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28 novembre 2024
Opinions
SEMBENE ENTRE AU PANTHEON DIGITAL DU CINEMA MONDIAL
Le plus grand monument jamais érigé à la mémoire des tirailleurs sénégalais massacrés à Thiaroye en 1944 reste un film : l’œuvre de Ousmane Sembène datant de 1988, longtemps occultée en France comme en Afrique.
Le plus grand monument jamais érigé à la mémoire des tirailleurs sénégalais massacrés à Thiaroye en 1944 reste un film : l’œuvre de Ousmane Sembène datant de 1988, longtemps occultée en France comme en Afrique. Ironie de l’histoire, la projection en version restaurée du «Camp de Thiaroye» masque à sa façon la faible présence du cinéma africain dans différentes sélections...
«Sembène m’expliquait lors des répétitions que le personnage mutique de Pays que j’incarne à l’écran dans Camp de Thiaroye représentait la voix tue de l’Afrique colonisée, bâillonnée par l’impérialisme. Durant le tournage, je me recueillais personnellement chaque jour sur une terre qui a enseveli les victimes d’un massacre perpétré par l’Armée coloniale française...» A peine le rideau tombé sur l’écran, cette voix qui s’élève, haut et fort, est celle de l’acteur et cinéaste ivoirien Sidiki Bakaba, 73 ans. Il est, avec nous, dans la salle Bunuel au 5e étage du Palais des festivals, en compagnie notamment de Alain Sembène, fils de Ousmane.
Trente-six ans après sa sortie, auréolé d’un Prix spécial de la Mostra de Venise 1988, le Camp de Thiaroye de Ousmane Sembène, désormais numérisé en 4K, gage d’une certaine qualité digitale, a enfin été projeté à l’occasion du 77e Festival international de Cannes, dans la sélection Cannes Classics. Entretemps, des années durant, une gêne, honteuse, l’aura occulté, voire blacklisté, sinon censuré. Disponible en Dvd, au début des années 2000 seulement, l’œuvre de Sembène, secondé ici de Thierno Faty Sow, a cependant cumulé des centaines de milliers de visionnages via Internet. Elle le vaut au titre des vérités non tues que l’on voudrait cacher. En tant que telle, on ne niera pas que cette projection cannoise, si elle paraissait à certains un alibi, valait néanmoins un hommage universel, quoique tardif, à une personnalité majeure de l’Afrique contemporaine, militant de la décolonisation, pionnier des lettres et du cinéma africain : Ousmane Sembène, né en 1923 à Ziguinchor, décédé en 2007 à Yoff. Ô, Sembène...
Universel, cet hommage, en effet : derrière les fondations (américaines) à l’œuvre pour sa restauration et sa transposition digitale, figurent ainsi deux géants indépassés du cinéma mondial, Martin Scorsese et Georges Lucas, associé ce dernier à son épouse noire-américaine Mellody Hobson. Cela dit, Sembène n’a pas attendu 2024 pour être consacré. Il demeure, pour la petite histoire, le premier juré noir africain du Festival de Cannes. C’était en 1967. En 2004, il a reçu ici le prix Un Certain Regard pour Moolaadé et, en 2005, prodigué aux festivaliers son ultime leçon de cinéma. En 2006, enfin, peu avant sa mort, Sembène a accepté les insignes d’Officier de la Légion d’honneur française.
Sembène le tirailleur
Avant d’être migrant clandestin, docker et syndicaliste, Sembène, on le sait, a servi dans les Tirailleurs sénégalais, classe 1943, engagé en 44, l’année-même du massacre de Thiaroye. Cela confère à son œuvre la valeur d’un témoignage aussi irremplaçable qu’implacable. S’il faut le rappeler aux plus jeunes : le 28 décembre 1944, cinq cents ex-prisonniers de guerre africains, désarmés et rapatriés à Thiaroye en attente de leur retour à la vie civile, refusent d’embarquer dans le train pour Bamako tant qu’ils n’ont pas perçu les arriérés de soldes, pécules et pensions qui leur sont promis et dus. Marcel Dagnan, Général français de la Division Sénégal Mauritanie, plus haute autorité de la colonie présente à Dakar au même moment, se déplace en personne à Thiaroye... Deux jours après, le 1er décembre au matin, des automitrailleuses ouvrent, sans sommation, le feu sur un camp sans défense. Le bilan ? Selon les sources, de 70 à 200 morts, voire plus, parmi les anciens combattants africains, ensevelis pêle-mêle dans une ou plusieurs fosses communes, trois à en croire les propos de l’ex-ministre de la Défense français Le Drian. Jusqu’ici, jamais les corps n’ont été exhumés pour permettre une simple mais indispensable expertise du crime..
Couvert par les autorités françaises jusqu’à Paris, Dagnan avance, dans un délire mensonger, la nécessité de «réprimer une mutinerie». Par-delà le conflit mémoriel et un fleuve de polémiques autour d’une «part d’ombre de notre histoire», reconnue comme telle par l’ex-Président français F. Hollande en 2012, la fiction de Sembène n’a rien perdu de son acuité dans un passé qui ne passe pas. Non sans résonnance avec l’actualité. Voir et revoir un tel film aiguise le regard. Ainsi cet arrêt sur images d’une des scènes-clés. «Retenu» dans le camp où il marchande les indemnités dues, le Général Marcel Dagnan est confronté à Pays, le personnage muet inventé par Sembène et interprété par Sidiki Bakaba, comme on l’a vu. Un face-àface, yeux dans les yeux, pour l’Histoire. En 1940, lors de «L’Etrange défaite» de la France, le saint-cyrien Dagnan a été l’un des gardiens inutiles de l’illusoire Ligne Maginot, promu Général de brigade en dépit de la plus humiliante débâcle subie par la France devant une submersion allemande. Capturé, il a été libéré dès septembre 1941... Pays, lui, a souffert sans rémission quatre années en captivité. Il est potentiellement un des rescapés des massacres répétés de tirailleurs sénégalais, boucherie documentée, perpétrés par des soldats allemands nazifiés lors de la période 1940-41. Ce gentil dof garde d’évidentes séquelles. Il ne se départ jamais, dans son délire post-traumatique, d’un casque siglé SS. Or, ce jour-là... il s’empare et se coiffe du képi de Dagnan dans un geste lourd de sens et de portée symbolique, au sens de la psychanalyse la plus rudimentaire.
Nul doute que la séquence ait été inspirée par une justification aussi insidieuse que racialiste, courante chez les gradés blancs de la Coloniale. Selon eux, les captifs libérés auraient été manipulés, pour ne pas dire dressés par les Nazis contre la puissance coloniale diminuée qu’ils servaient, souvent malgré eux. Sinon de purs ennemis, ils seraient à minima vus par ces gradés blancs comme les témoins gênants de la déconfiture d’un empire atteint jusque dans son honneur viril. Des témoins à éliminer, tout comme on tond en Métropole les femmes suspectées de «collaboration horizontale» ?
Historiquement, le massacre de Thiaroye prélude à une série de tueries de masses équivalentes de l’Indochine au Maroc, en passant par Madagascar, dans une «mise au pas» de futures ex-colonies. A ce titre, en 1946, Marcel Dagnan a été élevé au rang de Commandeur de la Légion d’honneur et promu «Commissaire du gouvernement» français de l’époque. Tout un programme... Heureusement, les Tirailleurs et Cannes ont une autre histoire en commun. La même année 1946, moins de deux ans après le bain de sang de Thiaroye, un régiment de tirailleurs sénégalais a en effet défilé en ouverture de la première édition dudit festival. Ils sont revenus, ces Tirailleurs, en 2022, avec le film éponyme produit et interprété par le Franco-Sénégalais Omar Sy, membre à son tour, un demi-siècle plus tard, du jury de la Palme d’or 2024. Leur succès en salles a enfin permis à une soixantaine d’anciens combattants sénégalais de ne plus avoir à s’exiler dans l’Hexagone pour bénéficier d’une pension méritée. Il était temps, en effet.
