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25 novembre 2024
Opinions
Par Assane Guèye
PRESSE, QUATRIEME MOUROIR
Qui aime bien châtie bien. La presse se fait mal toute seule en voulant s’octroyer le monopole de la douleur. Consulté, le toubib aurait prescrit la prise d’antalgiques pour soigner la crise de nerfs qui est en fait du dolorisme.
Qui aime bien châtie bien. La presse se fait mal toute seule en voulant s’octroyer le monopole de la douleur. Consulté, le toubib aurait prescrit la prise d’antalgiques pour soigner la crise de nerfs qui est en fait du dolorisme. En réalité, la presse n’est pas la seule à souffrir ou à porter le fardeau du manque d’oxygène. Elle parle peut-être plus fort et a un accès plus direct aux décideurs. En d’autres temps, on parlait de relations incestueuses. Mais c’est se bercer d’illusions que d’espérer que des professionnels de la fiscalité cautionnent une amnistie fiscale. Même si par ailleurs, ces derniers ont eu à bénéficier d’une loi d’amnistie de fraîche date. Pareil privilège est assimilé à une entorse pas si loin de la fraude alors que frauder, c’est voler. N’essayons surtout pas de demander au chirurgien de ne pas opérer. La presse peut crier sur tous les toits qu’elle a mal partout mais elle ne doit pas s’habituer à la facilité. La main qui donne ou efface les ardoises méprise en règle générale celle qui reçoit. On ne peut pas être l’agent principal d’une entreprise de déconsidération programmée. S’exprimant sur E-Media, le patron de 2STV a fourni un lumineux et sage conseil. Son idée simple est qu’il faut tout faire pour s’acquitter de ses impôts sachant que l’imposition est quelque chose qu’on vous impose et qui s’impose. Presse ou pas, on est d’abord un citoyen fiscal. Plus trivialement et pour ne pas vivre d’expédients, il faut payer ses dettes, même quand on croule sous les écrasantes charges. C’est de cette manière et pas d’une autre qu’on s’enrichit.
Les MAGA ou GAFA détruisent emplois et écosystèmes
La vie misérable des maisons de presse qui ne date pas d’aujourd’hui relève plus d’un manque d’organisation et méthode que du spectre de l’épée de Damoclès fiscale. L’âge d’or est révolu et ne reviendra pas. Les historiens du présent que sont les journalistes courent le risque de sortir de l’histoire du seul fait qu’ils ont choisi le métier le plus perméable au monde. Ils n’ont plus le monopole de l’ingrédient principal qu’est l’information. Les vidéos virales par exemple sont rarement le fait de spécialistes. Chacun publie et diffuse avec une facilité déconcertante au travers de canaux échappant à tout contrôle et qui se font les champions de l’optimisation fiscale. Non contents de ne contribuer le plus petit denier au trésor public, les MAGA ou GAFA détruisent emplois et écosystèmes en mangeant crue la presse classique. Ils ont réussi le tour de force d’être plus forts que les États qui ne se protègent pas contre ces nouveaux colons pour assurer la protection de ce qui reste de l’édifice. Pressée comme un citron et ayant tardé à s’ajuster, sans aucun moyen de lutter ou de compétir, la presse est à un doigt de perdre le fil comme jadis les cabines téléphoniques ont été débranchées. Elle est aussi à genou parce qu’elle n’a de cesse de se tirer une balle dans le pied. «Le tireur à l’arc qui manque sa cible ne doit pas blâmer la cible, il doit voir la cause de son échec en lui». Irréprochable dans l’art de situer les responsabilités, Confucius entretient rarement la confusion. À l’écouter, il est rare d’entrer en conflit avec la loi et avec ses principes. Nombrilistes à souhait pour avoir fétichisé leur nombre exponentiel, les acteurs de la presse respectable se sont dispersés et affaiblis. Les influenceurs et autres lanceurs d’alerte ont tôt fait de préparer le cruel festin autour de la viande de charogne.
Se réinventer et sortir des trous de serrure
Quel antidote maintenant contre les basses besognes ? Songer à se fédérer, aller au-delà de l’actualité évanescente. Expliquer, décrypter, investiguer. Se réinventer et sortir des trous de serrure qui sont du niveau des réseaux sociaux. Mais ce texte digne d’un but contre son camp n’aurait aucune objectivité s’il se bornait à délivrer que des leçons de morale. On ne peut pas chuter sans rendre hommage à tous ceux qui mettent leurs billes dans des groupes de presse. Ils sont au panthéon des grands patriotes qui créent des emplois au profit de la jeunesse majoritaire si inquiète quand d’autres choisissent de thésauriser ou d’investir dans le métier sans risque de vendeurs de sommeil qui bâtissent du chômage à grande échelle. Ceux qui prennent des risques nobles et font quelque chose de leur argent méritent d’être écoutés, respectés et sûrement pas punis. Leur punition ne sera que la punition de ceux qui voudraient les voir punir. Gouverner, c’est se mettre d’abord au soin des canards boiteux.
Par Moussa KAMARA
NET, DEBOIRES ET GLOIRES
Le Net a créé un nouveau type de Sénégalais très accro aux réseaux sociaux, irascibles et trop fermés à tous ceux qui ne partagent pas ce qu’ils croient.
Le Net a créé un nouveau type de Sénégalais très accro aux réseaux sociaux, irascibles et trop fermés à tous ceux qui ne partagent pas ce qu’ils croient.
Ils font certainement partie de ces légions que dénonçait Cuello. Ces individus qui repoussent tout dialogue sont foncièrement des antidémocrates. Ces abonnés de la pensée unique ont naturellement l’insulte à la bouche. Ils ne décortiquent pas, n’analysent point tant l’insulte fuse automatiquement de leurs tripes, aussi nauséabonde que vulgaire.
Cette insolence démontrée en permanence a le don très bizarre d’attirer des partenaires du même acabit dans ce massacre de l’intelligence. Nous, les adeptes du papier journal, qui avions beaucoup d’appréhensions sur l’avenir des imprimeries et les tirages de nos produits, sommes redevenus confiants.
Les experts du digital nous avaient convaincus de la fin prochaine du papier journal comme en Europe et ailleurs. Sauf qu’ils n’avaient jamais prévu l’invasion du Net par des individus creux, fades et anachroniques. Des ‘’entrepreneurs’’ ont créé des sites pour nous informer. A part les sites créés par de véritables journalistes, tous les autres l’ont été par des gens ayant échoué partout avant d’investir dans la presse.
Ni l’éthique ni la déontologie ne les guident. Ils publient sans vérifier toutes les « informations » qui puissent leur apporter des vues et de l’argent. Sans compter les fautes de français récurrentes qui ne semblent effrayer personne dans ces sites. Nous sommes donc confiants parce que ce n’est pas ces gens-là qui vont nous envoyer au rayon des vieux souvenirs. Mais toujours est-il que nous croyons foncièrement au digital. Un digital mené par des hommes et des femmes de qualité.
Cette qualité qui signifie des idées à vendre et à partager. Car ce ne sont pas des insultes, par essence irrévérencieuses et crasses, qui vont nous développer. Car autant les insulteurs sont légion dans le Net, autant la présence de gens vertueux, très corrects et bien formés nous rassure.
Aujourd’hui que tout le monde peut prendre la parole sans y être invité et que personne ne peut réclamer le silence ; comme disait David Von Reybrouck, il leur permit de voter et interdit de parler, contrairement au Sénégal où les gens votent, parlent voire insultent s’ils sont avec le pouvoir ou ailleurs. Vu qu’aucun pouvoir n’est éternel, le mieux serait de s’abstenir d’être malotru bref, d’insulter
IBOU SANÉ HONORÉ DE SON VIVANT PAR L’UGB
Le Département de Sociologie de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis a rendu avant-hier, mercredi 5 juin, un vibrant hommage au Professeur Ibou Sané de son vivant pour le service rendu à la nation sénégalaise et à l’Afrique de manière générale
Le Département de Sociologie de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis a rendu avant-hier, mercredi 5 juin, un vibrant hommage au Professeur Ibou Sané de son vivant pour le service rendu à la nation sénégalaise et à l’Afrique de manière générale. En effet, ce dernier a contribué à la formation de beaucoup d'élites sénégalaises et africaines durant les trente dernières années. Le Professeur Ibou Sané, très joyeux, dit être un soldat du savoir et qu'il se doit de transmettre les connaissances en donnant le meilleur de lui-même.
Ce sont des hommages mérités qui ont été rendus au Professeur Ibou Sané, enseignant-chercheur au département de sociologie de l’Université Gaston Berger de Saint -Louis. Ceci pour saluer son engagement et son dévouement après plus d’une trentaine d’années consacrée à la formation de nombre d’élites au Sénégal et en Afrique. L’homme est un formateur au parcours brillant et qui doit servir de modèle pour la jeune génération d’étudiants. « Aujourd’hui est un grand jour pour le département de sociologie de l’Université Gaston berger de Saint-Louis qui a tenu à rendre hommage à un homme d’exception qui a marqué ces 30 dernières années, la formation des universités et des élites africaines : le professeur Ibou Sané. Comme il est de tradition dans le département de célébrer nos anciens, nous avons tenu à organiser cette cérémonie de son vivant, notamment pour lui témoigner toute notre gratitude et notre reconnaissance pour le service rendu avec tant de générosité, avec tant de loyauté, mais aussi avec un fort sens du devoir », a-t-on fait savoir à l’occasion de cette cérémonie lors de laquelle son cursus riche en enseignements a été revisité.
