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30 novembre 2024
International
MORT DE ROBERT BADINTER
S’il est un nom associé à un changement profond de la société française, c’est bien celui de Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort en France en 1981.
S’il est un nom associé à un changement profond de la société française, c’est bien celui de Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort en France en 1981. Avocat de profession, ministre de la Justice sous la Présidence de François Mitterrand, président du Conseil constitutionnel, son nom est associé aux combats pour la défense de la justice, des libertés fondamentales. Les premières réactions au sein de la classe politique et de la société française dans son ensemble saluent l’homme, son humanisme et ses convictions profondes.
Robert Badinter, ministre de la Justice, interviewé à la sortie du Conseil des ministres sur le projet de loi abolissant la peine de mort, le 26 août 1981, à Paris. Pour beaucoup, Robert Badinter était perçu comme un «Sage de la République». Régulièrement invité dans les médias pour donner son avis sur des sujets de société, des évènements politiques majeurs, ou pour rappeler son combat contre la peine de mort, Robert Badinter était l’une des grandes figures de la Gauche française. Le président de la République, tout en précisant qu’un «hommage national lui serait rendu», n’a pas manqué de souligner qu’il était un «repère pour beaucoup de générations», «une conscience». «La Nation a perdu à coup sûr un grand homme, un très grand avocat», a poursuivi Emmanuel Macron en marge d’un déplacement à Bordeaux consacré à la Justice et la police. «Pour l’opinion publique, j’étais l’avocat des assassins», reconnaissait-il en évoquant son combat contre la peine de mort. Une phrase définitive, mais qui illustre combien ce débat clivant est encore sousjacent dans la société française et au sein de l’Extrême-droite française : 81% des sympathisants du Rassem-blement national se disent en effet favorables à son rétablissement,demême que 51% des sympathisants du parti Lr, un chiffre comparable à la population globale, selon l’étude Fractures françaises (Ipsos) parue en octobre 2023.
D’autres combats pour la démocratie
Il inspira bien sûr bon nombre d’avocats pour bon nombre d’autres combats aussi, comme celui sur la dépénalisation de l’homosexualité, sur la fin des juridictions d’exception comme la Cour de sûreté de l’Etat. «Un engagement, un engagement constant pour la reconnaissance d’un certain nombre de valeurs sur les droits de l’Homme, sur les droits de la défense, tout ce qui constitue ces valeurs fondamentales d’une démocratie, et sur lesquelles il faut encore aujourd’hui être particulièrement vigilant. C’était son combat, un combat constant de sa vie, et ça, ça restera», estime Me Patrick Maisonneuve.
Le combat de Robert Badinter ne s’est pas limité au territoire français. Le nombre d’exécutions encore enregistrées dans le monde avait poussé Robert Badinter à s’exprimer à l’international, notamment en Afrique où il avait rencontré et échangé avec de nombreux juristes et défenseurs des droits humains. Ses talents d’orateur et sa droiture ont particulièrement inspiré l’Ivoirien Paul Angaman, président de la Fédération internationale de l’organisation Acat, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture.
Un travail auprès des pouvoirs publics, des ministres, des chefs d’Etat, pour l’abolition universelle partout dans le monde, qui se poursuivra avec l’Ong «Ensemble contre la peine de mort» dont il était président d’honneur. «Nous travaillons sur des missions d’enquête dans les couloirs de la mort en Afrique, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, mais aussi en Asie. Robert Badinter a toujours été là, à nos côtés, mais il n’a pas été seulement une figure tutélaire. Il a surtout été celui qui a guidé nos pas. Il nous a accompagnés, il nous a engagés à aller sur des thématiques quine sont pas forcément évidentes, travailler avec les parlementaires de tous les pays. Il nous happait par son charisme», partage Raphaël Chenil Hazan, le directeur d’«Ensemble contre la peine de mort».
LA RÉVOLTE GRONDE CONTRE LE REPORT DU VOTE
Dans la capitale et ailleurs sur le territoire, des jeunes sont descendus dans la rue pour dénoncer la décision du président Macky Sall, jugée anticonstitutionnelle, de repousser le vote présidentiel du 25 février
Des heurts ont éclaté, vendredi, à l’issue de la grande prière à Dakar et dans d’autres localités du pays après que les forces de l’ordre ont dispersé de nombreux jeunes qui tentaient de manifester contre le report annoncé de l’élection présidentielle du 25 février.
Ces appels à manifester ont été lancés depuis deux jours à travers les réseaux sociaux.
Les manifestants ont brûlé des pneus et bloqué plusieurs artères de la capitale. Les forces de police ont riposté par des jets de grenades lacrymogènes.
Une journaliste du site d’information seneweb a été arrêtée puis relâchée et conduite à l’hôpital militaire de Ouakam.
‘’La journaliste de Seneweb, Absa Hane, a été arrêtée brutalement par des forces de l’ordre à Colobane, alors qu’elle assurait la couverture médiatique de la manifestation de l’opposition et d’organisations de la société civile contre le report de l’élection’’, rapporte le site d’information.
L’ONG RSF ‘’s’indigne du ciblage d’au moins 5 journalistes par les policiers lors des manifestations à #Dakar ce jour. @absa_hane de @seneweb a été brutalement interpellée et est à l’hôpital après un malaise’’. ‘’Mor Amar du journal EnQuête a, lui, été frappé à la mâchoire’’, ajoute t-elle.
Le Sénégal est en proie à une crise politique née de l’annonce, samedi dernier, par le président Macky Sall, de l’abrogation du décret convoquant le corps électoral le 25 février.
