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23 novembre 2024
International
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LE CODE NOIR SUR GRAND ÉCRAN
"Ni chaînes ni maîtres" propulsent le spectateur au cœur de l'enfer de l'esclavage, sans concession ni artifice. Simon Moutaïrou signe un premier long-métrage ambitieux qui ose affronter les démons du passé colonial français
Le 18 septembre 2024, le cinéma français s'apprête à vivre un moment historique avec la sortie de "Ni chaînes ni maîtres". Premier long-métrage consacré à l'esclavage dans l'Hexagone, ce film audacieux du réalisateur Simon Moutaïrou plonge le spectateur au cœur du XVIIIe siècle sur l'île Maurice.
L'histoire suit un esclave en fuite, incarné par la star sénégalaise Ibrahima Mbaye, dans sa quête désespérée pour retrouver sa fille et mener la résistance contre l'oppression coloniale. Face à lui, Camille Cottin campe une chasseuse d'esclaves impitoyable, tandis que Benoît Magimel incarne un propriétaire de plantation conforme à la lettre le tristement célèbre Code noir.
Fruit de deux années de recherches minutieuses, "Ni chaînes ni maîtres" ose montrer sans fard la brutalité de l'esclavage tout en évitant l'écueil du sensationnalisme gratuit. Le film s'inspire notamment des écrits du poète Édouard Glissant pour explorer le concept de "marronnage", cette fuite vers la liberté qui a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective.
Avec ce projet ambitieux, le cinéma français rattrape enfin son retard sur ses homologues américains dans le traitement de cette période sombre de l'Histoire. "Ni chaînes ni maîtres" s'annonce comme une œuvre percutante, destinée à marquer les esprits et à éduquer les nouvelles générations sur un chapitre longtemps occulté du passé colonial français.
L'ATEL DÉNONCE LA DÉMARCHE UNILATÉRALE DU GOUVERNEMENT
L'Alliance pour la Transparence des Elections crie à l'absence de concertation dans le cadre des législatives. L’organisation d’un scrutin n’est pas l’apanage du seul parti ou de la coalition au pouvoir, indique ce regroupement de plus de 70 personnalités
L'Alliance pour la Transparence des Elections tire la sonnette d'alarme sur le risque de dérive autoritaire dans l'organisation des prochaines élections législatives. Invoquant la tradition de concertation instaurée depuis 1992, l'alliance exhorte, dans la déclaration ci-après, le président de la République à renouer avec le dialogue.
"Depuis l'instauration du Code électoral Kéba Mbaye en 1992, le Sénégal a acquis une précieuse expérience dans l'organisation d'élections paisibles avec des résultats acceptés par l'ensemble des parties prenantes. Le pilier fondamental de cette expérience réside dans le principe de la concertation, accordant à chaque partie prenante le droit de participer à toutes les phases du processus électoral. À chaque étape, des concertations inclusives sont organisées par les instances compétentes du ministère de l'Intérieur, permettant aux intervenants de forger des consensus sur les questions cruciales, depuis l'évaluation du précédent scrutin jusqu'à la proclamation des résultats du nouveau scrutin. Tel est le fondement de notre tradition électorale, mondialement reconnue comme un modèle à suivre.
Rien ne peut justifier une atteinte à cette longue tradition de concertation et de consensus. Or, nous observons avec un profond regret que depuis l'élection présidentielle, aucune concertation n'a été initiée à ce jour. Il est pourtant impératif et urgent que cela soit fait.
Selon l’article 4 de la Constitution, « les partis politiques et les coalitions de partis politiques concourent à l’expression du suffrage dans les conditions fixées par la Constitution et la loi ». L’organisation d’un scrutin n’est pas l’apanage du seul parti ou de la coalition au pouvoir. La Constitution exige l’implication de toutes les parties prenantes. Ainsi, les partis politiques et les organisations de la société civile, qui agissent pour la transparence du processus électoral, ne peuvent tolérer que le refus de la concertation ouvre la voie à l'opacité et à la fraude, permettant ainsi de fausser l'expression des citoyens et de confisquer le pouvoir législatif au bénéfice d’intérêts partisans. Laisser libre cours à cette stratégie destructrice sous fond de populisme, c’est tolérer que les acquis démocratiques, obtenus parfois au prix de vies humaines soient remis en cause.
Forts de cette conviction profonde, nous, partis et organisations signataires, décidons de conjuguer nos efforts pour faire face à toute tentative de remise en cause des acquis démocratiques de notre pays.
Nous exhortons le peuple sénégalais à se mobiliser et à se tenir prêt à participer massivement aux actions de lutte qui seront entreprises en cas de nécessité, pour la préservation de ces acquis démocratiques. Ensemble, nous engagerons le combat pour un processus électoral concerté, consensuel et équitable, digne du Sénégal et de son prestige parmi les nations démocratiques.
Nous invitons Monsieur le président de la République à faire convoquer sans délai, en rapport avec la Direction Générale des Élections et toutes les parties prenantes, le processus habituel de discussions afin d'aborder, en particulier, les défis découlant de l'anticipation des élections législatives.
Il convient de noter que toute initiative prise hors de ce cadre constituerait une violation flagrante de l'article 2 du Protocole additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne gouvernance, qui requiert le consensus d'une large majorité avant toute modification de la législation électorale dans les six mois précédant un scrutin.
Il est impératif d'examiner sans délai, de manière concertée et consensuelle, les nombreux défis, notamment l'impossibilité de bénéficier du délai de 150 jours prévu dans le code électoral pour la collecte et de 85 jours pour le dépôt des parrainages (articles L57, L175 et L176). En plus, depuis le 25 février 2024, plus de quatre cent mille jeunes ont atteint l’âge de la majorité et doivent être inscrits sur les listes électorales. Il en va de même de la répartition des sièges entre les départements dans le scrutin majoritaire selon le critère objectif du nombre d’habitants et le nombre de sièges à pourvoir via le scrutin proportionnel, à l’échelle nationale, au regard du recensement de la population en 2023.
Nous mettons en garde le pouvoir en place contre toute démarche solitaire concernant le cadre électoral, qui risquerait de compromettre sérieusement la stabilité politique de notre pays. Au-delà des élections législatives, d’autres sujets nécessitent tout autant un dialogue entre les forces vives de la Nation. Les réformes institutionnelles ayant fait l’objet de consensus confirmé par le résultat de la dernière élection présidentielle devraient être mises en œuvre, sans tarder.
Nous appelons la communauté internationale, ainsi que les communautés africaines, qui n'ont cessé de magnifier l'exemplarité démocratique du Sénégal, à demeurer vigilantes quant au respect des principes fondamentaux de l'État de droit, qui sont désormais menacés dans ce pays."