Un hommage très bien accueilli par le professeur Ibou Sané qui a exprimé toute la joie qui l’anime. « Cela me fait énormément plaisir que mes pairs, mes étudiants bref la communauté universitaire m’aient rendu bien cet hommage et c’est une source de motivation supplémentaire qui prouve à suffisance que partout où nous sommes, nous devons être au service de la communauté et de la collectivité. Je suis très content qu’ils aient pensé à moi devant ma famille, mes amis, mes parents, mes collègues, mes étudiants entre autres. Parce qu’après tout nous sommes des soldats du savoir et nous devons transmettre les connaissances en donnant le meilleur de nous-mêmes », a déclaré Ibou Sané qui s’est dit également très reconnaissant vis-à-vis du département de Sociologie de cette université de Sanar.
Par Patrice Samuel Aristide BADJI
ENTRE SATISFACTION, INTERROGATIONS ET SUGGESTIONS
Le rapport de la Commission Réformes de la Justice vient de tomber. Au regard du contexte et des enjeux de sa production, ledit rapport était très attendu.
Patrice Samuel Aristide Badji |
Publication 07/06/2024
Le rapport de la Commission Réformes de la Justice vient de tomber. Au regard du contexte et des enjeux de sa production, ledit rapport était très attendu. Dans cette chronique, nous nous proposons de livrer nos sentiments objectifs en faisant le choix de ne traiter que de quelques aspects du texte pour deux raisons au moins : la vastitude du contenu du rapport qui nous confine à nous focaliser que sur certains aspects d’une part et notre appétence voire compétence relativement à des points précis. C’est dire que les aspects pénaux et institutionnels (sauf pour certains) seront exclus de notre étude. Ne dit-on pas que l’humilité scientifique recommande de ne se prononcer que sur ce que l’on maîtrise ou l’on croit tel ?
Sans surprise et par souci de fidélité au rapport, notre satisfaction, nos interrogations et suggestions porteront sur : les recommandations phares transversales aux deux sous-commissions ; Les recommandations de la sous-commission « Fonctionnement et organisation de la Justice » ; Les recommandations de la sous-commission « acteurs de la Justice ».
Regards sur les recommandations phares transversales aux deux sous-commissions de la Réforme de la Justice
Dans le rapport de la Commission, il a été mentionné qu’un consensus s’est dégagé autour de : « la refonte de la justice et la césure à opérer avec les symboliques issues de la colonisation pour qu’elle soit le reflet de nos valeurs propres et qu’elle soit plus souveraine ».
Précisons que dès le XVIe siècle, la Justice est représentée par une femme dont les attributs sont la balance, le glaive et le bandeau (V. ROBERT Christian-Nils, « Bandeau, glaive et balance », in Dictionnaire de la justice, sous la direction de Loïc CADIET, PUF, 2004, p.121). Il est permis de faire un rapprochement entre ce symbole et les articles 1er et 3 de la loi n°2014-26 du 03 novembre 2014 abrogeant et remplaçant la loi n°84-19 du 2 février 1984 fixant l’organisation judiciaire.
Aux termes de la première disposition citée : « La Justice est rendue au nom du Peuple sénégalais. Les décisions sont rendues en toute impartialité, dans un délai raisonnable. Elles sont revêtues de la formule exécutoire ». Quant à l’article 3 de la loi n°2014-26 du 03 novembre 2014, il précise que : « en toutes matières, nul ne peut être jugé sans être mis en mesure de présenter ses moyens de défense ». Si la femme visée dans le symbole de la justice se bande les yeux, c’est pour éviter de tomber dans la partialité. Or, selon que l’on est fort ou faible, riche ou pauvre, la Justice doit être la même pour tous.
Grâce à la formule exécutoire, et par moment avec l’aide de l’Etat, une décision de justice peut être exécutée renforçant par ce fait la crédibilité, la sécurité, la confiance en la Justice. D’où l’utilité du glaive pour non seulement trancher (Le Roi Salomon n’était-il pas tenté, par un glaive, de couper un nouveauné en deux parce qu’« embarrassé » par les arguments des litigants ?), mais également contraindre à exécuter une décision de justice (On perçoit ici toute la pertinence du corps des huissiers et des agents d’exécution).
La présentation de ses moyens de défense devant un juge permet à ce dernier de peser et soupeser les arguments des uns et des autres. La balance ne joue-t-elle pas ce rôle ? Assurément oui !
- Un autre consensus s’est fait autour de la justice de proximité avec les maisons de la justice qui doivent servir d’option aux citoyens en conflit et dont les compétences doivent élargies. Nous aimerions d’abord rappeler que l’instauration d’une justice de proximité a toujours été une préoccupation des pouvoirs publics. Il suffit pour s’en convaincre de convoquer deux textes à savoir la loi n°84-19 du 2 février 1984 fixant l’organisation judiciaire et la loi n°2014-26 du 3 novembre 2014 abrogeant et remplaçant la n°84-19 du 2 février 1984 fixant l’organisation judiciaire. Concernant le premier texte, il est dit ceci dans l’exposé des motifs : « la réorganisation judiciaire proposée par le présent projet de loi doit permettre de rapprocher le justiciable de la juridiction compétente pour connaître des affaires les plus courantes tout en assurant un contrôle continu de l’activité de l’appareil judiciaire ». Quant au second texte, il précise que la nouvelle organisation judiciaire repose sur : « une nouvelle répartition des compétences pour faire des tribunaux d’instance de véritables juridictions de proximité » (Exposé des motifs de la loi). Ensuite, sauf erreur de notre part, le dernier texte relatif aux Maisons de la justice et du droit est le décret n°2007-1253 modifiant le décret n°99-1124 du 17 novembre 1999 relatif aux maisons de justice, à la médiation et à la conciliation. L’article 5 du décret précité dispose que la Maison de Justice accueille les activités de médiation et de conciliation mise en œuvre à l’initiative des parties dans les conditions prévues aux articles 7, 7 bis, 21, 30 du Code de procédure civile. Le texte qui retient le plus notre attention est l’article 21 du Code de procédure civile qui permet aux chefs de village et aux délégués de quartier de concilier les parties dans les matières suivantes : la famille, le mariage, la filiation, les successions et le testament. Or, la Maison de la Justice peut exercer les mêmes prérogatives que les autorités précitées. A ce niveau donc, on ne perçoit pas tellement la pertinence de cette proposition d’extension des compétences des Maisons de la Justice à la matière familiale d’autant que celles-ci existent déjà dans les textes à moins que dans la pratique, le décret n°2007-1253 manque d’effectivité. Ceci étant précisé, nous faisons les recommandations ci-après :
-Conserver le symbole de la justice car n’étant pas en déphasage avec « nos valeurs propres » (le fait que ce soit une femme qui juge est symptomatique du rôle qu’elle a toujours joué dans la société africaine contrairement au préjugé défavorable d’infériorité qu’on lui a toujours prêtée. A titre illustratif, les successions matrilinéaires ayant eu droit de cité en Afrique, la position qu’avaient occupée les linger ?) et dont le contenu doit d’ailleurs être interrogé à l’ère de la mondialisation et au regard de la diversité ethnique, religieuse, culturelle etc qui caractérise la population sénégalaise ;
-Découpler le symbole de la Justice de sa souveraineté ;
-Inscrire dans la Constitution, la vertu d’impartialité, de compétence à côté de celle d’indépendance ;
-Donner plus de moyens humain (recrutement, formation), logistique (modernisation des infrastructures, équipements) et financier (leur permettre d’avoir une budget autonome conséquent) et non de prérogatives (elles existent déjà !) aux Maisons de la Justice et du droit.
Notre avis sur les propositions de la mise en place d’une Cour Constitutionnelle et le désaccord sur la présence du Président de la République et du Ministre de la Justice au sein du Conseil supérieur de la magistrature (CSM)
Dans le rapport de la Commission, il a été recommandé la mise en place d’une Cour Constitutionnelle en lieu et place d’un Conseil Constitutionnel ainsi que l’organisation du Conseil Supérieur de la Magistrature pour le rendre plus autonome avec des pouvoirs élargis pour en faire un organe délibératif et pas seulement consultatif. Concernant la première recommandation, faisons remarquer que le changement d’appellation n’apportera aucune plusvalue tant que le citoyen lambda continuera à douter de l’impartialité ou de l’indépendance du Conseil ou Cour constitutionnelle parce que ledit organe est tout le temps sollicité pour trancher des questions d’ordre politique.