L’Assemblée nationale a adopté lundi dernier une proposition de loi portant sur un report au 15 décembre prochain de l’élection présidentielle.
Macky Sall, élu et réélu en 2012 et en 2019, a réaffirmé sa volonté de ne pas se présenter à cette élection, une promesse qu’il avait faite en juillet dernier.
Pour reporter l’élection, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l’examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d’entre eux.
Une commission d’enquête parlementaire a été constituée à la demande de l’ex-parti au pouvoir, le PDS, dont le dossier de candidature a été rejeté par le Conseil constitutionnel en raison de la double nationalité de son candidat, l’ancien ministre Karim Wade.
Ce parti a demandé et a obtenu la création d’une commission d’enquête parlementaire après l’invalidation de la candidature de M. Wade.
Le report de la présidentielle a suscité une vague de réactions d’organisations et de partenaires internationaux du pays.
Les Etats-Unis d’Amérique ont réitéré, vendredi, leur soutien à l’organisation d’une élection libre, équitable et dans les meilleurs délais au Sénégal.
Dans un communiqué de leur ambassade à Dakar relayé sur le réseau social X, les Etats-Unis assurent soutenir la déclaration de la CEDEAO appelant le Sénégal à rétablir le calendrier électoral conformément à sa Constitution.
Le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a, par la voix d’un porte-parole, déclaré suivre de près l’évolution de la situation politique au Sénégal après le report annoncé de l’élection présidentielle qui devait se tenir le 25 février.
”Le Secrétaire général de l’ONU suit de près et est préoccupé par l’évolution de la situation au Sénégal, où l’élection présidentielle prévue le 25 février a été reportée en décembre”, a notamment indiqué vendredi à New-York Stéphane Dujarric, un porte-parole d’Antonio Guterres.
L’Union européenne (UE) a, de nouveau, exhorté le même jour les autorités sénégalaises à organiser l’élection présidentielle, en conformité avec la Constitution du Sénégal.
‘’L’UE lance un appel aux autorités à prendre les mesures nécessaires afin d’organiser l’élection présidentielle le plus rapidement possible, en conformité avec la Constitution du Sénégal et le Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance’’, a notamment déclaré son haut représentant, Josep Borell.
La diplomatie européenne a, dans le même temps exprimé ses préoccupations à la suite de la décision des autorités sénégalaises de reporter le scrutin présidentiel prévu le 25 février, ”ce qui prolongerait de facto le mandat du Président’’, a estimé Josep Borell qui signale que cette mesure risque d’entacher la longue tradition démocratique au Sénégal et pourrait ainsi ouvrir une période de grande incertitude pour le pays.
Bruxelles note que ce report a déjà eu des impacts sur la stabilité et la cohésion sociale du pays.
Des organisations se réclamant de la société civile ont officiellement lancé jeudi à Dakar une initiative dénommée ‘’Aar Sunu election’’ (protéger notre élection) avec l’objectif de faire rétablir le calendrier électoral.
Il s’agit d’une plateforme regroupant des mouvements citoyens, organisations socio-professionnelles, personnalités se réclamant de la société civile.
BRUXELLES RÉCLAME LE RESPECT DU PROCESSUS DÉMOCRATIQUE
Pour l'Union Européenne, le report du scrutin "risque d'entacher la longue tradition démocratique au Sénégal et pourrait ainsi ouvrir une période de grande incertitude pour le pays". Les autorités se doivent de garantir les libertés fondamentales
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 09/02/2024
L'Union européenne (UE) a exprimé ses préoccupations concernant la décision des autorités sénégalaises de reporter l'élection présidentielle initialement prévue le 25 février 2019. Dans une déclaration faite ce vendredi 9 février 2024 par le haut représentant de l'UE, celle-ci a souligné les relations étroites et la confiance établie de longue date entre l'UE et le Sénégal, basées notamment sur "la longue et solide tradition démocratique du Sénégal et des valeurs partagées, telles que l'aspiration au dialogue et au consensus politique".
Or, pour l'UE, le report du scrutin "risque d'entacher la longue tradition démocratique au Sénégal et pourrait ainsi ouvrir une période de grande incertitude pour le pays". Ce report "a déjà eu des impacts sur la stabilité et la cohésion sociale du pays", a ajouté le communiqué.
L'UE a donc appelé les autorités sénégalaises à "respecter les aspirations légitimes des citoyens et de toutes les forces vives de la nation à préserver la démocratie", soulignant que "les libertés fondamentales, et notamment celles de manifester pacifiquement et de s'exprimer publiquement, sont des principes fondamentaux de l'État de droit que les autorités sénégalaises se doivent de garantir".
Le haut représentant a également lancé "un appel aux autorités à prendre les mesures nécessaires afin d'organiser l'élection présidentielle le plus rapidement possible, en conformité avec la Constitution du Sénégal et le Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance". Pour l'UE, il est "crucial pour la crédibilité et l'inclusivité de l'élection que toutes les parties puissent effectivement prendre part aux décisions touchant aux caractéristiques essentielles du processus électoral, dans un esprit de dialogue constructif et de transparence".
50 ORGANISATIONS DE JEUNES MOBILISÉES CONTRE LE REPORT DU SCRUTIN
Nous appelons le Conseil constitutionnel à intervenir pour faire prévaloir l'ordre constitutionnel et respecter le calendrier républicain. Les Sages doivent agir dans l'intérêt supérieur de la Nation
Les organisations de jeunesse du Sénégal tiennent à exprimer leur profonde inquiétude suite à la décision du président de la République de reporter l'élection présidentielle et au vote à l'Assemblée Nationale d'une loi repoussant le scrutin au 15 décembre 2024 et prolongeant le mandat du chef de l'Etat.
