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23 avril 2025
International
ABDOURAHMANE DIOUF RÉCLAME UN NOUVEAU TIRAGE AU SORT POUR LES PARRAINAGES
Alors que son dossier est soumis à l'épreuve décisive de la régularisation de ses parrains, le candidat refuse de se plier sans réagir au calendrier établi lors du premier tirage au sort
El Hadji Abdourahmane Diouf, candidat à l’élection présidentielle du 25 février prochain, a déclaré vendredi avoir demandé au Conseil constitutionnel un second tirage au sort pour déterminer l’ordre de passage des candidats concernés par la régularisation des parrains.
‘’Je viens de déposer une requête auprès du Conseil constitutionnel pour l’organisation d’un second tirage au sort déterminant l’ordre de passage des candidats convoqués pour la régularisation de leurs parrains’’, a déclaré M. Diouf dans une note parvenue à l’APS.
Dans une lettre adressée au président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara, l’opposant a rappelé ‘’la décision de la juridiction suprême rendue publique le 24 novembre 2023 et portant sur les règles relatives au contrôle des parrainages des candidats à l’élection présidentielle du 25 février 2024’’.
Dans cette décision, le Conseil constitutionnel mentionne que ‘’toute nouvelle convocation […] pour la régularisation [des parrains] doit s’appuyer sur un nouveau calendrier’’.
Il ajoute qu’‘’un autre tirage au sort suivant les mêmes formes que le premier est donc nécessaire’’.
M. Diouf fait partie des candidats concernés par la régularisation des parrains.
LE MALI REÇOIT DES DRONES DE TURQUIE
Les militaires au pouvoir au Mali ont réceptionné jeudi une livraison de drones de Turquie lors d'une cérémonie en présence du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta.
Les militaires au pouvoir au Mali ont réceptionné jeudi une livraison de drones de Turquie lors d'une cérémonie en présence du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a constaté un correspondant de l'AFP.
"Les plus hautes autorités du Mali se sont orientées vers l’acquisition de matériels majeurs, dont les drones de type Bayraktar TB2", a dit dans un discours le maître de cérémonie, s'exprimant au nom de l'état-major de l'armée de l'air. De fabrication turque, les drones Bayraktar TB2 permettent de surveiller le territoire national, de détecter des cibles suspectes, de les traquer et de les frapper au besoin avec une précision chirurgicale, a-t-il souligné.
Le correspondant de l'AFP a dénombré six drones sur le tarmac de l'aéroport de Bamako. Le Mali est en proie depuis 2012 à la propagation jihadiste et à une grave crise non seulement sécuritaire, mais aussi politique et humanitaire.
Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont opéré une réorientation stratégique, rompu la vieille alliance avec l'ancienne puissance dominante française et se sont tournés militairement et politiquement vers la Russie. Ils ont exigé le départ de la mission de l'Onu (Minusma), dont le retrait s'est achevé le 31 décembre.
Ils avaient déjà réceptionné en mars 2023 plusieurs avions de la Russie et des drones de la Turquie. Des livraisons d'équipements militaires russes ont également eu lieu en mars et août 2022 et en janvier 2023.
EN GAMBIE, LES ANNÉES JAMMEH DANS LE VISEUR DE LA JUSTICE
La Gambie fait face au défi de rendre justice pour la multitude de crimes commis pendant la vingtaine d'années (1994-2017) où Yahya Jammeh a dirigé ce petit pays ouest-africain d'une main de fer.
Pour l'heure, les rares procès des crimes commis par le régime Jammeh se sont déroulés loin de la Gambie. Celui de l'ex-ministre de l'Intérieur, Ousman Sonko, poursuivi en Suisse depuis 2017 pour crimes contre l'humanité, s'ouvre lundi prochain. Le 30 novembre, la justice allemande a condamné à la prison à perpétuité un Gambien membre d'un escadron de la mort, reconnu coupable de crimes contre l'humanité.
Le gouvernement gambien a endossé en 2022 les recommandations d'une commission "Vérité, réconciliation et réparations", qui s'est penchée pendant presque un an et demi sur les atrocités perpétrées sous l'ère Jammeh. Parmi elles, l'exécution de 240 à 250 personnes par des agents de l'Etat, des disparitions forcées, des viols, des actes de torture, des détentions arbitraires, jusqu'à l'administration contrainte d'un faux traitement contre le sida.
