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7 mars 2025
Opinions
Par Thierno Birahim FALL
L’AVANCEE DE L’URBANISATION ET SES CONSEQUENCES SUR LA SOUVERAINETE ALIMENTAIRE
Dans cette deuxième contribution, on s’intéresse au support de production qui est le sol. D’entrée de jeu, il faut savoir que les terres arables disponibles au Sénégal sont évaluées à trois millions cinq cents mille hectares (3 500 000 ha)
Ma première contribution intitulée pour une souveraineté alimentaire réussie relevait les défaillances institutionnelles et organisationnelles en plus des dispositions clefs qu’il fallait prendre pour certains éléments de production notamment les facteurs de productions (semences, engrais .etc.)
Dans cette deuxième contribution, on s’intéresse au support de production qui est le sol. D’entrée de jeu, il faut savoir que les terres arables disponibles au Sénégal sont évaluées à trois millions cinq cents mille hectares (3 500 000 ha) dont deux millions cinq cents mille (2 500 000 ha) mis en culture, essentiellement consacrés à des cultures d’hivernage, ce qui resterait à peu près un million d’hectares dont une partie est consacrée au maraichage. La FAO estime que 70 000 ha sont cultivés en permanence, superficie dans laquelle on doit insérer les activités horticoles.
Nous démarrons notre réflexion sur la bande des Niayes, zone favorable aux cultures horticoles et à l’élevage et dont la superficie est estimée à 540 000 ha. La région de Dakar située en partie dans cette zone, qui occupe 55 000 hectares, est prise comme échantillon.
Aujourd’hui, la menace porte sur ce stock, mais avant d’aborder l’analyse, je constate que le phénomène affecte toutes les villes et les agglomérations sur l’ensemble du pays, pour dire que les campagnes se dégarnissent en plus de leurs terres récupérées au profit des villes, dont les conséquences sont visibles et se résument à :
- Moins de main d’œuvre pour les exploitations agricoles en témoigne le nombre d’enfants et de femmes qui exécutent les travaux dans les exploitations
- Des terres destinées à l’agriculture, exploitées ou en exploitation, affectées à l’habitation, ce qui explique en partie les conséquences que l’on observe avec les inondations et les pertes de production.
Pour circonscrire notre champ d’étude, nous considérons que la région de Dakar part du Plateau jusqu’ à l’entrée de Bayakh. Pour ceux qui ont grandi à Dakar et sa banlieue, les exploitations maraichères démarraient derrière le rond-point de Petersen presque sans discontinuité, seulement entrecoupé par certains quartiers qui s’arrêtaient à hauteur de Colobane et Wakhinane pour continuer sur la grande Niaye de Pikine, Thiaroye réputé pour sa spécialisation sur la culture de choux pommé, poursuivant cette lancée jusqu’à Gorom et Bayakh. Si dans le temps, Dakar nourrissait Dakar, aujourd’hui c’est la zone de Notto et Mboro qui nourrit Dakar en légumes et mangues.
Que reste-t-il de cette végétation avec les champs arboricoles, maraichères, la faune et la flore et si on faisait une évaluation sommaire de cette superficie perdue ?
Partant d’une évaluation sommaire de cette superficie de 550km2 soit 55000ha, on peut considérer qu’au moins 80 % de ces superficies sont perdues par l’exploitation agricole soit 440 000ha et en faisant la clé de répartition, 25% pour le maraichage et 75% pour la culture fruitière, on se retrouve avec 330 000 ha pour la fruitière et 110 000ha pour le maraichage.
LES CONSEQUENCES SOCIALES ET ECONOMIQUES
La perte de main d’œuvre En considérant un ( 1) manœuvre par ha d’arbres fruitiers et deux( 2) par ha de maraichage, cela nous donnerait 330 000 pour le fruitier et 220 000 pour le maraichage, soit un total de 550 000 ouvriers par an qu’ on aurait pu utiliser avec un salaire moyen arrondi à 50 000 FCFA par mois , par référence au salaire minimum agricole ( SMAG) , cela donnerait une somme de vingt-sept milliards cinq cents millions de FCFA ( 27 500 000 FCFA) à distribuer annuellement.
Le manque à gagner annuel dû à la perte de production annuelle
Pour le fruitier, on se situerait à 165 000 000 000FCFA et le maraichage 220 000 000 000 FCFA de revenus générés, pour une estimation à 500 000FCFA par ha de fruitiers et un million (1 000 000 FCFA) pour deux spéculations choisies : la tomate cerise et les choux pour le maraichage. Ce qui fait un total cumulé de trois cents quatre-vingt-cinq milliards de francs CFA (385 000 000 FCFA) de manque à gagner. Je précise que l’analyse est minimaliste dans la mesure où nous avons tablé sur un revenu que peut gagner un producteur moyen.
Les autres acteurs économiques connexes
Il s’agit des transporteurs, des ouvriers manutentionnaires, des bana banas au niveau des marchés, jusqu’ à la maman revendeuse de légumes avec sa table au niveau du quartier. Sans une évaluation, on peut percevoir ces gains latents qu’auraient pu percevoir ces agents économiques, et qui viendraient s’ajouter à ce qui est dit plus haut.
L’économie verte
La récolte des noix d’acajou, les revenus tirés de la pharmacopée avec les herbes, feuilles récoltées dans ces forêts vendues dans les marchés, le bois mort pour les besoins de cuisine et le bois d’œuvre (rôniers) pour la construction des habitats constituent des revenus non négligeables perdus également.
LES ORIGINES DE CETTE SITUATION
L’acte 3 de la décentralisation est indéniablement le premier facteur à incriminer dans la mesure où les maires ont focalisé leurs activités essentiellement sur deux axes, les taxes et le foncier, ce qui a généré cette boulimie et spéculation foncière. La mentalité développée sur la terre, c’est qu’elle n’est plus considérée comme un facteur de production mais un produit de commerce.
L’autre élément moins visible, c’est que la population délaisse de plus en plus les activités de production au profit d’autres activités comme le commerce certainement moins pénible, présentant moins de risque et plus rémunérateur. Ce constat m’amène à soulever l’équilibre des filières . Par essence, les filières sont déséquilibrées à cause du manque de solidarité des acteurs. Dans la chaine, c’est généralement celui qui produit qui prend l’essentiel des risques et qui récolte le moins de revenus. Quel est l’investissement que fait le commerçant comparé à celui du producteur et quel risque prend-t-il pour vouloir écrémer les revenus générés parla filière. Il s’impose donc la nécessité de veiller à l’équilibre des filières pour permettre à ceux qui prennent plus de risque et investissent plus, de gagner plus de revenus. Il y va de l’organisation de ces derniers pour mieux asseoir leur pouvoir de négociation.
LES DISPOSITIONS A PRENDRE
Trois axes d’intervention, sécuriser le reste de terres agricoles, rééquilibrer les filières, redynamiser les structures associatives de développement.
La sécurisation des terres agricoles
Il s ‘agit ici d’identifier, de répertorier et de classer les zones considérées comme agricoles, d’établir les textes qui en font des zones de culture non aliénables pour d’autres destinations, sans oublier les dispositions complémentaires permettant aux exploitants d’acquérir des titres qui servira, à la fois à sécuriser leurs investissements et aussi à servir de garantie pour renforcer leur capacité de production.
Equilibrer les filières
Ce sera essentiellement du ressort des producteurs qui doivent s’organiser pour s’imposer en interlocuteur unique face aux commerçants, banquiers et autres interlocuteurs, y compris l’Etat.
Redynamiser les structures associatives de développement
Ce sont les coopératives , organisations professionnelles qui sont visées , occasion pour attirer l’ attention sur le fait qu’ il est important d’ évaluer l’ existant avant de mettre de nouvelles structures L’ expérience a montré que tous ceux qui se sont écartés de cette démarche ont vu les nouvelles structures péricliter à la fin des projets et ou des régimes qui les ont mis en place.
L’autre principe qui guide la mise en place de ces nouvelles structures serait après l’évaluation d’écouter et d’impliquer les acteurs tant dans la conception que dans la mise en œuvre, ne pas avoir d’idées dans la discussion avant qu’ils ne donnent les leurs et prendre ces idées émises comme base de travail. Le monde rural a son mode de fonctionnement. Je résume cette démarche en disant ;
Ne jamais les devancer dans la recherche des idées, les écouter et les impliquer pleinement en les mettant au-devant pour ne pas les perdre en cours d’exécution.
L’étude de cet échantillon montre très clairement qu’il faut prendre des mesures urgentes pour stopper ce phénomène en protégeant les terres à vocation agricole car c’est seulement leur mise en exploitation qui permettrait de sécuriser la souveraineté alimentaire, s’assurer de la qualité des produits consommés, veiller à notre santé, résorber le chômage, permettre une large distribution des revenus à l’ensemble des acteurs économiques.
En résumé il faut retenir que c’est le développement du secteur rural qui résoudra nos problèmes actuels.
Par Youssoupha BA
JEU D'ECHECS AU SOMMET DE L'ÉTAT...
Le désamour qui caractérise les relations entre l’Exécutif et l’Assemblée nationale — où l’opposition est majoritaire — se poursuit de plus belle. Rien que durant la journée d’hier, l’on a assisté à une série d’actes posés par les deux camps...
Le désamour qui caractérise les relations entre l’Exécutif et l’Assemblée nationale — où l’opposition est majoritaire — se poursuit de plus belle. Rien que durant la journée d’hier, l’on a assisté à une série d’actes posés par les deux camps rendant la bataille plus rude et faisant craindre un blocage institutionnel.
