SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 décembre 2024
International
MACKY SALL CONVOQUE LES ACTEURS POLITIQUES POUR FIXER LA DATE DE L'ÉLECTION
Le chef de l'État a réaffirmé ce mercredi en Conseil des ministres, sa volonté de rassemblement pour un scrutin juste et inclusif. Il mandate le gouvernement et la justice pour lever tous les obstacles à la concorde nationale
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 21/02/2024
Le président de la République Macky Sall a convoqué une réunion avec les acteurs politiques, la société civile et les forces vives de la nation afin de fixer très prochainement la date de l'élection présidentielle, à l'issue du Conseil des ministres de ce mercredi 21 février 2024.
"En sa qualité de gardien de la Constitution et garant de l’Etat de droit, le chef de l’Etat a lancé un appel à toutes les forces vives de la nation pour asseoir le rayonnement de notre démocratie, ainsi que la crédibilité de nos institutions et du processus électoral", a déclaré le président Sall, cité dans le communiqué.
Le président a réaffirmé son "engagement pour un processus inclusif de concertation et de dialogue afin de bâtir des consensus autour de la réconciliation nationale, de l’apaisement et de la pacification de l’espace public en vue de consolider la stabilité politique, économique et sociale".
Dans cette perspective, Macky Sall a demandé au ministre de l'Intérieur de prendre "toutes les dispositions en relation avec le Ministre des Finances et du Budget, la Cena et les autorités administratives, pour une bonne organisation de l’élection présidentielle".
Le président a également instruit le garde des Sceaux, ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall, de "finaliser les projets de textes pour matérialiser la volonté de réconciliation et de pardon dans le respect de l’Etat de droit et la consolidation de la paix sociale durable".
Ces annonces interviennent alors que l'opposition accuse le chef de l'État de traîner les pieds suite à l'annulation du report du scrutin présidentiel par le Conseil constitutionnel.
Texte Collectif
LES CANDIDATS DÉCRIENT LE SABOTAGE EN COURS DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE PAR MACKY SALL
Les opérations électorales peinent à reprendre leur cours normal malgré la décision du Conseil constitutionnel. Tout fonctionne au rythme de la mauvaise volonté du président. Sa responsabilité personnelle reste engagée dans cette périlleuse entreprise
Depuis la Décision du Conseil constitutionnel du jeudi 15 février 2024 annulant le report de l'élection présidentielle tenté par le régime de Macky Sall et enjoignant l'indication d'une nouvelle date dans les meilleurs délais, une lenteur inexplicable est constatée.
Rien n'a été entrepris. Pourtant, le cadre légal est clairement fixé et aucun obstacle juridique ou de fait ne se dresse contre la fixation d'une date que le Sénégal et la communauté internationale attendent avec impatience et inquiétude.
De plus, nous constatons que les opérations électorales peinent à reprendre leur cours normal malgré la décision du Conseil constitutionnel exigeant leur poursuite.
En effet, les mandataires des candidats rencontrent des difficultés pour prendre possession du fichier électoral et tout fonctionne au rythme de la mauvaise volonté du président Macky pour déclencher le processus de sa succession inévitable.
Il est manifeste que cette situation révèle un refus du président de la République de prendre en charge sa mission régalienne d'organisation d'une élection libre et transparente.
Nous prenons acte de la décision du Conseil constitutionnel mettant à jour une nouvelle liste de 19 candidats, ce qui vient confirmer, s'il en était encore besoin, l'impérieuse nécessité de poursuivre le processus électoral en cours.
Le cas du Sénégal est au bout de toutes les lèvres et écorne l'image de notre pays jadis considéré comme une vitrine de la démocratie en Afrique.
Tout porte à croire que Macky Sall n'arrive pas à digérer la mise en échec par le Conseil constitutionnel et le peuple de sa tentative de saboter l'élection présidentielle.
Le FC 25 dénonce les tentatives de discréditer nos institutions, notamment le Conseil constitutionnel.
Le FC 25 précise que la responsabilité personnelle de Macky Sall reste engagée dans cette périlleuse entreprise et met également en garde tous ceux qui contribuent, de près ou de loin, au sabotage de l'élection présidentielle.
Le FC25 est déterminé à défendre les droits du peuple et convie la presse nationale et internationale à une conférence de presse le jeudi 22 février 2024 pour annoncer une série d'actions visant à garantir la tenue du scrutin dans les délais impartis.
Il est impératif que le président Macky Sall respecte la volonté du peuple sénégalais et fixe une date pour l'élection présidentielle.
En tout état de cause, le FC 25 rappelle qu'à compter du 2 avril 2024, il ne sera plus président de la République du Sénégal. Il doit respecter le peuple sénégalais qui a toujours fait preuve de maturité en choisissant son président de la République. Il ne faut pas lui voler cette occasion ! On ne négocie pas la démocratie et le respect du droit fondamental de voter.
Le FC 25 condamne fermement toute tentative de retarder le processus électoral et de violer les droits légitimes des candidats.
Les Signataires :
Aliou Mamadou DIA
Mamadou Lamine DIALLO
Elhadii Mamadou DIAO
Cheikh Tidiane DIEYE
Déthié FALL
Pape Djibril FALL
Diomaye Diakhère FAYE (représenté par son mandataire Amadou BA)
Malick GAKOU
Serigne MBOUP
Aly Ngouille NDIAYE
Daouda NDIAYE
Anta Babacar NGOM
Khalifa Ababacar SALL
Thierno Alassane SALL
Habib SY
Boubacar CAMARA
PAR René Lake
LE COUP D’ÉTAT CONSTITUTIONNEL NE SEMBLE PLUS RAMPANT
EXCLUSIF SENEPLUS - La stratégie de Macky se dessine à travers les propos de sa ministre de la Justice : utiliser le dialogue pour imposer un agenda. L'appel à des idées fortes et à des actions civiles non-violentes est plus que jamais pertinent
Au cœur d'une période délicate de son histoire politique, le Sénégal voit se dessiner la stratégie du président Macky Sall, à travers les déclarations de son ministre de la Justice, Aissata Tall Sall. Cette stratégie soulève un débat profond sur les enjeux démocratiques et les mécanismes de gouvernance.
À travers les propos de son ministre de la Justice, Aissata Tall Sall, lors de sa conférence de presse de ce mardi 20 février 2024, se dessine une volonté de naviguer dans les tumultes constitutionnels et politiques avec une approche qui semble à la fois conciliante et calculatrice.
Aissata Tall Sall, en sa qualité de ministre de la Justice, vice-présidente du Conseil supérieur de la magistrature, éclaire la position officielle du gouvernement face à la décision du Conseil constitutionnel, mentionnant explicitement que le président Macky Sall “a pris acte“ de cette décision et invite au dialogue.
Cette ouverture au dialogue, selon elle, est destinée à écouter toutes les parties prenantes. Toutefois, elle reconnaît l'incertitude quant aux résultats de ce dialogue, soulignant une situation où la voie à suivre reste indéterminée, en particulier concernant la vacance de pouvoir annoncée pour le 2 avril.