Par El Hadji Moustapha DIOP
COMMENT PARVENIR À L'AUTOSUFFISANCE EN RIZ
Aussi, ma contribution sera surtout orientée vers un diagnostic des difficultés du terrain qui est le véritable point de départ qui doit guider les discussions.
Ma mission récente d’acteur clé de la production des semences de pré-base (arachide et riz, entre autres) à l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra), pendant plus d’une décennie, ainsi que mon expérience de près de cinq décennies dans cette institution m’autoriseraient, si elles ne m’obligent (une fois à la retraite), à prendre part au débat sur l’autosuffisance en riz entamé depuis 2017 qui, bien des années après, n’a pas donné les résultats escomptés, comme en témoigne le peu de recul des importations de riz au Sénégal.
Aussi, ma contribution sera surtout orientée vers un diagnostic des difficultés du terrain qui est le véritable point de départ qui doit guider les discussions. Cette voie moins aérienne pourra permettre d’apporter les corrections nécessaires au relèvement substantiel des capacités de production à l’échelle même de l’exploitation.
ETAT DES LIEUX : ZONES PRINCIPALES DE CULTURE
Au Fleuve, il existe une disparité profonde des performances entre les exploitants, dans les différentes zones de production. Si au delta, on observe des rendements nettement au-dessus de la moyenne mondiale, découlant surtout d’une bonne maîtrise des itinéraires techniques, la haute vallée et la moyenne vallée se trouvent souvent à des niveaux de performance beaucoup plus bas. Ainsi, on assiste à des résultats très disparates, plombant la moyenne régionale.
A l’Anambé, contrairement au fleuve, l’efficacité de l’encadrement et le professionnalisme des encadrés ont jusqu’ici été de faible niveau, malgré toutes les potentialités de la zone (?).
En zone sud, la production des semences de pré-base, longtemps mise en veilleuse, a repris de plus belle pour les variétés spécifiques de la région, au centre de l’Isra. Mais le conflit a jusqu’ici retardé le développement rizicole de la région.
En zone pluviale stricte, surtout les variétés nérica sont pratiquées, la nouveauté de la culture exige une mise à niveau des acteurs, heureux de pouvoir désormais produire sur place le riz local qui manquait à leurs besoins alimentaires. Les conditions d’une agriculture arc-en-ciel commencent à s’y dessiner au fil du temps.
Mais, il est important de signaler que la plupart de ces agriculteurs qui n’ont pas vécu la période des sociétés de vulgarisation, appuyées par la Sarv des débuts de l’Isra (Service d’application de la recherche et de la vulgarisation), présentent aujourd’hui de lourdes lacunes techniques, qu’il faudra lever.
ORGANISATION DE LA PRODUCTION :
Les semences de prébase : Leur fourniture relève de l’Isra qui libère la 3ème génération, après un long processus de multiplication. Il existe au total 42 variétés homologuées dont les 22 sont présentes au fleuve. Ces variétés, de nature très variée, présentent des caractères agronomiques leur permettant de s’adapter dans différentes conditions écologiques :
- Haut potentiel de production ;
- Résistance à la verse ;
- Résistance aux insectes et maladies.
Cette panoplie de variétés permet au consommateur sénégalais d’avoir un choix extrêmement varié pour ses besoins culinaires. Elles présentent en outre un taux d’amylose deux à trois fois inférieur au riz importé. Ce critère fait d’ailleurs partie des exigences de l’homologation des variétés de riz, conformément à la législation semencière en vigueur au Sénégal.
Des variétés à 0% d’amylose sont actuellement à l’étude pour davantage faire face aux maladies métaboliques.
On peut aussi y noter la présence de variétés aromatisées par la voie de la génétique et non parfumées artificiellement, comme dans le cas du riz d’importation.
Tout le reste revient donc à une question de manque d’informations et d’habitude alimentaire que le nombre croissant de diabétiques dans le pays devrait modifier.
Les semences de base et certifiées, issues des prébases et multipliées par des producteurs semenciers agréés, suivant leurs différents niveaux d’intervention.
Le matériel végétal ordinaire destiné à la production du riz de consommation, qui provient de la dernière génération de semences certifiées (R2) et qui concerne le plus grand nombre d’intervenants de la filière.
TROIS GROUPES D’ACTEURS AUX ROLES COMPLEMENTAIRES SE DEGAGENT NETTEMENT :
La Recherche, dont il est indispensable de renforcer les moyens et de revoir l’organisation interne pour lui permettre de faire face à une intervention de qualité plus importante. L’Isra et Africa rice, tous deux obtenteurs et/ou détenteurs, peuvent, conformément à la réglementation semencière, assurer de concert l’ensemble des besoins en semences de premiers niveaux
Les multiplicateurs agréés, presque tous concentrés dans le delta du fleuve où ils sont le plus souvent regroupés en associations ou fédérations d’associations de multiplicateurs et de distributeurs de semences vers les autres producteurs.
Ce deuxième maillon très important est composé de professionnels expérimentés qui atteignent des pointes de rendement de l’ordre de 13 tonnes à l’hectare, sur les variétés à haut potentiel de production (sahel 217, sahel 222…).
Les producteurs de paddy, qui représentent de loin le plus grand nombre, sont paradoxalement les moins performants, sauf dans le delta.
Tout le travail de ces acteurs est soumis au contrôle de la Division des semences (Disem), chargée de l’application de la législation semencière sur l’ensemble du territoire. Sa mission va de l’octroi des agréments aux multiplicateurs, pour passer par le contrôle au champ et déboucher sur l’analyse des lots récoltés en vue de leur certification qui seule peut en autoriser la propagation officielle et légale.
LES AMELIORATIONS NECESSAIRES POUR L’ATTEINTE DES OBJECTIFS NOUVEAUX
Formation-Encadrement des acteurs
En lieu et place de l’appui-conseil actuellement déroulé par les sociétés de développement, les producteurs ont aujourd’hui besoin de formation et d’encadrement pour bien comprendre et appliquer l’essentiel des itinéraires techniques nouveaux. Si l’agriculteur de Ross-Béthio parvient à un rendement moyen de 9 tonnes/ha et que celui de Matam ou de Bakel atteint difficilement la moitié, c’est parce qu’ils différent tout simplement au niveau de leur savoir-faire.
Application des itinéraires techniques modernes
Cette pratique passe tout d’abord par l’abandon des semences autoproduites qui ne donnent aucun espoir pour l’atteinte d’un rendement payant. Sans une bonne semence (intrant premier), il est impossible de valoriser les investissements qui seront apportés.
Le respect du calendrier culturale ainsi que des différentes opérations techniques sont les éléments constitutifs du rendement :
. Travail du sol . Dose de semence sélectionnée
. Date de semis appropriée
. Calendrier d’irrigation étudié
. Formules et doses de fumure
. Désherbage chimique simplifié (sans équipement encombrant ou coûteux)
. Récolte, battage par petit outillage motorisé (faucheuse à riz et batteuse Asi)
Le décorticage est en général assuré par des riziers qui devront multiplier et moderniser leurs équipements afin d’amoindrir les pertes et augmenter la qualité.
AMELIORATIONS ATTENDUES DES SERVICES DE L’ETAT :
. Le service semencier (Disem), dont le contrôle est indispensable à toute production agricole de valeur, nécessite un renforcement de ses effectifs et équipements techniques.
