C’est fait. Le Groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (BBY) a proposé les 8 députés qui doivent le représenter dans la commission ad hoc devant examiner la levée de l’immunité parlementaire du leader du Pastef Ousmane Sonko, accusé de viols et menaces de mort par une masseuse d’un institut de beauté. Il s’agit de Aymérou Gningue (président du groupe parlementaire), Dieh Mandiaye Ba, Papa Biram Touré, Adji Diara Mbergane, Mamadou Oury Bailo Diallo, Mously Diakhaté, Demba Babel Sow, Bounama Sall.
Pour les non-inscrits, Fatou Ndiaye du parti Rewmi d’Idrissa Seck a été retenue.
Quant au groupe parlementaire Liberté et Démocratie, du Pds et ses alliés, ils seront représentés par Moustapha Guirassy et Cheikh Abdou Bara Doly Mbacké. Il est fort à parier que le groupe s’opposera à la procédure d’autant que le Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais a déjà donné le ton. L’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, a appelé ses députés à voter contre la levée de l’immunité parlementaire du leader de Pastef.
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LE FRÈRE DE LA PROPRIÉTAIRE DE "SWEET" SE PRONONCE
Dakarmatin a tendu le micro au grand frère de la propriétaire de "Sweet Beauty Spa" qui s'est exprimé sur l'accusation de viol dont fait l'objet Ousmane Sonko.
Le site internet Dakarmatin de Pape Alé Niang a tendu le micro au grand frère de la propriétaire de "Sweet Beauty Spa" qui s'est exprimé sur l'accusation de viol dont fait l'objet Ousmane Sonko.
AU SÉNÉGAL, LE LEADERSHIP AU FÉMININ
Auto-entrepreneuses ou directrices générales, comment les Sénégalaises ont-elles brisé le plafond de verre ? Contre quels freins, visibles ou invisibles, doivent-elles encore se battre en 2021 ?
Aux nombreux obstacles liés à leur genre, elles ont répondu par leurs compétences. Elles sont de plus en plus nombreuses à occuper les places jusque-là réservées aux hommes. Auto-entrepreneuses ou directrices générales, comment les Sénégalaises ont-elles brisé le plafond de verre ? Contre quels freins, visibles ou invisibles, doivent-elles encore se battre en 2021 ? Comment faire évoluer leur carrière ?
Avec nos invités :
Khady Boye Hanne, directrice générale de la BGFI-Sénégal
Seynabou Dia, présidente fondatrice de l’Agence de communication et de conseil Global Emergence Corporation et Global Mind Consulting Gabon, co-fondatrice de Action Africa Culture 55, une initiative pour contribuer au développement d’industries culturelles créatives
Safietou Seck, fondatrice de la marque de stylisme et de confection haut de gamme Sarayaa.
24 heures après s’être exprimée sur les accusations portées par son ex (?) employée, Adji Sarr, sur l’homme politique Ousmane Sonko, la propriétaire du salon de massage "Sweet Beauté Massage" est placée en garde à vue à la Section de recherches de la Gendarmerie de Colobane, où une plainte pour viol et menaces de mort a été déposée contre l’opposant.
Dans un entretien accordé à Emedia.sn, la propriétaire de l’institut de bien-être a tenté de disculper Sonko tout en chargeant son employée qui serait, selon elle, engagée dans un complot pour salir la réputation de l’homme politique. Toutefois, celle qui a donné de fausses identités (elle s’appellerait N.K. Ndiaye et serait née à Kaolack plutôt qu’à Dakar comme elle l’indique dans l’entretien), est poursuivies pour des faits d’incitation à la débauche et diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs. En effet, dans les annonces publicitaires faites sur les réseaux sociaux, le salon de massage ne se contenterait pas de proposer des offres de massage.
SONKO, ADJI SARR ET MOI..
L’interview intégrale de la propriétaire du salon de massage
Tout est parti d’une plainte, révélée par nos confrères du journal Les Échos dans sa livraison de ce vendredi, 5 février 2021. L’affaire semble aussi grosse que grave. Ousmane Sonko, actuel leader de l’opposition et un des plus redoutables adversaires du pouvoir cité dans une affaire de mœurs, l’affaire suscite rapidement moult interrogations.
Ayant obtenu copie de la plainte déposée par la dénommée Adja Sarr, masseuse de profession, Emedia.sn décide de se rendre sur le lieu indiqué dans le document pour en vérifier l’existence. Après quelques tours près du cimetière Saint Lazare, à Sacré Cœur 3, à quelques jets de pierres de l’ancien siège de l’APR et non loin du quartier général du candidat Sonko sur la VDN, nous tombons sur une affiche publicitaire d’un salon de massage. Le nom est le même que celui sur la plainte. Sweet Beauté.
Plusieurs coups de fil sur les numéros indiqués, mais ça sonne dans le vide. Un tour dans le quartier, puis quelques questions aux riverains, nous arrivons en face d’une bâtisse peinte d’un rouge vif, avec une enseigne explicite. Les lieux ont l’air d’une maison close, mais c’est bien un salon de massage disposant d’un agrément de l’État qui y a installé ses quartiers. Après deux sonneries, la propriétaire des lieux se présente et devine d’entrée l’objet de notre visite.
Elle nous demande de patienter, se retire quelques minutes avant de ressortir ouvrir le portail de son établissement avec pour condition de ne pas la prendre en vidéo ni de laisser trace de sa voix sur le web. Marché conclu.
Le déco sommaire, une lumière rouge tamise le hall, une petite salle avec un banc de massage à gauche, une autre grande salle, fermée. La visite des lieux s’arrête ici c’est à l’entrée du couloir entre les deux salles, qu’elle accepte de répondre à nos questions.
Premier constat, elle nous donne un faux nom. En début d’interview, c’est Amy Diop, à la fin, c’est Absa Diagne. Mais, pendant près d’un quart d’heure, elle nous livre sa version de ce qui est l’origine d’une affaire qui pourrait, soit porter un coup à l’image d’un acteur majeur de la scène politique, soit renforcer son aura s’il ne s’agirait que d’une vulgaire cabale.
Cette dame, propriétaire du salon, est persuadée par la deuxième version, celle d’un coup monté contre le député de Pastef. Sauf qu’elle admet que ce dernier est un client fréquent de l’institut de massage où il a ses habitudes généralement quand il revient de voyage, mais sans jamais verser dans les propositions indécentes. Dans cet entretien, elle charge son ex employée qui aurait été manipulée pour accuser Sonko, même si elle révèle également qu’elle n’était pas sur les lieux aux moments des faits supposés .