Elle s’interroge concernant le dialogue, “qu'est-ce qu'il en sortira“ ? “Je ne sais pas“, répond-elle avant d’ajouter, « par contre, ceux qui disent qu’à partir du 2 avril il y a vacance de pouvoir, moi j'ai ma réponse en tant que juriste. C'est un débat entre juristes, entre constitutionnalistes et ma réponse importe peu. Le 2 avril arrivera, prions tous d'être là et observons ce qui se passera“.
“Ce à quoi nous sommes astreints, c'est d'organiser l'élection dans les meilleurs délais. C'est quand le meilleur délai ? C'est lorsque les acteurs du dialogue se mettront ensemble et diront ce qu'ils pensent des meilleurs délais. Moi j'ai ma façon de penser les meilleurs délais, mais ce n’est pas ça qui intéresse. Aujourd'hui, le président de la République a sa façon de penser, il aurait pu dire voilà ce que je pense et l’imposer, mais il a trouvé que c'était plus sage de réunir tous les acteurs et de s'entendre. Donc, sous les meilleurs délais, vous aurez la signification des meilleurs délais du Conseil constitutionnel“.
Aissata Tall met donc l'accent sur l'obligation d'organiser les élections dans les “meilleurs délais“, pour indiquer qu’il s’agit là d’une formulation qui prête à interprétation et qui devra être précisée par le consensus des acteurs du dialogue national. Cette démarche qui dans de toutes autres conditions pourrait apparaître comme démocratique et consensuelle, n’est rien d’autre qu’un masque d’une stratégie bien plus nuancée, voire machiavélique, de la part du président Macky Sall.
Premièrement, en insistant sur l'utilisation du dialogue pour définir les “meilleurs délais“, Macky Sall semble embrasser une tactique de dilatoire, retardant potentiellement la date de l'élection pour manœuvrer selon ses intérêts politiques du moment.
Deuxièmement, en ramenant la question de la date limite de son mandat à un débat juridique, il cherche à minimiser l'importance politique de cette échéance, la réduisant à une simple question technique.
Cette stratégie révèle une tentative de Macky Sall de contrôler le narratif autour de la fin de son mandat, en utilisant le Droit comme un outil pour légitimer une approche qui s'éloigne des principes démocratiques. Par ailleurs, cette approche marginalise la voix du citoyen et réduit l'espace public de débat à une arène technique inaccessible au grand public.
Il est impératif de reconnaître que, au-delà des arguments juridiques, la question de la gouvernance et du respect des délais constitutionnels est fondamentalement politique.
Elle concerne le respect des règles du jeu démocratique et la légitimité du pouvoir en place. Le dialogue national, tout en étant nécessaire dans d’autres conditions que celles actuelles, ne doit pas servir de prétexte pour éluder ces questions fondamentales ou pour imposer un agenda politique qui sape les fondements de la démocratie.
Face à cette situation, il est crucial que les forces vives de la nation, au-delà des clivages politiques et juridiques, se mobilisent pour exiger la transparence, le respect des procédures démocratiques et l'engagement envers les principes qui fondent le vivre-ensemble. Il s'agit non seulement de répondre sur le terrain du droit, mais surtout sur le terrain politique, où chaque citoyen a le droit de s'exprimer et d'exiger le respect des engagements pris.
L'appel à des idées fortes et à des actions civiles non-violentes est plus que jamais pertinent pour contrer la réussite de toute tentative de coup d'État constitutionnel. La mobilisation citoyenne, informée et pacifique, reste l'outil le plus puissant pour défendre la démocratie et assurer que le futur politique du Sénégal reflète la volonté du peuple, dans le respect des normes démocratiques et constitutionnelles qui ont uni la nation.
Par Hamidou ANNE
DANS LA DOUCE DICTATURE TROPICALE DU SENEGAL
Les mêmes qui saluent la décision du Conseil constitutionnel, ont outragé et injurié ses membres, criant au «complot», quand ils ont invalidé la candidature de leur champion sous le coup de plusieurs condamnations.
Le Conseil constitutionnel a retoqué et le décret n°2024-106 du 03 février 2024 portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 et la loi n°4/2024 adoptée par l’Assemblée nationale en sa séance du 5 février 2024 portant dérogation aux dispositions l’article 31 de la Constitution.
Au regard de notre Charte fondamentale, «les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles». Je n’arrive pas à verser dans l’hystérie collective ni à joindre ma voix au concert de celles qui font d’une décision ordinaire un événement. Le Sénégal est une démocratie, encore à parfaire, mais bien loin des dictatures tropicales du continent. Il s’agissait selon moi d’un jour normal dans notre grand pays. L’Exécutif a pris un acte réglementaire et les députés ont voté une loi ; les deux ont été jugés sans fondement légal par les «Sages».
Le chef de l’Etat peut nommer sept juges, qui cassent sa décision sur une matière d’une importance capitale pour le présent et l’avenir du pays. Ces juges vont ensuite vaquer librement à leurs occupations sans craindre ni pour leur vie ni pour celle de leurs familles.
Une démocratie majeure se construit dans le temps grâce aux actes posés par les trois pouvoirs qui en sont les chevilles ouvrières. On arrive à un Etat de Droit par la sédimentation dans le temps des arbitrages juridiques et des décisions des autorités légales et légitimes qui renforcent la liberté et la paix civile.
Ce concert d’extases chez les politiques, intellectuels et dans l’opinion renseigne sur le personnel public qui n’est pas à la hauteur de notre démocratie. Il faut être peu ambitieux pour parcourir les médias du pays et de l’étranger et chanter les louanges du juge, qui dit, selon lui, le Droit, et dont nous devons nous conformer tous à la décision.
Dans un passé récent, les juges Sabassy Faye et Ousmane Racine Thione ont donné tort à l’Etat au profit d’un adversaire politique. C’est en banalisant les décisions de Justice que l’on construit un espace public serein. C’est ainsi que l’on arrive à ce que soutient souvent mon ami Yoro Dia ; pour lui il faut que le Sénégal passe de «l’ère des furies» à celle du «règne de l’opinion».
Au contraire, nous sommes à l’ère d’une démocratie du bavardage sans consistance d’un corps politique dont beaucoup d’acteurs sont indignes d’être les légataires de l’héritage de nos pères fondateurs. Sinon comment comprendre que Aminata Touré -vu son aridité et son agitation, je me demande encore comment elle a pu arriver à la station de cheffe du gouvernement- puisse ne serait-ce qu’oser être candidate à la magistrature suprême. Elle n’est pas la seule certes à être davantage un objet de curiosité qu’un acteur politique sérieux. L’ancienne Première ministre avait accusé en janvier 2024 le Conseil constitutionnel d’avoir «volé» ses parrainages. En février, sans transition aucune, elle salue la décision de ceux qu’elles refusaient d’appeler «Sages» quelques semaines auparavant. C’est cela le Sénégal d’aujourd’hui, ces individus de peu de vertu pullulent dans l’espace politique et poussent d’autres bien plus responsables à prendre la porte. Sur ce sujet, on attribue à Pierre Mauroy cette phrase lumineuse : «Quand les dégoûtés partent, il ne reste que les dégoûtants.»