Exil en Guinée équatoriale
Les autorités ont accepté de poursuivre 70 personnes, à commencer par M. Jammeh, parti en exil en Guinée équatoriale en janvier 2017 après avoir perdu l'élection présidentielle de décembre 2016 face à Adama Barrow. Le gouvernement a aussi annoncé en février 2023 œuvrer avec l'organisation des Etats ouest-africains à la mise sur pied d'un tribunal chargé de juger les crimes commis sous les 22 ans de règne de l'ancien dirigeant.
Le 21 décembre, le ministre de la Justice a rendu une ordonnance portant création de la Division pénale spéciale de la Haute Cour, une juridiction devant juger des affaires pénales dont celles concernant les crimes commis sous l'ère Jammeh.
Le procès de l'ancien président est encore très incertain car aucun accord d'extradition n'existe entre la Gambie et la Guinée équatoriale, petit pays d'Afrique centrale dirigé d'une main de fer par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui détient le record mondial de longévité à la tête d'un Etat pour un dirigeant encore vivant et a remporté la présidentielle de novembre 2022 avec près de 95% des suffrages.
C'est aussi un dossier sensible pour un pays toujours dans une phase de transition démocratique fragile, où l'ancien autocrate, bien qu'exilé, continue d'exercer une influence.
Le président Barrow a adhéré à l'idée de cour "hybride", dans un discours prononcé en février 2023. "Nous proposons de développer un cadre judiciaire spécial et de créer une cour hybride pour juger les auteurs d'actes assimilés à des crimes internationaux", a-t-il dit.
Le parlement gambien a par ailleurs adopté début novembre deux projets de loi, un sur les réparations aux victimes du régime Jammeh et l'autre sur l'interdiction d'exercer une fonction publique pour certaines personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes, suivant les recommandations de la commission.
OSCAR PISTORIUS REMIS EN LIBERTÉ CONDITIONNELLE
L'ex-champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius est sorti vendredi de prison, en toute discrétion et en évitant l'œil des caméras, et se trouve "maintenant chez lui"
L'ex-champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius est sorti vendredi de prison, en toute discrétion et en évitant l'œil des caméras, et se trouve "maintenant chez lui", en liberté conditionnelle, près de onze ans après le meurtre de sa compagne, Reeva Steenkamp.
L'ancien athlète de 37 ans amputé des deux jambes, condamné pour meurtre dans une affaire qui avait passionné la planète et qui a purgé plus de moitié de sa peine, a quitté en début de matinée la prison d'Atteridgeville, dans la banlieue de la capitale Pretoria. "Il a été admis dans le système correctionnel communautaire et est maintenant chez lui", a déclaré l'administration pénitentiaire dans un communiqué, en confirmant que sa remise en liberté conditionnelle est désormais effective.
Ni l'heure, ni les détails logistiques n'avaient été communiqués au préalable par les autorités qui ont invoqué des raisons de "sécurité". Le sextuple champion paralympique a l'interdiction de s'exprimer dans les médias.
Dans une déclaration écrite reçue par l'AFP quelques minutes avant la libération de Pistorius, la mère de la victime a déclaré que les proches de Reeva Steenkamp étaient, eux, "condamnés à vie". "Nous, qui sommes encore là, nous sommes condamnés à vie", a regretté June Steenkamp. Demandant si "justice a été rendue à Reeva" et si "Oscar a purgé une peine suffisante", elle a expliqué qu'"il n'y a jamais de justice dans la mesure où l'être cher ne reviendra jamais".
La famille Steenkamp ne s'était pas formellement opposée à la libération conditionnelle de l'ex-champion. Mais June Steenkamp avait affirmé ne toujours pas croire "à la version des faits d'Oscar" et être convaincue que ce dernier "ne s'est pas réhabilité" en détention.
Gestion de la colère
Dans la nuit du 13 au 14 février 2013, Oscar Pistorius avait tué la mannequin Reeva Steenkamp, 29 ans, en tirant quatre fois à travers la porte de la salle de bain de sa chambre, dans sa maison ultra-sécurisée de Pretoria. Un an auparavant, le sportif était entré dans la légende en s'alignant avec les valides aux 400 mètres des Jeux olympiques de Londres, une première pour un double amputé.
