal : un fourre-tout inefficace
Pour Badara Ndiaye, le président de Diadem, il n’y a pas une bonne information sur la migration irrégulière. «L’accent a été mis sur la sensibilisation, alors qu’il devrait être mis sur l’information. Il y a quelques choses qui ne marchent. La politique migratoire nécessite une révision totale. Le Sénégal n’a pas besoin d’une politique globale de migration, mais une politique de migration de travail». L’absence de formation des jeunes en est aussi pour quelque chose. «S’il y a une qualification de la ressource, elle est vendable. Ce qui n’est pas le cas pour le Sénégal», déplore-t-il, en préconisant, par ailleurs, «un cadre du service public de l’emploi qui fédère plusieurs entités de l’Etat pour donner à la jeunesse une lecture des potentialités qui existent dans le monde et les exigences en matière de travail dans les pays occidentaux». Pour Badara Ndiaye, les motifs du départ en Europe dépassent l’aspect économique. «Il faut donner la parole aux jeunes. Au lieu que les gens se mettent dans les bureaux et conçoivent les réponses, il faut donner la parole aux jeunes qui ont besoin d’électricité, de connexion qu’ils ne peuvent pas avoir chez eux. Il y a l’accès à la citoyenneté mondiale. Il y a des motifs non économiques».
Migration irrégulière, plus un problème demal gouvernance qu’une question sécuritaire
Pour Aly Tandian, «nos Etats, malheureusement, ont peu compris l’enjeu. Et, pour preuve, ce qui les intéresse, c’est d’engager un combat ou une gestion sécuritaire. Alors que le Frontex et bien d’autres agences mis en place qui ont voulu combattre l’immigration irrégulière par la gestion sécuritaire, ont montré leurs limites». Il explique dans ce sens que «ce n’est pas une question de gestion, mais de gouvernance qu’il faut engager. Et pour comprendre la question de la gouvernance de la migration, c’est tout un ensemble d’éléments qu’il faut prendre en compte», préconise-t-il. Pour lui, dans nos sociétés, on devrait plutôt pencher vers la formation, l’éducation et la communication. «On utilise des concepts pour comprendre l’immigration irrégulière et ceux-ci ne sont pas appropriés». Pour preuve, dit-il, pendant longtemps, «Tukki takhul tekki» (qui peut signifier «voyager ne permet pas forcément de réussir») a été prôné. A son avis, c’est un concept vide qui n’a pas su répondre aux attentes.
Après, il y a eu «Tekki fii» («réussir (en restant) ici»). «Je ne sais pas pour quelle raison on veut créer des concepts qui ne font qu’infantiliser les sociétés africaines» et tendent à faire que les gens restent ici ; alors que l’ère de la mondialisation est celle de la mobilité. «La migration devrait être pensée autrement et vue comme une opportunité et non comme un problème», analyse-t-il. Aly Tandian estime qu’il faudrait revoir cette gestion sécuritaire et s’engager dans une gouvernance des migrations, en prenant en compte tous les éléments qui font le quotidien des candidats à la migration. Pour lui, les sociétés africaines, et celle sénégalaise en particulier, devraient plutôt voir comment engager les populations vers la circulation migratoire. L’Afrique doit avoir une conception de la migration différente de celle européenne. «La migration ne doit pas être lue avec des lunettes occidentales», termine Aly Tandian.
CULTURE DU SILENCE AUTOUR DU HARCÈLEMENT
Pression sociale, familiale, religieuse, peur d’être mise au ban de la communauté, de n’être plus « bonnes à marier », les Sénégalaises victimes d’agressions sexuelles sont invitées à taire leurs souffrances
Le Soutoura, c’est ainsi qu’on désigne au Sénégal la culture du silence. Parmi les tabous qu’elle englobe : le harcèlement et les violences faites aux femmes. Pression sociale, familiale, religieuse, peur d’être mise au ban de la communauté, de n’être plus « bonnes à marier », les Sénégalaises victimes d’agressions sexuelles sont invitées à taire leurs souffrances. Mais portées par les réseaux sociaux, et des mouvements mondiaux de dénonciations de violences liées au genre, elles sont de plus en plus nombreuses à enfin oser parler.
ON N'A PAS DONNÉ LA PAROLE AUX FEMMES AFRCAINES, ELLES L'ONT PRISE"
Quelle place pour les auteures africaines dans la littérature d'aujourd'hui ? Les auteures Véronique Tadjo et Bessora évoquent leurs parcours et les défis qui subsistent
Le Temps Afrique |
Isabelle Rüf |
Publication 25/10/2020
Quelle place pour les auteures africaines dans la littérature d'aujourd'hui? Les auteures Véronique Tadjo et Bessora, invitées dans le cadre de l'exposition «Africana» à la Bibliothèque Cantonale Universitaire de Lausanne, évoquent leurs parcours et les défis qui subsistent.
C'est un fonds inestimable: quelque 3500 titres d’auteures africaines francophones, réunis tout au long de sa vie par Jean-Marie Volet, chercheur suisse expatrié à l'Université de Western Australia et grand passionné de l'Afrique. La Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (BCUL), à qui il a légué ces trésors, leur consacre une exposition jusqu'au 22 novembre.
«À l’heure où les questions de parité et de représentation féminines occupent le devant de la scène sociale et politique, à l’heure où les stéréotypes de genre sont dénoncés au niveau planétaire, il semble nécessaire de mettre en évidence des figures de femmes, et des formes de pouvoir à l’œuvre dans la littérature mettant en scène l’Afrique et ses diasporas féminines», disent les professeures Christine Le Quellec Cottier et Valérie Cossy, organisatrices de l'exposition.