Nous ne pouvons pas bâtir une démocratie solide sans démocrates, comme il est impossible de construire une République sans républicains. Les juges sont conspués quand ils prennent une décision qui ne va pas dans le sens souhaité par les acteurs d’un camp ; très souvent les mêmes biberonnés à la haine des institutions républicaines, à l’injure et à l’outrance.
A la lecture de la Décision des «Sages», j’ai pensé aux manifestes des 102, des 49, des 117, puis des 104 intellectuels qui proclamaient que nous n’étions plus un Etat de Droit. Sans oublier les échappées solitaires d’intellectuels et de politiques qui se sont passé le mot pour manipuler nos concitoyens et salir notre pays à l’étranger.
Les mêmes qui saluent la décision du Conseil constitutionnel, ont outragé et injurié ses membres, criant au «complot», quand ils ont invalidé la candidature de leur champion sous le coup de plusieurs condamnations. Lui-même les accusait le 8 juin 2022 de «haute trahison», poursuivant de plus belle, il les traitait de «délinquants de la loi». Nos pétitionnaires si prompts à défendre la Justice n’avaient rien entendu…
«Tout ce qui est excessif est insignifiant.» Les pétitions signées par les mêmes et publiées sur la même plateforme, -seuls les titres changent- à la fin, relèvent du radotage, et ça ne fait plus très sérieux. La politique n’est pas un jogging du dimanche matin ni une activité qu’on pratique par intermittence. La politique, c’est l’essence-même pour faire société.
Le Sénégal est une démocratie, certes en chemin. La République a prévu des textes pour résoudre nos différends. Demander à des enfants de descendre dans la rue quand on a introduit un recours -finalement ayant obtenu gain de cause- c’est irresponsable. Mais qu’attendre de gens qui ont formulé ou soutenu deux années durant des insultes et menaces vis-à-vis de magistrats ?
Nous demeurons sur la même ligne de l’attachement viscérale à la République. Vous, qui avez injurié les «Sages» en janvier, venez les féliciter en février. Nous, républicains, sommes restés constants et sur la même ligne car nous ne parlons qu’au nom de notre conscience et de notre attachement à la démocratie et à la République. Quid des enfants qui ont perdu la vie à cause d’adultes de peu de foi ? On ne vient pas en politique pour mourir. Les invocations sacrificielles, les termes «martyr» et «gloire aux morts» sont dangereux et relèvent d’un imaginaire fondamentaliste et extrémiste. On ne peut s’habituer à la mort d’enfants pour ensuite leur accorder un post sur Facebook. C’est d’une sidérante indécence.
Concernant la suite, le gouvernement du Sénégal a eu raison de prendre acte de la décision des juges et de décider de l’exécuter. Il n’y a pas d’alternative à la loi. Imaginons ensemble, en puisant dans le génie sénégalais, les moyens de sortir de l’impasse.
Une dernière chose : ceux qui exigent du président de la République qu’il «arrête de s’immiscer dans l’action judiciaire» sont ceux qui applaudissent la libération de centaines de personnes sur décision individuelle au mépris des procédures en cours. Quand sont libérés sans préavis des gens sur qui pèsent parfois des charges très lourdes, je ne vois curieusement pas les pétitionnaires aux grands principes hausser la voix, signer une pétition et dénoncer une «forfaiture», une «dictature sanguinaire» et appeler le «peuple» à la «résistance». Tout ça au fond contient une seule vertu : voir les masques tomber pour identifier ainsi qui est qui.
PAR Tiébilé Dramé
HOMMAGE AU PEUPLE SÉNÉGALAIS ET À SA DÉMOCRATIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Vous nous avez donné tous une belle occasion de relever la tête et de garder allumée la lueur de l’espoir en une Afrique démocratique. Merci Sénégal !
Vendredi matin, 16 février, toute l'Afrique s'est réveillée un peu moins inquiète. Grâce au Sénégal. Grâce au Conseil constitutionnel de ce pays démocratique !
De l'abrogation du décret convoquant le collège électoral, le 3 février, à l'arrêt salvateur du 15 février, nous avons rasé les murs. Si le Sénégal nous fait ça, qu'allons-nous avoir à dire ailleurs sur le continent ?
Hommage au peuple sénégalais, à sa démocratie qui résiste, à sa vibrante société civile, à son opposition politique, à son élite consciente et dynamique, à sa presse toujours debout et à son Conseil constitutionnel !
Au président Macky Sall qui s'est incliné devant le verdict des Sages ! À la mouvance présidentielle qui a accepté le jeu normal des institutions démocratiques.
Vous nous avez donné tous une belle occasion de relever la tête et de garder allumée la lueur de l’espoir en une Afrique démocratique.
Merci Sénégal !
par Amadou Sarr Diop
L’IMPÉRATIF DÉMOCRATIQUE ET LES ENJEUX DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le processus démocratique depuis le paradigme des trois courants instauré par Senghor n’a pas engendré dans l’histoire politique postcoloniale de notre pays une mobilisation citoyenne sur des questions de développement
La crise suscitée par la tentative de report du scrutin présidentiel a failli ouvrir une ère d’incertitudes, préjudiciable à notre modèle démocratique tant vanté. Mais au-delà de la guerre des « régimes de vérité » et des « régimes de discours » suscitée par la situation de l’heure, la crise révèle deux constats. D’une part, elle est l’indice probant d’un processus de transformation d’un modèle démocratique qui a atteint ses limites, car les turbulences qui ont accompagné le processus électoral révèlent une fin de cycle politique. D’autre part, la crise du moment peut produire de l’inédit dans un désordre fécond d’où naîtront des changements positifs pour notre démocratie si les acteurs s’accorderont, après les élections, à refonder le modèle.
La totalisation démocratique : un lieu de questionnement de la crise politique actuelle
La totalisation démocratique traduit la violation des règles démocratiques par un abus démesuré des espaces de liberté et par la banalisation des institutions de la part des acteurs politiques. Elle indique une sorte de malaise dans le vécu démocratique généré par le divorce entre l’impératif démocratique fondé sur le principe éthico-politique et la manipulation des institutions pour des intérêts partisans. La lecture du contexte politique sénégalais des deux années passées renseigne sur la totalisation démocratique qui a fini par fragiliser les institutions et à développer l’image d’une démocratie balafrée. Au nom de la logique de conservation du pouvoir à tout prix, la gouvernance de Macky Sall a contribué à la dissolution des règles du jeu démocratique jusqu’à produire dans les rapports entre acteurs politiques l’indice d’une rupture de consensus. Ce qui était vendu aux Sénégalais comme un nouveau paradigme, par une gouvernance vertueuse, n’a pas évidemment produit les effets attendus pour éloigner définitivement le Sénégal du cycle de fragilité démocratique dans lequel Wade avait fini par installer notre pays. Avec la seconde alternance, la gouvernance politique n’a pas varié, la pratique démocratique au Sénégal flirte avec la cacophonie du fait de l’irresponsabilité de ses acteurs. Dans ce jeu de l’ombre d’un président fondamentalement partisan, s’est développée une mise en stratégie de la ruse politique, faite de calcul et de manipulation. Au lieu de situer le débat politique au niveau des réalisations factuelles et sur la vision de faire du Sénégal un pays émergent, les politologues et conseillers de tous bords du régime de Macky Sall ont été piégés par l’opposition qui a choisi la stratégie de la délation et la rhétorique de l'engagement politique.