*Interview réalisée en Wolof, entre 16h45 et 17h05, peu avant que les lieux ne soient encerclés par la gendarmerie, pour des nécessités de l’enquête.
Comment vous vous appellez ?
(Elle hésite un moment avant de répondre) Je m’appelle Amy... Amy Diop.
Êtes-vous la propriétaire de ce salon de massage dénommé "Sweet Beauté Massage" ?
Oui, j’en suis la propriétaire et je loge ici avec ma famille. Mon mari et ma fille.
Exercez-vous en tant que masseuse ou avez-vous juste des employées qui font les prestations ?
Moi, je n’exerce pas. J’ai des employées qui font le travail.
Nous avons eu l’information selon laquelle une certaine Adji Sarr, employée de ce salon de massage, a déposé une plainte à la Section de recherches contre l’homme politique Ousmane Sonko pour des accusations très graves de viols et menaces de mort et que les faits se seraient déroulés ici. Avez-vous eu vent de cette histoire ?
Moi, je n’ai porté plainte contre personne. Adji Sarr était mon employée. Elle travaillait ici. Elle a d’abord travaillé pour moi dans un premier temps, ensuite je l’avais licenciée. Elle est restée près de six mois puis elle est revenue reprendre, juste avant décembre.
À l’heure actuelle, est-elle toujours votre employée ?
Quand elle a fait cette erreur d’accuser Ousmane Sonko...
Erreur, c’est-à-dire ?
Parce que Sonko avait l’habitude de venir se faire masser ici. Mais je ne l’ai jamais vu faire des propositions indécentes aux masseuses. Tout ce que je sais, c’est qu’à chaque fois qu’il venait ici, il ne demandait qu’un seul type de massage. Il se plaignait de douleurs du dos et quand il venait, la séance de massage se faisait de la façon la plus simple : il s’installait sur une chaise et on lui massait le dos, un massage tonifiant. Et ça s’arrêtait là et il partait comme il était venu. Il ne voulait même pas être reconnu.
Comment Ousmane Sonko venait-il ici tout en voulant qu’on ne le reconnaisse pas ?
Quand il venait, il ne voulait pas que les masseuses le reconnaissent. Il masquait son visage avec un tissu ou une capuche. Je ne l’ai jamais vu se déshabiller totalement pour se faire masser. Il ne faisait que soulever le haut pour qu’on lui masse le dos. Adji Sarr, c’est moi qui l’ai mise en rapport avec Ousmane Sonko. C’est elle qui s’occupait de son massage jusqu’à ce qu’un jour, je l’ai entendue au téléphone dire à son interlocuteur qu’elle était au top, parce ce que c’est elle qui s’occupait du massage du président Sonko. Son interlocuteur lui avait répondu : « Je voudrais qu’on fasse un deal. Il faut que tu fasses l’impossible pour entretenir un rapport avec lui. Il faudra tout faire pour me trouver son sperme qui devrait nous servir de preuve contre lui. »
Ce jour-là, quand Ousmane Sonko est venu, je l’ai mis en rapport avec Adji Sarr comme d’habitude mais cette fois-ci avec une autre fille pour un massage quatre mains (avec deux masseuses) parce que je n’avais plus confiance en Adji. Mais, une fois à l’intérieur, Adji avait demandé à la fille, qui est une débutante, de sortir et de la laisser seule avec Ousmane Sonko. Après qu’il eut fini son massage, et au moment où Sonko préparait à quitter, le téléphone Adji avait sonné. C’était mardi passé. Ce jour, Sonko est entré ici vers 22h.
22h, cela veut dire que vos masseuses passent la nuit ?
Oui ! Avec le couvre-feu, elles sont obligées de passer la nuit ici. Il y a une équipe qui passe la journée, l’autre passe la nuit. Ce jour, Adji avait passé plusieurs coups de fil et des gens devaient venir la chercher pour l’amener à l’hôpital après le départ de Sonko.
Lorsqu’Adji est sortie de la cabine, je l’ai entendu parler avec quelqu’un au téléphone et elle a répondu qu’il a éjaculé. Le gars lui a ensuite demandé de se dépêcher pour partir. Une voiture noire est venue la chercher la nuit même vers 23 heures, en plein couvre-feu et bien escorté. Je suis persuadé que ce sont ces gars qui ont payé la fille pour créer des problèmes à Ousmane Sonko. Ils doivent être puissants parce que les derniers jours, tous ses repas venaient de la Résidence Mamoune et elle n’en a pas les moyens.
Sur quelles bases pouvez vous affirmer tout ceci ?
J’ai des preuves intangibles de tout ce que j’ai dit. Il y a quelqu’un qui a assisté à toutes les conversations de Adji avec ses comploteurs.
Vous étiez où au moment des faits ?
J’étais sortie. J’ai un enfant malade.
Quelle est la fréquence des visites de Sonko ici ?
Il vient rarement ici. Parfois il peut rester 15 jours sans venir. Le plus souvent, il vient au retour de ses voyages.
Comment il vient ici, par voiture, ou à pied ?
C’est près de la boutique qu’il gare sa voiture.
Quel type de voiture ?
Non je ne sais pas. Et même si je le savais, je n’allais pas le dire. Sa voiture ne m’intéresse pas.
Pouvez-vous nous donner plus de détails sur le type de massage qu’il sollicite chez vous ?
Ici on ne pratique que les massages classiques. C’est le massage tonifiant ou le massage relaxant. Le tonifiant, c’est un massage pour ceux qui sont fatigués et l’autre pour ceux qui veulent se relaxer. Il sollicitait le tonifiant, le prix est à 20 000 F CFA.
Pourquoi votre employée l’accuse-t-elle ? Est-ce qu’il y a des clients qui vont jusqu’à avoir des faveurs sexuelles avec vos masseuses ?
Non ici, c’est un institut professionnel de beauté. C’est un lieu de travail (Ndlr : elle nous montre l’agrément officiel affiché sur un mur et le règlement intérieur qui indique clairement que les faveurs sexuels ne sont pas autorisés). Il n’y a pas de place pour ça.
Pouvez-vous nous dire où habite Adji Sarr ?
Je ne sais pas.
Vous dites l’avoir licenciée une fois par le passé. Pourquoi ?
On m’avait dit des choses sur elle qui sont avérées. C’est pourquoi je l’ai renvoyée. J’ai constaté qu’elle ment beaucoup. Elle est capable de prendre le téléphone des gens et de transférer leurs messages à d’autres personnes. Elle n’était pas professionnelle.
