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30 novembre 2024
International
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LE SUMMUM DU RENONCEMENT À L'ÉTAT DE DROIT
Il y a une banalisation de la mort au Sénégal. Le dialogue ne saurait se substituer à la marche de la démocratie. Le régime refuse de jouer le jeu démocratique. La classe politique n'est pas à la hauteur de la société - ENTRETIEN AVEC FELWINE SARR
Le philosophe et économiste Felwine Sarr tire la sonnette d'alarme. Invité de l'émission d'ITV Sénégal, il a livré une analyse sans concession de la crise politique que traverse le pays depuis le report des élections présidentielles par le président Macky Sall.
Pour Felwine Sarr, la décision du chef de l'État est clairement "anticonstitutionnelle". "C'est un coup d'État institutionnel, il n'avait pas le droit de prendre un tel décret", assène-t-il. En réaction, une large mobilisation de la société civile s'est levée pour défendre l'État de droit.
Mais Sarr déplore également "l'alliance conjoncturelle" entre le pouvoir et l'opposition du PDS, qui a permis l'adoption de la loi repoussant les élections. "Des choix anti-patriotiques qui vont à l'encontre des intérêts de la nation", fustige-t-il.
Désormais, tous les regards se tournent vers le Conseil constitutionnel, qui doit trancher sur la validité de cette loi controversée. Selon Felwine Sarr, les "juges constitutionnels" ont "la responsabilité historique de rétablir l'ordre constitutionnel".
L'intellectuel lance donc un vibrant "cri d'alarme" et espère "un retour à la raison" du pouvoir. Faute de quoi, le Sénégal s'enfoncerait dans une crise encore plus profonde.
ALERTE CONTRE LES TENTATIVES DE PRESSION SUR LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL
La déclaration de Diouf et Wade est une grave immixtion dans le processus décisionnel du Conseil Constitutionnel. L'implication de Wade est problématique. Seul le Conseil constitutionnel peut statuer sur un report - SURSAUT CITOYEN ET DEMAIN SÉNÉGAL
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de presse des organisations citoyennes Sursaut citoyen et Demain Sénégal, daté du 13 février 2024, à propos de la situation sociopolitique nationale marquée par une récente sortie des anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade dans la crise née du report décrié de la présidentielle du 25 février.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Les organisations citoyennes Sursaut citoyen et Demain Sénégal rejettent fermement les implications juridiques et politiques de la récente déclaration datée du 11 février 2024 et qui serait attribuée aux anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Elles considèrent qu'il s'agit là d'une tentative d'influencer indûment la décision du Conseil constitutionnel du Sénégal.
En effet, cette déclaration résonne comme une grave immixtion dans le processus décisionnel de la plus haute juridiction du pays qu'elle tente d'orienter vers la validation du coup d'État constitutionnel que récuse l’écrasante majorité des Sénégalaises et des Sénégalais.
De surcroît, l’engagement supposé de l’ex-président Abdoulaye Wade dans cette affaire est particulièrement problématique au vu du conflit d’intérêts évident lié à l'implication de son fils au cœur de la controverse. Il est donc impératif qu'il se réserve de toute prise de parole ou d'initiative pouvant influencer les décisions judiciaires attendues, pour garantir l'indépendance et la souveraineté du Conseil constitutionnel.
Nous, organisations citoyennes, soutenues par un large secteur de la population, réaffirmons notre opposition à l'adoption de la loi constitutionnelle n° 04/2024 par l'Assemblée nationale, le 5 février 2024, laquelle contrevient aux principes de notre Constitution en envisageant une prolongation non justifiée du mandat présidentiel à travers le report de l’élection.
Nous estimons que, par ce vote, l'Assemblée nationale s’arroge indûment des prérogatives qui relèvent exclusivement du Conseil constitutionnel, seul habilité à statuer sur le report de l‘élection présidentielle et ce, dans un cadre rigoureusement défini et sans déroger à la clause constitutionnelle intangible de non-révision de la durée du mandat présidentiel.
Nous insistons sur la nécessité de préserver les piliers intangibles de notre charte fondamentale et appelons le Conseil constitutionnel à exercer pleinement son rôle de garant de la légalité constitutionnelle. Cela passe inéluctablement par l'invalidation de la loi n° 04/2024, porteuse de risques inhérents à des révisions constitutionnelles opportunistes et susceptibles de porter atteinte à l'intégrité de notre gouvernance démocratique ainsi qu’à la stabilité institutionnelle de notre pays."