Par ailleurs, les stratégies politiques initiées par l’opposition sénégalaise dans sa stratégie de prise du pouvoir ont été actées en dehors du principe de la modération et de l’intelligence stratégique dans la conquête démocratique du pouvoir. L’opposition radicale qui a porté la lutte politique contre le pouvoir, sous la houlette du théoricien de l’anti-système Ousmane Sonko, a opté pour l’instrumentalisation du désordre. C’est un rapport pouvoir et opposition qui se déploie dans une logique de conflictualité extrême qui a prévalu et dont les conséquences ont conduit à la transgression, par la violence organisée, de l'ordre démocratique dans ses fondements intrinsèques jusqu’à occasionner, selon certaines sources, plus de 50 morts. Le tort de l’opposition à l'endroit du peuple sénégalais a été de privilégier dans son option l'excès de la violence politique dans sa stratégie de lutte contre le régime de Macky Sall. Même dans les régimes de discours destinés à la communication politique, la violence et la radicalité dans le propos ont prévalu. La communication politique depuis bientôt trois années se révèle par l'émergence de régimes discursifs nourris de polémiques continues faites de paroles relâchées et violentes, en dehors des positions programmatiques. L’usage de la violence dans les sociétés démocratiques où les processus d’institutionnalisation des conflits sont très développés et fonctionnent dans son cadre normatif, témoigne d’une impatience ou/et de manque de lucidité politique et de capacité à faire usage de l’intelligence stratégique dans la conquête démocratique du pouvoir.
L’image trompeuse d’une démocratie politique vantée dans le monde
En reportant de manière sine die l’élection à quelques heures de l’ouverture de la campagne électorale, prenant comme prétextes les soupçons de corruption portés sur certains membres du Conseil constitutionnel et le cas Wardini, le président Macky Sall a franchi le Rubicon en oubliant qu’en politique personne ne peut sauter au-delà de son ombre. La décision inattendue a été un coup de poignard pour le peuple sénégalais. C’est comme si les crises sociales et politiques qui ont frappé le Sénégal ces deux dernières années, du fait des hésitations et des errements du régime dans leur résolution, ne suffisaient pas pour établir une crise de confiance entre le citoyen sénégalais et les institutions. Pris dans un contexte fortement politisé, fait de tension permanente où les Sénégalais sont intellectuellement affamés de débats programmatiques autour de leurs préoccupations réelles, la tentative de report de l’élection a réveillé les velléités d’une opposition colérique. Tout pouvait arriver pour notre pays, devenu un enjeu géoéconomique et géostratégique pour les multinationales et les lobbies de tous bords, du fait des récentes découvertes pétrolières et gazières. Cette crainte est justifiée par un contexte géopolitique sous-régional qui a favorisé la présence dans notre pays divers acteurs parasites qui ont investi le champ politique pour en faire une variable déstabilisatrice. Ces acteurs profitent des contextes d’instabilité et de leurs points de ruptures, en amont d’intérêts particuliers à échelles variables : irrédentisme, contrôle des routes du trafic et de la criminalité, islamisme radical. Heureusement, le Conseil constitutionnel a rétabli l’impératif démocratique pour sauver notre pays de la déstabilisation.
Il est évident que des éléments d’histoire peuvent participer à clarifier la situation actuelle. En convoquant quelques constats relatifs à l’histoire politique du Sénégal, on peut comprendre la base explicative des dérives actuelles comme une résurgence des travers d'une démocratie malade de ses acteurs. En interrogeant la pratique de ces derniers et la quintessence de notre modèle démocratique tant vanté, on constate que les élites dirigeantes ont toujours eu la latitude de procéder à des manipulations de nos institutions à des fins de conservation du pouvoir. Le mal de notre système démocratique est l’existence d'un hyperprésidentialisme que certains juristes considèrent comme une pathologie fondatrice des fréquentes retouches constitutionnelles au gré d’intérêts partisans. De Senghor à Macky Sall, en passant par Diouf et Wade, chacun a eu à abuser de notre charte démocratique à des fins partisanes. La démocratie s’est réduite à la seule sphère politique par l’organisation d’élections souvent sources de conflits socio-politiques, de violence et de fragmentation sociale. En réalité, les échéances électorales ont été depuis 1963 des moments de tension : les élections ont alors oscillé entre mode de régulation conservatrice de l’élite gouvernante et moyen de réduire l’opposition à un simple rôle figuratif et décoratif. Le constat est la prééminence d’une démocratie politique où le calendrier électoral est le seul emblème identitaire d’un système amputé de ses véritables missions régaliennes. En effet, le processus démocratique depuis le paradigme des trois courants instauré par Senghor n’a pas engendré dans l’histoire politique postcoloniale de notre pays une mobilisation citoyenne sur des questions essentielles de citoyenneté et de développement. L’adoption de la démocratie, au plan des principes, ne s’est pas traduite dans la réalité de l’exercice du pouvoir encore moins dans les stratégies de développement. Le processus démocratique n'a pas engendré pour notre pays la culture du développement, le culte du travail, bref la conscience citoyenne dans sa plénitude, de manière à induire un engagement citoyen pour l'émergence véritable. Le modèle démocratique sénégalais n’a pas contribué à des stratégies d’auto-expression et d’auto-détermination des citoyens constitués en collectivités à la base pour entreprendre de véritables dynamiques de développement territorial. Nous vivons les avatars d’une démocratie piégée par les travers de son élite politique qui place sa survie au premier de ses agendas. Sous ce rapport, notre système démocratique n’a jamais été un levier de gouvernance en termes d’assomptions de forces d’alternance et de progrès. La figuration et la reconfiguration des forces politiques depuis les indépendances, et les formes d’alliances qui se sont nouées et se sont dénouées au gré des circonstances et des intérêts partisans, donnent l’image d’une démocratie qui ne sert qu’une élite politique de rentiers qui mangent sur le dos du peuple. Or, la mission de l’élite politique dans l’ordre démocratique est d’inscrire le sens de son engagement dans la résolution des préoccupations des populations.
Au-delà des effets de la crise : l'impératif de refondation de la société sénégalaise
Dans le projet de conjurer la crise actuelle, il nous faut sortir des paradoxes structurels d’un modèle démocratique qui propose de fausses solutions à une crise profonde et systémique. Toute tentative de réconciliation même le plus diplomatiquement menée ne peut avoir d’assise solide que fondée sur un principe éthique comme soubassement. Dans son ambition de faire régner l’ordre raisonnable pour éviter les dérives de l’irrationalité du désordre social, la démocratie ne peut se passer du principe éthico-politique qui transcende les intérêts partisans au nom de la souveraineté du peuple. Face au projet de report des élections, perçu comme un coup fatal dans le processus démocratique, se jouent plusieurs enjeux dont leur prise en compte par l’intelligence politique augure, au-delà de la restrictive sphère des agendas politiques, un horizon des possibles dont les contours s’inscrivent dans le vaste projet de refondation de la société sénégalaise pour l'émergence d’un espace politique libéré du piège des politiques. La crise induite par le report de l’élection charrie alors des enjeux dont il faudra tenir compte pour négocier, dans le futur des rencontres, ce qu’il convient d’appeler les bases du consensus refondateur de notre modèle démocratique.
