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23 avril 2025
International
L'IVRESSE DE LA CAN GAGNE LA CÔTE D'IVOIRE
L'événement sportif continental tant attendu, débarque en Côte d'Ivoire le week-end prochain. Mais l'ivresse gagne déjà tout le pays, des échoppes de la capitale aux ateliers de réparation de province. Supporters, commerçants, etc. sont en ébullition
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 08/01/2024
À une semaine du coup d'envoi de la 34e Coupe d'Afrique des Nations (CAN) qu'elle accueille, la Côte d'Ivoire est entrée dans une frénésie footballistique, à la hauteur de la passion que suscite le continent pour ce sport.
"Ca sera électrique !", s'enthousiasme déjà Lassina Kanta, jeune supporter ivoirien de 21 ans interrogé par l'AFP, qui espère pouvoir assister au match d'ouverture entre son pays et la Guinée-Bissau samedi prochain. Cet enthousiasme, on le retrouve dans toutes les villes devant accueillir des rencontres selon les témoignages collectés.
À Abidjan, capitale économique du pays, les commerçants des marchés se chambrent déjà sur les chances de leurs sélections favorites, entre le Mali, le Sénégal ou bien sûr la Côte d'Ivoire. "L'ambiance monte peu à peu", croit savoir l'AFP. Si certains craignent les embouteillages, la majorité des Ivoiriens manifestent leur "tendance à l'enthousiasme".
Celui-ci dépasse les frontières d'Abidjan, puisqu'Oumar Doumbia, mécanicien à Bouaké, ville qui accueillera notamment le Burkina Faso et l'Algérie, a confié à l'AFP ne pas "vouloir manquer aucun match au stade", une chance qu'il n'avait "jamais eue".
Sur les plans économiques aussi, les retombées se font déjà sentir. Dans la capitale, les commerçants habillés à écouler souvenirs et articles traditionnels se sont mis aux maillots des Éléphants, réplique officielle vendue une dizaine d'euros et qui "partent comme des petits pains", selon Lamine Koné, marchand interrogé par l'AFP. Une manne pour certains devenus temporairement vendeurs.
Pour accueillir dignement cet événement auquel elle n'avait plus participé depuis 40 ans, la Côte d'Ivoire a investi 1,5 milliard de dollars dans de nouvelles infrastructures comme les 6 stades, routes, ponts ou hôtels. Dans une version actualisée de son discours du Nouvel An, le président Alassane Ouattara a insisté sur l'importance de "faire de cette CAN une grande fête".
Pour la réussite de leur vitrine sur la scène internationale, les autorités ont ainsi multiplié les inspections de chantiers ces derniers mois, jusqu'à la promesse du Premier ministre Robert Beugré Mambé jeudi de voir le pays "prêt à tous les niveaux". Jusqu'à 1,5 million de visiteurs sont attendus pour ce que la Côte d'Ivoire espère être "une fête de la jeunesse, de l’hospitalité ivoirienne et de la fraternité africaine". Le coup d'envoi de l'ivresse annoncée n'est plus très loin.
UN EX-MINISTRE DE JAMMEH JUGÉ EN SUISSE POUR CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ
Le procès de l’ancien ministre gambien de l’Intérieur sous Yahya Jammeh, Ousman Sonko, débute ce lundi 08 janvier. Son jugement devrait durer environ trois semaines.
Le procès de l’ancien ministre gambien de l’Intérieur sous Yahya Jammeh, Ousman Sonko, débute ce lundi 08 janvier. Son jugement devrait durer environ trois semaines. Il est poursuivi pour crimes contre l’humanité liés à des actes de torture, d’enlèvements, de violences sexuelles et d’exécution extrajudiciaire entre 2000 et 2016. L’ancien ministre conteste les charges retenues contre lui. Son sort est ainsi entre les mains de la justice helvétique car le droit suisse reconnaît la compétence universelle pour certains crimes internationaux graves. Cela, quel que soit l’endroit où ils ont été commis, la nationalité des suspects ou celle des victimes.
