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6 avril 2025
International
par Mourtala Mboup
ÉLÉMENTS D’ANALYSE POUR L’ÉLABORATION D’UN CURRICULUM INTÉGRÉ DE FORMATION ÉN EVALUATION DU DÉVELOPPEMENT
un phénomène aussi complexe que le développement exige des conceptions et usages autocentrés, nourris par des connaissances scientifiques approfondies des contexte
En Afrique, il existe aujourd’hui une réelle demande de formation en Évaluation du Développement. Mais l’analyse du système d’acteurs révèle une trop forte dépendance du continent de l’Aide au Développement malgré l’immense travail de l’IDEV. Dépendance telle qu’au gré des changements de cadres normatifs chez les donateurs, les pratiques évaluatives africaines ont été régulièrement affectées. Or, un phénomène aussi complexe que le développement exige des conceptions et usages autocentrés, nourris par des connaissances scientifiques approfondies des contextes. Le présent article apporte des éléments d’analyse ainsi qu’une démarche de nature à favoriser l’émergence de curricula pertinents et cohérents dans la perspective des ODD.
L’Evaluation des Politiques Publiques est, aujourd’hui, dans une phase de mondialisation marquée notamment par l’émergence de sociétés nationales d’évaluation et la multiplication de cabinets privés spécialisés. Cet essor planétaire semble inéluctable, qui s’appuie sur une véritable mouvance internationale vers sa professionnalisation et son institutionnalisation. Dans cette optique, certains pays ont déjà inscrit l’évaluation des politiques dans leur loi fondamentale, lui conférant ainsi un caractère constitutionnel.
L’Afrique, loin d’être en reste, connait une véritable effervescence grâce à un système d’acteurs dans lequel interagissent des femmes et des hommes dévoués à la cause de l’évaluation.
Rien que dans une courte période de 3 mois (entre novembre 2016 et février 2017), l’auteur de ses lignes a participé, en qualité d’expert, à trois grandes réunions internationales tenues sur le continent :
la Semaine de l’Évaluation de la Banque Africaine de Développement (IDEV-BAD) à Abidjan, Côte d’Ivoire (du 7 au 11 novembre 2016) ;
le 2ème Forum International du Réseau Francophone de l’Évaluation (RFE) à Marrakech, Maroc, (du 13 au 16 décembre 2016) et
la 8ème Conférence de l’Association Africaine de l’Évaluation (AFREA), à Kampala, Ouganda (du 27 au 31 mars 2017).
Le présent article est justement le fruit d’une réflexion, au terme d’une période de pérégrinations, d’enquêtes et d’échanges, sur les besoins et les enjeux pour l’Afrique en matière d’évaluation dans la perspective de l’agenda 2030 des ODD.
Concrètement, il s’agit dans cet article, d’identifier les besoins et aspirations des acteurs africains, d’analyser les enjeux sous-jacents et de suggérer des réponses de nature à favoriser un alignement des évaluations en Afrique sur les principes d’équité, de pertinence et de durabilité conformément aux ODD.
L’EVALUATION EN AFRIQUE : LES ACTEURS ET LEURS BESOINS
Le système d’acteurs
Parti du Nord vers le Sud, l’essor de l’évaluation a connu une envergure mondiale à partir des années 2000.
En effet, jusqu’au milieu des années 90, seuls les pays du Nord avaient vu naître des sociétés d’évaluateurs dont le nombre était encore faible. Parmi les sociétés nationales d’évaluation, la canadienne fut la première créée en 1981, suivie de l’américaine en 1986. La même année, le CAD-OCDE[1], qui jouera par la suite un rôle prépondérant dans la promotion internationale des initiatives, mit en place un premier réseau d’évaluateurs : le DAC Working Group on Evaluation. Par la suite, des sociétés d’évaluation nationales et régionales apparurent au Sud grâce à de nombreuses initiatives internationales similaires. Aujourd’hui, on dénombre de très nombreuses associations nationales en Afrique (Laporte C., 2015)
Il faut signaler que si, au début, la Banque mondiale, le PNUD, l’UNICEF et le CAD-OCDE ont été les précurseurs et les acteurs majeurs parmi les organismes multilatéraux, par la suite, un immense acteur continental va apparaitre qui va jouer un rôle prépondérant. Il s’agit de La Banque Africaine de Développement (BAD), laquelle, par le biais de son organe spécialisé en évaluation du Développement (IDEV : Independent Development Evaluation), contribue considérablement à la diffusion de la culture de l’évaluation dans le continent.
Les acteurs et leurs besoins
Les débats au sein de ce système font largement ressortir l’existence d’une forte demande de formation en évaluation de la part des acteurs du continent. Parmi ces derniers se distingue la catégorie « les Évaluateurs Émergents (Ee)» dont le nom en dit long sur les attentes et aspirations en matière de formation qualifiante. Essentiellement composée de jeunes universitaires, les ressortissants de cette catégorie expriment fortement le désir d’accroitre leurs compétences par l’acquisition d’un diplôme professionnel. Mais ces débats mettent aussi l’accent sur la nécessité de prendre en compte, dans les pratiques évaluatives, les spécificités du continent liées à la culture et à la nature des besoins et des obstacles propres à l’Afrique. Au sein du mouvement associatif africain en faveur de l’évaluation, on parle même de la nécessité de faire émerger une évaluation « made in Africa. »
Cependant, il apparait clairement à tout observateur que cette demande de formation s’adresse quasi exclusivement aux partenaires techniques et financiers (PTF) de la coopération au développement.
C’est que, de leurs PTF, dépendent quasi exclusivement les acteurs africains ; aussi bien sur le plan des connaissances techniques et professionnelles que sur celui des financements. De fait, si les associations nationales d’évaluation fonctionnent tant bien que mal, elles le doivent aux subventions, bourses, ateliers de formation, forums et conférences financés par leurs PTF.
L’ÉVALUATION EN AFRIQUE : LES ENJEUX SOUS -JACENTS
Une dépendance aux racines profondes
En s’intéressant de plus près à cette dépendance en matière d’acquisition des compétences, on découvre alors toute son ampleur, mais aussi et surtout son caractère ombilical et systémique comme en témoigne ce long passage.
« Nos recherches ont montré qu’il n’y avait pas réellement de demande de renforcement des capacités en évaluation dans les pays du Sud. Cette demande provenait clairement des organismes d’aide au développement qui voyaient en l’évaluation une réforme positive pour les pays du Sud. Les pays bénéficiaires de l’aide ont alors été fortement incités à reproduire cette demande et à introduire l’évaluation comme objet de réforme politique dans leurs plans nationaux de développement. Cette incitation passait notamment par le conditionnement de l’aide à des engagements des États à mettre en place des systèmes évaluatifs. Le développement de capacités en évaluation faisait partie du « package » de réformes institutionnelles que les donateurs proposaient aux pays bénéficiaires pour atteindre ce qu’ils considéraient comme étant un niveau minimal de bonne gouvernance permettant d’assurer l’efficacité des programmes d’aide. » (Laporte, C., 2015, p.243-244)
C’est dire qu’en Afrique, l’évaluation des Politiques Publiques a émergé dans le cadre des programmes de l’Aide Publique au Développement (ADP) sous la tutelle intellectuelle et financière des donateurs du Nord par le biais des organismes bilatéraux et multilatéraux de la coopération au développement.
Or, on sait que l’histoire de l’APD en faveur de l’Afrique est marquée par une succession d’échecs, d’insatisfactions et de multiples réorientations opérées par les donateurs. On sait également que parmi les causes d’échec imputées au Nord figure la non-pertinence des théories de développement sous-jacentes à l’APD. Enfin, il est aussi connu que si certains changements d’orientation de l’APD ont été dictés par l’inefficacité avérée des programmes, - laquelle engage de manière incontestable aussi bien la responsabilité des élites politiques africaines que celle de l’expertise dominante du Nord, - d’autres, intervenus de manière unilatérale, l’ont été par des changements de référentiels aux motivations politiques, conjoncturelles ou autres, propres aux pays donateurs.
