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25 novembre 2024
Opinions
Par Abdou Karim SAKHO
LETTRE OUVERTE A MOUSSA BALLA FOFANA
Votre ambition de construire huit mille (8000) logements sociaux au niveau du pôle urbain de Daga Kholpa est noble et salutaire. Mais Daga Kholpa pose plus de problèmes que Mbour 4.
Votre ambition de construire huit mille (8000) logements sociaux au niveau du pôle urbain de Daga Kholpa est noble et salutaire. Je voudrais d’emblée vous dire que votre vœu est irréalisable car le chemin que vous risquez d’emprunter est parsemé d’embûches. J’en veux pour preuve les échecs de vos prédécesseurs qui devaient vous servir de viatique et auxquels de mon point de vue vous semblez n’accorder aucune retenue. Je suis un acteur privilégié de ces aventures pour avoir été conseiller technique de vos devanciers. Vous voudrez bien donc accepter et prendre cette présente comme une invite à plus de regards que d’attention pour une atteinte des objectifs assignés. Retenez enfin qu'aucune ambition de retourner aux côtés d'un ministre ne me traverse l’esprit mais en ma qualité de citoyen et de technicien qui n’a connu que l’administration et le ministère de l’urbanisme pour avoir été conseiller technique de cinq (5) ministres, mon devoir est de vous alerter par des conseils de par mon vécu sempiternel. Au demeurant il me plaira de faire étalage des écueils qui se dresseront sur votre chemin et auxquels il vous sera difficile d’apporter des solutions. Le premier obstacle est votre précipitation d’annonces d’effets incongrus sans prendre la mesure des incidences ultérieurs. Un mois après votre nomination je crois qu’il était plus sage de prendre connaissance de l’équipe qui vous entoure et de peaufiner une stratégie d’écoute et de collaboration.
Daga Kholpa pose plus de problèmes que Mbour 4. Un audit du foncier vous aurait permis de constater que l’assiette de terrain dont vous avez besoin pour réaliser votre programme est pratiquement impossible à trouver dans la zone. Si vous faites abstraction des équipements et du mobilier urbain de votre programme et rien que pour les logements vous avez un besoin de deux cent cinquante hectares (250ha). Vous me permettrez également de partager avec vous ces quelques préoccupations qui ont trait à la titrisation du foncier. Les banques et les partenaires financiers ont tous reculé par défaut de titres nantissables du foncier. Aucune institution financière ne mettra ses billes tant que des baux et titres fonciers ne leur seront opposables. Je pense également que le programme des 100 mille logements est désuet et les populations n'y croient plus. En lieu et place je vous aurais conseillé de faire table rase de cette manie de coûte que coûte faire mieux que l'ancien régime. Les populations vous ont élu parce qu’ils croient à votre programme de campagne. Donc, de grâce faites les faire rêver par des programmes innovants car vous suscitez l’espoir et vous n’avez pas droit à l'erreur. Les populations deviennent de plus en plus exigeantes car conscientes des atouts du Sénégal sur l’échiquier mondial. Le Sénégal est devenu un pays riche et cette richesse doit être distribuée à l’ensemble des enfants du pays sans discrimination aucune.
Je vous aurais conseillé de tendre vers la construction de deux cent (200) nouvelles villes écologiques sur les quarante départements du pays les moins urbanisés en raison de cinq (5) villes par département. Chaque ville va coûter la somme de cinquante (50) milliards de francs soit un investissement massif et global de dix mille (10 000) milliards de francs Cfa pendant cinq ans ; la durée de votre premier mandat. Ainsi le peuple Sénégalais vous sera reconnaissant et à ce moment précis vous aurez toute la prétention requise d’avoir fait mieux que Macky Sall qui a laissé un bilan matériel très élogieux. Pour finir je voudrais lancer un appel solennel à son Excellence Bassirou Diomaye Faye Président de la République du Sénégal de dissoudre la Sicap et la Sn Hlm pour en faire une grande société sénégalaise de construction et comme patrimoine national. Je demeure convaincu que ces deux sociétés n’ont plus leur raison d’être.
Cordialement
Par Tina DIOME - ECG
NOS CŒURS SAIGNENT
Occupation anarchique de centenaire. Considéré à l’époque comme les Champs- Elysées de Dakar, le Boulevard du Général De Gaulle est défiguré par une balafre qui, si l’on n’y prend garde, va se transformer en une plaie béante au cœur de Dakar.
Considéré à l’époque comme les Champs- Elysées de Dakar, le Boulevard du Général De Gaulle est défiguré par une balafre qui, si l’on n’y prend garde, va se transformer en une plaie béante au cœur de Dakar.
Construit en 1959, le Boulevard du GDG est niché en plein cœur de Dakar avec à l’Est le quartier résidentiel de Gibraltar (à l’origine créé pour les hauts fonctionnaires), et à l’Ouest le quartier de la Médina qui fut le premier quartier indigène de la ville.
Depuis sa construction, cette artère accueille le défilé du 4 avril, jour de fête nationale. Chaque année, des milliers de Sénégalais s’empressent d’y suivre la parade civile et militaire. Centenaire est alors, sous la houlette de l’Armée, parée de ses plus beaux atours pour recevoir ses invités d’ici et d’ailleurs.
Plus connu sous le nom des « Allées du Centenaire », le Boulevard GDG faisait partie d’un plan d’urbanisation voulue par le Président Senghor qui entendait ainsi mettre en pratique une vision déjà pensée et dessinée par le colonisateur dès 1946. Celui-ci prévoyait une expansion jusqu’à Mbour et Thiès… Mais arrêtons de rêver et revenons à notre triste réalité.
Mor SOW, un résident, témoigne sur Sud Fm : « j’habite ce quartier depuis 1965, mais à mon grand regret, je constate impuissant la dégradation de ce quartier qui faisait la fierté de ses occupants. Nous ne reconnaissons plus notre quartier avec cette occupation anarchique par les commerçants gargotiers, gros porteurs, charrettes etc. Chacun en toute impunité s’installe. L’insécurité a pris ses marques ».
Ce cri de cœur est loin d’être isolé. La plaie s’est étendue aussi à Gibraltar 1 comme 2, et si rien n’est fait, ce sera Gibraltar 3.
Entre 1990 et 2000, les maisons situées sur les Allées du Centenaire ont commencé à accueillir les premiers commerçants chinois. Ceux-ci paient rubis sur ongle et à un prix défiant toute concurrence.
L’occasion faisant le larron, les grossistes chinois ont « créé » des détaillants qui ne se sont pas gênés pour s’installer à même les trottoirs et vendre leurs marchandises. La nature ayant horreur du vide, les propriétaires de « pousse-pousse », ces engins à deux roues prévus au transport des marchandises à la force du biceps, entrent en action et contribuent à l’étranglement de l’espace. Le « laisser-faire » et le « laisser-aller » des autorités compétentes faisant le lit de l’anarchie, des mannequins et des ballots vont sortir comme par enchantement pour mieux encombrer les trottoirs Après tout, « mbédou buur leu ! », littéralement la rue appartient à tout le monde, vous rétorqueront les plus enhardis !
Comme il faut des moyens de transports pour ce beau monde, les conducteurs de Tiak Tiak et de voitures dits « clandos », excusez du peu, décident un beau jour de créer des « garages » et aires de stationnement, en toute impunité. Le comble est que ce garage est placé juste au pied des policiers en charge de la circulation !
Parlant justement de circulation, sur le Boulevard Général De Gaulle nous assistons à un paradoxe qui n’existe que sous nos cieux. Inauguré en grandes pompes, il y a tout juste un mois (en Avril 2024) par les nouvelle autorités, le BRT (Bus Rapide Transit), un bijou de technologie et un diamant qui, dans son tronçon Allées Papa Guéye Fall– Centenaire) offre à ses passagers un spectacle de désordre, de bruit et d’insalubrité avec comme corollaire une insécurité avec les motocyclistes qui ne respectent aucun code de la circulation. Un autre danger qui guette.
RIVERAIN EN DANGER / RIVERAIN ETRANGER CHEZ LUI
Le visage de Centenaire et de Gibraltar est devenu désormais méconnaissable. C’est l’architecture même de ses quartiers qui a été transformée. D’abord par la plupart des propriétaires qui, à cause de la cherté du prix du loyer et certaines contingences familiales, transforment à leur gré l’habitat originel. Ensuite, les nouveaux propriétaires en majorité les occupants des magasins sur les Allées du Centenaire qui décident de résider à Gibraltar en transformant toutes ces maisons acquises en véritables forteresses, ce qui ajoute à son hideuse transformation Se déplacer à pied devient un parcours du combattant, il n’y a plus de trottoir, et se risquer à emprunter un bout de trottoir est lourd de conséquences. Des riverains ont été percutés par des motocyclistes alors qu’ils se trouvaient sur le trottoir, d’autres ont subi des menaces pour avoir voulu empêcher des gros porteurs de stationner devant chez eux pour transborder des marchandises.