PAR Bassirou Sakho
POUR QUE LE SÉNÉGAL NE DEVIENNE PAS UN MAQUIS SALE
EXCLUSIF SENEPLUS - Naviguer hors de cette crise demande un engagement fort en faveur de la démocratie, du respect des droits de l'homme et de la primauté du dialogue
Dans une atmosphère tendue, marquée par des manifestations et des répressions, la décision du gouvernement de différer le scrutin prévu initialement le 25 février 2024 a ravivé les flammes d'un débat national sur l'état de la démocratie et la liberté d'expression au Sénégal.
Depuis son accession au pouvoir en 2012, le président Macky Sall fait face à des critiques croissantes concernant sa gestion des opposants politiques. Des figures emblématiques de l'opposition, telles que Khalifa Sall et Karim Wade, ont été écartées par des moyens judiciaires controversés, alimentant les accusations d'un système judiciaire instrumentalisé.
Dans ce contexte tumultueux, Ousmane Sonko, avec son discours vibrant et son engagement pour une gouvernance transparente, est apparu comme le porte-étendard d'une jeunesse sénégalaise désireuse de changement. Sa récente condamnation, pour le même motif que le célèbre athénien Socrate de corrompre la jeunesse, perçue par beaucoup de Sénégalais comme politiquement motivée, a exacerbé les tensions, entraînant le pays dans une série de manifestations. La décision soudaine de reporter les élections, officiellement justifiée par une "crise institutionnelle", a été interprétée par une partie de la population et des observateurs internationaux comme une tentative de maintenir le statu quo. Les affrontements qui ont suivi entre les forces de l'ordre et les manifestants ont mis en lumière les défis profonds auxquels est confrontée la démocratie sénégalaise.
Le Sénégal, à la croisée des chemins, est aujourd'hui l'épicentre d'une lutte pour l'avenir démocratique, un combat qui dépasse les frontières du pays pour interroger la solidité des institutions démocratiques dans l'ensemble de l'Afrique. Elle porte en elle le risque d'une escalade de la violence, pouvant entraîner le pays dans un cercle vicieux de répression et de résistance.
Au-delà des frontières, cette instabilité menace d'isoler le Sénégal sur la scène internationale, les partenaires étrangers étant généralement réticents à s'engager dans des relations avec des pays en proie à des tensions politiques. Sur le plan économique, l'incertitude politique freine les investissements et peut conduire à un ralentissement économique, affectant le développement du pays et le bien-être de sa population.
J’appelle ici à une réflexion sur l’importance cruciale de préserver les principes démocratiques et d’assurer une transition pacifique du pouvoir, essentielle à la stabilité et au développement du continent.
Face à cette situation complexe, des solutions envisageables se dessinent pour sortir le pays de l'impasse. Une médiation nationale, réunissant l'ensemble des acteurs politiques, la société civile, et des observateurs internationaux, se présente comme une première étape vers la réconciliation. Ce processus de dialogue constructif vise à rétablir la confiance entre les différentes parties, favorisant ainsi un climat apaisé. La présence d'observateurs internationaux pourrait garantir la transparence et l'équité du processus, tout en offrant une reconnaissance internationale des efforts entrepris.
La clarification et le respect d'un calendrier électoral sont également cruciaux. Le rétablissement d'un calendrier clair, défini de manière consensuelle, permettrait d'assurer le retour à un fonctionnement constitutionnel normal et de restaurer la confiance dans le processus démocratique. Cette étape est fondamentale pour garantir que toutes les parties se sentent engagées dans un processus électoral juste et transparent. Enfin, la mise en oeuvre de réformes profondes pour renforcer l'indépendance judiciaire et garantir la liberté de presse est essentielle. Une justice indépendante est le pilier d'une démocratie saine, capable de protéger les droits de tous les citoyens et de maintenir un équilibre des pouvoirs. De même, une presse libre est indispensable pour assurer une information objective et diversifiée, permettant aux citoyens de prendre des décisions éclairées. Ces réformes sont des étapes clés pour reconstruire la confiance dans les institutions et promouvoir un dialogue ouvert et constructif.
