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25 novembre 2024
Opinions
Par Mayacine MBAYE
REFORMER LE SYSTEME DE SANTE SENEGALAIS, UN DEFI POLITIQUE, ORGANISATIONNEL ET CULTUREL
Le système de santé sénégalais est à la croisée des chemins. Confronté à des défis majeurs, il nécessite une transformation profonde pour répondre aux besoins croissants de sa population.
Le système de santé sénégalais est à la croisée des chemins. Confronté à des défis majeurs, il nécessite une transformation profonde pour répondre aux besoins croissants de sa population. Une vision stratégique réactualisée et une réglementation solide sont indispensables pour améliorer les conditions sanitaires du pays. Cet article propose une évaluation critique des politiques actuelles, met en lumière les problèmes liés à la gestion des données de santé et aux aspects culturels influençant la pratique médicale, et appelle à des réformes substantielles pour garantir un système de santé plus performant et accessible à tous.
Les Défis Politiques
Au Sénégal, les problèmes politiques sont au cœur des dysfonctionnements du système de santé. Le manque de ressources adéquates dans les hôpitaux entraîne des conditions d’hygiène déplorables, favorisant la propagation d’infections nosocomiales, de bactéries multirésistantes et d’autres maladies assimilées à l’iatrogénie. Selon le rapport de l’OMS de 2022, environ 15% des patients hospitalisés dans les pays à faible revenu, dont le Sénégal, contractent des infections nosocomiales, et 10% de ces patients en meurent.
Des questions cruciales, telles que le nombre d’accidents médicaux et d’erreurs de diagnostic, restent sans réponse en raison de l’absence de données fiables et accessibles. Cette situation est exacerbée par le manque de priorité accordée à la santé par les gouvernements successifs. En 2016, le taux de couverture médicale était d’un médecin pour 13 575 habitants, selon le Plan National de Développement Sanitaire et Social (PNDSS) 2019-2028. Bien que les équipements s’améliorent progressivement, les établissements de santé fonctionnent toujours avec des moyens obsolètes. Pour remédier à cette situation, il est essentiel d’augmenter le budget de la santé et d’encourager les partenariats public-privé pour financer des projets d’infrastructure et d’équipement.
Difficultés de Mise en Œuvre du Projet Diomaye Président
Le « Projet Diomaye Président » vise à transformer et moderniser le système de santé sénégalais, mais rencontre des obstacles significatifs. Plusieurs prérequis manquent aujourd’hui pour assurer son succès, notamment un projet national de santé pluriannuel, à moyen terme, avec des objectifs raisonnables et mesurables. Le PNDSS 2019-2028, bien qu’ambitieux et holistique, reste déconnecté de la réalité du terrain et manque de propositions réalistes et d’un modèle de financement viable.
La mise en place des Entrepôts de Données de Santé (EDS), prévue dans le cadre du programme présidentiel, constitue un défi technique et logistique majeur. Ces EDS nécessiteront non seulement du matériel adéquat et des compétences informatiques avancées, mais aussi des mesures sécuritaires, organisationnelles et légales robustes. Actuellement, les établissements de santé sont dépourvus de systèmes d’information efficaces pour enregistrer et stocker les données de santé, ce qui complique le suivi et la coordination des soins ainsi que le partage de dossiers médicaux entre établissement via un canal unique sécurisé. Les données médicales, extrêmement sensibles, nécessitent d’être protégées par des procédures garantissant leur anonymisation, leur confidentialité et leur sécurité. Cependant, cette infrastructure informatique n’existe pas encore au Sénégal.
Les Problèmes Organisationnels
Les événements indésirables graves associés aux soins, y compris les « never events », sont fréquents mais rarement médiatisés en raison des fortes croyances religieuses de la population, qui préfère s’en remettre à Dieu. Lorsque ces événements sont imputables à une faute professionnelle, ils restent souvent inconnus en raison de l’absence d’un cadre réglementaire permettant aux autorités de mener des enquêtes systématiques. Les « never events » (événements qui ne devraient jamais arriver) sont des incidents médicaux graves et évitables qui ne devraient jamais se produire dans le cadre des soins de santé. Ils incluent des erreurs catastrophiques et irréversibles telles que des interventions chirurgicales sur le mauvais site (erreur de côté), l’administration d’une dose incorrecte de médicament, ou l’oubli d’objets chirurgicaux dans le corps après une opération. Ces événements révèlent de graves défaillances dans les systèmes de sécurité et de qualité des soins.
Un exemple tragique de ces défaillances est la mort de 11 bébés à l’hôpital de Tivaouane. Cet incident choquant met en lumière les insuffisances graves des infrastructures et des protocoles de sécurité dans les établissements de santé du Sénégal. L’absence de systèmes robustes de gestion des risques et de surveillance a contribué à cette catastrophe. Il est impératif d’instaurer des mesures rigoureuses pour garantir la sécurité des patients et prévenir la récurrence de telles tragédies.
Il est crucial de réviser la politique de santé actuelle, de la repenser et de faire respecter les droits des patients. La finalité est d’établir une confiance, qui n’a jamais existé, des Sénégalais en la médecine moderne, mais surtout en la médecine locale. Les hôpitaux publics et privés doivent être réformés en profondeur, ainsi que l’organisation de l’offre de soins. Conformément à la pyramide de Bird, les professionnels ne sont pas les seuls responsables d’événements indésirables, 80% sont d’ordre organisationnel. En France, une enquête nationale relative à l’iatrogénie menée en 2009 a estimé qu’entre 315 000 et 440 000 séjours hospitaliers étaient causés par des événements indésirables graves, dont 46% étaient évitables. Si l’État sénégalais ne mène pas une politique de santé publique cohérente et responsable, l’hôpital continuera à tuer de plus en plus pendant encore des décennies.
Les Problèmes Culturels
Les problèmes culturels affectant le système de santé sénégalais sont multiples :
Absence de Culture de la Traçabilité: Les procédures ne sont pas écrites et suivies, ce qui empêche de remonter les erreurs et de les corriger. Le circuit du médicament n’est ni contrôlé ni réglementé. Il s’agit ici du circuit court entre la prescription et l’administration des médicaments. La loi n° 2023-06 du 13 juin 2023, ainsi que ses décrets d’application portant création de l’Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique, visent à moderniser et renforcer la réglementation du secteur pharmaceutique et des produits de santé au Sénégal. L’agence se concentre sur la sécurisation du circuit du médicament et son conditionnement en ce qui concerne le transport, mais pas en ce qui concerne l’administration dans les établissements de santé et à domicile.
Manque d’Empathie des Professionnels de santé: Le manque d’empathie des professionnels de santé envers les patients est un problème culturel majeur. Avant de prodiguer des soins, il faut savoir prendre soin. L’objectif de soigner est, comme le disait Hippocrate, « Primum non nocere » – avant tout ne pas nuire.
Accueil des patients: L’accueil des patients est souvent défaillant, avec des traitements parfois méprisants et des exigences de paiement immédiat, même dans les situations d’urgence. Des réformes sont nécessaires pour améliorer ces aspects, y compris la formation de professionnels de l’accueil et l’introduction de modules de qualité comme l’identitovigilance. Les nouvelles autorités étatiques proposent dans leur projet de gouvernement de faire appel à des professionnels de l’accueil bien formés et, éventuellement, de privatiser ce secteur.
En définitive, il est impératif de rédiger un code de santé publique complet qui regroupe toutes les réglementations relatives à la santé. Ce code doit inclure des directives sur la qualité des soins, la gestion des risques, et la responsabilité civile et pénale pour les professionnels et établissements de santé. La mise en place de ce code devrait être accompagnée de programmes de formation pour le personnel de santé et de campagnes de sensibilisation pour les patients.