Après avoir marqué un bon coup avant hier lors du vote du projet de loi visant la dissolution des institutions que sont le HCCT et le CESE, l’opposition, estimant sans doute que le pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye était groggy, a voulu lui, porter l’estocade en déposant une motion de censure. Pour, a-t-elle expliqué, renverser le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko. Ce dernier a, au cours d’un entretien organisé qu’il a eu avec le personnel de la Primature, rassuré son camp pour dire que non seulement il n’y aura pas de motion de censure mais encore que la durée de vie la présente législature ne dépasse pas dix jours. Après cette sortie, la réplique de l’opposition ne s’est pas fait attendre. Quelques heures plus tard, la réplique de l’opposition, plus exactement du groupe Benno Bokk Yaakar, n’a pas tardé à travers la convocation du Bureau de l’Assemblée nationale par le président de cette institution pour se pencher sur la motion de censure déposée mardi par Abdou Mbow. Et puis, coup de théâtre. Comme dans un ring où les coups s’enchaînent entre deux boxeurs, les services de la Présidence ont annoncé un décret présidentiel limogeant les présidents du HCCT et du CESE. C’était la réponse du berger Diomaye Faye à la bergère Benno Bokk Yaakar qui avait rejeté lundi le projet de loi de dissolution de ces deux institutions. Voilà qui nous réserve une suite très disputée dans le combat politique auquel se livrent le pouvoir et l’opposition, à travers le groupe parlementaire BBY. Cela ira-til jusqu’à un blocage des institutions de la République ? Apparemment pas puisque l’Exécutif a tous les moyens pour gagner cette guerre en écrasant l’opposition grisée par sa victoire remportée lundi dernier dans l’hémicycle de l Place Soweto.
A qui va profiter le chrono avant le 12 septembre prochain ?
Dans ce combat épique, l’opposition cherche en outre à provoquer un conflit qui amènerait le chef de l’État à se séparer de son Premier ministre. Lequel constitue pour elle un obstacle infranchissable pour atteindre sa cible en l’occurrence le président de la République lui-même. Ayant très bien compris cela, Ousmane Sonko continue à s’ériger en bouclier pour recevoir tous les coups afin de mieux protéger le Chef de l’exécutif. Il a compris que le meilleur moyen de défendre le Président, c’est d’en découdre directement avec ses adversaires. C’est pourquoi d’ailleurs ses propos d’hier ont été violemment critiqués par beaucoup d’hommes politiques surtout de l’opposition notamment sur ses positions par rapport à la motion de censure et la reddition des comptes.
Volant à son secours, le chef de l’État a pris un décret pour convoquer d’urgence et dès aujourd’hui une autre session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour cette fois-ci statuer sur quatre projets de loi. Alors faut-il voir par là un nouvel acte politique tendant à jouer sur le temps pour empêcher la tenue de la DPG devant une Assemblée en fin de vie comme voulu par Ousmane Sonko ? En tout cas, selon plusieurs observateurs, tout semble l’indiquer vu que le projet de loi sur la DPG est placé en dernière position dans l’ordre du jour de la session extraordinaire. Donc si on se réfère à la procédure, il va falloir d’abord convoquer le Bureau de l’Assemblée nationale puis la Commission des Lois qui va fixer le calendrier de la session avant d’organiser la plénière ensuite. Sachant que la session extraordinaire ne peut dépasser 15 jours, devrait alors s’engager une véritable course contre la montre qui va tourner au rythme d’un chrono. Et au cas où tout ce processus n’est pas épuisé avant le 12 septembre prochain, le chef de l’État pourra sans trembler dissoudre l’Assemblée nationale. Dans tous les cas, la session extraordinaire est déjà actée et les travaux vont démarrer dès aujourd’hui. Mais, selon toute vraisemblance, la situation qui se présente est désormais en faveur du pouvoir même si rien n’est encore gagné d’avance. Toutefois selon Doudou Wade, ancien député et ex-président du groupe parlementaire du PDS, l’opposition peut trouver un autre moyen de riposte qui pourrait faire mal au pouvoir même s’il s’est abstenu d’entrer dans les détails. Doudou Wade semble décidément surestimer la force de cette opposition en débandade !
Par Elie Charles Moreau
J’ETAIS PAS A LA PRIMATURE, MAIS…
Je n’ai pas fait qu’écouter le Premier ministre : je l’ai entendu ! Et fort bien entendu ! Et à toutes les postures possibles : debout, assis et couché ! C’est dire à quel point, au-delà l’opportunité de cette communication...
Je n’ai pas fait qu’écouter le Premier ministre : je l’ai entendu ! Et fort bien entendu ! Et à toutes les postures possibles : debout, assis et couché ! C’est dire à quel point, au-delà l’opportunité de cette communication qui transcende le cadre trop limité de la Primature, son discours est de majeure importance : intéressant, éclairant sur le réel en train d’être vécu et les perspectives qui sont autant d’essentiels défis à relever : la mise en conditions adéquates des fonctionnaires sous sa tutelle directe; et au nom de cette universelle évidence retenue du legs immatériel de Mon Père : « Quand on a une vache à lait, on la nourrit » ! Et, ceci, non sans rappeler, avec insistance et légitime fermeté, ce qu’il attend de tous ses collaborateurs.
Amplifiant son partage de convictions, le Premier ministre a égrené une grappe d’urgences qui sont autant de pressantes demandes sociales : 1. la suppression d’institutions à « utilité non avérée » parce qu’étant de réels « machins » juste mis en service pour récompenser des fidèles, des subordonnés et compagnes et compagnons de régence ». Ce n’est donc pas sans raison que l’acte premier de tel objectif soit le limogeage des tutelles respectives du Conseil Économique Social et Environnemental et du Haut Conseil des Collectivités Territoriales. 2. La reddition des comptes. 3. La lutte permanente et sans merci contre la corruption et toutes les tares en elle contenues. 4. L’impératif à administrer par l’exemple : gage et chemin des plus sûrs pour réinstaller en leurs syllabes d’accueil la vertu et les cultes de travail bien fait et du service public convenablement rempli. 5. Un clin d’œil, d’importance majeure, a été fait à l’endroit des lanceurs d’alerte dans la stabilité du pays et la prévention contre tout ce qui peut porter préjudice au pays et, principalement, à la République et à l’Etat. 6. La rationalisation des moyens et charges, fixes, de l’Etat est un autre point saillant de la communication du Premier ministre : la réduction du train de vie de l’Etat, le bannissement du népotisme et du pistonage dans les recrutements, à tous les niveaux de l’Administration.
Naturellement, le viatique est revenu du « Jub. Jubël. Jubbënti ». Et à raison ! D’autant qu’il englobe, en ses contenus, les voies et moyens de recouvrement des valeurs et vertus qui sont le socle des puissances qui, en tous plans et points de vue, mènent le monde : le civisme, le réflexe patriotique et les sacrifices qui les confortent et consolident.
Je n’étais pas à la Primature : On ne m’y avait ni convié ni attendu. C’est sans importance ! L’essentiel, c’était ce pourquoi les oreilles et les esprits qui ont convergé ce matin : un discours ! Et de haute attente nationale et internationale ! Mais, aussi, d’excellente facture : par son accessibilité par et pour tout le monde ! Il n’empêche que je suis resté sur Mes soifs et faims !…
Malgré la fascination que Monsieur Ousmane Sonko exerce sur moi et malgré le « grand respect » que, depuis l’Année 2019, il porte à mon humble et vilaine petite personne ! Je n’étais pas à la Primature. Ce n’est surtout pas la fin du monde : juste un rendez-vous manqué qui conforte Ma foi en « Diomaye & Sonko » et les ardents souhaits de les voir convertir en destin pérenne les légitimes espérances de Nos compatriotes ! Et c’est, là, le minimum !
Elie Charles Moreau
Par Demba Moussa DEMBÉLÉ
LA CHINE ET L’AFRIQUE
Le 9e Forum de coopération Afrique-Chine (FOCAC), prévu du 4 au 6 septembre 2024 à Beijing, se passe dans un contexte mondial en plein bouleversement. La coopération entre la Chine et les pays africains est devenue un modèle...
Le 9e Forum de coopération Afrique-Chine (FOCAC), prévu du 4 au 6 septembre 2024 à Beijing, se passe dans un contexte mondial en plein bouleversement. La coopération entre la Chine et les pays africains est devenue un modèle, non seulement entre pays du Sud mais également au niveau international.
Le modèle de coopération chinois
En effet, ce modèle de coopération est basé sur la non-ingérence, le respect et soutien mutuels et la coopération mutuellement avantageuse. S’appuyant sur les principes de la coexistence pacifique, que la Chine elle-même et l’Inde avait proposés il 70 ans, la diplomatie chinoise est caractérisée par la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays, quel que soit son poids économique ou son système politique. C’est pourquoi, la Chine a toujours appelé au respect de l’indépendance et de la souveraineté de chaque pays. Le second pilier de la coopération chinoise est la promotion de la solidarité Sud-Sud. Ce qui signifie des relations horizontales caractérisées par l’entraide et le respect de la souveraineté des partenaires. C’est pourquoi la Chine considère comme un devoir de faire bénéficier son expérience de développement aux pays du Sud Global, notamment aux pays africains.
C’est sur la base de ces principes qu’il faut comprendre le rôle du Forum de coopération Afrique-Chine (FOCAC), lancée en 2000, ainsi que l’Initiative « la Ceinture et la Route », lancée en 2013. Le FOCAC est organisé tous les trois ans, alternativement en Chine et en Afrique. Il est doté de plusieurs instruments financiers et techniques destinés à soutenir divers projets de développement en Afrique pour le bénéfice mutuel des pays africains et de la Chine.
Le lancement en 2013 de l’Initiative la Ceinture et la Route, ou « nouvelles routes de la soie », a donné une nouvelle impulsion à la coopération sino-africaine.
L’Initiative la Ceinture et la Route
Lancée par l’actuel président chinois Xi Jinping, à ce jour, elle compte plus de 150 pays et entités internationales. Selon le gouvernement chinois, 52 pays africains et plusieurs organisations africainesont signé des accords de coopération dans le cadre de l’Initiative. Incontestablement, elle a contribué à stimuler les investissements et les échanges entre la Chine et l’Afrique. Depuis 2009, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique. En 2023, le volume des échanges a dépassé 280 milliards de dollars. Pour les sept premiers de 2024, de janvier à juillet, les échanges se sont hissés à 167 milliards de dollars. Si ce rythme est maintenu, les échanges entre l’Afrique et la Chine pourraient dépasser les 300 milliards de dollars cette année.