Premiers signataires :
Ababacar BA, ADS/PAPA ;
Amadou BA, Nouvelle Responsabilité ;
Mamadou Lamine BA, PLC-DJ ;
Ibrahima BADIANE, UFN ;
Salif BADJI, KISAAL ;
Abdoulaye BALDE, UCS ;
Bamil BALDE, Action patriotique sénégalaise ;
Samba BATHILY, PCDS ;
Thierno BOCOUM, AGIR ;
Alassane CISSÉ, Nouveau Parti ;
Bassirou DIAKHATÉ, ADS ;
Ibrahima H. DEME, ETIC ;
Mamadou DEME, Coalition Moobal Senegal
Modou DIAGNE FADA, LDR/Yessal ;
Mohamed Moustapha DIAGNE, Synergie Républicaine ;
Mariama DIAW, ARD ;
Pape DIOP, BOKK GIS GIS ;
Pape Momar DIOP, AAML ;
Khadim DIOP, Khidma
Seydou DIOUF, Ppc
Victor Sadio DIOUF,MFA ;
Abdoulaye DRAME, And pencoo Rewmi ci deug ;
Abdou FALL, Andu Nawle ;
Babacar GAYE,Manko Mucc ;
Babacar GAYE,MPCL
Bougane GUEYE DANY, Geum Sa Bopp :
Serigne Mody
Tombo GUÈYE,MPACT ;
Aïssata KANE,Mouvement So Cap
Adji Mergane KANOUTE, UDS/A ;
Cheikh Mbacké LO, And-Jëf
Mamadou MASSALY, UNR ;
Abdoul MBAYE, SENEGAL KESSE
Aminata MBENGUE NDIAYE, Parti socialiste
Théodore MONTEIL, Alternative citoyenne/Disso
Moustapha NIASSE, Alliance des Forces de Progrès
Hamady NDAO, Euleuck Sénégal ;
Anta Babacar NGOM, Arc
Aly Ngouille NDIAYE, Coalition AN 2024
El Hadj NDIAYE DIODIO, Taaru Sénégal
Elhadji Omar NDIAYE, Forces des Forces citoyennes pour l’émergence du Sénégal ;
Nicolas NDIAYE, Ligue Démocratique
Pathé NDIAYE, Pdrs
Ameth NDIR, Sénégal mieux et autrement ;
Dior Diongue NDOYE, Pari sur l’avenir ;
Magatte NGOM, NIDA ;
Abdou Aziz PAYE, Prs
Mahmoud SALEH, APR
Thierno Alassane SALL, République des Valeurs/Réewum Ngor ;
Khalifa Ababacar SALL, Taxawu Sénégal :
Moussa SARR, Ndfd
Oumar SARR, Parti des Libéraux et Démocrates/Ánd Suqali ;
Oumar SARR n°2, PAREL ;
Pape SARR, Ld Debout
Samuel SARR, LSS ;
Bathie SECK, Far Yoon Wi ;
Idrissa SECK, REWMI ;
Samba SY, Pit
Aïssata TALL SALL, OSER L’AVENIR ;
Fatou THIAM, Alur
Madina THIAM, Taxawu Fal Khalifa
Omar THIAM, UPAS
Ousseynou THIAM, Pt
Thierno Birahim THIOMBANE, ASD JEF REK ;
Ousmane THIONGANE, DRS Yeug Sénégal ;
Hélène TINE,Mset
Moussa TINE, AD Pencoo
Mbaye TOURE, And Bok Defar
Samba WAGNE, Mpc/Adr
par l'éditorialiste de seneplus, Arona Oumar Kane
MULTIPLE PHOTOS
LE PROJET EST MAL PARTI
EXCLUSIF SENEPLUS - 1 148 agents recrutés en deux mois. Hausse de deux milliards de la masse salariale mensuelle de la fonction publique depuis avril. C’est la continuité, voire l’aggravation, de l'orientation budgétaire du régime précédent
Arona Oumar Kane de SenePlus |
Publication 13/09/2024
Le Document de Programmation Budgétaire et Économique Pluriannuel du Sénégal, pour la période 2025-2027 (DPBEP 2025-2027), a été adopté en Conseil des ministres le 12 Juin 2024, soit deux mois après l’installation du nouveau gouvernement. Ce document, produit et actualisé tous les ans par la Direction Générale du Budget, fixe les orientations budgétaires pour les trois prochaines années et sert de base à l’élaboration des lois de finances, conformément à l’article 51 de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF). Il y est précisé le contexte macroéconomique ainsi que les projections de recettes budgétaires et surtout les dépenses envisagées pour la période triennale concernée. Le tableau ci-dessous en donne un aperçu (voir l'image d’illustration).
Ce qui est frappant sur ces chiffres c’est la continuité, voire l’aggravation, de l'orientation budgétaire du régime de l’ancien président Macky Sall. Cette orientation est caractérisée essentiellement par l’explosion d’une dette qui ne sert, littéralement, pas à grand-chose, comme nous le verrons, et par un déséquilibre persistant entre les dépenses de fonctionnement et les dépenses d’investissement.
Notre conviction, à la lecture de ce document de programmation budgétaire, est que le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko n’ont pas connaissance des projections de dépenses qui y sont données, ou n'en ont pas pris toute la mesure. Et pour cause, cette programmation apparaît en total déphasage avec les principes qu’ils ont théorisés et les promesses faites de donner la priorité à la satisfaction des besoins des populations. Sinon, comment comprendre qu’ils aient validé la proposition d’augmenter de plus de 650 milliards de FCFA les dépenses de fonctionnement et transferts courants en 2025 et de baisser de 35 milliards les dépenses d’investissement ? Ils se sont engagés à réduire le train de vie de l’Etat de manière substantielle et promis des investissements massifs pour développer le pays. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette ambition ne colle pas avec l’orientation budgétaire annoncée par les services du ministère des Finances et du Budget.
En 1962, l’agronome français René Dumont publiait l’un des ouvrages les plus aboutis sur l’évolution économique de l'Afrique subsaharienne au lendemain des indépendances. Dans ce chef-d'œuvre prémonitoire, il prédisait le destin compromis de nos pays nouvellement indépendants, en raison notamment des mauvais choix de politique agricole de leurs dirigeants. Soixante-deux ans plus tard, force est de constater qu’il avait raison sur toute la ligne. Le titre de cet article paraphrase volontiers celui de ce célèbre ouvrage, l’Afrique noire est mal partie, tant les premiers actes posés par le nouveau régime sénéglais nous semblent porter les germes d’un échec plus que probable. Nous nous employons, dans cette étude, à exposer les facteurs qui, de notre point de vue, pourraient rendre la promesse de redressement et de développement du pays impossible à tenir.
Ce travail s’appuie sur une méthodologie et des outils d’analyse et de détection d'irrégularités statistiques dans les données économiques et financières publiées par les services de l’Etat. Nous espérons que les problèmes soulevés ici seront adressés sérieusement, dans l’intérêt du peuple sénégalais, et cette initiative citoyenne perçue pour ce qu’elle est : une alerte constructive et factuelle à l’attention des autorités du pays, et un effort de vulgarisation pour sensibiliser l’opinion nationale sur les risques encourus.
La navigation à vue d’une équipe dirigeante qui semble improviser
Le Premier ministre Ousmane Sonko annonçait, en Conseil des ministres, que son gouvernement comptait sur l’expertise locale pour définir concrètement le nouveau référentiel des politiques publiques de la République du Sénégal, communément appelé Le Projet. L’absence, au départ, d’un référentiel documentaire structuré de mise en œuvre de la vision portée par les nouvelles autorités a eu pour conséquence immédiate une série d’incohérences dans les actes posés et les annonces sur les intentions. L’impression qui se dégage des décisions prises depuis quatre mois est celle de dirigeants qui ont une vision bien comprise de tous, mais qui n’ont pas de feuille de route et de démarche claire pour la mettre en pratique, semblant improviser en permanence.
Le chef du gouvernement vient d’annoncer, lors d’un conseil interministériel, un investissement de 2 578 milliards de FCFA pour développer les infrastructures maritimes et portuaires - d'ici 2025, selon l’expression de l’Agence de Presse Sénégalaise (APS) qui a relayé l’information. L’idée est à saluer. Notre pays possède des avantages compétitifs non négligeables dans ce domaine, mais nous sommes sous la menace constante d’une concurrence qui pourrait bien profiter de la baisse de performance de nos ports, en raison notamment de la faiblesse des infrastructures. Seulement voilà, le montant annoncé est en porte-à-faux avec les orientations budgétaires définies par ce même gouvernement.
Dans le DPBEP 2025-2027, les projections de dépenses d’investissement pour 2025 sont fixées à 1 811,5 milliards de FCFA, et pour l’ensemble de la période triennale à 6 700,4 milliards. Tous programmes confondus. Cela comprend les investissements prévus dans l'éducation, la santé, l’agriculture et la souveraineté alimentaire, la relance de l’industrie, la construction de logements sociaux, l’appui à la création d’emploi, etc. On peut alors se demander comment il serait possible d’injecter 2 578 milliards dans les seules infrastructures maritimes et portuaires sur la période indiquée.
Une semaine plus tard, un autre conseil interministériel annonçait 1 627 milliards pour l’accès à l’eau potable. Tout cela sans préciser clairement d’où viendraient ces milliards car, comme on le verra, les recettes et l’emprunt projetés ne pourront pas couvrir ces programmes improvisés. A moins d’étaler leurs développements sur 10, 15 ou 20 ans et de revoir complètement les projections budgétaires actuelles, il est matériellement impossible d’exécuter ce niveau d’investissements, considérant l’ensemble des autres besoins.