. Les aménagements méritent d’être réétudiés au niveau de leur qualité et coût à la lumière des déclarations de l’ancien ministre Pape Abdoulaye Seck qui semble parler en connaissance de cause.
. Les coûts hydrauliques, apparemment très élevés pour les agriculteurs, du fait des factures d’électricité hors de portée et du prix actuel du gasoil, surtout
A ce niveau, je signale qu’une Mission italienne des régions de Vercelli et de Pavia (n°1 de la production de riz en Europe) s’était proposée d’apporter au Sénégal leur technologie d’irrigation par déversement (sans énergie).
L’initiative est restée sans suite à cause peut-être de changements survenus dans le gouvernement. ( ?) Il est évident que cette nouvelle technologie simple et peu onéreuse réduirait drastiquement les coûts de production du riz et des autres spéculations.
. Les équipements agricoles : Une attention particulière doit être observée à ce niveau. Jusqu’ici, les tracteurs affectés dans la région du fleuve sont de faible puissance par rapport au type de sol. Leur durée de vie est très réduite pour cette raison, mais aussi à cause de l’absence de services après-vente performants et de l’utilisation de diesel-oil et de pièces de rechange d’adaptation.
Aussi trouve-t-on un peu partout des cimetières de machines qui ne cessent de s’agrandir.
En conclusion, si les bonnes ruptures sont correctement observées par rapport aux pratiques du passé, comme le prône le ministre de l’Agriculture et de l’équipement, le peuple du monde des chiffres se verra contraint de ranger un moment ses calculettes, au risque de rater l’heure du grand rendez-vous.
«J’aime les paysans, ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers.»
Par Serigne Saliou DIAGNE
POUR QUE LE PEUPLE JUGE A LA PLACE DES MAGISTRATS
Le potpourri d’idées dont on veut faire un thesaurus pour résoudre toutes les questions de l’heure en matière de transparence, de bonne gouvernance et de gestion optimale, finira par déstructurer davantage tous nos secteurs.
Le nouveau pouvoir annonce en grande pompe la présentation, ce vendredi, d’une plateforme numérique «Jubbanti». L’outil, développé de façon expresse, est lancé en prélude à la journée du Dialogue national du 28 mai prochain. Le Sénégal est une terre de dialogue, chaque régime aura ses agoras pour entretenir ses conversations ! Espérons d’ici là que les détenus d’opinion comme Bah Diakhaté et l’imam Cheikh Tidiane Ndao seront libérés par mansuétude de nos hauts d’en haut, comme ils ont eu à bénéficier de clémence dans un passé récent pour des abus et dérapages qui sonnent encore vils.
Du peu qu’on peut savoir de la plateforme «Jubbanti», il s’agit d’un outil de participation à la gouvernance de la Justice et à l’offre aux citoyens d’une plateforme d’expression pour qu’ils donnent leurs avis sur le fonctionnement du temple de Thémis. On chercherait donc à réformer en invitant tout le monde à donner son opinion ou sa vision sur ce que serait une Justice inclusive, transparente et accessible à tous.
Dans la mise en avant de cette initiative, les raccourcis populistes classiques ne manquent pas, avec une volonté de donner au citoyen l’impression qu’il est au centre de tout et qu’il trouvera enfin une tribune pour se faire entendre. Je ne pense pas que les acteurs de la Justice, connaissant les maux et enjeux de leur secteur et des réalités de leur corporation, auraient envie d’avoir un florilège d’avis sur ce qu’est une bonne Justice de citoyens, basée sur le simple confort de leurs certitudes et du courage que donne une ère connectée où à un clic près, tout le monde pense que sa voix doit compter sur tout. Des mécanismes pour consulter des populations sur une bonne Justice ne manquent pas et les bonnes pratiques peuvent être trouvées dans différents pays. Toutefois, il serait intéressant de voir le modèle de fonctionnement de cette plateforme, et surtout d’avoir une vue sur la façon dont toutes les contributions de chacun de nos compatriotes sur ce qu’est une Justice idéale seront mises en intelligence pour avoir une trame raisonnable. On est bien dans le pays où des magistrats sont applaudis ou insultés en fonction des décisions qu’ils rendent en faveur ou non des gens. Un juge est bon tant qu’il rend une décision conforme à nos prismes, il est un paria quand sa décision crée de l’inconfort. Il y a au Quotidien cette formule du Directeur de publication Mohamed Guèye qui résonne toujours quand on parle d’indépendance de la Justice et d’administration d’un bon droit au Sénégal : «Parler d’indépendance de la Justice au Sénégal revient à converser du sexe des anges. Les juges sont applaudis ou voient leurs oreilles siffler en fonction des décisions qu’ils rendent.» C’est dans ce pays que ceux qui incarnent les plus hautes institutions de la République ont passé leur temps à insulter ceux qui font la Justice. Ils n’ont eu de cesse de désacraliser les corps dont ils veulent inviter le citoyen à contribuer à la construction avec l’appel des vues de tous.
«Sa Gis-Gis ci Doxalinu Yoon (Votre avis sur la marche de la Justice)» est l’appel de la plateforme «Jubbanti». J’aimerais que ces promoteurs et les acteurs qui s’en serviront dans leur projet de réformes soient le plus exhaustifs possible sur le fonctionnement de cet outil, surtout dans une logique où il ferait des émules dans d’autres secteurs de la vie publique. Y’aura-t-il un versant de l’outil «Jubbanti» pour suivre les prix des denrées de consommation sur les marchés ou pire, pour compter le nombre de barils ou mètres cubes de gaz qui quittent le sous-sol sénégalais ? A miser dans une transparence des dieux et à vouloir un état translucide, soyons fous ! C’est dire qu’on n’est pas sorti des casse-têtes avec cette logique surjouant la transparence, l’implication citoyenne et la reddition à outrance. Prions qu’on ne va pas nous vendre une coquille vide avec juste une page d’accueil pour finir par désinstaller le logiciel après qu’il aura servi en termes d’effet d’annonce. Je ne peux m’empêcher quelques questions par curiosité profane. La plateforme sera-t-elle un agrégateur de signalement ou de dénonciation de n’importe quelle personne avec son smartphone ? Va-t-on y recevoir des contributions sérieuses d’acteurs de la Justice pour participer à une réforme de ce secteur ? Pourquoi un empressement à jouer une carte de la transparence en invitant tout le monde à la table, alors que les acteurs de la Justice connaissent bien tous leurs problèmes et n’ont cessé de faire des contributions pour plus de transparence et d’indépendance ? Qui sont les concepteurs de cet outil et est-il pertinent de les laisser avec autant d’informations sur la marche de la Justice de notre pays ? Va-t-on pousser le bouchon jusqu’à laisser de simples citoyens accorder des notes à des magistrats ou poster des commentaires sur ceux-ci, au style des évaluations auxquelles sont soumis les enseignants dans certaines universités de par le monde ?
Dans l’attente de voir ce que sera la plateforme annoncée, je ne peux ne pas regretter ce cirque zélé qui rabâche de la transparence en invitant n’importe quel profane sur des questions sérieuses pour opposer leurs opinions à du savoir accompli et des compétences éprouvées. La carte populiste ne doit pas pousser à faire de tout une discussion ouverte à tous pour que toutes les opinions de comptoirs se trouvent une légitimité. A force de jouer la corde d’une inclusion sans filtre, le nivellement par le bas est inévitable. On ne peut pas mettre en doute des sachants ou donner à leurs arguments la même valeur que des élucubrations de simples citoyens à qui une connexion internet à haut débit et une déstructuration du débat public auront permis d’avoir une voix qui porte. Le régime actuel peut vendre partout la carte d’une honnêteté immaculée et d’une transparence à toute épreuve pour vouloir tirer beaucoup de choses au clair. Mais, je suis du genre à toujours sentir une dissonance quand dans le discours et dans la pratique, est exposée une surdose d’honnêteté et de transparence, adossant cela à une confiance presque aveugle qu’on exige de tous. J’ai sûrement en tête ces mots têtus de Michel Audiard dans Le Cave se rebiffe : «Je connais ton honnêteté, mais je connais aussi mes classiques. Depuis Adam se laissant enlever une côte et Napoléon attendant Grouchy, toutes les grandes affaires qui ont foiré étaient basées sur la confiance.» Le lecteur pourra entendre projet politique ou projet de gouvernance ayant la transparence en bandoulière par «affaire foireuse».