De plus, une enquête nationale sur la population des professionnels de santé est nécessaire pour résoudre les « déserts médicaux ». La région de Dakar est surdotée tandis que le reste du pays est sous-doté. La liberté d’installation des professionnels de santé doit être régulée par des contrats de service obligatoire dans les zones sous-dotées. L’objectif sera de servir l’État pendant 10 ans, par exemple, dans les zones dites « déserts médicaux » sous peine de rembourser l’argent investi pour la formation. D’autres propositions seront formulées dans un article à venir, qui se penchera plus globalement sur la protection sociale.
Le Sénégal a les ressources et le potentiel requis pour bâtir un système de santé robuste et inclusif. Il est temps d’agir avec détermination et responsabilité pour garantir à tous les sénégalais des soins de qualité.
Par Ibrahima ANNE
LES ASSISES QU’IL NOUS FAUT
C’est une lapalissade que de dire que le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, sont traumatisés par la justice et tout ce qui lui est connexe : juges, procureurs, gendarmes, policiers, etc.
C’est une lapalissade que de dire que le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, sont traumatisés par la justice et tout ce qui lui est connexe : juges, procureurs, gendarmes, policiers, administration pénitentiaire, etc. Eux qui en ont subi les rigueurs jusqu’à deux semaines avant leur arrivée au pouvoir. Ils sont si traumatisés par la justice et ses auxiliaires que le premier secteur auquel ils pensent pour un coup de balai, c’est…bien évidemment la justice. Ainsi donc, le président de la République a ouvert, mardi 28 mai dernier, au Cicad de Diamniadio, un conclave où les maux de ce secteur seront, en une petite semaine, passés au crible. Et, à l’ouverture des travaux, il y avait du tout-venant : des magistrats, naturellement, des universitaires, des avocats et, comme un cheveu dans la soupe, des activistes de tout poils, des repris de justice. Ceci, au nom du principe constitutionnel qui dispose que «la justice est rendue au nom du peuple.»
Et c’est donc tout logiquement que chaque portion de ce peuple est admise à livrer son avis sur comment marche ce pilier central de l’Etat de droit. C’est la rançon de la démocratie. Seulement, la tonalité des interventions du premier jour laissait craindre que l’ont fît fausse route, en confondant «Assises de la justice» et procès de la justice. Sur ce, le casting des participants n’a pas été pour arranger les meilleurs termes de référence qui soient. Le Président Faye qui voyait venir cette glissade avait déjà averti qu’il ne s’agit ni de chasse aux sorcières, ni de «procès en inquisition», mais plutôt d’un «débat lucide» pour trouver «ensemble des solutions» aux problèmes de la justice.
Un recadrage qui, pour être plus utile, aurait dû s’accompagner d’un reprofilage des panélistes. Peut-être que les Pr Babacar Guèye, Isaac Yankhoba Ndiaye (Jacob) et le juge Amady Bâ, chargés de conduire les travaux, sauront corriger les impairs en mettant le filtre pour, en amont, faire comprendre qu’il ne s’agit pas de juger les juges dans leur travail, actuel, antérieur ou futur, et en aval, séparer la bonne graine de l’ivraie que constituent les saillies de grand’place et les verbiages des réseaux sociaux. Mais, également, rappeler aux auteurs de la commande que, au Sénégal, les juges ne sont pas élus ; ils sont nommés. Ils ne font qu’appliquer une politique, pénale notamment, définie dans les cabinets ministériels et validée par le législateur. Ce qui, déjà, prémunit d’un «gouvernement des juges» contre lequel a fort opportunément mis en garde le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye. A la différence des élus, les juges n’ont pas de légitimité propre. Ils sont nommés et investis d’un sacerdoce dont ils s’acquittent au nom du peuple. Mais, en âme et conscience.
Par ailleurs, nous pensons -et là, c’est notre sentiment personnel- que dans l’ordre des priorités, les assises de l’économie devraient passer avant toutes les autres. Parce que ventre creux ne connait pas la justice. Sans empiéter sur les compétences de l’Ansd ou sur les statistiques judiciaires, nous pouvons dire, sans risque de nous tromper, que l’essentiel des personnes attraites devant les tribunaux pour faits de vol, agression, crimes, viennent des milieux défavorisés donc de milieux où on ne mange pas à sa faim. Aussi, ce ne serait que justice si on s’intéressait d’abord au pain quotidien des vaillants éléments du peuple avant de disserter sur leurs droits. Le premier des droits de l’homme étant le droit à vivre dignement et honnêtement, dans un environnement sain. Ce qui passe par des moyens de subsistance à portée de main.
La Chine, empire de plus d’un milliard d’habitants, où nous avons eu la chance, il y a plus de dix ans, de poser nos dix orteils, malgré les critiques qui lui sont faites, notamment par les Occidentaux, sur son régime et sur son rapport aux droits de l’homme ne s’en porte pas mal parce que portée par une économie qui, aujourd’hui, est la deuxième du monde voire la première. Les compatriotes du «camarade» Xi Jinping ne sont pas les plus heureux de la planète. Ils ne sont pas les plus malheureux, non plus ! Loin de moi l’idée de faire l’apologie de la dictature ou de caresser le doux rêve d’un «césarisme républicain» (tiens, tiens !!!). Mais, je pense qu’une bonne répartition des priorités placerait le pain …avant la justice. C’est mon intime conviction.
AY WAAY !! AY WAAY !!! BOULEN YENGEL GAAL GI : QUI VEUT DESTABILISER LE SENEGAL ?
Affectation (polémique ?) d’un officier général par-ci, interpellation de journalistes par-là, interdiction de manifestation, les coûts des denrées alimentaires… voilà le nouveau fromage d’une presse divisée en pro et anti nouveau pouvoir.
Affectation (polémique ?) d’un officier général par-ci, interpellation de journalistes par-là, interdiction de manifestation, les coûts des denrées alimentaires… voilà le nouveau fromage d’une presse divisée en pro et anti nouveau pouvoir. Une autre presse est au juste milieu. C’est important.
Chacun est libre de choisir son camp. Les citoyens suivent avec intérêt les développements. Rien qu’à lire l’article initial d’un média qui a ouvert les débats centrés sur l’acquisition du «logiciel américain PEGASUS», (alors que ce logiciel est une marque israélienne), on se rend compte qu’il y’a une volonté de manipulation, certainement au nom d’intérêts occultes.
Apparemment, une certaine presse a mordu à l’hameçon (de la manipulation). Faire fi du principe de science politique qui consacre l’état de grâce pour tout nouveau régime, (au moins 90 jours) et ouvrir les hostilités, dès la prestation de serment du Président, relèvent d’une mauvaise stratégie pour les «déstabilisateurs». Car la vérité est que ce régime garde encore sa cote de popularité intacte, et semble même disposer d’une réserve de capital-confiance citoyenne, encore plus solide que la force qui l’a amené au pouvoir.
La fin des fourberies, des tartufferies des tenants de l’ancien régime a sonné. Il ne sert à rien de s’agiter à l’ouverture des débats. Le JUB JUBAL JUBANTI est irréversible. D’ailleurs, la «doctrine du GOXXI» doit être théorisée, mise en œuvre, au nom de la reddition des comptes. C’est une commande citoyenne, incompressible. Les nouvelles autorités en sont conscientes. AY WAAY, BOULEEN YENGEL GAAL GI ! Pour des intérêts occultes, à la place des «forces occultes».