Les juges des tribunaux de commerce internationaux ne sont pas sensibles à la rhétorique populiste des peuples spoliés par des contrats léonins. Quand ils sont saisis, ils se contentent de dire le droit. Et quand on casse un contrat sans raisons objectives mais juste parce qu’on a fait des promesses électorales, cela a des conséquences. Le gouvernement du Nigéria, qui a vu ses avions présidentiels immobilisés, sur décision d’un juge français, et ses avoirs détenus dans des banques occidentales gelés, en a fait l’amère expérience tout récemment. Nous parlons d'un pays de plus de 210 millions d’habitants avec une économie qui pèse 12 fois celle du Sénégal, et des réserves de pétrole et de gaz qui font de notre pays un nain dans le domaine. Il serait illusoire de penser que nous pourrions réussir face à des multinationales pétrolières et minières là où un pays aussi puissant et influent que le Nigéria a échoué face à une modeste entreprise chinoise.
On peut toutefois se réjouir que, jusque-là, aucun des contrats en question n’est remis en cause unilatéralement par l’Etat du Sénégal. Nous en sommes uniquement à des déclarations d’intention et à une volonté de renégocier. Il est cependant peu probable que nos partenaires sur les gros contrats acceptent une cession substantielle des avantages qu’ils en tirent. Si l'ASER vient de réussir la renégociation du contrat d'électrification rurale avec l’Espagnole AEE Power EPC, il ne s'agit que d'un marché de 92 milliards de FCFA, rien à voir avec les milliers de milliards des contrats sur les hydrocarbures et les mines. Que fera le gouvernement en cas de refus sur les gros dossiers ? La prudence et le bon sens devront guider son action sur ce sujet très sensible et potentiellement coûteux pour le pays.
L’autre risque que ce discours musclé fait peser sur le pays est le découragement des investisseurs étrangers qui pourraient désormais s’orienter vers des pays plus attractifs sur le continent. L’opérateur pétrolier Woodside, qui exploite avec Petrosen le champ de Sangomar, est d’ailleurs en train de réorienter sa stratégie africaine vers la Namibie et la Côte d’Ivoire. Le redressement fiscal lancé contre cette entreprise a de quoi inquiéter en la matière. D’un point de vue symbolique, il est difficile de comprendre l’empressement à lancer un redressement fiscal contre une entreprise qui a investi des milliards de dollars dans notre pays et qui n’a pas encore encaissé le moindre bénéfice sur cet investissement.
Le major australien pourrait bien abandonner la phase 2 de ce projet qui prévoit l’extraction de gaz domestique sur ce gisement. Le développement du projet gazier Yaakaar-Teranga, au large de Cayar, sur lequel on n’a pas encore de FID (Décision Finale d'Investissement) pourrait également être compromis. Nous avons besoin des investisseurs étrangers pour exploiter notre potentiel ; les indisposer avec des discours menaçants ou la promesse de tracasseries fiscales n’est sûrement pas la meilleure approche. Il faut au contraire leur donner envie d’investir dans notre pays.
La Transformation systémique, une ambition tuée dans l’œuf des choix budgétaires
Nous ne le dirons jamais assez, les budgets votés et exécutés par le précédent régime n’avaient pas été conçus dans l’intérêt du peuple sénégalais. Le Budget 2024, dont le nouveau gouvernement poursuit l’exécution, sans loi de finances rectificative, en est un exemple patent avec plus de 3 697 milliards de FCFA consacrés aux dépenses de fonctionnement et transferts courants, contre 1 836 milliards de FCFA pour les charges d’investissement. Le montant faramineux de 1 826,8 milliards de FCFA y est consacré au service de la dette, constitué de l'amortissement de l’encours (1 248,2 milliards) et des intérêts et commissions (578,3 milliards).
Ces intérêts et commissions de la dette sont de plus en plus importants, et le DPBEP 2025-2027 prévoit de les porter à 808,4 milliards en 2025, soit 230 milliards de plus qu’en 2024 ! Ce poste de dépense, tiré par l’endettement effréné auquel nous assistons depuis 2012, est surtout constitué de commissions exorbitantes. Les taux d'intérêt appliqués à la signature souveraine du Sénégal étant généralement inférieurs à 10%, quand les charges de la dette s’approchent du principal ou le dépassent, comme c’est souvent le cas, alors on peut être sûr qu’il s’agit surtout de commissions.
De ces commissions, le grand public ne connaît ni les montants exacts - parce que noyés dans les appellations “Charges de la dette”, “Intérêts de la dette” ou “Intérêts et Commissions” - ni qui les perçoit, ni pour quels services rendus au Sénégal. Tout ce qu’on sait, c’est que ces centaines de milliards de FCFA sont distribués à divers acteurs impliqués dans le montage des dossiers d’emprunt et la levée des fonds. Le profit que ces acteurs inconnus du contribuable lambda tirent de cette manne des commissions pourrait, à lui seul, expliquer le recours abusif à l’emprunt.
Cet endettement qui nous étouffe n’a curieusement plus pour objectif principal de combler le déficit. La part la plus importante de ces fonds, levés majoritairement sur les marchés internationaux hors zone CFA - ce qui a son importance, compte tenu des risques de change - est consacrée au remboursement d’autres dettes, une toute petite portion allant au financement du déficit du budget général. A titre d’exemple, sur l’année 2026, pour un déficit projeté à 765,2 milliards de FCFA, le gouvernement prévoit d’emprunter 3 502,2 milliards ! Le reste servira à financer une obscure rubrique intitulée “Déficit OPEX” qui capte 50 milliards tous les ans et, pire, à rembourser 2 687 milliards pour amortir l’encours de la dette. Pourtant, l’échéancier publié par la Direction de la Dette Publique n’indique que 1 568 milliards à rembourser pour 2026 au titre du principal. Et c’est le même scénario tous les ans : on emprunte des montants faramineux pour les redonner à des créanciers avant échéance, alors qu’ils peuvent être investis immédiatement dans l’économie du pays pour stimuler la croissance.
La seule raison objective qui pourrait justifier un remboursement anticipé est de pouvoir profiter de taux d’intérêts plus bas pour allonger l’échéance et réduire les charges de la dette sur les dépenses courantes du budget. Au vu de la croissance exponentielle de ces charges et du niveau de plus en plus élevé des amortissements, on peut douter que ce genre de restructuration de la dette soit le principal objectif de ces remboursements prématurés, réalisés avec de nouveaux emprunts. La répétition est pédagogique, nous insistons sur le fait que ces emprunts génèrent des commissions colossales à la charge du contribuable sénégalais.
Globalement, selon la programmation budgétaire 2025-2027, le gouvernement envisage d'emprunter 8 798,1 milliards de FCFA. Sur ce montant, 6 365,7 milliards seront utilisés pour rembourser d’autres dettes. Les 2 432,4 milliards restants seront répartis entre les dépenses courantes et les dépenses d’investissements. Or, sur les dépenses courantes, 2 297,6 milliards serviront à payer des intérêts et verser des commissions. Autrement dit, l'équivalent de 98,5% des fonds que l’Etat envisage d'emprunter sur les trois prochaines années sera versé à des acteurs privés, étrangers pour la plupart. Il ne restera donc que 1,5% de ces fonds à injecter ailleurs dans le Budget Général. Pour faire court, considérant le ratio dépenses courantes / dépenses d’investissement, on peut affirmer que moins de 1%, seulement, de cet emprunt pharaonique servira à financer l’investissement. La preuve irréfutable que cet endettement endémique n’est pas destiné à développer le pays, au contraire, il le maintient dans une pauvreté sans fin. Les chiffres ne mentent pas.
Quand les agents du FMI viennent à Dakar déclarer que le Sénégal est en surfinancement, puisqu’ayant levé sur les marchés des fonds au-delà du besoin de financement du déficit, et d’ajouter qu’il faut utiliser l’excédent “pour des opérations de gestion du passif, dans le but d'améliorer la viabilité de la dette du pays”… ils ne nous apprennent rien. Ce surfinancement était inscrit dans la loi de finances 2024. Avec un déficit à 840,2 milliards, le gouvernement est en effet autorisé, par cette LFI 2024, à emprunter 2 138,4 milliards. Le FMI était juste venu s’assurer que ces crédits supplémentaires seraient utilisés par les nouvelles autorités comme planifié par leurs prédécesseurs et inscrit dans le budget, c’est-à-dire pour être reversés aux créanciers. Ces derniers sont en réalité les véritables bénéficiaires de l’encadrement du FMI qui leur assure des placements à très hauts rendements et la sécurisation de leurs capitaux.