Aussi, ces faits à l’esprit, l’observateur témoin de cette effervescence en cours dans les milieux africains de l’évaluation ne peut s’empêcher, à prime abord, de redouter le développement dans les pays du Sud de curricula de formation en Evaluation qui, parce qu’ils n’auront pas été conçus de manière autocentrée ou qu’ils sont trop sensibles au moindre changement de référentiels advenu au Nord, reproduisent les mêmes schémas d’échec qui ont marqué la Coopération au Développement. Ce fut notre cas et celui de nombreux acteurs que nous avons rencontrés, qui s’interrogent sur les enjeux de cohérence mais aussi de pouvoir et de domination qui accompagnent le renforcement des capacités en évaluation par le transfert de compétences du Nord vers le Sud.
Il nous a paru alors particulièrement utile de procéder à l’approfondissement de l’analyse sur le plan historique par une recherche bibliographique ciblée sur une rétrospective des liens entre l’APD et les pratiques évaluatives.
Un arrière-plan historique révélateur des enjeux
Nous avons alors découvert que des analystes politologues et critiques du « développement » qui se sont penchés sur le rapport entre l’APD et l’évaluation ont bien établi que cette inféodation apparente est historiquement avérée depuis bien longtemps.
De fait, leurs travaux ont bien montré que les approches et pratiques évaluatives dans le secteur de la coopération ont évolué de façon cyclique en fonction des changements dans les politiques d’aide au développement.
Selon Laporte (Op.cit.), les pratiques et usages de l’évaluation ont oscillé entre les deux principales fonctions qui lui ont été alternativement attribuées par les cadres normatifs en vigueur dans chaque époque : la redevabilité et l’apprentissage. Lesquelles ont respectivement privilégié des méthodologies quantitatives dites scientifiques et celles qualitatives dites participatives selon un cycle dont voici un aperçu.
1960 -1970. L’évaluation est conçue à des fins d’apprentissage pour tirer les leçons du passé.
Années 80. Après le tournant néolibéral, préoccupé d’évaluer l’efficience et l’efficacité des politiques d’aide dans le but de vérifier que les PVD appliquent bien les recommandations du consensus de Washington, on a privilégié les approches quantitatives.
Au milieu des années 90. Suite au constat d’échec de l’APD, les années 80 sont qualifiées de « décennie perdue de l’APD ». Des approches sociales ciblant la lutte contre la pauvreté, le renforcement des systèmes éducatifs et de santé, la promotion de la bonne gouvernance sont mises en place avec des démarches qualitatives et participatives. C’est alors que débarqua le NPM (New Public Management) qui redonne à l’évaluation une fonction de redevabilité privilégiant l’évaluation de l’efficacité organisationnelle et les résultats des administrations publiques par une approche gestionnaire.
Fin des années 2000. Cette approche gestionnaire de l’APD est remise en cause par les bénéficiaires et les ONG internationales qui réclament plus de partenariat et plus de redevabilité mutuelle. Les donateurs vont céder devant cette pression. Les conceptions qualitatives et participatives sont alors remises au gout du jour pour rendre plus égales et plus collaboratives les relations entre acteurs.
Ainsi, selon les besoins des donateurs et les contraintes organisationnelles et contextuelles, les évaluateurs des programmes et politiques d’aide ont alternativement favorisé différentes approches, démarches et méthodologies
Dès lors, la question fondamentale est la suivante :
Comment affranchir l’évaluation des aléas de la Coopération au Développement. Pour en faire une « évaluation » qui rendrait ses praticiens capables d’approcher les réalités sociopolitiques du continent de façon plus autonome.
Dans cette perspective, la forte demande de formation qu’expriment les africains renvoie à celle d’un curriculum pertinent pour une formation à l’évaluation des Politiques Publiques en contexte africain.
DE LA NÉCESSITÉ D’UNE APPROCHE HOLISTIQUE EN MATIÈRE DE FORMATION.
Pour une réactualisation intelligente des critiques du Développement
Les nombreuses critiques du « développement », dont certaines sont d’un scepticisme profond (Rist G., 2013) ; d’autres d’une radicalité inouïe (Amin S., 1997); (Rivero O., 2003), ont fini par établir que le Développement est un phénomène global d’une complexité qui exige une approche holistique.
Dans les années 80, Gilbert Rist rappelait à juste raison, qu’évaluer le Développement, c’est évaluer le plus formidable pourvoyeur de relations interculturelles. Les milieux des « Etudes du Développement » étaient alors en plein débats sur, entre autres questions, la nécessité d’admettre que le Développement n’est pas qu’une question de croissance ; qu’il a des fondements culturels et nécessite une approche globale, etc. C’est qu’on avait découvert que l’échec de ce gigantesque transfert Nord-Sud de culture qu’est le Développement avait fait redécouvrir la vitalité des cultures autochtones. Lesquelles, tout en imitant l’Occident par admiration, la craignaient et la rejetaient en faisant émerger des « logiques de compromis[2] ». (Rist G., 1985)
Il s’y ajoute que l’histoire a fait du continent africain un lieu où, de manière quasi soudaine et simultanée, ont émergé deux processus : un processus de formation d’états-nation et un autre de développement économique. Tous les deux venus d’ailleurs pour se greffer dans un contexte culturellement foisonnant mais politiquement désarticulé, d’abord par la Traite Négrière puis par la Colonisation. En l’espace de seulement 4 à 5 décennies, une élite formée dans le moule colonial est chargée d’opérer cette greffe sous assistance de l’expertise du Nord, en menant de pair le déploiement des structures étatiques et la mise en œuvre des politiques publiques de développement. En Afrique plus qu’ailleurs, le Développement recouvre des réalités d’une complexité inouïe.
Aussi, si l’analyse des politiques publiques rend intelligible l’Évaluation des Politiques Publiques (Monnier E., 1992), en Afrique, plus qu’ailleurs, seule l’Étude et l’Analyse du « phénomène développement » peut rendre intelligible l’Analyse des Politiques Publiques et par ricochet l’Évaluation de ces dernières. Pour autant que cette analyse du développement soit la résultante de regards croisés des différentes disciplines scientifiques sur le phénomène dans une perspective intégrant fortement la dimension historique.
Pour être performant, l’évaluateur en contexte africain doit donc être capable de comprendre et de prendre en compte les questions d’ordre sociologique, anthropologique, économique, historique, méthodologique, etc.
Il convient de préciser que cet effort de réactualisation et d’approfondissement des critiques du Développement doit s’opérer dans un cadre scientifique. Pour cela, il faut que les deux champs de recherches scientifiques universitaires que sont les Études du Développement et l’Analyse des Politiques Publiques voient se développer une expertise africaine, riche, autocentrée et performante pour servir d’arrière-plan intellectuel à l’Évaluation des Politiques Publiques. Cela, en dehors de toute tentation culturaliste et de toute forme de nationalisme ou d’anti-occidentalisme.
Car, comme l’écrit si bien Cheikh Hamidou Kane :
« …chaque heure qui passe apporte un supplément d’ignition au creuset où fusionne le monde. Nous n’avons pas eu le même passé, vous et nous, mais nous avons le même avenir, rigoureusement. L’ère des destinée singulières est révolue. Dans ce sens, la fin du monde est bien arrivée pour chacun de nous, car nul ne peut plus vivre de la seule préservation de soi. » (Kane, C. H., 2011, pp. 90-91)
Vers un curriculum intégrant les Études, l’Analyse et l’Évaluation du Développement
Dans cette perspective, l’Afrique doit donc former, - plus que des évaluateurs capables de concevoir et de conduire des évaluations, - des analystes/évaluateurs du développement fortement sensibilisés en Études du Développement et en Analyse des Politiques Publiques et bien outillés en Évaluation des Politiques Publiques[3].