Pourquoi l’avoir reprise alors ?
Je pensais qu’elle avait changé. Parce qu’auparavant je l’avais appelée et lui avais donné beaucoup de conseils sur comment se comporter dans la vie...
Connaissez-vous ceux qui seraient derrière elle ?
C’est ce que tout le monde demande à savoir. À la gendarmerie, c’est ce que les enquêteurs lui ont demandé. Ils lui ont demandé ses complices pour faire tomber Sonko. Quand elle quittait la maison, elle avait dit qu’elle était enceinte. Le même jour où Sonko était passé. Mais, elle n’avait pas voulu me donner des détails sur sa grossesse. C’est le lendemain que j’ai été convoquée à la gendarmerie de Colobane.
Elle avait dit aux gendarmes qu’elle a été violée. Quand je lui ai dit, devant les enquêteurs, qu’elle m’avait parlé d’une grossesse et non d’un viol, elle a répondu : "Je voulais avoir raison." Pour moi, c’est un deal. Sonko ne me semble pas être une personne de mauvaise réputation. À chaque fois qu’il venait ici, il cachait son visage. Et c’est lui qui amenait son huile de massage. Il ne peut y avoir de viol dans cette maison. C’est impossible. Mon mari est là, il y a d’autres personnes dans la maison. Mon mari, une autre masseuse, la femme de ménage, ma fille... Ma chambre est là à côté. S’il y avait tentative de viol, ils auraient entendu du bruit. Elle ment. Peut-être qu’elle veut de l’argent. S’il y a viol, ce n’est pas ici. Ailleurs peut être, je ne sais pas mais ici, non.
Elle a aussi parlé d’armes, disant que Sonko serait venu, avec deux armes...
C’est encore des mensonges. À chaque fois, c’est moi qui ouvrais la porte à Ousmane Sonko et je ne l’ai jamais vu avec une arme. J’ai toujours soupçonné Adji de fomenter quelque chose contre Sonko. C’est pourquoi, la dernière fois, je l’ai mise avec la nouvelle masseuse. Mais elle lui avait demandé de la laisser seul avec lui.
Vous disiez tantôt qu’elle aurait affirmé à quelqu’un au bout du fil, qu’elle a eu ce qu’elle voulait, de quoi pouvoir faire un prélèvement qui pourrait confondre Sonko. Cela veut-il dire qu’il y aurait eu plus qu’un massage ?
Je ne dis pas qu’il y a eu plus qu’un massage. Je dis juste qu’on lui a demandé au téléphone si elle avait été au bout et elle a dit oui, ensuite on lui a dit de quitter rapidement pour l’hôpital. Et en quittant la maison, Adji ne m’a jamais dit qu’elle avait été violée ou quoi que ce soit. Elle m’a dit qu’elle était enceinte, en pleurs. Quand je lui ai demandé l’auteur de la grossesse, elle est partie en me disant qu’elle allait m’expliquer. C’est par la suite, le lendemain mercredi, que j’ai été convoquée à la Section de recherches de la gendarmerie, à Colobane. Là, on m’a parlé de viol. Elle était là, devant le gendarme. J’ai été surprise car elle m’avait dit autre chose, mais jamais elle ne m’a parlé de viol. Et pour être honnête, je ne crois pas qu’elle puisse être violée ici par Sonko. Je n’ai jamais vu de comportement douteux en lui.
D’habitude, Sonko vous appelle-t-il pour vous prévenir qu’il venait ou vous envoie-t-il des messages, ne serait ce que pour éviter de croiser d’autres personnes ?
Je ne répondrai pas à cette question... (Elle met un terme à l’entretien).
Rappelez-nous votre nom, s’il vous plaît...
Je m’appelle Absa Diagne.
SHINE TO LEAD PREND LA REVANCHE DES JEUNES FILLES EN SCIENCES
L’initiative Shine to Lead/JiggenJangTekki, qui œuvre depuis 2017 pour l’accompagnement des jeunes filles scientifiques de familles modestes, a procédé au lancement de sa nouvelle cohorte de lycéennes devant bénéficier de ses bourses d’excellence
Pour la première fois, l’association a recruté ses lauréates dans la région de Saint-Louis, où 10 jeunes filles du lycée AmethFall ont été sélectionnées pour intégrer le programme. Les représentantes de l’initiative ont effectué un déplacement à Saint-Louis et ont profité de l’occasion pour remettre des fournitures scolaires aux nouvelles recrues. Les kits scolaires sont composés de sacs contenant des livres et des outils didactiques de Maths et Physique Chimie, de romans, de polos, etc. Ces jeunes filles intègrent ainsi officiellement la cohorte de nouvelles lauréates des bourses de Shine to Lead. Avec ses moyens modestes et limités, c’est pour la première fois que Shine to Lead sélectionne de nouvelles boursières hors de la région de Dakar.
Les dons octroyés entrent dans le cadre des bourses d'excellence que Shine to Lead accorde à des jeunes lycéennes des familles défavorisées, mais très prometteuses dans les sciences. En effet, chaque année depuis son lancement, l’association constitue des cohortes de nouvelles boursières, en fonction de ses moyens. Les lauréates bénéficient des cours en ligne, d’un programme de mentorat de femmes leaders en plus des bourses. Le contexte de la crise sanitaire étant une réalité, l’association y a intégré cette année les masques et du gel.
«Nous sommes ravies d’apporter cette contribution de Shine to Lead. C’est une première cohorte. Nous avons un grand espoir de pouvoir continuer d’année en année à la faire grossir», a promis Rokhaya Solange MbengueNdir, vice-présidente de Shine to Lead avant de rappeler le but de cet accompagnement de l’association. «L’objectif c’est que ces jeunes filles, plus tard, puissent elles aussi inspirer, accompagner leurs petites sœurs. C’est grâce justement à tous ces outils, à cet accompagnement de toutes les parties prenantes qu’elles réussiront à être des femmes leaders qui demain vont diriger notre pays», a ajouté Mme MbengueNdir.