Il est indispensable de faire la lumière sur ce scandale silencieux de la gouvernance de la dette et d’y mettre un terme. Il faut se pencher sérieusement sur ce problème, pour comprendre comment nous en sommes arrivés à cette situation et comment en sortir. Quand on s’endette prioritairement pour rembourser d’autres dettes et verser des commissions, et non pour investir et générer la croissance qui permet d’éteindre cette dette à terme, on se condamne à un endettement indéfini, de plus en plus important, qui stérilise l'économie et compromet nos chances de sortir du sous-développement. Il est urgent d’interrompre ce cycle infernal.
Répétons-le, l’orientation budgétaire validée par ce gouvernement suit, en tous points, la même logique d’endettement exponentiel et de répartition déséquilibrée des ressources en défaveur des populations. Paradoxalement, elle va même largement au-delà de ce que faisaient ses prédécesseurs. Suivre cette orientation est politiquement problématique car contraire aux attentes des 54% d’électeurs qui ont adhéré au Projet. D’un point de vue économique, c’est aussi la garantie qu’il sera impossible de réaliser les objectifs de développement sur lesquels le président de la République et le Premier ministre se sont engagés. Les milliers de milliards qu’on s'apprête à injecter dans le fonctionnement de l’Etat, dans les transferts courants - dont une partie non négligeable est captée par la clientèle politique - et dans les commissions sur les emprunts, manqueront mécaniquement aux investissements nécessaires pour atteindre cet objectif. Il faut absolument inverser cette logique suicidaire.
Le Jub, Jubal, Jubbanti, un slogan mis à mal par les faits
Le principal cheval de bataille de l’opposant Ousmane Sonko fut la lutte contre la corruption et l’accaparement des ressources par une élite corrompue. Cette corruption a une matérialisation concrète dans la gestion des finances publiques, pas uniquement dans l'utilisation des moyens excessifs affectés au fonctionnement de l’Etat, mais aussi dans la réalisation des projets exécutés par ce dernier. Nombre de ces projets sont compromis par des détournements d’objectifs, la non-exécution totale ou partielle de certains d’entre eux et par les pratiques de fausses factures et autres moyens de gruger le contribuable sénégalais. Le ministre de l'Hydraulique et de l’Assainissement a d’ailleurs récemment révélé des surfacturations glaçantes sur l’exécution des marchés de l’ONAS. La preuve, si les faits sont avérés, que ces pratiques persistent encore malgré l’alternance.
La croissance continue des effectifs et le coûteux maintien d’une administration pléthorique et inefficace est l’un des problèmes majeurs sur lesquels le nouveau régime est attendu. Le projet de révision constitutionnelle visant la suppression du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) et du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) avait été présenté comme un élément majeur du programme de rationalisation des dépenses de l’Etat. Le président de la République avait même affirmé, lors de son premier entretien avec la presse nationale, que l’absence de majorité qualifiée à l’Assemblée nationale était la raison pour laquelle la rationalisation des dépenses ne pouvait être réalisée. Ces deux institutions réunies - les seules concernées par la révision constitutionnelle - ne captent pourtant que 32 milliards de FCFA sur les 1 283 milliards de transferts courants en 2024 et ne représentent que 0,86% de l’ensemble des dépenses courantes. Il faut certes les supprimer car, objectivement, elles n’ont aucune valeur ajoutée. Mais c’est loin d’être suffisant pour véritablement rationaliser les dépenses à l’échelle du budget global. Il faut regarder ailleurs.
L’un des supports du système de corruption massive, mis en place par les régimes précédents, est la création d’agences et de fonctions sans valeur ajoutée au sein des départements ministériels et des organismes publics et parapublics, voire même jusque dans la présidence de la République. La promesse était faite de supprimer certaines de ces structures, et c’est là où il est possible de réaliser de véritables économies sur le train de vie de l’Etat. Ces agences inutiles et coûteuses ne nécessitent qu’un décret présidentiel pour s’en départir.
On peut citer parmi ces structures, entre autres, l’AEME (Agence pour l’Économie et la Maîtrise de l'Énergie) créée par Wade à six mois de l’élection présidentielle de 2012. L’Agence Nationale pour les Énergies Renouvelables coexiste avec une Direction du même nom au sein de son ministère de tutelle. Nous avons une Direction des Mines et de la Géologie et une Direction Générale de la Société des Mines du Sénégal, toutes deux sous la tutelle du même ministre. Il y a même au sein de ce super ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines, une Direction de l’Électricité !
Les dispositifs d’appui à la création d’emploi sont gérés par une multitude d’agences (ANPEJ, DER/FJ, 3FPT, ONFP) qui auraient pu être rassemblées en une seule structure. Le FONSIS, le FONGIP et la CDC, des fonds souverains qui n'ont aucune raison d’exister de manière indépendante, pourraient être fusionnés, de même que l’ANIDA et le PRODAC. Le découpage de Petrosen en 3 filiales n’a aucun sens.
On pourrait multiplier les exemples de structures inutiles ou redondantes qui captent une bonne partie du budget de la nation en dépenses de fonctionnement, nous privant ainsi des investissements nécessaires pour stimuler l’économie et résoudre des problèmes cruciaux. Avec les centaines de milliards ainsi gaspillés dans le fonctionnement de ces structures, les économies annoncées en Conseil des ministres sur “l’usage des consommables informatiques et des appareils électroniques dans les bâtiments administratifs”, paraissent bien symboliques.
Ces agences et directions n’ont pas été supprimées ou fusionnées, comme promis. On s’est juste contenté de congédier les politiciens de l’ancien régime qui les dirigeaient pour les remplacer par des politiciens du régime actuel, au gré des nominations hebdomadaires en Conseil des ministres. Des responsables du parti Pastef et de la coalition Diomaye Président ont ainsi remplacé leurs homologues de l’APR et de Benno Bokk Yaakaar à la tête des directions et conseils d'administration ou de surveillance des entités publiques et parapubliques.
Rien n’a changé dans les pratiques de gabegie de l'administration publique. Pire, avec l’installation des nouvelles équipes, une augmentation considérable des recrutements est constatée dans la fonction publique sur les mois de mai et juin 2024. En effet, un recrutement de 1 148 nouveaux agents a été opéré par les nouvelles autorités en deux mois. La masse salariale mensuelle de la fonction publique a ainsi bondi de 2 milliards de FCFA depuis le mois d’avril 2024, passant de 114,89 milliards de FCFA à 116,82 milliards de FCFA. Clairement, nous ne sommes pas dans la rationalisation. Au contraire, les dépenses non productives sont en train d’exploser et tout ce qu’on nous avait promis sur la lutte contre le gaspillage s’est avéré inexact dans la réalité.
Autre fait inquiétant, les dépenses d’hospitalisation des agents de l’Etat qui, sous le précédent régime, plafonnaient en moyenne autour d’un milliard de FCFA par mois, sont brusquement passées à 1,5 milliard de FCFA. Soit +50% d’augmentation des frais d’hospitalisation des fonctionnaires depuis mai 2024, sans que le contexte sanitaire ne le justifie. Il faudra d’ailleurs vérifier si nous ne sommes pas en présence d’un cas de détournement de deniers publics, maquillé dans la prise en charge médicale des fonctionnaires. La lumière doit être faite sur ce dérapage des dépenses de santé de la fonction publique et sur d'éventuels autres postes de dépenses sur lesquels une telle augmentation inopinée pourrait être relevée.
En dépit des bonnes intentions, de la vision et des discours volontaristes, l’examen des faits et des chiffres montre que le Projet est parti pour être un échec, si rien n’est fait pour modifier rapidement la trajectoire enclenchée. Non seulement, les tares des anciens régimes, qu’il est censé éradiquer, sont toujours là et encore plus résilientes mais, surtout, ce nouveau gouvernement, par son orientation budgétaire, ne se donne pas les moyens de réussir la transformation de l’économie et des institutions qu’il s’est fixé comme objectif. Le réveil pourrait être brutal à l’heure des comptes et le risque politique non négligeable.