Renforcer le Système d’Acteurs
La description que nous avons faite plus haut du système d’acteurs met en évidence le fait que des acteurs comme les universités, les organes étatiques, les collectivités locales, les médias nationaux et régionaux, sont loin d’être au-devant de la scène.
A l’exception de l’APNODE[4] dont le dynamisme et l’implication au plus haut niveau méritent d’être soulignés, les institutions nationales républicaines et les organes étatiques maitres d’œuvre de politiques publiques brillent par leur faible présence dans les réseaux d’évaluation.
Or, dans la perspective qui est ici la nôtre, leur rôle sera absolument indispensable. Par conséquent, il faudra œuvrer pour la densification du système d’acteurs notamment par une plus grande participation de ces absents de marque, chacun dans son rôle.
Le rôle des Universités et Instituts de formation supérieure,
Outre le développement de programmes de recherche dans les trois champs disciplinaires que nous avons indiqués, les institutions de formations supérieures devraient être encouragées à mettre en place des Master en Analyse et Évaluation du Développement (MAED) structurés autour de modules d’enseignements alimentés par des travaux scientifiques issus des trois domaines susmentionnés.
A partir d’un tronc commun, ces modules conduiront à trois certificats distincts : un en Analyse des Politiques Publiques, un en Études du Développement et un en Évaluation des Politiques Publiques. L’obtention des trois certificats, la réussite des modules de méthodologie de recherche, du stage pratique ainsi que la soutenance d’un mémoire de fin d’études seront obligatoires pour décrocher le MAED. La création d’écoles doctorales devrait également être envisagée.
Le rôle des États, des Collectivités locales et des cabinets privés
Tous les démembrements de l’État et des Collectivités Locales chargés de la mise en œuvre de politiques ou de programmes publics, tous les cabinets privés devraient être encouragés à prendre leurs dispositions pour être en mesure d’accueillir en leur sein des apprentis évaluateurs dans le cadre d’un programme de « Formation duale au service de la poursuite des ODD » tel que nous le proposons ci-dessous.
L’AGENDA 2030 DES ODD : UN LABORATOIRE CONTINENTAL À METTRE À PROFIT
Les ODD : une opportunité pour l’évaluation
Dans le contexte international actuel, la nouvelle donne de l’agenda 2030 des ODD fait de l’évaluation un véritable impératif. En effet, la poursuite des ODD est aujourd’hui le référentiel et le cadre logique dans lequel s’opèrent les politiques pour le développement international.
Or, l’évaluation est perçue par les principaux acteurs comme un outil indispensable dans le cadre des ODD. Les Nations Unis ont d’ailleurs lancé un grand programme d’élaboration d’indicateurs internationaux pour l’évaluation des ODD. Les promoteurs africains de l’évaluation le savent très bien qui viennent de consacrer la 8ème conférence de l’AFREA à l’évaluation des ODD. En choisissant la thématique de la présente édition de son journal trimestriel, IDEV s’inscrit parfaitement dans la même perspective.
De fait, on peut dire de la Communauté internationale qu’elle vient de s’engager dans l’ère de la généralisation à l’échelle mondiale de l’évaluation des Politiques Publiques dans un contexte rendu hautement favorable par un cadre logique commun à tous les acteurs déterminants. Il faut donc saisir cette opportunité.
L’immensité du chantier des ODD, son caractère continental et sa perspective temporelle (2030), mais aussi le fait qu’il exige une approche holistique du Développement nous conduisent à penser qu’il peut servir de laboratoire pour l’expérimentation de la vision que nous avons développée dans le présent article.
La formation duale au service de l’Évaluation des ODD
Il s’agit ici de résumer un des volets de la démarche expérimentale que nous prônons : celui de la formation duale en évaluation du développement. Sous peu, notre vision sera disponible dans son entièreté comprenant les plans d’études pour les MAED.
L’innovation, fondée sur une approche anticipatrice « d’encouragement à l’évaluation », consistera à proposer des offres spontanées d’évaluations partenariales à des responsables de programme/politiques dont l’évaluation est souhaitable dans la perspective des ODD.
Les structures de mise en œuvre de politiques de développement partenaires dans l’innovation chemineront ensemble avec les experts du programme lors des étapes de définition des projets d’évaluation et d’élaboration des référentiels d’évaluation. La relation sera conçue dans une logique « gagnant-gagnant » : les partenaires y trouveront l’occasion de passer à l’acte et d’introduire la pratique évaluative dans leur agenda tandis que cette collaboration servira de support au programme conçu dans l’esprit de la formation duale suisse. Les apprentis seront des étudiants en formation ou des « évaluateurs émergents » sélectionnés sur dossier.
Le programme sera chapoté par un consortium d’organes spécialisés en évaluation du développement qui travailleront de concert pour trouver les financements nécessaires, démarcher les structures qui accueillent les apprentis, élaborer les modules du volet théorique de la formation, superviser la pratique, évaluer les candidats, etc. Et c’est ici que l’on perçoit mieux le rôle prépondérant que les structures de l’État, les cabinets d’experts et les institutions de recherche et de formation pourront jouer.
Évaluer le développement c’est donc évaluer un phénomène complexe et multidimensionnel. Le faire en Afrique, c’est le faire avec une complexité accrue caractérisée par l’existence de multiples problématiques anthropologiques, sociologiques ainsi que celle de cadres normatifs d’évaluation des politiques publiques conçus hors contexte et pouvant être soumis à des impératifs politiques exogènes.
Dans un contexte international où l’évaluation est vivement recommandée par la Communauté Internationale qui lui a fourni un cadre logique consensuel à l’échelle planétaire, l’Afrique doit saisir l’opportunité pour fonder une école continentale d’Études du Développement et d’Analyse des Politiques Publiques dont les travaux scientifiques alimenteront des curricula adaptés pour une formation appropriée en matière d’évaluation du Développement.
Nous sommes intimement convaincus que cela passera par la densification du système d’acteurs, notamment par l’implication des milieux universitaires et l’engagement des organes étatiques.
L’approche innovatrice dont nous avons résumé un des aspects et que nous développerons ailleurs permettrait, nous semble-t-il, de relever ce formidable défi dans la perspective de l’agenda 2030 des ODD.
Références bibliographiques
Amin, S. (1997) « le Développement autonome dans les démocraties : une alternative pour l’Afrique et le Moyen Orient, in L’Avenir du Développement, L’Harmattan, Paris
Kane, C. H. (2011) L’aventure ambiguë, 10/18, Nouvelle éd., Paris
Laporte, C. (2014) L’évaluation, un objet politique : le cas d’étude de l’aide au développement, Thèse Science politique, Science po, Paris
Monnier, E. (1992) Evaluation de l’action des pouvoirs publics, 2nd éd. Economica, Paris
Muller, P. (1990 ) Les Politiques Publiques, 10 ème éd., Que sais.je, Puf, Paris
Rist, G. (1985) « La problématique interculturelle, fondements et perspectives, in L’Avenir du Développement, Colloque, IUED, Genève, pp. 91-98,
Rist, G. (2013) Le Développement. Histoire d’une croyance occidentale, 4ème éd. SciencesPo Les Presses, Paris
Rivero, O. (2003) Le mythe du Développement, Enjeux Planète, Tunis
[1] CAD : Comité d’Aide au Développement. OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques.
[2] On parle de logiques de compromis lorsque des peuples autochtones confrontés au Développement mettent en œuvre des stratégies de survie qui consistent en l’attribution d’anciennes significations à des éléments nouveaux permettant ainsi aux nouvelles valeurs de changer la signification culturelle des formes anciennes.
[3] L’étroitesse de cet article ne nous permettant pas de définir ces champs disciplinaires, nous conseillons les lecteurs intéressés de consulter les livres de Monnier E., Muller P. et Rist G. mentionnés dans les références bibliographiques.