Après réception des fournitures, la proviseure du lycée, Madame AdiaraSy a salué ce geste et le choix porté sur son établissement, le lycée Ameth Fall. «Nous sommes très ravis d’accueillir aujourd’hui Shine to Lead (STL) représentée par mesdames Rokhaya Solange MbengueNdir et Clara Fanahimanana. J’en profite pour remercier l’association au nom du personnel, de l’ensemble des élèves et au nom des dix filles». Émues et enthousiastes, les récipiendaires n’ont pas caché, elles aussi leurs sentiments et pour que l’accompagnement ne soit rompu, elles ont remercié STL et fait la promesse à Shine to Lead de ne pas décevoir. «Je suis vraiment honorée, heureuse et fière de faire partie du programme de Shine to Lead qui met en avant l’éducation des filles, nous booste pour que nous allions de l’avant et fait tout son possible pour que nous puissions nous nous construire un bel avenir», a dit NdèyeAnta Diagne, une des bénéficiaires. Oumou Mouhamadou Daff, pour sa part, se félicite du choix de son lycée. «Nous vous remercions d’avoir choisi notre lycée et nous vous promettons de faire de notre mieux pour continuer dans l’excellence, pour prouver que nous méritions l’appui que vous nous apporter».
Depuis 2017, Shine to Lead a apporté son appui à 90 jeunes filles des milieux défavorisés de la région de Dakar et sa banlieue. Faute de grands moyens, l’association appuie un nombre très réduit de jeunes filles, mais c’est un appui fort qualitatif à travers ses différents programmes comme le Mentorat. Il s’agit d’un Programme dont le but principal est d’attribuer un mentor à chaque boursière, afin de la soutenir et de lui assurer un suivi personnel pendant l’année scolaire. La finalité est de coacher et de motiver les lauréates afin qu’elles deviennent demain des leaders, tant sur le plan personnel qu’au sein de leurs communautés respectives. Les mentors sont elles-mêmes des modèles de leadership féminin réussi, agissant dans différentes sphères de la société sénégalaise, explique l'association sur son site.
Shine to Lead prend la revanche des filles en sciences.
Lancé en 2017, Shine to Lead est une initiative qui soutient une catégorie de lycéennes et les accompagne dans le développement de leur leadership. Portée par de braves femmes qui sont elles-mêmes un modèle d’engagement et de leadership, l’initiative vise à offrir des bourses d’excellence à des jeunes filles brillantes issues de milieux défavorisés au Sénégal à partir de la classe de seconde. La finalité est d’accroître les chances de ces jeunes filles de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions et de développer leurs capacités de leadership, explique l’association sur son site.
Les bourses octroyées aux bénéficiaires couvrent les frais d’inscription, les frais de scolarité, les fournitures et livres scolaires, les frais de transport, le trousseau, des livres sur des thèmes liés au développement personnel, des frais personnels (exemple : les garnitures. En Afrique, les statistiques montrent qu’une jeune fille sur dix ne va pas à l’école pendant ses menstrues ne disposant pas d’assez de fonds pour acheter des protections périodiques).
La pertinence de l’engagement de Shine to lead se comprend quand on sait que l’un des domaines dans lesquels les filles sont victimes d’injustice, notamment dans les pays pauvres et les sociétés traditionnelles, demeure le droit à l'éducation. Souvent, les normes sociales favorisant l’inégalité entre les sexes privent les filles du droit à l’apprentissage. Quand les filles ont la chance d’accéder à l’éducation, terminer le cursus, il reste une autre paire de manches. Elles ont beau avoir toute la volonté du monde, faire des performances honorables en termes de rendement scolaire, mais l’environnement, parfois, ne plaident pas en leur faveur : manque de moyens, longs trajets pour aller à l’école, manque d’encadrement et au pire des cas mariage précoce et autres obstacles associés.
L’initiative de Dakar de l’an 2000
C’est au vu de cette situation que l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles (UNGEI), un partenariat d’organismes voués à la promotion de l’éducation des filles, a été lancée en 2000 lors du Forum mondial sur l’éducation à Dakar par le Secrétaire général de l’ONU d’alors, Feu Kofi Annan. Mais l’UNGEI mise plus sur l’éducation de base, une fois que le primaire est terminé, il faut que le collègue et le lycée soient assurés et enfin le supérieur. Il est donc urgent surtout pour les jeunes filles dévouées et qui ont un fort potentiel, que tous obstacles soient levés sur le chemin pour qu’elles puissent avancer sereinement. C’est en cela que se trouve la pertinence de Shine to lead, une association modeste qui travaille sans trompette ni tambour et qui épaule des jeunes des séries scientifiques depuis 2017.
Avec un tel appui, le risque d’abandon est écarté et il y a de fortes chances que ces lycéennes terminent leurs études secondaires et accèdent aux études supérieures sans trop de soucis. Leur succès est aussi le succès de leur famille, de la société de manière générale puisqu'elles participeront sans nul doute à la construction du pays.
DEUIL PÉRINATAL, LE CHAGRIN DES MÈRES
Bouillir d’impatience d’entendre l'enfant crier de son innocence après l’accouchement, bien des femmes ont été habitées par ce doux sentiment malgré les douleurs de la grossesse. Elles sont également nombreuses à désenchanter après la perte de leur bébé
Bouillir d’impatience d’entendre le nouveau-né crier de son innocence après l’accouchement, le voir grandir, bien des femmes ont été habitées par ce doux sentiment malgré les douleurs de la grossesse. Elles sont également nombreuses à désenchanter, à porter durement le deuil après la perte de leur bébé.
Assise dans son bureau en train de siroter son café, Aminata est soudain prise de vertige. Elle se dirige vers les toilettes pour apprivoiser son mal. Une semaine plus tard, elle se rend à l’hôpital où elle reçoit la meilleure nouvelle de sa vie : «J’étais enceinte». Après sept années d’attente, Aminata voit son vœu le plus cher se réaliser. «Une joie immense m’envahit. Mon mari et moi étions heureux et attendions, avec impatience, l’arrivée de notre bébé», confie la quadragénaire qui, neuf mois après, tient son enfant dans ses bras. «Je le voyais déjà courir dans tous les sens, dans notre maison», se rappelle-t-elle, le visage crispé.
Juste après son accouchement, à bout de souffle, Aminata plonge dans un sommeil profond. À son réveil, le silence de son entourage l’intrigue. «Personne n’a voulu me dire où se trouvait mon bébé et j’ai commencé à avoir peur. C’est le médecin qui est venu répondre à la question qui me taraudait», dit-elle, le souvenir amer. Le bébé tant attendu d’Aminata est finalement mort-né. Dix ans après cette douleur, cet épisode continue de la hanter. «Après sept ans de souffrance liée à mon infertilité, je voyais la naissance de cet enfant comme une formidable aubaine, un don du ciel», soutient-elle, non sans déplorer l’hostilité de sa belle-famille qui l’accusait de porter la poisse à son entourage. En plus d’endurer le deuil périnatal, c’est-à-dire la mort d’un nourrisson en cours de grossesse, lors d’un accouchement ou juste après la naissance, elle a dû endurer les contrecoups dans son foyer. «Mon mari et moi avions fini par divorcer», regrette Aminata qui, aujourd’hui, à 47 ans, a perdu tout espoir de procréer un jour.