Le potpourri d’idées dont on veut faire un thesaurus pour résoudre toutes les questions de l’heure en matière de transparence, de bonne gouvernance et de gestion optimale, finira par déstructurer davantage tous nos secteurs. Nos sachants opteront pour le silence, au risque de voir leurs expertises galvaudées par des brèves de comptoirs ou des avis triviaux de monsieur tout-le-monde, s’ils ne se font pas insulter copieusement. L’initiative «Jubbanti» est sûrement un pas pour réformer la Justice de notre pays, prions qu’elle ne remplace pas nos juges par des citoyens tout-puissants qui diront le Droit avec le lot de dégâts qui ira avec.
Par Samba FAYE
QUAND LE LUX MEA LEX APPLAUDIT L’OBSCURANTISME
il est devenu un jeu de mauvais goût, que l’occident insulte l’Afrique du haut du pupitre de la salle de conférence de l’UCAD2
Le mercredi 16 mai 2024, Cheikh Anta Diop s’est remué dans sa tombe ! En effet, il est devenu un jeu de mauvais goût, que l’occident insulte l’Afrique du haut du pupitre de la salle de conférence de l’UCAD2. Le 26 juillet 2007, Sarkozy disait «qu’il était temps que l’homme noir entre dans l’histoire». Ce mercredi 16 mai 2024, Mélenchon embauche la même trompette avec, cette fois, une assistance qui acquiesce. Que Jean-Luc Mélenchon scande fièrement être «le premier législateur français qui ait déposé un texte de loi à propos de la possibilité du mariage homosexuel, ou qu’il pense «que cette liberté d’amour devrait être ouvert à tous» est certes choquant mais reste du «déjà vu» ! Cependant que des étudiants sénégalais (notre élite en herbe) l’applaudissent est juste ahurissant surtout qu’au même moment, le recteur se fait huer (acte aux antipodes des règles de bienséance du temple du savoir). Le Sénégal a des soucis à se faire.
Dans une société où des adultes émettent des contrevérités ou défendent des contrevaleurs publiquement, une jeunesse sensée être la crème se réduise à applaudir des insanités… le règne de l’obscurantisme s’installe en toute bienveillance. Nous attendons avec impatience la réaction des apôtres de la vertu, inscrits sous le label «and samm Jikoo yii», dont le cheval de bataille fut la criminalisation de l’homosexualité. Ne pas condamner ce qui s’est dit à l’UCAD serait leur oraison funèbre. Le ministre Cheikh Omar Diagne devrait démissionner si tant est que ce qu’il disait était sincère dans sa croisade contre la franc maçonnerie et l’homosexualité (toutes les deux symbolisées par Mélenchon).
Un universitaire comme Felwine Sarr doit se sentir trahi lui qui disait «L’Afrique n’a personne à rattraper. Elle ne doit plus courir sur les sentiers qu’on lui indique, mais marcher prestement sur le chemin qu’elle se sera choisi». Dans son livre «Afrotopia» il préconisait en substance que dans cette mondialisation il faut être des «êtres plus» et non des «êtres comme». Que Sonko qui promettait de criminaliser l’homosexualité prétende que ce «phénomène est toléré au Sénégal» dénote un complexe d’infériorité et un reniement sans vergogne.
En définitive, inviter Mélenchon parce qu’il appelle son «machin» France Insoumise ou parce qu’il prétend «défendre l’Afrique» est une inculture. L’Afrique n’a pas besoin de nounous, elle se fait par elle-même ou elle disparaîtra ; c’est la loi du règne animal !
Par Alioune TINE
ÉMANCIPER LE POUVOIR JUDICIAIRE ET MODERNISER LES RAPPORTS ENTRE GOUVERNANTS ET GOUVERNÉS
Il nous faut une justice qui échappe aux fourches caudines de l'exécutif. Il faut la sortir de la logique des lettres de cachet de l'ancien régime, avec un procureur aux ordres du ministre, qui lui-même est aux ordres du président de la République
Le Président Bassirou Diomaye Faye, en inaugurant les réformes institutionnelles dans notre pays par un dialogue national sur la justice, a choisi une excellente entrée en matière. Il faut absolument par cet exercice salutaire consommer la rupture avec le système ancien.
Vous-même, Président Diomaye, en quittant la prison pour le Palais, avez vécu dans votre chair l'épreuve et les dysfonctionnements de notre justice, l'expérience amère de l'injustice. Il en va de même pour le PM Sonko et de nombreux militants et citoyens sénégalais. L'opportunité de réparer, de corriger et de soigner notre justice malade n'est plus à démontrer. Il serait superflu de ne pas saluer cette importante initiative.
Le deuxième point important réside dans le caractère inclusif et novateur de la démarche qui promeut le citoyen qui dépasse désormais sa simple fonction d'électeur dans laquelle on le confine pour l'acquisition d'une compétence normative. Le citoyen participe à l'élaboration des politiques publiques, ici sur le dialogue national pour une justice indépendante. En plaçant le citoyen au cœur du développement et en le valorisant, vous élargissez la notion de représentation et de légitimité qui transcende désormais l'onction que confère l'élection. C'est ça la démocratie participative, délibérative et décisionnelle. C'est un pas important dans la modernisation des rapports entre gouvernants et gouvernés.
Quel doit être l'enjeu du débat pour nous ? C'est d'abord une justice indépendante et impartiale, protectrice des droits humains, des libertés fondamentales et surtout de la dignité des Sénégalais. Une justice qui défend l'État de droit, un État qui se soumet à sa propre loi, mais pas n'importe quelle loi ! Il s'agit de la loi qui soit conforme aux normes des droits fondamentaux de la personne humaine, une loi qui respecte les engagements internationaux du Sénégal en la matière. Il nous faut enfin une justice qui échappe aux fourches caudines de l'exécutif. Il faut la sortir de la logique des lettres de cachet de l'ancien régime, avec un procureur aux ordres du ministre, qui lui-même est aux ordres du président de la République. Une justice du fait du Prince, du Kumba‐am‐ndey et du Kumba‐amul‐ndey. Il faut une justice capable de juger tous les présumés coupables sur le même pied d'égalité, quel que soit son rang et quel que soit son statut. Respecter le principe d'égalité de tous les citoyens. Il faut pour se faire que l'exécutif ne décide pas de la carrière et des sanctions des juges, donc réformer le Conseil supérieur de la magistrature. On propose même de créer un Conseil supérieur de la justice. Le Président ne doit plus siéger dans ses organes, son influence en tant que chef de l'exécutif serait trop pesante et en dernière instance décisive. Il nous faut une justice qui protège la dignité inhérente à tout être humain. Rebeuss est un cas de violation permanente de la dignité humaine, il faut absolument changer cette situation. Il faut des juges indépendants, compétents, affranchis des soucis quotidiens pour se consacrer l'esprit tranquille à l'exercice de leur charge. Il faut qu'il y ait assez de juges et d'avocats pour que l'accès à la justice soit une réalité pour chaque Sénégalais. Une justice équitable est un facteur de paix et de stabilité pour le pays. Le Sénégal, avec la production du gaz et du pétrole, a besoin de crédibilité internationale.