Relativement à la présence du Président de la République et du Ministre de la Justice au sein du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), l’orientation prise à travers l’utilisation dans le rapport de certaines expressions est assez suggestive. En effet, on ne cherche pas à rendre « indépendant » le CSM, mais plus « autonome ». Et d’ailleurs vis-à-vis de qui ou de quoi ? Ne pas oublier également que le CSM n’est pas qu’un organe consultatif car il délibère en matière disciplinaire (Article 22 de la loi organique n°2017-10 du 17 janvier 2017 portant statut des magistrats, Article 9 de la loi organique n°2017-11 du 17 janvier 2017 portant organisation et fonctionnement du CSM) et même si tel était le cas, en matière de déplacement provisoire d’un magistrat du siège pour nécessités de service public, non seulement l’avis du CSM est motivé et conforme, mais également ledit avis spécifie lesdites nécessités de service ainsi que la durée du déplacement qui ne saurait excéder trois ans (Article 6 loi organique n°2017-10 du 17 janvier 2017 portant statut des magistrats). C’est dire que la situation décrite dans le rapport est contingente (V. Par exemple l’article 4 de la loi n°2017-10 du 17 janvier 2017 portant statut des magistrats en matière de nomination des magistrats).
Nos quelques propositions sur le Conseil Constitutionnel et le Conseil supérieur de la magistrature
-Conserver en l’état l’appellation Conseil constitutionnel, avoir présente à l’esprit l’idée selon laquelle le Conseil constitutionnel est une institution de la République (Article 6 de la Constitution), exclure le Président de la République et le Ministre de la Justice du CSM car celui-ci est garant de l’indépendance de la magistrature. Au-delà, à côté du Président de la République, la justice (elle est exercée par le Conseil constitutionnel, la Cour suprême, la Cour des comptes et les Cours et tribunaux, Articles 6 et 88 de la Constitution) est non seulement une institution (Article 6 de la Constitution) mais également un pouvoir indépendant du pouvoir législatif et exécutif (Article 88 de la Constitution). Enfin, dans le préambule de notre charte fondamentale, il est proclamé l’équilibre et la séparation des pouvoirs, le respect et la consolidation d’un Etat de droit dans lequel l’Etat et les citoyens sont soumis aux mêmes normes juridiques sous le contrôle d’une justice indépendante et impartiale ; permettre, comme dans certains pays africains tels que le Bénin, à ce que le Conseil constitutionnel puisse être saisi par tout citoyen pour des questions liées à la violation des libertés fondamentales telles que l’égalité des individus. A l’examen du rapport sous étude, il a été noté qu’il y a eu des dissonances relativement à la présence du Président de la République et du Ministre de la justice dans le CSM mais également concernant l’ouverture du CSM à d’autres corps et enfin à l’autorité parentale partagée, à la mise en application du Protocole de Maputo en faveur des femmes victimes de viol et d’inceste (article 305 code pénal). Il nous plaira de faire quelques suggestions :
-ouvrir le CSM à d’autres corps car la justice est rendue au nom du Peuple sénégalais (article 1er de la loi n°2014-26 du 03 novembre 2014 abrogeant et remplaçant la loi n°84-19 du 2 février 1984 fixant l’organisation judiciaire) et ne se résume pas qu’au corps des magistrats, sans parler des pays tels que la France où ladite ouverture est de mise sans anicroche ;
Pour ce qui est de la question de l’autorité parentale partagée, remplacer l’appellation « puissance paternelle » par celle « d’autorité parentale » en instaurant, conformément à la Constitution, une égalité véritable (le mot est bien choisi car il ne suffit pas tout simplement de changer de terminologie pour juste être à la page et vider le concept de tout son contenu. C’est dire que toutes les dispositions du Code de la famille « discriminogènes » doivent être abrogées) entre époux. Au-delà, il faudrait avoir une position claire et ce, pour des raisons de sécurité juridique, relativement à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) qui, aux termes de l’article 15 de la loi n°2005-18 du 5 août 2005 relative à la santé de la reproduction : « est interdite sauf lorsqu’elle est autorisée par la loi ». C’est dire que l’IVG, qui, en aucun cas ne devrait être considérée comme une méthode contraceptive, n’est pas totalement interdite ; de quoi donner du grain à moudre aux défenseurs de l’application du protocole de Maputo lequel admet l’IVG dans des situations de viol (ne pas oublier que lors des conflits armés, le viol a été utilisé comme une arme de guerre !) et d’inceste en toute contradiction avec l’article 305 du Code pénal qui réprime l’avortement, argument qui sera avancé par les pourfendeurs du protocole de Maputo. Ce à quoi nous répondons qu’en Droit, il existe un adage bien connu selon lequel un texte postérieur ayant le même domaine d’application que celui ancien l’emporte sur ce dernier (lex posterior derogat priori) s’il lui est contraire. Enfin, il faudrait adopter un texte sur l’assistance médicale à la procréation qui viendra en complément de la loi n°2005-18 du 5 août 2005 relative à la santé de la reproduction.
Regards sur les recommandations de la sous-commission « Fonctionnement et organisation de la justice
Dans cette rubrique, nous avons relevé une absence de nouveauté pour ne pas dire une curiosité à savoir l’instauration de « tribunaux judiciaires » au sein des départements, des recommandations qui nous agréent. L’absence de nouveauté ou la curiosité tient à la proposition faite d’instituer des « tribunaux judiciaires » au sein des départements qui seront composés de chambres spécialisées selon les spécificités du contentieux. Il faudrait d’abord que l’on soit édifié sur l’appellation « tribunaux judiciaires ». Sommes-nous ici en présence d’un changement de terminologie c’est-à-dire d’une velléité de remplacement des tribunaux d’instance et tribunaux de grande instance ou d’une appellation englobante qui couvrirait les tribunaux d’instance et de grande instance? Est-ce de nouveaux tribunaux qui viennent s’ajouter à ceux existant déjà ?
Dans l’un comme dans l’autre cas, l’appellation s’inspire largement du droit français (alors que les réformateurs semblent s’inscrire dans une logique décoloniale !) au-delà du fait qu’une nouvelle cartographie judiciaire entrainerait un coût financier qu’il faudra au préalable évaluer. Et d’ailleurs, dans l’exposé des motifs de la loi n°2014-26 du 03 novembre 2014 abrogeant et remplaçant la loi n°84-19 du 2 février 1984 fixant l’organisation judiciaire il a été prévu la création de chambres spécialisées au sein des tribunaux d’instance, des tribunaux de grande instance et des Cours d’appel en matière civile, commerciale et pénale. De quoi faire douter de l’originalité de la proposition.
Les recommandations qui nous agréent
Parmi les recommandations qui nous agréent, nous pouvons citer : la digitalisation des procédures ; l’adoption d’un projet de loi et des textes d’application portant sur l’assistance juridictionnelle. La mise en place d’un programme spécial de recrutement des magistrats, des greffiers et autres personnels de la Justice ; l’organisation régulière des concours et examen pour les auxiliaires de justice ; la collaboration entre les maisons de Justice et du Droit et les boutiques du droit.
Quelques propositions :
-Mieux clarifier la proposition consistant à instituer au sein des départements des tribunaux judiciaires ; -Maintenir le découplage entre la carte judiciaire et celle administrative instaurée par la loi n°2014-26 du 03 novembre 2014 abrogeant et remplaçant la loi n°84-19 du 2 février 1984 fixant l’organisation judiciaire et qui s’inscrit d’ailleurs en droit ligne de la loi n°201724 du 28 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’Appel modifiée en 2020 (Article 2 de la loi précitée) laquelle retient que le siège et le ressort des tribunaux de commerce et des Cours d’Appel sont fixés par décret lequel tient compte de l’activité commerciale de la région (Article 4) ;
-Installer des tribunaux de commerce en dehors de la région de Dakar qui est la seule à en posséder présentement. Cela supposerait par exemple booster l’éclosion des zones économiques spécialisées ;
-Lever les réticences des acteurs du monde judiciaire quant à la digitalisation des procédures ;
-Instituer, en plus du recrutement des magistrats et du personnel de Justice, de l’organisation régulière des concours et examen pour les auxiliaires de Justice, des cliniques juridiques, sortes de passerelle entre la formation théorique reçue par les étudiants dans les amphithéâtres et salles de travaux dirigés et la formation pratique ;
-Adopter un texte sur l’assistance judiciaire dans lequel on pourra identifier des critères précis d’octroi de ladite assistance, une réelle articulation entre ce remède d’accès à la justice, l’assurance protection juridique et l’accès au droit.
-Étant donné que l’un des objectifs des Maisons de Justice et du Droit et des boutiques du droit demeure l’accès au Droit, en plus de la collaboration suggérée, il faudrait dynamiser davantage les bureaux d’information du justiciable ;
-Préciser le contenu des réformes à apporter par exemple dans le Code de procédure civile et le Code de la famille.