Les plus jeunes n’ont pas la chance de pouvoir gambader dans leurs quartiers comme le faisaient leurs parents à cause de l’insécurité galopante. A part un terrain de sable qui sert de terrain de football à près de cinq quartiers (Centenaire Gibraltar 1, 2, 3 et la Médina), il n’existe aucun espace de loisirs pour des milliers de résidents. Et voilà qu’un beau jour, on annonce à ces anciens paisibles quartiers de Centenaire et Gibraltar l’installation par la mairie de toilettes publiques ! Raison invoquée, la construction d’un ilot de magasins qui a fini de transformer ces quartiers en véritables souks. Face à la farouche détermination d’un seul homme d’abord, Souleyname Sy, suivi aussitôt par la plupart des résidents conscients que la survie même de leurs quartiers est en jeu, les riverains font bloc. Cette détermination va payer avec l’arrêt par la DESCOS des travaux et par la décision de la municipale de mettre un terme à ce projet d’une autre époque. Après plus de vingt ans de silence face à la détérioration de leur environnement, les résidents se sentent envahis, étouffés et malmenés de toutes parts. Les sentiments les mieux partagés ont pour nom ; frustration, dégoût (l’insalubrité gagne du terrain avec les eaux usées laissées par les garrottes et les propriétaires de « pousse-pousse » qui dorment sur un lit de cartons à même leur engin) .
LES HABITANTS DE CES QUARTIERS DANS UN ELAN CITOYEN ONT DECIDE DE PRENDRE A BRAS-LE CORPS LE MAL.
Constitués en collectif qui ne se réclame d’aucune chapelle, les résidents ont décidé d’agir de concert pour s’indigner et contrer les autorités compétentes d’en face. En disant STOP à l’occupation anarchique de l’espace, STOP à l’insalubrité, STOP au stationnement des gros porteurs et au déchargement dans la rue des marchandises. STOP à la transformation des villas en hangar de stockage, en restaurants et autres supermarchés. L’alerte est lancée car le feu bouillonne tel un volcan en éruption. Les riverains sont déterminés à aller jusqu’au bout, tout en restant dans la légalité face eux vendeurs et connexes qui estiment qu’ils sont dans le cadre de leur gagne-pain dans un Sénégal où chacun est libre de vaquer à ses activités.
Le Sénégalais est un voisin pacifique, accueillant et très ouvert à l’autre, mais le plus pacifiste au monde ne saurait accepter d’être agressé. L’annonce par Monsieur le Président de la République d’une journée d’investissement humain pour assainir nos habitations sonne comme une réponse à l’appel au secours qui dure depuis plus de deux décennies. Cela en valait la peine. L’espoir est permis.
Par Tina DIOME - ECG
PAR Yoro Dia
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, LE TEMPS NE CHÔME PAS
Les assisses de la justice confirme la perte de temps parce que le président est tombé dans le piège des rentiers de la tension. Sonko confine Diomaye au Palais et dans les airs pour mener des combats idéologiques anachroniques
Le président de la République est parti des « assises pour redorer le blason de la justice » dans son discours du 3 avril à la nécessité d’éviter le « gouvernement des juges » dans le discours du 28 mai. Il a mis beaucoup d’eau dans son bissap. Immense paradoxe car quand on veut éviter un gouvernement des juges on reconnait au moins que la justice est un tant soit peu indépendante car on parle de gouvernement des juges dans un système où les juges sont trop puissants et ne sont donc pas à la botte de l’exécutif ou du moins n’écrivent pas sous sa dictée. Donc le président confirme que ces assises sont une perte de temps. Au Sénégal, l’Etat est soumis au Droit. Il n’y a que dans un pays où l’Etat est soumis au Droit que le Conseil constitutionnel censure l’exécutif plusieurs fois en quelques semaines et qu’un juge de province puisse en toute indépendance annuler une décision de l’Etat ou un avocat général va l’encontre de la volonté de l’Etat.
La seule urgence en matière de justice touche à l’économie qui est la seule et grande du pays. L’urgence en matière de justice est comment améliorer la sécurité juridique et judiciaire pour l’investissement et la croissance et en la matière la décision du président de la République et du Premier ministre d’arrêter arbitrairement les travaux sur la corniche est un mauvais signal pour l’investissement. Le président de la République n’est pas François 1er dont le « bon plaisir devient la loi » et la punition collective au-delà de violer le Droit est une injustice contre ceux qui ont fait l’effort d’être en règle. Un jour j’avais demandé au patron d’une grande entreprise de BTP pourquoi le choix du Sénégal en dehors de l’Allemagne pour un investissement de plusieurs milliards et sur plus de 20 ans. Il me répondit que pour des investissements aussi lourds le Sénégal avaient des avantages comparatifs : stabilité politique et sécurité juridique et judiciaire. La sécurité juridique judiciaire ne doit pas dépendre des humeurs du président et de son Premier ministre ou d’un courtisan affairiste.
Les assisses de la justice confirme la perte de temps parce que le président est tombé dans le piège des rentiers de la tension. Après les assises de la justice, ils vont lui proposer les assises du code électoral et réforme du système électoral dans un pays où notre grande administration peut organiser une présidentielle en 3 semaines et une transition entre deux présidents en 10 jours. Ils ne vont pas manquer de proposer naturellement une CENI sans oublier les assises de la décentralisation. Le candidat Amadou Ba proposait de faire gagner 5 ans au Sénégal dans sa marche vers l’émergence avec le gaz et le pétrole dont nous attendons incessamment les premiers barils. Malgré le pétrole et le gaz on est parti non pas pour gagner 5 ans mais pour en perdre avec un président sous la coupe des rentiers de la tension et un Premier ministre qui confine le président dans un rôle de Roi d’Angleterre ou de président d’Allemagne ou d’Israël. Sonko confine Diomaye au Palais et dans les airs pour mener des combats idéologiques anachroniques comme le souverainisme désuet. Le confinement politique du président permet au Premier ministre de s’approprier ses pouvoirs propres comme la politique extérieure et la défense où il étale son ignorance et surtout l’anachronisme de ses combats.
Lors de la deuxième guerre mondiale, le Japon qui a été dévasté par deux bombes atomiques américaines abrite encore des bases américaines. Il en est de même pour l’Allemagne qui abrite des bases américaines malgré leur défaite face aux américains parce que ces deux pays après avoir défini la géographie de leur intérêt national en ont conclu que l’alliance avec leur vainqueur étaient encore dans leur intérêt. Un célèbre ambassadeur de France à Dakar me racontait la torture d’être ambassadeur de France dans un pays francophone d’Afrique en disant quand tu ne dis rien, on dénonce l’indifférence et dès que tu ouvres la bouche on dénonce l’ingérence. Comment Sonko qui se dont le souverainisme n’est le refoulement du désir de résonance de la France peut reprocher à Macron de ne pas s’être ingéré dans nos affaires intérieures après avoir reçu fièrement chez lui des émissaires de l’Elysée. Dommage que Sonko ait reconnu que le Projet n’existe pas parce que au fond notre Premier ministre qui est un excellent dramaturge car la scénographie, le suspens de l’attente du projet a été digne du « mandat » de Sembene ou le « en attendant Godot » de Beckett. Donc en attendant Godot pardon le Projet en décembre comme le promet Sonko, espérons que Pastef sorte de l’indigence intellectuelle pour lui trouver au moins un nom. Maintenant que tout le monde sait que le Projet n’existe pas après les aveux de Sonko dans le communiqué du Conseil de Ministres du 24 avril, on est aussi parti pour 5 ans de tâtonnements en matière de politique défense et de politique extérieure où le feeling et les humeurs de notre Premier vont se substituer à la vision et stratégie.
Quand on voit que les amis de notre Premier ministre (Goita du Mali, Coulibaly du Burkina, et Tiani) ont tous renvoyé la tenue des élections aux calendes grecques, on a une idée de la déviation que va prendre notre politique extérieure qui va se fonder sur la négation des valeurs du Sénégal. La négation du Sénégal est une constante chez notre Premier ministre qui préfère parler de Sénégambie méridionale, de Tirailleurs africains alors que le terme consacré est tirailleurs sénégalais. Négation du Sénégal quand, au pays de Diouma Dieng Diakhate, de Colle Ardo Sow, notre Premier ministre choisit un accoutrement fort bizarre pour recevoir Mélenchon. Au-delà de la faute de gout, une autre forme de négation du Sénégal. Négation du Sénégal quand il pose fièrement avec un casseur dans un Tweet pour faire l’apologie de la violence contre les Forces de l’ordre et avance masquer pour faire exiler le Général Kande qui s’est couvert de gloire en Casamance en faisant face aux casseurs de la République que sont les maquisards du MFDC. Le cannibalisme du populisme doit s’arrêter à la porte des camps et des casernes. C’est pourquoi il faut regretter les propos du nouveau Haut Commandant de la Gendarmerie qui parle de « réconcilier la gendarmerie avec le peuple » lors de son installation. La gendarmerie n’a aucun problème avec le peuple. Entre le déshonneur de voir la République s’effondrer face à l’insurrection et l’honneur d’aller au front pour la sauver afin qu’elle reste debout, elle a choisi de faire son devoir dans l’honneur. Le populisme ne doit franchir la porte des camps et des casernes car le maintien de l’ordre n’a pas de couleur politique et est consubstantiel à l’Etat et à la République.
Monsieur le président, le temps ne chôme pas, Gardez-vous d’en perdre et d’en faire perdre au pays en vous consacrant à l’essentiel : l’économie et la croissance.
Amadou Tidiane WONE
RESEAUX… ASOCIAUX ?