Nous appelons le Conseil constitutionnel à intervenir pour faire prévaloir l'ordre constitutionnel et respecter le calendrier républicain. Les Sages doivent agir dans l'intérêt supérieur de la Nation.
Après les violences de mars 2021 et juin 2023, notre pays doit s'efforcer de prévenir tout nouveau trouble. La jeunesse, principale victime de ces crises, a déjà payé un lourd tribut, marqué par des pertes en vies hu-maines, des centaines d'arrestations, un nombre considérable de jeunes toujours en détention, la fermeture pour des milliers de filles et de garçons des écoles et universités et la dégradation de biens publics es-sentiels.
Membres actifs de la société civile sénégalaise, nous exhortons les autorités à éviter tout recours excessif à la force et condamnons les restrictions d'accès à internet et les atteintes aux libertés de manifestation et de circulation qui touchent plusieurs de nos droits fondamentaux et impactent fortement nos activités économiques.
Avec un Sénégalais sur deux âgé de moins de 18 ans, les préoccupations des jeunes représentent un enjeu central pour notre pays. Ce report des élections suscite beaucoup de frustrations au sein d'une jeunesse déjà éprouvée par la montée des inégalités et le manque d'opportunités, et qui attend avec détermination la date du 25 février pour s'exprimer et choisir son avenir.
Nous, plateformes, organisations et mouvements de jeunesse, appelons tous les groupements de jeunes à renforcer l'unité, la solidarité et à davantage nous organiser pour protéger nos droits, préserver nos libertés et continuer d'œuvrer à la construction nationale.
LISTE DES 50 SIGNATAIRES
1. ACCENT
2. AFRICTIVISTES
3. AFRICULTURBAN
4. AMICALE DES ÉLÈVES ET ÉTUDIANTS
RESSORTISSANTS DE SADIO
5. ASSOCIATION DES ÉLÈVES
ET ÉTUDIANTS MUSULMANS DU SÉNÉGAL
6. BANLIEUE UP
7. CADRE D'ACCOMPAGNEMENT ET D'EXPRESSION POUR LA TRANSMISSION DU SAVOIR
8. CENTRES D'ENTRAINEMENT AUX MÉTHODES
D'EDUCATION ACTIVE - SENEGAL
9. CENTRE DES JEUNES DIRIGEANTS
10. COLLECTIF DES VOLONTAIRES
DU SÉNÉGAL
17. COMDEV AFRICA
12. CONFÉDÉRATION DES RÉSEAUX DE JEUNES
AGRIPRENEURS DU SÉNÉGAL
13. CONSORTIUM JEUNESSE SÉNÉGAL
14. DÉBAT NUMÉRIQUE NATIONAL
DE LA JEUNESSE
15. DÉCLIC
16. DIGITAL SCHOOL OF TECHNOLOGIES
17. DOYNA
18. ÉCLAIREURS ET ÉCLAIREUSES DU SÉNÉGAL
19. FONDATION ROSE
20. FORUM DES CITOYENS ET DES USAGERS
21. GÉNÉRATION SAALIH
22. IMPACT HUB
23. IMPACT PROJET
24. JAMMI ASKANU MBOUR
25. JEUNE CHAMBRE INTERNATIONALE
SÉNÉGAL
26. JEUNES ENTREPRENEURS AFRICAINS
ŒUVRANT POUR LE DÉVELOPPEMENT
ECONOMIQUE RÉGIONAL
27. JEUNESSE ESPOIR
28. JEUNESSE ÉTUDIANTE CATHOLIQUE
29. JEUNESSE ET DÉVELOPPEMENT
30. JEUNESSE PROTESTANTE EVANGÉLIQUE POUR L'ENTRAIDE ET LE DEVELOPPEMENT
31. KAAY JOB
32. LAMBAYE LEARNING CENTER
33. MAAM JIGEEN
34. MOUVEMENT DES PIONNIERS DU SÉNÉGAL
35. NUUN JIGEEN
36. POLARIS ASSO
37. PRECIOUS GIFT
38. RACINES DE L'ESPOIR
39. RAES
40. RÉSEAU D'ACTION DES VOLONTAIRES
YAAKAAR
41. RÉSEAU DES CHAMPIONS POUR RÉUSSIR
AU SÉNÉGAL
42. SÉNÉGAL ACADEMY
43. SIMPLON SENEGAL
44. SOCIAL CHANGE FACTORY
45. SOLIDARITE ACTIVE
46. SOREETUL
47. WA MBED MI
48. YEESAL AGRIHUB
49. YMCA SÉNÉGAL
50. AFRICAN LEADERS INITIATIVE
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
MACKY SALL SE REND-IL COMPTE DE CE QU’IL A DÉCLENCHÉ ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Le président a réussi l’exploit de susciter la création d’une union sacrée de la société civile, des partis politiques et de tout l’écosystème des campagnes électorales. Sa place, c’est dans le prétoire pour haute trahison
Macky Sall semble s’être auto convaincu que sa “renonciation”au troisième mandat et son bilan soit disant “prestigieux” avaient établi sa crédibilité en tant que démocrate et en tant que président “travailleur”. Il pouvait donc à nouveau puiser dans la besace de ses magouilles sans risque majeur car “il mérite au moins une petite dérogation “. Ce que ses députés se sont empressés de lui accorder en violation flagrante de la Constitution. Tel à un mendiant ! C’est tout simplement pathétique.
