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2 décembre 2024
International
MOHAMED AL GHAZOUANI, NOUVEAU PRÉSIDENT DE L’UNION AFRICAINE
Le président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh Al Ghazouani a été porté samedi à la tête de l’Union africaine, a annoncé l’institution panafricaine.
Dakar, 17 fév (APS) – Le président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh Al Ghazouani a été porté samedi à la tête de l’Union africaine, a annoncé l’institution panafricaine.
Le président mauritanien a été désigné au premier jour de la 37e session de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA.
Mohamed Ould Cheikh Al Ghazouani succède au Comorien, Azali Assoumani.
LE TEMPS DES PREMIÈRES FOIS NÉGATIVES SOUS MACKY SALL
Boubacar Boris Diop revient sur la crise que traverse le pays. Il analyse les douze années de présidence, marquées selon lui par des dérives autoritaires, et la défaite du régime après l'annulation du report de l'élection par le Conseil constitutionnel
Les mots qu’il pose sur les mouvements et frémissement du monde sont toujours attendus. C’est pourquoi Lorsque l’actualité nationale ou internationale l’exige, sa reaction est toujours surveillée et guetée. Les événements en cours au Sénégal n’ont pas dérogé à la règle. Réclamé, Boubacar Boris Diop a choisi Kirinapost pour commenter ce qu’il se passe actuellement dans son pays. L’entretien supposé paraître hier soir, a été vite rendu caduque par la décision du Conseil constitutionnel. Avec humilité, l’ eminent penseur s’est prêté, une seconde fois, à notre jeu de questions/ réponses pour reprendre toute l’interview..
Kirinapost : Avant l’annulation du décret du président Sall par le Conseil constitutionnel, presque tout le monde chez nous comme à l’étranger se posait la même question : où va le Sénégal ? Quel est votre regard sur les années Macky ?
Boubacar Boris Diop (BBD:)L’inquiétude était en effet palpable et j’ai personnellement l’impression qu’après cette crise plus rien ne sera comme avant. Ces douze années de Macky Sall au pouvoir, surtout les quatre dernières, ça a en quelque sorte été le temps des « premières fois » négatives. L’annulation hier par le Conseil constitutionnel du décret du président de la République est elle aussi une première mais dans le bon sens. Ici on n’est plus dans la politique mais dans l’histoire et le peuple sénégalais l’a bien compris. Aussi étrange que cela puisse paraître, il faut remonter à cette histoire de viol pour comprendre ce qui nous arrive en ce moment. L’accusation contre Sonko était censée l’affaiblir voire ruiner à jamais son ambition présidentielle, elle en a fait au contraire une figure majeure, absolument incontournable. La haine contre cet homme et la volonté de l’éliminer coûte que coûte sont à l’origine de cette crise. Pour le président Sall, désormais totalement dépourvu de marge de manœuvre, surveillé par le monde entier et sans doute bientôt lâché par ses partisans, c’est la descente aux enfers qui commence.
Kirinapost :À l’époque vous avez déclaré dans la presse que la tournure désastreuse que prenait l’affaire Adji Sarr ne laissait plus le choix à Macky Sall, qu’il serait tôt ou tard obligé de renoncer à ses velléités de troisième candidature…
BBD :C’est déjà vieux, tout cela. Il est clair que Macky Sall ne voulait pas lâcher le pouvoir. Sur ses douze années à la tête de l’Etat sénégalais, il en a consacré la moitié à élaborer des scénarios pour ne pas rendre les clefs du palais à son successeur le 2 avril 2024. Mais après les événements de juin 2021, qui ont eu un tel écho au-delà de nos frontières, il était quasi impossible qu’il reprenne la main.
Kirinapost : Pourquoi a-t-il pris le risque d’annuler le scrutin du 25 février ?
BBD : Je crois que c’est simple : le président Sall, qui s’est tout permis depuis le début de cette crise sans subir les conséquences de ses actes, a fini par perdre tout sens du danger. C’est une possibilité. Ça n’est pas rien le blocus d’une région entière, la fermeture sans la moindre explication de l’université de Dakar, le mépris de décisions de justice dûment notifiées, la dissolution sous de vagues prétextes d’un important parti d’opposition puis de la CENA. Et que dire des milliers de militants innocents jetés presque distraitement en prison ? On ne parle même pas de la manière dont il a mobilisé l’appareil d’état, en particulier la justice, contre un seul homme dont le domicile a été placé sous blocus pendant près de deux mois. Et s’il est vrai qu’il y a quelques mystérieux cadavres dans les placards de notre belle démocratie, c’est bien la première fois que deux de nos concitoyens, en l’occurrence Didier Badji et Fulbert Sambou disparaissent purement et simplement dans des circonstances faisant soupçonner des exécutions extra-judiciaires. De si graves atteintes aux droits humains ont à peine entaché sa réputation de démocrate et il a dû se dire que même la décision gravissime de reporter l’élection pourrait passer d’une façon ou d’une autre, même s’il se doutait un peu que ça ne serait pas facile. Il s’est peut-être aussi un peu perdu dans ses petits calculs politiciens. Des choses du genre : « L’appui du PDS m’est acquis et je pourrai aussi compter sur la neutralité bienveillante de tous les candidats recalés au parrainage, cela a fait du beau monde quand même. » Macky et certains cercles du régime n’ont sans doute pas exclu que Sonko, présenté par eux comme un grand narcissique, sauterait sur cette occasion d’une remise à plat pour écarter Diomaye Faye et devenir lui-même candidat. À l’arrivée, Macky Sall doit bien admettre qu’il s’est complètement fourvoyé.
Kirinapost : Et maintenant... ?
BBD: Paradoxalement, c’est parce que la défaite du régime semble si totale qu’il ne faut rien exclure. Il s’est passé trop de choses que personne n’aurait osé imaginer et cette fois-ci aussi la tentation de jouer le tout pour le tout peut déboucher sur une situation inédite. Le président vient de réagir positivement dans un communiqué mais va-t-il demander à ses troupes d’accepter leur défaite et d’arrêter de pinailler sur des détails ? On saura dans quelques heures s’il encourage en sous-main ce jeu puéril des interprétations fantaisistes ou s’il a décidé de siffler la fin de la récréation. Félicitons-nous pour l’instant de ce qui est arrivé puisqu’au final c’est surtout une victoire de notre peuple. Comme l’a si justement rappelé le professeur Mamadou Diouf, les Sénégalais tiennent par-dessus tout au respect de leur Constitution pourtant si souvent malmenée. Macky Sall a également sous-estimé ce que je peux appeler le poids symbolique du Sénégal sur la scène internationale. Il y a en effet lieu de se demander pourquoi tout ce qui arrive dans notre pays si insignifiant à bien des égards, suscite toujours un intérêt soutenu de la presse internationale. Notre diaspora, souvent bien intégrée partout où elle se trouve, y est pour beaucoup mais il y a sans doute plus que cela.
Kirinapost : Vous avez uns fois reproché à Macky Sall de n’avoir pas le sens de l’histoire. Pouvez-vous revenir sur ce jugement ?