Notre regard sur les recommandations de la sous-commission « acteurs de la justice
La question du maintien du Président de la République et du Ministre de la Justice au sein du CSM ayant déjà été abordée, nous ne pouvons que souscrire aux propositions formulées par la Commission qui vont dans le sens de la précision, s’il le faut, par une loi (c’est nous qui ajoutons), du contenu des nécessités de service ainsi que la suppression des pouvoirs de proposition du Ministre de la Justice concernant la gestion de carrières des magistrats. De même, nous validons toutes les propositions qui concernent les avocats. Nous préconisons cependant, en plus la création non d’un seul Barreau au Sénégal, mais de plusieurs et ce, au regard du fait que la région de Dakar reste jusqu’ici celle qui enregistre le plus grand nombre de cabinets d’avocats et de l’article 3 de la loi n°2014-26 du 03 novembre 2014 abrogeant et remplaçant la loi n°84-19 du 2 février 1984 fixant l’organisation judiciaire qui dispose que les avocats ont libre accès à toutes les juridictions.
KEEMTAAN Gi - KEEMTAAN Gi
« Jub, Jubal, Jubanti» ! C’est le gros chantier du duo Seugn Bass - Oscar Sierra. Plutôt que de leur souhaiter bien du plaisir, il faudra que cette œuvre de salubrité publique soit un acte collectif. Que chacun se l’approprie pour un Sénégal meilleur qui ne marcherait pas sur la tête, mais qui resterait debout avec ses valeurs tout en restant ouvert aux souffles fécondants de l'extérieur. Prendre le meilleur des autres pour ne pas vivre en vase clos dans un monde qui ignore les frontières. L’enchantement de la communauté en dépend. Ce qui ne sera pas aisé dans une société en phase de totale putréfaction et en déliquescence morale et intellectuelle. Quand des adultes qui devraient servir de référentiels à une jeunesse, s’illustrent dans des pratiques plus que pernicieuses, quand les valeurs sont complètement piétinées, déchiquetées et à terre, il faut être bien optimiste pour croire aux chances de réussite de cette entreprise de rédemption voulue par les nouvelles autorités. Ces douze dernières années ont vu ce charmant pays connaitre un bouleversement extraordinaire avec l’avènement des réseaux sociaux à travers certaines plateformes qui ne connaissent point de censure et que les autorités peinent à réguler. Les premières victimes de cette transmutation restent bien entendu une jeunesse abandonnée à son sort et poreuse aux effets pervers venant de l’extérieur. La récente note de service de l’inspection académique de Louga, invitant les responsables des écoles à interdire dans les activités scolaires le « Sabar », un de nos patrimoines culturels, illustre le degré de perversion qui s’est emparé de la société et, par ricochet, de notre jeunesse. L’école, qui devrait être le lieu par excellence d’éducation de nos enfants, en particulier aux valeurs civiques et citoyennes, s’illustre de plus en plus à travers des actes déviants aux antipodes de nos valeurs si malmenées. Des vidéos à caractère pornographique deviennent virales sur les réseaux sociaux. Et jusque dans nos chaumières, à travers quelques séries télévisuelles, l’âme des jeunesse trouve blessée par des paroles et actes pour le moins obscènes. Le langage des tout petits s’en trouve ainsi écorché. Des films, mais également des clips vidéo avec des chanteurs plus vicieux que leurs devanciers. Plutôt que de suggérer, ils dénudent la parole et lui font parler un langage à la limite de la pornographie. Loin des propos énigmatiques d’un Boucounta Ndiaye, le chantre de l’érotisme aux mots certes grivois, mais bien habillés pour ne pas choquer. Tout le contraire de ce que font nos truculents chansonniers qui font voler le verbe dans le seul but de blesser nos âmes déjà si éprouvées par tout ce qui les agresse. KACCOOR BI - LE TEMOIN
ESCROQUERIE FONCIERE ADAMA «FAYE-NA»105 MILLIONS ET «SE LIBERE»
Adama Faye a recouvré la liberté hier après une journée et une nuit de garde-à-vue dans les locaux de la section de recherches de la Gendarmerie de Colobane pour une affaire d’escroquerie foncière portant sur la somme de 275 millions de frs. L’effet de l’arrestation de frère de l’ex-première dame Marième Faye Sall a conduit à la mobilisation de la famille. On apprend du côté des enquêteurs que, sur la somme de 275 millions soutirée frauduleusement au plaignant, Adama Faye avait commencé à rembourser. Il restait lui devoir un reliquat de près de 105 millions de frs. Un autre frère de Marième Faye, en l’occurrence Iba Faye, a débarqué chez les hommes du commandant Arona Sarr avec une mallette contenant 105 millions de frs pour le remboursement total de la somme d’argent perçue par Adama Faye pour la vente de terrains à des tiers. Des terrains qui se révélèrent être du toc. Le président du mouvement Gox Bi et candidat à la dernière présidentielle qui faisait l’objet d’une plainte depuis 2022 sur ce dossier avait réussi à passer entre les mailles de la justice du seul fait qu’il est le frère de l’ancienne première dame du Sénégal. Seulement l’on se demande si Adama Faye va se reposer tranquillement chez lui avec cette épreuve. Puisque, d’après certaines sources, d’autres plaintes le concernant sont dans le circuit. Nous, en ce qui nous concerne, ce qu’on aimerait savoir c’est : quand est-ce qu’il cessera de squatter le terrain de la SCI IRDS qu’il occupe impunément malgré l’existence d’une décision de justice ordonnant son expulsion de ce terrain qui est pourtant un titre foncier ? Pour rappel, ni la DSCOS ni les huissiers n’osaient exécuter cette décision de justice qui concerne Adama Faye toutpuissant frère de celle qui était la Première dame jusqu’à il y a deux mois encore. On espère qu’à présent, Adama Faye libèrera le terrain d’autrui.
ECOBANK PAPE MADIAW NDIAYE NOUVEAU PCA
Frère cadet de l’honorable notaire Me Moustapha Ndiaye, notre compatriote Pape Madiaw Ndiaye fait la fierté de l’expertise sénégalaise en matière d’Economie et des Finances. Hier « Le Témoin » a appris que le Camerounais Alain Nkontchou a cédé la présidence du Conseil d’administration (Pca) de Ecobank Transnational Incorporated (Eti) au Sénégalais Papa Madiaw Ndiaye. Ce, suite à une décision du Conseil d’administration prise à Lomé, en marge de la 36e édition des assemblées générales de la banque panafricaine. Ainsi, un patron de fonds d’investissement parfaitement bilingue remplace un autre. Il s’agit de Papa Madiaw Ndiaye qu’est le directeur général et le fondateur d’Afig-Fund. Rappelons-le, lors de son passage à Washington en tant que directeur des investissements, Papa Madiaw a réussi à lever 407 millions Usd soit plus de 200 milliards cfa pour le Fonds d’infrastructure africain (Aig). Au début de son lancement en 2000, Afig-Fund était le plus grand fonds panafricain. C’est sans doute la première fois depuis Mahanta Birima Fall, si nos souvenirs sont exacts, qu’un Sénégalais est porté à la présidence d’Ecobank Transnational Incorporated.
CONFERENCE DE PRESSE ME BAMBA CISSE PARLE DE SON CLIENT SONKO
Selon notre confrère « Pressafrik » Me Bamba Cissé a pris part à la conférence conjointe organisée par des ex-détenus politiques dont Pape Abdoulaye Touré, Falla Fleur entre autres. Intervenant en tant que Co-conférencier avec Juan Branco et Me Koureyssi Ba, tous avocats du leader de Pastef, Me Cissé a révélé que ce dossier était le plus difficile de sa carrière. « Ousmane Sonko est un grand stratège. Il me plaît de le rappeler en toute discrétion, et je vais trahir ce secret aujourd’hui, mon client Sonko faisait lui-même les requêtes et nous les corrigions. Donc c’était un travail collectif entre nous et lui. Et c’est ce travail collectif qui a été produit et qui a sauvé le Sénégal. Donc Ousmane Sonko est pour nous une vraie référence » a révélé Me Cissé avant de se focaliser sur l’interpellation de Juan Branco et entre autres révélations lit-on dans « Pressafrik ».
OUTRAGE A MAGISTRAT ALASSANE BOU SONKO LIBERE APRES SES EXCUSES
«Fin du calvaire pour Alassane Fall, finalement libéré hier. Il devrait néanmoins accepter de subir un suivi psychologique», a écrit Me Khoureyssi Ba. Le membre du Pastef a présenté ses excuses selon des sources de Seneweb. Il a regretté ses propos outrageants à l’endroit du procureur de la République et du magistrat qui ont jugé Bah Diakhaté. Pour rappel, dans une vidéo publiée sur sa page Tik-Tok, Alassane Fall avait menacé d’insulter publiquement le chef du parquet et le juge, en cas de libération des détenus Bah Diakhaté et l’imam Cheikh Tidiane Ndao. Il avait porté des accusations contre ces deux magistrats. Le procureur de la République s’était autosaisi de l’affaire en ordonnant au commissaire principal Adramé Sarr, chef de la Dic, de procéder à son arrestation. Alassane Fall avait passé dix mois en prison avant d’être libéré par le biais de la loi d’amnistie. Lors de son séjour, Alassane Bou Sonko avait vécu deux drames qui ont totalement bouleversé sa vie. Il s’agit du décès de son père et du divorce avec son épouse. D’ailleurs au sein du regroupement des anciens détenus politiques, on se mobilise pour faire subir à Alassane un traitement médical comme annoncé par son avocat Me Khoureyssi Ba.