Le premier enjeu est d’ordre citoyen. Il transcende les appartenances politiques partisanes et interpelle les citoyens sénégalais à imposer dans le choix de leurs dirigeants la rigueur de principe. Il faut en finir avec l’effet de sensation dans le choix de nos élites. La lucidité des citoyens dans le choix des dirigeants est l’expression de vitalité démocratique et de maturité citoyenne pour conjurer les dérives dans l'exercice du pouvoir. Sous ce rapport, le piège des convergences d’intérêts partisans dans la fabrique des alliances politiques par des acteurs, mus par leurs propres intérêts, est le premier défi à combattre au regard des dernières échéances électorales municipales et législatives qui ont fait émerger des élus dont les ambitions personnelles et l'immaturité politique laissent loin derrière les projets programmatiques. Les nouveaux opposants du régime de Macky Sall, hier adeptes du système et aujourd'hui au service de l'antisystème, symbolisent un cas de figure d’une élite politique sans doctrine, ni éthique encore de cadre programmatique dans leur engagement politique.
Le second enjeu nous situe dans la problématique du renouvellement de la vieille garde politique hantée par le spectre de l'échec et de l'immobilisme dans le management de nos institutions. L’enjeu est de libérer la démocratie de cette horde de professionnels de la politique qui tirent leurs subsistances des fonctions de sinécure. Il convient de conjurer une situation où des acteurs du jeu politique, qui n’ont ni l'épaisseur intellectuelle ni la compétence, décident de notre destin. Il faut travailler à l’avènement d’une recomposition élitaire autour de l'État pour l’avènement d’une nouvelle forme de gouvernance incarnée par des élites programmatiques pour mettre fin aux tâtonnements dans la gouvernance et surtout pour mettre fin aux détournements et aux gaspillages de nos ressources par une élite politique et administrative corrompue, experte dans les stratégies d’accaparement de ressources et de rentes.
Le troisième enjeu est relatif à l’éducation à la citoyenneté par la fabrique d’un citoyen conscient de ses droits et devoirs. A ce niveau, c'est la refondation de l’école qui s’invite au débat politique et interpelle sur la crise des savoirs enseignés et sur la nécessaire prise en compte de l’éducation aux valeurs et à la citoyenneté. Sous l’angle de la réforme de notre système éducatif, il faut procéder à la refonte de nos curricula pour que la construction des compétences soit corrélée à l’éducation aux valeurs et à la citoyenneté. Le citoyen vit un déficit d’engagement social et privé du sens de l'éthique citoyenne par l’effort dans le travail et dans le respect des règles de vie, à partir de valeurs citoyennes partagées. L’enjeu est de faire participer l’école à la naissance d’un espace politique citoyen qui soit un levier de progrès, d’intégration, de fabrique de l’esprit de citoyenneté.
La réalisation à l’échelle territoriale d’une gouvernance porteuse de dynamiques territoriales de développement est un autre enjeu pour l’impératif démocratique. Elle participe à fixer les jeunes dans leurs terroirs par l'entrepreneuriat à l’échelle territorial autour des activités endogènes liées aux métiers d'artisanat, d'agriculture, d’élevage et de pêche. C’est l’option d’une démocratie à la base porteuse d’initiatives pour la création de projets générateurs de revenus, qui est la voie indiquée pour endiguer la clameur juvénile, revendiquant un bien être pour une reconnaissance sociale.
Enfin, le dernier enjeu est d’ordre médiatique, d'ordre communicationnel. Il s'agit de réaliser des mécanismes pour assainir l’espace médiatique sénégalais devenu un facteur de fracture sociale par la manipulation, par les abus d’opinion, par la brutalisation du débat, sous le prisme de l’«ensauvagement» des relations sociales. L’ampleur du mal de vivre que prend l’ère des nouvelles technologies, et spécifiquement des réseaux sociaux, font le jeu des artisans de l’injure publique. Il est vrai que la subversion à l'égard des modèles de communication classiques a généré un abus de droit à la liberté d’expression, par l’amalgame et l’hypermédiatisation du politique dans le champ communicationnel. Les plateaux de télévision, les antennes de radios, de même que les réseaux sociaux, sont capturés par une horde de journalistes et de chroniqueurs attachés au style porteur des débats de sensation, donnant naissance à ce que certains spécialistes de la science politique appellent les apories de la totalisation démocratique par le dérapage médiatique. L’éducation à la citoyenneté et les débats politiques autour des offres programmatiques peuvent participer à un éveil des consciences, à la construction d’un esprit citoyen.
En définitive, l’annonce du report de l’élection a été une épreuve pour tous les démocrates de ce pays. Mais, au-delà du désastre social et politique qu’elle a occasionné, la crise politique du moment indique à l’horizon, indépendamment de l’alchimie politicienne en cours, un changement de paradigme. L’exigence de rupture par rapport à la manière de faire politique au Sénégal s’impose aux acteurs politiques. Eu égard à ces différents enjeux énoncés dans notre propos, il nous faut regarder l’avenir au-delà de la muraille du désordre actuel. Ce sursaut pour notre pays dépendra de la façon dont seront réglés les problèmes de démocratisation, de gouvernance, de gestion des ressources et de pacification des espaces sociaux où les jeunes seraient pleinement épanouis. L’espoir est permis pour ceux qui savent lire la crise actuelle dans le sens de l’histoire : “l’avenir est plus vrai que le présent”.
Amadou Sarr Diop est sociologue, enseignant-chercheur à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
par Jean-Louis Correa et Abdou Khadre Diop
ANALYSE FURTIVE D’UNE DÉCISION ATTENDUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour la première fois, la haute juridiction s'autorise à travers la décision 1/C/2024 du 15 février 2024 à contrôler une loi nominalement constitutionnelle. Cela ancre le Sénégal un peu plus dans l'État de droit démocratique
Jean-Louis Correa et Abdou Khadre Diop |
Publication 20/02/2024
Comme souvent, cette fois un peu plus, la postérité nous édifiera, le Conseil constitutionnel du Sénégal vient de rendre une décision qui fera date. Saisi à la fois par des députés et des candidats à l’élection présidentielle, le juge constitutionnel, avec la décision 1/C/2024 du 15 février 2024, pose un jalon supplémentaire dans l’œuvre de construction de l’État de droit et de la démocratie au Sénégal.
Dans une écriture à quatre mains d’un privatiste et d’un publiciste, dans une volonté conjointe de décloisonnement de la science juridique, pour mieux visiter les confins des choses, nous vous proposons cette lecture furtive d’une décision attendue.