BBD: Les événements les plus récents montrent qu’il n’a jamais pris la mesure de la dimension historique de sa fonction de chef d’Etat. Je me souviens de ce passage du film d’Ousmane William Mbaye où Assane Seck rapporte avoir amicalement alerté Senghor quant à certaines brimades mesquines contre Cheikh Anta Diop en lui disant : « Sédar, si tu ne fais rien pour mettre un terme à cela, l’histoire le retiendra un jour contre toi… » Senghor a compris sur-le-champ mais je doute que cela aurait été le cas avec Macky Sall.
Kirinapost : Commentvousl’expliquez–vous?
BBD On peut dire aujourd’hui tout ce qu’on veut contre Senghor, l’accuser par exemple d’avoir été un suppôt zélé de la Françafrique mais personne ne lui reprochera d’avoir eu un horizon intellectuel limité. C’est en fait de cela qu’il s’agit. L’auteur d’Hosties noires était certes francophile mais ne se serait jamais vanté des « desserts » réservés aux Sénégalais dans les casernes coloniales. Peut-on imaginer, de la part d’un président de la République, une lecture plus déficiente de notre passé ?
Kirinapost : Que peut-il se passer le 2 avril ?
BBD : Depuis l’arrêt de la Cour constitutionnelle, Macky Sall est plus seul que jamais. Des membres de son gouvernement s’étaient déjà publiquement démarqués de sa décision de reporter le scrutin du 25 février et continuent à siéger en conseil des ministres, ce qui montre qu’il ne maîtrise plus ses troupes. Même l’église et le patronat ont dénoncé l’illégalité de cette mesure tout comme de nombreuses centrales syndicales. Je me suis d’ailleurs demandé si Macky, cerné de toutes parts, n’en était pas arrivé à souhaiter ce désaveu qui lui permet de sauver un tout petit peu la face. Mais peut-être ce raisonnement est-il trop tortueux… Pour le 2 avril, on en est réduit à espérer une passation de pouvoir normale même si, comme on dit, mbir mi ñaaw na ba noppi, le mal est déjà fait. Il est possible que les Sénégalais oublient vite la parenthèse peu glorieuse du passage de Macky Sall au pouvoir mais peut-être aussi sera-t-il le premier de leurs présidents à qui ils demanderont de rendre des comptes devant la justice. Il s’en trouvera sûrement pour l’exiger car ce qui se passe depuis quatre ans est beaucoup trop grave.
Cela dit, les jours passent vite et il devient de plus en plus difficile de tenir la date du 25 février. On peut être contraint à un report d’une semaine ou deux pour pouvoir tenir le scrutin en mars, en tout cas avant le 2 avril. Le Conseil constitutionnel, en phase dans cette histoire avec la volonté populaire, tient au respect de cette date symbolique.
Kirinapost :Et les recalés du parrainage ?
BBD : J’ai un grand respect pour certains d’entre eux, il en est même un dont j’ai jugé les propos d’avant-campagne tout à fait rationnels et intéressants, mais je pense que ce serait dangereux pour nos institutions de faire le moindre pas en arrière. Le Conseil constitutionnel n’est pas infaillible comme l’a montré l’affaire Wardini mais ce serait bien léger de tout remettre en cause sur la base d’une telle erreur. On peut aussi redouter qu’on nous exhibe au cours des semaines à venir la fausse ou vraie double nationalité de tel ou tel candidat autorisé à se présenter. Wait and see.
KirinapostEtKarimWade ?
BBD: Avant tout, est-ce bien normal qu’il ne se soit même pas dérangé pour défendre sa candidature ? Il est établi qu’il avait encore la nationalité française lorsqu’il a déposé sa candidature, son exclusion est donc tout à fait logique, il n’y a pas lieu d’épiloguer sur le sujet.
Kirinapost :Ledialogue national auquel a convié Macky Sall suscite beaucoup de commentaires. Qu’en pensez-vous ?
BBD: Rien de nouveau sous le soleil, est-on tenté de dire. On avait conçu ce dialogue national comme un moyen de noyer le viol de la Constitution dans un océan de paroles lénifiantes. C’est raté. Les Sénégalais sont déjà passés à autre chose.
Kirinapost : Cette fois-ci deux anciens chefs d’Etat ont cherché à peser de tout leur poids dans le débat…
BBD: Ne serait-il pas plus juste de dire un chef d’Etat et demi ? Wade est intervenu dans cette affaire en leader de parti et peut-être surtout, ce qui est tout de même assez pathétique, en père de famille. Diouf a pu être abusé, comme le montre sa mise au point qui a eu au finish un effet très positif. Malgré tout, on ne saura peut-être jamais pourquoi il a choisi une si mauvaise occasion pour sortir de plus de vingt ans de réserve. Je trouve que le silence lui allait bien, finalement, il y avait là-dedans une certaine dignité. Je dois avouer que j’en suis venu au fil des ans à nourrir une grande admiration pour Abdou Diouf. Certes, on ne peut pas rester innocemment à la tête d’un pays aussi compliqué que le Sénégal pendant des décennies, il y a bien évidemment des zones d’ombre de son passage au pouvoir mais avec la sérénité que donne le recul, je vois en lui un homme de bonne volonté, qui a fait de son mieux dans un contexte économique et social particulièrement explosif. Rien à voir assurément avec ses successeurs.
Kirinapost : Vous avez dit au début de cet entretien que la défaite du régime semble totale. On peut s’en féliciter mais certains points ne devraient-ils pas inciter à une réflexion approfondie ?
BBD: Très certainement. Quitte à rouvrir un dossier déjà bien oublié, il faut hélas reparler de l’affaire Adji Sarr. Tous ceux qui ont soutenu Macky Sall, de manière sournoise ou ouverte, tout au long de cet épisode, lui ont permis de tester des méthodes de gouvernement de plus en plus brutales et autoritaires. C’était étrange de demander à un homme traqué sur la base d’une accusation stupide, de déférer tête baissée aux injonctions d’une justice haineuse. S’il l’avait fait, Sonko serait aujourd’hui dans cette sorte de lent coma politique frappant certains leaders qui avaient au départ la même envergure que lui et le pays lui-même serait peut-être en campagne électorale avec des méga-meetings – pourquoi pas ? – du candidat Macky. En voyant qu’on lui permettait tout dans cette histoire, Macky Sall n’a plus su où s’arrêter, et c’est ainsi qu’il en est venu à déshonorer notre pays. Peut-être dois-je ajouter ici, pour mieux être compris, que je ne suis ni de près ni de loin lié au parti de Sonko et qu’à vrai dire, j’ai même de grosses réserves sur certains aspects de leur programme. J’ai vu pas mal de mes amis se laisser divertir par des accusations méchantes et finalement bien courtes – violeur, arrogant, rebelle etc.- alors que des questions bien plus importantes attendaient d’être débattues. L’autre sujet qui mériterait que l’on s’y arrête, c’est l’extraordinaire implication des Américains dans la dernière phase de la crise. Il me semble que six communiqués sont tombés de Washington en moins d’une semaine après le nouveau décret du président Sall. Cela a été d’un immense secours, car sans eux Macky Sall aurait continué à dérouler son agenda. Mais tout en les remerciant de ce coup de pouce décisif, il faut bien s’interroger sur cette sorte de coup de foudre spectaculaire des Américains pour notre pays. Je suis trop mal informé pour proposer une lecture de ce fait politique tout de même assez lourd mais il est clair que les intérêts de notre peuple ne sauraient se confondre avec ceux de l’Amérique ou de toute autre puissance impérialiste. J’observe d’ailleurs que les forces vives du Sénégal se tiennent, curieusement, à bonne distance du mouvement général d’émancipation ayant abouti en Afrique de l’Ouest francophone à la création de l’Alliance des États du Sahel, une mise en cause de la domination française qui se traduira très vite par la disparition, entre autres vestiges de la Françafrique, du franc CFA. Mais ça, c’est une autre histoire, qui pourrait du reste nous rattraper plus tôt que nous ne pensons…
MACKY SALL APPELÉ À PRENDRE SES RESPONSABILITÉS
Felwine Sarr formule l'espoir que le président "laissera un pays gouvernable", insistant sur une reprise rapide du processus électoral. Il invite les Sénégalais à tirer les leçons de cette crise pour réformer le système hyperprésidentiel
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 17/02/2024
L'intellectuel sénégalais Felwine Sarr s'est entretenu avec le magazine Jeune Afrique au sujet de la crise politique que traverse actuellement le Sénégal. Dans cette longue interview, publiée ce 17 février 2024, Sarr dénonce fermement la tentative de report des élections présidentielles voulue par le président Macky Sall et son camp, et analyse les raisons profondes de cette dérive antidémocratique.