Et bien non !
D’abord, il faut absolument l’aider, le pauvre, à s’extirper de son fantasme et à atterrir :
Renonciation ? Que non. On ne peut pas renoncer à ce qui ne vous appartient pas. Doit-on le féliciter pour avoir respecté la Constitution ? Doit-on féliciter un délinquant de ne pas vous avoir dépouillé ? Ou un violeur de ne pas avoir agressé sa voisine ? On l’a plutôt contraint à se soumettre à la loi sous peine d’endurer la vindicte populaire. Il a piteusement courbé l’échine en invoquant un fumeux “code d’honneur “.
Infrastructures ? Tous les dirigeants africains dans le cadre du NEPAD/UA
se sont engagés à doter le continent d’infrastructures. L’initiative a été financée par le système bancaire international en contrepartie de marchés accordés à des compagnies étrangères et de retro commissions, bien entendu. Tous les présidents africains ont construit. Ce qu’il faut évaluer et comparer, c’est le coût, la pertinence et la rentabilité. Lá on pourra parler de bilan ! Ça viendra.
Non on ne lui doit rien si ce n’est une fiche de paie. Et un procès !
Le tacle de Sonko
Son magistère aura été caractérisé par des magouilles indignes, une corruption généralisée et une violence sans fards habillés du manteau de l’impunité. Ses thuriféraires ont chanté son invincibilité (le grand stratège politique) et sa toute puissance (n’est-il pas au dessus des lois et des décisions de justice ?).
Son premier échec cuisant est venu du rejet populaire et ferme de sa candidature à ce troisième mandat qu’il convoitait avec tant de concupiscence depuis 2019. La panique quant à elle s’est installée (y compris dans son camp) quand la candidature de Diomaye Faye (alter ego de Sonko emprisonné) a été validée par le Conseil constitutionnel malgré le recours déposé par son Premier ministre/candidat.
D’où la fronde ignoble contre le Conseil et l’annulation de l’élection. Du jamais vu au pays de la “vitrine démocratique”. D’ailleurs, gardez-vous bien de pénétrer dans le magasin parce que beaucoup des produits sont soit avariés soit des fakes.
Le coup d’État
S’en vient donc cet auto coup d’État de la traîtrise, une manœuvre pour gagner du temps pour éliminer Diomaye Faye avec l’aide de Karim Wade dans le rôle de l’idiot utile. Et aussi pour pouvoir encaisser les premiers chèques des pétroliers.
Un coup d'État peut être considéré comme : « un acte d'autorité consistant dans une atteinte réfléchie, illégale et brusque, aux règles d'organisation, de fonctionnement ou de compétence des autorités constituées, atteinte dirigée, selon un plan préconçu et pour des raisons diverses, par une personne ou par un groupe de personnes réunis en un parti ou un corps ; dans le but soit de s'emparer du pouvoir, soit d'y défendre ou d'y renforcer sa position, soit d'entraîner une simple modification de l'orientation politique du pays » (1)
La différence avec nos parents maliens (burkinabè et nigériens) ce n’est pas que les auteurs du coup d’État étaient vêtus d’uniformes, mais qu’ils ont été massivement soutenus par le peuple alors que Macky Sall utilise le mensonge, la ruse et la violence répressive pour essayer d’imposer son coup de force
La riposte
Alors maintenant que va-t-il se passer puisque son incompétence continue de l’enfermer dans l’improvisation au détriment de l’anticipation ?
Voilà ce qui est en route (avis gratuit)
Une réaction internationale musclée .
Les États-Unis ont tout de suite donné le ton en exigeant l’annulation du décret et le maintien de l’élection. Suivi de son allié le plus proche et le plus puissant de l’Union européenne, l’Allemagne, puis l’Union européenne elle-même alors que d’habitude on attendait la France pour articuler la réponse. Celle-ci s’est finalement alignée et a lâché Macky Sall. La préoccupation majeure étant de stopper l’épidémie des coups d’États, la prolifération jihadiste et les flux migratoires, la France ayant perdu pied en Afrique. Paradoxalement, c’est Macky Sall lui-même qui a inlassablement crié au loup et martelé « terroristes, islamistes, chaos ». Voilà pourquoi j’ai toujours douté de son niveau d’intelligence.
Sous l’impulsion des États-Unis, on va en arriver à une mise sous surveillance par les organisations internationales des Droits de l’homme (pays prioritaire selon le jargon consacré), un classement “pays à risque”pour les investisseurs et une activation préventive de la justice internationale. Voilà un chef d’État qui déroule son coup de force alors que viennent d’être déployés des centaines d’observateurs internationaux, d’Europe et d’ailleurs ainsi que la presse internationale à la recherche d’un nouveau flashpoint. Quel timing !
La diaspora revigorée comme jamais et rejoint par les patriotes africains et militants français va le harceler au point où ses hôtes vont s’y reprendre à deux fois avant de l’inviter : Qui veut s’afficher avec un putschiste ?
Au pays, la mobilisation populaire va dérouler et sera ininterrompue. Macky Sall a réussi l’exploit de susciter la création d’une union sacrée de la société civile, des partis politiques et de tout l’écosystème des campagnes électorales (les candidats et leurs militants, familles, amis, équipes, parrains, électeurs en plus de leurs cagnottes de campagne).
La CEDEAO et l’Union Africaine vont suivre, lentement mais sûrement, secrètement ravis de “moucher” ce Sénégal arrogant qui se targue d’”exception démocratique”. Des les premières victimes de sa répression, les sanctions vont tomber, à commencer par l’immobilisation de son jouet préféré, l’avion présidentiel, qui sera cloué au sol du fait des interdictions de voyages suivi du gel de ses avoirs.