Une décision de principe et non un revirement jurisprudentiel
Plusieurs enseignements juridiques peuvent être tirés de cette décision. D’un point de vue procédural, la décision 1/C/2024 peut être envisagée comme une décision de principe ou arrêt de principe, comme diraient les privatistes. Le marqueur de l’arrêt de principe étant soit la composition particulière de la juridiction (chambres réunies de la Cour suprême) ou le caractère inédit de la décision rendue par la juridiction saisie. Mais en s’attachant à ce dernier critère, on peut constater le caractère fondateur et principiel des solutions ici dégagées par le juge. On ne saurait ici parler de revirement jurisprudentiel dans la mesure où le Conseil constitutionnel ne change pas sa doctrine. La décision 1/C/2024 est donc une décision de principe, parce qu’étant doublement inédite.
L’acte administratif et le juge constitutionnel : l’audace des requérants
L'originalité première de cette décision réside dans la compétence du Conseil constitutionnel pour connaître d’un recours en contestation de légalité d’un acte administratif. Bien que reconnaissant la plénitude de juridiction de la Cour suprême relativement au contentieux portant sur l’excès de pouvoir des actes administratifs, le juge constitutionnel se déclare tout de même compétent en affirmant que « considérant que s'il est vrai que la Cour suprême est juge de l’excès de pouvoir des autorités exécutives, le Conseil constitutionnel, juge de la régularité des élections nationales, dispose d'une plénitude de juridiction en matière électorale, sur le fondement de l’utile 92 de la constitution ; que cette plénitude de juridiction lui confère compétence pour connaître de la contestation des actes administratifs participant directement à la régularité d’une élection nationale, lorsque ces actes sont propres à ce scrutin. »
Les requérants ont fait preuve d'une grande audace, en saisissant le Conseil constitutionnel en contestation de la légalité d’un décret, en toute connaissance de l’organisation judiciaire du Sénégal et des compétences respectives de chaque juridiction. C’est un véritable coup de poker juridique qui a fonctionné, comme quoi qui ne tente rien n’a rien. Parce que la Cour suprême du Sénégal, dans sa jurisprudence constante, considère les décrets portant sur la convocation du corps électoral, la convocation de l’Assemblée nationale, comme des actes de gouvernement, insusceptibles d’être contrôlés par elle (par ex : CS, arrêt n°19 du 17 mars 2016, Ousmane Sonko c/ État du Sénégal). Cette possibilité judiciaire étant certaine, saisir le juge constitutionnel en contestation de la légalité d’un acte administratif relève d’une réelle témérité procédurale. Si l’auteur de pareille gageure procédurale n’est pas un maître, que nos intercesseurs agréés n’en prennent ombrage, leur profession gardée n’est pas en danger.
Le Conseil constitutionnel, en retenant sa compétence, a comblé un vide, un interstice juridique brandi comme pouvant être un obstacle dirimant à l’intervention du juge. L’acte de gouvernement, que d’aucuns n’ont de cesse de brocarder, est un autoritarisme exécutif d’un autre âge, contraire au jeu de check and balances utile en démocratie. Dans son Considérant 7, le juge constitutionnel, après avoir rappelé la plénitude de juridiction de la Cour suprême pour l’excès de pouvoir des actes administratifs n’en rappelle pas moins sa plénitude de juridiction pour tout ce qui a trait aux élections nationales, qu’elle qu’ait été l’instrument juridique utilisé, acte administratif ou loi.
Ce qui fonde la compétence du juge constitutionnel en contestation de légalité d’un acte administratif, c’est la notion de matière électorale sur laquelle le juge constitutionnel exerce « une plénitude de juridiction ». C’est donc cette pleine compétence qui lui octroie le droit de connaître du contentieux d’un acte administratif parce que ce dernier « participe directement à la régularité d’une élection nationale ». En écho au Code électoral, le Conseil constitutionnel accepte de connaître d’un acte administratif en raison de son rattachement aux élections nationales. Cela constitue en soi un fait inédit et reconfigure le flux du contentieux des actes administratifs.
Sur ce point, il serait curieux de voir le sort des recours formés contre le décret 2024-106 du 3 février 2024 devant la Cour suprême. Celle-ci semble être liée par les dispositions de l’article 92 de la Constitution qui consacrent l’autorité de chose jugée des décisions rendues par le Conseil constitutionnel aussi bien à l’endroit des autorités administratives que juridictionnelles.
Loi constitutionnelle ou loi de dérogation à la Constitution
L'originalité seconde attachée à la décision 1/C/2024 réside dans le fait que pour la première fois, le Conseil constitutionnel entreprend de contrôler la conformité d’une loi constitutionnelle à la Constitution. Rappelons que le périmètre du contrôle de la constitutionnalité des lois se limitait, en pratique, aux lois organiques et aux lois ordinaires. Les lois constitutionnelles en étaient, en principe, exclues.
Une loi constitutionnelle est une loi de révision de la Constitution adoptée par le constituant dérivé selon une procédure prévue par la Constitution, d’où son autre appellation de loi de révision constitutionnelle. A priori, cela peut s’entendre qu’une telle loi ne puisse être contrôlée par le Conseil constitutionnel. L’Assemblée nationale est la représentation du peuple, lorsqu’elle s’engage dans la révision de la Constitution, cette expression de volonté populaire ne saurait être censurée par un Conseil, fut-il constitutionnel, dont les membres sont élus par le président de la République. Si les juges pouvaient s’autoriser de révoquer les lois de révision constitutionnelle, le gouvernement des juges ne serait plus ce spectre décrit par Michel Troper.
Mais en réalité, la loi n°4/2024 adoptée par l'Assemblée nationale, en sa séance du 5 février 2024, est une loi constitutionnelle seulement du point de vue nominal et formel mais, d’un point de vue substantiel et matériel, elle n’est pas une loi constitutionnelle. A s’en tenir qu’à sa dénomination, la loi est dite « loi portant dérogation à l’article 31 de la Constitution ». Le dessein de construction d’un véritable artefact juridique trouve son prélude dans le titre même de la loi.
Pour précision, il n’existe pas dans la Constitution, ni dans le droit constitutionnel, une catégorie de loi dérogatoire à la Constitution. Il n’existe pas non plus de procédure de dérogation à la Constitution qui serait autonome, différente ou détachable de la procédure de révision. Ce qui existe, c’est une loi de révision de la Constitution, encore appelée loi constitutionnelle qui se matérialise par une procédure de révision soit par le biais de l’article 51 ou de l’article 103. La dérogation, par contre, est une modalité et non une alternative à la révision. Comme l’a indiqué le Conseil constitutionnel dans sa décision 3/C/2005 du 18 janvier 2006, une loi de révision constitutionnelle peut avoir pour objet d’« abroger, modifier ou compléter les dispositions de valeur constitutionnelle » et que la dérogation peut être « transitoire ou définitive » (considérant 3).