[4] African Paliamentarians Network on Developement Evaluation (Réseau des parlementaires africains pour le développement de l’évaluation.
par Ngugi wa Thiong'o et Boubacar Boris Diop
LETTRE OUVERTE À BASSIROU DIOMAYE FAYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les langues sénégalaises doivent être au coeur du nouveau Sénégal. Cela doit commencer par l'abandon du préalable de la maîtrise du français par les candidats à la présidence
Ngugi wa Thiong'o et Boubacar Boris Diop |
Publication 09/05/2024
Excellence, Monsieur le président de la République,
Permettez-nous de nous présenter avant d'en venir au cœur de notre propos. Nous sommes Ngugi Wa Thiong'o du Kenya et Boubacar Boris Diop du Sénégal. Tous deux romanciers et essayistes, nos œuvres les plus connues sont respectivement Decolonizing the Mind : The Politics of Language in African Literature (1986) et Murambi, le livre des ossements (2000), consacré au génocide perpétré en 1994 contre les Tutsi au Rwanda. Ce qu'il importe toutefois de souligner au regard de la motivation principale de cette lettre ouverte, c'est qu'en plus de notre production littéraire en anglais et en français - les langues des anciens colonisateurs - nous avons publié des ouvrages dans nos langues maternelles, le Kikuyu et le Wolof parmi lesquels Matigari (1986) et Bàmmeelu Kocc Barma (2017).
Nous vous félicitons sincèrement pour votre investiture en tant que nouveau président de la République du Sénégal. Nos félicitations vont également à votre Premier ministre et compagnon de lutte, M. Ousmane Sonko. Par cette brillante élection qui n'a été contestée par aucun de vos rivaux, le peuple sénégalais ne vous a pas choisi comme son maître mais comme l'esclave de ses rêves. Il ne fait aucun doute à nos yeux que vous saurez vous hisser à la hauteur de ses espérances.
Nous ne nous sommes certes jamais rencontrés en personne mais toute l'Afrique, en vérité le monde entier, vous connaît et nous savons que votre jeunesse même a fait souffler un vent d'optimisme sur le continent africain. C'est du reste pour cette raison que nous avons pris la liberté de nous adresser aujourd'hui à vous en tant que vos aînés, à l'africaine en quelque sorte, mais aussi en tant que deux de vos admirateurs.
Si l'Afrique va aujourd'hui encore si mal, c'est la faute de ses leaders politiques qui, à quelques exceptions près, comme Kwame Nkrumah, ont trahi les populations africaines. De mauvais dirigeants ont tout simplement normalisé les anomalies du colonialisme et du néo-colonialisme, qui n'est rien d'autre que l'africanisation du système colonial. Voilà pourquoi nos ressources naturelles continuent depuis si longtemps à enrichir l'Europe et l'Occident. Au moment où les regards de ces complexés restent obsessionnellement tournés vers l'Occident, on ne peut manquer de s'interroger : où sont donc nos inventeurs ? Nos ingénieurs ? Nos explorateurs spatiaux ? L'Afrique aspire à un leadership capable d'enflammer l'imagination de sa jeunesse. Mais cela ne pourra jamais se faire avec des présidents qui ne savent qu'imiter l'Occident, des présidents qui ne croient ni en eux-mêmes ni en leurs peuples. Vous, Excellence, vous avez la possibilité d'ouvrir pour votre peuple des sentiers nouveaux, vous pouvez lui redonner une telle confiance en lui-même qu'il traitera, tout naturellement, d'égal à égal avec toutes les autres nations de la terre. Gardez cependant à l'esprit que si vous choisissez cette voie, vous vous ferez bien des ennemis en Occident. Ce que l'Europe et l'Occident attendent de l'Afrique, c'est qu'elle n'arrête jamais de mettre ses matières premières à leur disposition sans rien recevoir en contrepartie. N'acceptez pas une telle iniquité. Et s'ils vous diabolisent pour cela, et ils ne manqueront pas de le faire, ne vous en souciez pas, car seul doit compter pour vous le jugement du peuple sénégalais.
Nous aimerions à présent partager avec vous quelques brèves réflexions sur la question linguistique qui nous est très familière en tant qu'écrivains. Nous avons choisi de nous concentrer sur ce problème particulier parce que, à notre humble avis, sa résolution est un préalable à toute révolution économique, politique, sociale et culturelle, et donc au bien-être de vos compatriotes.
Voici quelques points que nous tenons à souligner :
Votre pouvoir tire sa force des citoyens sénégalais. Vous les défendez, ils vous défendent. Vous leur parlez, ils vous parlent. Mais vous ne pouvez pas le faire en utilisant une langue qu'ils ne comprennent pas. N'est-ce pas là une évidence, M. le président ?
Les langues sénégalaises doivent être la pierre angulaire du nouveau Sénégal. Chaque Sénégalais a le droit d'exiger le respect de sa langue maternelle. Évitez toute hiérarchisation des langues. Priorité donc à la langue maternelle, qu'elle soit le pulaar, le seereer, le soninke, le wolof, le mandinka, le joolaa ou toute autre langue parlée au Sénégal. Mais si une langue sénégalaise, par exemple le wolof, devient celle qui permet la communication entre tous les Sénégalais, cela ne doit poser aucun problème. Voici notre conception de la politique linguistique : la langue maternelle d'abord. Ensuite, disons, le wolof. Ensuite, disons le swahili, le français, etc. Si vous connaissez toutes les langues du monde sans connaître votre langue maternelle, vous êtes en état d'esclavage mental. En revanche si après avoir maîtrisé votre langue maternelle vous y ajoutez toutes les autres langues du monde, vous n'en serez que plus riche et plus fort.
Encouragez les traductions entre les langues sénégalaises. C'est à nos yeux un point fondamental. Nous proposons à cet effet la mise en place d'un centre national d'interprétation et de traduction qui permettrait une symbiose et une fertilisation croisée entre les langues de votre pays et entre celles-ci et les langues de l'Afrique et du monde. Votre Excellence, de nombreux Africains ont apprécié le fait que lors de votre première visite officielle en Gambie, vous et le président Barrow avez échangé directement en wolof. Nous savons également que, contrairement à vos prédécesseurs, vous prononcez la plupart de vos discours à la fois en français et en wolof et nous pensons que c'est exactement ce qu'il faut faire. Faites votre discours dans une langue sénégalaise, puis mettez-le à disposition dans toutes les autres langues sénégalaises avant de le faire traduire en français. Aux Nations Unies, parlez dans une langue sénégalaise et votre propos pourra faire l'objet d'une traduction simultanée dans les langues de travail de cette organisation internationale. En d'autres termes, faites comme tous les autres présidents du monde, prononcez vos discours dans votre langue. En visite en France par exemple, faites-vous accompagner d'un interprète et adressez-vous dans une langue sénégalaise à votre homologue de l'Élysée. En bref, veillez à faire respecter partout les langues sénégalaises. Et cela doit commencer par l'abrogation dès que possible de l'étrange et embarrassant article 28 de la Constitution sénégalaise, qui exige de tout candidat à la présidence qu'il sache lire, écrire et parler couramment le français.
Organisez les paysans et les ouvriers sénégalais. Stimulez leur créativité. Ils seront vos plus ardents défenseurs. Ne vous préoccupez pas des soi-disant élites intellectuelles qui, parce qu'elles auraient tant à perdre dans le développement des langues de votre pays, multiplient les manœuvres et les arguments fallacieux pour faire dérailler le train de l'Histoire.
Les œuvres de Sembène Ousmane, notamment Les Bouts-de-bois-de-Dieu, et celles d'autres grands noms de la littérature comme Cheikh Hamidou Kane, devraient être disponibles dans toutes les langues sénégalaises. Quant à Cheikh Anta Diop, il est temps que ses livres soient au programme de toutes les écoles de votre pays.
Nous souhaitons aussi que les littératures progressistes d'Afrique et du reste du monde soient disponibles dans les langues sénégalaises et enseignées dans vos écoles et dans vos universités.