Sarr accueille avec soulagement la décision du Conseil constitutionnel d'annuler le report au 15 décembre, estimant que "c'est une victoire (...) si chacun prend ses responsabilités". Cependant, il souligne que le processus électoral doit rapidement reprendre son cours normal afin d'élire un nouveau président avant le 2 avril, date de fin du mandat de Macky Sall. Selon plusieurs juristes qu'il a consultés, le premier tour pourrait se tenir avant le 10 mars.
Pour Sarr, les Sénégalais sont prêts à voter malgré les turbulences, rappelant que les équipes de campagne étaient déjà en place et que l'administration sénégalaise est rodée à l'organisation des scrutins. Il qualifie la décision du Conseil constitutionnel de "désaveu" pour Macky Sall et les anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade qui l'avaient soutenu.
Sarr déplore qu'on en soit arrivé à cette "agression antidémocratique" alors que le Sénégal avait connu jusqu'ici des élections régulières et des alternances pacifiques. Il analyse les raisons structurelles de cette dérive, pointant du doigt l'"hyperprésidentialisme" hérité de la constitution de 1963. Selon lui, Macky Sall n'a jamais souhaité affronter ses adversaires dans les urnes, écartant de la compétition électorale Khalifa Sall et Karim Wade notamment.
Sarr dénonce le "plan de liquidation de la démocratie sénégalaise" mis en place depuis 2012 par le régime, entre affaiblissement des contre-pouvoirs, restrictions des libertés et instrumentalisation de la justice contre les opposants. Il estime que l'alliance entre le camp présidentiel et le PDS n'avait d'autre but que de barrer la route au candidat de Pastef, Bassirou Diomaye Faye.
Felwine Sarr formule l'espoir que Macky Sall "laissera un pays gouvernable" et invite les Sénégalais à tirer les leçons de cette crise pour réformer en profondeur le système hyperprésidentiel. Selon lui, la nécessité est de rééquilibrer les pouvoirs et d'éviter qu'un seul homme ne puisse plus mettre en péril la démocratie sénégalaise.
LA CONSTITUTION DOIT PRÉVALOIR
Sursaut citoyen et Demain Sénégal appellent à la mobilisation pour contraindre l'Exécutif à respecter la décision du Conseil constitutionnel, notamment en poursuivant le processus électoral et en organisant le scrutin avant le 2 avril
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué conjoint des organisations citoyennes Sursaut citoyen et Demain Sénégal daté du 16 février 2024, à propos de l'invalidation du report de la présidentielle par la Cour constitutionnelle.
"Le Conseil Constitutionnel (CC), par Décision n° 1/C/2024, a déclaré inconstitutionnelle la loi n° 4/2024 portant dérogation aux dispositions de la Constitution. Il a, du même coup, annulé le décret n° 2024-106 du 3 février 2024 du président de la République qui avait interrompu le processus électoral. Ces deux textes devaient avoir pour conséquence de reporter les élections du 25 février au 15 décembre 2024 et de prolonger le mandat présidentiel au-delà de sa limite légale.
Sursaut citoyen et Demain Sénégal se félicitent de cette décision, produit de la lutte de l’ensemble du peuple sénégalais.
Sursaut citoyen et Demain Sénégal prennent acte du communiqué de la présidence de la République daté de ce jour tout en indiquant que nous considérons qu’il revient à l’Exécutif d’appliquer effectivement la décision du CC sans tenter la moindre manœuvre politicienne même si nous reconnaissons la nécessité d’une concertation administrative et technique pour la reprise immédiate du processus électoral.
Afin de garantir le respect par l’Exécutif de la décision du CC, Sursaut citoyen et Demain Sénégal invitent l’ensemble des forces vives de la Nation (organisations citoyennes et de la société civile, syndicats et patronats, autorités religieuses, partis politiques, etc.) à fédérer leurs forces pour se préparer à cette nouvelle étape de la lutte du peuple pour la sauvegarde de la Constitution, de la démocratie et de l’État de droit, seul gage d’une paix durable.
D’ici au 2 avril 2024, Sursaut citoyen et Demain Sénégal appellent à focaliser les mots d’ordre de mobilisation et de combat sur l’objectif de cette étape : faire appliquer fidèlement par l’Exécutif la décision du CC. Cette exigence signifie que nous devons créer le rapport de forces obligeant l’Exécutif à :
Poursuivre le processus électoral illégalement interrompu ;
Organiser l’élection présidentielle avant le 2 avril 2024.
La lutte continue."
par l'éditorialiste de seneplus, almamy wane
LE DERNIER FRANÇAFRICAIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette descente aux enfers est le parcours obligé d’un pays qui a vu ses « élites » trahir encore et toujours avec de fausses ambitions, de faux desseins politique et de vraies compromissions
La longue et chaotique présidence de Macky Sall s’achève par une violation flagrante de la Constitution ou lorsque celle-ci devient un instrument de lutte pour le pouvoir, ouvrant ainsi la voie à toutes sortes de dérives.
La violence politique, c’est la couardise assumée au sommet de l’Etat qui se réfugie derrière l’ordre républicain, par conséquent, les forces de l’ordre sur lesquelles repose une paix sociale artificielle au service d’une patrimonialisation de l’Etat sans précédent.
L’allocution du 3 février 2024 est l’aboutissement d’une caporalisation soutenue du pouvoir judiciaire à des fins politiciennes.
Cette défection prévisible au sommet de l’État a mis en danger des populations jusqu’ici malmenées par des politiques économiques en décalage avec les besoins réels du pays. Nous avons aussi assisté au cours de ces dernières années à une criminalisation systématique de l’espace politique, prélude à un détricotage savamment orchestré du tissu républicain.
Le but ultime de ces manœuvres, c'est la confiscation du pouvoir et le résultat est pour le moins catastrophique. L’utilisation de la chambre des députés par les tenants du pouvoir a permis de semer le doute sur la fiabilité du Conseil constitutionnel. Un « doute » utile servant de caution à la pirouette qui a permis l’arrêt du processus électoral à quelques heures de l’ouverture de la campagne, semant la confusion.