Les investissements chinois sont palpables dans tous les domaines, comme la construction de routes, d’autoroutes, de chemins de fer, de ponts, d’aéroports, de ports, de barrages, d’hôpitaux et d’autres infrastructures de base
Les autres initiatives
En dehors l’Initiative la Ceinture et la Route, la Chine a lancé trois autres initiatives d’envergure mondiale au cours de ces dernières années. Ce sont l’Initiative pour le développement mondial (IDM) ; l’Initiative pour la sécurité mondiale (ISM) et l’Initiative pour la civilisation mondiale (ICM). Toutes ces Initiatives a visent à favoriser un monde de paix, de sécurité, de coopération et de respect mutuel, qui sont nécessaires pour créer les conditions d’un développement inclusif et durable. Ces Initiatives sont à l’opposé de la conception occidentale des relations internationales considérées comme « un jeu à somme nulle ». C’est pourquoi les initiatives chinoises attirent de plus en plus de monde, notamment au niveau du Sud Global
Les accords de swap de devises
L’un des aspects le moins connu de la coopération sino-africaine est constitué des accords de swaps de devises entre banques centrales. Ces accords sont destinés à stimuler les échanges économiques par l’utilisation des monnaies nationales, en se passant de devises étrangères, notamment du dollar et de l’euro. Ces accords passés avec plusieurs pays africains et non des moindres, comme l’Afrique du Sud, l’Angola, l’Algérie, l’Egypte, le Kenya, le Maroc, le Nigeria, l’Ethiopie, l’Ile Maurice, le Zimbabwe, etc. ont contribué à l’essor des échanges commerciaux entre ces pays et la Chine. Ces accords de swaps de devises contribuent également au mouvement de dédollarisation, c’est-à-dire à la baisse de l’utilisation du dollar dans les échanges internationaux, observé dans le monde.
Déconstruire le narratif occidental
Les initiatives chinoises et la montée fulgurante des relations entre l’Afrique et la Chine suscitent, comme on pouvait s’y attende, une grande inquiétude de la part des pays occidentaux. Leurs gouvernements et leurs médias ont entrepris depuis plusieurs années une campagne médiatique sans précédent contre la Chine dans le but d’enrayer ses relations avec le continent et même de freiner son développement. Cela est surtout évident de la part des Etats-Unis et de certains de leurs vassaux. Ainsi, des tas de livres, des études par des instituts de recherche et des milliers d’articles de presse ont-ils été produits à travers le monde dans le but de présenter les relations sino-africaines sous un angle peu favorable.
Selon le narratif occidental, la Chine viendrait pour « coloniser l’Afrique ». Curieusement, la « colonisation » ne concernerait que l’Afrique, mais pas l’Amérique latine ou l’Asie, régions dans lesquelles la présence de la Chine est beaucoup plus importante par rapport à l’Afrique! Avec un tel narratif, les Occidents veulent prendre les Africains pour des demeurés, en leur faisant « oublier » que les puissances impérialistes européennes du 19e siècle s’étaient liguées pour se « partager » l’Afrique, lors de la tristement célèbre Conférence de Berlin de 1884-1885. Dès lors, comment imaginer un seul pays –si grand soit-il- être en mesure de coloniser tout un continent, plus large que la Chine, toute l’Europe et les Etats-Unis réunis ?
Il est vrai que dans la mentalité impérialiste occidentale, le seul type de relation envisageable avec l’Afrique c’est la domination et l’exploitation. Il est dès lors très difficile, voire impossible, d’imaginer l’Afrique nouer des relations basées sur l’égalité, le respect mutuel et l’avantage réciproque.
La fable du « piège de la dette »
Un autre aspect du narratif occidental est la fable du « piège de la dette » dans lequel tomberaient les pays africains qui participent à l’Initiative la Ceinture et la Route. En effet, des tas de mensonges ont été inventés à propos de ce « piège » en donnant des chiffres farfelus et très loin de la réalité, pour essayer d’attribuer à la Chine la responsabilité dans le surendettement du continent. C’est ainsi que certains médias occidentaux, français notamment, avaient avancé que la Chine détenait 40% de la dette extérieure de l’Afrique ! En réalité, une étude publiée par des chercheurs de l’Université d’Oxford (Grande Bretagne) a démontré que la Chine ne détient qu’environ 12% de la dette africaine !
Par contre, les créanciers privés occidentaux en détiennent 35%. En outre, la même étude a montré que les taux d’intérêt moyens des prêts chinois –publics et privés- étaient d’environ 2,5% tandis que les taux d’intérêt moyens sur les prêts occidentaux étaient supérieurs à 5%. Ces chiffres sont confirmés par le président de la Banque africaine de développement (BAD) qui indique que la dette privée de l’Afrique est passée de 17 % dans les années 2000 à 40 % aujourd’hui. Cela veut dire que les taux d’intérêt sont plus élevés et les délais de remboursement plus courts. Comme on le voit, c’est bien le niveau de plus en plus élevé de la dette privée qui est à la base des risques de surendettement de l’Afrique, pas la Chine.
Par ailleurs, il faut noter que les conditions associées aux prêts chinois sont très différentes de celles associées aux prêts occidentaux. Avec la Chine, la majeure partie des prêts sont à long-terme, avec des périodes de grâce, avec de faibles taux d’intérêt et des possibilités de rééchelonnement ou même d’annulation. C’est le cas notamment pourles créances dues par plusieurs pays africains classés comme « pays les moins avancés » ou PMA, comme le Sénégal.
Selon l’ONG britannique « Debt Justice », dans le cadre de l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) par les pays du G20 pendant la Covid-19, sur les 10,3 milliards de dollars suspendus par les créanciers bilatéraux, la Chine a contribué à hauteur de 5,9 milliards, soit plus de 57% du total, suivie de loin par la France (900 millions), de l’Arabie Saoudite et du Japon (500 millions chacun). La plupart des pays occidentaux n’ont pas participé à l’Initiative. Quant aux banques commerciales occidentales, leur contribution était de 0,2% !
Tous ces chiffres mettent à nu les mensonges éhontés des médias occidentaux sur le « piège » imaginaire de la dette que la Chine tendrait aux pays africains.
Nouer des relations stratégiques
En dépit de l’importance des liens économiques entre l’Afrique et la Chine, celle-ci cherche plutôt à nouer des relations politiques basées sur une stratégie de longue durée. C’est pourquoi les relations de la Chine avec la plupart des pays africains ont été élevées au rang de partenariat stratégique. La quasi-totalité des pays africains, y compris le Sénégal, jouissent de ce statut
Depuis plusieurs années, le ministre chinois des Affaires étrangères consacre sa première visite à l’étranger au continent africain, au début de chaque année.
Au Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine soutient les demandes de l’Afrique pour l’obtention d’un ou deux sièges permanents. Elle défend les pays africains contre les menaces de sanctions de la part des pays occidentaux et contre la politisation des « droits de l’homme » que ces pays cherchent à utiliser contre les pays africains. Il faut ajouter que parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, la Chine est le plus grand fournisseur de contingents aux Casques bleus de l’ONU sur les théâtres d’opération africains.
La Chine contribue également à la lutte contre le terrorisme en Afrique, de la Corne de l’Afrique (Somalie et Ethiopie) au Sahel en passant par l’Afrique centrale (Centrafrique et RDC). Elle fournit une assistance à l’Union africaine et aux pays concernés par la formation et la fourniture d’armes
Dans sa lutte pour l’instauration du multilatéralisme, la Chine peut compter sur le soutien des pays africains, car cette lutte est dans leur intérêt. Cela se voit au sein de plusieurs instances internationales où la Chine et les pays africains adoptent les mêmes positions au grand dam des pays occidentaux qui cherchent à maintenir « l’ordre fondé sur les règles », c’est-à-dire leur hégémonie sur le reste du monde.
Conclusion
Incontestablement, le modèle de coopération instauré par la Chine a permis à l’Afrique de mieux se faire respecter par les « partenaires » traditionnels, tels que les pays européens et les Etats-Unis. Ainsi, dans un monde en pleine mutation, l’Afrique a-t-elle intérêt à renforcer ses relations stratégiques avec la Chine, un des piliers des BRICS +, qui sont devenus la force motrice de l’économie mondiale. C’est cette option qui permettrait à l’Afrique de renforcer son indépendance et de préserver sa souveraineté.
Par Makhtar DIOUF
UN PREMIER MINISTRE QUI GOUVERNE
EXCLUSIF SENEPLUS - Naufragés du 24 mars 2024, lâchez donc ces primo-élus à la tête du pays qu’ils s’évertuent à extirper du sous-développement dans lequel vous l’avez enfoncé durant une soixantaine d’années
L’actuelle Constitution 2001 du Sénégal (avec sa réforme de 2016) et les précédentes sont toutes inspirées comme en copier-coller de la Constitution française de 1958.
Cette Constitution supprime le titre de ‘’président du conseil des ministres’’ et le remplace par ‘’Premier ministre’’ pour donner plus de poids à la fonction par rapport au président de la République. Ce que Georges Vedel professeur de Droit public à la Faculté de Droit de Paris avait appelé « bicéphalisme administratif ».
Le poste de Premier ministre sera occupé en France par d’éminentes personnalités comme Michel Debré, Georges Pompidou, Maurice Couve de Murville, Pierre Mesmer (ancien gouverneur général de l’AOF), Jacques Chaban-Delmas, Jacques Chirac, Lionel Jospin, Michel Rocard… Pompidou et Chirac accéderont à la présidence. Raymond Barre, professeur émérite d’université avait été nommé Premier ministre par le président Giscard d’Estaing, le présentant comme ‘’le meilleur économiste de France’’. Ce rappel est fait pour montrer l’importance de la fonction de Premier ministre dans une démocratie.
La fonction de Premier ministre est bien mise en évidence lorsque son parti remporte une élection législative. Il est alors imposé au président de la République une cohabitation qui émiette sur ses prérogatives, car il à ses côtés un Premier ministre qu’il n’a pas nommé et qu’il ne peut pas révoquer.