Pauvres pays africains… Déjà passablement embourbés dans des crises multiples et multiformes dont les causes structurelles mériteraient une approche plus rigoureuse pour fonder un consensus fort sur les voies et les moyens de les juguler
Pauvres pays africains… Déjà passablement embourbés dans des crises multiples et multiformes dont les causes structurelles mériteraient une approche plus rigoureuse pour fonder un consensus fort sur les voies et les moyens de les juguler, les pays africains, et plus particulièrement notre Sénégal, sont livrés au cannibalisme des réseaux dits sociaux. Au vu des dégâts considérables que les nouveaux outils de diffusion de la parole commencent à causer sur les équilibres…sociaux(!)ancestraux de notre nation, il est impératif de refuser la fatalité et de rebâtir des digues, inexpugnables, pour protéger le coeur de notre «commun vouloir de vivre ensemble». En effet, les outrances verbales, commises naguère sous le sceau de l’anonymat, osent désormais s’afficher, en direct et à l’image, et veulent s’ incruster dans la normalité. Ces dérives…verbales en attendant mieux (?) n’épargnent plus aucun secteur. Du profane au…sacré! Aucune personnalité politique, religieuse ou coutumière, quel que soit son âge et son honorabilité, n’est plus à l’abri d’agressions verbales de bas étages venant de personnages inconnus au panthéon des bâtisseurs du Sénégal. À quelque échelon que ce soit. Le fait nouveau étant que certains de ces « illuminés» vont jusqu’à s’attaquer aux croyances les plus sacrées des différentes composantes de notre Nation. En réalité, ces prétendus «Don Quichotte» des temps modernes surfent sur l’actualité pour se tailler une «renommée» en s’attaquant à ceux qui ont plusieurs longueurs d’avance sur eux en termes de réalisation de leurs propres vies. C’est, en fait, la lumière de ceux qu’ils attaquent qui les sort de la pénombre. Car, ces tristes individus ne s’attaquent qu’à des personnes connues pour tirer profit de leur aura. Plus la cible est visible, plus l’attaque sera perfide et inattendue. Plus l’insulte sera indécente, plus elle suscitera l’indignation des uns et, hélas, la curiosité lubrique des autres. Effet buzz assuré, comme on le dit maintenant. Promotion de la bêtise et de la méchanceté gratuite….ou presque. Il se dit en effet que certains insulteurs publics seraient sponsorisés…. Allez savoir par qui!
La question qui se pose désormais à nous tous est la suivante: pourquoi nous regardons et surtout… pourquoi nous partageons certaines «pépites» en termes de déchéance de la nature humaine? Pourquoi nous donnons une audience à des voix qui devraient rester inaudibles? Car en vérité, certains sénégalais, de plus en plus nombreux, semblent avoir une tendance à se délecter du malheur des autres. En dépit des apparences, souvent trompeuses, nos concitoyens consomment sans retenue les ragots les plus invraisemblables et diffusent, à la vitesse du son, les pires médisances pourtant qualifiées de péchés…capitaux dans tous les prêches !
Que nous arrive t- il donc? A moins de nous accorder définitivement sur le fait que la majorité des sénégalais ne sont plus conformes aux valeurs spirituelles et religieuses, mais aussi traditionnelles et coutumières qui ont fait la gloire de nos résistants ainsi que le prestige de nos guides religieux. En tout état de cause, il va falloir secouer vigoureusement la torpeur collective! Il va falloir se dresser, en un sursaut salvateur, et faire face au processus avancé de délitement du socle fondateur de notre nation.
Nous valons mieux! J’ose encore l’espérer…
Les médias traditionnels devraient ouvrir leurs antennes à des débats en profondeur sur la crise des valeurs qui tend à la destruction de notre tissu social. Je dis bien débats et non querelles de bornes fontaines comme on en voit tant sur certaines chaînes. Les voix qui portent devraient mesurer leur responsabilité et l’assumer. Car, même l’émergence chantée sous tous les toits perdrait son sens dans le contexte d’un pays moralement et culturellement détruit.
Au premier rang des facteurs aggravants de la crise actuelle, l’oisiveté. Il faut en effet beaucoup de temps, et rien à l’horizon, pour consommer tout ce qui se diffuse sur les réseaux sociaux. Second facteur, l’éducation ou plutôt le manque d’éducation et d’instruction notamment en la matière, toute nouvelle convenons-en, d’utilisation des nouvelles techniques de communication (NTIC). D’usage très simple, voire simpliste pour la plupart des applications sur téléphone mobile, ces outils se transforment en armes de …destruction massive entre certaines mains. Des discours violents, indigents et incendiaires fusent de partout et des lignes de fractures commencent à se dessiner. Il va falloir y mettre le holà avant l’irréparable. Le Khalif Général des Mourides a bien fait de tracer une ligne rouge à ne pas dépasser. Le Khalif Général des Tidiane a également lancé un appel à la sérénité en rappelant le respect dû à toutes les confessions ainsi qu’à toutes les croyances. Ils sont dans leur rôle. L’église catholique, par la voix de l’Archevêque de Dakar a tiré plusieurs fois la sonnette d’alarme. D’autres voix s’élèvent, par-ci par-là , qui attestent que le malaise est latent. Il reste à consolider ce cadrage par l’engagement de tous les patriotes sincères à préserver l’essentiel. Plus encore, il va falloir élaborer une stratégie nationale d’éducation et d’apprentissage à l’utilisation des NTIC mais aussi à la répression des délits qui pourraient en découler.
Et pourtant ! Que de possibilités s’offrent à nous pour résorber plusieurs gaps dans tous les secteurs de l’activité humaine grâce aux nouvelles technologies ! Tenez, rien que pour le secteur éducatif, les possibilités de se former en ligne et même d’accéder à des diplômes sont infinies. Les MOOC (massive open online course,) ou formation en ligne ouverte à tous (FLOT), appelée aussi cours en ligne ouvert et massif (CLOM), sont des types de formation à distance capables d’accueillir, en même temps et selon des localisations géographiques différentes un grand nombre de participants. L’offre en formations est y est diverse. Elle est pointue. Même les retraités désireux de changer, ou de bonifier leur profil, peuvent y trouver leur bonheur. Face à l’engorgement de nos universités et à la pauvreté de nos bibliothèques, les étudiants peuvent y compléter les cours reçus en amphi par des cours en ligne sur des sujets abordés en classe. Il suffit d’un accès à internet et d’avoir une ferme volonté à progresser, le désir ardent de se former.
Au demeurant, un autre des intérêts des réseaux sociaux est leur utilité en terme de veille démocratique et citoyenne: Plusieurs exactions commises, notamment par des services « d’ordre ,» ont pu être portées à l’attention des autorités et des organisations en charge du respect des droits humains. Cela va dans le bon sens. Des faits de corruption et de mauvaise gouvernance ont pu être dénoncés. Il faut simplement encadrer tout cela, pour ne pas ouvrir la porte à des manipulations de toutes sortes, en corsant les sanctions en cas de malfaisance avérée.
Tout cela pour dire que les dimensions positives et utiles à nos pays doivent prendre le pas sur la médiocrité ambiante et ses dérives. Éduquons nos peuples. Montrons aux jeunes les possibilités infinies qu’ils pourraient tirer des NTIC et des réseaux sociaux pour se réaliser et contribuer au développement de notre pays. Passer son temps à se distraire sur internet c’est passer à côté de tout ce qu’il peut offrir! Les spécialistes sont nombreux dans notre pays qui pourraient investir ce vaste et passionnant chantier.
On commence quand?
Par Assane Gueye
JUSTICE IMMANENTE
Le secteur de la justice tremble-t-il si terriblement dans ses fondations que l’on veuille le refonder ? Difficile à dire.Dame Justice n’est pas parfaite comme toute œuvre humaine mais il est quelque injustice à la dépeindre comme la plus problématique
Le secteur de la justice tremble-t-il si terriblement dans ses fondations que l’on veuille le refonder ? Difficile à dire. Dame Justice n’est pas parfaite comme toute œuvre humaine mais il est quelque injustice à la dépeindre comme la plus problématique au Sénégal. Et pourtant, c’est bien l’une de ses branches, le Conseil constitutionnel en l’occurrence, qui vient d’opérer l’un des plus grands sauvetages de la République depuis son indépendance. Vilipendée, huée, conspuée, l’institution a empêché de peu le saut dans le vide vertigineux dont personne ne sait où il allait mener. L’idée d’en faire une cour fait son petit bonhomme de chemin. La vie est faite de destructions créatrices sauf que ce conseil, grand seigneur malgré les profanations, est déjà dans la cour des grands depuis ce refus historique opposé à un chef de l’État sortant qui ne semblait plus avoir le sens de l’État. On peut donc bien ausculter un domaine mais il faut surtout se garder de vouloir recréer la roue, faire table rase ou marcher sur un fil comme c’est le propre des funambules. De toute évidence, ce n’est de fraîche date qu’on tente des mouvements sans avancer en rien sur ce chantier. Se pose-t-on véritablement les bonnes questions ? Est-ce la justice qui dysfonctionne ou est-ce seulement un manque criant de justesse imputable à tous ? Les griefs soulevés çà et là viennent pour la plupart de ceux qui ne respectent pas la loi. En l’occurrence, la société souffre d’une maladie presque incurable qui est ce manque sidéral de philosophie comportementale. La putréfaction des comportements ne fait pourtant que suivre la courbe du démantèlement de l’exigence et de la discipline individuelle et collective. Tout se tient et tout s’explique dans la vie. Quand on vient d’arriver et qu’on trouve un état des lieux si proche de la consternation partout où le regard se jette, il n’y a pas de choix possible. Il faut travailler dans l’urgence mais la confusion entre vitesse d’exécution et précipitation ne garantit aucune précision chirurgicale. Le bon chirurgien n’opère pas sinon très peu.