Pour rappel, Ousman Sonkoa été arrêté à Berne, en Suisse où il a demandé l’asile, le 26 janvier 2017, au lendemain de la plainte déposée au pénal contre lui par TRIAL International, une ONG suisse. En 2021, le rapport final de la Commission Vérité, réconciliation et réparations a conclu que Jammeh et 69 de ses collaborateurs, dont l’ex-ministre en question, ont commis des crimes contre l’humanité au préjudice des populations civiles gambiennes.
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LE CULTE DE TB JOSHUA
C'était l'un des pasteurs les plus célèbres du monde, mais derrière son image de guérisseur se cachait un prédateur. La BBC révèle les témoignages accablants d'anciens disciples victimes d'abus et de tortures au sein de la Synagogue Church of All Nations
Une enquête de la BBC a révélé des preuves d'abus et de torture généralisés commis par le fondateur de l'une des plus grandes églises évangéliques chrétiennes du monde, le Nigérian TB Joshua, décédé en 2021. Des dizaines d'ex-membres de la Synagogue Church of All Nations (SCOAN) - dont cinq Britanniques - dénoncent des atrocités, notamment des viols et des avortements forcés, perpétrés par le pasteur au sein d'un complexe secret à Lagos, sur une période de près de 20 ans. La SCOAN n'a pas répondu aux accusations, mais a affirmé que les allégations précédentes étaient infondées.
TB Joshua, qui était un prédicateur et un télévangéliste charismatique et très populaire, avait une immense audience mondiale. Il prétendait accomplir des "miracles de guérison" qui étaient diffusés à des millions de personnes à travers le monde. Mais selon les témoignages recueillis par la BBC au cours d'une enquête de deux ans, il s'agissait de mises en scène. Plusieurs anciens "disciples" du pasteur affirment avoir été victimes de violences physiques ou de tortures, y compris des cas de maltraitance d'enfants et de personnes fouettées et enchaînées. De nombreuses femmes disent avoir été agressées sexuellement par TB Joshua, certaines affirmant avoir été violées à plusieurs reprises pendant des années à l'intérieur du complexe. Plusieurs allégations font également état d'avortements forcés au sein de l'église, suite aux viols présumés commis par le pasteur, dont une femme qui dit avoir subi cinq interruptions de grossesse.
CYBERROMANCES AU PAYS DES BROUTEURS
Entre maquis animés et écrans à perte de vue, la capitale économique ivoirienne serait devenue, contre toute attente, la plaque tournante mondiale des impostures sentimentales sur internet. Portrait de cette corporation qui fascine autant qu'elle inquiète
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 07/01/2024
Depuis la métropole ivoirienne d'Abidjan, où ils forment une corporation très particulière, les escrocs en ligne redoublent d'imagination pour gagner la confiance de leurs victimes, leur soutirer de l'argent et jongler avec les comptes bancaires, comme le rapporte une enquête publiée par Le Monde le 30 décembre 2023. Refrains de coupé-décalé et flows de «rap ivoire» montent des terrasses des «maquis» du quartier populaire de Koumassi, où néons et écrans composent le corail lumineux de «Babi», surnom de la capitale économique ivoirienne. C'est dans ce décor qu'évolue une partie des "brouteurs", comme on appelle les escrocs en ligne en Côte d'Ivoire.
Djibril, l'un de ces brouteurs rencontré anonymement pour les besoins de l'enquête, nous accueille dans un restaurant de Koumassi. Depuis ses débuts à l'âge de 15 ans dans les cybercafés du quartier, ses techniques n'ont pas changé: il se fait passer sur les sites de rencontre pour une secrétaire de l'armée à l'étranger, ciblant surtout les hommes. Sa première arnaque lui a rapporté 50 euros, de quoi acheter sa première paire d'Adidas, se souvient-il. Bakary, autre brouteur de 26 ans vivant à Koumassi, travaille quant à lui exclusivement sur le long terme en ne ciblant que des femmes. Il peut leur faire livrer des fleurs et des chocolats en France pour gagner leur confiance.
Selon une étude de l'Institut de lutte contre la criminalité économique de Neuchâtel, près de quatre brouteurs sur dix opérant dans le monde francophone proviennent d'Abidjan, souvent encore étudiants. Dans les quartiers populaires de la métropole ivoirienne, le "bara", nom donné localement aux escroqueries en ligne, est devenu un mode de vie à part entière, avec sa propre culture incarnée par la série télévisée "Brouteurs.com".