Une situation inédite dans l’histoire politique du Sénégal. Une longue tradition démocratique a été ainsi stoppée pour permettre une mise à jour du partage du « gâteau national », garantie d’un statu-quo permettant au système politique sénégalais, allié naturel du néocolonialisme, de résister à l’offensive populaire du désormais ticket Sonko mooy Diomaye.
Disons-le haut et fort, la démocratie est une affaire de culture, d’intuitions vives et de stature. C’est surtout une histoire d’amour, car il faut aimer son peuple. Il faut aussi aimer la démocratie. Le système politique sénégalais incarné par Macky Sall et ses affidés est caractérisé par une présidence hypertrophiée, qui ignore les règles du jeu démocratique et qui arbore un certain mépris du droit. Un droit élastique et malléable à souhait.
Les libertés fondamentales sont bafouées et les lois soigneusement contournées avec une suffisante désinvolture notamment pour éliminer l’opposant Ousmane Sonko et ses partisans. Les Sénégalais depuis plus de trois ans sont pris en étau entre un pouvoir extrêmement brutal et des conditions de vie désastreuses sous le regard passif de la communauté internationale. Des journalistes sont emprisonnés ainsi que des leaders d’opinion, des imams etc. Plus de quatre vingt morts, des centaines de blessés et des milliers de prisonniers politiques dont la plus part sont des jeunes.
Que dire de cette jeunesse traquée, martyrisée et embastillée, cette si précieuse ressource naturelle, dans un monde évanescent. Le souvenir du jeune rappeur Baba Kana, torturé à mort sous nos yeux par des forces de l’ordre, est encore frais. Souvenons nous du martyr de Papito Kara emprisonné pour des publications sur les réseaux sociaux puis déclaré mort sur le chemin de l’exil, près des côtes espagnoles. L’horreur au pays de la « téranga ». Pas d’enquêtes judiciaires ou parlementaires donc pas de responsabilités établies. C’est dire que toutes les conditions pour mener à cette impasse étaient réunies. Depuis 2012, nous glissions sur une pente raide qui nous a mené à l’allocution présidentielle du 3 février 2024, un tournant historique qui marquera la fin d’un modèle démocratique sophistiqué, tant vanté. Une parade politique qui a survécu malgré les changements à la tête de l’État sans jamais montrer le chemin de la prospérité.
Les Sénégalais manifestent aujourd’hui pour le respect strict du calendrier électoral malgré l’exclusion de la course du principal opposant Ousmane Sonko. Les manifestations sur toute l’étendue du territoire national ont fait 3 morts et plusieurs blessés. Macky Sall « seul et contre tous » a décidé d’imposer son propre calendrier dont il est exclu malgré lui. Le monde grouille et gronde pour que l’élection se tienne dans les meilleurs délais.
Le chef désarmé
Au Sénégal, nous entrons dans la phase ultime de destruction de l’Etat pour assouvir les appétits d’un clan qui n’a qu’une seule religion : l’argent. À cela s’ajoute des « fantasmes » géostratégiques persistants qui troublent la paix sur l’étendue du continent africain. La sous-traitance du savoir qui permettait un mimétisme reléguant le patriotisme, la nation ou l’histoire au second plan n’est plus suffisante pour contenir la puissance des réseaux sociaux qui permettent aux populations, malgré certaines dérives, de s’informer en temps réel.
L’offensive économique, politique et culturelle contre l’Afrique mobilisent des moyens aussi importants que ceux qui sont utilisés pour lutter contre la pauvreté et les grandes pandémies. C’est une évidence. Cette ingénierie de la domination par procuration, une sorte d’esclavage des temps modernes est rejetée par les populations de plus en plus conscientes de leurs droits. C’est cela la mutation ultime d’un État post-colonial bridé, une vitrine de la démocratie. Cette descente aux enfers est le parcours obligé d’un pays qui a vu ses « élites », malgré les changements successifs à la tête de l’Etat, trahir encore et toujours avec de fausses ambitions, de faux desseins politique et de vraies compromissions. On ne vient pas en politique pour transformer la vie de ses concitoyens mais pour faire fortune ou pour parader en rasant les murs. L’alternance en 2000 est passée par là.
Le Sénégal ne peut échapper à son destin, il ne peut survivre artificiellement en feignant d’ignorer les mutations fulgurantes en cours dans son environnement immédiat. C’est un pays doté d’une riche histoire et d’une grande tradition démocratique et qui a été ravalé au rang de démocrature au cours de ces dernières années. D’illustres hommes ont traversé la vie politique de ce pays sans jamais quitter le sentier républicain au prix de mille sacrifices. Deux hommes qui ont marqué l’histoire politique du Sénégal et de l’Afrique me viennent à l’esprit, il s’agit de Mamadou Dia et de Cheikh Anta Diop. Tous deux avaient très tôt perçu les contours d’une Afrique unie et solidaire dans un monde où les rapports de force sont motivés par des logiques économiques impitoyables. L’historien américain Frédéric Cooper décrit la genèse de ce type de relation :
« Les difficultés économiques de l’Afrique s’explique moins par les caractéristiques intrinsèques du continent que par les relations asymétriques que ce dernier entretient avec l’Europe depuis le 15e siècle. »
La françafrique, émanation du néocolonialisme, a toujours préféré avoir à faire à une « élite » servile et zélée qui a toujours montré sa capacité à organiser le pays en fonction de ses intérêts particuliers. Une sorte de Sénégal sans les sénégalais.
Ceci dans le mépris total de notre histoire commune et parfois dans une sorte de réécriture de notre récit national. Ce qui est déroutant, c’est cette reproduction soigneusement codifiée au sommet de l’État autour d’une politique antinationale quelque soit le résident du palais et qui, méticuleusement « rationalise » la pauvreté tout en redistribuant des prébendes. La rupture avec le peuple ne peut plus être contenue dans des conciliabules diurnes et nocturnes car les Sénégalais sont désireux de voir une autre façon de faire de la politique. C’était déjà le cas en 2019, au lieu de cela, nous avons eu droit à la privatisation intégrale de l’espace public par un pouvoir arrogant et vindicatif qui semblait mener une guerre contre son propre peuple.
Le théoricien militaire prussien auteur du livre « De la guerre », Carl Von Clausewitz dit ceci :
« Ce que les hommes ont de fâcheux, c’est une agitation intérieure les poussant à une activité impressionnante qui dépasse la capacité de leur intelligence. Ils entendent y entraîner d’autres et s’ils ne réussissent pas, voire s’ils finissent par échouer du fait des défauts de leur intelligence; ils deviennent méchants; ils n’ont plus de coeur et (...), sans s’en rendre compte ils manquent à la vérité, à la loyauté et à la bonne foi. »
Nous le voyons bien dans un contexte mondial très volatile où les nationalismes, partout prennent le dessus, il est évident que le Sénégal n’est pas sur sa trajectoire naturelle pour affronter les enjeux économiques sous-régionaux proprement africains. Après douze années d’une gestion monarchique du pouvoir, acceptée et vécue dignement par le peuple sénégalais, le pays n’avait pas besoin de cet acte séditieux contre la règle la plus élevée de l’ordre juridique de notre pays.