Immanquablement, il va faire face à des démissions dans son gouvernement, des lâchages dans sa coalition (transhumance oblige) et à une riposte et révolte des juges.
Risque de coup militaire ? Pour ma part, je n’y crois pas sauf si les victimes des violences policières s’accumulent et que le chaos s’installe. Entre-temps, il y aura certainement des conversations dures et franches entre les colonels et le chef de l’État.
Impasse
Comment va-t-il s’en sortir ? Ah oui ! Dialogue ! Tel un disque rayé.
Sauf que lui, il n’écoute pas. Tel un forcené, il fonce droit dans le mur. Or nul ne peut convaincre un forcené d’agir contre sa vraie nature. Peine perdue. Donc dialogue c’est niet ! Que tous les “dialogueurs”soient indexés.
Nous, nous savons quoi faire. Macky Sall a rompu le contrat qui le liait au peuple. Son renversement est donc légitime et inéluctable. C’est tout.
Sa place, c’est dans le prétoire pour haute trahison. Bien piètre fin de règne d’un incompétent au pouvoir. Il ne mérite pas autre chose.
Bon débarras.
(1) Brichet, Olivier. Auteur du texte, « Étude du coup d'État en fait et en droit : thèse pour le doctorat / présentée... par Olivier Brichet... ; Université de Paris, Faculté de droit [archive] », sur Gallica, 1935 (consulté le 31 octobre 2018).
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
SALE TEMPS POUR MACKY
EXCLUSIF SENEPLUS - Le report de l'exploitation pétrogazière pourrait aussi être une raison du report de l’élection. Pendant que Karim se prélasse dans son Qatar, Macky construirait son « Qatar » au Sénégal afin d’y régner
Samedi 3 février 2024, avec 2 heures de retard sans aucune excuse, le président Macky Sall s’est adressé à la Nation dans un message télévisé. Quand je l’ai vu, dans sa façon de se tenir sur le pupitre dans le petit écran, je me suis dit qu’il portait la mine sombre qu’il arborait quand il était venu nous annoncer la requalification des 5 ans promis en 7 ans.
La scène était d’une tristesse infinie et presque insoutenable. Voilà la lourde signature qu’il portait sur ses épaules affaissées dans cette allocution aux Sénégalais. En 3 minutes à peine, on a senti le regard - je ne regarde que les yeux – fuir, s’engloutir puis disparaitre. Ce fut ensuite la voix, qui avait quelque chose de pas assurée et qui, tout en se dérobant, éructa sans la nommer une annulation de décret de convocation de la date de vote au 25 février 2024.
Nous fûmes effondrés.
Et voilà comment le Parti Démocratique Sénégalais, un parti qui représente 7% des inscrits aux dernières élections, c’est-à-dire pas grand-chose, arrive à faire repousser la date électorale du pays, car leurs petits intérêts rencontrent les gros intérêts du président Sall. Voilà où on en est !
La question que tout le monde se pose est comment en est-on arrivé là ? Pourquoi diantre le président Sall a-t-il choisi d’annuler l’élection présidentielle à la veille du lancement de la campagne ?
Plusieurs réponses simples répondent à cette question.
La première réponse est que le président n’a jamais, en son for intérieur, voulu quitter le pouvoir, malgré la renonciation faite un certain 3 juillet 2023. Secrètement, il tenait à son troisième mandat et ceux qui le connaissent, ne sont guère surpris qu’il ait trouvé un moyen détourné de le prolonger. La vraie question en filigrane est : cette annulation de dernière minute, ferait-elle partie et précéderait-elle un scénario longtemps écrit à l’avance et minutieusement préparé ? Avec lui, tout est possible. Rien ne garantit qu’au 15 décembre, il ne sorte une autre entourloupe de son cabas pour repousser derechef l’échéance de l’élection. Ceux qui diront que ce n’est pas possible, resteront gros-jean comme devant, tout comme ceux qui s’étaient dit qu’il ne reporterait pas l’élection ce 3 février 2024. Même ceux qui ne le connaissent pas, mais qui l’écoutent attentivement, auront noté qu’il ne résiste pas, à chaque fois qu’il en a l’occasion, de rappeler son droit à se représenter selon la Constitution : « Bien que j’en ai le droit », ânonne-t-il régulièrement, après avoir dit « je ne me représenterai pas ». Cet art de conjuguer les contraires et d’endormir la méfiance des gens.
La deuxième réponse réside dans ce qui l’a irrité au plus haut point : la présence inattendue de Bassirou Diomaye Faye et compagnie dans la liste définitive publiée par le Conseil constitutionnel (CC). Comment avaient-ils pu passer à travers les mailles d’un piège savamment orchestré ? Il avait pensé avoir réglé le cas du Pastef en empêchant Sonko, par tous les moyens, y compris les plus illicites, de se présenter et voilà que ses services poreux « laissent passer » ses lieutenants. Il sait mieux que quiconque et ses sondages sont venus l’étayer, que le cheval de l’APR désigné par ses soins et escorté d’une escouade de lièvres se ferait déborder par n’importe quel canasson de Pastef. Il lui fallait donc créer un faux départ et changer les acteurs. Les Sénégalais ne doivent pas pouvoir choisir un membre ou un sympathisant de Pastef. Telle est la conception de la démocratie de Macky Sall.