Mais comment Abidjan est-elle devenue la plaque tournante mondiale de ces imposteurs du sentiment? L'enquête révèle plusieurs facteurs: le taux de chômage des jeunes qui toucherait 80% d'entre eux, deux fois plus qu'à l'échelle nationale. Mais aussi l'histoire du pays, qui a vu des escrocs nigérians se replier en Côte d'Ivoire au début des années 2000 pour échapper à la répression, profitant de l'instabilité institutionnelle que connaissait alors le pays, plongé dans une décennie de crises.
C'est dans ce contexte qu'est apparu le style musical du coupé-décalé, importé de Paris par la diaspora ivoirienne, qui a popularisé les valeurs de ruse, d'hédonisme et de luxe ostentatoire. Sous l'influence de son inventeur DJ Arafat, les brouteurs ont pris l'habitude de "travaillement", consistant à offrir du champagne et jeter des liasses dans les boîtes de nuit pour s'attirer les louanges des artistes. Certains devenaient alors de véritables "rois du boucan".
Mais aujourd'hui, la répression s'est renforcée contre les brouteurs, réduits à plus de discrétion. Les arrestations sont plus fréquentes, à l'image de celle en avril 2022 de 30 cybercriminels dans un appartement d'Abidjan équipé d'une cinquantaine d'ordinateurs. Les familles et la société ivoiriennes rejettent désormais davantage cette pratique, perçue comme un vrai vol. Sous la pression, le mode de vie collectif des brouteurs a laissé place à la solitude et à la compétition, tandis que certains auraient même recours à des rituels mystiques pour attacher l'esprit de leurs victimes.
Selon les autorités ivoiriennes, le nombre de dossiers de cybercriminalité suivis a augmenté, passant de 3 000 en 2018 à 7 000 actuellement. La Côte d'Ivoire semble bien être devenue, malgré elle, la capitale mondiale de l'imposture en ligne.
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UN BILAN EN DEMI-TEINTE POUR MACKY SALL
La présidence de Macky Sall passée au crible. Entre avancées et dérives, Ibrahima Kane dresse un portrait nuancé des 12 dernières années. Il loue certaines réalisations et s'inquiète de l'instrumentalisation de la justice contre l'opposition
A l'approche de la présidentielle de février 2024, Ibrahima Kane, spécialiste des droits humains et co-fondateur de la Ligue sénégalaise des droits humains (RADDHO) dresse un bilan mitigé des 12 ans de pouvoir de Macky Sall. Dans un entretien à Sud FM dans l'émission dominicale Objection de ce 7 janvier 2024, l'invité de Baye Omar Gueye salue certes les avancées sociales comme les bourses de sécurité familiale. Mais il pointe de nombreuses dérives autoritaires.
Sur le plan politique, le début de règne a été marqué par des efforts de renforcement des institutions, vite battus en brèche par "l'instrumentalisation de la justice et la répression de l'opposition", selon lui. L'affaire Sonko et les émeutes de 2021 ont révélé les faiblesses d'un Etat de droit "fragile", estime-t-il.
Ibrahima Kane s'inquiète aussi des entraves à la démocratie avec un système de parrainage opaque qui limite la diversité des candidatures pour le scrutin du 25 février.
Si des progrès ont été faits dans la santé et les infrastructures, de gros efforts restent à faire pour la protection de l'enfance et l'éducation des jeunes, insiste M. Kane.
Dans un contexte régional troublé, où les coups d'Etat militaires se multiplient, le Sénégal doit préserver la paix et travailler à un "vivre-ensemble" inclusif, conclut le militant des droits humains.
UNE PORTE D'UN BOEING 737 SAUTE EN PLEIN VOL
L'Agence fédérale américaine de l'aviation civile (FAA) a ordonné samedi l'inspection immédiate de 171 appareils 737 MAX 9 de Boeing, suspendus de vol d'ici là, après un incident survenu vendredi lors d'un trajet aérien près de Portland.
L'Agence fédérale américaine de l'aviation civile (FAA) a ordonné samedi l'inspection immédiate de 171 appareils 737 MAX 9 de Boeing, suspendus de vol d'ici là, après un incident survenu vendredi lors d'un trajet aérien près de Portland (Oregon).