Arrêté au petit matin de la Saint-Valentin 2013, Pistorius nie avoir fait feu dans un accès de rage, affirmant avoir cru à la présence d'un cambrioleur. Une version qu'il maintient tout au long de la saga judiciaire qui tient les médias en haleine pendant les quatre années suivantes. Au terme de son premier procès ouvert en 2014 et retransmis en direct à la télévision, le coureur surnommé "Blade runner", en référence à ses prothèses de carbone, écope de cinq ans de prison pour homicide involontaire.
Mais le parquet estime la peine "scandaleusement clémente" et réclame une requalification en meurtre. Après plusieurs appels et la lecture crue d'un rapport d'autopsie de la victime qui provoqua les vomissements de l'accusé, ce dernier est finalement condamné fin 2017 à 13 ans et cinq mois de réclusion pour meurtre.
La loi sud-africaine prévoit qu'un condamné est éligible à un aménagement de peine une fois la moitié de sa peine écoulée. Fin novembre, l'administration pénitentiaire a annoncé la remise en liberté anticipée d'Oscar Pistorius.
Dans le cadre de son placement en conditionnelle jusqu'à la fin de sa peine en 2029, Oscar Pistorius doit suivre une thérapie sur la gestion de la colère et un programme sur les violences faites aux femmes. Il n'est pas autorisé à consommer de l'alcool. Il doit aussi accomplir des travaux d'intérêt général, mais doit être présent à un domicile désigné dans une banlieue de Pretoria à certaines heures de la journée.
PAR Farid Bathily
AVEC LIFE2VEC, L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE PRÉDIT LA MORT
Des chercheurs danois et américains ont développé une nouvelle méthode d’analyse de parcours de la vie humaine, dont les résultats révèlent l'évolution des individus, y compris le moment de leur décès
Et si la fin de vie n’était plus un mystère ? Une équipe de chercheurs conjoints de l'Université de Copenhague au Danemark et de la Northeastern University aux États-Unis ont mis au point un système d’intelligence artificielle capable de dévoiler le moment de la survenance de la mort d’une personne.
Baptisé Life2vec, le programme dont le fonctionnement ressemble à ChatGPT, serait efficace dans plus de 78 % des cas, selon les auteurs dont les travaux sont disponibles depuis le 18 décembre 2023 dans la revue Nature Computational Science.
Les chercheurs ont à cet effet exploité des données de six millions de Danois entre 2008 et 2016. Ces informations couvraient l'éducation, les visites chez les médecins et les hôpitaux, les diagnostics qui en résultent, les revenus et la profession entre autres.
Quatre ans de marge
Un échantillon de 100 000 personnes âgées de 35 à 67 ans en 2016 a ensuite été sélectionné. Pour la moitié de ces individus, les chercheurs ont également collecté les données de santé jusqu'en 2020. L'objectif étant de voir si, à partir des informations disponibles jusqu'en 2016, l'algorithme pouvait déterminer le sort de ces personnes dans les quatre années suivantes.
"Nous avons utilisé le modèle pour aborder la question fondamentale suivante : Dans quelle mesure pouvons-nous prédire le futur sur la base des conditions et des événements passés ?", a indiqué Sune Lehmann, auteur principal de l’article paru dans Nature Computational Science, sur le site l’université technique du Danemark.
Grâce aux corrélations entre le profil des individus (âge, revenu, problèmes de santé passés...) dans les données jusqu'en 2016 et leurs états futurs (décès, maladies...), l'IA a pu prédire le décès de 78,8% des personnes du groupe test.
Sujet de préoccupations
À en croire Sune Lehmann, ce chiffre est 11% au-dessus de celui de n’importe quel modèle d’intelligence artificielle existant y compris les outils statistiques utilisés par les assureurs. De quoi ouvrir des perspectives quant à l’utilisation de cette IA pour la détection précoce des problèmes de santé par exemple.
Cependant, cet optimisme s’accompagne également de réelles préoccupations, inhérentes à tous les modèles d’intelligence artificielle. Autrement dit, comment s’assurer de l’exploitation éthique d’un outil aussi puissant que Life2vec ? Quelle garantie pour les données personnelles ?