Je voudrais enfin saluer chaleureusement cette initiative et lui souhaiter un plein succès.
Par Mamadou NDAO
ON PEUT BIEN BAISSER LES PRIX !
Au-delà du fétichisme des dates et de l’amalgame savamment entretenu, il y a lieu de dire pour la gouverne de nos concitoyens que l’économie réelle n’est pas une affaire de théorie économique, avec des virtualités académiques.
Le nouveau pouvoir du président de la République Bassirou Diomaye Faye avait annoncé la date du 15 mai pour une réduction des prix de certaines denrées de première nécessité. Au-delà du fétichisme des dates et de l’amalgame savamment entretenu, il y a lieu de dire pour la gouverne de nos concitoyens que l’économie réelle n’est pas une affaire de théorie économique, avec des virtualités académiques.
Cela dit, tout pouvoir dispose dans sa communication d’objectifs politiques de mobilisation, cela se comprend. En revanche, il est inadmissible de s’accrocher à une date pour remettre en cause fondamentalement l’option de réduction des coûts des denrées. Je dis à haute et intelligible voix que c’est bel et bien possible, malgré la grande conspiration déclenchée ces derniers jours pour dire le contraire. Chacun y va de son «wax sa xalaat» pour un seul objectif : convaincre l’opinion que le nouveau régime est incapable de respecter ses promesses, et par conséquent l’accabler d’incompétence. Regarder le profil de ceux qui sont intervenus sur la question depuis une semaine, et vous serez édifiés sur le dessein de démoralisation de nos concitoyens, ourdi par ces individus qui subitement sortent du néant. Où étaient-ils quand les candidats eux-mêmes exposaient leur programme ?
Tout est comme préparé avec des éléments de langage à deux sous, qui d’ailleurs comme un disque rayé, nous ont été servis quand Macky Sall est arrivé au pouvoir. «On importe l’essentiel de nos besoins alimentaires, donc on n’a aucune maîtrise sur les coûts, les subventions ne sont pas soutenables, donc les Sénégalais n’ont qu’à «trinquer».» Voilà leur leitmotiv. Pour les maîtres du Y a qu’a, faut qu’on, voilà le destin qu’on réserve aux Sénégalais ? Que fait-on alors de la volonté politique ?
Tout le monde se souvient du débat entre Moubarack Lô et l’ancien ministre de Abdoulaye Wade, Amadou Niang. On a l’impression de revenir à 20 ans en arrière par l’alchimie d’experts politiciens ou d’économistes dont on ignore tout de leur production scientifique dans un domaine sur lequel ils disent être maîtres de leur science. Nous les ignorants (rires), nous n’avons qu’à nous taire et écouter leur éternelle chanson, et ainsi ruminer notre détresse au quotidien en scrutant notre portefeuille.
Pendant ce temps, le pouvoir en place semble accréditer cette thèse de la facilité, qu’on nous impose à travers l’impossibilité supposée de baisser les prix des denrées. On ne les entend pas sur la question, ou faiblement. Dans toute chose, il faut de l’audace, et par les temps qui courent, de la volonté politique assumée.
D’ailleurs, la contradiction manifeste dans laquelle ces tenants de l’inertie s’enferment est de dire que Macky Sall avait baissé les prix une fois arrivé au pouvoir en un temps record, en occultant le fait que ceux-là qui le disent, avaient à l’époque opposé au candidat M. Sall la même réalité de la structure de notre économie, qui importe presque tout et donc incapable de maîtriser les prix.
Et pourtant, sa volonté politique a prévalu, et pendant 4 ans, le Sénégal a eu le plus faible taux d’inflation de la zone Uemoa, au point que certains experts préconisaient qu’on desserrât un peu la pression sur les prix.
Qui ne se souvient pas des interventions colorées du député Moustapha Cissé Lô à l’Assemblée nationale : «Avec le régime de Macky Sall, nous ne connaissons que la baisse… wagni rek.»
Aujourd’hui, par un tir groupé, on nous serre la même rengaine ; une attitude qui, à mes yeux, est suspecte par le portage qui est fait par certains cercles toujours réticents à des alternatives de progrès et de bien-être populaire.
Ceux qui au temps de Macky Sall avaient réussi à juguler le marché, du moins en ce qui concerne ce qui est communément appelé le panier de la ménagère, sont là et bien vivants, au sein et en dehors de l’Administration. Ils sont prêts, si on le leur demande, à reconduire les mêmes méthodes, et la même démarche en utilisant les leviers du Droit public économique, sur tout le spectre de la régulation, de l’homologation et de la concurrence. Comment peut-on parler de prix, de marché et de pouvoir d’achat, sans que les commissaires aux enquêtes économiques ne soient impliqués, sans que le Conseil national de la consommation ne soit réuni, sans que le Comité sur les prix réunissant les ministères du Commerce et des Finances ne soit instruit pour donner une base de travail ? C’est vrai, il y a un problème d’approche, mais c’est possible. We can !
Il faut mettre un terme à cette tendance à l’infox pour faire croire que rien ne pourra se faire dans le très court terme. Les solutions existent bel et bien, contrairement à ce qu’on nous assène à longueur de journées, et surtout dans une répétition qui a tout l’air d’un «bashing».
Sous le régime de Macky Sall, on avait réussi l’autosuffisance en oignon et quasiment pour la pomme de terre et la carotte, non. On me dira qu’on a reculé entretemps oui, faute d’infrastructures de stockage. C’est dire que l’affaire ne repose pas sur de l’intuition.
On nous dit que les Sénégalais préfèrent le riz importé, c’est archifaux ! Aucune donnée statistique fiable ne peut l’attester. Si on s’en limite aux faits (malheureusement ce n’est pas toujours le cas), il n’y a pas de stock en souffrance en ce qui concerne le riz local. C’est ça la vérité. Et donc le travail doit se poursuivre pour accroitre la production, car il y a un gap sur l’offre, mais les moyens de le résorber existent. Un mécanisme efficace avait été mis en place et les fonctionnaires qui étaient aux commandes à l’époque savent bien comment faire pour mettre en synergie les producteurs, les banques et l’Etat, et régler la question de l’offre de riz local, et rompre définitivement le fatalisme de la dépendance de notre pays vis-à-vis des pays asiatiques et aux aléas du marché mondial. Ce n’est pas cela la souveraineté que clame le Président Bassirou Diomaye Faye ?
M. le Président, renversez la table, c’est seulement par ce biais que vous allez faire échec à l’échec i , et répondre aux nombreuses et urgentes attentes de vos concitoyens. Il urge de le faire.
Mamadou NDAO
Juriste
Consultant Expert en communication Diplômé des Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne et de Montpellier 1
Liberté 6 Dakar
iCet expression est de mon regretté aîné Babacar Toure PDG du Groupe Sud Communication (RIP). C’était en tant que président du Contan, à l’occasion de son allocution au palais de la République lors de la cérémonie du basculement à la TNT
Par Ibou FALL
NE MÉLENCHON PAS LES PÉDALES
Le cher Bah Diakhaté aurait vexé un collaborateur du président détenteur de la légitimité de son patron à faire appliquer l’article 80. Il y a des sujets qui refilent de l’urticaire au nouveau régime
Bernard Pivot, figure emblématique de l’illustration et la défense de la langue française, s’il en est, n’est plus de cette vallée de larmes depuis le 6 mai 2024.
Personnellement, je m’incline respectueusement devant sa mémoire, pas seulement par respect pour l’immense confrère : j’ai aussi envie d’emmerder les souverainistes, les panafricanistes, les indépendantistes, les fondamentalistes, les mauvais coucheurs, les frustrés de la quéquette et tous ceux que le complexe d’infériorité devant la culture française horripile…
Journaliste, écrivain, critique littéraire, présentateur d’émissions culturelles, parti à 89 ans, il laisse une œuvre considérable dont un espiègle petit lexique dont je me suis inspiré dans le recueil des «Sénégalaiseries» à paraître prochainement.