REHABILITATION DE LA « PLACE DE FRANCE» DE THIES
Le lancement officiel des travaux de réhabilitation de la Place de France de Thies, ce jeudi 06 juin 2024, par le maire de la Ville, a été une occasion pour Dr Babacar Diop de partager sa vision sur ce projet ambitieux. Selon l’édile de la ville aux-deux-gares, la « Place de France», au cœur de Thiès, est un site emblématique. Un espace que le projet de réhabilitation vise à transformer en « un jardin public exceptionnel et accessible à tous ». Dr Babacar Diop envisage de changer le nom pour le donner à illustre fils de Thiès. « Nous envisageons un espace vert magnifiquement aménagé, où la nature et la modernité se rencontreront harmonieusement », confie-t-il. Cet espace comprendra des allées piétonnes, des aires de jeux pour enfants, des zones de repos ombragées, ainsi qu’un monument sculpture, un monument aux morts et un jet d’eau. Toutes ces infrastructures seront conçues pour respecter l’environnement. Le coût total du projet s’élève à 325 millions de F CFA, entièrement financés par la mairie de Thiès. Les travaux, qui débutent ce mois-ci, devraient s’achever en décembre prochain. Selon le maire, cet investissement illustre l’engagement du Conseil de Ville à améliorer la qualité de vie des citoyens et à créer des espaces publics de haute qualité. En outre, le maire a révélé l’importance de la dimension démocratique de ce projet entendu que ce jardin se veut « un espace démocratique, un lieu où chaque citoyen, sans distinction, pourra venir et se sentir chez lui. L’accès au jardin sera gratuit afin de garantir que tous les habitants puissent en profiter. La réhabilitation de la Place de France, Dr Diop, résulte d’une concertation approfondie avec les habitants de Thiès. « Vos suggestions, vos idées et vos aspirations ont été prises en compte dans la conception du projet », a-t-il affirmé. Il a remercié tous ceux qui ont contribué à sa conception et à sa mise en œuvre
Par Yakhya DIOUF
POURQUOI L’ARABE AU PALAIS ?
Depuis que le président Bassirou Diomaye Faye, a décidé de créer une Direction des affaires religieuses logée à la présidence de la République, qui s’occuperait, entre autres, de l’insertion des diplômés en langue arabe, les commentaires vont bon train
Depuis que le président de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye Faye, a décidé de créer une Direction des affaires religieuses logée à la présidence de la République, qui s’occuperait, entre autres, de l’insertion des diplômés en langue arabe, les commentaires vont bon train. Pourquoi une telle direction au Palais ? Pourquoi pas un haut-conseil ? Pourquoi un traitement de faveur pour l’arabe ? Et l’anglais qui chaque jour étale son audience ? Autant de questions auxquelles nous allons tenter, selon notre sensibilité, d’apporter des éléments de réponses.
Mais auparavant, je voudrais tenter de placer ces actes politiques dans leur véritable contexte, à savoir les relations entre pouvoirs politique et temporel. Et pour cela, je m’appuierai essentiellement sur l’ouvrage de Christian Coulon intitulé Le marabout et le prince. Islam et pouvoir au Sénégal, Paris, Pedone, 1981, 317 pages. Ouvrage dont la lecture m’a particulièrement convaincu de par sa pertinence par rapport au phénomène «pouvoir-marabout».
Le Sénégal, on le sait, a souvent représenté pour l’africanisme français, un «laboratoire». L’ouvrage de Christian Coulon illustre, par la couverture théorique et la présentation des résultats, un nouveau courant de l’anthropologie politique.
Le marabout et le prince de Christian Coulon me paraît contribuer, par une remise en situation des données et des contextes, à lire, à relire le politique dans l’islam.
Christian Coulon nous dit dans sa conclusion : «Si nous voulons comprendre le politique dans les différents lieux où il s’inscrit, il faut renoncer à voir dans le sacré un discours immature, piégé et archaïque. L’islam sénégalais donne sa substance et sa forme au politique dans les conditions -les limites- que j’ai analysées parce que les Sénégalais ont trouvé en lui la parole qui semblait convenir à leurs espoirs, justement parce que sa plasticité offrait une gamme extraordinaire de système d’action et d’interprétation» page 298.
Aussi, l’illustration de ce propos dans l’histoire politique du Sénégal est-elle relativement aisée. Rappelons les relations privilégiées de Léopold Sédar Senghor, le chrétien, avec Serigne Fallou Mbacké, avec son fameux : «Senghor Seng ca Kao.» Celles du Président Abdou Diouf et Serigne Abdoul Ahad Mbacké, et du Président Abdoulaye Wade avec Serigne Saliou Mbacké. Président Macky Sall avec la modernisation des cités religieuses.
Ces perspectives relativement nouvelles de la recherche sont fondées sur un changement de point de vue simple mais fondamental.
De mon point de vue, il consiste en ce que «cette culture musulmane mérite donc d’être prise au sérieux» dans l’exercice de tout pouvoir politique, ici au Sénégal, quelle que soit la couleur de ceux qui accèdent au pouvoir. C’est pourquoi la visite que l’actuel Président que l’on percevait comme «salafiste», a consacrée aux guides religieux en commençant par Touba puis Tivaouane, est salutaire, à plus d’un titre.
Entendons-nous bien, le «prince» de Christian Coulon est aussi celui de Machiavel. C’est l’éternel gouvernant, comme on parlerait d’un éternel féminin. A travers les avatars successifs des souverains wolofs, toucouleurs ou sérères, du commandant de cercle de la période coloniale ou du préfet sénégalais contemporain, le prince concrétise le principe d’une hégémonie naturelle et temporelle dont le «marabout» et le «prince» sont les deux figures de proue. Il en sera ainsi pour longtemps encore ! C’est une tradition bien ancrée dans les mœurs de la République.
En face du «prince», le «marabout» est d’abord le moine soldat, surtout de la tradition confrérique, le combattant de la foi de l’islam et de l’Hégire. Avec le soufisme, le marabout devient souvent un ascète, un saint, un waliyou - cas de Serigne Saliou Mbacké détaché complètement des choses de ce bas monde dont il est le contempteur.
Durant la période coloniale, les marabouts deviendront ainsi tour à tour les auxiliaires administratifs des souverains wolofs, les cadres de l’Almamyat toucouleur dans la vallée du Sénégal, puis les «courtiers» de l’administration coloniale française.
Ainsi, les années quatre-vingt s’ouvrent sur une interrogation décisive pour l’avenir du régime politique «socialiste» au Sénégal. A la suite de la transmission du pouvoir présidentiel de Léopold Sédar Senghor à Abdou Diouf, «les marabouts» vont-ils négocier une nouvelle alliance, comme les y incitent bien des hommes politiques sénégalais ?
En tout état de cause, s’il est facile, en 1980, de designer les enjeux et identifier les partenaires, telle n’était pas la situation à la fin des années soixante, quand Christian Coulon a entrepris ses recherches de terrain.
Par ailleurs, dans les cercles dirigeants sénégalais, les marabouts étaient traités de «citoyens comme les autres», mais bien utiles pour calmer les émeutes, depuis mai 1968 jusqu’à juin 2021.
Voilà, esquissé à grands traits, le tableau général qu’offrent les relations relativement complexes entre les pouvoirs politique et temporel dans notre pays. Et c’est justement dans ce cadre que la récente décision du nouveau Président quant à la Direction des affaires religieuses, ainsi que l’insertion des diplômés en langue arabe, a été prise. Cette direction sera logée à la présidence de la République.
Il faut dire que loger les affaires religieuses à la Présidence n’est pas chose nouvelle. Le Président Wade avait nommé, à ses côtés, un ministre-conseiller chargé des questions religieuses.
Cette entité n’avait pas fait long feu, faute de contenu précis. Maintenant, on nous parle de «direction» ; pour diriger quoi ? Comment ? Va-t-elle donner des directives, des instructions, appelez cela comme vous voulez, aux confréries ? Va-t-elle poursuivre simplement ce que faisait le ministre de l’Intérieur à l’occasion des cérémonies religieuses ? Autant de questions pour le moment sans réponses, et qui nous installent dans une amphibologie fondamentale. Attendons de voir.
Quant à l’arabe, on nous dit que la direction va s’occuper, entre autres, de l’insertion des diplômés en langue arabe. Et ceux qui sont diplômés dans les autres langues, de longue date et qui végètent toujours, qui va s’occuper d’eux ? Les diplômés en langue arabe sont-ils plus méritants que ceux qui le sont en français, la langue officielle de travail bien consignée dans la Constitution ? Que faire des autres langues, notamment l’anglais en pleine expansion ? Quel traitement pour l’allemand, l’espagnol et le russe, pour ne citer que ces langueslà ? Et nos langues nationales ? Ces questions, à mon sens, méritent réponses !