Ces questions mobilisent les chercheurs de même que les pouvoirs publics à travers le monde, dans une large mesure. Parallèlement, les systèmes d’IA continuent de se développer à une vitesse vertigineuse, créant davantage de fossé entre "technoptimistes" (partisans d'une accélération de la recherche en IA) et "catastrophistes" (ceux qui prônent une plus grande prudence).
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 3 JANVIER
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du mercredi 3 janvier 2024.
"AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Cheikh Tacko DIOP, Administrateur des services de santé, précédemment Directeur du Centre hospitalier national de Fann, est nommé Directeur de l’Hôpital général Idrissa POUYE de Grand Yoff, en remplacement de Monsieur Saliou TALL, admis à faire valoir ses droits à la retraite.
Madame Khadidiatou SARR KEBE, Administrateur des services de santé, précédemment Directeur du Centre hospitalier régional El Hadji Ibrahima NIASS de Kaolack, est nommée Directeur du Centre hospitalier national de FANN, en remplacement du Monsieur Cheikh Tacko DIOP, appelé à d’autres fonctions.
Monsieur Ousmane GUEYE, Administrateur des services de santé, précédemment Directeur de l’Etablissement public de Santé de niveau 2 de Ourossogui, est nommé Directeur du Centre hospitalier régional El hadji Ibrahima NIASS de Kaolack, en remplacement de Madame Khadidiatou SARR KEBE, appelée à d’autres fonctions.
Monsieur Abdou CISSE, cadre de gestion, précédemment Chef du Service administratif et financier du Centre hospitalier national Matlaboul Fawzeïni de Touba, est nommé Directeur de l’Etablissement public de Santé de niveau 2 de Ourossogui, en remplacement de Docteur Ousmane GUEYE, appelé à d’autres fonctions.
Monsieur Abdoulaye KANE, administrateur des services de santé, précédemment Chef du Service de la Pédiatrie de l’hôpital de Richard TOLL, est nommé Directeur de l’Institut d’Hygiène sociale (IHS), en remplacement de Monsieur Mamadou Lamine NDIAYE, appelé à d’autres fonctions. "
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
LA RAISON DE L’ÉTAT NÉOCOLONIAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est difficilement acceptable de justifier au nom de la « raison d’État » que Sonko soit privé d’élection alors que jusqu’à ce jour il a inscrit son action politique dans les normes constitutionnelles sénégalaises
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 03/01/2024
Diverses explications ont été données à la stratégie désordonnée, parfois insolite et malheureusement toujours pathétique avec laquelle l’administration électorale et judiciaire sénégalaise tente depuis plusieurs mois d’empêcher le maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, d’être candidat au scrutin présidentiel du 24 février 2024. Sans trop nous appesantir sur les raisons invoquées au début pour lancer l’« entreprise de sabotage » et qui à notre avis relèvent du jeu classique de dénigrement du concurrent politique (caricature de ses affiliations idéologiques, accointances alléguées avec des sociétés secrètes, intentions inavouées, etc.), nous parlerons de la toute dernière : la « raison d’État ».
D’abord évoquée par des piliers médiatiques plus ou moins sérieux du pouvoir, elle a été reprise par le député-maire de Dakar, Barthélemy Dias, de la période « cul et chemise » avec le régime. Elle est devenue depuis quelques semaines un élément de langage du camp présidentiel. Cette trouvaille est une réponse au député Ayib Daffé, mandataire du candidat Ousmane Sonko qui a qualifié de « banditisme administratif » les refus réitérés de la Direction générale des élections (DGE) placées sous l’autorité du ministre de l’Intérieur de respecter les décisions de justice favorables à l’édile de Ziguinchor.
Qu’est-ce que la « raison d’État » ? En quoi est-elle une justification possible aux moyens utilisés par tout pouvoir pour s’affranchir des contraintes de l’État de droit ? Quelle est la nature de l’État sénégalais ? Quelles sont les circonstances de sa genèse et dans quelle trajectoire historique s’inscrit-il ?
Dans cet article, nous prenons le parti de défendre la thèse que l’élection à venir est susceptible de changer radicalement la trajectoire de l’État postcolonial sénégalais si Ousmane Sonko et les forces sociales qui le soutiennent en sortent vainqueurs. Plus l’échéance approchera et davantage les tenants du pouvoir soutenus en cela par la classe dominante et ses relais médiatiques prendront des libertés avec le droit et les traditions démocratiques sénégalaises.