Par Madiambal DIAGNE
LE PRESIDENT DIOMAYE, EN VISITE A BAMAKO ET OUAGA, A VU LE CONTRE-MODÈLE
Que tous ceux qui, au Sénégal, saluaient avec enthousiasme les putschs, fassent un tour à Bamako, Ouaga et Niamey pour bien réaliser qu’ils ne souhaiteraient pas vivre le sort de ces habitants
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, lors de sa visite à Bamako le jeudi 30 mai 2024, a fait une déclaration qui a sonné comme une douche froide auprès de ses hôtes maliens. Le chef de l’Etat sénégalais, à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec le Colonel Assimi Goïta, a été sans ambages pour répondre à la question d’un journaliste qui lui demandait s’il était envisageable que le Sénégal rejoigne l’Alliance des Etats du Sahel (Aes), constituée par le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Bassirou Diomaye Faye a été catégorique : «Ce n’est pas à l’ordre du jour.» Le Sénégal manifeste sa préférence pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et soutient les efforts de l’organisation communautaire régionale pour ramener les frères égarés dans la maison familiale. Pour autant, Bassirou Diomaye Faye se voudrait encore clair : «Je ne suis le médiateur de personne, ni de la Cedeao.»
La déclaration a pu passer inaperçue à Dakar, mais elle alimente les commentaires à Bamako. La classe politique malienne s’est sentie soulagée par cette forte prise de position du chef de l’Etat sénégalais. Pourtant, force est de dire qu’ils étaient assez nombreux, les Maliens, à regarder Bassirou Diomaye Faye de haut, pour ne pas dire qu’ils s’en méfiaient quelque peu. Pour sa part, la junte malienne trouvait plus ou moins discourtois que le Président du Sénégal tardât à visiter le Mali. Mais d’un autre côté, les rapprochements et les visites annoncés par le Premier ministre Ousmane Sonko pour raffermir les relations avec les juntes au pouvoir dans les trois pays membres de l’Aes pouvaient étonner, sinon inquiéter les acteurs politiques. Les hommes politiques et les responsables d’organisations de la Société civile du Mali, qui avaient applaudi les putschistes à leurs débuts, ont vite déchanté. Les partis politiques et les mouvements de la Société civile sont désormais interdits au Mali et les dirigeants pourchassés. La presse ? Une chape de plomb pèse sur la tête des journalistes critiques à l’endroit des colonels au pouvoir qui pensent d’ailleurs qu’il est temps de garnir leurs épaulettes des étoiles du grade de Général. Des journalistes disparaissent ou, au meilleur des cas, croupissent en prison.
Le modèle, pour ne pas dire le contre-modèle malien, ne saurait donc être inspirant et nos «frères» du Mali exhortent le Sénégal à envisager d’autres perspectives, encore que la transition du Colonel Goïta semble partie pour devenir éternelle. Le Colonel Goïta a accaparé tout le pouvoir après un deuxième coup de force, le 28 mai 2021. Il avait perpétré un premier putsch contre le Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 18 août 2020, et restait dans un «petit» rôle de vice-président, sous l’ombre d’un Général à la retraite, Bah Ndaw. Le Colonel Goïta ne songe pas encore à fixer un calendrier d’élections pour rendre le pouvoir aux civils. Le «jeune frère» du Burkina Faso, le Capitaine Traoré, a, lui, fini de montrer la voie en s’octroyant un «mandat» de cinq ans, à compter de l’expiration du premier délai de transition de 21 mois qui était prévu pour s’achever en juillet 2024. Un «septennat cadeau», en quelque sorte. Nous ne voulions pas encore nous tromper sur les intentions des putschistes et préconisions de mettre le Mali sous administration provisoire de l’Onu (voir Le Quotidien du 25 mai 2021).
Bamako et tout le Mali se meurent
Si vous voulez vivre sans électricité durant 72 heures d’affilée, dans une villecapitale, allez à Bamako ! La société Electricité du Mali (Edm) baisse les bras, faute de pouvoir assurer une fourniture d’énergie. «Certes, le Mali connaissait de grosses coupures d’électricité du temps où les civils étaient au pouvoir, mais pas avec cette permanence des coupures, de longs jours durant ; toutes les limites sont dépassées», se lamente-t-on à Niamana, Sikoroni, Danfina, 1008 Logements et autres quartiers de Bamako. Les conséquences sont fatales pour l’économie. Les grands hôtels ferment et ne peuvent répondre à la moindre qualité de services convenable. «Des investissements colossaux sont nécessaires», assure un responsable d’un des rares réceptifs de la capitale malienne qui accueillent encore des hôtes. «Nous sommes obligés de faire tourner des groupes électrogènes tout le temps ou de consentir de très gros investissements dans les parcs solaires, et cela renchérit les coûts d’exploitation. Si l’électricité revient, ce n’est jamais pour plus de deux heures.» Il s’y ajoute que les clients se font rares. Les visiteurs d’affaires ou de tourisme se détournent du Mali. La morosité économique gagne tous les secteurs. L’économie du pays vit un marasme. D’ailleurs, le Mali n’arrive plus à mobiliser des fonds sur les marchés financiers régionaux. Le dernier emprunt obligataire lancé pour 80 milliards de francs Cfa n’a été couvert qu’à hauteur de 33%. La confiance des milieux financiers est perdue et, dans son édition du 30 mai 2024, le magazine La Nouvelle Libération explique la faible confiance des investisseurs par le fait que «l’argent n’aime pas le bruit». En effet, les rodomontades souverainistes des autorités maliennes effraient les investisseurs. La prime de risque est plus élevée sur les obligations du Burkina Faso, du Mali et du Niger que dans les autres pays de l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
La situation sécuritaire se dégrade de jour en jour et pourtant les militaires maliens, comme du reste leurs camarades du Burkina Faso, pour s’emparer du pouvoir, prenaient prétexte de la nécessité de mieux juguler l’insécurité. A la faveur des nuits noires, les cambriolages, braquages et autres cas d’agression sont légion, notamment dans les quartiers de 1008 Logements ou à Magnambougou. Les terroristes islamistes font régner leur loi dans les provinces de l’intérieur du pays comme dans les districts de Ségou, de Mopti et dans la zone de Séwaré. Que fait le groupe Wagner qui était censé juguler les actions terroristes islamistes depuis son arrivée dans le pays en 2022 ? «Les mercenaires russes assurent surtout la sécurité des patrons de la junte.» Nous indiquions de manière prémonitoire que «le régime de Assimi Goïta se savait déjà sur la corde raide et a cherché à assurer sa propre sécurité, en allant se payer les services de mercenaires russes» (Voir la chronique du 4 octobre 2021 : «La solution Wagner ou le cynisme de la junte malienne»). Mais, plus grave, d’horribles exactions contre les populations civiles sont aussi signalées dans de nombreuses régions du centre et du Nord du Mali, notamment dans la zone de Mopti comme à Moura, Attara, Dioura, Dakka Sebbe ; l’Onu exige des enquêtes et autres missions d’experts dont certains, par la voix de Alioune Tine du Sénégal par exemple, ont affirmé avoir pu documenter des actions de tuerie de masses. Ces opérations des supplétifs en équipe avec des militaires maliens ont l’allure d’une épuration ethnique contre certaines populations.