Au Sénégal, c’est pour faire cavalier seul que Senghor avait en décembre 1962 accusé Mamadou Dia de tentative de coup d’Etat pour l’éliminer du champ politique. Le général Jean Alfred Diallo qu’il nomme chef d’Etat-Major de l’Armée dira vers la fin de sa vie que Mamadou Dia n’avait jamais tenté de faire un coup d’Etat et qu’il ne pouvait pas le faire.
Les quatre premiers présidents, Senghor, A. Diouf, Wade et Macky ont tous supprimé le poste de Premier ministre, pour le rétablir. Tout Premier ministre qui affiche une forte personnalité est immédiatement démis. Senghor a rétabli le poste de Premier ministre confié à Abdou Diouf après avoir mis en place une nouvelle Constitution dépouillant la fonction de Premier ministre de l’essentiel de ses prérogatives de la Constitution de 1960.
Sous Wade et Macky, le Premier ministre est ravalé dans les bas-fonds de la servitude, de la servilité. Les images de photo et de vidéo sont là pour nous montrer tel Premier ministre en position ‘’tarbiyou’’ serrant la main du président obséquieusement, se prosternant, s’inclinant en presque angle droit comme un talibé devant son guide spirituel. Un Premier ministre béni-oui-oui qui ne fait qu’exécuter les désirs du président, son maître.
C’est à ce type de Premier ministre qu’on veut nous ramener ? Alors que l’actuelle Constitution du Sénégal donne au Premier ministre une autre dimension, avec une autre image.
Dans la loi constitutionnelle du 5 avril 2016 portant révision de la Constitution, on lit :
Le gouvernement conduit et coordonne la politique de la Nation sous la direction du Premier ministre.Il est responsable devant le président de la République et devant l’Assemblée nationale dans les conditions prévues par les articles 85 et 86 de la Constitution…
Le Premier ministre dispose de l’administration et nomme aux emplois civils déterminés par la loi (article 57).
Le tandem Diomaye – Sonko n’a rien à voir avec le tandem Senghor-Dia, deux personnages que tout opposait. Il s’apparente plutôt au binôme Abdou Diouf- Habib Thiam : même génération d’âge, même formation supérieure, même socle d’amitié de longue date. Habib Thiam a occupé une dizaine d’années le poste de Premier ministre à deux reprises (1981-83, puis 1991-98), en se conformant aux pouvoirs que lui conférait la Constitution.
Ceux qui disent que c’est l’actuel Premier ministre Sonko qui gouverne à la place du président de la République ne se donnent même pas la peine de visiter ou de revisiter la Constitution. Ils préfèrent fonctionner au crypto-personnel émotionnel. Peuvent-ils citer un seul acte pris par l’actuel Premier ministre en dehors des attributions que lui confère la Constitution ?
S’ils se donnaient la peine de consulter l’histoire constitutionnelle du Sénégal, ils verraient que de tous les Premiers ministres, c’est Mamadou Dia qui disposait le plus de pouvoirs qui lui étaient conférés par la Constitution de 1960. Raison pour laquelle Senghor l’avait brutalement éliminé de la scène politique pour instaurer un régime présidentiel.
Il est impossible de ne pas mentionner ici le cas spécial constitué par Jean Collin. Français naturalisé Sénégalais, il a une trentaine d’années (1960-91) occupé de nombreuses et hautes fonctions dans l’appareil d’Etat. Il ne s’est jamais départi de ce réflexe colonial de commander des Africains. Il commandait, prenait des décisions, intervenait dans la nomination des ministres, des gouverneurs, des préfets, qui tous le craignaient. Collin a même fait incursion une fois sur un problème d’ordre pédagogique à la Faculté de Droit et de Sciences économiques de l’Ucad pour y imposer son diktat, par-dessus la tête du ministre de l’Enseignement supérieur et du recteur.
L’opinion le considérait à juste titre comme le maître du pays, alors qu’il n’était investi par aucun article de la Constitution. A la surprise générale, en 1991, Abdou Diouf limoge Jean Collin lors d’un remaniement réduisant le nombre de ministres de 27 à 21. Habib Thiam était un des rares à lui faire de la résistance.
Collin est tout le contraire de Sonko que certains s’offusquent de voir gouverner le pays. Comme l’y autorise la Constitution.
Ses détracteurs n’acceptent pas qu’il prenne l’avion de commandement pour représenter Diomaye à l’investiture du président du Rwanda, invoquant l’impératif de rationaliser les dépenses. Pourtant lorsque Macky prenait le même avion pour faire du tourisme dans les Caraïbes, personne ne les entendait. Ils crient au scandale lorsque le Premier ministre reçoit des ambassadeurs. Parce que pour eux, seul le président est habilité à recevoir des ambassadeurs, alors que même le recteur de l’Ucad reçoit des ambassadeurs.
Ils s’offusquent aussi de l’intention des nouvelles autorités de supprimer le Conseil économique et social et le Haut conseil des collectivités territoriales (ancien Sénat). L’histoire de ces deux institutions a été ponctuée de création, suppressions et rétablissements, sans que cela fasse de bruit. C’est maintenant qu’on cherche à en faire un problème.
Le Conseil économique et social n’avait été créé en France que pour recaser des barons du régime battus aux élections. La France, pays développé, avec ses hôpitaux bien équipés, ne comptant pas une seule école abri provisoire, peut se permettre une telle fantaisie. Les dignitaires du défunt régime au Sénégal, défenseurs du Cese et du Hcct n’envoient pas leurs enfants dans des écoles abris provisoires et allaient se faire soigner dans des hôpitaux français, avec l’argent public. La quinzaine de milliards de francs récupérée chaque année de la suppression de ces deux institutions pourra servir à supprimer toutes les écoles abris provisoires et contribuer à l’équipement de nos hôpitaux.
Les pratiques dénoncées sous Abdou Diouf ont été reconduites sous Wade, puis sous Macky Sall. Les tares communes à tous ces régimes sont le gaspillage des deniers publics et l’ignorance des priorités.
L’économie sénégalaise plie aussi sous le poids d’éléphants blancs institutionnels…
Des structures comme le Conseil économique et social (ajouter ‘’environnemental’’ pour faire comme Sarkozy, et avoir Cese), le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) qui sont aussi inutiles que coûteuses sont à supprimer.
Pour rappel, les économistes appellent éléphants blancs des éléphants à peau blanche qui en Inde sont du décor des palaces des grands dignitaires. Chacun de ces pachydermes ingurgite 200 kg de végétaux et 100 litres d’eau par jour, et ne rapporte rien, étant exempté de tout travail.
Bien auparavant, j’avais tiré sur le Conseil économique et social et sur le Sénat, au nom de la rationalité économique en termes de calcul économique coût-avantage. Un pays ne peut pas se développer si les dépenses publiques ne sont pas rapportées à leur avantage à l’économie nationale. Le développement passe par la chasse aux « faux frais ». La rationalisation des choix budgétaires est un impératif de développement. Le projet de suppression de ces deux institutions n’est donc pas une lubie de l’invention du nouveau régime. Rien à voir avec une politique politicienne. Pourquoi tous ces bruits ?
Je précise que je ne suis pas membre de Pastef, ni d’aucun parti politique. Je ne suis candidat à aucun poste. J’écris toujours sous la dictée des valeurs éthiques de raison, vérité et justice, en guerre contre la déraison, le mensonge et l’injustice. Comme bien d’autres compatriotes patriotes qui ne sont animés que par l’intérêt du Sénégal. Nous continuerons à le faire au gré de l’actualité. Personnellement, je me suis toujours donné comme règle de n’évaluer un nouveau régime au pouvoir qu’à mi-terme de son mandat. Aucun régime nouvellement arrivé au pouvoir n’a été aussi harcelé que celui de Pastef avec Sonko. Il dérange certains, allez savoir pourquoi.
Naufragés du 24 mars 2024, foutez donc la paix à ces primo-élus à la tête du pays qu’ils s’évertuent à extirper du sous-développement dans lequel vous l’avez enfoncé durant une soixantaine d’années ! A l’indice de développement humain du Programme des nations unies pour le développement (calculé à partir du produit intérieur brut, des indicateurs de santé, d’éducation et des droits humains) en 2023, le Cap Vert et la Mauritanie dépassent le Sénégal du Plan émergent et du Livre blanc de l’APR (extirpé des pages rouges).
La démocratie s’accommode mal d’une opposition politique uniquement fondée sur la haine, la jalousie, la frustration, la crainte de poursuites judiciaires justifiées.
Cela dit, préservons-nous de cette quête effrénée de visibilité, de m’as-tu vu avec des interventions au quotidien, maladroites, non réfléchies. Les personnes de valeur reconnue qui s’y adonnent font mal à leur capital de crédibilité.
Par Emile Victor COLY
ATTENTION AU RETOUR DE BATON
Aujourd’hui il est nécessaire de régler cette question de la Loi de finances 2025 dans les délais requis pour ne avoir à légiférer par ordonnances, ce qui ne serait pas bien apprécié par les partenaires au développement
Certains politologues ont fait récemment un arrêt rétrospectif pour analyser le bilan des 100 premiers jours du «Gouvernement Pastef», après sa brillante victoire lors de l’élection présidentielle du dimanche 24 mars 2024.
Je crois que la majorité de la population sénégalaise a apprécié positivement l’étape franchie, suite aux nombreuses réalisations du nouveau régime : formation d’un gouvernement restreint de 25 ministres et 05 secrétaires d’Etat pour la plupart des technocrates, réduction de certaines denrées de première nécessité (pain, huile, riz et sucre), mise en œuvre des principes de « Jub-Jubal-Jubanti », de transparence promise avec la publication des rapports de la Cour des Comptes, de l’Inspection Générale d’Etat et de l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) des cinq (05) dernières années (2019, 2020, 2021, 2022 et 2023) , organisation de la « Journée du dialogue national » le 28 mai 2024 sur le thème « La réforme et la modernisation de la justice », publication de déclaration de patrimoine du Président de la République, de tous les ministres sans exception, ainsi que des gestionnaires de deniers publics de plus d’un milliard de F CFA, organisation de la « Journée du dialogue national sur la Justice », dissolution de la Commission Nationale du Dialogue des Territoires (CNDT), pour ne citer que celles-là.