La directive de la FAA "impose aux opérateurs (compagnies aériennes) d'inspecter l'appareil avant un nouveau vol", a indiqué l'agence dans un communiqué, estimant que cette opération nécessitait entre 4 et 8 heures par avion.
Selon des données communiquées par Boeing à l'AFP, quelque 218 exemplaires du 737 MAX 9 ont été livrés à ce jour.
Avant l'annonce de la FAA, la compagnie aérienne américaine Alaska avait déjà neutralisé la totalité de ses 65 avions de ce modèle.
La décision faisait suite à un incident survenu vendredi peu après le décollage d'un vol Alaska Airlines depuis l'aéroport international de Portland (Oregon, nord-ouest), vers 17H00, heure locale, à destination d'Ontario (Californie), dans la grande banlieue de Los Angeles.
Selon des images postées sur les réseaux sociaux, une porte s'est ouverte et détachée de la carlingue en plein vol.
L'appareil, qui transportait 171 passagers et 6 membres d'équipage, était alors à près de 5.000 m d'altitude, selon des données de vol du site FlightAware.
CINQ COMMANDOS MARINS PORTÉS DISPARUS APRÈS L'INTERCEPTION D'UN NAVIRE DE TRAFIC DE DROGUE
L'équipage du bateau intercepté aurait ouvert les vannes pour couler le navire. La marine nationale est mobilisée dans les recherches intensives
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 06/01/2024
Selon un communiqué de la Direction de l'information et des relations publiques des armées (Dirpa) publié samedi 6 janvier 2024, 5 commandos marins sont portés disparus depuis vendredi 5 janvier 2024 à 20 heures. Cet événement fait suite à l'interception par «Le Walo», un patrouilleur de haute mer, d'un navire suspecté de trafic international de drogue au large de Dakar.
Lors de la fouille du navire par l'équipe d'intervention des commandos marins, «une ouverture des vannes a été constatée», indique le communiqué de la Dirpa. Les forces armées estiment qu'«il s'agissait d'un acte de sabotage visant à couler le navire pour effacer toute trace de son chargement illicite».
Selon la Dirpa, les secours menés par «Le Walo» ont permis de récupérer 7 éléments de l'équipe d'intervention et 10 membres de l'équipage du navire suspecté. «Toutefois, 5 commandos marins n'ont pas encore été retrouvés», précise le communiqué.
Cet incident intervient alors que la marine sénégalaise multiplie les saisies de drogue au large du pays, une zone au cœur de la route maritime privilégiée des narcotrafiquants sud-américains. Le 14 décembre 2023, «Le Walo» avait déjà intercepté un navire transportant de la drogue à 425 km au Sud des eaux sénégalaises, selon le quotidien L'Observateur.
De plus, le 27 novembre 2023, près de 3 tonnes de cocaïne avaient été saisies par le patrouilleur «Le Fouladou» à 150 km au Sud de Dakar, ce qui constitue un record. Les 10 membres de l'équipage, de nationalités sénégalaise, portugaise, capverdienne, anglo-colombienne, bissau-guinéenne et nigériane, avaient alors été arrêtés et remis à l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS).
Les recherches se poursuivent activement pour tenter de retrouver les 5 commandos marins portés disparus après cette importante saisie de drogue en mer.
LES LIONS MISENT SUR LA CONTINUITÉ À L'ÉGYPTIENNE
Inspirée par le parcours victorieux de l'Égypte entre 2004 et 2010, la sélection sénégalaise entend s'appuyer sur un modèle de structuration durable pour conserver son titre de champion d'Afrique, selon le directeur technique national (DTN), Mayacine Mar
L’équipe nationale du Sénégal de football compte s’inspirer du modèle de structuration administrative ayant permis à l’Egypte de rempoter trois Coupes d’Afrique des nations (CAN) d’affilée, entre 2004 et 2010, a indiqué, samedi, à Dakar, le directeur technique national (DTN), Mayacine Mar.