Le médecin, coupable idéal
Cette dernière n’est pas la seule à avoir vécu cette infortune. Elles sont nombreuses, les femmes, à en souffrir dans le silence. Farmata a 26 ans. Mariée depuis huit ans, elle a fait six fausses couches. «J’ai eu une béance du col de l’utérus», explique cette élégante femme. En 2019, elle a donné naissance à une fille qui est morte deux jours après. «J’ai failli devenir folle quand ma fille m’a quittée 48 heures après sa naissance», affirme la jeune épouse qui demande à la société d’être plus indulgente avec les femmes confrontées à cette situation. «Déjà, le fait de perdre son enfant est douloureux. Si en plus elles sont jugées par leur entourage, cela peut être infernal. Il faut que les gens acceptent la volonté divine». Elle compte sur cette providence pour, un jour, tenir son fils dans ses bras. «La prochaine fois sera la bonne. Je laisse tout entre les mains de Dieu», dit-elle.
Toutefois, il y en a qui ne se limitent pas à accuser le sort. Le médecin est le coupable idéal pour certaines âmes éplorées ! «Lors de ma dernière échographie, un vendredi, mon gynécologue m’a dit que j’avais dépassé la date d’accouchement et que je devais normalement être « déclenchée » dans les cinq jours à venir», se souvient Mbathio. Le lundi, cette dernière est allée à l’hôpital et on l’a envoyée dans une autre structure faute de place. «Arrivée là-bas, on m’a dit que ce n’était pas le moment d’accoucher. Je suis ensuite allée dans un autre établissement hospitalier où j’ai passé la nuit. Ils ont, eux aussi, dit la même chose. Je suis rentrée et le samedi soir, la douleur devenait de plus en plus atroce. La perte des eaux était importante. J’ai refait trois hôpitaux. Les deux n’avaient pas de place et l’autre était en grève», se désole-t-elle. Sa mésaventure était loin d’être finie.
«J’en voulais même à mon mari»
«Quand je suis partie dans une autre structure, ils m’ont prescrit une ordonnance de césarienne que l’hôpital n’avait pas. Mon mari est sorti l’acheter. Après l’opération, le bébé et moi étions épuisés. Malheureusement, il n’a pas survécu», geint-elle, pointant du doigt certaines sages-femmes qui, selon elle, n’ont aucune compassion envers les femmes enceintes. Les jours qui ont suivi ont été pénibles, le sommeil agité, les nuits longues, le jour amer. «J’éprouvais du dégoût», se rappelle-t-elle, le débit monotone. Elle en voulait au monde entier. Les sages-femmes lui rappelaient l’horreur d’un instant, les gestes de compassion l’irritaient.
Mère Salimata, 68 ans, a aussi surmonté plusieurs drames pour ne pas tomber dans la résignation. Après la naissance de sa fille aînée, une «grande dame» aujourd’hui, la détresse a étreint son cœur. «J’ai perdu quatre enfants dont trois quelques jours seulement après l’accouchement. À la naissance de mon fils cadet, même un petit rhume me rendait anxieuse. C’est aujourd’hui un grand garçon qui m’a donné tant de frissons. Mes excitations indisposaient mon entourage. J’étais en pleine déprime surtout avec les discours ésotériques. Je regardais mon époux comme un zombi. C’est à peine si je ne lui en voulais pas de la perte de nos enfants», relate-t-elle, entourée de sa fille aînée et de son fils cadet, les figures de son réconfort après tant de tumultes.
«IL Y A BEAUCOUP PLUS DE CAS D’INCESTE QUE CEUX REVELES PAR LA PRESSE, CONNUS PAR LES SERVICES DE POLICE»
Selon Dior Fall Sow, L’inceste, abus sexuel dans les familles, conduit souvent à une destruction pure et simple de la vie et de la personnalité humaine de la victime
SEYNABOU BA ET NDEYE AMINATA GUEYE |
Publication 21/01/2021
L’inceste, abus sexuel dans les familles, conduit souvent à une destruction pure et simple de la vie et de la personnalité humaine de la victime. C’est pourquoi Mme Dior Fall Sow, présidente honoraire de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), prône l’application de la loi criminalisant cet acte pénible dont les auteurs risquent jusqu’à la perpétuité. La haut-magistrate qui fut membre du Comité des Experts pour les Droits de l’Enfant de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, actuelle Union Africaine–UA) jusqu’à sa nomination au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR, 2002) comme Avocat Général près le Bureau du Procureur du TPIR puis Avocat Général Principal près la Chambre d’Appel du TPIR, reste convaincue qu’il y a beaucoup plus de cas d’inceste que ceux révélés par la presse, connus de la Police. S’agissant de la prise en charge, elle exhorte l’Etat à multiplier les structures d’accueil des victimes dans toutes les régions. Aussi engage-t-elle la Police et surtout les médias à beaucoup plus de professionnalisme dans le traitement des faits d’inceste, pour ne pas jeter les victimes à la clameur publique. Vu les séquelles psycho traumatiques de l’acte, il importe d’éviter d’en rajouter en faisant une publicité qui est de nature à marginaliser les victimes dans la société, dit-elle. Entretien !
C’est quoi l’inceste ?
L’inceste consiste à avoir des relations sexuelles avec une personne dont vous êtes apparenté. Et il est évident que lorsque les relations, le degré de parenté, interdisent qu’il y ait un mariage civil ou religieux entre des parents et que ces personnes-là vont audelà de cette interdiction, il s’agit effectivement d’un inceste. On en parle pour un père et sa fille, pour un frère et sa sœur, pour un oncle et sa nièce à un certain degré de parenté. Et ce sont des faits qui sont donc réprimés par la loi.
Plusieurs cas d’inceste sont davantage relayés par les médias. S’agit-il d’une recrudescence ou d’une médiatisation de ce phénomène ?