Document de Programmation Budgétaire et Économique Pluriannuel, DPBEP 2025-2027, par la Direction générale du Budget du Sénégal
Loi 2023-18 du 15 Décembre 2023 portant loi de finances pour l’année 2024
Communiqué du Conseil des Ministres du 12 Juin 2024
Communiqué du Conseil des Ministres du 28 Août 2024
Tableaux de Bord de l'Économie Sénégalaise, par la DPEE
Bulletin Statistique de la Dette Publique, par la Direction de la Dette Publique
Communiqué de Presse 24/226 du Fonds Monétaire International
L’Afrique noire est mal partie, par René Dumont, Ed. Seuil.
Calculs et Analyses avec SIADE, Système Intégré d’Analyse de Données Économiques, par Bangath Systems
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LE CRI DES TRÉSORS VOLÉS
Avec « Dahomey », Mati Diop signe un documentaire aussi innovant que nécessaire sur la restitution des œuvres d'art africaines. En donnant la parole aux objets eux-mêmes, elle offre une perspective inédite sur ce chapitre douloureux de l'histoire
La cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop frappe fort avec son nouveau documentaire "Dahomey". Dans une interview exclusive, elle lève le voile sur ce film audacieux qui donne littéralement la parole aux 26 trésors royaux du Bénin, récemment restitués par la France.
"J'ai voulu que ces œuvres racontent elles-mêmes l'histoire de leur pillage", explique Diop. Le film capture le voyage de retour de ces artefacts, offrant une perspective inédite sur la restitution du patrimoine africain.
La réalisatrice met en lumière la jeunesse africaine, dont la voix résonne à travers le film. "Ils sont lucides sur les enjeux diplomatiques", souligne-t-elle, évoquant leur compréhension aiguë des implications de cette restitution.
Diop refuse le didactisme, préférant une approche poétique et fantastique. "C'est politique de s'autoriser à être libre dans la forme", affirme-t-elle, revendiquant le droit à un imaginaire affranchi des contraintes du militantisme traditionnel.
"Dahomey" s'annonce comme une œuvre percutante, mêlant histoire, politique et art pour aborder les stigmates persistants du colonialisme. Un film qui promet de secouer les consciences et de ravir le débat sur la restitution du patrimoine africain.
par Mohamed Gueye
BESOIN URGENT DU NERF DE LA GUERRE
Avec des élections prévues le 17 novembre, le Sénégal s'engage dans une période d'incertitude budgétaire qui pourrait nuire à ses relations avec ses partenaires internationaux
Le président Bassirou Diomaye Faye, contre tout engagement présidentiel et malgré tous les risques, a décidé d’exécuter la commande de son Premier ministre. C’est, en effet, le chef du gouvernement qui, en réplique aux exigences des députés qui l’avaient contraint à une date pour faire sa Déclaration de politique générale (Dpg), avait annoncé que cela n’allait pas se faire. Ousmane Sonko avait même affirmé que «le 12 septembre, ces gens auront bien d’autres préoccupations que d’attendre une Dpg».
Les députés qui auraient eu des doutes sur la question, ont pu se rendre compte hier que le duo au sommet de l’Etat fonctionnait encore en parfaite harmonie. Pour le moment, la volonté du Premier ministre prime sur toute autre volonté, ou même sur les logiques économiques. Or, cela semble mener le pays vers une terrible impasse financière et économique. Le Président, en dissolvant l’Assemblée, a décidé de convoquer le corps électoral le 17 novembre pour l’élection d’une nouvelle chambre.
Il ne nous dit pas d’où il va tirer les moyens pour organiser les prochaines élections. La dernière chronique de Madiambal Diagne mettait déjà en garde : «Le Sénégal a raté ses échéances du mois de juillet dernier avec le Fmi, induisant un non-décaissement de la somme de 230 milliards de francs Cfa. Un autre décaissement en faveur du Sénégal, de 169 milliards, est prévu pour le mois de décembre 2024. Ces sommes sont indispensables pour le budget de l’Etat…» Or, cet argent du Fmi ne pourrait être débloqué, on l’a dit plusieurs fois ici, que sous certaines conditions. Madiambal Diagne l’a expliqué : «Le gouvernement n’a même pas encore adopté en Conseil des ministres, un projet de Loi de finances rectificative. C’est dire que si l’Assemblée nationale se trouve dissoute avant d’avoir fini de voter une Lfr, cette question, pomme de discorde majeure avec nos partenaires, ne sera pas réglée d’ici la fin de l’exercice budgétaire au 31 décembre 2024. En conséquence, la gestion budgétaire souffrira de lacunes, d’anachronismes et de carences qui vont rattraper l’exercice 2025.»
L’ancien directeur de la Solde, M. Charles-Emile Ciss, en a rajouté dans un texte publié en début de semaine, pour rappeler «l’urgence d’élaborer une Loi de finances rectificative permettant au gouvernement, conformément aux dispositions de la nouvelle Loi organique relative aux lois de Finances, de disposer d’une autorisation budgétaire couvrant les actes de dépenses initiés par ses membres (ministres, directeurs généraux, etc.).
Le second risque, non moins majeur en cas de dissolution, c’est que toutes ces opérations budgétaires présentes ou à venir (Budget 2024, Budget 2025) ne seraient pas légalement couvertes et le Sénégal plongerait dans une obscurité budgétaire inédite puisque l’Exécutif, en vertu du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs, ne peut s’autoriser à percevoir des impôts et à dépenser.
En effet, la Constitution réserve cette compétence exclusivement au Parlement…»
Le Peuple sénégalais doit donc s’attendre à connaître une longue crise qui, si on n’y prend garde, va se prolonger durant l’année à venir. Et il faudra s’attendre à ce que ce hiatus dans la gestion du budget de l’Etat, et surtout la légèreté avec laquelle cette situation politique aura été conduite, ébranle les relations du Sénégal avec nos partenaires internationaux.
LE DOSSIER AMERICAIN DEFINITIVEMENT BOUCLE
En conférence de presse, le général Michael Langley a affirmé que les forces américaines ont quitté le Niger sans incident, dénonçant une campagne de désinformation de Moscou et Pékin contre Washington sur le continent africain.
En conférence de presse, le général Michael Langley a affirmé que les forces américaines ont quitté le Niger sans incident, dénonçant une campagne de désinformation de Moscou et Pékin contre Washington sur le continent africain.
Lors d’un point de presse numérique tenu le jeudi 12 septembre, le général Michael Langley, commandant du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom), a présenté les grandes lignes de la nouvelle stratégie militaire. L’officier général américain a profité de l’occasion pour revenir sur le retrait des troupes américaines du Niger. Selon lui, les opérations se sont déroulées « sans incident » et conformément aux demandes des autorités locales du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
Après le coup d’État du 26 juillet 2023, le CNSP, dirigé par le général Abdourahamane Tiani, a dénoncé les accords de défense avec la France, entraînant le retrait des troupes françaises du Niger. En mars dernier, Niamey a également mis fin aux accords de coopération militaire avec les États-Unis, ce qui a conduit au départ des forces américaines de leur base située à Agadez, dans le nord du pays.
Toutefois, l’avenir de la coopération sécuritaire dans le Sahel reste incertain. « La voie à suivre sera déterminée quant à la capacité de coopération en matière de sécurité dans le Sahel, qu’il s’agisse de la nouvelle alliance ou de la coalition de l’Alliance des États sahéliens du Niger, du Burkina Faso et du Mali », a-t-il expliqué.
Le général Langley a également indiqué que des discussions sont en cours avec des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, notamment la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Bénin, afin de réévaluer et ajuster les ressources militaires face à la propagation des groupes terroristes. comme le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique au Sahel. « Nous commençons à réinitialiser et à recalibrer certains de nos atouts », a affirmé le général, évoquant une stratégie de collaboration avec des pays partageant des « valeurs démocratiques et des objectifs communs ».
Cette situation a conduit Africom à renforcer les consultations avec ces pays afin de mieux comprendre leurs besoins en matière de lutte contre le terrorisme. « Nous menons des consultations et nous les administrons via la sphère diplomatique pour décider du niveau de capacité dont ils ont besoin pour être en mesure de lutter efficacement contre le terrorisme », a ajouté le général Langley.