Ce que les Sénégalais souhaitent aujourd’hui, c’est une réelle indépendance. Autrement dit, une souveraineté effective qui profite aux Sénégalais. Ce que les Sénégalais veulent, c’est enfin profiter de la terre de leurs ancêtres, en y vivant décemment. Ce que les Sénégalais veulent, c’est une justice impartiale prompte à contrecarrer toute dérive solitaire du pouvoir. Ce que les Sénégalais veulent, c’est vivre dans la communion des esprits et dans la paix. Ce que les Sénégalais veulent, c’est un pays capable de mettre en oeuvre ses propres stratégies politiques, économiques et sociales voire militaires. Nous avons un choix à faire entre la servilité et le courage !
Le pouvoir en Afrique a toujours été une sinécure, une sorte de labyrinthe baroque où la fête est permanente avec ses courtisans, ses griots et ses journalistes corrompus, etc. Il vaut mieux avoir de véritables alliés pour espérer retrouver la porte de sortie...
par Cheikh Omar Diallo
20 CANDIDATS ENTRE FORCES ET POINTS D’AMÉLIORATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Entre candidats menacés de vote-sanction, anciens alliés du président désormais opposants et outsiders, tous espèrent rassembler une base électorale suffisante. Étude technique des profils en lice
Incontestablement, le dernier communiqué de la présidence de la République en date du 16 février 2024 vient confirmer l’intention du président Macky Sall d’organiser le scrutin dans les plus brefs délais [DLPBD]. Très probablement autour de la mi-mars, environ sept millions d’électeurs seront convoqués aux urnes. Conformément à l’article 33 de la Constitution, le scrutin devra tomber sur « un dimanche ». C’est dans ce contexte que Dr Cheikh Omar Diallo, Docteur en Sciences Juridiques et Politiques a publié une étude technique des 20 candidats en lice. Cela vaut le détour.
1. Amadou Ba : L’homme que son propre camp veut abattre
Amadou Ba est un animal blessé. Il faut donc s’en méfier malgré la défiance et la méfiance en son endroit. Porté par une grande mais faible coalition politique, le dernier chef de gouvernement de Macky Sall se trouve dans une position complexe et délicate. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, un Premier ministre n’a été aussi affaibli par son propre camp ; défié par ses ministres ; humilié par les députés de la majorité et sous-estimé par son mentor. L’aventure ambigüe de Macky Sall et des caciques du parti présidentiel (APR) le hissera très difficilement au sommet. Mieux, le risque de vote-sanction est fort élevé dans ses propres rangs.
Pour se révéler définitivement aux Sénégalais, Amadou Ba doit s’émanciper de la tutelle de Macky Sall.
Malgré le bilan matériel avantageux par endroits et les progrès économiques, le Sénégal est toujours en proie à des inégalités tenaces, une pauvreté criarde et des problèmes sociaux brûlants tels que la cherté de la vie, le chômage galopant et l’émigration clandestine. Se positionnant comme le principal acteur du changement dans la continuité, il doit convaincre les couches populaires défavorisées qu’il est à même d’apporter de profondes corrections et d’importants ajustements. Tout un programme !
Équation électorale
L’adoubement timide de Macky Sall et les accusations de corruption de deux membres du conseil constitutionnel constituent un chemin de croix pour lui. Alors comment faire la balance entre l’élargissement de l’électorat et la menace de vote-sanction ? Telle est la problématique de Ba.
Stratégie politique
Elle consiste à s’affranchir de la tutelle Macky Sall pour mieux affirmer sa propre identité politique. Ce qui passe par des propositions concrètes sur des préoccupations nationales telles que la cherté de la vie, le chômage endémique, l’emploi des jeunes et l’émigration clandestine.
Angle de communication
En se libérant des discours classiques et en dé-standardisant son écriture politico-médiatique, Amadou Ba peut espérer conquérir de nouveaux bastions et atténuer le risque de vote-sanction. Son défi communicationnel tient en une phrase : savoir ce que les électeurs veulent entendre et comment ils aimeraient qu’on le dise.
2. Bassirou président, Sonko Premier ministre
À défaut d’être candidat, le champion de l’opposition Ousmane Sonko a servi une masterclass en faisant valider trois candidatures : Bassirou Diomaye Faye le favori, Habib Sy et Cheikh Tidiane Dieye. Un avantage et plusieurs inconvénients. C’est vrai, ils sont perçus comme des hommes intègres et des patriotes. Mieux, leur ligne politique ne souffre d’aucune ambigüité ; elle est axée sur le souverainisme, l'indépendance et la préférence nationale.
Au surplus, le soutien sans équivoque d’Ousmane Sonko à son lieutenant Bassirou Diomaye Faye entrainera la mobilisation des centaines de milliers d’électeurs, constituant ainsi un bassin électoral. Mais, il serait judicieux que les autres candidats fassent profil bas pour éviter l’émiettement des voix. Dans cette élection, une seule voix peut faire la différence.
Équation électorale
Elle repose sur la nécessité pour le prisonnier politique Sonko de rassembler les voix des électeurs partageant les mêmes préoccupations autour de son candidat en détention Bassirou Diomaye Faye. Alors comment faire pour éviter l'émiettement des voix ? Telle est l’équation majeure du masterchef de l’opposition.
Stratégie politique
Les candidats pro-Sonko devraient surligner leur maîtrise des préoccupations de la jeunesse en proposant des solutions innovantes afin de mobiliser une masse critique d'électeurs.
La décision tactique de certains candidats de faire profil bas au profit du candidat officiel sera déterminante. Encore faudrait-il dès le premier tour une union sacrée.
Angle de communication :
L’axe principal sera la libération de Sonko grâce à un bulletin de vote. Ensuite, il faudra gagner la bataille des thèmes cruciaux que sont l'emploi des jeunes, la lutte contre la corruption et le combat pour l’égalité des chances.
Si Bassirou Diomaye Faye est vainqueur, Ousmane Sonko sera le premier ministre le plus puissant d’Afrique et donc le véritable chef de l’Exécutif pendant 5 ans.
3. Idrissa Seck : Dos au mur, face à son destin
Idrissa Seck se distingue par une expérience inégalée des arcanes des campagnes électorales, faisant de lui le seul candidat à détenir un tel record. Malgré les récents défis pour surmonter les obstacles du parrainage, sa détermination et son engagement sont intacts.
Leader charismatique et orateur hors pair, il conserve une éloquence torrentielle. En dépit des controverses sur ses choix politiques déroutants, l'ancien Premier ministre reste un acteur incontournable de la scène politique et porte malheur à ceux qui le négligent. En cas de non-élection, il pourrait être un faiseur de roi au second tour.
Équation électorale
Elle repose sur l'équilibre entre son expérience politique, ses choix controversés et la nécessité de délivrer un discours qui transcende les ambigüités de son passé. Ses tergiversations et ses alliances surprenantes ont pu limiter sa capacité à mobiliser les électeurs lors des précédentes campagnes.
Stratégie politique
Il doit trouver la bonne connexion avec l’électorat jeune. La clé de succès réside dans sa capacité à conjuguer son parcours politique complexe avec une communication inspirante et accessible.
Angle de communication
La construction d'un discours politique accessible qui touche les cœurs et frappe les esprits. En un mot, il devra parler peuple au… peuple.
4. Khalifa Sall : Un faiseur de roi
Dans une campagne électorale aussi incertaine qu'inédite, Khalifa Ababacar Sall se distingue par une riche expérience politique, ayant occupé divers postes au sein de l'exécutif local et national. Ancien maire de Dakar, il a acquis une expertise significative dans la gestion municipale bénéficiant ainsi d'une popularité urbaine. En outre, il a démontré une attention particulière sur des questions sociales et celles du bien-être des citoyens.