La troisième raison est un corolaire de la raison précédente. La faiblesse du candidat qu’il a choisi ou qu’on lui a imposé. Amadou Ba n’arrive pas à décoller dans l’opinion publique. Le président ne fait pas confiance au candidat qu’il a pourtant fait investir en grand show. C’est d’ailleurs cela qui fait dire, qu’on lui aurait tordu le bras dans d’autres sphères. Il n’a eu dès lors de cesse de l’affaiblir davantage, en lui opposant des membres de son propre camp, en le marquant à la culotte, ne lui laissant aucune marge d’exister en tant que soi. Amadou Ba, affable, sans aspérité aucune, sans base politique réelle est tel que les aime Macky. Un homme à sa main, qui élu ferait ce qu’il voudrait. « AB est le candidat de MS », devrait être le slogan de campagne !
Son poulain encalminé dans les bas sondages, il lui fallait trouver un moyen de changer de voilier, trouver d’autres vents favorables pour humer le grand large.
La quatrième raison est celle dont on parle le moins peut-être parce que le lien est moins évident. Elle pourrait être économique pour ne pas dire « affairiste ». La sortie des premiers barils de pétrole n’arrêtant pas d’être repoussée, cela embêterait le président Sall de rater ce rendez-vous. Une grosse nébuleuse continue d’entourer la signature de ces contrats pétroliers. Nombre de ses desseins pourraient être contrariés si cette phase cruciale de l’exploitation pétrolière et gazière tombait sous le magistère de quelqu’un d’autre. Il lui faut impérativement assurer cette couverture de la phase de démarrage. Ce report d’exploitation pourrait aussi être une raison du report de 10 mois de la date de l’élection présidentielle. Le rêve d’être un émir d’un État gazier reste toujours vivace. Pendant que Karim se prélasse dans son Qatar, Macky construirait son « Qatar » au Sénégal afin d’y régner.
Évidemment, ces raisons sont des hypothèses toutes plausibles. Lui seul connait la principale raison ayant conduit à sa malheureuse décision. Elle est à trouver parmi les 4 exposés plus haut ou plus probablement une combinaison de ces quatre raisons. Pour mieux cerner la bonne réponse, il faudrait pouvoir répondre à une autre question :
À quoi croit le président Sall ? À rien serait la réponse triviale qu’on serait tenté de donner au vu des décisions chaotiques de son magistère. Après réflexion, on opterait pour : difficile à dire. Une grosse énigme l’entoure.
Souvent décrit comme froid, hermétique, taiseux et parfois même pleutre, il surprend toujours dans son comportement. Avec lui, c’est souvent l’inattendu. Aucun obstacle intérieur que les communs appellent conscience ne l’arrête. Son bon vouloir guide la plupart de ses décisions.
Le 25 janvier dernier, après avoir reçu le « comité des spoliés » du Conseil constitutionnel, il évoquait dans une note de compte-rendu émanant du palais, son incapacité à changer le cours des choses l’eut-il voulu, car cela révélait du CC dont les décisions, martelait-il à juste titre, sont hors de sa portée et susceptibles d’aucun recours.
Jadis, il invoqua le même CC pour justifier son incapacité à faire 5 ans comme promis et il fit ses 7 ans comme l’imposait la constitution.
Voilà Macky, légaliste !
Le voilà aujourd’hui qui remet en cause les décisions du Conseil constitutionnel, en évoquant une pseudocrise institutionnelle qu’il fabrique de toute pièce entre le CC et l'Assemblée nationale (AN) pour justifier son forfait de report de l’élection présidentielle à date échue. Cette fois, il passe par l’AN pour « proroger » son mandat, ignorant royalement le CC.
Voilà Macky, pourfendeur de la Constitution.
Jadis, il fut renvoyé de l’AN pour avoir convoqué Karim Wade pour s’y expliquer, aujourd’hui, il convoque l’éviction de Karim Wade pour repousser l’élection présidentielle.
Voilà Macky, joueur, conspirateur et adepte de politique politicienne.
Avec cette énième volte-face, la sympathie qu’il avait regagnée en partie avec son annonce d’abdication au troisième mandat, en prend un sévère coup. Décidément, la porte de l’Histoire est trop grande pour ce petit homme. Les nombreuses VAR le montrent dans des situations peu à son avantage, le propos d’aujourd’hui contredisant ceux d’hier. On a toujours à peser ses paroles et veiller à ce qu’elles soient belles car elles restent.
En annulant cette élection, il croit surement partir pour l’empire, mais dans ces circonstances le gibet n’est jamais loin et c’est ce qui le guette lui et ses acolytes. Comme le disait V. Hugo, à la rue Saint-Florentin à Paris, il y avait un palais et un égout. Dans ce palais vivait Talleyrand, tout-puissant et brillant esprit qu’il fut, à sa mort son cerveau finit dans le caniveau.
Dr Tidiane Sow est coach en communication politique.
VIDEO
LA CONTESTATION S'INTENSIFIE CONTRE LE REPORT DE L'ÉLECTION
La journée de mobilisation massive initiée par l'opposition et la société civile a donné lieu à des affrontements à Dakar. Des centaines d'étudiants et de professeurs ont débrayé dans plusieurs établissements scolaires de la ville
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 09/02/2024
La journée de mobilisation massive initiée par l'opposition et la société civile a donné lieu à des affrontements dans la capitale Dakar, révélant l'ampleur de la contestation contre la décision du président Macky Sall de reporter les élections de 10 mois.