A cette occasion, les auteures Véronique Tadjo et Bessora étaient invitées à rencontrer le public et des élèves des gymnases. Toutes deux ont grandi dans une double culture. Véronique Tadjo est née à Paris en 1955, d’une mère française et d’un père ivoirien, mais a passé son enfance en Côte d’Ivoire. Si elle réside aujourd’hui en Angleterre, elle a enseigné pendant quatorze ans à l’Université Witwatersrand de Johannesburg et voyagé dans le monde entier. Peintre, poète, romancière, elle retourne régulièrement dans le pays de son enfance. L’Ombre d’Imana, qu'elle publie en 2000, évoque la tragédie du Rwanda, et Reine Pokou, issu d’un mythe baoulé, a été adapté en opéra à Genève. Son dernier livre, En compagnie des hommes, traite de l’épidémie d’Ebola.
Bessora, quant à elle, est née à Bruxelles en 1968 d’un père gabonais et d’une mère suisse. Elle a grandi au Gabon et dans plusieurs pays d’Europe, suivant la carrière de son père, économiste et homme politique. Bessora s’est fait connaître en 1999 avec 53 cm., un roman qui décrit dans une perspective anthropologique et comique, le racisme institutionnel que rencontre une jeune femme métisse dans sa quête d’une pièce d’identité. Roman graphique, Alpha retrace le parcours d’un homme qui tente de rejoindre sa famille, entre Abidjan et Paris.
Ensemble, elles évoquent, dans un hôtel lausannois, la place des femmes dans la littérature africaine, les barrières qui subsistent et l'espoir qui naît.
Le Temps: Le fonds Jean-Marie Volet montre l’émergence de nombreuses auteures africaines dans les années 1980. Que se passe-t-il alors?
Véronique Tadjo: 1980, c’est une génération après la décolonisation. Ça signifie que de plus en plus de filles fréquentent l’école et accèdent à l’écriture. En 1979 paraît Une si longue lettre de la Sénégalaise Mariama Bâ, qui remet en question la société patriarcale. Un livre qui exerce une influence énorme en Afrique et donne l’élan à celles qui n’osaient pas prendre la parole.
Quelque 2.000 filles de la région de Kaffrine (centre) âgées de 9 ans ont été vaccinées contre le cancer du col de l’utérus, un effectif représentant plus de 90% de l’effectif total concerné par cette vaccination, a indiqué samedi le médecin-chef régional
Kaffrine, 24 oct (APS) – Quelque 2.000 filles de la région de Kaffrine (centre) âgées de 9 ans ont été vaccinées contre le cancer du col de l’utérus, un effectif représentant plus de 90% de l’effectif total concerné par cette vaccination, a indiqué samedi le médecin-chef régional, Moustapha Diop.
‘’Dans la région de Kaffrine, plus de 2.000 filles ont été déjà vaccinées contre le cancer du col de l’utérus. A ce jour, nous avons largement dépassé notre objectif, qui était de vacciner 90% des filles de la région’’, a précisé M. Diop.
Il s’entretenait avec la presse locale, à l’ouverture d’une campagne de dépistage gratuit des cancers du col de l’utérus et du sein, à Kaffrine, une initiative des sages-femmes du département de Kaffrine, dans le cadre de la campagne ‘’Octobre rose’’.
Le vaccin contre le cancer du col de l’utérus ‘’est très efficace [et] a déjà fait ses preuves. Il est disponible dans tous les établissements de santé de la région de Kaffrine’’, a assuré le médecin-chef régional.
Selon lui, cette vaccination est très importante, car, en 2019 par exemple, 10% des 1.000 femmes dépistées dans la région de Kaffrine portaient des légions précancéreuses.
‘’Dans la région, nous avions enregistré en 2019 quelques cas suspects de cancer, que nous avons pris en charge à l’hôpital régional de Kaolack (centre)’’, a rappelé Moustapha Diop.
Selon lui, dans le cadre de la campagne ‘’Octobre rose’’ en cours, 695 femmes de Koungheul et de Birkelane (deux départements de la région de Kaffrine) ont déjà bénéficié d’un dépistage gratuit des cancers du col de l’utérus et du sein, avec un taux de positivité de 10%.
‘’Nous avons stoppé les légions précancéreuses qui se développaient chez ces 10%, grâce à une prise en charge effective, dans les centres de santé de Birkelane et de Koungheul’’, a assuré le médecin-chef de la région.
‘’Le cancer du col, comme celui du sein, commence à prendre des proportions très inquiétantes au Sénégal. Mais nous avons la chance d’avoir des stratégies de prévention’’, a-t-il souligné.
Selon Moustapha Diop, les centres de santé de Kaffrine et de Koungheul sont dotés d’appareils de dépistage et de traitement des légions précancéreuses.
M. Diop a profité de la campagne ‘’Octobre rose’’ pour inviter les Kaffrinois à veiller à ce que toutes les filles soient vaccinées.
Il a également demandé aux femmes dont l’âge varie entre 30 et 69 ans à faire le dépistage au moins une fois par an.
‘’Il faut également pratiquer l’autopalpation des seins après la période des menstrues pour détecter les légions suspectes, qui peuvent être diagnostiquées pour confirmer ou infirmer le cancer du sein’’, leur a-t-il conseillé.