Le mot-clé, c’est la confiance
Dans un pays en mutation où opposition et pouvoir permutent et passent sans résoudre les vraies questions, les sujets d’inquiétude s’entassent sur toutes les tables de travail sans qu’aucune d’elles ne soit renversée par manque de volonté, d’intuition ou de dextérité. Y aurait-il par exemple pire ignominie que la réalité de cette foule d’enfants de la rue qui passent comme des gueux invisibles dans le décor impitoyable et désormais rustique de la capitale ? Seuls ne comptent que les enfants biologiques, encore qu’ils ne sont plus que le fruit d’un acte dans lequel ils sont rarement pris en compte. Ne parlons même pas de la prise en charge défectueuse de la jeunesse vivante et vibrante dont la crise a fait des jeunes vieux alors même qu’ils n’ont pas encore débuté dans ce monde. Quoi dire de la détresse sociale qui a mis sur orbite les attitudes de survie ? De l’insécurité au quotidien qui donne la peur au ventre, la crise d’autorité ou du logement, le cadre de vie très peu encadré ravageur de bien- être émotionnel ? Autant de matières à dissertation mais épineuses dont la seule évocation est un constat d’échec. Beaucoup de monde se défilent d’ailleurs devant cette perspective de la couronne d’épines. Tous ces sacs à problèmes interminables invitent à un traitement diligent de la part de ceux qui avaient levé la main pour proclamer leur capacité d’action. Il faut leur accorder du temps afin de mesurer la complexité des dossiers. Mais les vainqueurs écrivent l’histoire, arrêtent les agendas et n’ont pas de solution miracle. Malgré la caricature ambiante, Dame justice est miraculeusement restée une grande dame. Elle le restera d’autant mieux qu’elle inspire confiance. La confiance est le mot-clé. Telle est l’autre nom de la justice. Quand cette dernière s’absente, c’est pire que l’injustice qui s’installe. C’est la jungle qui amorcerait son avènement. Dieu nous en garde. Il n’y a pas un retour à l’état de nature. L’État de droit est droit dans ses bottes. La justice des hommes fait débat. Le tribunal de la conscience, celle de l’histoire, le temps et surtout la justice immanente en sont hermétiques. Ils resteront toujours les meilleurs juges. Les nouvelles autorités voient, sentent et connaissent mieux que personne la toute-puissance et la célérité de la justice de Dieu.
Par Abdoul Aly KANE
LE CASSE-TETE DE L’ENDETTEMENT PUBLIC
Sur la base de ce qui apparait comme une Fake News économique, une certaine presse avait affirmé que la Côte d’Ivoire avait quitté la liste des pays à revenus intermédiaires pour retourner à celle des « Pays Pauvres Très Endettés »
Sur la base de ce qui apparait comme une Fake News économique, une certaine presse avait affirmé que la Côte d’Ivoire avait quitté la liste des pays à revenus intermédiaires pour retourner à celle des « Pays Pauvres Très Endettés » (PPTE).
Selon cette presse, ce retour en PPTE était imputable à un niveau d’endettement insoutenable pour le pays.
Les démentis n’ont pas tardé, en particulier de la part des « Big Three » (Moody’s, Fitch et S&P), considérés comme des agences sévères dans leur évaluation de la capacité des Etats africains à rembourser leurs dettes, rendant par conséquent malaisé leur accès au marché financier à des conditions « soutenables » (les notations basses en matière de risque souverain générant en effet des coûts d’emprunt — taux d’intérêts plus élevés).
C’est le lieu de constater le poids des évaluations des agences de notations sur l’accès au financement international.
Les investisseurs institutionnels, friands d’obligations souveraines d’origine africaine, sont à l’écoute de ces agences qui, par leurs seules appréciations, peuvent faire basculer les Etats dans la paralysie financière, quel que soit leur niveau d’endettement.
Le Ghana en fait l’amère expérience, et son exemple nous vient à l’esprit, s’agissant de nos relations avec les institutions financières internationales. En effet après avoir souverainement affirmé son intention de ne plus avoir recours au FMI, ce pays vient de solliciter l’appui financier de cette institution, faute d’alternative pour passer le cap de la situation d’impasse de trésorerie à laquelle il doit faire face.
Le Sénégal et la Côte d’Ivoire donnent le sentiment d’être « chouchoutés » par l’institution de Bretton Woods.
Pour ce qui concerne plus particulièrement notre pays, le FMI donne le sentiment de ne pas suffisamment tenir compte des capacités propres de remboursement de sa dette publique.
L’endettement public a connu une très forte hausse sous le magistère du président Macky SALL pour des investissements dont on ne mesure pas encore l’impact sur la transformation structurelle de l’économie, faute d’indicateurs internes suffisamment parlants et de liaisons inter sectorielles prouvant l’amorce d’un processus de développement économique endogène.
Au contraire, le modèle post colonial est toujours en vigueur. Il est caractérisé par une production agricole ne permettant pas de nourrir la population, une industrie peu développée, un secteur des services portant l’essentiel de la croissance économique (Banques, Assurance, Télécom etc.), un commerce extérieur structurellement en faveur des importations au détriment des exportations, pour l’essentiel constituées de produits miniers non transformés (or, zircon etc.) avec une faible participation de l’Etat dans « les tours de table » des sociétés minières étrangères en charge de l’exploitation.
Il en va de même des entreprises privées chargées de l’exploitation de services publics dans le cadre de contrats de délégation de services publics comme les PPP, laissant la portion congrue aux sociétés publiques de gestion de patrimoine, destinées au remboursement des emprunts.
L’Etat du Sénégal a de plus en plus recours au marché obligataire régional et international pour couvrir ses besoins de financement.
Les ministres des Finances et budgets de Macky SALL ont fait des succès des d’émissions obligataires ou d’eurobonds, des arguments de robustesse d’une économie en passe, selon eux, d’atteindre l’émergence économique (concept très flou d’ailleurs).
Il n’était pas rare d’entendre : « les investisseurs ont souscrit plus que ce dont nous avions besoin », vantant par ce biais la qualité de la signature du Sénégal.
Comment pouvait-on à ce point se prévaloir de la turpide d’emprunter, s’en réjouir publiquement, puis aller dans les fora internationaux pour demander l’annulation de la dette qu’on emprunte à tour de bras ?
Cet endettement tous azimuts coûte aux populations de payer l’électricité plus cher puisqu’il est demandé au Gouvernement de supprimer la subvention sur l’électricité afin de réduire les dépenses budgétaires.
La dette publique renvoie à son utilité et à son efficacité. Depuis son départ, l’ancien président de la République ne nous a pas encore édifiés sur le stade auquel le pays est parvenu en termes d’émergence économique, dont il avait fixé le terme en 2035.
Au final, nous nous sommes retrouvés avec un PSE dépensier, dont les réalisations n’ont pas généré le retour permettant de soulager la trésorerie publique car marqué par la réalisation d’infrastructures de prestige privilégiant le confort des usagers et exploitées par des entreprises transnationales au détriment du secteur privé national (L’Etat et le secteur privé local étaient prévus pour détenir ensemble un total de 30 % dans le capital de la future société d’exploitation du BRT).
L’utilisation des fonds COVID est venue donner une tournure plus tragique à la question de l’endettement. Les rapports des corps de contrôle ont fait état d’une utilisation plus que douteuse des fonds COVID. Des rapports commandités par ses soins et non transmis aux autorités judiciaires pour des sanctions exemplaires à l’encontre des gestionnaires, ce qui fait que l’ancien Président Macky SALL ne pourrait se soustraire des responsabilités de cette débâcle financière.
Les institutions financières internationales en sont sans aucun doute conscientes, ce qui peut expliquer une certaine propension à trouver avec les nouvelles autorités des solutions équitables et justes par rapport à la dette et aux conditionnalités.
Cependant, malgré l’appréciation de son niveau considéré comme élevé, la dette africaine reste tout de même dans les normes mondiales.
Les institutions financières et agences de notation plus sévères avec les pays africains qu’avec les Occidentaux !
Au 1er février 2022, la dette américaine était d’environ 30 610 milliards de dollars, soit 130% du PIB des USA, (110% du PIB pour la France pour une limite fixée à 60%) tandis que la limite est fixée à 70% du PIB par l’UEMOA).
Seulement, les institutions financières et leurs partenaires chargés d’évaluer les risques souverains sont moins regardants sur le respect des indicateurs en la matière par des pays occidentaux où il sera davantage tenu compte du « profil de la dette ».
De plus, ces pays ont des solutions de financement alternatives plus diversifiées, via la Banque Centrale Européenne (BCE) pour la zone euro, et la FED (le Trésor américain) pour les USA, dont nous avons parlé dans de précédentes contributions.