Nous savons bien que le Sénégal sera votre priorité. Mais il faudra ensuite vous tourner vers l'Afrique puis vers l'Asie et l'Amérique latine avant de penser à l'Europe. Et cette option devrait se refléter dans le système éducatif.
Faites du Sénégal une nation de penseurs, d'inventeurs, d'artisans, d'explorateurs, une nation de créateurs, ouverte à tous les vents du monde et capable de faire respecter ses intérêts vitaux.
En espérant que ces idées et suggestions de deux compatriotes africains de bonne volonté retiendront votre attention, nous vous prions de croire, Excellence, à notre profond respect.
Your Excellency President Bassirou Diomaye Diakhar Faye
Allow us to introduce ourselves to you before getting to the heart of what we have to say. We are Ngugi Wa Thiong'o from Kenya and Boubacar Boris Diop from Senegal. Both novelists and essayists, our best-known books are respectively Decolonizing the Mind: The Politics of Language in African Literature. (1986) and Murambi, le livre des ossements (2000), about the genocide perpetrated in 1994 against the Tutsis in Rwanda. But the most important thing to emphasize with regard to the motivations behind this open letter is that we have not exclusively published works in English and French - the languages of the former colonizers - but also novels - including Matigari (1986) and Bàmmeelu Kocc Barma (2017) - in our mother tongues, Kikuyu and Wolof.
Congratulations on your assumption of power as the new President of the Republic of Senegal. Our congratulations also go to your Prime Minister and brother in arms, Mr. Ousmane Sonko. With this brilliant election, which not one of your rivals contested, the Senegalese people have not chosen you as its master but as its servant. We have no doubt whatsoever that you will live up to this expectation. We have never met in person but all Africa, indeed the world, has met you and we know that your youth gives Africa hope. That's why we are writing to you as both your African elders and admirers.
Up to now, except for a few leaders like Kwame Nkrumah, the African leadership has betrayed African people. They have simply normalized the abnormalities of Colonialism and neo-colonialism which is simply the Africanization of the colonial system. Our resources have continued to develop Europe and the West. As we only look up to the West, one wonders where our inventors are? Our engineers? Our space explorers? Africa longs for a leadership that can fire the imagination of the continent’s youth. But we cannot do that when our leadership simply mimics, always imitating the West, with no belief in ourselves, in our people. You are in a position to steer Senegal onto a new and different path towards a collective self-confidence, relating to the world on the basis of equal give and take. But if you choose that path, you will create enemies in the West. The West wants an Africa that always gives to Europe and the West. Don't accept an inequity which will be at the expense of your people. And if they demonize you for that, just don't care, don't accept any other judge than the Senegalese people.
Let us now share a few thoughts. We 've chosen to focus on the language problem, because as writers we're familiar with it, but also because, in our humble opinion, the resolution of the language problem is a prerequisite for any economic, political, social, and cultural revolution, and therefore for the well-being of your compatriots.
These are some points we want to stress:
1.Your Power is the Senegalese people. You defend them, they defend you. You speak to them they speak to you. But you cannot do that using a language they can't understand. It is as simple and self-evident as that.
2. Senegalese languages must be the bedrock of the new Senegal. Every Senegalese has a right to their mother tongue. Avoid hierarchy of languages. So, mother tongue first, be it Pulaar, Seereer, Soninke, Wolof Mandinka or Joolaa or any other language spoken in Senegal. But if one Senegalese language, say Wolof, becomes the language that enables conversation among all the other Senegalese languages, that is good. The language policy: Mother tongue first. Then say, Wolof. Then say Swahili, French etc. If you know all the languages of the world, and you don’t know your mother tongue, that is mental enslavement. But if you know your mother tongue, and add all the languages of the world to it, that is empowerment.
3. Encourage translations among Senegalese languages. This is a particularly important point for us. To that end, set up a national interpreting and translation center that would enable a symbiosis and a cross-fertilization between the languages of your country, and between them and the languages of Africa and the world. His Excellency, many Africans appreciated the fact that during your first official visit to the Gambia, you and President Barrow spoke directly to each other in Wolof. We also know that, unlike your predecessors, you make most of your speeches in both French and Wolof, and we think that's exactly the right thing to do. Make your speech in a Senegalese language and then make it available in all the other Senegalese languages. And then in French etc. At the United Nations, speak in a Senegalese language. You can have it translated and or interpreted into French or English, as necessary. In other words, do what all other Presidents in the world do; they make their speeches in their languages. In France, with a French President, speak to him in a Senegalese language. You have an interpreter with you etc.
In short, please invest in the Senegalese languages. And this must start with the repeal at the earliest opportunity of the strange article 28 of the Senegalese Constitution, which requires all presidential candidates to be able not only to speak but also to read and write French.
4. Organize the Senegalese farmers and workers. Fire their imagination. They are your defenders. Don't worry about all the self-proclaimed elites who have so much to lose in the development of your country's languages, and who are multiplying maneuvers and specious arguments to derail the train of History.
5. The works of Sembène Ousmane, especially God’s Bits of Wood, and those of other literary giants like Cheikh Hamidou Kane should be available in all Senegalese languages. As for Cheikh Anta Diop, his books should be taught in all Senegalese schools
6. Progressive literatures from Africa and the rest of the world should be made available in Senegalese languages and also taught in Senegalese schools and universities
7. Senegal first. Then Africa. Then Asia and Latin America. Then Europe etc. This should be reflected in the country’s educational system.
8. Senegal must become a nation of thinkers, inventors, manufacturers, explorers, a nation of makers of things, relating to the world on the basis of equal give and take.
These are, His Excellency, just a few thoughts from two African compatriots and well-wishers from Kenya and your beloved Senegal.
Respectfully yours,
LE FONCIER, TERREAU DE TOUTES LES TENSIONS AU SÉNÉGAL
Si Dakar concentre les litiges les plus vifs, Kolda et Kaolack sont en proie à d'inquiétants conflits communautaires. À Thiès, les problèmes prennent des formes diverses, tandis que les délimitations territoriales attisent les crises à Ziguinchor
(SenePlus) - Les tensions liées aux litiges fonciers prennent une tournure inquiétante au Sénégal, selon les dernières données de la Direction générale de l'administration territoriale. Pas moins de 307 cas de conflits ont été recensés à l'échelle nationale, menaçant sérieusement la cohésion des communautés.
Dakar, épicentre des litiges
La capitale sénégalaise est l'épicentre des conflits fonciers avec 58 cas recensés, dont 23 litiges entre particuliers pour l'accès aux terres,. Les problèmes de lotissement (9) et de délimitation des villages/communes (6) y sont également préoccupants. Avec 16 conflits entre populations et 4 conflits communautaires, Dakar concentre les tensions les plus vives.
Kolda, Fatick, Kaolack : le fer de lance rural
Dans les régions rurales, la situation est tout aussi alarmante. Kolda dénombre 27 litiges, dont 8 conflits communautaires majeurs. Fatick (23 cas) et Kaolack (23 cas) sont aussi en proie à une recrudescence inquiétante des tensions foncières entre particuliers (15 et 13 cas respectivement).
Thiès, une poudrière aux multiples foyers
Avec 35 cas répertoriés, Thiès se classe parmi les régions les plus touchées. Les litiges y prennent diverses formes : 11 problèmes de lotissement, 8 litiges délimitation des terres et autant de conflits entre particuliers. Une véritable poudrière multifactorielle.
Ziguinchor, la délimitation territoriale en cause
Dans cette région frontalière sensible, les tensions proviennent principalement des problèmes de délimitation des villages et communes (9 cas sur 26). Une situation qui n'est pas sans rappeler les velléités indépendantistes passées de la Casamance.
Saint-Louis, Sédhiou, des foyers secondaires mais réels
Bien que moins touchées, ces régions pâtissent d'un nombre non négligeable de litiges (22 et 29 cas). À Saint-Louis, ce sont surtout les problèmes de lotissement (5) et les conflits particuliers (8) qui posent problème. Sédhiou est principalement confrontée aux délimitations territoriales conflictuelles (15 cas).