Le responsable américain a également abordé la question de l’influence de la Chine et de la Russie dans la zone de responsabilité de l’Africom. Il a déclaré la désinformation déployée par ces puissances, notamment en Afrique de l’Ouest et dans le Sahel, pour saper les efforts de coopération sécuritaire des États-Unis avec leurs partenaires africains. « Depuis 2022, une grande partie de mes efforts pour parvenir à un accord avec certains de ces pays sur la manière dont nous allons aborder les défis a été déformée par la désinformation », a-t-il déclaré.
Le général a spécifiquement pointé du doigt la Russie pour son rôle dans la déstabilisation de plusieurs pays africains, citant la République centrafricaine, la Libye et l’ensemble du Sahel. « La Fédération de Russie avait des activités dans l’espace de l’information pour pouvoir diffuser de fausses idéologies dans la société civile », a-t-il affirmé, ajoutant que ces actions avaient pour objectif de contrer les efforts de l’Africom en matière. de lutte contre le terrorisme. Il n’a pas épargné la Chine qui, à l’en croire, « est connue pour diffuser de fausses informations sur tout le continent également ».
LES ETATS-UNIS SOUTIENNENT DEUX SIÈGES PERMANENTS POUR L'AFRIQUE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L'ONU
Cette proposition s'inscrit dans la volonté d'offrir une plus grande représentativité à l'Afrique au sein de cet organe clé des Nations unies, mais se heurte aux défis liés à l'avenir du droit de veto et à l'équilibre des pouvoirs.
Les Etats-Unis ont annoncé jeudi leur soutien à la création de deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l'ONU pour des pays africains, mais sans droit de veto, dans le cadre d'une réforme hypothétique de cet organe clé des Nations unies.
"Les Etats-Unis soutiennent la création de deux sièges permanents pour l'Afrique au Conseil", a déclaré l'ambassadrice américaine à l'ONU Linda Thomas-Greenfield lors d'une conférence organisée par le centre de réflexion Council on Foreign relations. En septembre 2022, le président Joe Biden avait donné un nouvel élan aux discussions sur la réforme du Conseil, soutenant à la tribune de l'Assemblée générale la revendication de sièges permanents pour l'Afrique et l'Amérique latine, sans autre précision à l'époque.
Cela s'ajoute à leur soutien pour des sièges permanents réclamés par le Japon, l'Allemagne et l'Inde. Le Conseil de sécurité compte 15 membres: cinq permanents (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie) qui détiennent un droit de veto et dix élus pour deux ans qui représentent les différentes régions géographiques, dont trois pour l'Afrique. "Le problème est que ces sièges élus ne permettent pas aux pays africains d'apporter le bénéfice de leur connaissance et de leur voix au travail du Conseil", a estimé Linda Thomas-Greenfield.
Elle a par ailleurs plaidé pour un siège non permanent pour les petits Etats insulaires en développement, sans préciser le nombre total de membres permanents et non permanents que pourrait compter le Conseil. Si la plupart des Etats membres de l'ONU reconnaissent l'injustice de la représentation au Conseil de sécurité largement héritée de l'après-Seconde Guerre mondiale, la question de sa réforme est un véritable serpent de mer à l'aboutissement plus qu'incertain compte tenu des vues diverses sur la future composition et l'avenir du droit de véto.
Cette réforme nécessiterait l'adoption puis la ratification par deux-tiers des 193 Etats membres, dont les cinq membres permanents du Conseil. Un des points les plus délicats est l'avenir du droit de véto des membres permanents. "Nous avons dit par le passé que nous ne soutenons pas l'extension du véto et que nous ne soutenons pas l'abolition du véto, et cette position n'a pas changé", a insisté un haut responsable américain jeudi.
par Boubacar Boris Diop
ÉCHANGER POUR CHANGER LE MONDE
Il vaut mieux être alphabétisé dans sa langue que dans une langue d'emprunt. C'est ce que commandent le simple bon sens et un souci d'efficacité. Nos pays sont presque toujours beaucoup moins anglophones ou francophones qu'on le croit
L'alphabétisation, un droit fondamental et un pilier du progrès social. C'est le message fort que délivre l'écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop lors de la Journée internationale de l'alphabétisation célébrée le 9 septembre 2023 à Yaoundé. Dans son discours publié ci-dessous, il explore les enjeux complexes de l'éducation en Afrique et dans le monde. Diop invite à repenser notre approche de l'apprentissage, en mettant l'accent sur l'importance des langues maternelles.
Il y a une certaine beauté, morale et philosophique, dans la tradition des ''Journées internationales'' et l'on ne peut que se féliciter de l'opportunité de dialogue que nous offre celle de ce 9 septembre 2024 à Yaoundé.
Qu'il me soit donc permis de vous dire à cette occasion ma fierté d'être partie prenante d'un exercice qui, au-delà de l'invite au vivre-ensemble, appelle à une méditation individuelle et collective sur le bon usage du savoir, sujet vital s'il en est. Cette pause réflexive des femmes et des hommes de bonne volonté, sans cesse renouvelée depuis bientôt soixante ans, nous permettra d'explorer les voies menant à une éducation universelle pouvant favoriser le dialogue entre les peuples et, ce faisant, la paix parmi toutes les nations de la terre.
Je ne peux résister à la tentation de partager avec vous, d'entrée de jeu, un souvenir de jeunesse qui m'est souvent revenu à l'esprit au cours des dernières semaines. J'appartiens à une génération d'intellectuels africains qui ne fut pas toujours très raisonnable, qui fut même souvent prompte dans les années 70 à prendre au mot les plus audacieuses utopies. Parmi celles-ci figurait en bonne place le rêve d'une société sans école. Nous faisions circuler entre nous pour en discuter avec passion le célèbre ouvrage d'Ivan Illich ainsi intitulé du reste. Il ne faut cependant pas se fier à son titre provocateur et d'une brutalité étudiée car pour Illich il s'agissait moins de se débarrasser de l'école que de la débarrasser de tout ce qui pourrait l'empêcher d'être accessible à tous. C'était une sorte de profession de foi démocratique au sens le plus fort du terme et l'essayiste autrichien nous glissait en quelque sorte à l'oreille l’idée qu'en révolutionnant les méthodes d'acquisition de la connaissance on en vient à révolutionner la nature même de cette connaissance ainsi que son impact social.
Mais aujourd'hui, avec des décennies de recul et pas mal de cheveux blancs, on a plutôt envie de relativiser le potentiel subversif de cette thèse qui se voulait, pour reprendre le mot du poète, un coup de feu en plein concert. C'est en effet une chose de se désoler à juste titre que les lieux d'apprentissage soient partout si désespérément fermés et une autre de donner l'impression de vouloir les dynamiter.
C'est précisément l'alphabétisation, par définition ouverte au grand nombre, qui aidera le mieux à forcer les portes de la citadelle réservée à une toute-puissante caste de lettrés. Voilà sans doute pourquoi, de John Kennedy à Nelson Mandela en passant par Koffi Annan, Amarty Sen et la jeune prix Nobel pakistanaise Malala Yousafzai, ils sont nombreux à avoir souligné que l'alphabétisation est un droit humain fondamental. Mais c'est peut-être Frederick Douglass qui en exprime le mieux l'importance lorsqu'il dit y voir "le fondement de la civilisation et le pilier de tout progrès social et économique." Douglass parlait assurément en connaissance de cause. À en croire son biographe David William Blight, le petit esclave de Baltimore, formellement interdit de lecture par ses maîtres, leur avait désobéi en cachette pendant des années et était devenu au final une des plus éminentes figures politiques de son époque et un immense orateur. Douglass a du reste sobrement résumé en 1845 son propre destin en une seule phrase : ''Education and slavery were incompatible with each other''. Ce constat du "prophète de la liberté" - dixit Blight - ne devrait-il pas s'appliquer à toutes les communautés humaines ? Je crois bien que pour nous tous la réponse va de soi.
Il est de fait difficile d'imaginer une société humaine véritablement éclairée sans une large circulation, à l'horizontale, des intelligences et du savoir. C'est elle qui permettra à chaque membre du groupe de développer une pensée critique, de participer pleinement à la vie civique et de mieux comprendre le monde qui l'entoure. Le temps est venu d'en finir avec l'approche réductrice dépeignant la personne alphabétisée comme un rescapé d'extrême justesse des ténèbres de l'ignorance quasi au soir de sa vie et qui, sachant au moins lire et écrire, devrait être bien content de ne pas mourir idiot.