L’Afrique évolue donc dans les marchés financiers sous une contrainte plus forte des bailleurs de fonds. Les financements PPP seront plus aisés à collecter, du fait que les revenus seront encaissés par l’exploitant qui « gère les fonds » et paie la redevance directement au bailleur.
La liberté ou souveraineté passe par se débarrasser du joug financier qui nous étreint depuis le milieu des années 70, caractérisé par un budget public ne bénéficiant plus de subventions au profit de l’arachide, spéculation elle-même en proie à la concurrence et dépréciée sur le marché international. En guise de rappel, l’arachide sénégalaise et l’huile fabriquée au Sénégal ont bénéficié d’un marché français protégé jusqu’en 1966.
La suppression des tarifs préférentiels accordés par la France, suivie de quatre années de sécheresse (1969-1973), et enfin la concurrence d’autres huiles (soja, colza et tournesol) ont sonné le glas du système arachidier, entrainant les banques dans la débâcle financière via l’ONCAD.
Principaux pourvoyeurs de recettes publiques, l’arachide et ses dérivés ont entraîné une plus grande sollicitation du FMI. Depuis lors, notre Etat est accoutumé à boucler son budget avec l’appui financier de cette institution basée à Washington pour faire face à ses dépenses qu’il juge incompressibles.
L’endettement est ainsi devenu une constante en matière d’ajustement budgétaire
A force, on en arrive même à une situation où les titulaires de la gestion des budgets et des finances n’hésitent pas à montrer leur grande satisfaction d’obtenir sur les marchés financiers des ressources pour des volumes dépassant leurs prévisions initiales. De supposés hauts faits d’armes prouvant à leurs vis-à-vis leur propre expertise et la confiance des investisseurs en la « robustesse » de l’économie du pays dont ils ont la charge !
Cette propension quasi exclusive au recours à l’endettement public dure depuis bientôt 40 ans.
Pourtant, le pays est encore en voie d’émergence ; de surcroît, dans le rapport 2022 du PNUD (IDH) il est classé dans la catégorie des pays de développement humain faible à la 170ème place sur 193 pays.
En définitive, nous demeurons convaincus que ceux qui nous tiennent par le portefeuille sont ceux-là qui nous maintiennent dans le modèle de domination économique en vigueur depuis l’indépendance, laissant nos dirigeants utiliser l’argent public avec laxisme.
Aussi nous rejoignons ceux qui militent en faveur d’une réforme des institutions de Bretton-WOODS allant dans le sens de la transformation structurelle de l’économie africaine, laquelle serait bien entendu accompagnée d’un système monétaire africain tendu vers le même objectif transformationnel.
L’option choisie par ces institutions de financer des économies balkanisées et enclavées, ne pouvant saisir les opportunités offertes par un marché sous régional homogène de près de 300 millions d’habitants, est très éloignée d’une réelle volonté de favoriser un développement économique intégré.
C’est le lieu de féliciter le Président FAYE pour ses déplacements réservés à la sous-région, qui marquent, à n’en point douter, une volonté de donner plus d’envergure à la coopération économique sous-régionale.
Nous pensons en effet que l’émergence économique en solo des pays africains est une chimère et favorise une exploitation économique plus aisée pour d’autres pays à la recherche de matières premières à transformer.
Les investissements permettant de désenclaver les pays naturellement fondés à œuvrer pour des projets et programmes complémentaires doivent être érigés en priorité, avant la mise en place de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (Zlecaf) conçue comme étant le marché régional où s’échangent les produits fabriqués en Afrique.
Pour finir sur l’endettement souverain, nous croyons que la vraie question ne réside pas dans le coût ni dans la devise de l’emprunt ; la problématique réelle tourne autour de la rentabilité des investissements auxquels ces ressources financières sont affectées et surtout leur capacité à générer des retours suffisants pour le remboursement et une marge d’autofinancement.
Le contrôle de l’utilisation de ces ressources par les gestionnaires doit être rigoureux. Il ressort des analyses économiques sur l’Afrique que l’endettement souverain s’est fortement accentué avec la mise à disposition des fonds liés au COVID 19.
Pour ce qui concerne le Sénégal, les rapports des corps de contrôle sur l’utilisation des ressources affectées à la pandémie soutiennent que des distractions frauduleuses ont été opérées par les gestionnaires.
Ces rapports ont fait état de cas de détournements de fonds publics reliés à la pandémie.
Il s’agit de faits que la morale réprouve d’autant plus qu’il s’agit de maladie et de pertes en vies humaine. Il s’agit également d’emprunts souscrits au nom du Sénégal et que les Sénégalais doivent rembourser aux organismes prêteurs, qui ont été soustraits. Il serait par conséquent inconvenant que les fauteurs fussent épargnés.
C’est la raison pour laquelle les nouvelles autorités doivent sévir avec fermeté et ordonner un audit global de la dette souveraine pour y voir clair, mettre en place à court terme des procédures de contrôle rapproché et un « monitoring » permettant de relier à tout instant les ressources affectées à un investissement, à sa rentabilité économique et sociale.
Par Me Alassane CISSE
ASSISES DE MA JUSTICE 2024
Plusieurs aspects du fonctionnement de la justice ont besoin de faire l’objet de retouches qui permettront d’améliorer les procédures et le traitement des dossiers.
Plusieurs aspects du fonctionnement de la justice ont besoin de faire l’objet de retouches qui permettront d’améliorer les procédures et le traitement des dossiers.
La justice pénale offre certes plus de visibilité dans son traitement et sa distribution, en raison de ce que le droit pénal est ce que le Doyen Carbonnier appelait le droit de la « pathologie sociale » : chaque fois qu’il y a un procès pénal, c’est qu’il est reproché à un citoyen d’avoir rompu avec le respect de l’ordre social. Et alors, la comparution du citoyen appelé à répondre de sa responsabilité pénale peut rapidement prendre les contours d’un spectacle médiatique et/ou médiatisé.
Toutefois, la justice sénégalaise ne souffre pas seulement de son procès pénal. Derrière la pierre ainsi jetée à ce segment du fonctionnement de la justice, se cachent bien d’autres complaintes.
I / Les sources des problèmes du procès pénal
En matière pénale, des réformes seraient la bienvenue sur plusieurs questions, touchant à toutes les étapes des procédures.
D’abord, au stade de l’instruction
J’aurais pu commencer par la phase d’enquête, mais si j’entame mon propos en évoquant le stade de l’instruction, ce n’est pas pour considérer qu’il n’y a rien à corriger à cette première étape et dédouaner ainsi les officiers de police judiciaire (OPJ), en matière d’investigations de police.
C’est parce que, d’une part, je n’accorde pas aux procès-verbaux d’enquête de police plus de force probante que le législateur lui-même ne leur en accorde (cf article 417 du CPP : ces PV « ne valent qu’à titre de simples renseignements »). D’autre part, l’enquête de police, loin de constituer l’étape finale, est suivie d’un procès (se tenant publiquement), qui est la phase idéale et ultime pour apporter les correctifs et rattrapages aux errements de la procédure.
De troisième part, les OPJ ont encore besoin, à ce jour, de mieux se familiariser avec les nouvelles dispositions issues du Règlement numéro 05 de l’UEMOA sur la garde-à-vue.
Il y a lieu de saluer leur capacité d’adaptation et de leur accorder encore de la patience et de la compréhension.
A ce niveau donc, c’est-à-dire, au stade de l’instruction, la première préoccupation de ceux qui seront en charge des réformes projetées devra porter sur les hommes, en termes d’effectifs et d’efficacité. La deuxième préoccupation aura pour objet l’impérieux besoin de donner un véritable contenu au respect du contradictoire et des droits de la défense par le parquet et ses services.
S’il est vrai que la question des effectifs doit être traitée au niveau des pouvoirs publics et constitue donc un des aspects de la politique de la justice en général, il en est tout à fait autrement de l’efficacité des juges en place.
A partir du moment où ils sont placés en situation d’exercer leurs fonctions, l’efficacité des juges, serment prêté, devient leur affaire personnelle et l’affaire de leur conscience personnelle et professionnelle.
Toutefois, il y a une limite à cette exigence et à cette capacité de dépassement qui sont attendues d’eux : il faut bien que les objectifs assignés à ces femmes et à ces hommes soient réalisables au regard des effectifs et des moyens mis à leur disposition.
Le besoin d’efficacité et de ponctualité des cabinets
Dans les reformes à intervenir, il faudra trouver des parades aux difficultés rencontrées par les avocats et justiciables au niveau des cabinets d’instruction.
Bien souvent, le principal obstacle auquel se heurtent les avocats est constitué par la quasi impossibilité de rencontrer le juge, ou le greffier, du cabinet d’instruction en charge du ou des dossiers faisant l’objet de leurs démarches au niveau du cabinet d’instruction.
Ces cabinets devraient fonctionner avec un calendrier permettant de savoir quelle est la différence entre les jours de la semaine au cours desquels il y a des auditions (encore que de telles auditions ne peuvent être des obstacles aux démarches urgentes) et les autres jours, réservés à permettre aux avocats d’accéder aux dossiers et aux justiciables d’accéder au juge et/ou à son greffier.