Équation électorale
Malgré son crédit indéniable en matière d'expérience locale, il n'a pas encore prouvé son envergure nationale, suscitant des interrogations sur sa véritable capacité électorale.
Sa participation au dialogue politique a pu laisser croire qu’il est en intelligence avec « le système », car ce raout a clairement facilité sa candidature. Ce compromis a fini de l'éloigner de la frange la plus radicale de l'opposition.
Stratégie politique
La stratégie de l’ancien maire de Dakar coordonnée par son directeur de campagne, l’actuel maire de Dakar Barthélémy Dias sera exclusivement axée sur le marketing politique et territorial à travers une plateforme inclusive. Un immense défi… A défaut, il sera le grand faiseur de roi.
Angle de communication
Communiquer de manière transparente sur les bénéfices concrets de sa participation au dialogue politique pour la population. Cela pourrait dans une moindre mesure contribuer à dissiper les suspicions et à établir sa légitimité en tant que candidat capable de transcender les divisions politiques pour le bien du pays.
5. Mahammed Boun Abdallah Dionne : Tout pour être président mais…
Il y a quelques heures, il comptait appeler les 19 autres candidats à boycotter la présidentielle de mars. Il est peu probable qu’il soit entendu. Cela voudrait dire qu’il n’est pas prêt. Or, sa remarquable expérience en tant que chef de gouvernement combinée à sa compréhension approfondie des arcanes de l’Etat, se révèle être un atout crucial pour la gestion du pays. En tant que candidat tourné vers le redressement il doit exposer une vision distincte du Plan Sénégal émergence pour mieux se démarquer de ses concurrents.
Cependant, l'absence d’une base politique clairement définie représente un défi majeur pour Mahammed Dionne en matière de mobilisation électorale. Son revirement par rapport au choix du candidat de Macky Sall, en l'occurrence Amadou Ba, suscite encore des interrogations.
Équation électorale
Les chances de Dionne et de ses principaux soutiens reposent sur l'équilibre entre sa capacité à construire un électorat massif et les défis liés à l'absence de fiefs politiques. Il a tout pour être président mais se trouve sans lieutenants forts capables d’apporter des voix.
Stratégie électorale
Il doit capitaliser son expérience politique sans être catalogué comme un candidat révolté par le choix du chef. Son challenge sera de rendre le second tour irréversible.
Angle de communication L'enjeu réside dans sa capacité à communiquer une vision latérale de l’émergence version Macky-Ba pour capter l'attention des électeurs insatisfaits. Pour cela, il doit projeter une image de leader engagé et déterminé pour un changement profond et profitable à tous.
Vent debout contre Amadou Ba, les autres dissidents [qui se veulent légitimistes] sont l’ancien ministre de l’Intérieur et actuel maire de Linguère Aly Ngouille Ndiaye, bon connaisseur de la géographie électorale du pays. Il faudra également compter avec le maire de Kolda l’inspecteur des Impôts et Domaines El Hadji Mamadou Diao. Ces deux-là se trouvent textuellement dans la même configuration politique que Mahammed Boun Abdallah Dionne. Au premier tour, ils cultiveront dans le même champ électoral qu’Amadou Ba. Et, logiquement, la grande partie de leur électorat pourrait retourner à la rivière « APR-BBY », en cas de second tour.
6. Boubacar Camara : Le technico-politique
Réformateur respecté, Boubacar Camara bénéficie d'un avantage indéniable, illustrant des compétences professionnelles et techniques pointues et une compréhension approfondie des enjeux économiques et administratifs. En outre, sa capacité à compter facilement les parrainages nécessaires pour valider sa candidature fait de lui un candidat digne d’intérêt.
Équation électorale
Fort de son profil d’homme d’idées, le techno-politique Boubacar Camara devra se servir de cet atout pour gagner la confiance des électeurs. La mobilisation autour de lui indique un soutien initial, mais une équation demeure : comment transformer cette base affective en un électorat massif et diversifié ?
Stratégie de campagne
Sa feuille de route complète englobant des domaines cruciaux tels que l'éducation, la santé, l’économie et la gestion des ressources naturelles, constitue une porte d’entrée pour une campagne axée sur des problématiques-clés. La stratégie devrait se concentrer sur une communication audacieuse de son projet de société, démontrant ainsi sa crédibilité en tant que machine à solutions.
Angle de communication
À coup sûr, il mettra en exergue sa force de propositions. En outre, sa communication devra adresser de manière proactive la question des ressources financières limitées du candidat qu’il est…
7. Déthie Fall : L'outsider
Déthié Fall se présente comme le médiateur incontournable (middle-man) au sein de l'opposition, tirant sa force de sa capacité à construire des alliances. Sa présence prépondérante au sein de YAW et son rôle central dans l'alliance avec la coalition Wallu Sénégal mettent clairement en lumière son expertise dans la création d'alliances stratégiques. Par conséquent, il est perçu comme un stratège ancré dans l'opposition. Sa proximité avec Ousmane Sonko, son intelligence politique et la bonne image auprès de la jeunesse ajoutent à son capital-sympathie. Il pourrait être la révélation de cette campagne électorale.
Équation électorale
En tant que middle-man de l'opposition, il capitalisera sa capacité à construire des alliances. Mais, la multitude de candidatures au sein de l'opposition crée une forte concurrence qui nécessite des stratégies pour se démarquer et capter le plus grand nombre d’électeurs. L’équation n'est pas simple : comment puiser dans l'électorat du chef de file de l'opposition alors que Sonko a déjà lancé ses propres lieutenants dans la course ?
Stratégie de campagne
La lutte contre la cherté de la vie, le chômage endémique, l'émigration clandestine, la mal-gouvernance et l'équitable répartition des richesses pétrolières et gazières seront les axes prioritaires. En fond de scène, sa stratégie sera basée sur la libération d'Ousmane Sonko.
Angle de communication
Il insistera sur ses qualités de leader moderne, crédible et compétent, prêt à unir l'opposition pour relever les nombreux défis du Sénégal. En outre, il exploitera sa proximité intellectuelle, politique et affective avec Ousmane Sonko.
8. Les non-alignés
Les non-alignés que sont Mamadou Lamine Diallo (il a obtenu 0,4% en 2007), Aliou Mamadou Dia (son parti est constamment crédité de 3 à 4%) ; le député Pape Djibril Fall, auteur d’un sans-faute électoral ; l’industrielle Anta Babacar Ngom, le serial-entrepreneur Serigne Mboup, ainsi que le professeur de médecine Daouda Ndiaye et la très grosse épine de Rose Wardini ne figurent pas parmi les poids lourds de ce scrutin. Mais sous-estimer leur apport serait une erreur stratégique. Leur rôle ne sera pas négligeable en cas de deuxième tour ; les gouttes de pluie, à la longue, remplissent le réservoir.
Équation électorale
Les non-alignés tenteront de mener une bonne campagne tout en conservant une neutralité apparente. Ils se positionneront à équidistance entre les multiples candidats du système et ceux de l'anti-système. L’équation consiste à trouver un juste milieu sans s’aliéner dès le départ.