En vérité il ne s'agit pas pour l'adulte en apprentissage d'ânonner des sons et de déchiffrer laborieusement des signes. Il s'agit de bien plus que cela.
En accédant à l'éducation les humains acquièrent non seulement des connaissances pratiques mais aussi la capacité de se remettre en question et de faire avec leurs semblables cette chose merveilleuse qui s'appelle échanger pour changer le monde. Voilà qui bâtit des ponts entre les peuples et les cultures et ouvre la voie vers un univers aux possibilités de progrès quasi infinies.
Que l'éducation soit un des principaux indicateurs du développement humain ne doit donc étonner personne. Les statistiques montrent que les taux d'alphabétisation élevés sont corrélés à une réduction de la pauvreté, à une amélioration de la santé publique et à une plus grande stabilité économique.
Mais comme bien souvent les statistiques, même parfaitement fiables, peuvent aisément fausser la lecture des situations. Dans le cas d'espèce, le risque de malentendu est dû au fait que le mot alphabétisation renvoie à des réalités différentes d'une aire de civilisation à une autre ou même plus globalement d'un continent à un autre. Si en Afrique les chiffres, tout en étant en constante amélioration, restent plus bas qu'ailleurs, c'est en raison des conflits, de la pauvreté, de la crise du système éducatif et des disparités aussi bien de genre qu'entre les villes et un monde rural trop facilement abandonné à son sort. En outre, les données et la dynamique en matière d'alphabétisation ne sont pas du tout les mêmes selon qu'on parle de l'Afrique du Nord ou de l'Afrique subsaharienne.
C'est parce qu'il mérite une attention particulière que je n'ai pas mentionné le problème linguistique parmi les obstacles à une éducation de masse réussie. Voici à ce propos la question essentielle et elle est toute simple : dans quelle langue l'Africain, enfant ou adulte, doit-il apprendre à lire et à écrire ? Beaucoup y répondent, avec l'agacement de ceux qui n'ont pas de temps à perdre, par une autre question : pourquoi pas en portugais, en anglais ou en français, langues certes non-africaines mais tout de même utilisées depuis toujours à l'école ?
À mon humble avis, ce n'est certainement pas aussi... simpliste.
L'exemple de Cheikh Anta Diop est une parfaite illustration de la complexité du sujet. Le linguiste sénégalais, d'habitude iconoclaste, reste assez consensuel lorsqu'il s'en tient à une analyse pour ainsi dire en surplomb : « Sans une éducation sérieuse, observe-t-il, aucune nation ne peut espérer atteindre le développement. L'alphabétisation est le fondement même de tout progrès. » Mais dès qu'il se focalise sur l'Afrique, le ton se fait plus militant pour ne pas dire plus martial et il écrit : « L'alphabétisation est un outil de libération, non seulement de l'individu, mais aussi de toute une communauté. C'est par l'éducation que nous pouvons comprendre notre histoire, notre culture et notre place dans le monde. »
Et voilà que, comme bien souvent, la réflexion sur un problème particulier concernant l'Afrique nous fait dériver lentement vers la lancinante question des langues nationales. C'est un point crucial qui ne cesse d'interpeller l'écrivain que je suis tout comme mes aînés et inspirateurs, Cheikh Anta Diop, que je viens de nommer, mais aussi Ngugi wa Thiong'o et Cheik Aliou Ndao.
Le temps qui m'est imparti ne me permet malheureusement pas de creuser davantage ce sujet pourtant crucial. J'aimerais juste formuler ici ce qui me paraît une évidence : il vaut mieux être alphabétisé dans sa langue que dans une langue d'emprunt. C'est ce que commandent le simple bon sens et un souci d'efficacité. Il ne s'agit pas là d'une position abstraite puisque toute mon existence a été faite d'allers-retours entre le wolof, ma langue maternelle et celle qui a été imposée à mon peuple par la conquête coloniale. J'ai été des années durant professeur de lettres françaises dans différents lycées du Sénégal puis de Wolof à l'université Gaston Berger de Saint-Louis ; après une production littéraire exclusivement en français voilà 20 ans que j'écris en wolof, cette dernière production incluant trois romans et la traduction de la pièce d'Aimé Césaire Une saison au Congo. Je crois donc pouvoir dire que l'être humain apprend et comprend infiniment mieux à partir de sa langue de vie, celle qu'il parle en société et dans le cercle familial. Et nos pays sont presque toujours beaucoup moins anglophones ou francophones qu'on le croit. Je ne connais pas les chiffres pour le Cameroun où nous nous trouvons aujourd'hui mais au Sénégal les chiffres de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) publiés en mai dernier sont sans équivoque : après des siècles d'utilisation obligatoire du français à l'école, seuls 0,6% de mes compatriotes s'en servent à l'heure actuelle au quotidien. Les classes-pilotes de l'Unesco où les cours sont dispensés dans les langues nationales, montrent bien du reste que votre institution a une claire conscience de tels enjeux. Ceux-ci sont éminemment culturels car le savoir ne saurait être acquis au prix d'une scission de son âme, au prix d'un écartèlement trop douloureux comme c'est si souvent le cas en pays dominé. De quel dialogue entre les peuples parle-t-on quand un des interlocuteurs n'a le choix qu'entre silence et bégaiement ? Cela revient à nier l'identité de l'Autre puisque comme le rappelle Ngugi wa Thiong'o "La langue, n'importe quelle langue, a une double nature : c'est à la fois un moyen de communication et un vecteur de culture.." Et l'auteur de Decolonizing the Mind de donner l'exemple de l'anglais, parlé en Grande-Bretagne, en Suède et au Danemark, notant toutefois que "pour les Danois et les Suédois, c'est seulement un moyen de communication avec les non-Scandinaves."
Dans l'idéal, l'échange que postule une alphabétisation universelle se doit d'aller bien plus profond que le seul commerce des mots, il doit nous rendre capables de découvrir les autres à partir de leur langue, de lire leurs histoires pour nous enrichir de leur perspective unique sur les êtres et les choses. On n'accède à la meilleure part de soi-même qu'en acceptant de voir le monde à travers les yeux de nos semblables de l'autre côté du miroir. Ainsi peut-on espérer vaincre la peur qui naît de l'ignorance et qui est le ferment des haines les plus irrationnelles.
En dépit des nombreux défis que nous connaissons tous, promouvoir l'alphabétisation à travers un système éducatif ambitieux, c'est investir dans la compréhension mutuelle et la paix. C'est poser un acte de foi en l'humanité et en notre capacité à susciter un monde plus harmonieux.
par Ousseynou Nar Gueye
LA FRANCE TOUSSE, LE SÉNÉGAL S'ENRHUME
Macron aura-t-il donné des idées à Diomaye, en matière de dissolution de l'Assemblée nationale ? Va-t-on alors vers la tenue d'élections législatives seulement dans six mois ? Quid du vote du Budget 2025 ?
Le président Diomaye a désormais le droit, depuis les 12 coups de minuit, de cette nuit du mercredi 11 au jeudi 12 septembre, de "dissoudre les députés".
Le sabre diomayesque va-t-il s'abattre dès aujourd'hui sur la tête des résidents habituels, dits "Honorables", de la Place Soweto ?
Les paris sont pris, en tous les cas !
Personnellement, je parie jusqu'à ma dernière chemise, que l'Assemblée nationale sénégalaise, en sa 14e législature élue en juin 2022 et installée en septembre de la même année, sera dissoute aujourd'hui jeudi 12 septembre 2024.
Le drame de la migration "piroguatoire" de Mbour, avec encore hier, 36 dépouilles mortelles installées sur la plage là-bas et plus de 100 disparus non encore retrouvés depuis le naufrage migratoire du 8 septembre ? Le déplacement subséquent hier du président Diomaye à Mbour avec présentation de ses condoléances officielles aux familles éplorées et à la Nation ? La déclaration présidentielle selon laquelle le "Sénégal est en deuil" ? (bien qu'un décret instituant officiellement ce deuil national n'a pas été pris). La question est donc : tout cela pourrait-il retenir le bras à sabre du président Diomaye dans l'intention évidente qui le démange depuis son élection le 24 mars, de couper la tête des députés - et en premier -, (même si cest "en même temps" pour tous les députés) de ceux d'entre eux qui appartiennent à la majorité parlementaire Benno Bokk Yaakar apérisée ?