Naviguer hors de cette crise demande un engagement fort en faveur de la démocratie, du respect des droits de l'homme et de la primauté du dialogue. Le Sénégal, avec l'appui de la communauté internationale, a l'opportunité de prendre un nouveau départ vers une stabilité durable et un développement inclusif.
par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade
LA VOIX DES ANCIENS PRÉSIDENTS
Nous appelons notre jeunesse, dont nous comprenons les frustrations et le désarroi, à arrêter immédiatement les violences et la destruction de biens, et surtout à prendre du recul pour ne pas être manipulée par des forces extérieures aux desseins obscurs
Abdou Diouf et Abdoulaye Wade |
Publication 12/02/2024
C'est avec beaucoup de tristesse que nous vivons les récents événements qui secouent notre cher Sénégal et qui viennent d'emporter trois de nos jeunes compatriotes. Nous présentons nos plus sincères condoléances à leurs familles et à leurs proches.
Nous nous adressons à vous en tant qu'anciens présidents de la République du Sénégal, pères, avec Léopold Sédar Senghor, de la démocratie sénégalaise obtenue de haute lutte, mais aussi anciens irréductibles adversaires politiques qui nous sommes vigoureusement opposés par le passé. Nous avons su discuter et dialoguer dans l'intérêt du Sénégal pour mettre un terme à nos différends et aux crises politiques, et cela dans le seul but de préserver la paix et les vies. Vous n'avez pas le droit de faire moins que nous.
Nous appelons notre jeunesse, dont nous comprenons les frustrations et le désarroi, à arrêter immédiatement les violences et la destruction de biens, et surtout à prendre du recul pour ne pas être manipulée par des forces extérieures aux desseins obscurs.
Nous venons de nous entretenir longuement au téléphone avec le président de la République, monsieur Macky Sall, qui nous a réaffirmé son engagement, pris devant la nation le 3 juillet dernier, de ne pas briguer un troisième mandat et de quitter le pouvoir aussitôt après l'élection présidentielle. Il a pris l'engagement de ne ménager aucun effort pour préserver la stabilité du Sénégal, nous lui avons demandé d'organiser dans les plus brefs délais le dialogue national qu'il a annoncé et qui, comme nous le souhaitons ardemment, devra déboucher sur une large réconciliation nationale dans le respect de la Constitution et de l'État de droit.
Nous appelons l'ensemble des dirigeants politiques, du pouvoir et de l'opposition, ainsi que les responsables de la société civile, à participer à des discussions franches et loyales, afin que la prochaine élection présidentielle du 15 décembre 2024 soit tenue dans des conditions parfaitement transparentes, inclusives et incontestables. Ils ont le devoir de garantir que notre
Sénégal restera un modèle de démocratie pour 'lAfrique. L'Histoire les jugera.
L'OPPOSITION REFUSE LE CHANTAGE AU COUP D'ÉTAT DU POUVOIR
Alors que la société civile tente de rapprocher les positions, certains médiateurs préconisent la libération de Sonko et Diomaye Faye. Mais pour Amadou Ba, "nous ne sommes pas prêts à négocier leur sortie contre la forfaiture de Macky Sall"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 12/02/2024
Alors que la tension politique monte au Sénégal après le report des élections par le président Macky Sall, l'opposition dénonce les avertissements du chef de l'État sur de prétendues "forces organisées" qui menaceraient la stabilité du pays. Selon elle, le pouvoir cherche à "contraindre ses rivaux à accepter un dialogue jugé insincère" en utilisant "le chantage au coup d'État".
Le président Macky Sall a en effet mis en garde dans une interview à l'agence AP contre "d'autres forces organisées" susceptibles de "déstabiliser le pays" si l'opposition ne participe pas à un "dialogue national". Une sortie jugée "troublante" alors que circulent des rumeurs d'une intervention militaire si la crise politique devait s'aggraver après la fin du mandat présidentiel le 2 avril.
Pour Amadou Ba, mandataire du candidat emprisonné Bassirou Diomaye Faye cité par Le Monde, "le pouvoir sénégalais use du chantage au coup d'État pour contraindre ses rivaux". "Macky Sall a créé le chaos avec cette crise institutionnelle artificielle et meurtrière. Parler d'un potentiel coup d'État est totalement irresponsable et dangereux", dénonce-t-il. La coalition issue de l'ex-parti Pastef rejette aussi toute offre de concertation tant que le calendrier électoral n'est pas rétabli.