Dès le matin, des centaines d'étudiants et de professeurs ont débrayé dans plusieurs établissements scolaires de la ville, à l'appel de collectifs citoyens et d'organisations syndicales. "C'est un problème général qui dépasse l'éducation", a estimé Assane Sène, enseignant d'histoire-géographie au lycée Blaise Diagne, haut lieu de mobilisation, cité par l'AFP. "Si le gouvernement ne revient pas sur sa décision, nous serons obligés de mener d'autres actions plus musclées", a-t-il prévenu.
Dans l'après-midi, plusieurs milliers de personnes ont tenté de se rassembler sur l'esplanade de la place de la Nation, épicentre historique des manifestations au Sénégal. Mais les forces de l'ordre ont fermement répondu à cette manifestation interdite en tirant massivement du gaz lacrymogène, selon des journalistes de l'AFP sur place. "La situation est déplorable, on est venu prier et on s’est fait gazer, ce qui est intolérable. Les Sénégalais doivent s’indigner et plus seulement sur les réseaux sociaux", a déclaré Thierno Alassane Sall, candidat à la présidentielle, alors que des affrontements avaient éclaté entre manifestants jetant des pierres et policiers répliquant avec des grenades assourdissantes.
Dans les mosquées également, des imams se sont fermement opposés au report du scrutin. "Même le président peut faire des erreurs et dans ce cas c'est à nous de lui dire la vérité", a affirmé l'imam Ahmed Dame Ndiaye dans son prêche, sous les applaudissements des fidèles. "Personne n'a le droit de regarder le pays être détruit", a-t-il ajouté, rencontrant un écho certain au sein de la population. Après cette mobilisation inédite depuis la décision du chef de l'État, l'opposition, qui crie au "coup d'État constitutionnel", semble avoir gagné la bataille de la rue face au régime.
Dans la soirée, un collectif d'opposants a déposé un recours devant la Cour suprême pour tenter de faire valoir la légalité du précédent calendrier électoral. La journée de contestation a révélé la profondeur du sentiment d'injustice au sein de la société sénégalaise, soulevant des inquiétudes quant à la stabilité future du pays, pourtant réputé pour être un îlot de démocratie en Afrique de l'Ouest.
par Fary Ndao
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL DOIT DIRE LE DROIT
EXCLUSIF SENEPLUS - Honorables magistrats, votre responsabilité est historique. Le peuple vous célébrera ou continuera de se déverser dans la rue pour défendre sa Constitution et réaffirmer sa souveraineté
Il est dans l’histoire d’un peuple des moments où la Justice, en tant qu’idée mais aussi sous l’incarnation de ses institutions, peut épargner à une nation bien des convulsions. Nous sommes dans un de ces moments. Le samedi 3 février 2024, à la veille de l’ouverture de la campagne d’une élection présidentielle dont la date est encadrée par la Constitution, le président de la République, Macky Sall, a sonné le peuple sénégalais en annonçant abroger le décret qui convoquait le corps électoral, prélude à un report de l’élection. Avec comme principal argument, fallacieux au demeurant, l’existence d’une crise institutionnelle dont le point de départ est la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire remettant en cause votre intégrité, il a non seulement créé une grave crise politique mais a également foulé aux pieds votre présomption d’innocence ainsi que le caractère définitif conféré à vos décisions par la Constitution.
Messieurs les membres du Conseil constitutionnel,
Honorables magistrats,
Les accusations du candidat parjure dont vous avez rejeté la candidature en disant le droit, lui qui devait selon les dispositions du Code civil français en son article 23-4, effectuer une demande de perte de nationalité et attendre la publication d’un décret pour que ladite demande soit effective et ainsi être exclusivement de nationalité sénégalaise, n’honorent pas la classe politique et fragilisent davantage l’image d’une justice qui a souvent été décriée, à tort et à raison, dans notre pays.
L’allocution du 3 février 2024 a été suivi du vote au forceps d’une loi de révision constitutionnelle portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de notre Constitution afin d’acter le report de la présidentielle et ainsi de prolonger, de facto, le mandat du président de la République. Ceci, comme vous le savez, en tant que spécialistes académiques et praticiens de la Constitution, est contraire aux dispositions de l’alinéa 7 de l’article 103 de la Constitution que vous me permettrez de reproduire in extenso :
« La forme républicaine de l’Etat, le mode d’élection, la durée et le nombre de mandats consécutifs du président de la République ne peuvent faire l’objet de révision ».
En proposant l’allongement de fait de la durée du mandat du président du 2 avril au 15 décembre 2024, la loi de révision constitutionnelle votée par les députés BBY et Wallu constitue une violation de l’article 103 de notre charte fondamentale en son alinéa 7 mais aussi un coup d’Etat constitutionnel. Ni plus ni moins.
Messieurs les membres du Conseil constitutionnel,
Honorables magistrats,
Le sort de cette loi scélérate attaquée depuis ce 8 février 2024 par le recours d’au moins 1/10e des députés de l’opposition comme le leur permet l’article 74 de notre Constitution est désormais entre vos mains. À travers vos avis et décision N° 3/C/2005 du 18 janvier 2006 et N° 1/C/2016 du 12 février 2016, vous avez rappelé votre compétence pour juger les lois constitutionnelles sous certaines conditions aujourd’hui réunies et que « le mandat en cours au moment de l’entrée en vigueur de la loi de révision, par essence intangible, est hors de portée de la loi nouvelle ».