Pourquoi pas une Direction de l’alphabétisation et des langues nationales à la présidence de la République ? De toute façon, quel que soit le statut que lui confèrent les nouvelles autorités, ce n’est pas l’arabe, quel qu’en soit l’usage qu’on en fera, qui développera le Sénégal !
De ce point de vue, le professeur Cheikh Anta Diop, dans Nations Nègres et Culture Tome I page 415, à propos de la nécessité de développer les langues nationales, nous dit ceci : «Il est plus efficace de développer une langue nationale que de cultiver artificiellement une langue étrangère ; un enseignement qui serait donné dans une langue maternelle permettrait d’éviter des années de retard dans l’acquisition de la connaissance…» Alors pourquoi l’arabe ?
Je reste persuadé que pour régler des questions aussi sensibles, une réflexion approfondie, menée de concert avec tous les acteurs impliqués en la matière, doit être privilégiée, car une telle entreprise ne doit pas se résumer à inaugurer des chrysanthèmes.
Et puis, de quelle insertion parle-t-on ? N’existe-t-il pas déjà un baccalauréat arabe ? Les portes de l’Ecole nationale d’administration –Ena- ne sont-elles pas ouvertes aux arabisants ? Ne compte-t-on pas des instituteurs et professeurs dans le système éducatif sénégalais, formés dans les Crfpe -Centres régionaux de formation des personnels de l’éducation- et l’Ens -l’Ecole normale supérieure-, l’actuelle Fastef ? N’existe-t-il pas des inspecteurs en langue arabe ? Et que sais-je encore ! N’amusons pas la galerie ! La question est trop sérieuse pour être politisée au risque de créer des frustrations de nature à générer des troubles inutiles. Maintenant, si c’est pour attirer les fonds saoudiens et du monde arabe en général, cela constitue une autre paire de manches qui mérite réflexion. Bu ñu kène nax.
En somme, remarquons simplement que la communauté confrérique se veut un cheminement -la confrérie est une «voie» ou tarixa- et non instituée en assemblée –ecclésia- bien que le glissement de la «tarixa » à la «dahira» complique en fait par ses relents politiques les configurations des modes d’organisation sociale. Mais au-delà de ces considérations politico-religieuses, les enjeux sont purement économiques et financiers. Alors pourquoi pas ne pas recourir aux institutions de Bretton Woods -Fmi et Bm- , qui prêtent même aux pays riches. La dette en soi n’est pas mauvaise, l’essentiel reste l’usage qu’on en fait. N’oublions pas que la France est l’un des pays les plus endettés de la zone Euro.
Yakhya DIOUF
Inspecteur de l’Enseignement élémentaire à la retraite
Par Ibou FALL
UN PEUPLE, UN BUZZ ET UNE FOIRE
L’adversité des années 60-70 aura raison finalement de la quête d’excellence de la République. A force de reculades, la République devient la foire d’empoigne où l’on vend en solde sa vertu et aux enchères sa mauvaise éducation
A partir de quel moment ce pays de brillants sujets s’est-il mis à croire qu’un président de la République et son Premier ministre doivent enseigner aux administrés à balayer les rues, en joignant l’acte à la parole, forçant le nouveau gratin du régime à poser en tenue d’éboueur, chacun près de sa brouette, pelle à la main ?
Lorsque la France consent à nous lâcher la bride, en 1960, nous avons l’un des chefs d’Etat les plus classes de la planète. Le modèle achevé de l’aristocrate que la mystique de la République habite, effrayant de culture, pétillant d’intelligence et éblouissant de savoir-vivre. Son lieutenant, le chef du gouvernement, est un ascète féru de spiritualité, un intellectuel pur jus obnubilé par sa mission : snober le sous-développement, affamer la pauvreté, assoiffer l’ignorance.
Le tandem est surréaliste… Le Sérère catholique issu d’une famille polygame qui ne s’entend qu’avec les chefs religieux musulmans, figures inédites de la féodalité ; et le Toucouleur musulman, fils de monogame, qui ne fait confiance qu’aux ecclésiastes gauchistes ; le gosse de riche et le moutard du policier.
Ces deux phénomènes ont toutefois un point commun : ce sont d’anciens sujets français qui ne tolèrent pas la médiocrité. La moindre des exigences, pour frayer avec ce régime, est alors d’avoir de la tenue et de l’instruction…
L’adversité des années soixante et soixante-dix aura raison finalement de la quête d’excellence de la République : les années de sècheresse mâtinées des troubles de la géopolitique mondiale vont éroder le standing de l’élite locale après que le tandem iconoclaste aura implosé le 17 décembre 1962. Et la barque va tanguer dans les tempêtes au point d’en perdre ses repères.
Les gens de peu sont en plein désarroi quand arrive sur la scène publique une nouvelle race de parvenus…
Des Sénégalais plus que bon teint, partis à l’aventure avec leurs seuls baluchons, et quelques compétences en abracadabra, et qui rentrent après de tumultueuses odyssées pour étaler leurs réussites inexplicables et leurs fortunes qui sentent le soufre…
Une garnison de rustres frustes qui se soignent : ces braves gens sont riches et tiennent à ce que ça se sache
Ils exhibent leurs deniers au nez des crève-la-faim, courtisent les griots et enrichissent les bijoutiers, subventionnent la contre-culture dont Sorano sera le temple et Médina Sabakh, la terre promise. Le Ramadan est la pause annuelle vertueuse ; le vendredi, leur jour de sainteté obligée où l’on compte les authentiques Sénégalais à l’entrée des mosquées dans lesquelles il faut se faire remarquer ; et la lutte, le rendez-vous dominical du gratin vernaculaire.
Leurs pantalons sont bouffants, leurs broderies de boubous damasquinées ; ils ont les épousailles fantasques, les baptêmes tonitruants et les funérailles psychédéliques. Comme si ça ne suffisait pas, leurs marabouts deviennent iconiques, leurs superstitions sont une religion, leurs mythes, des vérités historiques et leurs croyances font forces de lois.
Un député sénégalais, Mamadou Fall «Puritain», du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, prêche dans le désert quand il dénonce dans ces années-là, «ceux qui se mettent à piailler jusqu’à quatre heures du matin pendant que les gens dorment !».
Personne ne le prend au sérieux…
Ces Sénégalais du second type vont s’enhardir et disséminer leurs tares à tous les étages de la République, en tirant l’élite par le bas pour poser en maîtres du pays. Ils prennent d’assaut les quartiers chics, envahissent le monde des ragots et s’arment de légions de laudateurs. Pour parler comme en 2024, ils sont le buzz.
Ça étale son sans-gêne de nouveau riche et porte l’arrogance comme gage de citoyenneté : ça pense la démocratie à hauteur de son inculture et retaille le Sénégal en un ghetto où triomphent l’ordinaire fainéantise, l’insatiable cupidité et la bestiale concupiscence.
Le legs de cette engeance se résume à des faillites retentissantes, des demeures délabrées et des héritiers sans âme.
Pour couronner le tout, ils nous inventent une nouvelle institution, le secteur informel, garant de la débrouille nationale, laquelle installe au rang de valeurs absolues la fourberie, le désordre et la saleté…
Senghor les tolère, Diouf les reconnaît et Wade les institutionnalise.
A force de reculades, la République devient la foire d’empoigne où l’on vend en solde sa vertu et aux enchères sa mauvaise éducation. Parler français est une ignominie, savoir se tenir, une tare.
Pour mon plus grand malheur, dans ma jeunesse tourmentée, lorsque je croise de brillants esprits qui me parlent comme à un égal, l’un d’eux me transmet son regard implacable sur cette faune bigarrée aux airs conquérants et aux certitudes déjà définitives. Il n’arrive pas à les envier, et les plaint même, malgré leurs efforts monstrueux pour susciter la déférence, la convoitise, la jalousie… Son verdict péremptoire me marque à jamais : «Ils mangent trop gras, boivent trop sucré et, en plus, baisent de la mauvaise fesse !»
Par Khoureychi BA
LA GUERRE DU MANGANESE AURA BIEN LIEU ?
À la DIC deux sociétés indiennes se battent à mort pour le manganèse et le plomb sénégalais que l’une exploite tranquillement depuis 2013 à Kéniéba, dans la zone de KIDIRA, ce dans l’ignorance totale de l’écrasante majorité du peuple sénégalais....
À la DIC deux sociétés indiennes se battent à mort pour le manganèse et le plomb sénégalais que l’une exploite tranquillement depuis 2013 à Kéniéba, dans la zone de KIDIRA, ce dans l’ignorance totale de l’écrasante majorité du peuple sénégalais, en toute tranquillité mais avec la bénédiction du pouvoir sortant. L’enjeu pour la société plaignante qui a été autorisée le … dimanche 24 Mars (eh oui ça ne s’invente pas!) par le ministre des Mines à vendre 75% de ses actions à une holding indienne établie à Dubaï est, défense de rire, de protéger l’Etat du Sénégal privé des impôts, taxes et redevances par la sortie frauduleuse de 530. 000 tonnes de manganèse vers le Mali voisin depuis Novembre 2023. Dans sa double plainte au parquet et à la DIC elle ajoute, pince-sans-rire, que le plus inadmissible est que ces tonnes de manganèse volé au pauvre peuple du Sénégal sont revendues en catimini au-delà de la frontière malienne aux groupes terroristes maliens qui font la loi en ce lieu !