« Nous avons élaboré une stratégie pour garder notre trophée. Nous avons essayé de voir de 2004 à 2010, qu’elle était le profil de cette équipe d’Egypte, qui a réussi l’exploit de remporter trois CAN d’affilée, en termes de structuration administrative », a-t-il dit.
Il intervenait au cours d’un panel sur « L’opération de conservation du titre de champion d’Afrique de football », à l’initiative de l’Association nationale de la presse sportive du Sénégal (ANPS).
« Nous avons pensé que si nous essayions de ressembler un peu à ce profil d’équipe, nous aurions l’avantage de garder notre trophée. Nous avons remarqué que de 2004 à 2010, il y a une stabilité au niveau de la Fédération, du staff technique et de l’équipe égyptienne », a-t-il noté.
Selon Mayacine Mar, « beaucoup de similitudes » ont été notées entre l’équipe actuelle du Sénégal et celle de l’Egypte de cette époque, qui était sur le toit du football africain.
« En terme de stabilité fédérale, l’Egypte a beaucoup bénéficié de la proximité du siège de la Confédération africaine de football (CAF) [qui se trouve au Caire]. Elle a ainsi pu bénéficier de l’expérience de gestion de la CAF », a souligné Mayacine Mar, estimant que la Fédération sénégalaise de football « présente actuellement une meilleure expérience ».
« Nous allons participer à notre 6e CAN. 90% des dirigeants sont depuis 2012 dans l’équipe fédérale. Nous avons alors l’expérience de gestion pour réduire toute incertitude qui pourrait nous éloigner de la reconquête de cette CAN », a-t-il rassuré.
Selon le DTN, la stabilité du staff de l’Egypte a été un atout pour l’équipe. « Hassan Shehata a pris l’équipe de 2004 à 2011. Il est resté sept ans comme entraîneur, ce qui lui a valu de gagner trois fois la CAN », a-t-il rappelé.
« Nous avons un coach (Aliou Cissé) qui est depuis huit ans avec le Sénégal. Cette deuxième similitude dans le staff technique est aussi une idée que nous sommes sur la bonne voie de faire comme l’Egypte », a ajouté Mayacine Mar.
Et de relever que la stabilité de l’équipe du Sénégal, qui va jouer sa troisième CAN d’affilée, constitue une troisième ressemblance avec celle de l’équipe des Pharaons de 2004 à 2010.
« Le Sénégal a joué avec 80% de son effectif à la CAN 2019, 90% en 2021. Nous allons à la CAN 2023 avec encore 90% de notre effectif. C’est de l’expérience, avec des joueurs professionnels et expérimentés à 98% », a-t-il soutenu.
LA MÉMOIRE DE MILLIONS D'ESCLAVES HONORÉE
La première pierre du mémorial de Gorée a été posée ce 6 janvier pour honorer la mémoire des victimes de l'esclavage et promouvoir la réconciliation entre les peuples. Ce projet permettra de raconter l'héroïsme des esclaves face à l'horreur de la Traite
La pose de la première pierre du mémorial de Gorée est un symbole qui renvoie à un exercice mémoriel devant contribuer à une réconciliation des peuples, afin que « l’horreur » de la Traite négrière « ne se répète plus jamais », a déclaré, samedi, à Dakar, le chef de l’Etat, Macky Sall.
« En posant ici, face aux berges de l’Atlantique, ce samedi 6 janvier 2024, la première pierre du mémorial de Gorée […], j’accompli au nom du peuple sénégalais, de l’Afrique et des diasporas, un acte d’exercice mémoriel et de réconciliation des peuples », a-t-il dit, en lançant les travaux de ce monument appelé selon lui à devenir « un lieu d’histoire ouvert au monde pour témoigner du passé ».
Les travaux du mémorial de Gorée, dont le site se trouve sur la corniche ouest dakaroise, devraient durer vingt mois avant son inauguration prévue en septembre 2025.
L’édifice, attendu pour être « un carrefour d’échanges et de rencontres », sera dressé sur 3,5 hectares et sera fait d’un tour d’acier de 108 mètres de hauteur, selon Macky Sall.
Il « sera un lieu de rappel de notre histoire pour que l’horreur du passé ne se répète plus jamais », a indiqué le président de la République, selon qui avec ce monument, « on dira enfin : plus jamais ça ! ».