Aviser l’avocat qu’il dispose d’un délai de trois jours, pendant lequel le dossier est tenu à sa disposition ( cf article 169 du CPP), en raison de la clôture de l’information, pour ensuite s’enfermer ou se rendre inaccessible pendant 48 heures ou 72 heures d’affilée n’est pas compréhensible.
En plus du besoin que les avocats ont de trouver les juges d’instruction dans les cabinets, ces derniers ont davantage besoin du rappel que les démarches des avocats leur font des diligences à faire dans le respect des délais de procédures. Il existe un dernier aspect à corriger, qui est loin d’être le moindre, sur le fonctionnement des cabinets d’instruction.
Plusieurs fois, des avocats se sont retrouvés dans des situations dans lesquelles ils ont raté la programmation d’une audition de leur client, si ce n’est le cabinet d’instruction qui reporte l’audition programmée, pour la seule raison tenant au fait que l’avis qui a été émis par le cabinet d’instruction n’est pas parvenu à l’avocat.
Au palais de justice de Dakar, les avis émis par les cabinets d’instruction sont déposés dans une boite située à la bibliothèque des avocats et ne s’y trouvent sous la responsabilité légale de personne. Pourtant, ces mêmes avocats ont été régulièrement constitués et ont déposé une lettre dans ce sens. A une époque de développement fulgurant des outils de nouvelles technologies, où tous ces avocats déposent ces lettres comportant leurs adresses de cabinet et électronique, il ne doit pas être impossible de leur adresser par mail un avis les informant de la date à laquelle l’audition de leur client est programmée.
L’urgence à imposer au parquet le respect du principe du contradictoire
Une observation relative au déroulement de l’instruction doit également être faite. Il s’agit de mettre fin à une situation anormalement déséquilibrée.
Dans un dossier d’instruction, tous les actes qui sont posés par l’avocat de la personne inculpée sont portés à la connaissance du procureur de la république, avant même que le juge d’instruction ne statue (lorsque c’est une mesure qui est sollicitée par l’inculpé), alors qu’il n’y a jamais de communication exigée du procureur de la république, à destination de la défense.
Le parquet n’étant à l’instruction ni une partie supérieure, ni une partie dominante, cet aspect de l’instruction devra faire l’objet d’une attention soutenue de la part de ceux qui seront en charge des réformes, afin que cesse ce déséquilibre incompatible avec le cours actuel des procédures.
Ensuite, au stade du procès pénal
La violation constante de la loi en matière de flagrant-délit
Certains dossiers font l’objet de règlement en flagrant-délit de la part du procureur de la république et de ses substituts. Ces règlements sont souvent précédés ou suivis, selon le cas, d’une pratique qui est d’autant plus critiquée que dans le premier cas de figure elle n’est pas prévue par la loi (a) et constitue même une violation de celle-ci, dans le deuxième cas de figure (b).
Les retours de parquet
La pratique du retour de parquet n’est pas prévue par la loi. Elle est largement dénoncée dans les rangs des avocats (à lire : un récent article de Me Joseph E. NDIONE sur la question) comme une atteinte aux droits des personnes qui en font l’objet, voire une privation abusive de liberté.
Inversement, les tenants de cette pratique argumentent pour dire que le contenu de certains dossiers ne leur laisse pas le choix, que ce soit par rapport au nombre de personnes poursuivies, ou au nombre d’infraction retenues. La loi pénale étant d’application stricte et le règlement du dossier étant obligatoirement écrit, ils ont besoin de temps, pour le sort à réserver à certains dossiers et à chaque personne impliquée, prise individuellement.
Leur second argument peut provoquer des débats au sein des avocats. En effet, le « retour de parquet » est souvent une situation idéale pour les avocats (avocat de la partie poursuivante et avocat défendeur) qui sont en train de négocier une médiation pénale (Sur toute la question : Voir ou revoir : Intervention de M. Ousmane DIAGNE, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, JT de 20 heures de la RTS du 27 mai 2024).
La médiation pénale est prévue par le code de procédure pénale (cf article 32 alinéa 3 du CPP) et rien ne l’enferme dans un court délai, au-delà duquel la situation de la personne poursuivie et détenue devient génératrice d’une atteinte à la loi. En revanche, la possibilité de déléguer cette technique de rapprochement des parties à un médiateur, (ajoutée au délai de 15 jours dans lequel « la tentative de médiation pénale doit intervenir ») montre bien qu’il n’y a pas de motif de précipitation dans la mise en œuvre de ce mécanisme, essentiellement destiné à permettre de réparer le dommage, faire cesser le trouble et donner à la personne poursuivie (le législateur emploie, avant toute déclaration de culpabilité définitive, l’expression « auteur ») la possibilité de se reclasser.
Et il arrive que les avocats impliqués dans ce type de dossiers soient eux-mêmes demandeurs à un retour de parquet, pour « arrondir les angles ».
La société sénégalaise étant très imprégnée de la culture du dialogue (ces assises constituant elles-mêmes un dialogue national) ne faudrait-il pas dialoguer sur l’opportunité de cette pratique et convenir de la façon de l’encadrer légalement, plutôt que de s’en tenir à une position radicale de dénonciation ?
Disons-nous la vérité : il est plusieurs fois arrivé qu’une médiation pénale ait permis d’éviter un emprisonnement durable, tout en réparant un préjudice et des liens de parenté qui ont manqué de peu d’être rompus.
Les renvois systématiques à huitaine ou quinzaine
C’est en toute violation de la loi que les juridictions ont mis en place, à Dakar et à Pikine-Guédiawaye une pratique de la mise en état des dossiers de flagrants-délits. Il s’agit d’une atteinte aux dispositions des articles 381 et 382 du Code de Procédure Pénale. Et absolument rien n’est fait pour abandonner cette pratique, dans le sens de se conformer à la loi.
Plus que la question des retours de parquet, cette pratique des fixations lointaines des dates d’évocation de dossiers de flagrant-délit, suivi de leur renvoi à répétition, constitue encore plus et davantage une atteinte aux droits et à la liberté des personnes qui en sont les victimes. Une forte volonté d’apporter des réformes doit impérativement prendre en main cette question.
En cette occurrence, du reste, le motif pour lequel les dossiers des personnes poursuivies en procédure de flagrant délit font l’objet d’un ou de plusieurs renvois est un véritable paradoxe.
En effet, renvoyer ce type de dossiers au motif que la présence de la partie civile est indispensable à la manifestation de la vérité revient à remettre en cause le caractère supposé flagrant du délit. Et le maintien de la personne poursuivie en détention ne se justifie plus, dès lors qu’il y a un doute constituant le motif de renvoi.
Le seul fait pour le prévenu de contester les faits ne doit pas être un motif de maintien en détention, surtout lorsque la partie civile, informée de la programmation de la cause à l’audience, a beau jeu de ne pas se présenter, pour provoquer passivement la prolongation de cette privation de liberté.
Et ce n’est pas le seul fait d’appeler les parties civiles au téléphone, comme cela commence à être la pratique des services du parquet, qui permettra de remédier à ce type de difficultés.
C’est par le biais de véritables efforts pour améliorer les choses que des solutions pourront être apportées à de telles situations.
Le besoin de rationaliser les audiences correctionnelles
Le problème de l’acheminement des citations
Il serait efficace de fixer aux services concernés un délai pour acheminer les citations et s’assurer du respect des prescriptions. Les jugements des affaires correctionnelles sont longuement retardés par les renvois à répétition, dans l’attente des retours de citations.
Les huissiers de Justice en charge de ce travail ne semblent pas avoir de compte à rendre et, manifestement, ils ne sont tenus à aucun délai. A leur décharge, toutefois, il sera également bon de trouver une solution à la difficulté de localisation de certaines personnes concernées par les procédures.
L’indispensable réorganisation en audiences de mise en état et audiences de plaidoiries
Je propose depuis longtemps que la tenue des audiences correctionnelles soit réorganisée et que chaque chambre correctionnelle puisse disposer, dans le mois, d’une audience de mise en état et d’une audience de plaidoiries.
Point ne sera alors besoin de mobiliser toute la composition de la chambre pour l’audience de mise en état ; un seul juge suffira pour remplir l’office, tandis que ses autres collègues seront libérés alternativement avec lui, pour d’autres tâches.
S’agissant des audiences de plaidoiries, il faudra faire en sorte de ne pas les engorger : une dizaine de dossiers à plaider par audience suffira.
De tels aménagements, conjugués avec un renforcement des effectifs, devraient pouvoir constituer un début de solution.
II/ Le déficit des effectifs
Depuis quelques années, la demande en supplément d’effectifs est devenue plus criarde en raison de plusieurs facteurs qui sont à prendre en considération, avec une égale priorité.
La démographie galopante constitue la première raison d’augmenter les effectifs des juges.
Son corollaire est constitué par la multiplication des procédures, ainsi que desrecours exercés contre les décisions rendues.
Et il arrive que les mêmes justiciables, ouvrent, concurremment, plusieurs procédures en même temps. Tout cela engendre comme conséquence un engorgement des juridictions.
L’autre facteur est que l’extension de la carte géographique des juridictions, c’est-à-dire, leur augmentation, entraine ipso facto un réflexe de saisine chez des populations qui n’avaient jamais pensé auparavant à engager une procédure contre quiconque.