L’État, la « raison d’État », le droit et la démocratie
Il ne s’agit pas ici de donner une définition de l’État, nous nous satisferons d’en souligner les aspects qui en font une réalité tangible. Il s’agit d’une organisation politique et administrative reconnue d’un point de vue juridique par une « communauté d’États » et qui préside aux destinées de sociétés d’individus implantées sur un territoire déterminé grâce à une bureaucratie et des capacités de coercition s’imposant à tous. Dans notre modernité, l’État a pour rôle de garantir la sécurité, le bien-être et le développement de ses citoyens. Partant de ces caractéristiques, il s’agit d’une nouveauté quand on prend en compte la longue histoire de ce territoire que nous désignons aujourd’hui sous le vocable Sénégal.
La notion de « raison d’État » est souvent utilisée pour désigner la justification de certaines actions ou politiques menées par un État au nom de ses intérêts supérieurs ou de sa sécurité nationale. Elle est invoquée lorsque des mesures exceptionnelles sont prises, même si elles vont à l’encontre de certains principes ou valeurs démocratiques. La plupart des historiens des idées font remonter à Machiavel, un théoricien italien de la politique i du XVIe siècle, le concept de « raison d’État ». Dans son fameux livre Le Prince, il soutient qu’il arrive que pour préserver la stabilité et la sécurité de l’État, que les dirigeants violent certains principes moraux. Dans le contexte moderne, la raison d’État est souvent invoquée pour justifier des actions telles que la surveillance de masse, la restriction des libertés individuelles, l’utilisation de la force militaire ou la manipulation dans les relations internationales. Par exemple, un gouvernement peut justifier la surveillance de ses citoyens au nom de la sécurité nationale, de la lutte contre le terrorisme, etc.
La démocratie repose sur l’idée que tous les citoyens ont des droits fondamentaux et une voix dans la prise de décision politique. Le droit joue un rôle essentiel dans la consolidation de la démocratie en garantissant l’égalité devant la loi, les libertés individuelles et collectives, ainsi que la justice sociale. Il limite également le pouvoir de l’État et des gouvernants en établissant des mécanismes de contrôle et de responsabilité. La question fondamentale est de savoir si la « raison d’État » peut coexister avec la démocratie. Quand on comprend que la « raison d’État » peut être utilisée comme un prétexte pour commettre des abus de pouvoir et violer les droits de l’homme. Plus graves, les actions menées au nom de la « raison d’État » peuvent en réalité affaiblir la sécurité et la stabilité à long terme, en sapant la confiance des citoyens et en alimentant le mécontentement populaire. Nous sommes de ceux qui pensent qu’utilisée en privilégiant l’intérêt général, la « raison d’État » est nécessaire pour garantir la sécurité et la stabilité d’une nation, et qu’elle peut être conciliée avec les principes démocratiques par des mécanismes de contrôle appropriés. Tout cela étant dit, il est difficilement acceptable de justifier au nom de la « raison d’État » qu’Ousmane Sonko soit privé d’élection alors que jusqu’à ce jour il a inscrit son action politique dans les normes constitutionnelles sénégalaises et la pléthore d’avocats qu’il a recrutés, montre que le droit, les cours et tribunaux sont des instruments de premier ordre dans sa quête du pouvoir présidentiel. Malgré ses réserves, pourquoi devons-nous prendre au sérieux l’énoncé des tenants du pouvoir et leurs relais ?
Le réel et la réalité
Les philosophes nous enseignent qu’il y a lieu de distinguer entre le réel et la réalité. Ils nous disent : « si le réel est bien ce qui est et, en tant que tel, un et absolu, la réalité en est la représentation, et même la reconstruction ». Au-delà de la réalité de l’État que nous avons énoncé plus haut, que se cache-t-il ? Karl Marx considère que derrière le voile de l’État neutre et au service de l’intérêt général, il y a quelque chose de moins reluisant. Pour lui, l’État est intrinsèquement lié à la classe dominante et ne peut pas être neutre ou impartial. Marx affirme que l’État agit en faveur de la classe dominante en protégeant ses intérêts économiques et en réprimant toute contestation ou révolte de la classe ouvrière. Pour Marx, l’État est un outil de coercition et de contrôle social, utilisé pour maintenir l’ordre et garantir la domination de la classe capitaliste.