Colonisé un jour, colonisé toujours ?
Le principe est de créer un néologisme à partir du patronyme des acteurs politiques. Par exemple, selon un tweet de son créatif auteur : «Mélenchonner. Verbe mégalo. Définition : crier avec force «La République, c’est moi !». Exemple : Cette amie de Marine Le Pen mélenchonne au moment de l’orgasme.»
Il ne m’en a pas fallu beaucoup pour procéder au transfert de compétence, comme en 1960, quand le Sénégal de Senghor et Dia devient une République avec l’onction de la France de De Gaulle. Et donc, en avant-propos, j’explique : «C’est notre consœur bienveillante, Coumba Sylla, toujours inquiète de notre niveau de culture, qui nous envoie un jour, cette trouvaille de Bernard Pivot, le monstre sacré de la critique littéraire en Hexagone : un petit lexique inspiré des postures que prennent les acteurs de la scène politique en France. Il ne s’en faut pas de beaucoup plus pour un transfert de technologie. Notre truculente vie publique a de quoi inspirer une encyclopédie. Laquelle est sous vos yeux. En plus de quelques piqûres de rappel des événements de ce septennat, un petit lexique qui permet de comprendre les grosses années passées sous la coupe de Sa Rondeur Macky. Par exemple, comment il a abdoudioufé le père Wade. Vous avez bien lu : «abdoudioufé». Comprenez faire preuve de servilité jusqu’à être installé au pouvoir et se montrer d’une ingratitude sans borne…»
D’autres joyeusetés du même style s’y bousculent gaillardement. Par exemple, pour expliquer par quelles mackyavéliques sonkonneries le pouvoir finit par échouer entre les mains de l’invité de dernière minute. Les définitions des deux néologismes vous attendent dans l’inestimable encyclopédie.
Je m’en arrête là : le redoutable homme d’affaires qui sommeille en Madiambal Diagne s’est réveillé pour sortir sa calculette et me facturer la publicité clandestine.
Je nierai jusqu’à la dernière énergie…
Tout ça pour vous narrer le séjour de l’insoumis français Jean-Luc Mélenchon sur invitation du patriote Ousmane Sonko qui le reçoit à l’Ucad dans une tenue que je me garde de qualifier pour éviter de rejoindre Bah Diakhaté en préventive : le cher monsieur aurait vexé un collaborateur du président détenteur de la légitimité de son patron à faire appliquer l’article 80 et tout ce qui lui ressemble dans le Code pénal.
Ce n’est pas un remake du «flagrant délit continu» de 1994, mais ça y ressemble ?
Dans l’amphi, il y a là un parterre de patriotes enamourés de leur Français préféré, le seul qui sera autorisé à séjourner sous nos cieux et peut-être le dernier des Gaulois habilité à nous assister à vendre le pétrole et le gaz quand toute la France dégagera, bidasses, ambassadeurs, négociants et touristes compris.
On voit déjà d’ici le charter qui les renverra en quatrième vitesse en Hexagone : c’est le coucou de Transair sous la bannière d’Air Sénégal qui vient de sortir de piste et qu’on fera rafistoler avec du fil de fer, du zinc et du carton-pâte par quelque bricoleur sénégalais audacieux. Vous savez bien, le genre qui affiche sur son enseigne «plombier» mais qui vous assure qu’il est de taille à réparer une panne d’avion.
Un authentique Sénégalais, pour résumer.
Première nouvelle, Mélenchon, qui revendique la primeur de la loi sur le mariage gay, est hétéro. Il aurait été homo, ça changerait la fesse du monde ? Cette fois-ci, l’Insoumis suprême ne clame pas avec fureur qu’il est, à lui tout seul, la République, mais on sent bien qu’il se retient pour ne pas tonner : «Le sexe, c’est moi !»
Ce serait faire preuve de malséance : on ne parle pas de cornes dans la maison d’un cocu
Bah Diakhaté m’aurait demandé mon avis, je lui aurais conseillé d’éviter même de philosopher sur le sexe des anges. Il y a des sujets qui refilent de l’urticaire au nouveau régime.
Et même des expressions devenues suspectes : par exemple, vous ne pouvez plus considérer deux amis d’enfance un peu canailles comme des gais lurons, ou leurs rapports de cul et chemise. Quant aux randonnées à vélo, comme toute activité qui impose de pédaler, il vaut mieux éviter d’en parler.
Le froufrou devra aussi se réformer : la dentelle pourrait vexer en haut lieu. Habiter seul avec sa maman et avoir pour seule compagnie un perroquet, deux canaris et une chatte, non plus, mieux vaut éviter de fanfaronner à ce propos…
Plus généralement, les maux de dos, les lombaires tordues, les sciatiques d’enfer relèvent de l’information sensible, et la kiné, tout comme la sociologie après Mai 68 à Dakar, devient une science bannie : ce n’est plus une thérapie, mais un appel à l’insurrection dont l’enseignement relève du trouble à l’ordre public, et ses praticiennes, des politiciennes encagoulées qui attentent à la Sécurité de l’Etat… Se prénommer Adji et porter Sarr comme patronyme ressemblerait à de la provocation. Quant à se faire appeler Raby…
Pour dire les choses simplement, depuis quelque temps, le sexe dans le texte est un casus belli par derrière nos frontières.
Par DIAGNE Fodé Roland
QUE RETENIR DE LA VISITE DE JEAN-LUC MELENCHON AU SENEGAL ?
L’affirmation sans concession de notre souverainisme ne peut être antinomique avec notre capacité à définir des tactiques d’alliance tenant compte du rapport des forces du moment pour aller vers notre but stratégique l’alternative souverainiste nationale
Bés Bi le Jour |
Diagne Fodé Roland |
Publication 23/05/2024
Cette visite fait couler beaucoup d’encres, certaines dubitatives, d’autres vénéneuses ou optimistes. Les vénéneux se remémorant Mitterrand, qui est un mentor de Mélenchon, se demandent s’il ne s’agit pas d’une nouvelle opération de charme de l’impérialisme françafricain en difficulté qui modélise la «révolution citoyenne dans les urnes» souverainiste au Sénégal pour l’éloigner de la «révolution militaro-politique» souverainiste des pays de l’AES ?
Mitterrand n’a-t-il pas été ministre de l’intérieur et de la justice socialiste de la France coloniale lors des crimes génocidaires de guerre en Algérie, des massacres génocidaires contre l’UPC au Cameroun et avec Houphouët Boigny et Senghor sous l’égide du socialiste Gaston Defferre de «la loi cadre» qui a balkanisé l’AOF et l’AEF en futurs États indépendants néocoloniaux ?
N’est-ce pas le même Mitterrand socialiste qui a initié la conférence de la Baule du « vent d’est démocratique » qui a produit les démocratures présidentialistes pour voiler la recolonisation économique de l’Afrique par les plans libéraux d’ajustement structurel qui ont bradé les secteurs clefs stratégiques aux Firmes monopolistes principalement françaises dans la téléphonie, l’eau, l’électricité, les chemins de fer, les ports, les côtes maritimes, les mines, le foncier, etc. condamnant ainsi notre jeunesse à l’émigration piroguière meurtrière et à l’esclavage moderne sans papiers ?
Les dubitatifs se demandent si ce coup de main réciproque entre l’altermondialiste antilibéral, anti-raciste, antifasciste, antiguerre en France, JL Mélenchon, de la «révolution citoyenne» et le patriote souverainiste O. Sonko du Sénégal va bénéficier à la fois aux peuples français et sénégalais, si cela ne va pas braquer radicalement les impérialistes françafricains, eurafricains et usafricains.