Stratégie de campagne
Conscients que le second tour sera décisif pour leur survie politique, ils entendent négocier des alliances stratégiques pour obtenir des avantages en échange de leur soutien. C’est pourquoi, ils éviteront de prendre des positions tranchées qui limiteront leur capacité à négocier. Et, tout au long de la campagne, ils identifieront des points de convergence avec les deux candidats susceptibles de se qualifier.
Angle de communication
Dans la première moitié de la campagne, ils insisteront sur leur volonté de travailler pour l'intérêt général et le refus de s'engager dans des luttes partisanes. Dans la seconde, ils prépareront le deuxième tour en soulignant que leur priorité est le Sénégal d’abord.
LE DIALOGUE POUR DOMPTER LA DISSIDENCE
Le dialogue politique au Sénégal apparaît comme l'outil par excellence du pouvoir pour réduire la pression populaire et recréer du consensus factice entre élites prédatrices. Youssou Mbargane Guissé décrypte les faux-semblants de cet exercice - ENTRETIEN
Depuis Senghor, le dialogue politique au Sénégal apparaît comme l'outil par excellence du pouvoir pour réduire la pression populaire et recréer du consensus factice entre élites prédatrices. Le sociologue et philosophe Youssou Mbargane Guissé invite, dans cet entretien, à déconstruire les faux-semblants d'un tel exercice, dont l'objectif serait avant tout de sauver un régime vacillant.
La question d’un nouveau dialogue politique est agitée depuis quelques jours et polarise fortement le débat politique. Qu’est-ce qui se cache derrière cette particularité sénégalaise à initier régulièrement des dialogues politiques ?
Youssou Mbargane Guissé : le « dialogue » est un terme galvaudé de la littérature politique, au Sénégal, forgé, par Senghor. Très subtilement, le terme justifie sa pertinence dans les traditions africaines de pacification des relations entre communautés grâce à l'échange par la parole douce et respectueuse. Le dialogue senghorien trouve également sa pertinence dans la tradition philosophique grecque où il est le moyen d'accéder à la raison, fondement philosophique de la vérité et noyau de l'accord entre les hommes. C'est sur de tels soubassements que Senghor a réussi à créer l'adhésion des acteurs politiques, en opposition, autour d'une idéologie de consensus politique. Ainsi, la politique du dialogue est dès l'origine un instrument efficace, pour le pouvoir, de résorption des tensions politiques, de conciliation et de compromission autour du maintien du néocolonialisme. Toute l'histoire politique du Sénégal illustre bien cela. Le dialogue a donc souvent été l’instrument principal par lequel les leaders politiques, en conflit, ont estimé devoir se réunir autour de l'essentiel. Toutefois, à y regarder de près, cet essentiel n'est autre que le partage des prébendes entre les différents segments des élites du pays, constituant une bourgeoisie compradore, vorace, et aujourd'hui en soutien d’une politique mafieuse et criminelle.
Le dialogue agité en ce moment s’inscrit-il dans la continuité des mécanismes de réintégration des élites fascinées par le pouvoir ?
Il ne paraît pas exagéré de considérer que l'objectif politique du dialogue souhaité par l’establishment, au moment même où les conditions critiques de défaite du pouvoir actuel se raffermissent, semble être de desserrer la pression populaire sur l'État et de permettre au pouvoir de retrouver son souffle. Le dialogue pourrait donc être envisagé comme un moyen de sauver le régime et de consacrer la défaite de la Révolution populaire et citoyenne.
Cette fois, un homme d’affaire ainsi qu’un membre influent de la société civile sont à la manœuvre. Les religieux ne semblent donc plus être les principaux régulateurs du dialogue politique. Un exemple emblématique : alors qu’en 2007 la confrérie tidiane de Tivaouane jouait un rôle éminent dans les discussions entre Wade et Seck, par l’entremise de feu Serigne Abdoul Aziz Sy Junior, en 2024, le khalif s’est prononcé sur la situation politique et le dialogue à travers un communiqué. De quoi le déclassement des marabouts est-il significatif ?
Oui, force est de constater que le profil des régulateurs a évolué au cours de l'évolution politique du pays. De Senghor jusqu'à Abdoulaye Wade, le système néocolonial a reposé, selon Mamadou Diouf, sur le modèle islamo-wolof. À la structure économique fondée sur l'économie monétaire arachidière dans le centre du pays, correspondait un modèle socio-culturel d'alliance sacro-sainte entre le pouvoir politique et celui des marabouts. Cette combinaison entre la structure externe de dépendance et le modèle interne constituait la base de fonctionnement et de reproduction du néocolonialisme sénégalais. De nombreux acteurs intermédiaires dont des marabouts mais aussi des griots et d'autres personnalités influentes constituaient des courtiers et passeurs qui animaient les relations entre le pouvoir - dont le cercle présidentiel - et les membres de l'opposition. Ces médiateurs tiraient leur légitimité d'agir de la culture commune du nationalisme wolof. La Charte mythique qui unifiait idéologiquement l'ensemble du corps social était constituée par les trois maillons que sont Njajaan Njay, Kocc Barma Fall et Cheikh Ahmadou Bamba. Cependant, c'est ce système de cohésion politico-sociale qui donnait des racines plus solides au néocolonialisme senghorien, que Macky Sall a voulu détruire et remplacer.
Qu’entendez-vous par là au juste ? Je veux dire, en quoi et pourquoi Macky Sall a détruit ce système ?
En réalité, le profil de Macky Sall était façonné bien avant qu'il ne prenne le pouvoir par les intérêts français traditionnels mais surtout par les nouveaux intérêts de la mafia financière internationale et par divers lobbies. Quelques-unes parmi ces forces ont toujours été là certes mais le phénomène du lobbying et de la mafia a pris de l’ampleur en relation avec la montée du libéralisme capitaliste et hégémoniste International. Autrement dit, Macky Sall est le produit d'une autre réalité économique dont il dépend et dont il avait l’obligation de mieux assoir la cohérence et la puissance. En définitive, les sources et ressources de cette modification du système politique traditionnel hérité, résident désormais dans l'insertion du Sénégal dans une nouvelle configuration économique marquée par la domination d'un nouveau monde d'acteurs privés financiers, par de puissants réseaux mafieux.
Vous avez beaucoup parlé jusqu’ici de Macky Sall mais parlons à présent de Ousmane Sonko qui a jusqu’ici refusé le dialogue et a bâti sa montée en puissance politique sur la base de la radicalité de ses positionnements ? Gagnerait-il à dialoguer ?
Mahatma Ghandi, leader mondial du changement pacifique, a donné aux révolutionnaires du monde entier la leçon capitale suivante : NE JAMAIS CEDER ! Céder sur l'objectif final, est la plus grande erreur d'un mouvement révolutionnaire. Le renversement d'un système oppressif et prédateur exige pour la Direction politique, d’une part, de garder l'intransigeance sur les principes tactiques et stratégiques de la lutte. Et d’autre part, de galvaniser les militants et le peuple par des mots d'ordre de combat résolu et d'esprit de sacrifice.
En somme de garder l'initiative sur tous les domaines de la lutte, notamment celui stratégique de la Communication à tout instant du processus. Je serais donc surpris de voir Ousmane Sonko donner son onction à un dialogue qui devrait déboucher sur une loi d’amnistie et un report de la présidentielle au 15 décembre quand bien même le change serait un apaisement de la situation politique grâce à la libération des prisonniers détenus arbitrairement.