Alors que la société civile tente de rapprocher les positions, certains médiateurs préconisent la libération d'Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Mais pour Amadou Ba, "nous ne sommes pas prêts à négocier leur sortie contre la forfaiture de Macky Sall". Dans ce contexte explosif, les imams appellent à la mobilisation pour le retour au calendrier initial, tandis que l'opposition à l'étranger manifeste également son mécontentement.
KARIM WADE BOUSCULE LA PRÉSIDENTIELLE, MALGRÉ L'EXIL
Depuis sa base qatarie, l'ancien ministre a lancé une offensive diplomatique et politique qui lui a permis d'influer sur les élections à distance. Portrait d'un opposant toujours influent en dépit de l'éloignement
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 12/02/2024
Écarté de la présidentielle au Sénégal, Karim Wade est parvenu, depuis son exil au Qatar, à bousculer le processus électoral dans son pays. S'appuyant sur "plusieurs responsables acquis à sa cause", aussi bien à Dakar que depuis Doha, l'opposant a fait adopter la création d'une commission d'enquête et le report de la présidentielle.
Selon l'hebdomadaire Jeune Afrique, les relations entre Karim Wade et le président Macky Sall seraient même "de nouveau au beau fixe", après les tensions liées à la condamnation de Wade en 2015. "Ils se parlent régulièrement", affirme un proche du chef de l'État cité par Jeune Afrique. Un rapprochement "facilité par le gouvernement qatari", où Karim Wade réside depuis sa libération de prison en 2016.
Au sein du PDS, Karim Wade s'appuie sur des figures comme Saliou Dieng, secrétaire général adjoint, et Maguette Sy, secrétaire national chargé des élections. Il peut également compter sur des alliés politiques tels que le député Moustapha Cissé Lô, qui a joué un rôle dans l'adoption de la commission d'enquête.
Depuis Doha, l'opposant bénéficie de l'appui du gouvernement qatari. Il a aussi conservé son statut de conseiller de l'émir du Qatar, lui offrant une influence régionale. Ses conseillers de longue date, comme Abdoulaye Racine Kane ou Alioune Aïdara Sylla, l'ont également rejoint dans son exil.
Cité par Jeune Afrique, un "proche" de Karim Wade analyse: "Karim ne peut laisser de place à la rancune, quand la conquête du pouvoir est à l'ordre du jour". Révélant la capacité de l'opposant à mobiliser un large réseau au service de ses ambitions politiques, malgré son exil forcé.
LES HANDICAPÉS EXIGENT JUSTICE ET PROTECTION RENFORCÉE
Khadime Rassoul Badji, jeune homme handicapé, a été brutalisé par la police lors d'une manifestation à Ziguinchor. Soulevée par ce cas de violence policière, l'ANHMS condamne avec véhémence son traitement
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 12/02/2024
L'Association Nationale des Handicapés Moteurs du Sénégal (ANHMS) a publié un communiqué le 11 février pour condamner avec véhémence les brutalités policières exercées sur un de ses membres lors des manifestations qui ont eu lieu le 9 février à Ziguinchor.
Selon le communiqué, Khadime Rassoul Badji, un jeune homme handicapé, a fait l'objet de violences policières d'une extrême gravité alors qu'il manifestait pacifiquement et portait les couleurs nationales. Il a été embarqué de force dans son fauteuil roulant vers le commissariat central où il est actuellement détenu.
"Le comportement de la police de Ziguinchor est aux antipodes du respect dû à tout être humain, quelque soit sa situation et une violation flagrante des dispositions de la Convention Internationale Relative aux Personnes Handicapées et ratifiée par l’Etat du Sénégal", dénonce le président de l'ANHMS Yatma Fall.
Pour appuyer sa condamnation, l'association cite les propos éclairés de l'ancien préfet de police de Paris Maurice Grimaud: "Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu’ils sont conduits dans les locaux de police pour y être interrogés".
L'ANHMS exige la libération immédiate et sans condition de Khadime Rassoul Badji. Elle se réserve également le droit d'engager des poursuites judiciaires si une telle situation venait à se reproduire. L'association appelle enfin au calme pendant cette période troublée et invite les personnes handicapées à la plus grande vigilance.