Ces sceptiques qui sont nombreux dans l’intelligentsia sénégalaise et africaine allèguent la force des impérialistes dont ils ne voient pas clairement l’affaiblissement en cours, cherchent à préserver leur niveau de vie de «classes moyennes» même si ils se plaignent de la vie toujours plus chère, de l’accaparement impérialiste et restent prisonniers de l’habitude de la soumission mentale consciente ou inconsciente à la domination. Ils ne croient pas au Sénégal, à l’Afrique libres et indépendants.
Les optimistes voient que ce sont deux leaders et partis qui prônent des alternatives antilibérale pour JL Mélenchon et la LFI d’une part et souverainiste pour O. Sonko et Pastef/Les patriotes d’autre part et porteuses d’un internationalisme entre peuples. En effet, en France JL Mélencon apparaît comme le leader le plus en verve contre la négrophobie, l’arabophobie, l’islamophobie de la quasi-totalité de la classe politique de droite, de gauche de plus en plus alignée sur l’extrême droite fasciste. Lui et ses mouvements LFI et UP se sont révélés comme la vraie force significative résistante avec certains syndicats comme la CGT contre les crimes policiers racistes, contre la répression de la solidarité avec la Palestine génocidée par les sionistes, la révolte sociale des Gilets jaunes, les luttes syndicales et JL Mélenchon représente 22 % de l’électorat français. Il prône l’unité du peuple de France contre les divisions racialistes et la société d’apartheid qu’instaure sans le dire le racisme d’État bourgeois préfiguration de la réédition de l’État raciste fasciste pétainiste.
Cette visite inaugure l’élan internationaliste nécessaire entre les peuples du Nord et du Sud, entre les peuples des pays impérialistes oppresseurs et pays néocoloniaux opprimés venant compléter le panafricanisme souverainiste en Afrique. La franchise dans les débats où rien n’est tabou, y compris les divergences, est une manifestation du changement du contexte par rapport à la période de la tromperie Mitterrandienne et du renouvellement en cours des classes politiques au Sénégal et en Afrique qu’ont inauguré les discours et politique souverainistes des pays de l’AES prolongés par la victoire dans les urnes au Sénégal.
Ayons confiance en nous dans la lutte pour cette seconde phase de libération africaine et dans notre capacité à maintenir le cap de la conquête de notre souveraineté nationale et panafricaine tout en différenciant Etats dominateurs et peuples de ces pays. Sachons aussi avoir une lecture matérialiste dialectique scientifique du rapport réel des forces dans la lutte de nos peuples pour l’indépendance nationale et panafricaine, lecture qui doit nous éviter le piège attrape-nigaud des impérialistes US/UE/OTAN, françafricain, eurafricain et usafricain présentant les BRICS comme un nouvel impérialisme équivalent. C’est là une insulte prenant nous autres Africains pour des enfants ayant toujours besoin d’un maître.
L’affirmation sans concession de notre souverainisme ne peut être antinomique avec notre capacité à définir des tactiques d’alliance tenant compte du rapport des forces du moment pour aller vers notre but stratégique l’alternative souverainiste nationale et panafricaine.
A bon entendeur, salut !
Diagne Fodé Roland
LE SENEGAL S’APPRETE A LANCER SON PREMIER SATELLITE AU SERVICE DE L’ENVIRONNEMENT
Au-delà des bénéfices en termes de collecte de données, ce projet ambitionne de stimuler l'innovation et les vocations scientifiques chez les jeunes. Il ouvre également la voie à une coopération plus étroite avec les autres pays africains
Le Sénégal envisage de lancer, en juillet prochain, son premier satellite appelé Gaindé Sat, un satellite de type 1U. Le projet, initié par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, implique un comité technique composé d’enseignants-chercheurs d’institutions académiques sénégalaises, ainsi que la collaboration de structures bénéficiaires. Le Professeur Gayane Faye, coordonnateur du projet et spécialiste en Sciences physiques explique à The Conversation Africa la pertinence du projet qui a pour missions principales la collecte de données environnementales et la prise d’images à basse résolution du Sénégal. Il souligne également l’importance de la collaboration entre pays africains dans le domaine spatial.
Quel type de satellite le Sénégal prevoit-elle de lancer ?
Le satellite que nous apprêtons de lancer est un satellite 1U. qui a deux missions principales. La première est la collecte de données environnementales. Et la deuxième est une émission d’imagerie. D’ailleurs, c’est pour cela qu’on l’a appelé Gaindé Sat : Gainde veut dire lion, c’est le totem du Sénégal. C’est également un acronyme qui signifie Gestion automatisée d’informations de données environnementales par satellite. ll s’agira de collecter des données environnementales que d’habitude les institutions de l’Etat collectent manuellement. A titre d’exemple, on peut citer la Direction de la gestion et de la planification des ressources en eau (DGPRE), qui dispose de stations de mesure à travers le Sénégal et qui, pour récupérer les liens de ces stations de mesure, se déplace sur place pour brancher un ordinateur ou bien en utilisant les réseaux de transmission des opérateurs de téléphonie. Ce qui coûte cher. Le projet est financé à 100 % par l’état du Sénégal. Aller sur le terrain et brancher son ordinateur pour aller récupérer les données aussi, cela coûte cher. Ce satellite a pour mission de se connecter aux stations de mesure de ces structures à chaque passage et d’aspirer les données avant de les envoyer au centre de contrôle de Diamniadio (près de Dakar). Cette première application permettra d’élargir et plus tard de connecter l’ensemble des stations de mesure des structures de l’Etat et, pourquoi pas, des structures privées pour faciliter la collecte des données environnementales. La deuxième mission du satellite consistera à prendre des images du Sénégal. Ces images seront de basse résolution spatiale car, pour le moment, c’est un petit satellite qui ne peut pas prendre des images avec une haute résolution. Elles permettront de tester certaines applications avec pour objectif d’avoir une souveraineté dans la collecte, l’analyse et l’exploitation des images pour la production de services pour soutenir le développement du Sénégal.
Quels sont les autres avantages et retombees potentielles ?
Comme mentionné précédemment, cette initiative facilitera la collecte de données permettant aux structures d’économiser du temps et de l’argent. Par exemple, dans la région du Sine Saloum (centre du pays), au sud ou à l’Est du pays, le déplacement d’une équipe pour récupérer des données peut être coûteux en termes de ressources et de temps. L’aspiration directe des données vers la station de Diamniadio, où elles sont directement accessibles sur ordinateur, représente un gain de temps et d’argent significatif. De plus, cela facilite la prise de décisions rapides et les alertes précoces. Par exemple, en cas de crue, le Sénégal pourra prendre des décisions rapidement. Un autre avantage est la stimulation de l’innovation et la motivation des jeunes. Participer à la fabrication d’un satellite, cela peut inspirer d’autres vocations et susciter des ambitions. C’est pourquoi nous prévoyons de visiter les centres de formation et les écoles pour encourager les vocations, démystifier ces technologies et lever certaines barrières perçues comme infranchissables. Il s’agit de permettre aux jeunes de développer tout leur potentiel. Les données collectées permettront également de mener des recherches pour améliorer les futures missions assignées au satellite.
Qui sera implique dans ce projet ?