Lénine tout en se réclamant de Marx, verra dans l’État une circonstance opportune pour les classes sous domination. Pour lui, la classe ouvrière devait renverser l’État bourgeois existant et mettre en place un nouvel État dirigé par les travailleurs eux-mêmes. Antonio Gramsci, un théoricien marxiste italien du XXe siècle, nous a permis de mieux comprendre le « réel » de l’État. Il a développé le concept de classe dominante dans le cadre de sa théorie de l’hégémonie. Selon Gramsci, la classe dominante ne se contente pas d’exercer son pouvoir économique, mais cherche également à maintenir sa domination en influençant et en contrôlant les institutions culturelles et politiques. La classe dominante, selon Gramsci, ne se limite pas à la bourgeoisie capitaliste, mais comprend également des éléments de la classe moyenne et des intellectuels. Gramsci affirme que la classe dominante maintient son pouvoir en créant un consensus culturel au sein de la société, en façonnant les idées, les valeurs et les croyances qui sont acceptées par tous. Cela se fait principalement par le biais de l’hégémonie culturelle, c’est-à-dire l’influence culturelle et idéologique exercée par la classe dominante sur les classes subalternes.
Gramsci soutient que la classe dominante utilise les institutions et les pratiques culturelles, telles que l’éducation, les médias, la religion, etc., pour promouvoir son idéologie et ses intérêts. Par exemple, les médias peuvent présenter une vision biaisée de la réalité qui favorise les intérêts de la classe dominante, tandis que l’éducation peut enseigner des valeurs qui renforcent la position de la classe dominante dans la société. L’objectif de la classe dominante, selon Gramsci, est de maintenir son pouvoir et de prévenir la prise de conscience de l’exploitation par les classes subalternes. Cela est réalisé en créant un consensus culturel qui fait accepter aux classes subalternes l’ordre social existant comme naturel et juste. Pour lutter contre la classe dominante, Gramsci préconise la construction d’une contre-hégémonie, c’est-à-dire le développement d’une nouvelle vision du monde et d’une nouvelle culture qui remet en question l’ordre établi. Tous ces éléments conceptuels nous aident à comprendre ce qui est en jeu au Sénégal, au Sahel et dans bien d’autres endroits en Afrique.
L’État sénégalais derrière le rideau
L’État sénégalais indépendant a été construit sur des institutions (parlement, armée, administration territoriale) mises en place par les régimes coloniaux et sur un principe de souveraineté sanctifié par la communauté des États déjà existants. Il est un legs de la colonisation française et s’inscrit dans une continuité historique où les remises en cause ont été fréquentes, mais très sévèrement réprimées. C’est une histoire très militarisée. La conquête coloniale française a été menée, que ce soit en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale ou à Madagascar, à travers des opérations violentes de « pacification » visant à détruire toute résistance. Dans les années qui ont précédé la décolonisation, la France a utilisé à nouveau la force militaire pour casser les mouvements et partis indépendantistes, comme au Cameroun (1955-1960) ou quelques années plus tôt à Madagascar (1947-1948), avant d’installer au pouvoir des dirigeants politiques qu’elle avait choisis. Au début des années 1960, à la domination impériale directe s’est substituée une relation sans équivalent ailleurs dans le monde, désignée par les vocables de « Françafrique », « État franco-africain », etc. À l’indépendance de ces territoires, en 1960, ce nouveau cadre permet de faire de l’Afrique francophone la sphère d’influence exclusive de la France. Sur le plan pratique, Paris met en place des dispositifs techniques, économiques, monétaires (franc CFA) culturels, etc. dans une logique affichée de coopération et d’aide au développement et pour mieux conserver son influence et son accès aux matières premières africaines. Le Sénégal contemporain est le produit de cette histoire. Sa spécificité : est d’être la vitrine démocratique du pré carré français. Il n’en reste pas moins un État néocolonial en ce sens qu’il continue de subir la domination et l’exploitation économique, monétaire politique ou culturelle de la part de la France.