Collectif d'universitaires sénégalais
APPEL AU PRÉSIDENT MACKY SALL
Nous disons non au bafouement de nos idéaux démocratiques, au piétinement de nos valeurs de liberté, de dignité, non à l'avalissement de nos institutions. Nous exigeons le respect scrupuleux de la Constitution
Monsieur le président, le samedi 3 février, vous avez décidé d'abroger le décret portant convocation du corps électoral pour l'élection présidentielle.
Le lundi 5 février, les députés de la majorité ont reporté la date de cette élection de 10 mois.
Ces actions illégales, illégitimes, injustifiables et inacceptables sont le dernier acte d'une longue série de manquements graves portés à notre démocratie.
Manifestations interdites, emprisonnements massifs et arbitraires, régimes de terreur, coupures d'Internet, suspensions de médias.
Ces actes constituent une atteinte extrêmement grave aux droits et libertés des citoyens et des citoyennes et par conséquent à la stabilité politique et sociale du Sénégal qui a pourtant toujours été un exemple de démocratie en Afrique.
Ces actes portent les germes d'une crise institutionnelle sans précédent, d'une profonde érosion de la confiance dans notre personnel politique et d'une dangereuse récréation du Sénégal dans sa trajectoire démocratique.
C'est la raison pour laquelle nous enseignants et chercheurs de toutes les universités publiques du Sénégal exigeons la cessation de toutes les formes de violations de notre loi fondamentale, des normes communautaires et des droits et libertés.
Nous disons non au bafouement de nos idéaux démocratiques, au piétinement de nos valeurs de liberté, de dignité, non à l'avalissement de nos institutions politiques et sociales.
Nous exigeons le respect scrupuleux de la Constitution, de la démocratie et de la République.
Nous exigeons le respect du peuple.
Monsieur le président, nous exigeons le rétablissement immédiat du calendrier électoral, la garantie du bon fonctionnement des institutions, l'équilibre des pouvoirs et le respect des droits humains, car ces éléments constituent une nécessité absolue et une urgence nationale.
Jean-Louis Corréa, Agrégé des Facultés de Droit, UNCHK (ex-UVS)
El Hadj Samba Ndiaye, Agrégé des Facultés de Droit, UCAD
Mame Penda Ba, Professeure de Sciences politiques, UGB
Abdou Sène, Professeure en Mathématiques appliquées, UNCHK (ex-UVS)
Abdoul Aziz Diouf, Agrégé de Facultés de Droit, UCAD
Idrissa Ba, Professeur d'Histoire, UCAD
Maryama Khadim Mbacké, Enseignant-chercheur en Génie des procédés, UAM
MACKY SALL VA AMNISTIER LES CRIMES DE 2021 ET 2023
Le président lève la suspension de Walf TV dans l'espoir d'apaiser les esprits. Autres actions à venir : le projet d'amnistie à présenter prochainement en Conseil des ministres et la poursuite du dialogue national pour sortir de l'impasse politique
La reprise du signal de la télévision Walfadjri rentre dans un plan général de réconciliation préparé par Macky Sall. Le gouvernement va présenter mercredi un projet d’amnistie couvrant les émeutes de 2021 et de 2023. Cela, afin de préparer la voie au dialogue souhaité par le Président.
La reprise du signal de Walf Tv se veut être le premier signe de la décrispation de l’espace social et politique que souhaite lancer le président Macky Sall. Le chef de l’Etat souhaiterait convaincre le plus de monde possible à venir au dialogue qu’il a appelé, dans l’idée de sortir de l’impasse politique où se trouve le pays, et qui conduit à des affrontements mortels, opposant les Forces de défense et de sécurité (Fds) à des citoyens dans plusieurs localités du pays, en particulier les grandes agglomérations.
Pour preuve de sa bonne foi, le chef de l’Etat a demandé au gouvernement de préparer un projet de loi d’amnistie pour les évènements ayant conduit aux émeutes de mars 2021 et de juin 2023. Ce sera l’occasion sans doute de permettre aux nombreuses personnes détenues dans les prisons du pays de recouvrer la liberté.