PAR Abdoulaye Ndiaye
À LA CROISÉE DES CHEMINS POLITIQUES : UNE PERSPECTIVE ÉCONOMIQUE
L'incertitude politique mine l'environnement des affaires, conduisant à des investissements retardés, à des marchés perturbés et à une approche prudente de la part des partenaires internationaux
Face aux récents événements politiques au Sénégal, l'essence même de la démocratie et du droit est mise à l'épreuve. L'abrogation du décret présidentiel annulant les élections, suivie de la décision du parlement de reporter les élections au 15 décembre, a plongé la nation dans un état d'incertitude politique. Si cette incertitude est laissée sans réponse immédiate, elle menace non seulement le tissu démocratique du Sénégal mais aussi sa stabilité économique et sa croissance future.
À ce moment critique, il est impératif que le président Macky Sall se conforme à la décision du Conseil constitutionnel, qui a agi pour annuler les tentatives du président et de son parlement majoritaire de retarder les élections. Cette adhésion n'est pas simplement une question de conformité légale mais un pas vers la restauration de la foi dans les institutions démocratiques du Sénégal et son engagement envers l'État de droit. La décision du Conseil constitutionnel, soutenue par nos partenaires de développement — incluant la CEDEAO, les États-Unis et l'Union Européenne — reflète un consensus sur l'importance de maintenir les normes et processus démocratiques.
D'un point de vue économique, le coût de l'incertitude politique ne peut être sous-estimé. Les tendances récentes des prix des Eurobonds sénégalais témoignent de l'anxiété qui saisit les investisseurs. Ces obligations, autrefois symbole de la confiance des investisseurs dans l'économie du Sénégal, sont en chute, signalant une perte de foi dans la stabilité politique et la gestion économique du pays. Si cette tendance n'est pas inversée, elle pourrait conduire à un déclin de l'investissement étranger, une pierre angulaire sur laquelle reposent les perspectives de croissance économique du Sénégal.
En outre, l'incertitude politique mine l'environnement des affaires, conduisant à des investissements retardés, à des marchés perturbés et à une approche prudente de la part des partenaires internationaux. Le coût économique de cette crise — allant d'une augmentation potentielle des coûts d'emprunt à un ralentissement des activités économiques — peut annuler des années de progrès et de développement.
Il est donc crucial que le président Macky Sall se conforme à la décision du conseil constitutionnel. Ce geste n'est pas seulement question de corriger une erreur politique mais est une étape pivot vers la réaffirmation de l'engagement du Sénégal envers les principes démocratiques et la stabilité économique.
Abdoulaye Ndiaye est Enseignant-Chercheur à l'Université de New York et Chercheur au Centre for Economic Policy Research.
RUSSIE, MORT DE L’OPPOSANT ALEXEÏ NAVALNY
L’opposant de Vladimir Poutine purgeait une peine de dix-neuf ans de prison pour extrémisme. Il avait été transféré en décembre vers une colonie pénitentiaire du Grand Nord russe.
Charismatique militant anticorruption et ennemi numéro un de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, 47 ans, est mort, a annoncé l’administration pénitentiaire russe, vendredi 16 février. Il purgeait une peine de dix-neuf ans de prison pour extrémisme. Il avait été arrêté en janvier 2021 à son retour en Russie après une convalescence en Allemagne pour un empoisonnement qu’il imputait au Kremlin.
« Le 16 février 2024, dans le centre pénitentiaire numéro 3, le prisonnier A. A. Navalny s’est senti mal après une promenade et a presque immédiatement perdu connaissance. Le personnel médical de l’établissement est arrivé immédiatement et une équipe de secours d’urgence a été appelée. Toutes les mesures de réanimation nécessaires ont été prises, sans résultats. Les urgentistes ont constaté le décès du condamné, les causes de la mort sont en train d’être établies », a déclaré, dans un communiqué, le service fédéral de l’exécution des peines (FSIN) du district autonome Iamalo-Nenets, dans le Grand Nord russe. Vladimir Poutine, le président de la Fédération de Russie, en a été informé, selon son porte-parole, Dmitri Peskov.
Le militant âgé de 47 ans avait disparu, au début de décembre, de la colonie pénitentiaire de l’oblast de Vladimir, à 250 kilomètres à l’est de Moscou, où il était jusqu’alors détenu. Ses proches étaient restés sans nouvelles de lui pendant plusieurs jours, avant que l’administration révèle son transfert vers une colonie pénitentiaire reculée de l’extrême-nord de la Russie. Il purgerait sa peine dans des conditions très difficiles.
Les dernières nouvelles de lui avaient été données par les membres de son équipe en exil, au cours de la semaine écoulée. Alexeï Navalny était sorti du mitard le 11 février, où il avait été envoyé pour la vingt-sixième fois de sa détention, et renvoyé à l’isolement trois jours plus tard, le 14 février, sans que les raisons de cette nouvelle punition soient données. Avec Le Monde
LA CEDEAO APPELLE AU RESPECT DE LA DÉCISION DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a exhorté jeudi les parties prenantes à la crise politique au Sénégal à respecter la décision du Conseil constitutionnel d’annuler le report de l’élection présidentielle.
Dakar, 16 fev (APS) – La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a exhorté jeudi les parties prenantes à la crise politique au Sénégal à respecter la décision du Conseil constitutionnel d’annuler le report de l’élection présidentielle.
”La commission de la Cedeao exhorte toutes les parties prenantes à respecter la décision prise par le Conseil constitutionnel du Sénégal relative au report de l’élection présidentielle”, indique l’organisation communautaire dans un communiqué rendu public jeudi.
La veille au soir, le Conseil constitutionnel du Sénégal, a notamment jugé ”contraire à la Constitution” la loi reportant au 15 décembre prochain l’élection présidentielle sénégalaise.
Il a annulé en même temps le décret avec lequel Macky Sall a renoncé à la convocation des électeurs aux urnes pour l’élection d’un nouveau président de la République, le 25 février.
”La Commission de la Cedeao prend acte de la décision prise par le Conseil constitutionnel du Sénégal le 15 février 2024 relative au report de l’élection présidentielle au Sénégal et demande aux autorités compétentes de fixer la date pour la tenue de l’élection présidentielle conformément à cette décision’’, a-t-on appris par la même source.
Déclarant suivre l’évolution de la situation, le Cedeao invite toutes les parties prenantes au respect de l’Etat de droit afin de garantir la tenue d’une élection libre, inclusive et transparente.
Le Sénégal fait face à une crise politique depuis que Macky Sall a annoncé avoir annulé le décret appelant les Sénégalais à élire son successeur.
En prenant cette décision, le 3 février, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l’examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d’entre eux.
S’adressant à la nation, le chef de l’État a appelé à “un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive dans un Sénégal apaisé”.
L’Assemblée nationale a voté, deux jours plus tard, une proposition parlementaire reportant le scrutin présidentiel au 15 décembre prochain.
Lors du vote, des députés protestant contre cette proposition et le report du scrutin ont été expulsés de l’hémicycle par la Gendarmerie nationale.
Au moins trois personnes ont perdu la vie à Dakar et Ziguinchor en marge de heurts entre les forces de l’ordre et des manifestants opposés au report de l’élection présidentielle.
Jeudi, un grand nombre d’activistes et de militants en détention depuis des mois pour plusieurs chefs d’accusation ont bénéficié d’une liberté provisoire.