A côté de ces belles réalisations, on a eu à déplorer durant cette période des actions ou communications maladroites de la part des tenants du Pouvoir : invitation de Jean Luc Mélenchon aux premières heures de la « Gouvernance Pastef », communication maladroite des Hautes Autorités sur la Déclaration de Politique Générale du PM et, tout récemment, le jeu de cache-cache sur la probable dissolution de l’Assemblée nationale et des autres Institutions estampillées budgétivores de l’Etat comme le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) et le Conseil Economique Social et Environnemental (HCCT). Si dans le fond ces questions reçoivent l’approbation de la majorité des citoyens, cela mérite cependant une prise en charge correcte de la part du gouvernement dans le respect de la constitution et des lois de notre pays. Ces questions n’auraient-elles pas pu être réglées dès les premières heures de la 3e alternance par voie référendaire ? Les juristes trancheront. Cette approche aurait peut-être permis de régler toutes ces questions dans leur ensemble pour permettre au nouveau régime d’avoir les coudées franches pour gouverner dans la sérénité.
Aujourd’hui, ces questions sont prises en charge une à une : dissolution du HCCT et du CESE, probable dissolution de l’Assemblée nationale, organisation des élections législatives, vote du budget remanié 2024, vote du budget 2025, entres autres urgences.
Ce lundi 02 septembre 2024, nous avons assisté, le coeur serré, aux joutes oratoires des députés sur la lancinante question de la dissolution du HCCT et du CESE, qui au finish n’a pas donné les résultats espérés par la mouvance présidentielle. A 83 voix contre et 80 voix pour, la proposition de Loi a été rejetée par la majorité parlementaire Benno Bokk Yakaar. Il n’était pas nécessaire d’être un devin pour connaître l’issue du scrutin. Alors quel enseignement faut-il en tirer ?
A mon humble avis, il faut plus de sérénité et de tact au niveau de l’Exécutif et privilégier le dialogue et la concertation avec toutes les parties prenantes et principalement l’opposition afin d’éviter une crise institutionnelle. Cette posture n’est pas un signe de faiblesse, au contraire. Le premier obstacle à éviter est la « Motion de censure du gouvernement » promise par le président du groupe parlementaire de Benno Book Yakaar lors de la plénière du lundi 22 septembre dernier. Effet d’annonce ou parade de survie ? Il faut se préparer à cette grande bataille qui déterminera l’avenir du premier gouvernement Yewwi Askan Wi.
En attendant, il faut se concentrer sur l’essentiel. Aujourd’hui il est nécessaire de régler cette question de la Loi de finances 2025 dans les délais requis pour ne avoir à légiférer par ordonnances, ce qui ne serait pas bien apprécié par les partenaires au développement. L’autre challenge est de réussir la présente campagne d’hivernage afin d’espérer régler la lancinante question d’autosuffisance alimentaire/souveraineté alimentaire. L’emploi des jeunes est une sur priorité, d’autant plus que l’Europe a fermé ses frontières. En outre, la « Demande sociale » de reddition des comptes doit être prise en charge avec beaucoup plus de célérité, mais sans empressement.
Toutes ces actions doivent être accompagnées d’une bonne communication afin d’éclairer la lanterne des citoyens pour une adhésion sans faille au Projet. C’est à ce prix seulement que l’on peut espérer un non-retour de bâton.
Il me plaît aujourd’hui de constater que ma dernière contribution postée dans le journal Sud Quotidien n° 9261 du mardi 02 avril 2024 a parfaitement épousé l’action gouvernementale des 100 premiers jours du Président Diomaye D. Faye. L’article était intitulé « Le Sénégal, une démocratie majeure ». Sur les huit (08) propositions formulées à l’endroit du nouveau régime, sept (07) ont été réalisées ou sont en cours d’exécution. Prions pour que le Tout Puissant guide les pas de nos nouveaux dirigeants pour le bien-être des populations sénégalaises.
Par Ibou FALL
BONNE GOUVERNANCE, LA RAISON DÉTAIL...
Le nouveau régime n’inventera pas la roue. Comme leurs prédécesseurs, ils s'interrogent sur la rareté des riches, ignorant la vraie question : comment un pays si riche peut-il avoir tant de pauvres ?
Nous avons décidément pris le pli de ce rendez-vous avec le comique et le burlesque, toutes les semaines, qu’il faut guetter le plus souvent au détour d’une saillie officielle. Le champion toutes catégories, indiscutable, c’est bien le Premier ministre, si l’on considère que le Parlement, où les bagarres de borne-fontaine sont l’ordinaire, est hors-concours.
Le chef du gouvernement se dispute le pompon quand même avec la ministre des Affaires étrangères.
La brave dame, déjà chahutée pour des soupçons de népotisme, avec le mari et la fille aux affaires, se fend d’un premier entretien : sous prétexte de son statut exceptionnel de mère de famille ayant aidé bien des misérables, elle serait un «gros calibre»
Au regard de sa corpulence et de son vocabulaire, le mystère demeure entier. Madame Sy, Yassine Fall, fera mieux : lors de son récent voyage en Russie, en guise de compte-rendu des travaux devant micros et caméras, la ministre des Affaires étrangères produit un galimatias qui fait le tour des réseaux sociaux. Son accent à couper au couteau est un moindre mal devant les énormités qu’elle dégurgite : «Le Sénégal, un pays qui mange…» s’impose dans nos annales diplomatiques, à côté des animaux de l’ancien ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang
On ne finit pas de paniquer avec Madame Yassine Fall que le Premier ministre, soi-même, lui chipe le beau rôle.
Sans doute las de batailler avec les humains, qui ont le mauvais goût de lui apporter la réplique, cette semaine, c’est aux objets que le chef du gouvernement s’en prend : les cafetières et les frigos-bars de l’Administration ont des bouilles qui ne lui reviennent sans doute pas. On ne peut, dans ce cas, l’accuser d’ethnicisme antirépublicain, ni lui reprocher de s’en prendre à la foi d’une communauté en violation de notre sacro-sainte laïcité.
A l’intention des dernières générations de Sénégalais, le duo Diomaye-Sonko n’a rien inventé : la transition de la raison d’Etat à la raison détail date de bien longtemps…
Depuis plus d’un demi-siècle, malheureusement, le paupérisme national de notre tiers-mondisme exalté multiplie les mesquines économies républicaines, dope le misérabilisme d’Etat qui, au quotidien, nous enfonce le nez dans le déprimant et trivial dénuement ; notre destin est de visionner trois fois par semaine le charitable don d’un pays sans doute moins riche mais plus industrieux que le nôtre, avec parfois en guise de dessert au JT, le spectacle anesthésiant des côtes saillantes de nos morveux dépenaillés en divagation sur les boulevards.
Le complexe d’infériorité, ça nous connaît ; il est la base de l’économie de la pitié dans laquelle nous nous sommes enfermés…
Le Festival mondial des arts nègres, en 1966, qui voit le Sénégal accueillir le gratin planétaire, alors que les années de sècheresse entament leur cycle pour un long bail avec le Sahel, passe pour un abominable crime économique. Nous sommes si pauvres…
D’ailleurs, c’est bien simple : l’année suivante, dans le gouvernement, pour combattre la famine, ça a la bonne idée de tailler dans les bourses d’étudiants, entre autres solutions lumineuses pour éteindre nos cauchemars. Résultat des courses : en mai 1968, le pays se retrouve au bord du gouffre.
Le coût des vies perdues ou estropiées est indécent ; tout comme est inavouable celui du maintien de l’ordre, depuis les équipements, qui vont des balles réelles jusqu’aux grenades lacrymogènes ; si on les additionne à la popote et aux heures supplémentaires des Forces de l’ordre pour calmer tous ces gamins furax qui entraînent le pays dans la chienlit, auxquels s’ajoutent les dégâts matériels causés à l’échelle nationale, la conclusion s’impose tout de suite : ça n’en valait pas la peine. La leçon ne sera jamais retenue…
Lorsqu'Abdou Diouf arrive au pouvoir, en 1981, son fonds de commerce est le châtiment des voleurs, en l’honneur desquels naît la Cour de répression de l’enrichissement illicite, la tristement célèbre Crei.
Doit-on croire qu’un Sénégalais, dans sa tête, ne saurait vivre confortablement ? Le régime nouvellement installé fait traquer les fonctionnaires qui arborent un opulent standing, comme les privilégiés trop riches qui ne viennent pas se prosterner aux pieds des nouveaux maîtres du pays.
C’est dans l’air du temps, et «l’école nouvelle» que dictent les austères financiers de Bretton Woods, nous rabote le savoir, la connaissance, l’instruction et, en passant, l’éducation, l’art et la culture
Ça nous tire par le bas et annonce l’ère des «ajustements structurels». Pour habiller tout ça d’un boubou très local, ça nous rebaptise les écoles et lycées, quelques rues et avenues au passage, brûle des héros et ressuscite des renégats, pour convaincre le Peuple avide de revanches sur l’Histoire que le ghetto insalubre du sous-développement est notre seule dignité.
Abdou Diouf, en dépit de sa taille, fait figure de nain intellectuel. Il tue notre Culture, comprenez notre faculté à créer le rêve, la fameuse «soft power» par laquelle le monde moderne fourgue ses hallucinations, depuis la gastronomie française, «de la fourche à la fourchette», jusqu’à la terreur atomique américaine qu’Hollywood bazarde au monde entier, en plus de son toxique Coca Cola et de ses jeans Levi’s 501 posés sur les belles fesses de Marilyn Monroe. Nous autres, Sénégalais, dont les années cruciales se sont déroulées sous Abdou Diouf, sommes des Sahéliens aptes juste à tendre la sébile.