L’économie du pays se meurt, le chômage touche un plus grand nombre de personnes et les grandes surfaces ferment leurs portes. Mais le calvaire des populations est accentué par le manque d’eau, dans un pays où le thermomètre affiche plus de 40 degrés, quelle que soit l’heure. Les étudiants du campus universitaire de Kabala ont été obligés de se faire entendre bruyamment, le mardi 28 mai 2024, avec des manifestations heurtées car n’ayant plus accès à l’eau courante depuis plusieurs mois. Face au mécontentement populaire qui monte, le régime militaire interdit toutes les activités politiques et associatives citoyennes. Et comme pour ne pas arranger les choses, une querelle féroce occupe les plus hauts dirigeants du pays. Le Premier ministre Choguel Maïga, qui avait renié toutes ses convictions démocratiques pour faire allégeance ou pactiser avec la junte, se trouve désormais dans le collimateur des militaires et ses partisans sont arrêtés tous les jours pour leurs prises de position dans les réseaux sociaux. La leçon de l’histoire est qu’il serait opportun que tous ceux qui, au Sénégal, saluaient avec enthousiasme les coups d’Etat militaires, fassent un tour du côté de Bamako, Ouagadougou et Niamey pour bien réaliser qu’ils ne souhaiteraient pas vivre le sort de leurs habitants. En effet, la situation à Ouagadougou et Niamey est encore pire qu’à Bamako. Gageons qu’après sa virée dans la sousrégion, Bassirou Diomaye Faye doit savoir ce qu’il faudrait éviter pour affoler les partenaires sans lesquels un pays comme le Sénégal ne pourrait continuer à être mieux loti que ses voisins.
Post scriptum : «Gouverner, ce n’est pas humilier, Monsieur le Président !»
Ce titre est emprunté à mon excellent confrère, Mamadou Oumar Ndiaye, du journal Le Témoin, qui avait publié un texte que beaucoup avaient bien applaudi, le 22 juin 2021. Il fustigeait les circonstances et péripéties «humiliantes» des limogeages par le Président Macky Sall, des généraux Birame Diop et JeanBaptiste Tine. Le texte a été republié à nouveau, avec une certaine malice par Le Témoin, au lendemain de la nomination de ces officiers généraux pour occuper dans le gouvernement de Ousmane Sonko, respectivement les fonctions de ministre des Forces armées et de ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique. On ne pouvait s’empêcher de repenser à ce texte après le limogeage, la semaine dernière, encore sans ménagement, par le Président Bassirou Diomaye Faye, du Général Souleymane Kandé, chef d’Etat-major de l’Armée de Terre et cumulativement commandant des Forces spéciales. Le Général Kandé était de fait l’autorité militaire qui détenait la plus forte puissance de feu. Avaitil perdu la confiance du chef suprême des Armées ? Assurément ! Il n’est donc pas étonnant qu’il soit remplacé comme l’avaient été les officiers généraux Diop et Tine. Seulement, ces derniers semblent avoir été mieux traités. Les généraux «humiliés» par Macky Sall avaient été casés dans des postes prestigieux. Le Général Birame Diop a été promu Conseiller militaire au département des Opérations de la paix de l’Onu et le Général Tine s’était vu exilé comme ambassadeur à Moscou. Mais Souleymane Kandé essuiera l’humiliation suprême, en se voyant ravalé à un poste d’attaché de Défense dans une ambassade sénégalaise de troisième catégorie, la juridiction de l’Inde. Il va y remplacer le Colonel Abdoulaye Traoré. Il ne doit pas être courant, dans les armées organisées, de voir un Général d’Etat-major d’Armée nommé à un poste pour remplacer un Colonel ! Le Général Joseph Louis Tavarez Da Souza, que le Président Abdou Diouf accusera dans des mémoires d’avoir voulu perpétrer un coup d’Etat, avait été relevé le 31 mai 1988, de son commandement pour être nommé ambassadeur à Bonn (République fédérale d’Allemagne). Abdou Diouf y avait mis les formes. Le Général Da Souza sera rappelé plus tard à Dakar pour être mis à la retraite d’office. Pour autant, j’ai une supplique à vous faire, Général Kandé : ne boudez surtout pas vos galons que vous avez gagnés avec de très grands mérites. D’aucuns le craignent, mais ce serait faire le jeu de ceux que vous avez vaincus sur le terrain des opérations militaires. Il n’y a pas de récompense suffisante que la Nation pourrait vous faire pour vos états de services contre le Mouvement des forces démocratiques de Casamance. Ce n’est véritablement pas «patriotique» de ne pas vous reconnaître ce mérite inestimable. Je vais faire couler une statuette à votre image !
TRUMP RECONNU COUPABLE : CINQ ASPECTS CLES DU PROCES EXPLIQUES PAR UN PROFESSEUR DE DROIT
Que se passera-t-il à présent que Donald Trump a été reconnu coupable des 34 chefs d’accusation, portant sur des faits de falsification de documents commerciaux, pour lesquels il était jugé à New York ?
Que se passera-t-il à présent que Donald Trump a été reconnu coupable des 34 chefs d’accusation, portant sur des faits de falsification de documents commerciaux, pour lesquels il était jugé à New York ? L’équipe juridique de l’ex-président va probablement faire appel du verdict. « Nous nous battrons pour notre Constitution. Cette affaire est loin d’être terminée », a déclaré Trump après l’annonce du jury. L’audience au cours de laquelle sa peine sera prononcée devrait avoir lieu le 11 juillet. Amy Lieberman, responsable des pages Politique et Société de The Conversation U.S., s’est entretenue avec Gabriel J. Chin, spécialiste du droit pénal et de la procédure pénale, afin de mieux comprendre le verdict.
Pourquoi y a-t-il eu autant de chefs d’accusation différents dans cette affaire ?
L’essence même des délits pour lesquels Trump a été condamné est la falsification de documents. Par conséquent, chaque chèque, facture ou autre document dont le jury a estimé qu’il avait été falsifié constitue une infraction distincte, qui peut faire l’objet d’un chef d’accusation distinct et être punie séparément. L’accusation voulait s’assurer que le jury percevrait toute l’ampleur du stratagème qu’elle assurait avoir révélé, à savoir que Trump avait dissimulé le fait qu’il avait versé des pots-de-vin à l’actrice de films pornographiques Stormy Daniels en faisant passer ces paiements pour des honoraires versés à son avocat, Michael Cohen. Ce dernier aurait ensuite utilisé l’argent de Trump pour payer Daniels en contrepartie du silence de celle-ci sur sa prétendue liaison avec Trump.
Qu’est-ce qui est le plus important dans cette condamnation ?
Il est historique et inédit qu’un ancien – ou futur – président des États-Unis soit condamné par la justice. Ce verdict engendrera d’âpres débats, et les Américains devront juger si ces poursuites sont une illustration du principe selon lequel personne n’est au-dessus de la loi, ou s’il s’agit d’un cas de persécution politique. D’un point de vue purement juridique, cette condamnation a un effet significatif sur toutes les autres affaires pénales et civiles dans lesquelles Trump est jugé. Au minimum, cela signifie que s’il témoigne à la barre dans une affaire, les avocats de la partie adverse pourront attaquer sa crédibilité en invoquant cette condamnation, qui peut porter atteinte à la crédibilité de ses déclarations ultérieures. En pratique, ce verdict signifie également que Trump – qui est inscrit sur les listes électorales de Floride – ne peut pas voter dans cet État jusqu’à ce qu’il ait effectué sa peine. En vertu de la loi fédérale, il ne peut pas posséder d’arme à feu. Mais il peut toujours se présenter à l’élection présidentielle et exercer ses fonctions s’il est élu, car aucune disposition de la Constitution n’empêche les personnes ayant fait l’objet de condamnations – ou qui se trouvent en prison – de se présenter à l’élection présidentielle et d’exercer leurs fonctions en cas de victoire.
A-t-on déjà une idée de ce que sera la peine à laquelle il sera condamné ?