Il faut dire que l’inceste a toujours existé dans notre société. Ça ne date pas d’aujourd’hui. Mais, ce qui se passe, c’est que c’était un sujet complètement tabou. On n’en parlait pas ; on préférait régler ça à l’intérieur de la famille, ce milieu d’ailleurs où les infractions se font généralement. Et il est difficile, quand il n’y a pas de dénonciation, de pouvoir savoir ce qui se passe à l’intérieur de ce cercle privé. Aujourd’hui, on se rend compte que l’inceste est très important au niveau de notre pays. Et cela est dû par le fait qu’on a levé en quelque sorte ce tabou. Donc, des faits sont de plus en plus dénoncés auprès de la Police et c’est ainsi que les médias peuvent donc relayer et porter ces informations à la connaissance de la population. Nous ne pouvons pas estimer l’ampleur de ce phénomène, dans la mesure où il existe encore des endroits où beaucoup de viols, d’incestes ne sont pas encore dénoncés. Je crois que les chiffres qu’on nous donne sont des chiffres qui sont indicatifs et qui, malheureusement, ne peuvent pas attester de leur fiabilité. Parce qu’il est certain qu’il y a beaucoup plus de cas d’inceste que ceux qui sont révélés par la presse, connus par les services de Police. Alors, je crois qu’il faut, à ce niveau-là, essayer de briser le silence pour que ces faits, qui sont vraiment des faits odieux, puissent être portés à la connaissance du public.
Que dit la loi, en cas d’inceste?
Au niveau de la loi, l’inceste est un crime. Vous savez que maintenant avec la nouvelle loi criminalisant le viol et la pédophilie, la loi n°05-2020, si je ne me trompe, qui a été publiée au Journal officiel (JO) le 13 janvier 2020, c’est devenu un crime. Et je pense que ça peut être poursuivi pour une peine qui peut aller, par moment, jusqu’à la perpétuité, s’il y a des circonstances aggravantes. Alors, à ce niveau-là, il faut dire que la loi doit être appliquée. Ce qui a fait d’ailleurs qu’il y a eu ce mouvement de «Dafa doy» qui a conduit à cette criminalisation de la loi ; c’est parce que justement la dernière loi de 1999 qui avait modifié donc la loi de 1965, bien qu’elle ait eu à définir ce qui était le viol, l’inceste, lui, n’est toujours pas défini dans notre législation. On sait que c’est des rapports (sexuels, ndlr), mais il n’y a pas dans la législation sénégalaise une définition précise de l’inceste, comme on a fait une définition précise pour le viol. Donc, à ce niveau-là, on a vu qu’avec l’ancienne loi, que la loi n’était pas appliquée et souvent les décisions qui étaient rendues étaient même une violation de la loi qui était en vigueur.
Qu’attendez-vous de cette loi et du traitement aussi bien judiciaire que médiatique de l’inceste ?
Nous attendons donc de cette loi qu’elle soit appliquée. Nous attendons de cette loi qui dit toutes les mesures d’accompagnement pour que justement elle soit appliquée, à savoir qu’il y ait une vulgarisation de cette loi-là, à savoir qu’il y ait aussi une prise en charge de la victime qui, franchement, a subi ces faits-là. Également des médias, à leur niveau, devront faire en sorte qu’en faisant le rapport de ces faits-là, en les relatant, tiennent beaucoup plus d’attention de la victime, parce que ces faits-là sont des faits qui sont extrêmement graves dans notre société. Et souvent il ne faut pas jeter les victimes à la clameur publique. Et, lorsqu’on voit des fois les noms des victimes, on peut les identifier facilement par les informations qui sont données au niveau de la presse, pas toutes, mais certaines pour être objectif. Je crois qu’il faudrait faire attention et penser beaucoup plus à la victime car ces faits-là, lorsque ça arrive à certaines victimes qui peuvent être aussi des hommes que des femmes, je pense que les conséquences psycho traumatiques sont extrêmement importantes et il ne faut pas en rajouter en faisant une publicité qui est de nature à pouvoir rendre les uns à l’écart de la société. Donc il est nécessaire qu’à ce niveau-là, que les médias soient beaucoup plus professionnels lorsqu’ils relatent ces faits d’inceste.
«L’ETAT DE L’AMENAGEMENT DES ESPACES FAMILIAUX ET L’HYPERSEXUALITE EXPLIQUENT L’INCESTE»
Le phénomène de l’inceste s’explique davantage et de plus en plus quand on se retrouve dans une situation de promiscuité, selon le sociologue Abdou Khadre Sanogo.
SEYNABOU BA ET NDEYE AMINATA GUEYE |
Publication 21/01/2021
L’inceste, les abus sexuels dans les familles, est un phénomène récurrent dans nos sociétés. Le sociologue Abdou Khadre Sanogo estime que l’état de l’aménagement des espaces familiaux et l’hypersexualité expliquent ce phénomène qui a toujours existé. Pis, relève le sociologue, c’est l’œuvre de personnes qui sont malades mentalement, sans pour autant qu’on s’en rende compte. Ainsi, pour lui, il ne faut pas des pistes de solution, mais plutôt des pistes de réaction afin de venir à bout de ce fléau.
Le phénomène de l’inceste s’explique davantage et de plus en plus quand on se retrouve dans une situation de promiscuité, selon le sociologue Abdou Khadre Sanogo. A l’en croire, l’état de l’aménagement des espaces familiaux et l’hypersexualité expliquent l’inceste. «Cela est dû à un problème d’espace. Les gens vivent tellement entassés qu’en fin de compte, ils se retrouvent dans des situations très improbables où la nudité des uns et des autres expose. Et cela peut aiguiser facilement les appétits des uns et des autres, surtout les appétits de ceux qui sont malades mentalement sans pour autant qu’on s’en rende compte. Et ça, c’est des pathologies, comme l’obsession sexuelle. Et des gens qui ne maitrisent pas leurs pulsions dans les situations de nudité, puissent-ils être des parents proches, mais c’est le cadet de leurs soucis ; ils auront toujours envie d’assouvir leur besoin. Et ça, ça entre dans le sens de ce qu’on appelle l’hypersexualité : un moment où les gens ne pensent, ne réfléchissent, n’évoluent que dans le contexte de sexualité. Tout ce qu’ils utilisent en terme d’objets, en terme de répertoire linguistique, en terme d’échanges, tout renvoie vers la sexualité, même si c’est codé. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde où les gens oublient même qu’ils sont père de, frère de ou qu’ils sont sœur de. Tout ce qui intéresse les uns et les autres, c’est visiblement assouvir leur besoin de sexualité.»