Ainsi, le respect de la Constitution, l’intangibilité de la durée du mandat en cours du président de la République, l’impossibilité au nom du jeu politique d’introduire dans notre Constitution des dispositions transitoires, le souci de cohérence juridique par rapport à vos avis et décisions antérieurs vous placent dans une position historique pour vous déclarer compétent et censurer cette loi de révision constitutionnelle. Cela permettrait d’affirmer, une bonne fois pour toutes, l’indépendance de l’Institution judiciaire vis-à-vis du pouvoir siamois exécutif et législatif, habitué aux stratégies les plus retorses pour se maintenir au pouvoir mais aussi vis-à-vis de tous ceux et celles qui s’accommodent des décisions de justice uniquement lorsqu’elles vont dans leur sens. Des juges kenyans ont fait reprendre tout un scrutin présidentiel sur la base d’un recours introduit par l’opposition, le président xénophobe américain Donald Trump a vu certaines de ses décisions rejetées par des juges américains. Vous avez l’opportunité de dire à nouveau le Droit et de défendre votre honneur souillé par un candidat parjure qui dispose du soutien de la majorité politique d’un président auteur d’un coup d'État constitutionnel et irrespectueux de la séparation des pouvoirs. Cette coalition d’intérêts particuliers permise par les alliances politiques contre-nature d’aujourd’hui et d’hier, souhaite nous priver, nous Sénégalais, d’un des droits que bien de nos frères et sœurs africains nous envient jusqu’ici : celui de pouvoir choisir librement notre président selon les règles intangibles définies par notre charte fondamentale.
Votre responsabilité est historique. Le peuple, qui vous écoute avec tout le respect qui vous est dû, vous célébrera ou continuera de se déverser dans la rue pour défendre sa Constitution et réaffirmer sa souveraineté.
AMADOU BA SE DIT SEREIN
Le Premier ministre déplore de devoir affronter des "adversaires" au sein de sa formation politique. Il se dit néanmoins en faveur du report de la présidentielle si cela permet de garantir la transparence du vote et la paix dans le pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 09/02/2024
Le Premier ministre sénégalais Amadou Ba vit des moments tourmentés à l'approche de l'élection présidentielle, pour laquelle il est le candidat de la majorité au pouvoir. "Difficile de vivre expérience plus pénible quand on est Premier ministre et candidat de la majorité à une élection présidentielle", souligne d'emblée Jeune Afrique dans son entretien exclusif avec le principal intéressé.
En effet, alors que le scrutin était initialement prévu fin février, Amadou Ba s'est retrouvé sous le feu des critiques. "Dauphin désigné du président sortant Macky Sall, il a vu une partie de son camp voter l’ouverture d’une enquête parlementaire contre lui et deux juges du Conseil constitutionnel", rapporte l'hebdomadaire panafricain. Pire, ces attaques ont "déjà abouti au report du scrutin et ouvert une grave crise politique".
Interrogé par Jeune Afrique, le candidat de la mouvance présidentielle se dit "serein" face aux "accusations de corruption portées par Karim Wade", qu'il juge "tout à fait infondées". S'il "comprend que chacun puisse avoir l’ambition de servir le pays à un tel niveau", Amadou Ba déplore avoir des "adversaires" au sein même de son propre parti, l'APR.
Concernant le report de l'élection, il se dit "partisan de tout ce qui concourt à la transparence du processus électoral et à la paix". S'il "tire un intérêt évident à l’intégrité des mécanismes qui encadrent le scrutin", Amadou Ba appelle surtout au "dialogue", pierre angulaire selon lui du "système démocratique".
Malgré ce climat tendu, le Premier ministre candidat assure que sa "stratégie est simple: continuer à opérer comme je le fais depuis le début, pour gagner". Car Amadou Ba en est convaincu: avec la "Benno bokk yaakaar", la coalition au pouvoir, "nous sommes une redoutable machine électorale".
Source: entretien exclusif accordé par Amadou Ba à Jeune Afrique.
LE SITE INTERNET DE L’AÉROPORT DE CONAKRY PIRATÉ PAR ANONYMOUS 224
Le site internet de l’aéroport de Conakry n’était toujours pas accessible jeudi soir 8 février. À la place de la page d’accueil s’affichait le matin un message appelant à la libération d’internet en Guinée.
Le site internet de l’aéroport de Conakry n’était toujours pas accessible jeudi soir 8 février. À la place de la page d’accueil s’affichait le matin un message appelant à la libération d’internet en Guinée. Depuis la fin du mois de novembre, certains réseaux sociaux sont inaccessibles sans VPN. Le groupe qui a revendiqué l’attaque se fait appeler « Anonymous 224 ».
« Libérez internet, internet est un droit », voici le slogan qui a commencé à s’afficher hier matin sur la page d’accueil de l’aéroport de Conakry, avant que celle-ci ne soit tout simplement plus consultable. Le site internet a été victime d’une cyberattaque qui vise à envoyer un message aux autorités du pays.
« Le peuple de Guinée subit de graves atteintes à ses droits fondamentaux », écrivent ceux qui se présentent comme les Anonymous 224, un nom inspiré du célèbre mouvement cyberactiviste très investi dans le combat pour la défense de la liberté d’expression.
« Ceci n’est qu’un avant-goût »
Ceux qui ont pris le contrôle du site de l’aéroport dénoncent les restrictions qui frappent actuellement les réseaux sociaux et touchent certains médias en Guinée. « Face à ces pratiques régressives, Anonymous a décidé de prendre ses responsabilités. Nous refusons de rester silencieux devant l’oppression », assurent les auteurs de la cyberattaque.
Est-ce l’œuvre d’un groupe de Guinéens basé en Guinée ? Est-ce que des hackers étrangers sont derrière cette opération ? En tout cas, d’autres attaques pourraient avoir lieu. Le groupe menace et termine son message par ces mots : « Ceci n’est qu’un avant-goût ».