Le juge new-yorkais Juan Merchan décidera seul de la peine, sans jury. Il n’est pas surprenant que l’annonce de la sentence ait été fixée au mois de juillet, plutôt qu’à une date antérieure. Comme dans d’autres cas, le service de probation préparera un rapport décrivant les antécédents et le passé de M. Trump, ainsi que les faits et les circonstances de cette affaire. Trump n’a pas de casier judiciaire, ce qui est généralement un facteur jouant en la faveur du condamné au moment de la détermination de la peine. Toutefois, il a des antécédents judiciaires négatifs : il a notamment été reconnu coupable d’agression sexuelle dans un procès civil en 2023. Reste à savoir si l’accusation ou le service de probation soutiendront que ces autres poursuites pénales et civiles doivent être prises en compte dans la détermination de la peine consécutive à sa condamnation de ce 30 mai. L’absence de remords est un facteur de détermination de la peine qui entre parfois en ligne de compte ; c’est souvent une raison pour laquelle les juges imposent une peine plus sévère. Il ne semble pas que Trump ait reconnu d’une manière ou d’une autre qu’il a fait quelque chose de regrettable ou qu’il a commis un crime. En outre, pendant le procès, le juge a sanctionné Trump à plusieurs reprises pour avoir enfreint l’ordre de garder le silence ; cela peut également être un facteur retenu contre.
Compte tenu de ce verdict, est-il probable que Trump purge une peine de prison ?
Le délit de falsification de documents commerciaux est considéré dans l’État de New York comme un crime de « Classe E » – et chaque crime est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à quatre ans d’emprisonnement. La mise à l’épreuve peut remplacer l’incarcération, ou la mise à l’épreuve peut être assortie d’une courte période d’incarcération. Les peines peuvent être imposées simultanément ou consécutivement, de sorte que Trump pourrait théoriquement être condamné à une peine de 136 ans si les peines maximales pour tous les chefs d’accusation étaient imposées consécutivement. Toutefois, bien que la sentence soit laissée à l’appréciation du juge, on peut raisonnablement supposer, sur la base des pratiques passées, que Trump ne sera pas condamné à une longue peine d’emprisonnement et qu’il pourrait même ne pas être incarcéré du tout. Un verdict de non-culpabilité aurait été définitif en raison de l’interdiction par la Constitution de la double incrimination – ce qui signifie qu’une personne ne peut pas être condamnée, acquittée ou punie plus d’une fois pour le même délit. Cette condamnation sera sans aucun doute contestée pendant des années, et la procédure d’appel pourrait aboutir devant la Cour suprême des ÉtatsUnis. La question de savoir s’il était approprié que cette affaire soit jugée par le un tribunal d’État se posera également : en appel, on peut s’attendre à ce que soit brandi l’argument selon lequel le procès aurait dû se tenir au niveau fédéral, car les faits reprochés à Trump ont trait à des élections fédérales. Bref, cette affaire n’est pas terminée, loin de là. Il est probable que même si Trump était condamné à une peine d’emprisonnement, il serait autorisé à rester en liberté en attendant l’appel. Cette pratique n’est pas rare dans les affaires complexes et très médiatisées, du moins lorsqu’il existe des allégations juridiques raisonnables d’erreur.
Qu’est-ce qui a rendu les preuves si solides dans cette affaire qu’elles ont persuadé les jurés ?
Cela s’explique en partie par la loi new-yorkaise qui, contrairement à celle de nombreux États, criminalise la falsification de documents commerciaux internes, même s’ils sont privés et ne servent pas à frauder le système fiscal ou à escroquer qui que ce soit. Mais même à New York, la falsification de documents commerciaux privés relève généralement du délit. Ces agissements ne peuvent provoquer une sanction pénale que si, comme l’a constaté le jury en l’espèce, ils sont utilisés pour couvrir ou dissimuler un crime. Dans ce procès, le jury a sans doute été convaincu par l’argument de l’accusation selon lequel le délit couvert était avant tout une manœuvre visant à induire en erreur le peuple américain en dissimulant des informations sur le caractère et la conduite d’un candidat à l’élection présidentielle. Étant donné que Trump était accusé d’avoir trompé les électeurs, le jury n’était peut-être pas disposé à se contenter de considérer qu’il s’agissait d’une affaire normale. Un autre facteur est l’enquête remarquable qui a été menée pour préparer cette affaire. L’accusation disposait d’un si grand nombre de témoins et de documents qu’elle a pu raconter l’histoire avec des détails très précis.
Par Alioune TINE
FAIRE DU SÉNÉGAL UN PAYS DE RÉFÉRENCE EN MATIÈRE JUDICIAIRE
Il ne faut pas céder à leur pression, il faut bien comprendre que nous avons affaire à des acteurs pour la plupart conservateurs et d'une excessive prudence. C'est l'audace qui mènera à la rupture systémique.
Le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, engagé dans une rupture systémique par rapport à un vieux système politique, démocratique et social en fin de cycle, doit absolument être vigilant et éviter de se laisser entraîner dans des débats sans objet et sans intérêt qui risquent d'enliser ses magnifiques projets de refondation de la République et de la Société.
Ceux qui agitent la menace d'une République des juges agitent un vieil épouvantail ressassé pratiquement par tous les présidents sénégalais et bien avant eux certains présidents français. C'est un vieux fantasme, car la République des juges n'existe nulle part dans le monde.
Les forces de résistance au changement et les forces d'inertie seraient bien en peine de vous citer un exemple de pays où il existe une République des juges. Les forces d'inertie, il faut toujours compter avec, dans la révolution citoyenne et voir comment les contourner pour éviter qu'elles ne vous plongent dans la routine. Le pays africain qui dispose d'une des meilleures institutions judiciaires au monde, c'est assurément le pays de Nelson Mandela, l'Afrique du Sud. Il n'y a pas de République des juges en Afrique du Sud. Depuis 1981, la France a fait d'énormes efforts avec l'arrivée de Mitterrand pour émanciper l'Autorité judiciaire en France. Il n'y a pas de République des juges en France. Quid des États-Unis, du Brésil ou de l'Italie.
Les Assises de la justice au Sénégal sont une initiative fabuleuse, j'y assiste avec enthousiasme et suis ravi de constater son caractère inclusif avec la diversité des acteurs, je salue son management par une équipe compétente et ouverte, les débats sont d'une infinie richesse du fait de la motivation des participants. Pour moi, c'est déjà un grand succès. Reste ses enjeux politiques énormes et les attentes des citoyens concernant la rupture, sa dimension et son ampleur pour une rupture systémique. Notamment le pari de l'indépendance structurelle du pouvoir judiciaire, qui doit bien être perçu par les citoyens, car la perception est fondamentale d'un changement systémique doit être sans équivoque.
Beaucoup de juges, vous le savez et probablement certains professeurs d'université pourraient être réticents à voir le Président de la République quitter la Présidence du Conseil Supérieur de la magistrature. Il ne faut pas céder à leur pression, il faut bien comprendre que nous avons affaire à des acteurs pour la plupart conservateurs et d'une excessive prudence. C'est l'audace qui mènera à la rupture systémique. La justice ce n'est pas seulement les magistrats et les juristes, c'est toute la société qui est intéressée. Libérer le procureur en lui restituant sa liberté d'appréciation, en coupant le lien qui l'assujettit à l'exécutif.
Après ce qui s'est passé avec les élections et l'action de juges courageux, indépendants et compétents, il faut sortir des Assises en posant les jalons d'un Sénégal de référence en matière judiciaire.
Enfin, décoloniser la justice, changer sa représentation de soi, sa langue, décoloniser les politiques pénales peu respectueuses de la dignité humaine des Africains. Ça coûte cher dans tous les sens. Mais, le début est bon et prometteur.
par Patrick Chamoiseau
IL N'Y A PAS D'ULTRAMARINS, IL N'Y A QUE DES PEUPLES-NATIONS ENCORE SANS ÉTAT
La Kanaky (convulsive sous le mépris, la violence et la mort) offre à la vieille République française une occasion de se moderniser. Sa revendication exige une autre vision du monde. Elle demande un réexamen de ce qui se « crie » tristement « Outre-mer »
La Kanaky (maintenant convulsive sous le mépris, la violence et la mort) offre à la vieille République française une occasion de se moderniser. Sa juste revendication exige une autre vision du monde. Elle demande aussi un réexamen de ce qui se « crie » tristement « Outre-mer ». Cette estampille ténébreuse camoufle ensemble un système et un syndrome.