UN PHENOMENE LONGTEMPS TABOU, MAIS MEDIATISE AUJOURD’HUI
Pour le sociologue Abdou Khadre Sanogo, l’inceste est un phénomène qui a toujours existé. C’était un sujet tabou, auparavant. Mais, maintenant, avec la multiplication des médias, tout le monde en parle. «Ça a toujours existé, l’inceste. Mais, avec l’avènement des réseaux sociaux, des médias, il y a un foisonnement. Aujourd’hui, nous sommes dans l’ère de ce qu’on appelle les «soft news» ou les «hard news» appelés les «faits divers» qui nourrissent tellement aujourd’hui les rubriques au niveau des journaux ou des desks, des télévisions ou des radios, à telle enseigne que les journalistes spécialisés scrutent chaque jour et chaque instant ce genre de phénomène. C’est eux-mêmes qui vont pour pouvoir dénicher ce genre de situation là. C’est la raison fondamentale pour laquelle il y a cette amplification ; mais ça a toujours existé», a-t-il déclaré.
DES PISTES DE REFLEXION POUR VENIR A BOUT DE L’INCESTE
Ainsi, pour venir à bout de ce fléau, Abdou Khadre Sanogo préconise des pistes de réflexion. «Il faut davantage réfléchir sur la santé mentale des uns et des autres, qu’on puisse avoir un suivi psycho-clinique de l’accord des uns et des autres parce que la santé mentale est un peu extrêmement relevée qu’elle est reléguée au second plan ; les gens n’y accordent aucune importance. Or, de la même sorte que nous souffrons des maux de tête, de la même sorte aussi il peut arriver souvent que nous soyons dans des situations où on a des perturbations psychologiques, psychiques et des pathologies même qui peuvent renvoyer à ce genre de situation. Egalement, il faut tout faire pour aménager l’espace au niveau de nos maisons, pour pouvoir séparer davantage les lieux de résidence des parents proches. Ce n’est que dans ces situations que nous pouvons espérer, peut-être, un peu sortir de cette situation-là. Maintenant, il faut rebondir sur l’élément religieux : une pure éducation religieuse afin de prémunir ce genre de comportement, d’autant plus que, que ce soit l’Islam ou le Christianisme, ils proscrivent complètement l’inceste de leur domaine. Et si les gens ont un peu de culture religieuse, ça peut leur permettre de pouvoir contrôler leur appétit sexuel et leur pulsion ; c’est ce que l’on appelle en psychologie la sublimation».
LE TRAITEMENT JUDICIAIRE N’EST PAS… LA PANACEE
En outre, le sociologue Abdou Khadre Sanogo est d’avis que le traitement judiciaire, à lui seul, ne suffit pas pour dissuader les auteurs d’actes relevant de l’inceste. Sinon, les Etats-Unis d’Amérique, où il y a un système judiciaire très rigide, n’enregistreraient pas les plus forts taux de condamnation dans ce domaine-là, de pédophilie, d’inceste et autres.
L’INCESTE, CETTE HORREUR QUI EMPOISONNE LES FAMILLES
Souvent passé sous silence et/ou réglé dans le cadre familial, l’inceste est un phénomène bien réel qui existe et continue à détruire la vie de femmes, jeunes filles et même de garçons au Sénégal
SEYNABOU BA ET NDEYE AMINATA GUEYE |
Publication 21/01/2021
Souvent passé sous silence et/ou réglé dans le cadre familial, l’inceste est un phénomène bien réel qui existe et continue à détruire la vie de femmes, jeunes filles et même de garçons au Sénégal. A Dakar, comme dans certains coins du pays, des filles et même des femmes tombées enceintes des suites d’un viol ou d’un inceste purgent aujourd’hui des peines de prison pour infanticide. Certaines, par contre, sans recours ni assistance, arrivent à élever l’enfant né de cette union formellement interdite par la loi, la coutume et les religions, et qui est en même temps demi-frère, demi-sœur, cousin ou cousine. Par mépris et sans amour pour ce dernier. Tandis que d’autres préfèrent souffrir en silence, avec un traumatisme psychologique profond qui vire parfois à la dépression ou même au suicide…entre autres. Retour sur quelques cas de cette horreur qui continue d’empoisonner des familles et qui ont défrayé la chronique.
Longtemps passé sous silence, l’inceste occupe de plus en plus une large place dans les faits divers des journaux, radios et télévisions, dans les réseaux sociaux aussi. Recrudescence ou médiatisation d’un phénomène tabou, des cas d’inceste ne cessent de nourrir les colonnes des rubriques de faits divers ou de people. Et les exemples ne manquent pas. Le 19 avril 2019, une histoire a défrayé la chronique à Thiès, plus particulièrement au quartier Hersent où un père de famille répondant aux initiales de O. Ng a sauvagement battu puis violé sa fille mariée âgée de 24 ans. Selon l’Observateur qui avait donné l’information, cet homme de 59 ans était un habitué des faits, car il avait commis le même acte sur sa propre fille. Ce qui lui avait même valu 5 ans d’emprisonnement ferme. Cette fois-ci, il a jeté son dévolu sur sa fille mariée qui avait eu de problèmes avec son mari. O. Ng a pris sa fille et son enfant à bord de sa moto Jakarta pour les conduire au domicile conjugal, au quartier Jaxaay 2 (Jaxaay). Mais sur le chemin du retour, il a proposé à sa fille d’entretenir des rapports sexuels avec lui. Devant le refus de cette dernière, il l’a roué de coups avant de la violer. Avec le soutien de sa belle-sœur, N. Ng a déposé une plainte contre son père incestueux. Devant les enquêteurs, O.Ng a reconnu avoir entretenu des rapports sexuels avec sa fille, avant de confier qu’il n’arrive plus à se contrôler lorsqu’il a envie de faire l’amour.
Arrêté et placé sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Thiès, il a été inculpé pour coups et blessures volontaires, attentat à la pudeur suivi de viol. Toujours en parlant d’inceste, les habitants du populeux quartier Thiaroye Tally Diallo, niché au cœur de la banlieue dakaroise, sont tombés des nues, le 10 septembre 2018, lorsqu’ils ont appris que l’image d’homme exemplaire, à la démarche altière, et pieux que renvoyait tout le temps leur voisin M. Nd. n’était qu’un masque. L’arabisant entretenait en catimini des relations sexuelles avec sa petite-sœur M. D. Nd, qui a fini par contracter une grossesse, des œuvres de son frangin. Dénoncé par son papa à la Police, le jeune homme roue de coups le vieil homme et atterrit en prison pour violences sur ascendant.