Le juge constitutionnel, les lois de révision constitutionnelles et le processus électoral
Le Conseil constitutionnel était confronté à deux situations que sont le contrôle des lois de révision constitutionnelle et le contrôle du processus électoral. Sur ces deux questions, le juge constitutionnel est sorti des sentiers battus. Sur le premier point, la haute juridiction constitutionnelle opère un contrôle minimum en retenant sa compétence pour connaître des lois constitutionnelles qui ont pour effet et non pour objet de porter atteinte à des règles intangibles fixées par la Constitution (art. 27 et 103) et à des principes à valeur constitutionnelle de sécurité juridique et de stabilité des institutions. (Considérant 17). Sur le contrôle du processus électoral, le Conseil constitutionnel étend sa compétence à l’appréciation d’actes administratifs intervenant dans ce processus se fondant sur une plénitude de juridiction du Conseil en la matière, même lorsqu’il s’agit d’un décret. Donc les décrets adoptés dans le cadre des élections nationales sont de la compétence du Conseil constitutionnel et non de la Cour suprême.
Constitutionnalisme moderne et résilience du modèle démocratique sénégalais
A l’ère du constitutionnalisme moderne, l’idée de souveraineté ou d’immunité absolue du pouvoir constituant dérivé est de plus en plus remise en cause. Le pouvoir de révision constitutionnelle n’échappe plus au contrôle du juge régional, dès l’instant qu’il porte atteinte aux principes de convergence constitutionnelle définis dans le Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance et la Charte africaine sur la démocratie, les élections et de la gouvernance. Cette tendance est attestée par la décision de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples du 4 décembre 2020, Houngue Éric Noudehouenou c/ Benin.
Le recours au droit comparé permet aussi de relativiser l’absolutisme de la souveraineté du pouvoir constituant, car le contrôle que vient d’opérer le juge constitutionnel sénégalais est déjà consacré depuis 2006 dans la jurisprudence constitutionnelle du Bénin (décision 8 juillet 2006 DCC 06-074) 2001 au Mali (décision du 12 décembre 2001), 1994 au Burundi (décision du 18 avril 1994, Jean Ndeberi, RCCB-40).
Comme la perfection n’est pas de ce monde, il est reproché au Conseil constitutionnel d’inviter les autorités compétentes à organiser l’élection présidentielle dans « les meilleurs délais », alors que l’exercice de son pouvoir de régulation lui aurait permis d’aller plus loin. D’aucuns ont proposé des scénarios, mais notre propos est volontairement élusif à ce sujet. Sauf à respecter la date butoir du 2 avril 2024, la responsabilité et le devoir incombent au président de la République d’organiser l’élection…dans les meilleurs délais.
Quoi qu’il en soit, le modèle de démocratie sénégalais demeure résilient. La démocratie n’est pas un long fleuve tranquille, elle se nourrit de dialectique, de furie et d’impétuosité, au-delà de la simple rhétorique. La conscience démocratique du peuple sénégalais, son attachement viscéral à l’acte de voter ne peuvent être entravés et entamés par aucune circonstance. Mais comme disait Cocteau, « le tact dans l’audace est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin ». Souvent alarmés par les secousses et autres soubresauts de la démocratie sénégalaise, celle-ci montre, jusqu’à présent, son aptitude à s’en sortir par le haut. Il ne reste plus que l’intervention du président de la République pour que du haut l’on passât au sommet.
Jean-Louis Correa est Agrégé des facultés de droit, Droit privé, UN-CHK (Ex : UVS).
Abdou Khadre Diop est Agrégé des facultés de droit, Droit public, UN-CHK (Ex : UVS).
GUINÉE, DOUMBOUYA DISSOUT LE GOUVERNEMENT
Ce lundi 19 février, par décret, le colonel Mamadi Doumbouya, chef de la junte guinéenne, a dissous le gouvernement en fonction depuis juillet 2022.
iGFM - (Dakar) Ce lundi 19 février, par décret, le colonel Mamadi Doumbouya, chef de la junte guinéenne, a dissous le gouvernement en fonction depuis juillet 2022.
"Le gouvernement est dissous. La gestion des affaires courantes sera assurée par les directeurs de cabinet, les secrétaires généraux et les secrétaires généraux adjoints jusqu'à la mise en place d'un nouveau gouvernement", a informé un porte-parole de la junte, le général Amara Camara.
Mamadi Doumbouya avait pris le pouvoir fin septembre 2021. Il a consenti, sous la pression internationale, à rendre le pouvoir à des civils élus d'ici à fin 2024, le temps de mener de profondes réformes.
par Pape Samba Kane
PRÉSIDENTIELLE AU SÉNÉGAL : LA FRANCE VEUT JOUER EN ÉTANT SÛRE DE GAGNER
EXCLUSIF SENEPLUS - Paris tenterait à travers le décret français retirant la nationalité à Karim Wade de se racheter une conduite en Afrique après avoir perdu de nombreux soutiens. Mais son implication malavisée risque d'aggraver son déficit d'influence
La France veut-elle redorer son blason en Afrique sur le dos du Sénégal ? D'Europe 1, à RFI-France 24, en passant par une bonne partie de la presse écrite, le tout largement relayé par des sites internet dédiés ou non, les médias français s'en donnent à cœur joie sur le Sénégal, dans une sorte de bashing systématique, depuis le report de l'élection présidentielle au Sénégal ; et avec une telle frénésie, d'ailleurs, que des mots, quelque peu tabous pour eux et, à vrai dire, démodés, comme "Françafrique", "pré-carré", y sont convoqués à tout-va. Même le retoquage, par notre Conseil constitutionnel, du décret présidentiel du 3 février n'y a rien changé. Cela, après que le Quai d'Orsay, pour la première fois de toute l'histoire politique de notre pays, eut pris une position tranchée contre une décision de nature si éminemment politique d'un pouvoir en place chez nous, et réclamé la tenue de l'élection présidentielle à date. Cela, juste après l'annonce du Président Macky Sall. Il n'avait même pas attendu le vote de la loi par l'Assemblée nationale, prévu pour le lendemain seulement.
Face à des options politiques ou décisions gouvernementales contestées de son ancienne colonie chouchoute, la France s'était toujours réfugiée derrière une langue de bois d'ébène, quand elle n'avait pas été, de façon nette ou nuancée, en parfait accord avec ses gouvernants.
Avec la complexité de la situation ayant découlé de cette décision de reporter l'élection, elle-même partie d'une affaire inédite ou d'affaires toutes inédites chez nous, pas la moindre prudence n'a été observée par un pays étroitement lié au nôtre, et dont le moindre cillement d'yeux de ses officiels, même de second rang, sur ce qui se passe chez nous, est scruté et interprété dans tous les sens, souvent de façon subjective, parfois irrationnelle ! - Pas seulement de ses officiels d'ailleurs : la présence la plus remarquée lors du rassemblement de l'opposition, vendredi dernier, 16 février, en France est celle de Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise. De quelque façon, la France n'est jamais loin de nos affaires ; parfois, hélas, à la demande de nos politiques de tous bords.
Aujourd'hui plus que jamais, quand, touchée coulée sur le plan géopolitique par... Wagner - des "mercenaires" qu'ils disent -, elle cherche à quoi s'agripper pour surnager, ces railleries des médias français m'interpellent pour deux raisons, l'une relevant de la situation globalement inconfortable de l'ancienne puissance coloniale en Afrique de l'Ouest francophone, où les fondations mêmes de sa politique s'effondrent pilier après pilier, et de façon accélérée ; l'autre partant de ses relations étroites avec notre pays, dont une des manifestations - qui, me semble-t-il, est passée inaperçue aux yeux des observateurs - est directement liée à ce report de l'élection présidentielle - et donc forcément, à toutes ses consequences présentes et à venir. C'est ce décret portant déchéance de la nationalité française pour Karim Wade.