Système, parce que, depuis des décennies (déjouant les mannes européennes et les paternalistes plans de développement), tous les indicateurs mortifères attestent d'une évidence : ces situations humaines demeurent largement en dessous du niveau de bienêtre humain que l'on pourrait attendre de terres dites « françaises ». Syndrome, parce que dans ces pays-là, les signes pathologiques d'assistanat, de dépendance ou de déresponsabilisation sont les mêmes et sévissent de concert.
La mondialité
Via la Kanaky, ces pays méprisés par la France offrent à la compréhension du monde une réalité encore inaperçue. Celle-ci ne peut se percevoir par l'unique prisme du « colonial », comme le pensent encore les activistes décoloniaux. Le fait (ou mé-fait) colonial n'est qu'une donnée parmi d'autres. Il nous faut sortir de la prégnance occidentale (seule aujourd'hui à raconter le monde), et entreprendre d'inventorier, une à une, toutes les forces visibles et invisibles qui ont œuvré à l'accouchement de notre époque. En attendant, commençons par ouvrir notre focale à la mondialité.
Le poète Édouard Glissant appelait ainsi la résultante d'un tourbillon complexe. On y trouve enchevêtrées, les évolutions impénétrables du Vivant, les emmêlées des peuples, cultures et civilisations, résultant des chocs coloniaux, du broiement des empires, puis du capitalisme protéiforme. Une des résultantes cruciales de ce chaosmos : l'individuation. Cette force a éjecté des millions d'individus des vieux corsets communautaires pour précipiter leurs combats, leurs rêves, leurs idéaux, vers des accomplissements imprévisibles dans la matière du monde. Les individus les plus accomplis (ceux qui, de par leurs divers engagements, habitent sinon des communautés mais des multitudes de « Nous ») forment aujourd'hui une matière noire du monde bien plus décisive que celle des communautés archaïques ou des vieux États-nations. Dès lors, si la mondialisation économique est un standard barbare, la mondialité est une matrice vivante ; un en-commun infra-planétaire où les « Nous » s'entremêlent et relient par des agentivités créatives tout ce qui se trouvait séparé. C'est de cette matrice encore invisible à nos yeux que va surgir, tôt ou tard, un autre monde, encore imprédictible.
La relation
Cette mondialité peut nous aider à comprendre la Kanaky, et à mesurer combien la Constitution française est maintenant obsolète. Surtout inacceptable. Elle verrouille (sous une fiction absurde de « départements », « régions », « collectivités » ou « territoires » d'Outre-mer) des complexités territoriales, historiques et humaines qui lui sont étrangères. Ce ne sont pas des choses « ultramarines ». Ce sont des peuples-nations, encore dépourvus de structures étatiques ! Ils ont surgi d'une alchimie que les anthropologues reconnaissent maintenant comme étant une « créolisation ». Ce terme souligne ce qui se produit quand, de manière immédiate, massive et brutale, des peuples, des civilisations, des individus (mais aussi des interactions amplifiées entre les écosystèmes, biotopes et biocénoses) imposent aux existences une entité globale de référence : celle de Gaïa qu'aimait Bruno Latour, de cette Mère-patrie dont parle Edgar Morin, ou de ce chaosmos poétique que Glissant nomme Tout-monde.
Cet entremêlement inextricable du Vivant et des Hommes se serait inévitablement produit car notre planète est ronde et parce que le vivant est avant tout une mobilité. Prenons, la traite des Africains, l'esclavage de type américain, le système des plantations et des extractions massives. Ajoutons-y, la colonisation, le capitalisme, la prolifération urbaine et les systémies technoscientifiques, on aura alors à peine esquissé le plus visible d'un processus insondable : celui de la Relation. Cette notion du tout relié à tout dans des fluidités inter-rétro-actives constitue le principe actif de la créolisation. C'est d'elle qu'ont surgi ces peuples-nations que la Constitution française ne comprend pas. Elle les verrouille sous un effarouchement « indivisible » et fonde sa cinquième République sur un aussi fictif que monolithique « peuple français ». Elle réduit ainsi à de simples « populations » les entités humaines formidables que son bond colonial et son histoire relationnelle ont rendu solidaires de sa présence au monde.
Peuples ataviques et peuples composites
Mais le plus important, c'est ceci : dans la Relation, dessous le couvercle « Outre-mer », il y a aujourd'hui deux types de peuples : les peuples ataviques et les peuples composites. Les peuples ataviques (mélanésiens de Kanaky ; polynésiens ; mahorais ; peuples originels de Guyane…) disposent d'une antériorité multimillénaire sur l'emprise du mé-fait colonial.
Les peuples composites (Martinique, Guadeloupe, Réunion...) sont des surgissements (des créolités) de la créolisation. Complètement nouveaux, ils sont les derniers peuples de l'aventure humaine à être apparus sur cette terre. Ils n'ont pas d'antériorité qui se perd dans la nuit des temps. Ils sont nés dans le vortex relationnel où se retrouvent les communautés fracassées et les individuations. Ils mélangent presque toutes les présences anthropiques planétaires. La conscience qu'ils ont désormais d'eux-mêmes en fait de véritables nations qui attendent d'être reconnues comme telles — ce que ne nul ne sait faire, à commencer par les politiciens français qui distinguent encore à peine les peuples ataviques et rechignent à comprendre leur revendication d'une existence au monde.
La Martinique, la Guadeloupe ont vécu la « désapparition »2 de leurs peuples ataviques. En Kanaky, le peuple atavique des Kanaks a traversé héroïquement les exterminations. Il constitue une part déterminante du peuplement actuel qui, avec les diverses migrations et le choc colonial, est dorénavant une entité post-atavique. Car le mé-fait colonial et ses fluidités migrantes collatérales ont installé des complexités anthropologiques désormais inextricables. Elles obligent les peuples ataviques à composer avec des implantations nées de la colonisation et des mouvements relationnels du vivant. C'est la beauté de Nelson Mandela d'avoir su admettre la présence blanche dans le devenir de l'Afrique du Sud alors qu'il avait le pouvoir de la frapper. C'est la beauté de Mahmoud Darwich et des grands politiques palestiniens confrontés à l'irréversible implantation des Juifs. C'est surtout la beauté de Jean-Marie Tjibaou d'avoir accepté l'hybridation caldoche alors que cette dernière avait (conserve encore) de son sang sur les mains… L'agentivité de ces hommes ne s'est pas laissée enfermer dans un imaginaire communautaire ancien ou dans les frappes et contres-frappes coloniales : elles les ont dépassés pour deviner la mondialité et pour donner une âme fraternelle à la Relation. Ces hommes ont maintenu ainsi — pour tous, au nom de tous — une espérance.
L'éthique d'un nouveau vivre-ensemble
Dès lors, une éthique de la Relation s'impose. Quand le peuple atavique subsiste dans une sédimentation composite, la bienséance du nouveau vivre-ensemble exige de lui remettre la prééminence sur le devenir de son pays : nul ne saurait démanteler ce qui l'unit à sa terre, laquelle est toujours faite (comme le disait Jean Guiart) du sang noble de ses morts.
Quand le composite est entièrement fondateur d'un nouveau peuple, il faut — non pas ignorer son existence (comme cela se fait actuellement en France pour la Guadeloupe ou pour la Martinique), mais considérer qu'il y a là une entité nouvelle, qui n'est réductible à aucune de ses composantes, qu'elle soit dominée, qu'elle soit dominante, et qui détient une autorité légitime sur le devenir de sa terre.