Évidemment le seul fait de suggérer que ce procédé criminel est possible est la pire des injures à l’intelligence. Voilà donc un escroc qui a réussi à persuader des enquêteurs qui ne sont tout de même pas nés de la dernière pluie qu’il a été possible de mobiliser 10. 600 camions pour faire sortir du territoire sénégalais autant de manganèse, si l’on considère que la capacité maximale de chaque camion utilisé à cette fin est de 50 tonnes ! Et surtout en faisant valider la thèse absurde que les terroristes et autres rebelles estampillés maliens ont pignon sur rue dans la zone frontalière des deux États. Un vil bandit de grand chemin indien s’est sucré durant toutes ces années sur une de nos ressources les plus inconnues. Dans la crainte de la perspective de l’évidence, à savoir l’alternance qui se profilait nettement à l’horizon, il a fini par concevoir un plan odieux pour attirer dans les mailles du filet une société propre qui a réussi à s’imposer à Dubaï pour lui soutirer de l’argent, lui consentir une participation au capital par le biais d’une cession de 75 % de sa société et enfin lui faire subir les foudres de la loi.
Le tout nouvel arrivant qui n’a jamais mis les pieds au Sénégal mais rassuré par le code d’honneur qui lie les Indiens, descend pour prospecter le terrain en novembre 2023 donc. Il laisse sur place une équipe réduite à un petit groupe de quatre employés. Il ne tarde pas à s’apercevoir du piège et se rend compte de l’arnaque. Dans la pratique il découvre en effet que la production mensuelle, si elle est plus ou moins intéressante, ne dépasse pas 5000 tonnes, comme par hasard le tonnage que son « associé » lui a exigé de lui fournir dans le protocole signé entre les parties ! Cherchez l’escroc…
Sans vouloir entrer dans le secret de l’enquête dont des bribes commencent à être partagées dans la presse il est utile de rétablir en partie l’équilibre. C’est un minimum requis pour mettre en exergue la duplicité du pouvoir sortant associé à des intérêts occultes pour dépouiller le peuple sénégalais de ses ressources naturelles exploitées en toute opacité et dans la pure tradition de l’omerta sicilienne à l’indienne. Et c’est le seul moyen d’exiger la reddition des comptes que ne pourra jamais stopper l’arrestation des deux jeunes brillants ingénieurs indiens exerçant à Dubaï dont l’un avait été interrogé puis libéré avant le week-end pour être retenu en garde à vue le lundi et l’autre arrêté hier alors qu’il venait juste apporter à manger à son collègue et compatriote. La détermination de la victime de cette arnaque installée de force sur le banc de l’accusé va, en tout état de cause, dans le sens de la nécessité d’enquêter au fond des choses pour savoir pourquoi des enfants du Sénégal sont prompts à s’unir et à s’allier aux pires ennemis de la nation pour la spolier et organiser par la suite leur impunité.
L’enjeu vital dans ce conflit, par-delà la remise en liberté de jeunes cadres innocents qui viennent juste de fouler le sol sénégalais, est de déterminer réellement quelle quantité de notre manganèse nous a été volée depuis 2013 si l’on se base sur le fait que la personne qui exploite ce minerai accuse son nouveau partenaire de lui avoir volé 530. 000 tonnes d’une valeur de près de 20 milliards de nos francs rien qu’entre Novembre 2023 et Mai 2024 ! Il est bon de préciser que cette personne s’est réfugiée à Bombay, certainement plus sûre que Dakar, où la météo a dû changer à ce point que lui et ses amis ont jugé plus prudent de donner procuration à des sous-fifres pour déposer plainte à son nom. Comme quoi il est bon d’avoir des amis sûrs.
Par Mohamed GUEYE
À QUAND UN SOMMET BELIZE-AFRIQUE?
Le président Diomaye Faye rompt avec la frénésie diplomatique de son prédécesseur en snobant le sommet Corée-Afrique. Une remise en question salutaire des pratiques pas toujours fructueuses des grands raouts internationaux
Le président de la République Bassirou Diomaye Faye n’a pas voulu se rendre à Séoul, au Sommet Corée du Sud-Afrique, et a préféré déléguer la ministre de l’Intégration africaine et des affaires étrangères, Mme Yassine Fall. Cela est une grosse rupture par rapport aux pratiques du chef de l’Etat sortant, M. Macky Sall. Il faut dire que ce dernier était un assidu de ces grands raouts où les grands de ce monde donnaient l’impression de s’intéresser au sort des pauvres des pays en développement. Si l’on sortait les archives, on se rendrait compte que le président Macky Sall n’a pas dû rater beaucoup de ces sommets réunissant les dirigeants africains avec leurs homologues des puissances du monde.
Il y était si présent et si apprécié qu’il avait été désigné co-président du 8ème Ticad (Sommet Japon-Afrique), qui s’est tenu en octobre 2022 à Tunis. L’année d’avant, son homologue chinois Xi Jin Ping et lui avaient co-présidé le Sommet pour la coopération Chine-Afrique (Focac). On ne compte pas, à côté de cela, tous les sommets Russie-Afrique, Inde-Afrique, Turquie-Afrique, Etats Unis-Afrique, Brics, Allemagne-Afrique, Grande Bretagne-Afrique, Arabie Saoudite Afrique, Emirats-Afrique... Cela, sans oublier les traditionnelles rencontres périodiques entre la France et ses «amis» africains, l’Union européenne avec l’Union africaine, et avec les pays africains. Les sommets ne créent pas d’indigestion chez certains.
Macky Sall devait, en plus de faire la causette à ses pairs du monde, sans doute négocier des points au mieux des intérêts de son pays et de l’Afrique, en particulier quand il a présidé l’Union africaine. Pour le commun des Sénégalais, le chef de l’Etat sortant a plus utilisé notre avion de commandement et le carburant qui lui ont été alloués pour faire du tourisme à travers le monde. On peut sincèrement se demander ce que l’Afrique, dans sa globalité, a tiré de ces différents sommets.
Ainsi, pour le sommet qui s’est ouvert hier à Séoul, on sait que la Corée du Sud s’est donné pour objectif de doubler son aide au développement et la faire passer à 10 milliards de dollars américains d’ici 2030, au bénéfice de ses partenaires africains. En échange, le pays du Matin Calme souhaite avoir un plus grand accès aux matières premières dont les pays africains sont dotés en abondance et n’ont pas les moyens de les exploiter. On peut se demander si les dirigeants qui se rendent sur place feront des propositions concrètes pour une véritable coopération gagnant-gagnant avec ces «nouveaux bienfaiteurs». Au début des années 2000, la Banque de Chine a mis ses énormes réserves financières à la disposition des amis africains de Beijing. Il ne leur était pas demandé quel projet ils voulaient financer ; il leur suffisait de dire le montant dont ils avaient besoin. Résultat des courses, en 20 ans environ, la plupart de ces pays qui avaient bénéficié de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (Iadm), dans le cadre du programme Ppte (Programme en faveur des pays pauvres très endettés) lancé conjointement par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, se retrouvent aujourd’hui presque aussi endettés, si ce n’est plus. La différence est que cette fois, leur dette est souscrite auprès des partenaires comme la Chine ou les pays arabes, qui ne souscrivent pas aux règles de l’Ocde, comme les Occidentaux
Certains de ces pays ont été contraints de renoncer à leur souveraineté sur certaines de leurs ressources minières ou naturelles pour éponger leurs créances, au grand dam des institutions internationales et de leurs populations. L’un des exemples les plus frappants est le Programme des 5 chantiers en République du Congo Kinshasa (Rdc). Sitôt réélu en 2006, le président Joseph Kabila passe un accord avec le gouvernement et des entreprises chinois, pour qu’ils lui construisent des infrastructures indispensables au désenclavement et au développement de son pays-continent. Ponts, rails, routes et aéroports devaient sortir de terre, en contrepartie d’une exploitation des minerais par des Chinois, pour une valeur de 5 milliards de dollars. L’accord avait été dénoncé par le Fmi et la Banque mondiale, mais les partenaires sont passés outre. 18 ans après, les Congolais ne sont pas en mesure de montrer à quoi ont été utilisées les ressources minières sorties de leur sol, et que les entrepreneurs chinois continuent d’ailleurs à exploiter à ce jour. Les Kenyans et les Zambiens ne les plaindront pas énormément, eux qui ne sont pas mieux lotis.