Un constat s'impose à l’aune de ces différents chiffres : aucune région du Sénégal n'est épargnée par les crises foncières aux multiples visages. Un défi pour le pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye.
LA CRITIQUE ACERBE DE TSHISEKEDI ENVERS LES OCCIDENTAUX
Le chef d'Etat congolais déplore l'"approche dominatrice" de l'Europe et son manque de considération vis-à-vis de l'Afrique. Il plaide pour un partenariat d'égal à égal, à l'instar de ce que proposent selon lui la Chine et la Russie
(SenePlus) - Dans un entretien accordé à la chaîne d'information française LCI le 26 janvier dernier, le président de la République Démocratique du Congo Félix Tshisekedi a livré son analyse de la coopération entre l'Afrique et ses différents partenaires, en pointant notamment le manque de considération et "l'arrogance" dont font preuve selon lui les Occidentaux.
Interrogé sur la capacité de la Chine ou de la Russie, régimes non démocratiques, à progresser sur le continent africain, le Chef d'Etat congolais a estimé que ces pays "ne viennent pas avec cette approche-là. Ils ne viennent pas avec cette arrogance, cette façon de donner des leçons qui est frustrante." Une critique à l'égard des pays occidentaux qui, selon ses mots, "ne comprennent pas très bien les réalités africaines".
Pour Félix Tshisekedi, "le plus important, c'est de réajuster le point de vue, la manière d'aborder la coopération, les partenariats. Ne plus nous considérer comme des sous-hommes, mais nous regarder comme de vrais partenaires avec qui on peut faire affaires positives, constructives, et non pas toujours comme de dominer à dominant." Le chef d'Etat déplore cette "approche dominatrice" de l'Europe et des Etats-Unis qui contraste, à ses yeux, avec l'attitude des pays émergents comme la Chine.
Il souligne néanmoins que l'"Europe, par son histoire et sa position géographique, est le meilleur partenaire de l'Afrique". Mais elle pèche, selon le Président congolais, par "cette étonnante distance culturelle" qui l'empêche de "comprendre qu'on ne peut pas donner des leçons" aux pays du continent.
FAURE GNASSINGBÉ, LA RÉINVENTION DE L'AUTOCRATIE
Héritier improbable converti en "autocrate soft", le fils d'Eyadéma poursuit sa mainmise sourde sur le Togo. Sa dernière révision constitutionnelle lui dégage un boulevard vers une présidence à vie, dans l'indifférence régionale et mondiale
(SenePlus) - Après dix-neuf ans aux commandes, Faure Gnassingbé vient de franchir un cap décisif dans la perpétuation de son règne au Togo. En promulguant une nouvelle Constitution le 6 mai, le président a réussi un "coup d'État constitutionnel", selon ses détracteurs. Un texte qui instaure un régime parlementaire renforçant considérablement ses pouvoirs, voté dans l'indifférence des chancelleries occidentales.
"Il a beau être l'un des premiers fils de président africain à avoir succédé à leur père, le premier à avoir modifié la Constitution pour faire un troisième mandat, ça n'a aucune conséquence", déplore l'opposant Nathaniel Olympio, cité par Le Monde. Bien au contraire, Gnassingbé est "félicité pour son rôle de diplomate dans les crises régionales".
Ce "dictateur soft" a su se bâtir une image d'autocrate fréquentable, entretenant des liens avec tous sans froisser personne. Une stature de médiateur qui occulte les dérives répressives de son régime selon ses opposants. "Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues en 2016 et 2017 pour réclamer son départ, mais rien n'y a fait", rappelle Nathaniel Olympio.
Héritier improbable, Faure Gnassingbé cultive un contraste saisissant avec la posture martiale de son père Gnassingbé Eyadéma. "Faure est un pur produit de la bourgeoisie de Lomé...qui a bénéficié d'une bonne éducation", souligne une source citée par Le Monde. Un profil qui n'avait rien d'évident pour lui succéder en 2005, après le décès de son père.
La communauté internationale avait alors dénoncé sa prise de pouvoir "à la faveur d'une manipulation de la Constitution puis du massacre de centaines de ses compatriotes". Des élections présidentielles avaient été organisées dans le chaos, entachées d'"irrégularités massives" selon d'anciens diplomates occidentaux.
Aujourd'hui, ce règne se perpétue dans un calme inquiétant pour l'opposition. "Il gouverne par le silence et fait traîner les décisions", analyse une source togolaise. Une stratégie du muet pour imposer sa feuille de route en toute discrétion, fort du soutien d'une armée restée fidèle.
Quel sera son prochain rôle ? Président de la République ou président du Conseil, concentrant tous les pouvoirs exécutifs ?
par Jacques Ayadji
L’EXEMPLE INSPIRANT DE DIOMAYE FAYE
Lorsqu’on accède à la magistrature suprême dans un pays qui a traversé des crises majeures comme ce fut le cas au Sénégal récemment, œuvrer pour colmater les brèches nées des querelles politiques, souder les fractures sociétales est un devoir républicain
Le tout nouveau chef de l'État sénégalais, par un acte inspirant, vient d’indiquer le chemin à suivre aux dirigeants du continent africain, notamment ceux du Bénin.
Il n'y a pas meilleure occasion que celle de ce mardi 7 mai 2024 pour adresser mon encouragement et mes chaleureuses félicitations au tout nouveau président sénégalais pour cette historique décision qu'il a prise à la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres du 24 avril 2024 en faveur des victimes des événements de janvier 2021 à février 2024. Et pour cause, la journée de ce 7 mai marque la célébration de l'édition 2024 de la Journée nationale de Lutte contre la Torture décrétée en 1994 par le gouvernement du président Nicéphore Dieudonné Soglo. Ceci en mémoire de Luc Togbadja, jeune étudiant militant de la jeunesse communiste du Bénin sauvagement torturé à mort au petit palais courant 1988. Cette journée a également pour but de :
- rappeler les conditions de vie des anciennes victimes abandonnées dans la précarité sans juste et équitable indemnisation ;
- sensibiliser les pouvoirs publics sur l'interdiction par les instruments juridiques internationaux du recours à la torture pour contraindre le citoyen à faire ou ne pas faire quelque chose.
Depuis ce temps, les anciennes victimes ou leurs ayants-droits manifestent à l'occasion de cette journée pour commémorer leurs martyrs que sont Luc TOGBADJA, Rémi Akpokpo Glele, Mama Yari Moussa, Kpomassi Sègla, Boniface Suatinki et les héros victimes de la torture encore vivants dont Maître Aboubakar Baparape est le symbole.
C’est donc avec grande satisfaction, que nous avons appris au Mouvement des Élites Engagées pour l’Émancipation du Bénin (MOELE BENIN), la décision prise en Conseil des ministres ce mercredi 24 avril 2024 par le président sénégalais, de mettre en place une commission d’indemnisation des victimes des événements de janvier 2021 à février 2024.
Selon le compte-rendu du Conseil des ministres sénégalais, il sera notamment question d’identifier les victimes et de procéder à l’évaluation des préjudices subis ainsi qu’à la prise en charge effective des blessés en cours de traitement. Cette décision est un acte fort de réconciliation nationale, et dénote de l’intérêt marqué par le nouveau Président sénégalais pour la solidification du tissu national.
MOELE BENIN se réjouit de cette occurrence et saisit cette occasion pour adresser ses chaleureuses félicitations et encouragements au Président Bassirou DIOMAYE FAYE, pour sa clairvoyance politique.
En effet, lorsqu’on accède à la magistrature suprême dans un pays qui a traversé des crises politiques et institutionnelles majeures, comme ce fut le cas au Sénégal récemment, œuvrer pour colmater les brèches nées des querelles politiques, pour souder les fractures sociétales est un devoir républicain. Et tout jeune qu’il est, le président Bassirou Diomaye Faye a su prendre très vite ses marques d’homme d’État. Comme quoi, aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Et ce faisant, il se pose en modèle.