Le devenir des peuples ataviques est d'être post-atavique, et progressivement composite, dans l'énergie relationnelle du vivant. Celui des peuples d'emblée composites, est d'aller de la manière la plus haute, la plus humaine, la plus poétiquement ouverte et fraternelle, aux fastes de la Relation.
C'est cet imaginaire de la Relation qui nous donnera le goût de la diversité qui est au principe du vivant, d'en percevoir la profonde unité qui n'a rien à voir avec l'Universel occidental, et d'en goûter l'inépuisable diversité dont le trésor est cette insaisissable unité qui ne vit, ne s'accomplit, que dans son évolutive diversité.
Une Kanaky Kanak
Cette éthique oblige donc que le corps électoral de Kanaky n'autorise aux votes déterminants que les Kanaks. Que s'y adjoignent ceux qui, venus d'ailleurs, ont été identifiés par les accords de Nouméa (1988,1998). C'est l'autorité à venir, à prépondérance kanake, qui seule pourra décider des évolutions de son système électoral.
Kanaka signifiait : être humain. Kanak signifie pour nous, pour tous, l'espérance possible d'un nouvel humanisme. Restituée à son imaginaire kanak, la Kanaky disposera de toutes les chances pour trouver un nouvel espace-temps, échapper à la gravité morbide du trou noir capitaliste, réenchanter notre rapport au vivant, et habiter enfin poétiquement la terre selon le vœu de ce cher Hölderlin.
Quant à la modernisation relationnelle de la Constitution française, elle est très simple : il suffit de proclamer une sixième République ; de la rendre capable d'accueillir en pleine autorité tous les peuples-nations (peuples nouveaux de la Relation) qui le voudraient ; d'inaugurer ainsi le pacte républicain ouvert qu'exige la nouvelle réalité (post-coloniale, postcapitaliste, post-occidentale) qu'annonce notre mondialité.
L'exploitation du nickel, le domaine maritime, la biodiversité, l'activité spatiale ou le souci géostratégique doivent désormais s'inscrire dans le respect des peuples concernés. Nous avons rendez-vous là où les océans se rencontrent, disait mystérieusement Glissant. Que disparaisse dans cette rencontre l'Outre-mer de la France !
Patrick Chamoiseau, poète, romancier, essayiste, a construit une œuvre protéiforme couronnée de nombreuses distinctions (Prix Carbet de la Caraïbe, Prix Goncourt, Gallimard,1992, Prix marguerite Yourcenar en 2023…) et traduite dans le monde entier. Son esthétique explore la créolisation et les poétiques relationnelles du monde contemporain. Il est aujourd’hui une des présences littéraires les plus importantes de la Caraïbe.
Ce texte a paru en version réduite dans le Libération du 24 mai.
par Nioxor Tine
DES AUTOROUTES DE LA DÉMOCRATIE ET UN TRAIN EXPRESS DU RENOUVEAU
L’Etat hyper-présidentialiste et directif, en vigueur jusque-là, reposant sur le triptyque : « police politique – justice instrumentalisée – assemblée aux ordres » ne peut servir à construire le nouvel ordre décolonial
Ce serait faire preuve de mauvaise foi, que de tenter de sous-estimer le rôle capital que le Pastef et ses dirigeants ont joué dans l’avènement de ce que beaucoup d’observateurs qualifient volontiers de la révolution du 24 mars 2024, différente, à tous points de vue, de l’alternance survenue, douze ans auparavant, presque jour pour, un certain 25 mars 2012.
Pour ce qui est du président Macky Sall, il s’agissait de la rébellion d’un cadre politique "docile" et loyal, ayant occupé de prestigieuses fonctions étatiques, contre son tout-puissant mentor, Me Wade, désireux de procéder à une dévolution monarchique du pouvoir au profit de son fils biologique. Cela allait, lui ouvrir, accidentellement, la voie à la magistrature suprême, surtout après la dislocation de Benno Siggil Sénégal, regroupant des hommes politiques expérimentés issus de la gauche socio-démocrate et marxiste.
Quant à Ousmane Sonko, son activité politique s’est toujours déroulée sous le sceau de la collégialité, reposant sur un solide socle programmatique, centrée sur la rupture avec l’ordre néocolonial obsolète, ainsi que sur la promotion des valeurs de bonne gouvernance, de justice sociale, de souverainisme et de panafricanisme.
Autant dire, que la démarche politique du Pastef présentait beaucoup de similitudes avec celle des partis de gauche ou nationalistes de la période post-indépendance, je veux parler du PAI historique, du RND, du MSU et d’AND-JEF, ainsi que des nombreuses formations politiques, qui en sont issues. C’est pourquoi, on retrouve dans sa direction des hommes politiques bien connus, qui ont osé tenter l’aventure avec les jeunesses patriotiques.
A contrario, d’autres partis, dont la contribution aux avancées démocratiques de notre pays est remarquable, ont fait montre d’une hostilité incompréhensible à l’endroit du Pastef, qui ne faisait que parachever, à sa manière, le combat, qu’ils avaient entamé, sans pouvoir le terminer, n’ayant peut-être plus la force ou les convictions d’antan. C’est ce qui les a conduits à devenir des défenseurs inconditionnels, voire des flagorneurs zélés du régime de régression démocratique et sociale de Benno Bokk Yakaar, frôlant le despotisme, qu’ils voulaient même pérenniser, en s’alliant avec une personnalité emblématique de cette tristement célèbre bourgeoisie bureaucratique, qui pille notre pays depuis plus de 60 ans.
C’était sous-estimer le niveau de conscience politique du vaillant peuple sénégalais, qui a résolu, de manière magistrale, cette équation politique simple (rupture ou continuité), que plusieurs opérateurs politiques bien ou malintentionnés n’ont eu de cesse de vouloir, complexifier.
Il s’en est donc suivi la victoire éclatante de la « Coalition Diomaye Président » au premier tour, qu’on doit se garder d'assimiler, trop rapidement, à un blanc-seing en faveur du Pastef et ses alliés, mais qui semble plutôt relever d’un ras-le-bol populaire contre le régime de Macky Sall et ceux qui l’ont précédé depuis plus de 60 ans, tous auxiliaires du système néocolonial.
Les masses populaires sénégalaises, à l’instar de celles des pays voisins frères, ont choisi de rompre d’avec la domination impérialiste, mère de la confiscation de nos souverainetés, de la prédation de nos ressources, de l’atteinte à nos droits et libertés et de l’injustice sociale.
Il s’agit, maintenant, pour le camp patriotique, de matérialiser cette profonde aspiration populaire pour un véritable changement, dont le premier chantier doit être celui de la reddition des comptes, qui devra, dorénavant, devenir systématique.
A observer le nouveau régime, qui s’apprête à boucler ses soixante jours et avant la fin de la période de grâce des cent jours, on ne peut manquer de se dire, qu’il est impossible d’accomplir l‘exaltante œuvre de « transformation systémique » sans refondation institutionnelle, c’est-à-dire un démantèlement radical de l’ancienne armature institutionnelle. Il faudra également garantir la préservation pleine et entière des espaces politiques et civiques, c’est-à-dire le respect des droits et libertés des opposants politiques, des travailleurs ou des professionnels de la presse…etc.
Il s’agit, avant tout, de construire des autoroutes de la démocratie et un Train Express du Renouveau, en s’inspirant de l’héritage des Assises nationales.