Cela peut être jugé caricatural, et tous les accords de partenariat ne finissent pas comme celui-là. Il n’empêche que de manière globale, les vrais besoins de financement ne se trouvent pas au cours des rencontres qui ressemblent de plus en plus à un pèlerinage de mendiants auprès de leurs bienfaiteurs. Autrement, depuis que nous avions commencé, les Français nous auraient permis de décoller économiquement, ce qui est loin d’être le cas. Par ailleurs, les Africains semblent si désemparés et pressés de se jeter dans les bras du premier venu, qu’il ne serait pas étonnant qu’on les voie bientôt se rendre à un Sommet Nouvelle Zélande-Afrique, Belize-Afrique, et même, pourquoi pas, Myanmar-Afrique. Qui sait, il se pourrait que ce soit là-bas la solution à tous nos problèmes. D’ailleurs, ne crie-t-on pas depuis des décennies qu’il est temps de commencer à penser à une coopération Sud-Sud ?
Par Ousmane Kane
QUELQUES NOTES SUR ABDOUL BOCAR KANE
Abdoul Bocar est contemporain de Lat Dior, d’Alboury Ndiay son compagnon de lutte en 1890 face à Dodds , et d’Ahmadou Seyku son allié par intermittence
La date du 4 Août 2023 marque le 132ème anniversaire de l’assassinat d’Abdoul Bocar Kane, grand résistant à la pénétration coloniale au Fouta. Sa tête avait été mise à prix par le colonel Dodds et le contrat exécuté en traitre alors qu’il séjournait chez une tribu maure alliée sur la rive droite du fleuve Sénégal. Dans son édition du 10 septembre 1891, le « journal officiel du Sénégal et dépendances» du 10 septembre 1891 relatant les circonstances de sa mort écrit : «Dans un des numéros précédents, nous avons annoncé le meurtre d’Abdoul Boubakar, ancien chef du Bossea. L’homme qui vient de disparaître d’une façon aussi tragique avait joué depuis de longues années dans l’histoire des deux rives du Sénégal un rôle trop marquant pour que nous puissions nous borner à la mention sommaire de sa mort».
Qui est Abdoul Bocar?
Abdoul Bocar est né vers 1831 à Dabia Odéji , un village du Fouta central, dans une famille de grands électeurs de l’almamy (Les Jaagordé ). La charge échoit d’abord à son grand père Aly Dundou Séguélé (grand électeur du temps de l’almamya d’Abdul KADER), puis à la mort de ce dernier à son père Bocar Aly Dundu qui, à son tour transmettra le flambeau à Abdoul Bocar. Fils et petit-fils de jaagordé, Abdoul sera éduqué dans la perspective d’assumer le devoir de sa charge. Un jaagorgal devait être un homme de devoir, lettré en arabe et au fait de ses devoirs vis à vis du Fouta et des foutankés .
Abdoul Bocar est contemporain de Lat Dior, d’Alboury Ndiay son compagnon de lutte en 1890 face à Dodds , et d’Ahmadou Seyku son allié par intermittence .
SON ENTRÉE SUR LA SCÈNE POLITIQUE DU FOUTA ET SES RAPPORTS AVEC LES FRANÇAIS
Son entrée sur la scène politique du Fouta au milieu des années 1850 intervient dans un contexte marqué par le dépérissement de l’almamyat du fait des querelles intestines attisées par l’autorité coloniale, le dépeuplement du fouta suite à l’appel au fergo omarien, et la défection des provinces périphériques de la confédération du fouta (Toro, Dimat, Lawo et Damga ) qui se sont placées sous la protection de Faidherbe .
Le rôle d’Abdoul Bocar dans la résistance armée anti coloniale est établi dans les documents d’archives de l’administration coloniale rapports de gouverneurs à leur ministre, courriers d’Abdoul Bocar à ces autorités). De Jaureguibéry et Faidherbe à Dodds, presque tous les chefs militaires qui se sont succédés à la tête des troupes coloniales se sont heurtés à lui. Mlle G. Garnier dans un article publié dans le bulletin de l’IFAN du mois de janvier 1968 tome 30 cite des rapports de gouverneurs concernant Abdoul Bocar.
Le gouverneur Canard (1881-1882) écrit: « Quand Abdoul bocar est absent , la paix règne de Bakel à Saldé
« Dans un rapport adressé à son ministre, le gouverneur bourdiaux (1883-1884) parle D’Abdoul bocar en ces termes : « Le vieil ennemi qui , de 1861 à 1864 avait tenu en haleine Jaureguibéry et faidherbe dans le moyen Sénégal tenait en suspens depuis 1880 l’établissement des liaisons télégraphiques dans le haut fleuve « .
D’un rapport du gouverneur par intérim Quintrie daté du 8 janvier 1865, mlle Garnier tire le passage suivant : « Dans le Fouta central, les principaux chefs rarement unis entre eux se mettaient d’accord pour élire un Imam comme chef général politique autant que religieux, président de tous leurs palabres . Au nom de l’Islam, un de ces chefs, Abdoul Boubakar Almamy du Funangué Bosséa s’opposait depuis 1861 à la pénétration française au fouta. Du Dimar au Damga, on admirait son attitude, on guettait ses manifestations et ses coups de main le long du fleuve. Les plus fanatiques n’attendaient qu’un signe de lui pour se joindre à ses guerriers et l’aider dans la mission divine qu’il disait avoir reçue de reconstituer l’ancien fouta sénégalais «
Au total, pendant près de 30ans, (1860-1891), Abdoul Bocar et ses alliés ont réussi non seulement à préserver l’indépendance du Bosséa (Fouta central) mais aussi à empêcher l’effectivité du protectorat français sur le Damga. Or, la conquête du Bosséa et du Damga conditionnait à la fois la sécurité de la navigation et du commerce sur le fleuve et l’achèvement de la ligne télégraphique Saint-Louis-Kayes si cruciale pour l’avance des troupes coloniales vers le Soudan. Entre 1880 et 1885, Abdoul et ses hommes se sont farouchement opposés au passage à travers le Bosséa de cette ligne dont les sections St Louis– Saldé et Kayes – Bakel étaient déjà réalisées.
Sur le chemin de l’exil vers le Kaarta après la prise de Yang Yang par les français, Alboury Ndiaye est accueilli par Abdoul Bocar à Dabia en dépit des injonctions des chefs Bosséa acquis à la cause coloniale et des menaces de représailles proférées par le gouverneur Clément Thomas.
Devant son refus, Dodds est chargé par le gouverneur Lamothe (successeur de C.Thomas) de monter une expédition afin d’en finir avec les deux résistants. Ces derniers, face à l’armada mise en œuvre traversent le fleuve pour aller s’établir à Kaédi. Pour les en déloger, Lamothe fait intervenir l’aviso « LA CIGALE «qui, à l’aube du 29 juillet 1890bombarde copieusement la ville de Kaédy. Alboury poursuit alors sa route vers l’Est afin de rejoindre Ahmadou Seiku.
Traqué, sa tête mise à prix par les français, Abdoul Bocar est assassiné traîtreusement le 4 août 1891 alors qu’il s’apprêtait à quitter la tente de l’un de ses alliés Maure de la tribu des Chratites (je ne suis pas sûr de la prononciation).
Son frère Aly Bocar et son fils Mamadou Abdoul qui comptaient parmi ses principaux collaborateurs sont arrêtés et déportés au Gabon .
CONCLUSION
La résistance d’Abdoul Bocar s’est effectuée dans un contexte difficile marqué par l’affaiblissement du régime almamal légué par Thierno Souleymane Baal, l’agressivité des colonisateurs et les querelles intestines encouragées par les envahisseurs français.
Des heurts violents ont souvent opposé des familles de foutankés les unes contre les autres. Les rancœurs et frustrations nées de ces confrontations ont pendant longtemps constitué un obstacle à l’écriture de l’histoire réelle de cette période cruciale de l’histoire du Fouta.
À présent, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Les liens matrimoniaux unissant les familles foutankés y compris celles qui se sont jadis affrontées se sont multipliées. En témoigne la diversité de la descendance d’Abdoul Bocar Kane. On y trouve des Ly, Talla, Wone, Ba, Dem, Wane, Diallo, Camara, Diop, Kébé, Ann, Sall, bref tous les patronymes du Fouta .
La moment est peut être venu de faire cesser cette omerta qui maintient Abdoul Bocar dans l’oubli et relègue au second plan toute l’histoire du Fouta de deuxième moitié du XIXe siècle.
Quelques éléments de bibliographie
— David Robinson : « Chiefs and clerics :History of Abdoul Bokar Kan and Futa Toro , 1853-91
— Mohamed Moustapha kane : Le Lao et le halaybé . Institutions et évolution 1810/1890 —Mohamed Moustapha kane : «Abdoul Bokar Kan (1831-1891) Vie et Œuvre
—Ibrahima Abou Sall : «Ultime résistance et assassinat de Abdoul Bocar Kan ( Juillet 1890-Août 1891)
— G. Garnier : «Maures et Toucouleurs sur les deux rives du Sénégal , la mission de Victor Ballot auprès de Sidi Ely roi des Maures Braknas « Février/juin 1884 . IFAN Janvier 1968 .
— Mamadou Alpha Ly «Brève synthèse de l’œuvre d’Abdoul Bocar Kane « .