Parlons de cette dernière déjà !
Thierno Alassane Sall, qui avait saisi le Conseil constitutionnel sur la double nationalité de Karim, semblait bien en peine d'en apporter la preuve. Le Conseil constitutionnel, pour sa part, qui avait déjà enregistré et validé la déclaration sur l'honneur du candidat du PDS sur sa nationalité sénégalaise exclusive, n'a pas vocation, et certainement pas compétence d'enquêteur...
Ce décret venu de France - et qui apportait surtout la preuve qu'au moment de sa déclaration sur l'honneur Karim était encore français - n'avait assurément pas pour but de sauver la candidature du fils d'Abdoulaye Wade. Au contraire, et l'autorité française qui l'a fourni le savait très bien. Car au cas où il y aurait eu une brèche quelconque, Karim serait tombé, comme Mme Wardini, sous le coup de la loi, pour parjure.
On peut spéculer dans tous les sens sur ce décret, venu comme un cheveu sur la soupe déjà riche d'ingrédients étranges de cette élection présidentielle inédite au Sénégal, par les complications qu'elle charrie.
La France, par ce coup presque pour rien, sauf qu'il représente la goutte de trop ayant fait déborder le vase vers ce report controversé, tient à sa quête fiévreuse de se remettre dans le jeu en Afrique ! À trop bon compte, il me semble. Elle, qui ne sait plus où elle habite sur le continent noir, étant en train d'être chassée de partout sous les quolibets - "France dégage !", et autres haro - cherche à se remettre avec plus de confort autour de la table du poker géopolitique africain - et le Sénégal, quel que soit le régime qui s'y installera après celui de Macky Sall, en restera une carte majeure. Seulement, elle le fait avec une frénésie parfaitement improductive. Comme dernièrement après le coup d'État militaire au Niger, avec les mouvements de menton du président Macron. On a vu comment cela s'est terminé, la France est allée à Canossa face aux putschistes. - Pour en finir avec ce chapitre, au moment où je vais boucler ce texte, j'apprends par un quotidien (Dakar Times du 19/2) qu'il faut ajouter au grief des Occidentaux envers le Sénégal des accords militaires signés avec la Russie de Poutine par Macky Sall.
Marianne devrait prendre acte que les temps ont changé, peut-être prendre du recul, réfléchir plus longuement à comment se trouver une nouvelle place autour de la table. Avec une nouvelle mentalité. Jouer en étant sûr de gagner - comme elle en à l'habitude en Afrique depuis les indépendances - est la meilleure définition que l'on puisse donner au mot tricher.
Abdoulaye Wade, politicien hors classe et juriste chevronné, coach et principale ligne de défense de son fils, lucide, lui - et c'est soit dit en passant - à choisi cette belle confusion apportée par Paris pour remettre son parti en jeu dans une partie dont il avait été exclu, tout en faisant oublier, dans le brouhaha généralisé, le parjure de fiston. Et ça, ça va être absorbé, dissous dans le dialogue prévu. La très rapide remise en liberté de Mme Rose Wardini l'augure parfaitement.
Macky, lui, et son parti, boivent du petit lait.
Parce que, même si la dernière carte du président a été annulée par le Conseil constitutionnel, la nature hypertrophiée de notre présidentialisme a fait que les sept sages n'ont pu que (ne pouvaient que) remettre la main à Macky Sall, aujourd'hui encore à la tête de son administration, celle-ci chargée d'organiser l'élection, à une date que Sall choisira, le plus rapidement (certes) possible. Vu sa position inconfortable, il ne le fera pas sans concertation avec son opposition, et tous ces gens qui grenouillent autour des politiques pour grappiller de la renommée ou du cash, et que l'on nomme "société civile". Ainsi, le président Sall redevient maître du jeu politique, un jeu qu'il devra quitter le 2 avril prochain, quoi qu'il en soit.
Seulement, à cause de ce présidentialisme... royal - dont nous sommes tous comptables et que personne ne veut vraiment changer - mille possibilités lui sont ouvertes de peser sur l'avenir politique immédiat de ce pays ; surtout si l'on prend en compte toutes ces spéculations autour des raisons qui fondent ces libérations en veux-tu en-voilà de ces centaines de prisonniers dits politiques.
Si la France de Macron, dont on dit aussi qu'elle ne lui a jamais pardonné d'avoir ouvert sa porte à Marine Le Pen - principale menace pour Macron à l'horizon - a jeté ce pavé dans la mare, pensant ainsi sauver ses derniers meubles par la réhabilitation de Karim Wade, et jouer donc, par ricochet, la carte d'une opposition radicale donnée favorite - et depuis quelques temps couvée par ses médias -, eh bien, c'est tout l'effet contraire qui s'est produit...
On verra ce que le pouvoir marron beige et ses alliés feront (politiquement s'entend et dans le cadre de la loi) de l'aubaine d'avoir à fixer une date pour l'élection, qui leur est retombée entre les mains, fournie par un Conseil constitutionnel qui ne pouvait pas faire autrement, n'ayant pas pour vocation d'organiser des élections (et donc d'en fixer la date), mais de les arbitrer !
15 CANDIDATS EXIGENT LA TENUE DE L'ÉLECTION AVANT LE 2 AVRIL
Les candidats considèrent que la liste des 20 prétendants validée en janvier par le Conseil constitutionnel doit être respectée. Ils déplorent qu'aucune mesure n'ait été prise par les autorités pour exécuter la décision de cette institution
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 19/02/2024
Quinze des vingt candidats retenus en janvier dernier pour l'élection présidentielle sénégalaise ont exigé dans un communiqué consulté par l'AFP que le scrutin ait lieu au plus tard le 2 avril prochain, date d'expiration officielle du mandat du président sortant Macky Sall.
Selon une source fiable de l'Agence France-Presse, les candidats assurent que la liste des vingt prétendants entérinée par le Conseil constitutionnel en janvier reste intangible. Ils constatent "avec amertume" que depuis la décision de l'institution "aucun acte n'a été posé par les autorités dans le sens d'exécuter celle-ci", peut-on lire dans le communiqué signé notamment par l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall et le candidat anti-système Bassirou Diomaye Faye.
Cette prise de position intervient alors que les Sénégalais ignorent toujours la date du prochain scrutin présidentiel après l'invalidation par le Conseil constitutionnel de la décision du chef de l'État Macky Sall de reporter l'élection. Ce dernier a toutefois assuré vendredi son intention de "mener sans tarder les consultations nécessaires pour l'organisation de l'élection dans les meilleurs délais", comme le requiert la plus haute juridiction du pays.
Les quinze candidats signataires du communiqué, parmi lesquels ne figurent pas le Premier ministre Amadou Ba ni les anciens chefs de gouvernement Idrissa Seck et Mahammed Boun Abdallah Dionne, exigent donc que le second tour de la présidentielle se tienne au plus tard le 2 avril prochain, date d'expiration du mandat en cours.