Vérité – Réparation – Réconciliation
Vérité – Réparation – Réconciliation. Je puis affirmer sans risque de me tromper, que ce triptyque est ce qui a fait le plus défaut au Bénin au sortir de la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation. Un faux pas qui marque de son empreinte déstabilisatrice notre cheminement politique et institutionnel depuis 1990, et nous conduit de crise en crise jusqu’à ce jour. Était-ce parce que le pouvoir n’avait pas été alors remis à l’un des vrais combattants qui avaient fait plier par leur lutte le régime militaro-marxiste du PRPB ? C’est une question qui mérite d’être traitée par nos intellectuels, nos universitaires et/ou chercheurs.
Il est cependant encore possible de rectifier le tir. Car, notre marche vers l’édification d’une Nation, est tributaire de la réparation des préjudices du passé, significative de justice pour tous. Une priorité de premier ordre, voire un préalable, si tant est-il que nous ambitionnons d’aller d’un pas assuré plus loin.
Pour MOELE BENIN, il s’agit d’une vertu à cultiver, d’un point fondamental en lequel notre conviction reste fortement attachée.
C’est prenant conscience du non règlement de ce préalable depuis 1990, que le parti MOELE BENIN a, dans son offre de législature intitulée « Osons l’inclusion pour un Bénin inclusif » et rendue publique dans le cadre des élections législatives du 8 janvier 2023, accordé une place de choix à cette problématique essentielle. Car, pour MOELE BENIN, il faut impérativement :
- rendre justice à tous les anciens détenus politiques et à toutes les victimes de la répression du régime militaro-marxiste de l’ex Parti de la Révolution Populaire du Bénin (PRPB) ou leurs ayants-droits ;
- et instituer un cadre de témoignages et de reconnaissance à tous nos combattants et gloires d’hier.
Fort de ceci, notre parti accueille cette noble décision du Combattant Bassirou Diomaye Faye plébiscité président de la République du Sénégal comme une espérance. Espérance d’une aube nouvelle pour notre continent et pour nos pays demeurés divisés parce que les dirigeants n’ont jamais suffisamment su prendre toute la mesure de leur responsabilité historique, à cultiver l’unité nationale, la justice et la paix, en tenant grand compte du passé et de l’environnement qui a généré leur accession au pouvoir.
Par son acte révolutionnaire, le Président Bassirou Diomaye Faye indique ainsi le chemin à tout un continent, et nous croyons qu’il l’indique particulièrement à tous les dirigeants qui ont manqué d’œuvrer en faveur du rassemblement et de la concorde nationale.
Le Bénin a inauguré une nouvelle ère d’unité et de consensus national de par son génie exprimé à la Conférence Nationale des forces vives de la Nation de février 1990. Mais il a manqué d’honorer une démarche plus que sacrée, pour les Béninois, en ne sacrifiant pas au rituel « vɔsísá », ô combien déterminant.
MOELE BENIN voudrait par la présente réitérer à toute la classe politique béninoise, son appel patriotique à enfin procéder au rituel sacrificiel « vɔsísá », véritable symbole aux dimensions spirituelles incontestables, afin d’exorciser les démons de la division qui hantent toujours notre marche vers l’unité nationale. Unité sans laquelle le développement intégral et durable est utopique.
MOELE BENIN reste convaincu que, sans ce « vɔsísá », nous ne finirons jamais avec les crises politiques majeures dans notre pays. Et de cela, on ne rendrait personne coupable, fusse-t-il Président de la République ou membre de quelque institution de la République.
Jacques O.H.S. Ayadji est président de MOELE-BENIN.
DAKAR À LA RESCOUSSE DE LA CEDEAO
Diomaye Faye et Ousmane Sonko se retrouvent aux avant-postes de la médiation pour sauver l'organisation régionale. Une première épreuve pour la "diplomatie de proximité" promise par le nouveau pouvoir, dans un contexte régional tendu
(SenePlus) - La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), fer de lance de l'intégration régionale depuis près d'un demi-siècle, traverse une crise existentielle. Alors que les juntes militaires au Mali, Burkina Faso et Niger ont annoncé leur intention de quitter l'organisation, les présidents des pays voisins s'activent pour sauver ce qui peut encore l'être.
C'est dans ce contexe tendu que le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko, élus sur un programme souverainiste, pourraient jouer un rôle clé de médiation. "Le nouveau président sénégalais et son premier ministre seront-ils le fil et l'aiguille qui renoueront les liens ou l'explosif et le détonateur qui viendront faire éclater ce qui reste ?", s'interroge Le Monde dans son analyse du 8 mail 2023.
Faye a déjà entamé une diplomatie de proximité en se rendant en Côte d'Ivoire pour célébrer la CEDEAO comme "un outil formidable d'intégration qu'il faut préserver". De son côté, Sonko prévoit une "tournée" dans les pays des juntes afin de les convaincre de rester.
Mais les chances de succès semblent minces selon les experts. "Les juntes refusent la main tendue car quitter la CEDEAO, c'est échapper à tout engagement de rendre le pouvoir aux civils", prévient Rahmane Idrissa, chercheur à l'Université de Leyde, cité par Le Monde.
Au-delà du risque de désintégration, c'est l'influence grandissante des juntes pro-russes au sein de l'Alliance des États du Sahel qui inquiète. "L'AES demeure un fait politique qui charrie l'idée enivrante chez certaines élites qu'ils incarnent la véritable souveraineté", analysé Idrissa.
Francis Laloupo de l'IRIS va plus loin : "Des preuves de contacts entre officiers de l'armée sénégalaise et des homologues putschistes ont été interceptées par l'état-major pendant les troubles préélectoraux." Un signe que l'équilibre régional pourrait basculer.
Alors que la CEDEAO fêtera son 50e anniversaire en 2025, sa pérennité repose désormais sur la capacité de ses membres, au premier rang desquels le Sénégal, à convaincre les dissidents de rester dans le giron. Une tâche ardue mais indispensable pour préserver l'intégrité de l'un des rares projets d'intégration réussis en Afrique.
SORTIE DE PISTE D'UN AVION À L'AIBD
Un vol d'Air Sénégal opéré par Transair s'est immobilisé hors de la piste juste après le décollage avec à son bord 85 personnes dont 79 passagers, faisant 10 blessés dont un pilote
(SenePlus) - Dans la nuit du mercredi à jeudi, un terrible accident a été évité de justesse à l'aéroport international Blaise Diagne de Dakar. Le vol HC301 d'Air Sénégal, opéré par la compagnie Transair avec un Boeing 737-300, a fait une impressionnante sortie de piste au décollage à destination de Bamako, immobilisant l'appareil juste au-delà du seuil de la piste 19.
D'après le communiqué du ministère des Infrastructures et des Transports aériens, "Ce vol, à destination de Bamako, avait à son bord 85 personnes dont 79 passagers, 2 pilotes et 4 membres du personnel navigant cabine." Heureusement, les dégâts corporels ont été relativement limités selon les premières informations officielles. "On dénombre 10 blessés dont un pilote", précise le communiqué ministériel.
Les procédures d'urgence ont rapidement été enclenchées. "Aussitôt alertés, les services de secours de l'aéroport se sont déployés sur les lieux de l'accident pour évacuer les passagers", indique le ministère. Un important dispositif a été mis en place comme l'explique le communiqué de presse de LAS Aéroport : "Le plan d'urgence a été déclenché par les autorités aéroportuaires dès que l'information leur a été communiquée. Ainsi, tous les services d'urgence de l'aéroport ont été mobilisés pour l'évacuation des passagers et leur prise en charge."