« Comme un miroir, il sera le reflet et le témoin de la mémoire collective de la nation, de l’Afrique et de ses diasporas, un foyer ardent de notre culture », a-t-il ajouté, en présence du ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow, et d’autres personnalités.
Macky Sall a évoqué « les horreurs de l’esclavage », soulignant qu' »à quelques encablures » du site du mémorial, sur l’île de Gorée, au large de Dakar, « l’innommable s’est produit, des hommes, des femmes et des enfants de tous âges ont été rassemblés, enchainés, torturés, transportés par millions et réduits sans pitié à l’esclavage, génération après génération ».
Le mémorial de Gorée « racontera l’histoire héroïque d’hommes et de femmes qui, par milliers, ont résisté au prix de leur vie, préférant la mort à l’asservissement », a par ailleurs indiqué le président de la République.
Le commissaire général du mémorial de Gorée, le poète Amadou Lamine Sall, a évoqué « un grand moment d’histoire » en parlant de cette cérémonie de lancement.
« Ce n’est ni une pose de première pierre, ni le lancement, mais une inauguration, l’histoire commence et s’achève 30 ans après sa gestation », a dit l’écrivain et poète dont les propos étaient empreints d’une forte émotion. Il a remercié le chef de l’Etat pour avoir « protégé, sécurisé ce chantier de la politique ».
Amadou Lamine Sall, qui porte depuis plus de trente ans ce projet, a qualifié ce mémorial de « phare qui va illuminer Dakar pendant des siècles et des siècles, et fera désormais partie […] de l’histoire ».
Colette Césaire, la fille de l’écrivain martiniquais Aimé Césaire, a assisté également à cette cérémonie, au nom de la diaspora, et des afro-descendants, ainsi que plusieurs artistes et hommes de lettres sénégalais.
Les travaux seront réalisés par la Compagnie sahélienne d’entreprise (CSE) et Suma, avec comme maitresse d’œuvre l’Agence de promotion des investissements et des grands travaux de l’Etat (APIX).
PLAIDOYER POUR LE RENOUVEAU AFRICAIN
Cartes obsolètes, dépendance intellectuelle, relations déséquilibrées avec l'ancienne puissance coloniale : Mamadou Diouf dénonce les carcans qui entraveraient l'Afrique. L'historien appelle à un profond renouvellement du continent et de sa narration
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 06/01/2024
Dans une importante interview accordée au magazine Jeune Afrique, l'historien sénégalais Mamadou Diouf a esquissé les grandes lignes d'une réinvention politique et intellectuelle du continent africain. Professeur prestigieux à l'université Columbia, il défend depuis longtemps l'idée d'un renouvellement des paradigmes permettant de penser l'Afrique.
Son dernier livre "L'Afrique dans le temps du monde" paru en 2023 jette les bases de cette réflexion. S'appuyant sur une solide analyse historique et scientifique, Mamadou Diouf y souligne les limites des Etats-nations post-indépendance, découpés selon les frontières arbitraires de la colonisation. Ces dernières n'auraient pas permis l'émergence de nations véritablement souveraines et prospères.
Dans son entretien avec Jeune Afrique, l'intellectuel approfondit cette idée. Il estime que les 60 années écoulées depuis les indépendances ont montré les failles des cartes politiques héritées. Les nombreuses crises traversées par le continent sont révélatrices de l'inadéquation entre les territoires définis et les réalités socioculturelles profondes. Mamadou Diouf appelle donc à une remise à plat totale de la carte, afin de dessiner de nouveaux ensembles plus cohérents.
Au-delà de cette refonte territoriale indispensable, l'historien souhaite un changement radical de perspective sur le passé et l'avenir du continent. Il constate ainsi que les relations privilégiées entretenues entre la France et ses anciennes colonies, qualifiées autrefois "d'intimité", ont disparu faute de respect mutuel. Pour Mamadou Diouf, le temps est venu d'une appropriation par les Africains du récit de leur propre histoire.
Avec cette proposition visionnaire d'une réinvention en profondeur, Mamadou Diouf trace un nouvel horizon pour l'Afrique. Ses idées audacieuses pourraient bien inspirer de futures générations d'intellectuels et de dirigeants politiques sur le continent.