Un autre facteur, dont la dénonciation pourrait passer pour de la propagande, sous ma plume d’avocat : certaines limites sont apportées au monopole de la plaidoirie que détiennent les avocats et, selon le degré de technicité, plus ou moins élevé, que requièrent tant la formulation que le traitement de certaines demandes en justice, les laisser entre les mains de justiciables non professionnels ne peut manquer d’entrainer une déplorable chronophagie.
Il faut également tenir compte de ce que les magistrats, pour un bon nombre d’entre eux, sont parfois appelés à remplir d’autres fonctions et dégarnissent dans les mêmes proportions les rangs des hommes et femmes qui rendent la justice.
III/ Propositions pour une partie du contentieux du Tribunal d’Instance
Le fonctionnement du Tribunal d’Instance Hors Classe de Dakar amène à observer deux situations récurrentes et douloureuses auxquelles il est devenu urgent d’apporter un bémol. En réalité, la solution aux problèmes que génèrent ces deux situations existe. Nous formulons ici des propositions dans ce sens, en toute humilité et tout en sachant que des esprits plus féconds en présenteront d’autres, voire de meilleures.
Il est temps de remplacer l’enrôlement à l’audience par l’apposition d’une formule exécutoire en cas de commandement infructueux.
L’audience des référés du Tribunal d’Instance Hors Classe de Dakar ne se tient plus qu’à des dates sélectionnées, depuis que les règles ont été modifiées en ce qui concerne les seuils de compétence.
Ces audiences se prolongent souvent jusqu’à 20 heures… au minimum.
Il convient de changer les choses, en matière de contentieux de défaut de paiement de loyers, dans les baux à usage d’habitation.
Nous proposons de légiférer à l’apposition d’une formule exécutoire sur les commandements de payer, comme en matière d’injonction de payer. Si le locataire ne paie pas dans le délai de 30 jours indiqué dans le commandement, le bailleur peut solliciter l’apposition d’une formule exécutoire.
Le caractère exécutoire pourra s’appliquer à la seule possibilité de faire expulser le locataire défaillant ou constituer, également, un moyen de recouvrement des arriérés impayés.
Il s’agit de réfléchir à ce qui peut être le plus efficace moyen de mieux distribuer la justice avec un maximum de gain de temps.
Nous estimons que cette innovation contribuera à nous épargner, aux juges, comme aux justiciables et avocats le marathon de ces longues audiences.
De l’utilité de confier aux avocats le soin de s’occuper de la tentative de conciliation en matière de divorce
Cette proposition tend à permettre de gagner aussi bien du temps que de l’espace. Pour en faire le constat, il suffit d’observer à quel point le Tribunal d’Instance ou les Tribunaux d’Instance accueillent du monde pendant les jours consacrés aux audiences de divorce.
C’est un monde hétéroclite qui y côtoie les avocats pendant des heures.
Et les tentatives de conciliation prennent une longueur insupportable pour les justiciables, surtout ceux auxquels une santé défaillante ne permet pas de rester debout pendant des heures, dans des conditions de chaleur et de promiscuité indécentes.
Et les plus âgés d’entre ces justiciables, une fois qu’ils ont accès au juge, n’entrent pas du tout dans une zone de confort, ceci pour plusieurs raisons qu’il n’est pas opportun de développer ici.
En revanche, les avocats sont plus accessibles pour leurs clients et leurs cabinets ne réservent pas une telle bousculade, ni ce sentiment d’indiscrétion que provoque la présence des autres justiciables.
Les clients y sont plus à l’aise et plus à même de communiquer ouvertement avec leur avocat, en raison du sentiment qu’ils l’ont choisi, contrairement au juge (qui leur est imposé par le hasard de la répartition des dossiers de la juridiction) qu’ils voient pour la première fois.
Il s’y ajoute que les juges ont un temps d’écoute qui est fonction du nombre de dossiers, beaucoup plus que de la profondeur du problème que traverse le couple en situation de crise.
Une pudeur assez compréhensible s’empare du justiciable, en présence d’un juge beaucoup plus jeune que lui. Le justiciable est alors moins à l’aise que s’il parlait avec son avocat pour une tentative de conciliation.
IV. Le problème de la transmission des dossiers de recours
Les parties sont obligées de respecter des délais de recours précis, par exemple en matière d’appel. Lorsque la transmission du dossier d’instance est requise, d’une juridiction à une autre, aucun délai n’est de rigueur et aucune sanction n’est prévue.
Ce facteur négatif fait également trainer les procédures et recours en longueur. Il est grand temps de mettre un terme à cette lenteur qui n’a aucune raison d’être lorsque la juridiction d’instance et la juridiction de recours se trouvent dans le même bâtiment.
La gestion d’un contentieux constitue pour les justiciables qui n’y sont pas habitués la prise en charge de deux aléas : l’issue du procès et le temps du procès.
Le justiciable est naturellement constitué pour gérer le premier aléa, dès le moment où il connait les règles du jeu et est capable de prévoir de gagner son procès aussi bien que de le perdre
Cependant, il n’est doté d’aucune capacité d’appréhender les dysfonctionnements intangibles qui peuvent affecter la durée normale d’une procédure.
Les réformateurs sont invités à remédier à ce facteur d’incertitude, qui est également une source de stress pour les personnes les plus exposées à de vives émotions
Pour tous ceux qui se sont investis dans cette mission d’améliorer la justice, dans son image et dans son fonctionnement, il est indispensable de savoir que la justice est le premier témoin de toute crise sociale et également le principal facteur de régulation sociale.
C’est pourquoi, aussi longtemps qu’ils vivront, rien ne sera plus important que ce qu’ils se sont engagés à faire.
Maitre Alassane CISSE
Avocat au Barreau du Sénégal
Par Vieux SAVANE
LETTRES A UN PRESIDENT AFRICAIN
A travers un échange épistolaire fictif, El Hadji Malick Ndiaye fait le choix de s’adresser à un président anonyme qui, à quelques exceptions près, pourrait revêtir le visage de n’importe quel chef d’Etat africain.
A travers un échange épistolaire fictif, El Hadji Malick Ndiaye fait le choix de s’adresser à un président anonyme qui, à quelques exceptions près, pourrait revêtir le visage de n’importe quel chef d’Etat africain. Il y fustige une certaine vision organisée autour de la gestion clientéliste du pouvoir perçu comme moyen d’accaparement et de captation des richesses, au détriment des gens de peu.
A travers les figures tatouées de tous ces errements que dénonce l’auteur, se dessinent ainsi la mise à nu de pratiques peu recommandables. En l’occurrence, celles de présidents de la République qui se croient omnipotents, omniscients, n’écoutant donc personne et n’en faisant qu’à leurs têtes. Ils s’évertuent ainsi à brider la liberté d’expression, en mettant sous tutelle toute parole qui dérange par le canal de la répression et/ou l’achat de conscience.
L’auteur indexe par ailleurs la frilosité des intellectuels plus enclins à s’engoncer dans le fauteuil de leurs conforts personnels, préférant caresser les élites au pouvoir dans le sens du poil plutôt que de « plonger les mains dans le cambouis de la misère sociale ».
Sont mis au pilori tous les maux qui malmènent le pays, précipitent sa descente aux enfers, s’abritant derrière le paravent d’une modernité gloutonne qui succombe à la fascination d’une consommation extravertie.
A travers ses « Lettres à un président africain », El Hadji Malick Ndiaye s’élève contre l’aveuglement moral, éthique; l’absence de vision de dirigeants africains focalisés sur leur jouissance personnelle, incapables de prendre en charge et de traduire en actes les aspirations légitimes des populations.
L’auteur s’en démarque et affiche le souhait de voir l’Afrique tomber « entre les mains de quelqu’un qui le mérite ». A travers ces missives grondent en effet la plupart des maux qui, comme une malédiction systémique, déroulent une gouvernance centrée sur une prédation en lieu et place d’un investissement au service des populations.
Aussi, loin d’être plombées par le découragement, elles incitent plutôt à la résistance, à la reprise en main d’un continent à la dérive « où des crétins absolus ont présidé aux destinées de millions d’individus comme s’il s’agissait d’un stage ».
Face aux élites dirigeantes, les jeunes qui étouffent d’impatience veulent désormais voir « trouver des solutions crédibles pour les sortir de leurs difficultés, combattre les maladies, assurer l’éducation pour tous, en finir avec les guerres, la corruption».
Par cette correspondance univoque rythmée par 5 missives, dénonciations et aspirations s’entrelacent, s’alternent, s’enroulent autour d’un dessein consistant à « faire en sorte que nul ne soit accablé par la désespérance ».
Sans tabou mais courtois, l’auteur s’ingénie à remuer le couteau dans la plaie pour dénoncer avec force la gabegie et la mégalomanie qui fascinent ces présidents d’Afrique qui tournent le dos à la justice économique et sociale.