Au Sénégal, les relations entre l’État colonial puis postcolonial et les sociétés relativement hétérogènes ont certes été problématiques. Elles ont pu se normaliser grâce à ce que le politiste Donal Cruise O’Brien (1941-2012) a appelé le « contrat social sénégalais » qui a été scellé sur la base de ce que l’historien sénégalais Mamadou Diouf nomme « le modèle islamo-wolof ». Dans ce cadre, les confréries musulmanes sénégalaises ont joué un rôle important dans ces relations, offrant un lien efficace entre l’État et la société. Dans ce contrat, le gouvernement récompense les élites en leur octroyant diverses formes de parrainage officiel, y compris des ressources matérielles.
En retour, les hommes de religion au Sénégal offrent surtout une protection à leurs disciples contre les abus des représentants de l’État. Sous le régime de Senghor, le contrat clientéliste entre l’État et les confréries a atteint son apogée. Par la suite, pour des raisons d’ordres économiques (ajustement structurel), l’urbanisation, la montée de l’individualisme, la montée des idées réformistes dans les confréries et dans l’islam de manière général, ce modèle s’est essoufflé. En même temps qu’agonise ce système d’alliance de la bourgeoisie politico-bureaucratique garante des intérêts de l’ancienne puissante coloniale et des élites issues des processus cooptation montaient les idées nationalistes qui expliquent dans le retard économique et social du pays par le maintien des liens d’assujettissement à la domination française.
Dans le même temps émergeait une bourgeoisie nationale ayant fait son « accumulation primitive » dans l’économie populaire encore appelée secteur informel et ayant des références idéologiques qui s’imposent comme des alternatives aux discours de la classe dominance actuelle. C’est l’alliance de ces forces qui est au cœur du dispositif de soutien à Ousmane Sonko. C’est une alliance qui ne cache pas son ambition de subvertir l’ordre établi. Elle a d’autant plus les coudées franches et des chances de gagner la bataille de l’hégémonie culturelle qu’en face le discours ne s’est pas renouvelé, n’offre aucune perspective de lendemains enchanteurs et se complait à annoncer l’apocalypse en cas de changement. Ils devraient lire Gaston Berger : « Demain est moins à découvrir qu’à inventer. »
En 2019, alors que beaucoup d’analystes considéraient sa candidature comme celle du témoignage, Ousmane Sonko avait mobilisé plus de 15 % du corps électoral en développant un thème de campagne considéré jusqu’alors comme un tabou : le franc CFA. Sa critique de la « mal gouvernance » avait également séduit une partie de l’électorat. Néanmoins, le vote en sa faveur avait été circonscrit à la diaspora d’Europe et d’Amérique, aux régions de Dakar et Ziguinchor et les centres urbains d’autres régions. Cinq ans plus tard, son potentiel électorat a évolué. En plus de celles évoquées plus haut, il a été rejoint par des forces sociales qui aspirent à l’hégémonie et qui remettent en cause le vieux contrat social sénégalais et sa figure tutélaire : la France. Dans un contexte sahélien de perte d’influence de la France, l’enjeu électoral sénégalais prend la forme d’une épreuve de survie pour l’État néocolonial. C’est sa « raison » qui est à l’œuvre dans tous les manquements au droit, à la démocratie et la justice. C’est ce qui rend compte de ce que Ayib Daffé appelle le « banditisme administratif ». Ce n’est pourtant qu’un… euphémisme.
LIBÉRATION DE DÉTENUS POLITIQUES, LA CEDEAO ACCULE LE BURKINA
La CEDEAO interpelle le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, et lui demande de libérer immédiatement les personnes arrêtées dans les manifestations et « tentatives » de coup d’Etat.
Au rebours des autres interpellations, celle de l’ancien chef de la diplomatie burkinabé n’est pas passée inaperçue. En effet, pour faire libérer Ablassé Ouédraogo, c’est la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui est montée au créneau pour s’en prendre au régime burkinabé. Dans un communiqué, l’organisation régionale interpelle le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, et lui demande de libérer immédiatement les personnes arrêtées dans les manifestations et « tentatives » de coup d’Etat. « C’est une procédure illégale et arbitraire », indique la CEDEAO s’agissant des réquisitions. Enfonçant le clou, l’organisation invite le pourvoir burkinabé à prendre toutes les mesures urgentes en vue d’un « retour rapide à l’ordre constitutionnel ».