En effet, les deux enfants du vieux S. A. L. Nd. entretenaient une discrète relation amoureuse dans la maison et profitaient de la moindre occasion pour se retrouver entre quatre murs et passer à l’acte. Quand le papa a appris l’horreur, il a failli tomber à la renverse, d’autant que la pratique cultuelle de son fils, sa piété et son ascétisme, dans la maison comme dans le quartier… contrastait d’avec sa vraie personnalité. Quand le papa a voulu porter plainte contre ses enfants, le jeune garçon a pété un câble ; fâché contre son père, il a engagé une dispute avec son lui au cours de laquelle il a bastonné sévèrement le vieil homme d’une soixantaine d’années. Celui-ci ira déposer à la Police une plainte contre lui, pour violences à ascendant. Le jeune garçon, cogneur de son vieux père, a été mis aux arrêts puis présenté devant le parquet de Pikine/Guédiawaye.
DES FILLES MINEURES NE SONT PAS EPARGNEES
Alors que certains couchent avec leurs filles adolescentes, d’autre font encore pire en jetant leur dévolu sur leur progéniture mineure. Et c’est le cas de ce maniaque sexuel qui couchait avec ses filles à Saint-Louis. Son cas porté au devant des médias, le 19 décembre 2017, le maçon qui couchait avec ses deux filles âgées respectivement de 6 ans et 11 mois a été arrêté et mis en prison à Saint-Louis. Il a été interpellé sur dénonciation de son épouse dans une localité de la commune de Gandon, située à quelques encablures de Saint-Louis. La goutte qui a fait déborder le vase a été le viol de sa propre fille âgée de 11 mois. La maman qui commençait à avoir marre du comportement incestueux de son mari s’est révoltée. Sans se faire prier, elle est allée se confier aux services de l’AEMO (Action éducative en milieu ouvert), en révélant dans la foulée que son époux couchait également avec leur fille aînée âgée de 6 ans. Ladite structure qui n’en revenait pas a câblé la Gendarmerie. Le délinquant sexuel a été aussitôt mis hors d’état de nuire. Selon ces mêmes sources médiatiques, le père a été jugé au Tribunal des flagrants délits de la capitale du Nord pour inceste, pédophilie et viol. La liste de ces cas connus des services de Police et de Gendarmerie et rapportés par la presse, loin d’être exhaustive, en dit long sur l’ampleur du désastre de ce phénomène dévastateur le plus souvent étouffé au sein des familles. Même si, poussés à bout, certains n’hésitent plus à se mettre à dos leurs familles pour porter l’affaire devant la justice.
CONVERGENCE DE VUE ENTRE ISLAM ET CHRISTIANISME : Pas d’avortement provoqué en cas d’inceste suivi de grossesse
Nombreuses sont les femmes et filles adolescentes victimes d’inceste qui tombent enceintes des suites de cet acte adieux. Ces femmes victimes de grossesses issues d’inceste, pour la plupart du temps, basculent dans la criminalité, par la pratique de l’infanticide devenue de plus en plus récurrente et d’avortement non autorisé et à risque. De peur que la garde de l’enfant laisse toujours béantes les plaies et séquelles et rappelle l’acte douloureux qu’elles ont subi. Celles qui tiennent absolument à mettre un terme à ces grossesses se tournent souvent vers des praticiens clandestins. Beaucoup d’entre elles utilisent des techniques rudimentaires et extrêmement dangereuses, avec des conséquences telles que : décès, infanticides et emprisonnement pour les femmes reconnues coupables. Partant du constat de la situation dramatique que cause l’interdiction de l’avortement médicalisé, notamment pour les victimes d’inceste et de viol suivis de grossesses non désirées avec le trauma que cela engendre, l’Association des juristes sénégalaises (AJS) et nombre d’ONG de défense des droits humains et des causes féminines, ne lâchent pas prise pour amener l’autorité à reconsidérer sa position et à légiférer en faveur d’une souplesse dans la loi dans ce sens. Mieux, ils sont d’avis que c’est à cause de cette interdiction de l’État de disposer de solutions légales que de nombreuses femmes, souvent issues de milieux défavorisés, recourent aux avortements clandestins, notamment en cas d’inceste qui cause de nombreux drames. Car lorsque la femme se retrouve porteuse d’une grossesse non désirée issue d’un inceste, elle est désemparée. Or, la législation sénégalaise considère l’avortement provoqué à la suite d’un inceste comme une infraction pénale. Qui plus est, dans un pays avec une population à plus de 99% croyante, les deux grandes religions que sont l’Islam et le Christianisme bannissent toute cette option de l’avortement provoqué, fut-ce pour les cas d’inceste.
ABBE ROGER GOMIS, ARCHIDIOCESE DE DAKAR : «Lors du drame d’un viol ou acte incestueux, on ne répare pas les souffrances en tuant un innocent»
«Il faut d'abord préciser que l'Église catholique condamne le viol et l'inceste. Dans la Bible, on retrouve d'ailleurs des interdictions relatives à l'incestueux dans le Livre du Lévitique au Chapitre 18. Toutefois, l'Église considère que lors du drame d’un viol ou d'acte incestueux, on ne répare pas les souffrances en tuant un innocent. L’enfant encore à naître, dès l’instant de sa conception, alors qu’il n’est encore qu’un tout petit embryon, a droit à la même dignité (qui commence par le droit à la vie) que toutes les personnes humaines. L’Eglise est donc contre l’avortement car c'est un meurtre. Cela dit, on comprend très bien qu'une femme violée ou victime d'acte incestueux vit un drame et qu'elle doit être aidée. Mais elle doit l'être par rapport à la créature qu'elle a dans son sein. Elle n'est pas responsable de ce qui lui arrive. C'est l'agresseur qui est responsable. Mais il y a déjà une victime. Est-ce qu'il faut en faire une autre?», s’interroge Abbé Roger Gomis.
OUSTAZ MAODO FAYEDE SUD FM : «Avorter dans un tel cas de figure est…assimilé à un crime, en Islam, sauf au cas où…»
«Pour l’Islam, l’avortement est interdit en ce qu’il équivaut à un infanticide ; donc à un assassinat. Allah (Le Tout Puissant) le réprime en ces termes : «Et, sauf en droit, ne tuez point la vie qu'Allah a rendue sacrée.» (Coran, Sourate 17, Verset 33). L’avortement est strictement interdit. Avorter dans un tel cas de figure (même suite à un inceste ou viol suivi de grossesse non désirée ndlr) est considéré comme étant un acte d’infanticide et est assimilé à un crime, en Islam. Sauf au cas où la vie de la mère s’avèrerait menacée. Cependant, en cas de contraintes et pour des raisons connues et certifiées par un spécialiste (médecin - menace à la vie de la mère) l’avortement peut s’appliquer en deçà des 120 jours», a fait savoir Oustaz Maodo Faye.