Je penche pour le "non": à mes yeux, tout cela pourrait constituer des justifications supplémentaires (comme s'il en fallait encore...) pour une dissolution-blitzkrieg dès que possible de droit, soit aujourd'hui.
Ce matin, dans la presse, plusieurs leaders politiques de l'opposition ont appelé à ce que "le pouvoir exécutif Pastef ne politise pas les morts du naufrage au large de Mbour.
Avec le drame cruel encore frais de Mbour, le président sénégalais a encore plus de raisons de dissoudre au plus vite (avec des éléments de langage distillés depuis des mois pour convaincre les populations de cette urgence impérieuse de disposer de "ses" députés), pour que le peuple lui donne (si possible) une majorité de députés à l'hémicycle : c'est le seul levier, détenir une nouvelle majorité parlementaire, qui lui permettra de faire voter sans encombres les lois de ses projets de réformes, dont les projets économiques et de développement justement, pouvant retenir au Sénégal les milliers de candidats à l'émigration irrégulière sur les flots de l'Atlantique, candidats migrants qui ne semblent jamais tarir : c'est ce qui a été la promesse du président Diomaye hier à Mbour, à la jeunesse "dont la valeur de la vie est inestimable", - pour reprendre les mots du président -, et aux moins jeunes, hommes et femmes. Leur "donner les moyens de se réaliser ici au Sénégal", ce qui est possible, mais "prendra toutefois du temps", dit Diomaye Faye.
Tous les précédents dépôts de projets de loi par le GOS (Gouvernement Ousmane Sonko), ces dernières semaines (dont notamment les projets de loi portant dissolution du HCCT et du CESE) ne l'ont été que pour démontrer que cette Assemblée nationale empêche le régime Diomaye de gouverner et lui met des bâtons dans les roues, alors que le président et son GOS veulent donner corps, au plus vite, aux réponses étatiques à apporter face aux urgences sociales et économiques du moment et de l'avenir.
Bref : comme on accusait le président français Macron de toujours faire du "en même temps", le président Diomaye a beaucoup fait du "en même temps" dernièrement : notamment, faire ficeler des projets de loi et les envoyer à une Assemblée nationale dont il sait pertinemment qu'elle ne les votera pas. Un "en même temps" diomayesque qui culmine avec cette annonce d'une Déclaration de Politique (ou de Polémique?) Générale par le Premier ministre Sonko devant les ďeputés demain vendredi 13 septembre ; alors que cette 14e législature aura cessé d'exister la veille.
Macron aura-t-il donné des idées à Diomaye, en matière de dissolution de l'Assemblée nationale ? Ce n'est pas exclu, vu le calendrier politique dernièrement observé dans les deux pays : c'est kif-kif, dans l'ex-pays colonisateur du Sénégal, et chez ce dernier.
Le remaniement gouvernemental post-dissolution et post-élections est en cours chez nos cousins gaulois, après près de 50 jours sans autre chose qu'un gouvernement interimaire. 50 jours qu'aura pris Macron pour trouver un Premier ministre en la personne de Michel Barnier (droite modérée), supposé peu censurable par l'actuelle législature française issue des urnes depuis le....7 juillet dernier.
"Dans les coulisses, les tractations battent leur plein. Trois à quatre ministres démissionnaires pourraient être reconduits, tandis que les autres seraient écartés. Parmi les portefeuilles les plus convoités figure celui de l'Intérieur, actuellement tenu par Gérald Darmanin. La bataille pour Beauvau est particulièrement acharnée, notamment chez Les Républicains, où deux noms reviennent sans cesse : Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau", indique le JDD français, Journal du Dimanche, aujourd'hui jeudi 12 septembre.
À Dakar, nous attendons donc impatienmment la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Diomaye, pour aujourd'hui, sans coup férir, tel que pronostiqué publiquement sans grand risque de se tromper, par le patron du GOS (Gouvernement Ousmane Sonko).
Quid du vote du Budget 2025 de l'État sénégalais avant la fin de l'année 2024, dans un processus de session parlementaire qui aurait dû commencer en début octobre ? On verra après !
Quelle date après la dissolution de l'Assemblée nationale sénégalaise, pour la tenue de nouvelles élections législatives ? La radio RFI et d'autres observateurs/commentateurs/gens de médias, nous disent en novembre ou en décembre, soit donc, dans le délai de 60 jours minimum et 90 jours maximum (tel que le dispose la Constitution sénégalaise).
Mais alors, que fait-on de la disposition du Code électoral qui donne 150 jours (soit cinq mois) aux listes de candidats à la députation pour récolter des parrainages ? Lesquels parrainages devront être contrôles par le Conseil Constitutionnel.
Va-t-on alors vers la tenue d'élections législatives seulement dans six mois ? Si c'est le cas, ce sera une très longue campagne électorale pour les acteurs économiques de ce pays et pour nos investisseurs, nationaux comme étranger.
Et à la différence de la France de Macron, nous n'avons pas de Jeux Olympiques, pour faire marcher l'économie nationale durant la (longue ?) période électorale et post-électorale qui s'annonce. Nous n'aurons des ersatz de Jeux Olympiques que dans deux ans (les JOJ 2026)...
Ma conclusion un peu leste ? La France tousse, le Sénégal s'enrhume.
Ousseynou Nar Gueye est éditorialiste, fondateur-éditeur du site d'info Tract.sn, communicant (Axes & Cibles Com).
UMARO SISSOCO EMBALO RENONCE À BRIGUER UN NOUVEAU MANDAT
Alors que son premier mandat arrive à son terme, le président Bissau-guinéen a déclaré mercredi qu’il ne se représentera pas à la présidentielle qui devrait se tenir en 2025
Alors que son premier mandat arrive à son terme, le président Bissau-guinéen a déclaré mercredi qu’il ne se représentera pas à la présidentielle qui devrait se tenir en 2025.
Le président de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo, dont l’élection avait été contestée par ses opposants, a déclaré mercredi qu’il ne briguerait pas de second mandat après celui en cours jusqu’en 2025.
« Je ne serai pas candidat en 2025. Mon épouse m’a conseillé de ne pas me présenter. Je respecte donc ses conseils », at-il déclaré à des journalistes après le Conseil des ministres.
Cette déclaration est inattendue, car des mouvements s’étaient formés en faveur de sa candidature.
La durée du mandat actuel et la date de la prochaine présidentielle sont sujettes à controverse.
Après l’élection de décembre 2019, M. Embalo, général de réserve de 51 ans dont la candidature avait été portée par le Madem G-15, revendiquant la victoire, s’était fait investir en février 2020, pour cinq ans, à la tête de ce petit pays lusophone d’Afrique de l’Ouest à l’instabilité chronique. Il a remplacé José Mario Vaz dont le magistère a été marqué par plusieurs crises.
La communauté internationale a fini par entériner son élection. Mais le résultat du contrôle avait donné lieu à des mois de contestation, même après l’investiture, devant les organes de validation.
Le principal adversaire de M. Embalo, Domingos Simoes Pereira du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (Paigc), a toujours refusé de reconnaître la victoire de son opposant, frauduleuse selon lui.
M. Embalo s’est déclaré mercredi opposé à ce que certains de ses rivaux lui succèdent.
« Ce ne sera ni Domingos Simoes Pereira, ni Nuno Gomes Nabiam, ni Braima Camara qui me remplaceront », at-il déclaré sans préciser son propos.
« Je ne serai pas remplacé par un bandit », at-il dit à propos de ces opposants.
Depuis son indépendance vis-à-vis du Portugal en 1974, le pays a connu une multitude de putschs et de tentatives de coup de force.
Avec la présidentielle de 2014, la Guinée-Bissau s’est engagée sur la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservée des turbulences qui se sont poursuivies sous la présidence de M. Embalo.
La Guinée-Bissau est l’un des pays les plus pauvres au monde et considérée comme l’un des plus gangrénés par la corruption.
L’instabilité et la pauvreté révèlent les activités de narcotrafiquants qui utilisent la situation géographique de la Guinée-Bissau, sur la côte Atlantique de l’Afrique, pour faire transiter la cocaïne d’Amérique latine vers l’Europe, avec la complicité suspectée de cadres de l’armée et d’officiels.