La réponse du gouvernement de la transition du Burkina Faso n’a pas tardé à se faire entendre. « Le gouvernement de transition n’entend pas se laisser divertir par des communications qui procèdent d’un imaginaire débordant et tronqué sur la situation réelle de notre peuple», réplique-t-il.
Si les autorités burkinabè n’ont pas fait dans la dentelle, c’est parce que également la CEDEAO semble oublier les « régimes démocratiquement élus » pour ne s’en prendre qu’aux régimes de transition. Une politique de deux poids deux mesures qui exaspère. En effet, pendant que la CEDEAO exige la libération de détenus politiques au Burkina, plus d’un millier, en plus du leader de l’opposition, sont dans les prisons sénégalaises sans que cela ne suscite de réaction de sa part. La même chose pourrait être dite de la Côte d’Ivoire ou encore du Bénin où les opposants souffrent souvent le martyr. Seulement, pour la CEDEAO, qui faut-il le rappeler a été créée par des militaires, les régimes de transition n’ont pas droit au chapitre.
RÈGLEMENT DES CONFLITS EN AFRIQUE, ALIOUNE TINE HONORÉ
Le Prix Award pour la paix, la sécurité, la médiation et le règlement des conflits en Afrique a été décerné au fondateur de Afrika Jom Center par Le Magazine panafricain Afrique Démocratie.
Le Prix Award pour la paix, la sécurité, la médiation et le règlement des conflits en Afrique a été décerné au fondateur de Afrika Jom Center par Le Magazine panafricain Afrique Démocratie. Le choix porté sur l’ancien patron de la Raddho s’explique par ses combats pour la démocratie, les libertés, et les droits humains au Sénégal et un peu partout en Afrique. Depuis 2011 Alioune Tine se fait remarquer par comme une sentinelle de la démocratie et de L’état de droit. On se rappelle le rôle important qu’il a joué dans le combat contre la candidature de Me Wade à travers la manifestation du 23 juin 2011.
MBAPPE, ENTRE PARIS ET L'APPEL DES SIRÈNES
Le prodige de Bondy se retrouve face à un dilemme. Il doit choisir entre rester au PSG ou tenter un nouveau challenge ailleurs. Plusieurs prétendants sont déjà à l'affût pour attirer la star
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 02/01/2024
Alors que son contrat au Paris Saint-Germain prend fin en juin prochain, Kylian Mbappé se retrouve dans la même situation qu'il y a un an et demi: libre de s'engager dès le 1er janvier avec le club de son choix pour la saison suivante. Comme le rapporte le site d'information Le Parisien, "pour la deuxième fois de sa carrière au PSG, Kylian Mbappé est libre de s’engager pour un autre club, quitte à le rejoindre l’été prochain, pour la nouvelle saison".
Parmi les prétendants, deux clubs sont particulièrement à l'affût selon la source: le Real Madrid et Liverpool. Le géant espagnol "rêve constamment de l'accueillir" après les échecs des tentatives de recrutement précédentes. De son côté, Liverpool représente "le candidat le plus crédible et dangereux pour le PSG" avec un Jürgen Klopp qui "lui fait les yeux doux depuis neuf ans", note Le Parisien.
Pour autant, une prolongation au PSG n'est pas à exclure. Comme l'affirme l'attaquant lui-même en mars dernier après l'élimination en Ligue des Champions: "Je suis ici, je suis très content et, pour l’instant, je ne pense à rien d’autre qu’à faire les beaux jours du PSG". Depuis cet été agité, les relations avec sa direction se sont d'ailleurs "normalisées de manière spectaculaire" selon le média.
Beaucoup estiment qu'il serait "étonnant" que Mbappé quitte le club de la capitale dans l'immédiat. Ayant obtenu "tout ce qu’il voulait", "partir maintenant n’aurait pas de sens" pour le champion du monde 2018 qui ne trouverait pas "ailleurs un tel cadre politique pour s’exprimer". Néanmoins, le contexte sportif, avec une Ligue 1 devenue trop étriquée, pourrait le pousser vers un nouveau défi.
Réponse au plus tôt en janvier ou après le championnat d'Europe en été ? Tout reste ouvert pour l'avenir de Kylian Mbappé.