Les « Lettres à un président africain » se découvrent ainsi comme «une biographie du système qui a maintenu l’Afrique à la marge de la marche vers le progrès, la démocratie, la justice sociale » souligne le Pr Mamadou Diouf (Columbia University, New York) dans une éblouissante préface. Aussi l’auteur, El Hadji Malick Ndiaye, d’avertir les élites au pouvoir qu’il est désormais venu le temps de la reddition des comptes et que le désir de puissance ne saurait par conséquent continuer à être « le principal moteur du fait politique »
par Thierno Alassane Sall
NE PAS CÉDER À LA TENTATION DE LA CHASSE AUX SORCIÈRES
Vu l'émoi suscité par l'affectation du Général Kandé, on est plus proche d'un cas de bannissement d'un officier encombrant. À quel titre ? Des décisions récentes du nouveau régime révèlent des tendances inquiétantes dans la gestion de nos institutions
L’affectation du Général Souleymane Kandé en Inde, l’un des hommes les plus respectés de notre armée républicaine, m’incite à sortir prématurément de la période d'observation que je m'étais imposée.
Nul ne saurait dénier au chef suprême des Armées la faculté d'affecter les officiers supérieurs, mais ce pouvoir discrétionnaire, à moins de prétendre relever du divin, ne saurait se soustraire des traditions républicaines ou faire fi du mérite ou de la cohérence dans l'emploi des hommes. À en croire l'émoi suscité par la nouvelle de l'affectation du Général Kandé, on est plus proche d'un cas typique de bannissement d'un officier encombrant. À quel titre ?
De fait, des décisions récentes du nouveau régime révèlent des tendances inquiétantes dans la gestion de nos institutions. Étendre aux forces de défense et de sécurité les limogeages en cascade qui touchent la haute administration lors des alternances politiques serait un précédent dangereux pour notre Armée jusqu'ici réputée républicaine. Ce serait accréditer l'idée, qu'il y a, dans les rangs de nos FDS, des lignes de fracture suivant les allégeances supposées.
Promouvoir par décret un officier de gendarmerie radié et bannir dans la foulée un Général dont la réputation va bien au-delà des troupes, est un précédent fâcheux, en rupture des traditions de notre pays.
Il est de mon devoir de citoyen et de député de sonner la trompette de l'alarme et d'inviter le président de la République à ne pas céder à la tentation de la chasse aux sorcières. Il est élu pour panser les fractures béantes de notre pays, qui se donnent à voir particulièrement dans l'administration, la Justice, l'Université. Même sans appel à candidature, beaucoup mieux aurait pu être fait par une approche plus inclusive.
Par Ibou FALL
J’AI MAUVAIS GOUT MAIS JE ME SOIGNE
Au début de cette semaine, nous arrive, sur la scène musicale, un petit bijou d’irrévérence, «Glow Up» (briller, en anglais) signé Ndakhté Lô, une jeune chanteuse que Sen P’tit Gallé révèle au public, il y a plus d’une décennie de cela.
Au début de cette semaine, nous arrive, sur la scène musicale, un petit bijou d’irrévérence, «Glow Up» (briller, en anglais) signé Ndakhté Lô, une jeune chanteuse que Sen P’tit Gallé révèle au public, il y a plus d’une décennie de cela. Ce concours de découvertes artistiques, qui se déroule habituellement pendant les vacances scolaires, est une diabolique manigance de Ngoné Ndour, la sœur de qui vous savez : c’est clair qu’il est destiné à dévoyer la jeunesse et perpétue le satanique système Lmd, lutte, mbalakh et danse, si vous préférez.
Il n’empêche, en moins de quarante-huit heures, le tube crève les plafonds avec 1, 2 million de vues sur YouTube
L’alchimie qui fonctionne ?
La charge est lourdement érotique, a du panache, servie par une plastique de rêve et une chorégraphie à damner un ayatollah. Ndakhté Lô n’est pas une femme brisée par l’épreuve et tient à le faire savoir à grands coups de reins rythmés dans une petite tenue sexy qui exhibe le ventre plat et le nombril à ciel découvert que la compagnie du voyeurisme effarouché «Sàm Djiko Yi» va bientôt considérer comme une atteinte à la dignité nationale.
La jeune artiste en a vu d’autres : tout le temps qu’elle participe à Sen P’tit Gallé, elle est encore une enfant quand elle doit passer outre la réprobation nationale, qui jure ses grands dieux que ce concours est en train de, euh, corrompre la jeunesse. Là, devenue une superbe femme accomplie, qui mène tambour battant carrière artistique et études supérieures, elle sort d’un échec conjugal qui fait l’objet d’âpres ébats de conciergeries sur les réseaux sociaux : à ma droite, ceux qui jouissent littéralement du malheur d’une jeune femme qui a le mauvais goût d’être bien trop chanceuse à leur avis… A-t-on idée d’être jeune, belle, célèbre, pétillante de santé et de sérénité, et se marier avec un homme qui clame partout être fou de vous ?
Alors que vivote dans l’obscurantisme le plus opaque le peuple des pimbêches et des chipies qui se morfondent dans un humiliant anonymat et une insupportable indifférence générale, au point qu’elles ne savent pas trop quoi faire de leurs existences, en dehors d’enrager du bonheur des autres. La cruauté de leur sort en est contagieuse : c’est du venin qui se distille sur le web pour alimenter le bad buzz.
Et puis, à ma gauche, les autres : les rescapés de la pensée unique, qui se consolent avec les rares événements artistiques susceptibles de nous rappeler la liberté de créer, s’exprimer, s’indigner et se rebiffer face à une société indigène déterminée à s’enfoncer dans l’absolutisme inculte.
J’ai le mauvais goût d’être de ceux-ci.
Happé par un anachronisme de mauvais aloi, que tient en respect l’idée fixe que rien ni personne n’est au-dessus de la République, persuadé que le modèle d’homme accompli se nomme Léopold Sédar Senghor, auquel nous devons une Nation, une République et qui doit tout, lui, à sa bonne éducation, son savoir-vivre.
Lorsque les porteurs du «Projet» Pastef débarquent avec armes et bagages au Palais présidentiel, au nom de 54% des Sénégalais qui les plébiscitent, perso, j’ai cru qu’il y avait quelque part dans leurs valises, entre la vision économique et les perspectives diplomatiques, un regard limpide sur ce que doit être, comme ça se déclame si joliment dans les cercles putschistes, «une Justice rendue au nom du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple».
C’est fou : malgré toute l’armée de juristes déployés depuis 2021 pour sauver le soldat Sonko, qui allait du greffier en fuite à l’assistant de fac, en passant par la batterie des avocats à la touchante abnégation, oubli fâcheux, ils n’y ont pas pensé. En lieu et place, nous avons droit à une invitation sous l’arbre à palabres. Une trouvaille géniale, c’est de l’ironie, que Macky Sall expérimente à chaque fois qu’il s’égare dans le dédale de ses calculs politiciens foireux.
Voilà pourquoi c’est avec de la commisération et du dépit qu’il nous faut bien constater la faillite des valeurs républicaines sans nous départir de notre sens de la tenue. Par exemple, assister, stoïques, à un cirque pitoyable : un «dialogue national» sur la Justice, qui est surtout une séance d’exorcisme mâtinée de psychanalyse où se bousculent les derniers Vip. Ces bons messieurs s’interrogent sur le pilier fondamental de l’Etat de Droit au lieu de se demander à quel moment ils sont devenus des hors-la-loi, des citoyens de seconde zone auxquels la société ne sait plus quel sort réserver, jusqu’à ce que la faune électorale les repêche.
Comment peut-on tomber si bas, au point de permettre à l’assassin d’un juge de donner des leçons de vertu à la Magistrature ?
Ça fait bien longtemps que nos compatriotes, en majorité, s’enfoncent dans la médiocrité. Chaque régime qui en remplace un autre arrive avec ses lubies : raboter la Loi fondamentale et tripatouiller les institutions censées les élever à la dignité humaniste de citoyens du monde.
La marche est toujours trop haute et il faut niveler par en-dessous, inlassablement.
Ça tire vertigineusement par le bas depuis bientôt quarante ans. Depuis qu’un certain Abdou Diouf dont la qualité première n’est pas le génie politique, au lieu d’élever haut la barre des acteurs politiques, a la bonne idée d’autoriser n’importe quelle canaille à prétendre diriger notre pays.
La démocratie, à ce que je sache, est une proposition de société sophistiquée que seule une élite de haute voltige est de taille à orchestrer… Autant la confiture n’est pas faite pour les cochons, autant la démocratie est l’affaire des peuples civilisés qui s’astreignent aux règles qui les grandissent.
C’est ce même appel de l’abîme qui nous fait reconsidérer notre lien avec la France, une fantaisie qu’illustre Ousmane Sonko, alors opposant irascible : «la France doit ôter son genou de notre cou» tonne-t-il, du haut de sa splendeur. Ben, l’actuel Premier ministre des duettistes au pouvoir n’y est pas du tout : elle ne pose pas son genou, ni quelque autre membre que ce soit, sur notre cou.
Surtout qu’après avoir entendu Bassirou Diomaye Faye prêter serment en français devant les sept «Sages», je pousse le mauvais goût jusqu’à croire que la France est définitivement dans l’Adn de la République sénégalaise, à laquelle elle fournit une colonne vertébrale, sa Constitution, un outil de travail, sa langue et, snif, son mauvais esprit.
Mais, comme le dit avec une pointe d’insolence mon auteur préféré, un Français, ben oui, amateur de vin, auquel il consacre de superbes vers, cocaïnomane, épicurien complètement irresponsable, Baudelaire : «Ce qu’il y a d’enivrant dans le mauvais goût, c’est le plaisir aristocratique de déplaire.»