L’Etat hyper-présidentialiste et directif, en vigueur jusque-là, reposant sur le triptyque : « police politique – justice instrumentalisée – assemblée aux ordres » ne peut servir à construire le nouvel ordre "décolonial", qui ne peut émerger, que sous l’action volontaire et combinée des diverses classes et couches sociales intéressées à son avènement.
Récemment, l'affectation du général Souleymane Kandé, chef d’État-major de l’Armée de Terre et commandant des forces spéciales, à New Delhi a suscité un tollé orchestré par une partie de la presse.
En tant qu'honnête citoyen épris de justice et de respect de la bonne gouvernance, je me vois dans l'obligation de m'exprimer face à la tentative manifeste de manipulation de l'opinion publique par certains journalistes et patrons de presse. Ces derniers, en perte de crédibilité, semblent déterminés à détourner l'attention des Sénégalais de leurs propres turpitudes en utilisant des stratégies de désinformation grossières.
Récemment, l'affectation du général Souleymane Kandé, chef d’État-major de l’Armée de Terre et commandant des forces spéciales, à New Delhi a suscité un tollé orchestré par une partie de la presse. Cette décision, conforme à la constitution qui stipule que le Président de la République nomme aux emplois civils et militaires, a été délibérément déformée pour semer la confusion et discréditer le gouvernement en place. Il est essentiel de rappeler que cette affectation relève des prérogatives constitutionnelles du Président, et toute tentative de la présenter autrement relève de la manipulation pure et simple.
La campagne de dénigrement dirigée contre le Premier Ministre Ousmane Sonko par cette même presse est tout aussi préoccupante. M. Sonko, connu pour son intégrité et son dévouement à la cause publique, est perçu comme une "pilule amère" par ceux qui préfèrent le statu quo et la corruption endémique. Ces attaques systématiques contre sa personne ne sont rien d’autre que des tentatives désespérées de détourner l’attention des véritables enjeux auxquels notre pays est confronté.
Il est important de comprendre que cette presse, qui aujourd'hui crie à l'injustice, a largement profité du régime de Macky Sall. Pendant des années, ces mêmes journalistes et patrons de presse ont bénéficié de faveurs et de protections, alors que le président Sall s'employait à couvrir leurs méfaits, leurs tromperies et leurs manipulations. Aujourd'hui, se voyant dépouillés de ces avantages indus, ils tentent de se poser en victimes pour masquer leurs propres forfaits.
Par ailleurs, certains de ces grands voleurs, délinquants fiscaux notoires, cherchent à détourner l’attention de leurs malversations financières. En jouant les "kamikazes", ils espèrent que la justice s’intéresse à des détails insignifiants, occultant ainsi les véritables motifs pour lesquels ils doivent être condamnés. Cette stratégie visant à se faire arrêter pour des peccadilles afin d’échapper à des sanctions bien plus sévères est non seulement malhonnête mais aussi irresponsable.
En tant que citoyen engagé, je refuse de voir mon pays déstabilisé par des individus qui cherchent à protéger leurs intérêts égoïstes au détriment du bien commun. Nous devons rester vigilants et ne pas nous laisser berner par ces manœuvres. La justice doit suivre son cours et aucun acte de délinquance, qu'il soit fiscal ou autre, ne doit rester impuni.
Il est également crucial de rappeler que la presse a un rôle fondamental dans la démocratie : celui d’informer de manière objective et de rendre compte de la vérité. Lorsqu’elle s’éloigne de cette mission sacrée pour servir des intérêts particuliers, elle trahit non seulement sa vocation mais aussi la confiance des citoyens.
Je remercie mes concitoyens pour leur discernement et leur soutien dans cette période de transition. Nous devons continuer à bâtir un Sénégal fondé sur la transparence, la justice et la bonne gouvernance. Ensemble, nous pouvons surmonter ces tentatives de déstabilisation et assurer un avenir meilleur pour notre nation.
Par Abdou Karim SAKHO
LETTRE OUVERTE A MOUSSA BALLA FOFANA
Votre ambition de construire huit mille (8000) logements sociaux au niveau du pôle urbain de Daga Kholpa est noble et salutaire. Mais Daga Kholpa pose plus de problèmes que Mbour 4.
Votre ambition de construire huit mille (8000) logements sociaux au niveau du pôle urbain de Daga Kholpa est noble et salutaire. Je voudrais d’emblée vous dire que votre vœu est irréalisable car le chemin que vous risquez d’emprunter est parsemé d’embûches. J’en veux pour preuve les échecs de vos prédécesseurs qui devaient vous servir de viatique et auxquels de mon point de vue vous semblez n’accorder aucune retenue. Je suis un acteur privilégié de ces aventures pour avoir été conseiller technique de vos devanciers. Vous voudrez bien donc accepter et prendre cette présente comme une invite à plus de regards que d’attention pour une atteinte des objectifs assignés. Retenez enfin qu'aucune ambition de retourner aux côtés d'un ministre ne me traverse l’esprit mais en ma qualité de citoyen et de technicien qui n’a connu que l’administration et le ministère de l’urbanisme pour avoir été conseiller technique de cinq (5) ministres, mon devoir est de vous alerter par des conseils de par mon vécu sempiternel. Au demeurant il me plaira de faire étalage des écueils qui se dresseront sur votre chemin et auxquels il vous sera difficile d’apporter des solutions. Le premier obstacle est votre précipitation d’annonces d’effets incongrus sans prendre la mesure des incidences ultérieurs. Un mois après votre nomination je crois qu’il était plus sage de prendre connaissance de l’équipe qui vous entoure et de peaufiner une stratégie d’écoute et de collaboration.
Daga Kholpa pose plus de problèmes que Mbour 4. Un audit du foncier vous aurait permis de constater que l’assiette de terrain dont vous avez besoin pour réaliser votre programme est pratiquement impossible à trouver dans la zone. Si vous faites abstraction des équipements et du mobilier urbain de votre programme et rien que pour les logements vous avez un besoin de deux cent cinquante hectares (250ha). Vous me permettrez également de partager avec vous ces quelques préoccupations qui ont trait à la titrisation du foncier. Les banques et les partenaires financiers ont tous reculé par défaut de titres nantissables du foncier. Aucune institution financière ne mettra ses billes tant que des baux et titres fonciers ne leur seront opposables. Je pense également que le programme des 100 mille logements est désuet et les populations n'y croient plus. En lieu et place je vous aurais conseillé de faire table rase de cette manie de coûte que coûte faire mieux que l'ancien régime. Les populations vous ont élu parce qu’ils croient à votre programme de campagne. Donc, de grâce faites les faire rêver par des programmes innovants car vous suscitez l’espoir et vous n’avez pas droit à l'erreur. Les populations deviennent de plus en plus exigeantes car conscientes des atouts du Sénégal sur l’échiquier mondial. Le Sénégal est devenu un pays riche et cette richesse doit être distribuée à l’ensemble des enfants du pays sans discrimination aucune.
Je vous aurais conseillé de tendre vers la construction de deux cent (200) nouvelles villes écologiques sur les quarante départements du pays les moins urbanisés en raison de cinq (5) villes par département. Chaque ville va coûter la somme de cinquante (50) milliards de francs soit un investissement massif et global de dix mille (10 000) milliards de francs Cfa pendant cinq ans ; la durée de votre premier mandat. Ainsi le peuple Sénégalais vous sera reconnaissant et à ce moment précis vous aurez toute la prétention requise d’avoir fait mieux que Macky Sall qui a laissé un bilan matériel très élogieux. Pour finir je voudrais lancer un appel solennel à son Excellence Bassirou Diomaye Faye Président de la République du Sénégal de dissoudre la Sicap et la Sn Hlm pour en faire une grande société sénégalaise de construction et comme patrimoine national. Je demeure convaincu que ces deux sociétés n’ont plus leur raison d’être.