Insulter Senghor ne suffira pas, il faudra aussi prouver à quel point le p’tit gars de Djilor est un traître à sa race. Rien ne lui sera épargné par un régime qui s’arcboute deux décennies durant à démolir l’œuvre du poète-Président, histoire de masquer sa médiocrité.
Senghor serait mort avant 2000, même son décès passerait inaperçu et sa dépouille reposerait en Normandie où, dès sa disgrâce, il se réfugie aux côtés de la rare personne dont la confiance ne lui fera jamais défaut, jusque dans la tombe.
En 2000, lorsque Wade arrive au pouvoir, il y a un léger mieux : nous avons un mégalomane aux manettes. Jusque-là, Abdou Diouf, même s’il ne se refuse rien, voit petit pour le commun des Sénégalais. Dans son entourage, ça ne crève pas la dalle, alors que le Sénégalais ordinaire se réfugie dans la foi irrationnelle aux miracles et assiège les conteurs de paradis imaginaires…
Le temps de Wade est celui du Pharaon qui rassure son Peuple en s’agenouillant comme tout le monde aux pieds de son marabout, histoire de faire semblant. Le Wade-Man-Chauve fantasme ouvertement de grandes avenues, de ponts, de statues, de rencontres planétaires. Son nombril devrait être le centre du monde, tout Sénégalais qu’il est. Sa méthode : tirer des médiocres de leur crasse et en faire des gadgets rutilants. Ces miraculés se succèdent sur le podium, avec la longévité d’une olive dont on bouffe la chair et recrache le noyau, selon une formule adaptée à un Président français.
Ils s’en mettent tous plein les poches, parce que s’enrichir est le but ultime ; la manière importe peu, pourvu qu’elle serve la cause commune. Bien sûr, les partages de butins sont souvent sanglants. Les déchirements en famille se succèdent, entre les veinards qui ne laissent pas de trace et les maudits dont l’hémoglobine indispose le monde entier…
Retour à la norme en 2012.
Le fonds de commerce de Macky Sall, le vainqueur de la Présidentielle, ancien Premier ministre docile qui obéit alors au doigt et à l’œil de son mentor, le fils du Président, est la promesse d’un retour à la modestie républicaine, comprenez notre statut de pauvres, qui mendions le respect des autres, économisons les bouts de chandelles et diabolisons le moindre signe d’aisance.
Bien sûr, lui et les siens ne sont pas concernés. Son patrimoine qui s’étend jusqu’à Houston est le produit de la volonté divine. Entre Wolofs obtus, on parle de «travail maternel et bonne étoile paternelle». En lots de consolation, des gadgets comme on en distribue à Noël : trains électriques, soldats de plombs et étrennes éphémères.
Chacun se console comme il peut ?
Macky Sall confirmera les Sénégalais dans leur mentalité de pauvres, au point de créer son opposant idéal, celui qui dénonce la misère et le pillage de nos maigres ressources, glorifie le crève-la-faim auquel il distribue les bons… poings et désigne les missions suicidaires.
Le nouveau régime surgi des urnes du 24 mars 2024 n’inventera pas la roue, parce qu’aucun de ceux qui le composent n’a une tête de Prix Nobel. Ces braves gens se posent les mêmes questions que leurs prédécesseurs plus de quarante ans durant, se demandant pourquoi il y a si peu de riches, alors que la question fondamentale, depuis toujours, à l’évidence, devrait porter sur le paradoxe d’un pays si riche avec autant de pauvres.
Vous voulez mon avis ? M’en fiche, je vous l’assène quand même…
Le problème n’est pas le peu de «riches» fonctionnaires ou privés, lesquels, en fait, ne sont qu’aisés. L’énormité provient de l’immensité de la pauvreté sur nos terres si fertiles, pour un peuple parsemé de gens si brillants, si entreprenants. Ce qu’on appelle des milliards en Cfa ne sont que des millions en dollars ; nos millions ne sont que des milliers en euros…
Payer un loyer, en plus d’une facture d’eau et d’électricité, après avoir acheté un quintal de riz, un décalitre d’huile, un pot de tomate concentrée, un kilo de sucre et quelques fantaisies maraîchères, dans la tête d’un Sénégalais ordinaire, relève de l’exploit olympique.
Notre rapport à l’argent est psychédélique ; celui au travail, psychanalytique ; et au progrès, masochiste.
«Les grands esprits discutent des idées ; les esprits moyens discutent des événements ; les petits esprits discutent des gens», professe Eleanor Roosevelt, femme de tête et de cœur, qui se retrouve au final First Lady américaine pour avoir sagement épousé un lointain cousin dont le chic est d’atterrir à la Maison Blanche. A n’en pas douter, les grandes nations également, sur la place publique, ne peuvent débattre que du futur lointain qui attend la descendance de son Peuple, et des pansements qu’exigent les blessures de l’Histoire pour bâtir l’avenir du citoyen du Monde, gentleman de l’Universel.
En réalité, à nous autres Sénégalais, il manque juste la culture qui permet de se poser les bonnes questions : par exemple, comment sommes-nous passés de Germaine Acogny à Nabou Lèye ?
par Pape Samba Kane
POUR 417 FRANCS PAR SÉNÉGALAIS, S'ÉVITER UNE CRISE POLITIQUE COÛTEUSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un bras de fer entre l'exécutif et le législatif, dans cette période de transition politique coûterait en argent plus que ce que risque de nous coûter HCCT et CESE réunis, d'ici leur disparition inéluctable
Lundi 2 septembre, toute la journée et une partie de la soirée, les députés sénégalais, réunis en plénière, nous ont offert un spectacle, du genre dont ils ont le secret ; quoique, cette fois-ci, le script, resté granguignolesque, n'a pas connu les rebondissements tragicomiques traditionnels depuis que les dernières législatives avaient apporté un certain équilibres des forces dans la chambre. Est-ce parce les opposants d'aujourd'hui (le Benno) sont moins énervés que ceux d'hier (Yewwi, maintenant maître de l'exécutif) ? Je suspends cette question pour une autre fois, un prochain papier (leb na ko ba beneen, comme dirait l'inoubliable Thione Seck).
Cependant, le calme revenu après le show retransmis en direct par au moins quatre chaînes de télévision, quelques petits calculs, une petite comptabilité pour le dire mieux, nous ont conduit à la conclusion suivante : "Tout ça, pour ça ? ..."
On va s'expliquer après un petit détour sur ce qui a été présenté aux Sénégalais comme une affaire politique majeure, un enjeux de gouvernance décisif, le respect urgent d'une promesse électorale ; et aussi, un tournant vital pour l'avenir des députés de la présente législature. Il y a du vrai dans tout ce qui précède, mais un brin dramatisé par la classe politique, comme un appât fabriqué de toute pièce pour distraire le Sénégalais lambda ; appât sur lequel, cependant, la presse a été la première à se jeter. Tout le monde est resté le nez dans la boue de l'actualité, personne, à ma connaissance, n'a levé la tête pour prospecter ce que vraiment vont nous coûter ces institutions "budgétivore" pour la courte échéance qu'il leur reste avant de disparaître. De toute façon ! Comparativement à ce que pourrait nous coûter une crise politique entre exécutif et législatif, pendant que le premier prend à peine ses marques.
Il semble que les deux institutions coûtent aux contribuables sénégalais 15 milliards. Cette somme, il est vrai, isolée, est sidérante pour les fauchés que nous sommes généralement, nous, la majorité écrasante des Sénégalais. Surtout si on retient - si et seulement si on retenait, que "ces institutions sont inutiles".
C'est revenu dans l'argumentation de tous les intervenants favorables au projet de loi constitutionnelle portant dissolution des HCCT et CESE : avec de pareilles sommes, on construirait des hôpitaux, des abris provisoires, les hémodialysés du pays verraient leur calvaire prendre fin., etc., etc. ! Ce n'est pas tout à fait faux !
À les entendre également, si on ne les suivait pas, nous irions encore, pauvres contribuables, casquer, pendant un an, 15 milliards de francs, pendant cinq ans 75 milliards. Or, rien n'est moins vrai. Nous allons y venir, retournons aux enjeux supposés déterminants pour l'avenir politique de notre pays autour de cette affaire.
Un enjeu majeur nicherait dans l'issue de cette plénière. Si la loi n'était pas votée, le chef de l'Etat dissoudrait cette Assemblée "en rupture avec la volonté populaire" pour paraphraser le président Bassirou Diomaye Faye - au lendemain du retoquage de son projet de loi. Il tenait à remplir un engagement électoral, en engageant ce bras de fer finalement trop politiquement coûteux pour lui - il est en Chine pour une visite d'Etat, et parallèlement un sommet Chine-Afrique, quand tous ses interlocuteurs apprennent que sa première initiative de haute politique a échoué.
Laissons ça pour parler du coût de cette initiative en politique intérieure, coût en adversités agressives, en contentieux politiques évitables - et à impérativement éviter, sous quelque forme, si le souhait de tous est seulement que ce pays marche, que sa démocratie se renforce et que ce gouvernement travaille dans les meilleures conditions pour assurer la réussite de ses missions.
Un bras de fer entre l'exécutif et le législatif, dans cette période de transition politique, comme suggéré plus haut, coûterait en argent (puisque c'est ce qui semble intéresser certains) plus que ce que risque de nous coûter HCCT et CESE réunis, d'ici leur disparition inéluctable, dans six mois au maximum - parce le président va dissoudre l'Assemblée nationale de toute façon, dans quelques semaines ; et cela ne devrait pas prendre six mois, entre cette décision, et l'installation d'une nouvelle législature qui lui serait favorable pour dérouler toute politique qu'il voudrait.
En chiffres, cela veut dire, considérant les 18 millions de Sénégalais - pour schématiser - comme les " contribuables" en question, que chacun d'entre nous cotiserait seulement 416,8 francs CFA pour entretenir ces institutions d'ici là.
Voici donc que ces dernières, qui sont des recommandations des Assises nationales et du CNRI, pour quinze milliards par an, auront coûté chaque année, à chaque Sénégalais (15 M ÷ 18 millions =) 833,3francs CFA. Dans six mois, elles nous coûteraient la moitié, 416 virgule machin de francs, avant de disparaître. Et " bon débarras", pour ceux qui n'en voulaient pas, et qui en ont le droit.