Le ministre Malick Ndiaye s'est rendu sur place pour coordonner les opérations. "Informé, le ministre s'est rendu au Centre des Opérations d'Urgence (CDOU) où il a présidé la réunion du Comité de crise", rapporte son ministère. M. Ndiaye a supervisé l'ensemble des dispositions prises, se rendant auprès des passagers au hangar pèlerin et dans les structures hospitalières accueillant les blessés.
Si les causes de cet incident restent à déterminer, une enquête a d'ores et déjà été ouverte. "Sur instruction du ministre, le Bureau d'Enquête et d'Analyse (BEA) a ouvert une enquête pour déterminer les causes de l'accident", indique le communiqué ministériel. De leur côté, les autorités aéroportuaires assurent que "les circonstances exactes de l'incident restent à être déterminées, mais une enquête est déjà en cours pour établir les causes de la sortie de piste."
Dans l'attente des conclusions de cette enquête, la priorité était de prendre en charge les passagers et de rétablir les opérations aériennes perturbées par cet événement. "Les passagers ont ensuite été acheminés à l'hôtel pour se reposer et pour une bonne prise en charge", assure le ministère. Quant à l'aéroport, qui a dû être fermé quelques heures, "la reprise des opérations est prévue ce matin à 09h30", conclut le communiqué officiel.
LES ÉTATS-UNIS ÉQUIPENT LES CENTRES D'ENTRAÎNEMENT TACTIQUE SÉNÉGALAIS
Le lot composé de 10 camions cargo, de 15 Land Cruiser et de 5 pick-up, a été offert dans le cadre du programme Global Peacekeeping Operations Initiative (GPOI).
Le général de division Fulgence Ndour, sous-chef d’état-major de l’armée, a réceptionné mercredi au Centre d’entrainement tactique Capitaine Mbnaye Diagne de Thiès, une trentaine de véhicules remis par l’ambassadeur des Etats-Unis, Michael Raynor, pour accompagner la préparation des soldats sénégalais aux opérations de maintien de la paix.
Le lot composé de 10 camions cargo, de 15 Land Cruiser et de 5 pick-up, a été offert dans le cadre du programme Global Peacekeeping Operations Initiative (GPOI). Ces véhicules sont destinés aux centres d’entraînement tactique de maintien de la paix à travers le pays.
L’ambassadeur américain a dit espérer que ces véhicules “aideront les centres d’entrainement au maintien de la paix à continuer de dispenser une formation professionnelle de grande qualité” aux contingents sénégalais.
Le général de division Fulgence Ndour, sous-chef d’état-major de l’armée, a fait part de la gratitude des forces armées sénégalaises pour ce geste, indiquant qu’il engage les responsables en charge de ces équipements à en prendre soin.
Le contexte actuel de maintien de la paix marqué par de nouvelles menaces, dont le terrorisme, appelle un renforcement permanent de capacités”, a dit le général de division Fulgence Ndour.
Des manœuvres conjointes entre forces sénégalaises, dont la dernière en date, Africa Line, prévue du 10 au 20 mai au Sénégal, figurent sur la longue liste d’exercices militaires entre les deux armées, a-t-il dit.
Le chef d’escadron Ousseynou Ndiaye, commandant du Centre d’entraînement tactique Capitaine Mbaye Diagne, a dit aux journalistes au terme de la cérémonie, que ce matériel viendra lever “l’une des principales limites” du Centre d’entrainement tactique de Thiès, à savoir ses capacités d’emport et de mobilité. “En somme, nous sommes aujourd’hui en mesure de transporter d’emblée deux compagnies, soit 300 personnes”, a dit l’officier.
M. Raynor a salué le rôle des forces armées sénégalaises, dans le maintien de la paix à travers le monde, depuis 60 ans, lorsque le pays envoyait pour la première fois 300 soldats au Congo, en 1960.
Le Sénégal, “resté fidèle à son engagement en faveur de la paix et de la stabilité dans le monde”, a déployé dans les années qui ont suivi, des milliers de soldats aux quatre coins du monde, a-t-il ajouté.
“Les États-Unis saluent vivement les services et les sacrifices consentis par les forces armées sénégalaises depuis plus de 60 ans, dans le respect des normes de professionnalisme les plus strictes, tout en accomplissant des missions particulièrement difficiles”, a dit l’ambassadeur américain.
Cela a justifié, poursuit-il, que le gouvernement américain “continue d’accorder la priorité au soutien de la préparation au maintien de la paix du Sénégal par le biais de divers programmes de formation et d’équipement”.
Il a expliqué que les commandements militaires des deux pays travaillent à identifier conjointement les besoins du Sénégal en formation et en équipement, afin que les États-Unis puissent l’accompagner dans ses efforts de déploiement de contingents de maintien de la paix.
L’appui a porté sur les infrastructures du Centre national de formation de Mont Rolland, sur la livraison de véhicules blindés pour le Centre d’entrainement de Thiès, ainsi que sur la formation et l’équipement nécessaires au développement de capacités de lutte contre les engins explosifs improvisés.
“Avant la fin de l’année, nous espérons installer de nouveaux simulateurs de tir au Centre d’entraînement tactique Capitaine Mbaye Diagne et au Centre d’entraînement tactique de Toubacouta, ainsi que l’ouverture d’une nouvelle salle de classe polyvalente et d’un entrepôt au Centre d’entraînement tactique de Dodji“, a-t-il annoncé.
Selon le diplomate, ces projets traduisent l’“engagement inébranlable du gouvernement américain à soutenir les contingents de maintien de la paix du Sénégal, tout en veillant à ce que les courageux soldats sénégalais soient équipés en conséquence”.
Selon lui, la remise de 30 nouveaux véhicules aux centres d’entrainement au maintien de la paix du Sénégal entre dans cet esprit, pour les États-Unis qui “considèrent le Sénégal comme un partenaire stratégique essentiel” et avec lequel ils sont “fiers” de travailler.
LE PRÉSIDENT TALON CONFIRME L'INTERDICTION D'EMBARQUER DU PÉTROLE NIGÉRIEN
"On ne peut pas nous voir comme des ennemis et vouloir notre collaboration et nos moyens."
Le président béninois a confirmé mercredi 8 mai la décision d'interdire l'embarquement du pétrole nigérien via la plateforme de Sèmè Kpodji. Dans une courte déclaration, Patrice Talon dit regretter les relations difficiles entre les deux pays et insiste sur le fait qu'il souhaite qu'elles se normalisent.
Le président Patrice Talon a pris la parole pour confirmer, expliquer, justifier sa décision. D'abord, il a confirmé une information RFI : il s'est plaint de n'avoir eu aucune réponse des autorités nigériennes dans sa démarche d'apaiser et de normaliser les relations entre les deux pays. Il fait le point de ces initiatives : ouverture des frontières côté Bénin, envoi de messages, et même de son ministre des Affaires étrangères à Niamey comme émissaire.
Patrice Talon estime que les échanges entre pays doivent se faire de façon formelle et structurée. Et c'est là qu'il explique que ce sont les Chinois qui l'ont informé de l'arrivée d'officiels nigériens au Bénin pour l'inauguration du pipeline. Pour lui, « c'est de l'informel ».
Patrice Talon a également indiqué que des quantités importantes de céréales du Bénin empruntent des moyens informels pour entrer au Niger. « On ne peut pas nous voir comme des ennemis et vouloir notre collaboration et nos moyens », dit-il. Et pour lever la mesure, le chef de l'État béninois pose ses conditions : « Si demain Niamey accepte de collaborer, les bateaux pourront embarquer le pétrole nigérien » dans les eaux béninoises. Le chef de l’État cherche notamment la réouverture des frontières terrestres et le rétablissement les relations.
« Je suis peiné par les relations tendues entre le Niger et le Bénin, deux pays amis et frères », regrette M. Talon. « Prendre le Bénin comme pays ennemi et répandre qu’il a massé des troupes étrangères à ses frontières pour attaquer le Niger est totalement ridicule », conclut le chef de l'État béninois.