Ce projet est initié par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et porte le nom de SENSAT. J’ai eu l’honneur et le privilège de le diriger et de le coordonner depuis quatre ans. Un comité technique a été mis en place. Il est composé d’enseignants-chercheurs de l’École Supérieure Polytechnique, de l’École Polytechnique de Thiès, de l’École Polytechnique de Saint-Louis, ainsi que de l’Institut des Sciences de la Terre d’où je viens. Des jeunes ont également été sélectionnés pour participer au projet. Nous avons associé toutes les structures bénéficiaires, telles que la Direction de la Gestion et de la Planification des Ressources en Eau (DGPRE), l’Office des lacs et cours d’eau (OLAC), l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie, etc. Nous collaborons avec toutes ces structures pour les impliquer dans la réflexion et la revue de nos travaux. Des revues régulières de l’avancement du projet sont organisées, permettant d’apporter des corrections et de prendre des mesures urgentes si nécessaire. Toutes ces structures, ainsi que la Direction de la recherche et de l’innovation, participent à ce processus.
D’autres pays africains ont lance des satellites ces deux dernieres annees. Quel type de collaboration envisagezvous avec ces pays ?
Le domaine spatial est vaste, complexe et nécessite une main-d'œuvre importante. Il n’est donc pas réaliste pour chaque pays de tout gérer seul. Bien que chacun doive faire des efforts, il est important de ne pas se disperser. Il est donc nécessaire de collaborer avec d’autres pays. En tant que coordinateur du réseau académique GMES & AFRICA (Global Monitoring of Environment for Security and Africa), le programme spatial de l’Union africaine, j’ai plaidé lors de nombreux événements pour la mutualisation de nos efforts en vue d’atteindre la souveraineté spatiale. Chaque pays doit poser les bases fondamentales en termes de formation des ressources humaines, de mise en place des infrastructures et d’un écosystème spatial pour aborder les grands enjeux qui transcendent les frontières. Actuellement, nous n’avons pas de partenariats spécifiques avec d’autres pays, mais nous sommes en contact avec des responsables de projets et de programmes spatiaux sur le continent. Par ailleurs, nous sommes partenaires stratégiques du Centre Spatial Universitaire de Montpellier, en France, où nos ingénieurs sont formés au développement d’objets spatiaux. Ce centre possède une grande expérience et offre l’avantage d’être un partenaire académique. S’il s’agissait d’un partenaire privé, il serait orienté vers le secteur commercial, ce qui compliquerait le transfert de technologie pour nous. Le rôle d’un partenaire académique est le partage de connaissances, ce qui nous a permis d’acquérir des compétences très utiles pour poursuivre le développement du projet spatial du Sénégal.
Par Vieux SAVANÉ
WAX JI DOY NA SËKK
Quelle urgence y a–t-il alors à vouloir pour certains s’autoériger en conscience morale, sonnant l’alerte à tout bout de champ sur tel lobby dont le dessein serait d’imposer au Sénégal un mode d’être et de faire ayant droit de cité dans leurs espaces ?
De quoi toutes ces personnes qui semblent obsédées par l’homosexualité sont-elles le nom ? Simplifions les choses en rappelant que l’homosexualité est une pratique sexuelle observable depuis la nuit des temps. Tolérée dans certaines sociétés, honnie dans d’autres, elle est condamnée par toutes les religions révélées, notamment l’Islam et le Christianisme.
En sus, ici au Sénégal, en l’état actuel du Code pénal, assimilée à une pratique contre nature, l’homosexualité est punie par la loi et lourdement sanctionnée (5 ans de prison). Et surenchère inutile, on nous avait même promis sa criminalisation comme premier projet de loi à déposer à l’Assemblée nationale. Pour sûr, elle n’est pas une maladie ni considérée comme telle, sinon il y aurait eu des unités de soins intensifs dans les hôpitaux à l’instar du cancer, de la tuberculose, des maladies sexuellement transmissibles, etc. Sortie de la sphère publique, la sexualité relève donc de l’ordre de l’intime. En somme, ce qu’il se passe dans l’enceinte d’un lieu clos, entre adultes consentants, ne concerne personne. Et regarder par le trou de la serrure pour en violer le secret est un délit.
Ce cadre rappelé, quelle urgence y a –t-il alors à épiloguer sur des choses convenues, à vouloir pour certains s’autoériger en conscience morale, sonnant l’alerte à tout bout de champ sur telle personne ou tels groupes de personnes et autres lobbies dont le dessein est d’imposer au Sénégal un mode d’être et de faire ayant droit de cité dans leurs espaces, à savoir la légalisation de l’homosexualité et du mariage pour tous. Au passage ils disent tout le mépris de soi voire de la représentation nationale qui les travaillent, puisqu’ils subodorent que les élus puissent voter des lois dictées et voulues par des forces extérieures.
Ces mêmes personnes, beaucoup plus tolérantes avec la haute criminalité de voleurs à col blanc, détournent les yeux des maux qui gangrènent la société en faisant vaciller ses bases. Elles ne s’offusquent nullement en effet que les deniers publics soient dilapidés, encore moins de la désespérance qui colle à la peau de la jeunesse qui, en dépit de tous les dangers continuent d’émigrer illégalement pour aller tenter sa chance dans des ailleurs plus cléments. L’espoir souverainiste en berne, ils ont du mal à croire que la courbe s’est inversée et que dorénavant le possible peut se décliner sur ses propres terres. Ces mêmes gens ne s’offusquent pas du spectacle affligeant et insoutenable de talibés enguenillés qui encombrent les rues, tendent la sébile et sont victimes des déviances des adultes et à qui on vole leurjeunesse. Elles ne s’indignent point de la bamboula inqualifiable que mettent à nu certains rapports de l’Ofnac et de la Cour des Comptes. Peu leur importe la reddition des comptes, la mal gouvernance, la gabegie. Encore moins le devenir de l’Ecole et de l’université si malmenées ces derniers temps, la santé bien malade, le monde rural soumis au rythme des saisons et à la disette des périodes de soudure.
C’est vrai que l’époque est faitdiversière mais tout de même ! N’oublions pas que l’alternance actuelle a été portée par une forte espérance, une envie de voir tourner la page des rancœurs, de l’arbitraire, de la misère matérielle de morale.
"Wax ji doy na sëkk" a-t-on envie de scander puisque le temps est à l’action. A ce titre, faut-il le souligner, il est rassurant de voir que, loin des agitations de tous ordres, le plus jeune président de la République du Sénégal semble résolument se focaliser sur les problèmes qui taraudent les populations en situation de précarité. La cherté de la vie. La pauvreté en milieu rural. La mal gouvernance, etc. Les chantiers qui sont énormes et en attente de solutions invitent le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son gouvernement à ne pas se laisser divertir ni se laisser entrainer sur des terrains sans horizons.
La rupture tant chantée, c’est justement la mise en œuvre d’’une nouvelle posture empreinte de gravité et de responsabilité.
Cela s’impose d’autant plus que « le suicide » des jeunes qui empruntent des pirogues pour l’Espagne ou qui se rendent au Nicaragua, se poursuit. Ces gosses, nos enfants, nos frères et soeurs, nos petits-enfants, sont une mauvaise conscience qui dicte l’urgence de se focaliser sur les vrais problèmes. Ils nous disent que la souveraineté se conquiert et que ce n’est pas en la noyant dans des exhalaisons déclamatoires qu’elle épousera la réalité. Et Pour cause !
Il y aura une souveraineté économique quand on arrivera à nourrir et à équiper ses populations avec sa propre production. Il y aura une souveraineté politique quand on pourra assurer soi-même sa propre sécurité.
Et c’est cette souveraineté conquise, réelle, qui sera susceptible d’injecter dans le corps social, plus particulièrement dans la jeunesse, cette fierté de soi, ce sentiment d’appartenance, qui vont tourner le dos aux pirogues de la mort. Au président Bassirou Diomaye Diakhar Faye qui parait humble et déterminé de relever les défis, loin du bruit et de la fureur, en faisant se croiser les préjugés favorables à son endroit avec les réalisations concrètes pour soulager les populations.