Chaque Sénégalais appréciera maintenant - tout cela étant clair -, sa préférence pour les deux schémas suivants :
1)- pour un coût de 417 francs par Sénégalais - attendre tranquillement que Diomaye Faye, dans quelques semaines, dissolve l’Assemblée nationale, organise des élections législatives dans les trois mois suivants, comme la loi l'y contraint, installe la nouvelle législature, qui devrait, nous l'avons dit, lui être favorable (c'est de tradition !), pour alors tenir sa promesse électorale en dégageant ces institutions.
- Soit dit en passant, je sais que ce n'est pas si simple. Il faudra bien contourner la contradiction entre la loi constitutionnelle, qui veut que l'élection se tienne dans les 90 jours suivant la dissolution, et le code électoral qui fixe 150 jours pour le bouclage du processus des parrainages, nécessaire pour une organisation, dans les règles, des législatives ; sans parler de la loi de finance rectificative, pas encore votée, ni du budget 2025 que seule une Assemblée dûment installée permet. Bref, ces messieurs du pouvoir ont vraiment d’autres chats à fouetter que de se tuer à nous faire économiser 417 francs chacun pour les six mois à venir, à ce coût ! - Justement, "attendre tranquillement" signifie, pendant ce temps, quand personne ne se sent politiquement acculé ou " humilié", "méprisé" même, ont déploré des élus de Benno lundi, discuter. Discuter avec la classe politique sénégalaise, qui ne se réduit pas à Benno (mais Benno tient l’Assemblée), douée pour au moins une chose : trouver des compromis. Cela permettra de contourner ces obstacles, sommes toutes pas plus compliqués que ceux qui se dressaient devant une bonne tenue de l'élection présidentielle du 24 mars dernier, et qui ont été contournés, par suite de discussions politiques entre la prison du Cap et quelque hôtel. Preuve, s’il en est, qu’en politique, tout peut se régler par la discussion.
2) - chacun restant sur ses positions - persister dans la confrontation politique, dont le deuxième round - cette session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour le vote d'une motion de censure contre le Premier ministre - se joue ce vendredi 6 septembre, et qui viendra s'ajouter à l'imbroglio déjà bien inextricable que nous avons entrevue. Que la motion passe ou ne passe pas, un camp se sentira humilié et se braquera sûrement pour la suite des événements.
Du coup, le nécessaire, absolument nécessaire dialogue pour, après l'inévitable dissolution de la représentation nationale, organiser des législatives apaisée, s'en trouvera sinon compromis, en tout cas compliqué.
Le risque, c'est des élections retardées, une démocratie sans parlement au moins un certain temps, des tensions politiques toujours plus ou moins dangereuses pour un régime en place, un président obligé de gouverner par décret.
Et ça, croyez-moi cher compatriote, ça nous coûterait bien plus cher que 417 francs chacun pour prix d’un sursis en faveur des deux institutions en question.
Alors, que tous ceux qui parmi nous en ont la possibilité, en respectant pour chacun le rang que les Sénégalais lui ont donné, veuillent bien pousser le président de la République et les députés de Benno, à passer ce cap pas si terrible que ça, s'il est abordé par chacun avec la volonté de convaincre et non de vaincre.
par Thierno Alassane Sall
FAUTE DE VISION, LE POUVOIR OPTE POUR LA DIVISION
Jamais un pouvoir n’aura, en seulement cinq mois, cherché autant la confrontation avec les contre-pouvoirs, ignorant que ses véritables adversaires sont le sous-développement, la pauvreté et le désespoir, qui poussent des jeunes à prendre la mer
Les Sénégalais ont donné à Diomaye Faye, en lui conférant une majorité nette dès le premier tour, les moyens d’ouvrir une nouvelle ère démocratique. Les premières déclarations du président Diomaye Faye semblaient conformes à cette demande populaire d’un dialogue national pour refonder nos institutions, approfondir la démocratie, bâtir une économie au service de tous.
Cependant, les actes posés vont exactement dans le sens de l’exacerbation des tensions dans un pays qui s’est retrouvé, à plusieurs reprises, au bord du gouffre. Au point où l’invraisemblable est advenu dans l’escalade d’un conflit, qui, il faut bien le dire, est né du mépris assumé du Premier ministre à l’égard de la représentation nationale : une motion de censure annoncée par le groupe BBY.
Cette situation, il faut le souligner, a prospéré en raison de l’incapacité du président de la République à assumer la plus élémentaire de ses charges : suggérer à - puisque l’on ne saurait dire instruire - son Premier ministre de se conformer à la Constitution sans chercher des alibis dans l’absence de dispositions dans le Règlement intérieur de l’Assemblée, une loi de moindre portée.
Jamais un pouvoir n’aura, en seulement cinq mois, cherché autant la confrontation avec les contre-pouvoirs (la presse, l’opposition), ignorant que ses véritables adversaires sont le sous-développement, la pauvreté et le désespoir, qui poussent des jeunes à prendre la mer dans un exode incessant.
La prochaine escalade ? La dissolution de l’Assemblée nationale, pour désorganiser les élections législatives qui s’annoncent comme les plus chaotiques de notre histoire. En effet, comment organiser en 60 jours, ou 90 jours maximum le parrainage, son contrôle, la période de contentieux et la campagne électorale, avec, de surcroît, un effet de surprise si ce n’est dans le chaos et la confiscation de la démocratie ? Quelle crise justifie une si dangereuse précipitation ? Justement, le rejet du projet de suppression du HCCT et du CESE, ainsi que la motion de censure, offrent un prétexte bien opportun.
Le président Diomaye Faye, dans le rôle qu’il s’est assigné dans le duo de bad cop - good cop, va nous jouer la petite musique des regrets, tout en poursuivant le plan que le Pastef a concocté pour asseoir, à tout prix, un pouvoir total.
Le peuple avait cru à un projet sur toutes les lèvres, avant de s’apercevoir que le nouveau régime n’avait pas de vision pour mener le pays. En attendant de prodiguer le remède miracle promis, le bon professeur Diomaye et son "Boss" appliquent la vieille solution : diviser pour mieux régner.
par Abdou GUÈYE
LA PROMESSE DE RENÉGOCIATION DES CONTRATS PÉTROLIERS EST-ELLE RÉALISTE ?
En Afrique, l’exploitation des ressources extractives connait des évolutions dans les perceptions ces dernières années. En 1950, l’Afrique a été dominée et exploitée. En 1960, le continent marque une phase afro-optimiste.
En Afrique, l’exploitation des ressources extractives connait des évolutions dans les perceptions ces dernières années. En 1950, l’Afrique a été dominée et exploitée. En 1960, le continent marque une phase afro-optimiste. De 1990 à 2000, l’Afrique a été animée par le phénomène de la malédiction des ressources naturelles (MRN), qui a été analysé par plusieurs auteurs scientifiques dont Rosser en 2006. De 2000 à 2020, le continent est marqué par un boom extractif. Certains pays comme le Sénégal ont voulu associer les activités extractives et l’émergence dans les programmes de développement (cas du Plan Sénégal Émergent). Depuis 2020, un autre problème se pose à cause des conséquences du changement climatique. Il s’agit de l’incertitude sur la transition énergétique et la volonté manifeste de certains pays africains concernant la souveraineté nationale notamment énergétique et industrielle. En février 2024, le Sénégal adopte un nouveau régime. Bien avant ce nouveau régime, les contrats extractifs ont été critiqués par les acteurs politiques de l’opposition notamment Messieurs Ousmane SONKO et Thierno Alassane SALL, à travers la publication d’ouvrages.
Cette contribution rappelle tout d’abord les dates phares où le sujet sur les contrats pétroliers a encore attiré l’attention de ce nouveau régime. Le 13 juillet 2024, lors de sa sortie face à la presse durant les 100 premiers jours au pouvoir, le Président de la République a souligné que les contrats pétroliers seraient sans doute renégociés. Le 24 juillet 2024, le Directeur de Cabinet du Ministre des Énergies, du Pétrole et des Mines (MEPM) invite les autres parties prenantes notamment au monde universitaire de produire des réflexions scientifiques sur les enjeux de la renégociation des contrats pétroliers tout en restant optimistes. Le 20 août 2024, une commission d’examen des contrats dans le secteur stratégique, constituée de cadres de l’administration, a été installée par le Premier Ministre. C’est dans ce contexte que nous apportons notre contribution pour analyser les éléments clés susceptibles de faire l’objet de renégociation dans les contrats pétroliers. Cette analyse s’articule autour de trois points.
1. Que faudrait-il renégocier ?
2. A qui profite l’exploitation des hydrocarbures offshore ?
3. Que représentent l’environnement et ses richesses dans la négociation des contrats ?
L’objectif de cette contribution est de participer au débat public scientifique en tant que chercheur dans le domaine de l’environnement et des industries extractives mais aussi en tant que citoyen sénégalais. Les réponses aux questions ainsi formulées sont développées dans les lignes suivantes.
Que faudrait-il renégocier ?
Par rapport à la première question formulée, nous l’analyserons sous l’angle de la répartition des parts (profit oil) et les pourcentages relatifs à la déduction des coûts (cost stop & cost oil) pour permettre à l’État de saisir les niches qui peuvent faire point de discussion lors d’une éventuelle renégociation des contrats. A cet effet, une analyse comparative sera effectuée en premier lieu sur les contrats relatifs à l’exploitation des gisements offshore de Grand Tortue Ahméyim (GTA) et de Sangomar, d’une part, elle cible les pourcentages élevés sur la déduction des coûts pétroliers et ses risques pour le Sénégal, d’autre part.
En comparant les projets GTA et Sangomar en cours, sur la répartition des parts entre l’État et les contractants, il ressort une différence très remarquable sur les parts de l’État : profit oil. Ce qui permet de dire que le contrat hérité par Woodside Energy, concernant l’exploitation du gisement de Sangomar, est moins avantageux pour l’État si on le compare à celui hérité par BP et ses partenaires dans le cadre du projet de GTA.