S’agissant de ce point, Le Quotidien a appris par ailleurs que le chef de l’Etat avait d’ailleurs présenté l’idée en Conseil des ministres le mercredi dernier 7 février. Néanmoins, plusieurs ministres avaient eu besoin de plus de clarifications, ce qui a conduit à repousser le projet, pour prendre le temps de bien en expliquer les motivations à tous les acteurs. Cela s’est tout de même reflété d’une certaine manière dans le communiqué de ce dernier Conseil des ministres, qui indique ceci : «Le président de la République a particulièrement réitéré sa détermination à poursuivre le dialogue avec tous les acteurs politiques et les forces vives de la Nation, en vue de renforcer, d’une part, notre démocratie à travers un processus électoral transparent, libre et inclusif et, d’autre part, la crédibilité de nos institutions. Dans ce contexte, le chef de l’Etat a décidé d’engager les voies et moyens de mettre en œuvre un processus pragmatique d’apaisement et de réconciliation pour préserver la paix et consolider la stabilité de la Nation. Dans cette dynamique, le président de la République, garant de l’unité nationale et du fonctionnement régulier des institutions, a demandé au gouvernement, notamment à la Garde des sceaux, ministre de la Justice, de prendre les dispositions nécessaires pour matérialiser sa volonté de pacifier l’espace public dans la perspective du dialogue national et de l’organisation de la prochaine élection présidentielle.»
L’idée derrière ce texte est, comme dit plus haut, de faire montre «d’esprit de pardon et de réconciliation», pour dépasser les clivages actuels, afin de reprendre le plus rapidement possible le processus électoral.
Le chef de l’Etat a dû penser que les explications fournies aux uns et aux autres ont sans doute permis de lever les obstacles liés à la compréhension de certains membres du Conseil des ministres, et que le prochain pourra donc être présenté dès le mercredi prochain 14 février pour être adopté avant son envoi devant les députés
LES CALCULS POLITICIENS FRAGILISENT LE CLIMAT DES AFFAIRES
Le report de la présidentielle jette le trouble. Nombre de patrons redoutent les conséquences d'un nouvel embrasement sur leur activité. Car au Sénégal, les petits métiers du secteur informel représentent 97% des emplois
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 12/02/2024
Derrière son bureau de la banlieue de Dakar, Racine Sarr supervise avec inquiétude ses équipes. Le report de l'élection présidentielle sénégalaise, annoncé par le chef de l'Etat Macky Sall, jette le trouble sur les activités de cet entrepreneur et sur l'ensemble de l'économie du pays.
"C'est un énorme gâchis d'argent", déplore le patron de la plateforme d'import-export Shopmeaway, interrogé par France 24. A l'instar d'Ousmane Diallo, qui évoque déjà "20 000 euros de pertes" après l'annulation d'un contrat avec un candidat, de nombreux acteurs économiques dénoncent les répercussions immédiates de cette décision sur leur business.
Mais au-delà des impacts financiers à court terme, c'est surtout l'incertitude sur la durée de cette crise politique que redoutent les chefs d'entreprise sénégalais. Car en tant que deuxième économie ouest-africaine, la stabilité du Sénégal est un atout majeur pour rassurer les investisseurs internationaux.
"Notre rôle est d'être un vecteur de confiance. Celle-ci est bien sûr liée à la stabilité politique du pays", souligne Racine Sarr. Or, selon l'économiste Thierno Thioune, "sur le moyen-long terme, [les troubles] affectent la confiance et donc les partenariats et les investissements internationaux".
Un constat avéré par le passé récent. Lors des émeutes de 2021 et 2023 déclenchées par l'affaire Ousmane Sonko, des entreprises comme Auchan avaient été la cible de manifestants. Et ces perturbations avaient alors eu "un impact immédiat sur le business sénégalais", note M. Thioune.
Dans les bureaux de Racine Sarr, situés non loin du quartier de l'opposant emprisonné, les affrontements avaient même mis en péril le travail des équipes. "Le gaz lacrymogène entrait dans nos bureaux", se remémore l'entrepreneur.
Comme lui, nombre de patrons redoutent les conséquences d'un nouvel embrasement sur leur activité. Car au Sénégal, ce sont aussi les petits métiers du secteur informel, représentant 97% des emplois selon la Banque mondiale, qui sont les premiers touchés par les perturbations.
Or le climat social s'annonce tendu jusqu'aux prochaines élections, repoussées au 15 décembre. De quoi susciter l'inquiétude des entrepreneurs, à l'image de Racine Sarr qui déplore que "des calculs politiciens mettent en péril les intérêts de tous". Face aux incertitudes, le poumon économique ouest-africain retient son souffle.