Cette différence peut faire l’objet de revue dans une perspective de renégociation. Là où l’État devrait profiter de 20 % des parts dans le contrat de Sangomar dans un contexte où la production journalière atteindrait 100 000 barils/jour (cf. article 22 dudit contrat de RSSD), celui du gisement de GTA lui permettra d’atteindre 50 % des parts si la production journalière tournerait autour de 60 000 à 90 000 barils ou gaz équivalent (cf. article 22 dudit contrat). Ainsi, nous profitons de l’occasion pour rappeler que les signatures des deux contrats de recherche et de partage de production portant sur les blocs de Rufisque Offshore, Sangomar Offshore et Sangomar Offshore Profond (RSSD) et sur le bloc de Saint-Louis Offshore Profond datent respectivement du 15 juillet 2004 et du 17 janvier 2012. Le premier contrat a déjà fait 20 ans. C’était sous tutelle de l’ancien Ministre des Énergies et des Mines, Monsieur Madické NIANG. Le second fait aussi 12 ans, sous tutelle de l’ancien Ministre d’État, Ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens et des Infrastructures de l’Énergie, Monsieur Karim WADE, tous signés durant le régime du Président Abdoulaye WADE sur l’intervalle 2000-2012. Remplacé par le Président Macky SALL en mars 2012, ce dernier a joué un rôle important dans la recherche et la promotion du bassin sédimentaire sénégalais. Ces efforts ont abouti à des découvertes importantes en hydrocarbures mais le Président sortant n’a pas eu l’occasion de fêter la production du premier baril sénégalais. Suite à ces importantes découvertes de 2014 à 2017, une politique de gouvernance des ressources naturelles a été lancée pour renforcer le cadre institutionnel, politique, règlementaire et stratégique du secteur pétro-gazier durant la période 2016-2023. Ces initiatives ont été soutenues par le projet d’Assistance technique de la Banque mondiale piloté par GESPETROGAZ, bras technique du COS-PETROGAZ et du Ministère en Charge des Hydrocarbures.
Le deuxième point de renégociation doit être orienté sur le cost stop et le cost oil. Dans le cadre d’une éventuelle renégociation des contrats, les termes de l’article 22.1 du contrat relatif à l’exploitation du gisement pétrolier de Sangomar pourraient être revus. En effet, l’État doit faire de telle sorte que le cost stop et le cost oil ne dépassent pas les 60 % quelle que soit la localisation de la zone d’exploitation. Les propos concernant cette idée seront développés dans la deuxième partie de la contribution. Nous rappelons que les projets en cours (GTA et Sangomar) se situent dans la zone offshore profonde, c’est à dire là où les profondeurs d’eau se situent entre 500 mètres et 3000 mètres (art.2 du nouveau code pétroler). Ce qui permet de rappeler que les profondeurs d’eau occupées par le projet Sangomar varient de 700 à 1400 mètres et celles occupées par le projet GTA sont de l’ordre 33 mètres, 120 mètres et 2850 mètres selon les différentes installations. Les éléments de réflexion de la première question nous invitent à aborder la seconde question.
A qui profite l’exploitation des hydrocarbures offshore ?
L’industrie extractive est une arène multi-acteurs où chaque partie tire les intérêts de son côté en se basant sur son expertise et son expérience. Si la question à qui profite est posée, c’est pour analyser l’équilibre d’intérêts des différentes parties prenantes. En 2004, le rapport d’Évaluation des Industries Extractives, commissionné par le Groupe de la Banque Mondiale (GBM), paru le 16 juin dans le Financial Times britannique précise en ces termes : « Non seulement les industries pétrolières, gazières et minières n’ont pas aidé les populations les plus pauvres des pays en voie de développement, mais elles ont appauvri davantage……Cela signifie-t-il que les industries extractives ne peuvent jamais jouer un rôle positif dans l’économie d’une nation ? Non, cela signifie simplement que le seul cas d’un rôle positif que nous ayons pu trouver, concerne des pays dont le régime démocratique s’était à ce point développé que même les plus pauvres pouvaient en tirer certains bénéfices (ex: Botswana). Mais tant que les éléments fondamentaux constitutifs d’une bonne gouvernance: presse libre, système judiciaire opérationnel, respect des droits de l’homme, élections libres et justes- ne sont pas mis en place, le développement de ces industries ne fera qu’aggraver la situation des plus pauvres ».
La problématique posée permet de comprendre davantage les logiques des principaux acteurs (État & Compagnie pétrolière) sur la négociation des contrats et ses contours. Ainsi, pour répondre à la question principale notée ci-dessus, nous nous permettons de rappeler le principe du contrat de recherche de partage de production (CRPP) en sus de faire référence à l’ouvrage scientifique de Claude Raffestin sur la géographie du pouvoir publié en 1980 dans cette réflexion pour mieux aborder la question à qui profite ? Concernant le principe de CRPP, il n’est rien d’autre qu’un partage de ressources entre l’État et le ou les contractant(s). Nous avons l’impression que dans les négociations des contrats pétroliers offshore, l’État ne prend pas en compte la considération de ses richesses écologiques du milieu réceptif des projets. Les recherches démontrent que l’exploitation des énergies fossiles va entrainer sans doute des impacts négatifs sur l’écosystème et sur la vie des communautés (Kloff S., 2011). Pourquoi donc accepter que le contractant ait toujours le droit de recevoir chaque année civile, en vue du recouvrement de ses coûts pétroliers, une partie maximale de la production totale commerciale ? Qu’est-ce qui explique que les négociations doivent essentiellement se tourner sur les ressources pétro-gazières et non sur les autres ressources stratégiques du milieu récepteur ? Face à ces interrogations, nous pensons que cette pratique ancienne doit être repensée et renégociée pour que les intérêts dans les contrats soient justes et équilibrés entre les deux parties (État & les compagnies pétrolières). Ces problèmes dégagés dans cette partie invitent à aborder la réflexion sur les préoccupations environnementales et sociales dans les contrats pétroliers.
Que représentent l’environnement et ses richesses dans la négociation des contrats ?
Avant de répondre à cette question, nous rappelons que les eaux côtières de l’écorégion marine ouest-africaine sont parmi les plus poissonneuses au monde, grâce aux alizés qui poussent les eaux de surface pauvres en nutriments au large et ramènent des eaux riches en nutriments des profondeurs de l'océan Atlantique en surface (Kloff S. et al., 2005). Ce phénomène est appelé upwelling ; il provoque une explosion de la croissance algale qui forme la base d'une chaîne alimentaire extrêmement productive en Mauritanie, au Sénégal, en Guinée Bissau, etc. (Wolff, et al., 1993 ; PRCM, 2000 ; Samb and Demarcq, 1989).
Vu la richesse écologique du milieu récepteur des projets pétroliers offshore, les pertes et dommages ont-ils été pris en compte dans la négociation de base des contrats ? Cette question permet de pousser la réflexion sur le point ci-après pour comprendre à qui profite réellement l’exploitation des hydrocarbures offshore entre l’État, le ou les opérateurs et la population, voire les communautés ?
Avant le démarrage des projets pétroliers offshore, des études d’impact environnemental et social ont été réalisées par les promoteurs de ces projets. Ces études ont été souvent critiquées par des experts et des consultants sur la négligence de la prise en compte de certains risques environnementaux et sociaux, voire économiques au plan local.
Après une dizaine d’années d’activités d’exploration, de développement et de production des projets pétroliers offshore, la situation des communautés s’aggrave de plus en plus. Certains en ont eu ras le bol et menacent de perturber les activités industrielles des compagnies. D’autres se désespèrent compte-tenu du non accès à leur zone traditionnelle de pêche et du manque de revenus à cause des zones d’exclusion et de la migration des espèces halieutiques dans les périmètres de sécurité. Ce phénomène frappe plus les communautés qui se situent sur la Langue de Barbarie, dans la région de Saint-Louis. Cela renvoie à une préoccupation majeure sur le modèle de développement adopté par les compagnies dans le cadre de l’exploitation des gisements offshore. A l’État actuel des projets pétroliers, le problème est plus centré sur les aspects socioéconomiques que ceux environnementaux. Cela souligne que la négociation ou la renégociation des contrats ne doit pas se limiter uniquement sur les compétences basées sur le droit, la fiscalité, l’économie, ou la géologie ; d’autres compétences basées sur l’environnement, la sociologie, etc., doivent être considérées sur la table de négociation si on veut vraiment réussir l’équilibre des intérêts entre les deux parties (État et contractants) dans les contrats pétroliers.
Pour conclure, la renégociation des contrats dans les projets extractifs n’est pas un phénomène nouveau et c’est toujours possible quand un nouveau régime s’installe. En guise d’exemple, le Libéria peut être cité comme un cas d’école. Selon Raja Kaul et Antoine Heuty, le gouvernement de la Présidente Ellen Johnson Sirleaf a effectué une renégociation des contrats extractifs entre 2006 et 2008. De même, Paul Seagel, souligne que le Liberia disposait de 102 contrats extractifs, avant l’arrivée du nouveau régime. Une fois l’installation du gouvernement, les 52 ont été acceptés, les 36 annulés et les 14 renégociés. Par rapport à la situation actuelle du Sénégal, les contrats signés dans le secteur extractif peuvent aussi faire l’objet de révision. C’est vrai qu’il existe des clauses de stabilisation, de renégociation, de confidentialité et de transparence dans ces contrats. Mais au-delà de l’aspect juridique, les deux parties peuvent se retrouver autour d’une table de négociation pour discuter sur l’équilibre des intérêts. Nous précisons que les compagnies en activité ont hérité les contrats des projets en cours d’exploitation. Ce qui explique que ces compagnies n’ont pas payé le prix du risque sur la recherche. Elles sont intervenues après les découvertes et tous les coûts pétroliers seront supportées par la vente des ressources du sous-sol de l’État d’où l’intérêt de revoir les termes de renégociation des contrats de façon juste et équitable.